Benin : Etude sur la commercialisation des produits dérivés du manioc vers les marchés des pays limitrophes (Niger, Nigeria, Togo et Burkina Faso) INITIATIVE REGIONALE POUR LA TRANSFORMATION ET LA COMMERCIALISATION DU MANIOC (IRTCM) PROJET DE DEVELOPPEMENT DE RACINES ET TUBERCULES (PDRT) Version réduite Février 2009 Réalisée par Mlle Chiara Calvosa, consultante FIDA, Division de l Afrique Centrale et de l Ouest sous la supervision de M. Andrea Serpagli, Coordonnateur de l'initiative régionale du FIDA pour la transformation et la commercialisation du manioc (IRTCM), Division de l Afrique Centrale et de l Ouest, FIDA. Contacts : a.serpagli@ifad.org et c.calvosa@ifad.org 1
Résumé-Abstract Ce rapport se base sur une étude concernant la commercialisation des produits dérivés du manioc produits au Benin vers les marchés des pays limitrophes: Niger, Nigeria, Togo et Burkina Faso. L objectif général de l étude, publiée en Septembre 2008 1, est d aider le secteur privé béninois à développer de nouveaux débouchés aussi bien pour les nouveaux que pour les dérivés existants du manioc, notamment: gari, tapioca, amidon de manioc et lafun 2. A travers la description des produits dérivés du manioc, leurs caractéristiques physiques, chimiques et microbiologiques, l analyse de la structure du marché des produits dérivés du manioc, l analyse de la demande et enfin l analyse de la concurrence existante et potentielle sur les marchés des pays limitrophes, le rapport vise à identifier les stratégies à mettre en œuvre pour augmenter la pénétration des différents segments de marché des pays importateurs. A cet effet, quatre dimensions clé seront abordés dans ce rapport, à savoir: I) Cadre commercial formel et informel des transactions des produits dérivés du manioc: Quelles sont les normes commerciales et les normes de qualité existantes au niveau national et international? Quelles sont les différentes contraintes à l entrée et à la sortie des dérivés du manioc sur les quatre marchés identifiés, en particulier quelles sont les barrières tarifaires et non tarifaires? II) Caractérisation de la structure du marché: Quelle est l organisation de la chaîne d approvisionnement et d exportation au Bénin? Quelle est la typologie des exportateurs/importateurs actuels opérant entre le Bénin et les pays limitrophes? Où sont-ils localisés? Quelles sont leurs infrastructures logistiques et commerciales? III) Analyse de la demande au niveau local, régional et international: Quelles sont les caractéristiques de la demande des produits dérivés du manioc béninois en termes de quantité et de qualité des produits dérivés du manioc dans les pays limitrophes? Qui sont les destinataires principaux de ces produits? Quels sont les prix des produits dérivés du manioc sur les différents marchés nationaux? IV) Stratégies d offre à poursuivre dans les pays importateurs: Quel est le potentiel de croissance (par produit, pays et type d acheteurs) des produits dérivés du manioc dans les pays importateurs? Quel est le degré de concurrence existant dans les quatre pays limitrophes? Quelles stratégies suivre afin de commercialiser les produits dérivés du manioc dans les quatre pays? Après l analyse de ces dimensions, le rapport conclut que: I) Les exportations béninoises des produits dérivés du manioc portent essentiellement sur le gari ordinaire et demeurent globalement en dessous des potentialités du pays. La faible capacité de pénétration, par les commerçants béninois, des marchés des pays voisins peut être expliquée par les facteurs suivants: Le manque de moyens financiers pour investir dans les infrastructures et dans des moyens de production efficaces; La faible capacité technique de production des producteurs et des transformateurs nationaux; Les difficultés d atteindre une production de qualité standardisée qui met l accent sur des produits à haute valeur ajoutée; Les difficultés d innovation et de marketing des producteurs et des transformateurs nationaux; 1 La présente étude s inscrit parmi d autres activités financées par le Gouvernement italien et pilotées par le FIDA à travers l «Initiative Régionale pour la Transformation et la Commercialisation du Manioc (IRTCM)» pour l Afrique de l Ouest et du Centre (AOC). Toutes ces activités sont mises en œuvre dans le contexte et au bénéfice des projets «Racines et Tubercules» (R&T) financés par le FIDA en AOC, en particulier au Bénin, au Cameroun, au Ghana et au Nigéria. Pour en savoir plus visiter le site web http://www.fidafrique.net/rubrique545.html?var_recherche=irtcm 2 Pour la liste complète des produits dérivés du manioc voir Annexe 3 du rapport. 2
Le manioc est de plus en plus considéré comme un produit peu raffiné par les consommateurs des pays voisins II) Afin d améliorer les stratégies de pénétration des produits dérivés du manioc béninois dans les pays limitrophes des aspects clé doivent être pris en compte, à savoir: La nécessité de diversifier la production, en mettant l accent sur des produits à plus forte valeur ajoutée; La promotion de mini-bourses accompagnées d une dotation en infrastructures de stockage et de conservation; La promotion de la qualité des produits dérivés du manioc; Le développement de partenariats commerciaux entre les opérateurs béninois et ceux des pays limitrophes. 3
I) Cadre commercial formel et informel des transactions La connaissance et la compréhension des normes et des autres règlements formels ou informels 3 concernant l exportation des produits dérivés du manioc demeure fondamentale pour identifier les stratégies les plus appropriées pour la commercialisation de ces produits dans les quatre pays limitrophes au Benin (Niger, Nigeria, Togo et Burkina Faso). De façon globale, la commercialisation des produits agricoles au Benin s exerce depuis 1990 dans un environnement complètement libéralisé 4 ; toutefois, à l instar de l ensemble de tous les produits alimentaires, les transactions des produits visés par l étude font l objet d une série de règlementations normatives spécifiques. A cet effet, on analysera: (i) le cadre formel, soit : a) les normes commerciales; b) les normes de qualité. (ii) le cadre informel concernant l ensemble des pratiques communément utilisées par les acteurs pour contourner l ordre légal. I.I) Cadre Formel a) Les normes commerciales Au plan national, le cadre formel du commerce des produits dérivés du manioc est défini par le Ministère du Commerce, notamment la Direction du Commerce Intérieur et de la Promotion de la Concurrence, en ce qui concerne la règlementation tarifaire et la question des quotas d exportation. La commercialisation des dérivés du manioc - comme tous les autres produits agricoles- est déclarée libre par la réglementation commerciale béninoise. Toutefois, les transactions avec les autres pays sont soumises aux mesures spécifiques nationales. En particulier, le Togo et le Burkina Faso -qui sont des pays membres de l UEMOA- n appliquent pas les droits de douanes sur les produits dérivés du manioc à l entrée de leur marché, le Nigeria -membre de la CEDAO- a mis en place une stratégie de valorisation de la production interne pour les racines en inscrivant le gari sur la liste de la quarantaine de produits prohibés d importation sur son marché depuis 2003. b) Les normes de qualité Au plan national, la Direction de l Alimentation et de la Nutrition Appliquée (DANA), le Centre Béninois de Normalisation et de Gestion de la Gestion de la Qualité (CEBENOR) et la Direction de la Promotion de la Qualité et du Conditionnement des produits Agricoles (DPQC) sont les responsables des normes techniques de qualité. Cette structures compétentes 5 délivrent des certificats de conformité aux normes de qualité qui prennent en compte, dans le cas des dérivés du manioc, de sept rubriques suivantes 6 : - Caractéristiques physiques et chimiques; - Caractéristiques microbiologiques; - Caractéristiques organoleptiques; - Caractéristiques sensorielles et granulométriques; - Caractéristiques des contaminants et d hygiène; - Ingrédients facultatifs agrées et additifs alimentaires; - Caractéristiques du conditionnement, transport, stockage et d étiquetage. 3 Il s agit notamment des contraintes à l entrée (telles que les quotas, les taxes, les tarifs, les interdictions) ou bien par rapport aux produits (telles que les prescriptions sur le label, la traçabilité, le conditionnement, l emballage, l étiquetage, le transport, les documents d accompagnement etc). 4 Le Bénin appartient à deux ensembles économiques régionaux: l Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et la Communauté Economique des Etats de l Afrique de l Ouest (CEDEAO). Les deux sont dotés d un schéma de libéralisation des échanges. 5 Voir le rapport pour la liste complète des laboratoires en collaboration avec le CEBENOR et leur domaine de compétence. 6 Voir le rapport final pour les prescriptions spécifiques à chaque produit dérivé du manioc. 4
I.I) Cadre Informel Ce cadre se fonde sur l ensemble des pratiques informelles développées par les acteurs impliqués à différents nivaux dans l approvisionnement, la transformation et le commerce des produits dérivés du manioc. En particulier, au Bénin le commerce de ces produits revêt depuis toujours un caractère traditionnel et informel. En conséquence, les relations commerciales avec les marchés voisins, notamment avec le Nigeria et le Niger, ne montrent pas une forte exigence en matière de normes de qualité. Toutefois, parmi les pratiques développées par les commerçants des marchés frontaliers, surtout nigérians et nigériens, il y a des activités visant à empêcher la vente directe des produits béninois sans l intermédiation d un operateur local ou l utilisation d autres pratiques illégales en vue de prélever une partie de leur production. II) Caractérisation de la structure du marché Ce paragraphe contient une analyse de la structure du marché des produits dérivés du manioc au Bénin par rapport à la chaîne d approvisionnement et d exportation ainsi qu à la typologie et à la location des exportateurs et des importateurs opérant entre le Bénin et les quatre pays limitrophes. A cet effet, une analyse géographique basée sur la direction des flux des transactions des produits dérivés du manioc a été conduite. Le marché béninois est géographiquement segmenté en deux grands pôles distincts connectant les bassins de production aux marchés terminaux (soit de consommation, soit frontalier de transit). En particulier, il s agit du : a) Pôle nord: structuré autour du marché de Malanville, qui comprend des circuits variés avec des trafics fondés essentiellement sur le gari ordinaire et les cossettes; et b) Pôle sud: structuré autour du marché de Cotonou, qui comprend des circuits très diversifiés entre eux et fondés sur un nombre nettement plus composite de produits, telles que : gari, tapioca, amidon etc. Ces deux pôles sont connectés aux trois principaux bassins de production et de transformation des produits dérivés du manioc au Bénin, à savoir: a) Le bassin du centre Bénin, qui est le principal bassin de production et de collecte du gari dans le pays. Ce bassin englobe toutes les communes du département des Collines et les communes de Bassila dans la Donga et de Tchaourou dans le Borgou ; b) Le bassin du plateau, qui est formé par les communes de Kétou, Pobè, Ifangni Sakété et Adja Ouèrè ; et c) Le bassin du sud-ouest qui regroupe les départements du Mono-Couffo, Zou et de l Atlantique, avec une production principalement destinée à la consommation locale. Sur la base de la caractérisation géographique des pôles et des bassins de production et de transformation au Bénin, deux circuits d approvisionnement, d exportation et de distribution des produits dérivés du manioc peuvent être identifiés, à savoir: (a) Le circuit du Nord ; et (b) Le circuit du Sud-est. Ces circuits ont leurs propres spécificités par rapport aux dimensions suivantes: la typologie des produits commercialisés, la qualité des produits, la quantité échangée par an, les acteurs impliqués (en termes de localisation, statut etc) et les modalités d échange (infrastructures logistiques et commerciales) 7. 7 Voir le rapport pour des donnés plus détaillées. 5
Principaux commercialisés produits Circuit du Nord Circuit du Sud-est Gari -Gari ordinaire (prépondérant) ; -Gari de bonne qualité (en faible quantité) ; -Lafun ; -Manioc frais (destiné à la transformation semi-industrielle au Nigéria). Zone d approvisionnement au Bénin Bassin du centre Bassin du plateau. Zone de vente Niger: Niamey (via Dosso), Tilabéri, Birni- Koni, Maradi et Tahoua Quantité entre 6 500-8 500 tonnes par an au Niger. Nigeria: Ogun State. Quantités objet des transactions mal connues. On peut estimer: - 3 150 tonnes par an pour le gari ; - 200 000 tonnes d amidon par an demandé au Nigéria. En ce qui concerne les acteurs impliqués dans le commerce des produits dérivés du manioc des deux circuits susmentionnés, il y a plusieurs interactions et transactions impliquant un grand nombre d acteurs qui forment une chaîne organisée dans les flux suivants 8 : Circuit du gari orienté vers le nord Circuit du gari et du lafun du plateau orienté vers le sud-nigéria (Ogun State) 8 Voir le rapport pour une description détaillée du rôle et de l organisation de chaque groupe d acteurs. 6
III) Analyse de la demande des produits dérivés du manioc au niveau local, régional et international La structure de la demande des produits dérivés du manioc varie selon le niveau pris en compte. En particulier : a) Marché local : demande saisonnière portant prioritairement sur le gari ordinaire ; b) Marché régional: demande erratique portant sur des faibles quantités. Il s agit notamment d une typologie de demande exprimée par les niches de consommation au Niger et au Nigeria, dont le taux de croissance demeure faible ; c) Marché international: demande très faible et erratique, exprimée par trois niches de consommation en Europe (France, Belgique et Allemagne). Les produits les plus recherchés sont le gari et le tapioca ; d) Marché d Afrique centrale: il s agit d un débouché pour certains produits du Bénin, notamment le gari et la farine de cossettes de manioc. En ce qui concerne les possibilités d expansion des exportations sur les marchés régionaux des produits traditionnels béninois (gari, tapioca et cossettes) pour l alimentation humaine, les perspectives semblent très faibles surtout au regard de l évolution des habitudes alimentaires actuelles. A l instar des prix des produits agricoles en général, ceux du gari varient énormément au Bénin au cours de l année en connaissant d importantes fluctuations saisonnières, qui suivent le rythme de la production nationale. Les pointes se situent généralement en juin-juillet-août, mois qui correspondent à la période des grandes pluies et de la soudure alimentaire où la production du gari devient alors peu rentable. Cette période correspond également à celle d une forte demande du gari utilisé comme filet de sécurité alimentaire, pour atténuer les effets de la soudure. En conséquence, l évolution du prix mensuel (au net de facteur inflation) du kg de gari enregistré à Dantokpa et à Malanville 9 de 1990 à 2007 révèle une tendance à la hausse des prix relatifs. Par contre la période de bas prix, générée par une abondante production et une demande relativement faible, se situe entre octobre-novembre, janvier-février et parfois mars-avril et mai. Au cours de ces périodes, les prix du gari sont tirés vers le bas par ceux des produits substituts, notamment ceux du maïs et du mil dans les zones septentrionales et du maïs et du riz dans les zones méridionales du pays où de nombreux producteurs procèdent, en cette période, à des déstockages 10. La compétition est d autant plus grande dans le cas du maïs, qui est un produit de grande consommation et qui bénéficie d une possibilité de double campagne agricole dans l année. Une bonne récolte de maïs, se traduit par un creusement de l écart entre le prix de cette céréale et celui du gari. IV) Stratégie á mettre en place pour augmenter la pénétration des marchés importateurs Afin d identifier les stratégies les plus appropriées à augmenter la pénétration des produits dérivés du manioc béninois des marchés extérieurs, il est d abord nécessaire de comprendre le degré de concurrence existant dans les autres pays par rapport aux produits dérivés du manioc béninois et le potentiel de croissance par produit, pays et typologies d acheteurs. Au vu du manque d informations crédibles au sujet développé dans ce chapitre, cette étude a estimé la concurrence existante pour le gari et les autres dérivés produits au Bénin seulement sur les marchés du Niger et celui du Nigeria : 9 Il s agit de deux marchés clé qui sont régulièrement suivi par l ONASA et qui peuvent être considérés représentatifs du fonctionnement du marché national. 10 Voir le rapport pour l analyse de l évolution des prix sur le long terme, le changement intersaisonnière et l évolution des prix relatifs. 7
- Marchés du Niger : dans le cas du gari béninois vendu sur le marché nigérien, l analyse de la concurrence a été conduite au pôle de Niamey et Tilabéri et au pôle de Birni Koni, Maradi et de Tahoua. Dans le premier pôle, le prix de revient du gari béninois est moins élevé que celui de ces concurrents togolais et ghanéens du fait de sa forte proximité des sources d approvisionnement. Toutefois, l implantation des commerçants béninois est très faible, situation qui ne leur permet pas de connaitre toutes les informations et les dynamiques du marché local et, par conséquent, de saisir les opportunités d une demande qui reste structurellement liée à la conjoncture de la campagne agricole nationale. Dans le deuxième pôle, le gari nigérian constitue le principal concurrent du gari béninois qui reste de meilleure qualité que son homologue nigérian mais qui doit subir des coûts élevés de transaction. En conséquence, à qualité égale, le gari béninois est moins compétitif que son homologue nigérian ; - Marchés du Nigeria : Dans le cas de la concurrence des produits dérivés du manioc béninois au Nigeria (qui constitue le premier producteur mondial de manioc), les disparités de conditions de production par rapport aux coûts de transformation et de transport limitent les possibilités de pénétration des produits béninois sur ce marché. Néanmoins, on retrouve le gari et le lafun béninois comme produits des niches de consommation grâce à leur qualité supérieure aux produits nigérians 11. Dans le cas de la concurrence du gari du Togo sur les marchés béninois, il s agit d une concurrence faible et peu redoutée par les acteurs béninois, qui se manifeste surtout dans le département béninois du Mono et, accessoirement, dans celui du littoral (principalement à Ouidah et Cotonou). En ce qui concerne les potentialités de développement du marché du manioc et des dérivés, ce rapport distingue entre le plan local, régional et international : - Au niveau local il y a des possibilités de doubler le volume de production 12 à travers l amélioration des techniques de production et la valorisation des paquets technologiques mis au point par la recherche agricole nationale (Institut National de la Recherche Agricole du Bénin) et régionale (Institut International d Agronomie Tropicale). Par contre, par rapport à la transformation du manioc en ses différents dérivés il y a une nécessité de modernisation afin de limiter les pertes post-récolte et accroître la diversification des produits transformés en améliorant leur qualité ; - Au niveau régional 13, des possibilités d accroissement de la présence du gari béninois sur le marché du Niger sont envisageables en exploitant la faiblesse des prix de vente comparés à ceux de ces concurrents togolais et ghanéens. Par contre, les plus grandes opportunités de commercialisation des produits dérivés du manioc béninois semblent être sur le marché de l amidon nigérian, avec une estimation de la demande nationale de quelques 200 000 tonnes par an 14. ;. - Au niveau international les possibilités semblent pour l instant faibles sauf pour les niches de consommation d Europe et d Amérique dont la satisfaction à partir de la production nationale béninoise exigerait d importants efforts en matière de respect des normes de qualité et de santé, ainsi que d organisation de l offre. Sur la base des données analysées ci-dessus et en considérant que les produits dérivés du manioc du Bénin ne bénéficient pas d une grande capacité productive, les stratégies suivantes sont recommandées d être mises en place afin d augmenter la pénétration des marchés extérieurs: 11 Le degré de finition des produits béninois est un élément favorisant la pénétration du marché nigérian. 12 Actuellement les rendements de manioc, les plus élevés au Bénin, sont obtenus dans le bassin de production du plateau et sont compris entre 15 et 25 tonnes en moyenne à l hectare pour des potentialités allant de 30 à 40 tonnes. 13 Voir le rapport pour l analyse plus détaillée des potentialités de pénétration spécifiques pour le Niger, le Nigeria et les autres marchés de la région de l Afrique Centrale. 14 Estimation de la demande effectuée par ALITECH qui laisse envisager une production de quelques 800 000 tonnes de production de manioc brut, soit environ le tiers de l offre béninoise actuelle de cette racine. 8
- Rôle de l Etat: un accompagnement de la part de l Etat est indispensable en vue (i) d améliorer la productivité et la compétitivité de la production béninoise des produits dérivés du manioc, (ii) de moderniser les systèmes de transformation du manioc, et (iii) d accompagner les acteurs à travers l allègement des charges liées aux normes existantes, la création d un cadre favorable à l investissement et à l exportation des dérivés du manioc 15 ; - Rôle des exportateurs et promoteurs: il s agit de réviser la structure et l organisation de la filière à travers un rôle clé de l Association pour le Développement des Exportations (ADEX) ainsi que de l Agence Béninoise des Echanges Commerciaux (ABEC). 15 Dans une perspective à court et moyen terme il s agit de: (i) Créer un guichet de développement du manioc au sein de la Banque du Développement Agricole du Bénin, (ii) Mettre en œuvre une fiscalité de développement facilitant l investissement privé dans le domaine de la production et de la transformation du manioc, (iii) Créer dans les marchés frontaliers et dans les bassins de production des «mini-bourses de gari» comme appui à une commercialisation plus lisible au point de vue de la qualité des produits et (iv) Envisager la possibilité de la mise en place d un observatoire de suivi du marché des produits dérivés du manioc au Bénin. 9