Témoignages des orphelins

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1 Témoignages des orphelins Table des matières Robbie Waisman 1 Celina Lieberman 6 Bill Gluck 10 David Ehrlich 15 Regina Feldman 18 Leo Lowy 22 Leslie Spiro 25 Mariette Rozen 28 Sources 32 Robbie Waisman I. Skarszysko, Pologne Je suis né en 1931 à Skarszysko, en Pologne, une communauté dont les membres étaient très liés. J'étais le dernier de six enfants, j'avais quatre frères et une soeur. Mon père était tailleur et ma mère s'occupait de nous. Nous formions une famille très unie. Comme j'étais le bébé de la famille on me cajolait et j'avais l'impression d'être le centre du monde. Mes parents étaient religieux. Je me souviens du Sabbat comme d'un moment très particulier; mon père nous racontait alors les histoires de Cholom Aleichem, comme "Le violon sur le toit". Mon seul regret est de n'avoir aucune photo de ma famille. J'ai toujours envié les gens qui ont des photos de leurs parents. Ma première expérience d'antisémitisme a eu lieu quand j'avais six ans. Mes deux meilleurs amis, Wiesiek et Halinka, étaient frère et soeur. Nous étions inséparables. Nous passions la nuit chez les uns ou les autres. Je me rappelle que j'adorais les aider à décorer leur arbre de Noël. Eux, de leur côté, adoraient les plats spéciaux que ma mère préparait pour Rosh Hashanah (le nouvel an juif). Tout a changé juste avant les vacances de Pâques. Je revenais de l'école et j'allais chez moi quand, tout à coup, un groupe d'enfants m'a coincé et a commencé à me battre. À chaque coup de pied et de poing qu'ils me donnaient, ils disaient: "C'est pour le meurtre de Notre Seigneur Jésus Christ". Wiesiek et Halinka, mes meilleurs amis, menaient l'attaque. Je me rappelle à quel point j'étais en colère quand mes parents m'ont conduit à l'hôpital. Je n'arrêtais pas de leur demander: "Pourquoi, pourquoi?" J'ai perdu ce jour -là une merveilleuse amitié; j'ai perdu mon innocence, et la vie n'a plus jamais été la même. Après la prise du pouvoir par Hitler, je me rappelle les discussions de mes parents. Ils avaient peur et n'arrivaient pas à croire à ce qui se passait autour d'eux. Après la nuit des Cristaux, des Juifs allemands ont com- 1

2 mencé à venir en Pologne. Ils venaient chez nous pour demander son avis à mon père, pour parler de tout ça. Ils exprimaient leurs craintes mais mon père tenait l'allemagne pour le modèle même de la civilisation, un pays donc incapable de commettre des atrocités. II. Pendant l'holocauste J'avais huit ans en 1939 quand ma ville a été bombardée et occupée par les Nazis. J'ai cru qu'il s'agissait d'un jeu jusqu'au moment où j'ai vu un homme tué par balle. J'ai mûri de quarante ans à ce moment-là. Puis les rafles ont commencé. Des soldats poussaient les Juifs dans des camions à coups de baïonnettes et de fusils. Certains Juifs revenaient chez eux après leur journée de travail, d'autres non. À la rafle suivante, certains tentèrent de fuir. Les gens paniquaient. Les Allemands installèrent une fabrique de munitions, Hasag, dans notre ville et forcèrent les Juifs à y travailler. Mon père dut fermer sa boutique de tailleur et travailler à la fabrique, de même que mes frères et ma soeur. On établit un ghetto en 1940 à Skarszysko et mes parents m'envoyèrent vivre dans la ferme d'une famille non juive. Je m'enfuis au bout d'un mois. Je dus marcher pendant des heures. Quand j'arrivai à Skarszysko, je dus me faufiler dans le ghetto par un trou du mur qui l'entourait. Quand j'arrivai, ma mère me prit dans ses bras et m'embrassa, mais mon père défit sa ceinture et me corrigea. C'est la première et la dernière fessée que j'aie jamais reçue. Ce jour-là, ma fugue de la ferme me sauva la vie. Très peu de temps après, les SS décrétèrent que tous ceux qui hébergeaient un enfant juif devaient conduire l'enfant à la police et qu'ils recevraient en retour un sac de farine ou de sucre. Je sais que beaucoup d'enfants ont survécu en se cachant ailleurs, mais, à ma connaissance, à Skarszysko, aucun n'y parvint. Ils furent tous dénoncés. En 1941, Chaïm, mon frère aîné, entendit dire qu'on allait liquider le ghetto. Cette nuit-là, il me fit partir. J'embrassai ma mère pour lui dire au revoir. Le lendemain, tous les habitants du ghetto furent envoyés à Treblinka et gazés. Ma mère était parmi eux. Chaïm avait la chance de travailler comme camionneur. Il allait de l'intérieur à l'extérieur du ghetto. Il me conduisit dans une grange abandonnée et me cacha dans une meule de foin et me dit qu'il reviendrait me chercher. J'attendis deux jours, puis trois, et je me suis vraiment inquiété. Il est enfin revenu et a réussi à me faire entrer dans le camp où travaillaient mon père et mon frère Abraham. Mon boulot consistait à tamponner sur des obus les initiales FES. J'étais très rapide et n'avais aucun problème à tamponner 3200 obus par jour. Le matin, quand on s'alignait pour être comptés, Abraham me pinçait les joues pour que j'aie l'air en meilleure santé. À la fin de la journée de travail, nous dormions dans des baraques. Il n'y avait pas de matelas, seulement de la paille. Nous dormions dans nos vêtements, nous ne pouvions pas en changer. Les poux étaient épouvantables. La fièvre typhoïde commença de se répandre et Abraham l'attrapa. Il n'y avait aucun médicament. Nous ne pûmes que le cacher et lui donner de l'eau. Si on demandait à voir un médecin, ils s'emparaient de vous et vous tuaient. Je m'occupais de lui pendant la journée et mon père pendant la nuit. Un jour, ils l'on découvert, ils l'ont pris et ils l'ont tué. Mon père n'a plus jamais été le même. Ses cheveux noirs sont devenus gris. À ce moment-là, on nous sépara mon père et moi et j'attrapai la fièvre typhoïde. Je ne pensais pas m'en tirer. J'étais seul mais quelqu'un m'a sauvé. Quelqu'un qui m'a couvert de paille et m'a donné de l'eau. J'ai essayé de reprendre mon travail mais j'étais faible et je trébuchais tout le temps. Au moment où les SS s'emparèrent de moi pour me tuer, l'un d'eux qui me connaissait me sauva la vie. J'ai retrouvé lentement ma santé et je suis retourné au travail. J'ai rencontré Abe Chapnick, un garçon qui avait un an de plus que moi, et nous sommes restés ensemble tout le reste de la guerre. En 1944, alors que j'avais 13 ans, Abe et moi fûmes envoyés au camp de concentration de 2

3 Buchenwald et placés dans le Bloc 8 avec des prisonniers politiques polonais, français et allemands. Ces prisonniers nous ont protégés. Il y avait très peu de Juifs. En fait, ma vie à Buchenwald fut plus facile que dans les autres camps. Les prisonniers politiques nous cachaient pendant la journée alors qu'ils allaient au travail. Il nous est même arrivé de recevoir des paquets de la Croix-Rouge. Nous avons même reçu une fois un morceau de chocolat. Au début, nous n'étions pas trop sûrs de ce que c'était. III Redécouverte de la liberté J'avais 14 ans quand on m'a libéré de Buchenwald le 11 avril Soudain, un grand silence envahit le camp, le bombardement cessa. Notre baraque était proche de l'entrée principale et je vis des soldats portant un uniforme différent entrer dans le camp. Les prisonniers accoururent de partout. Je courus après une jeep et je vis des soldats américains noirs. Je me précipitai vers l'un d'eux et le touchai. Il s'appelait Léon Bass. Des années plus tard, en 1983, je suis tombé sur une photo de Léon dans un magazine et j'ai entrepris des recherches pour le retrouver. Nous nous sommes revus et nous sommes restés des amis depuis. Il y avait des leaders parmi les prisonniers; ils ont rassemblé tous les enfants et ont commencé à s'occuper de nous. J'ignorais complètement qu'il y eût 430 enfants éparpillés dans le camp de Buchenwald. J'avais cru que Abe et moi étions les seuls enfants. On nous emmena vivre dans les anciennes baraques des SS. On nous donna à chacun un lit et des draps propres. Je me souviens que de nombreux médecins et infirmiers de la Croix-Rouge nous examinèrent et notèrent nos histoires. Mon souci immédiat a été de retrouver ma famille. À cette époque, je n'étais pas encore conscient de l'énormité de l'holocauste. L'esprit humain ne conçoit pas de telles choses. Je savais que mon frère Abraham était mort, et je soupçonnais également mon père de l'être, mais j'espérais toujours retrouver le reste de ma famille. Je n'imaginais absolument pas que Chaïm était mort et que ma mère avait trouvé la mort à Treblinka. J'ai retrouvé ma soeur Leah quelques mois plus tard. Elle et moi sommes les seuls survivants de notre famille. Nous voulions tous rentrer chez nous mais nous restâmes à Buchenwald environ trois mois car nous n'avions nulle part ailleurs où aller. Les responsables avaient du mal à nous convaincre que nous n'avions plus de chez nous. Dans mon cas, ils m'expliquèrent qu'il serait dangereux de rentrer en Pologne, parce qu'on y attaquait les Juifs qui revenaient. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi des gens, autres que les Nazis, voulaient nous tuer. Nous mîmes beaucoup de temps à comprendre les circonstances qui nous concernaient. Pendant la guerre, un grand nombre d'entre nous avaient promis à nos aînés que, si nous survivions, nous irions raconter au monde entier ce qui nous était arrivé. Mais quand nous fûmes libérés, nos souvenirs étaient si douloureux que nous n'arrivions pas à les surmonter. Il était trop tôt pour parler. En outre, ça n'intéressait personne. Un lien très puissant se créa entre les enfants. Nous n'avions que nous-mêmes. Quand j'y réfléchis maintenant, je me rends compte combien nous avons eu la chance d'être ensemble. Ils étaient ma famille. Il nous a fallu un certain temps pour nous rendre compte que nous pouvions sortir de Buchenwald. Au début, nous n'osions pas quitter le camp, puis nous avons commencé à faire quelques petites excursions autour. Nous savourions complètement cette liberté nouvelle. Je me rappelle un journaliste de Paris qui nous a rendu visite; il a ensuite écrit un article intitulé "J'accuse", accusant le monde d'indifférence envers les 430 jeunes qui revenaient de l'enfer et se trouvaient toujours dans un camp de concentration. Le gouvernement français, à la suite de pressions exercées par le public, décida d'accueillir les enfants de Buchenwald, allant jusqu'à nous offrir la nationalité française. C'est ainsi que nous partîmes pour Ecouis, une ville du nord de la France. Je me rappelle encore à quel point nous étions soulagés de quitter l'allemagne, lorsque nous franchîmes la frontière vers la France. IV. L'orphelinat On nous a conduits dans une grande vieille maison, remplie de dortoirs, gérée par l'ose (Oeuvre de Secours aux Enfants). Là, certains enfants juifs, comme Elie Wiesel entre autres, réclamaient des livres de prières, des services religieux et des aliments kasher. Même si la plupart d'entre nous venaient de familles qui avaient été 3

4 orthodoxes avant la guerre, beaucoup n'avaient pas envie de revenir à ces pratiques. J'avais commencé à me poser des questions sur Dieu. Nous avait-il abandonnés pendant l'holocauste? Je fis partie du groupe qui cessa toute pratique religieuse. En tant que groupe, nous étions têtus, en colère et intraitables. Ils nous appelaient "les enfants terribles". Nous refusions d'aller en classe et nous perturbions les activités culturelles qu'ils avaient organisées pour nous. J'ai eu l'occasion de lire plus tard certains des rapports écrits à notre propos à cette époque-là: ils arrivaient à la conclusion que nous en avions trop vu et trop souffert pour pouvoir nous réadapter Nous leur paraissions irrécupérables et nous finirions sans doute en prison comme criminels. Il était évident que les experts ne comprenaient rien au traumatisme que nous avions subi. En fait, aucun de nous ne finit en prison. Beaucoup exercèrent des professions libérales, devinrent médecins, avocats et hommes d'affaires. Mon ami, Jezyk Zyskind, devint un physicien renommé. Elie Wiesel, autre membre de notre groupe, obtint le prix Nobel de littérature. Ils amenèrent un jour un conseiller pour nous parler. Dès qu'il est arrivé, il a enlevé sa veste et roulé ses manches de chemise. Quand nous avons aperçu son numéro d'immatriculation d'auschwitz, ce fut le silence total. Je crois que ça l'a choqué un peu. Il nous a regardés et finalement nous a dit: ""Mein tiere kinder" ("Mes chers enfants" en yiddish), et il a commencé à pleurer. Ce fut la première fois que je montrai une larme. J'ai pleuré pour la première fois en cinq ans. Ce fut pour moi un moment très émouvant. Après, les choses ont changé. À partir de ce moment-là, j'ai compris que c'était ça ma vie et qu'il fallait que j'en fasse quelque chose. Je ne devais plus faire le dur. En fait, ils ont emmené un groupe de quatre vingt d'entre nous à Vesinet, une ville située à l'extérieur de Paris, et nous avons fréquenté une école normale. J'y suis resté trois ans et j'ai obtenu mon baccalauréat. Je travaillais très fort à l'école - j'avais tellement de choses à rattraper. C'est au cours de cette période qu'un couple de Juifs bien connu, Jean et Jane Meyer, est venu à l'école et a proposé de m'adopter. Ils m'ont fait connaître l'opéra et le théâtre. Mais j'éprouvais le sentiment très net que je ne devais pas abandonner mon nom; je crois aussi que j'avais déjà décidé de tourner le dos à l'europe. Les souvenirs étaient trop forts et trop douloureux. Lorsque j'ai demandé un visa pour le Canada, ça les a vraiment chagrinés. Nous sommes restés proches jusqu'à leur mort et j'ai encore de bonnes relations avec leurs enfants. V. Trouver un foyer Je me rappelle avoir entendu dire qu'aucun pays au monde ne voulait de nous, sauf la Palestine. Presque tous les orphelins inscrivirent leur nom sur la liste pour la Palestine, mais à l'époque, le blocus britannique rendait presque impossible tout départ vers là-bas. Nous avions deux autres possibilités: le Canada ou l'australie. L'Australie attirait un grand nombre d'entre nous parce que c'était très loin de l'europe. Ce n'était pas facile d'aller au Canada. Le processus d'admission était très long et on devait être en parfaite santé. Il suffisait de porter des lunettes pour être disqualifié. J'ai eu du mal à obtenir l'approbation du fait de ma tension très basse. J'avais dû subir plusieurs analyses de sang et avais presque abandonné tout espoir quand une lettre est arrivée: on m'acceptait au Canada. Je pensais que le Canada était un pays jeune couvert de champs de blé. Il me semblait que c'était un endroit où je ne manquerais jamais de pain. Le Canada était le symbole d'une vie nouvelle, d'un nouveau commencement. Même si j'avais peur de l'inconnu, je me souviens avoir éprouvé énormément d'impatience et d' excitation. VI. L'arrivée au Canada Le voyage a duré environ une semaine, ce qui m'a paru assez long à l'époque. Je garde de bons souvenirs de ce voyage et je me rappelle avoir lu en français "Autant en emporte le vent" de Margaret Mitchell. J'avais 17 ans quand nous sommes arrivés à Halifax en décembre J'ai été déçu d'apprendre que je n'irais pas à Montréal parce que je parlais français. J'étais déjà dans le train quand on m'a prévenu que je devais aller à Calgary. 4

5 Durant le trajet vers l'ouest, je ne parvenais pas à m'habituer à cet espace immense ni au peuplement si dispersé le long de la voie. L'espace était infini. En traversant le Canada en train, je me suis dit que tant de gens auraient pu être sauvés dans ce pays si vaste. Il y avait tellement de terres et pourtant, il n'y avait pas eu de place pendant la guerre pour les réfugiés juifs. Roweena Perlman nous accompagnait. C'était une bénévole du Congrès juif canadien, une femme merveilleuse avec un coeur d'or. Je pense qu'elle essayait de m'influencer psychologiquement en me disant à quel point la communauté juive de Calgary était formidable. Elle me proposa de m'arrêter quelques jours à Calgary, juste pour y rencontrer sa famille. Je me suis arrêté deux jours pour lui faire plaisir et je suis resté neuf ans. Calgary m'a paru une ville si neuve et si amicale. J'étais stupéfait d'apprendre que je n'avais besoin ni de carte d'identité ni de passeport pour y circuler. Je pensais que j'avais besoin d'un visa pour aller dans une autre province mais on m'a dit qu'un permis de conduire était amplement suffisant. J'ai payé un dollar et j'ai eu mon premier permis de conduire canadien., VII. Devenir canadien Je passai ma première nuit à Calgary chez le beau-frère de Roweena Pearlman. J'étais si impatient de gagner ma vie que dès le lendemain je suis allé travailler chez Smithbuilt Hats. Ce soir-là, je suis allé habiter chez Harry et Rachel Goresht et leurs enfants, Ida et Sam. Jusqu'à présent, ils sont restés ma famille. La communauté juive nous a vraiment ouvert son coeur. Les orphelins étaient toujours invités aux "Simhas Torah" (fêtes religieuses), aux mariages et aux bar mitzvahs. J'avais toujours rêvé de devenir ingénieur électricien. Mes compétences en mécanique et en électricité m'avaient aidé pendant l'holocauste. Lorsque j'avais dû faire du travail forcé dans la fabrique de munitions, mon emploi consistait à surveiller les dix machines et à les réparer si elles s'arrêtaient de fonctionner. Malgré cela, je suis allé suivre des cours du soir pour avoir un diplôme en comptabilité parce que c'était la façon la plus rapide d'accéder à un emploi. Je voulais absolument vivre par mes propres moyens et devenir indépendant. En 1952, j'ai fait venir d'israël ma soeur et sa famille. Il me semblait alors trop tard pour retourner à l'école et faire des études en ingénierie électrique. J'ai travaillé dans le magasin de Sam et Lena Hanen. Quand j'ai obtenu mon diplôme en comptabilité, j'ai travaillé au bureau. J'y ai passé de bonnes années et Lena m'a beaucoup appris. J'ai épousé Gloria Lyons en 1959; nous avons déménagé à Saskatoon et nous avons deux enfants, un fils, Howard, et une fille, Arlaina. J'ai ouvert un magasin de vêtements pour enfants. Plus tard, j'ai eu trois magasins. Je me suis beaucoup impliqué dans la communauté juive. J'ai été président de la communauté juive de Saskatoon et de B'nai Brith. En 1978, nous sommes venus nous installer à Vancouver où j'ai travaillé dans l'hôtellerie. Je crois que le Canada est le plus beau pays du monde. Depuis mon arrivée, je n' y ai eu que de merveilleuses expériences. Quand je parle aux jeunes de ce qui m'est arrivé pendant l'holocauste, je leur demande toujours de garder l'esprit ouvert quand ils voient et rencontrent de nouveaux venus dans ce pays. Je leur demande de ne pas craindre de connaître d'autres gens. Chacun de nous possède des qualités uniques et fantastiques, quelle que soit la couleur de sa peau ou sa religion. 5

6 Celina Lieberman I. Une enfance en Pologne Je suis née en 1931 à Zbarazh, en Ukraine (autrefois la Pologne). J'ai appris plus tard que la ville existait depuis Il y avait probablement autour de 300 familles juives. Tous les frères et les soeurs de ma mère habitaient le voisinage. Ma grand-mère avait eu neuf enfants, c'est pourquoi une fois vus tous mes cousins, je n'avais plus beaucoup de temps pour connaître le reste de la communauté. Le dimanche, toutes les familles juives allaient se promener dans le parc, en hauts talons et en beaux vêtements. Ma famille n'était pas très pratiquante et plutôt sioniste. Nous avions projeté de partir en Palestine. Je vivais dans un monde à moi, fabuleux et rempli d'amis imaginaires. C'était sans doute dû au fait que j'étais toujours malade: je souffrais de lymphatisme. J'avais un professeur particulier pour ne pas manquer trop du travail scolaire. Tous les dimanche, quelqu'un venait m'enseigner l'hébreu. J'allais aussi à l'école ordinaire et je me rappelle surtout les cours de dessin. Je me souviens que je chantais des chants de Noël. Je les trouvais beaux. Mon père était soldat de profession dans la cavalerie polonaise. C'était un personnage discipliné et autoritaire. Lorsqu'il épousa ma mère, il s'occupa du magasin qu'elle avait hérité, où l'on vendait des vêtements et des imperméables. J'avais l'habitude de jouer entre les rayons de vêtements. Ma mère avait été mathématicienne avant de travailler dans l'entreprise familiale pour y faire la comptabilité. Elle était très intelligente et indépendante et avait fait des études universitaires. Elle fumait et se maquillait - autrement dit ce n'était pas une femme comme les autres. Mon frère Arthur avait six ans de plus que moi. Il était grand, blond et mince. Parce que nous habitions si près de la frontière, tout le monde parlait le polonais et l'ukrainien. J'écoutais les histoires que me racontaient les domestiques. Plus tard, quand je me suis cachée comme catholique pendant la guerre, toutes leurs histoires au sujet de l'église orthodoxe russe m'ont énormément aidée. II. "Les choses commencent à changer" Je me rappelle le moment où les choses ont commencé à changer. Mes parents écoutaient la radio. Nous étions en 1937 ou 1938, horrifiés par ce qui arrivait en Allemagne. Je n'écoutais pas vraiment: j'étais trop jeune. Et puis, un jour, mon père a dû partir à la guerre. Il a emballé des photos de la famille. Quelques jours plus tard, il est revenu. La guerre était finie et les Russes nous avaient envahis. Après le retour de mon père, nous avons dû aller dans des écoles russes. On n'avait plus le droit de parler polonais. Un jour, on nous a distribué des papiers roses, ce qui voulait dire "Séjour limité". Ma mère a dit "Ça ne peut signifier que la Sibérie. Nous ne pourrons pas survivre en Sibérie avec deux enfants. Il faut partir". On a donc mis tous nos biens dans un camion et nous sommes partis la nuit pour aller dans la famille de mon père à Lvov. Lvov était une ville très peuplée; nous avons habité chez la soeur de mon père. Ils nous ont fait de la place. Si seulement nous étions allés en Sibérie! Car certains ont survécu à la Sibérie. Je me rappelle un matin de 1941; je me suis réveillée et ma mère se tenait près de la fenêtre. Je me suis approchée et j'ai vu les premiers soldats allemands en moto, se faufilant partout à l'aube. Ma mère a dit: "Pour nous, c'est fini". III. Le ghetto de Lvov Le ghetto de Lvov s'est organisé, dans la misère. À ce moment-là, nous n'étions pas en danger, mais je dormais dans le même lit que ma mère. Les familles vivaient les unes sur les autres. Il y avait neuf personnes dans une seule pièce. Les conditions de vie étaient indescriptibles. Une des pires choses était les poux dans nos cheveux. J'en avais honte. On ne pouvait pas avoir de savon, il n'y avait pas d'eau chaude. On ne pouvait pas laver ses vêtements. Ma mère faisait des galettes de feuilles de betteraves hachées qu'elle faisait frire dans l'huile. Je pense que c'était de l'huile de vidange parce que personne dans le ghetto ne possédait d'huile de table. Ça sentait très mauvais et le goût en était affreux. 6

7 La nuit, j'entendais des cris horribles et je me demandais si ces cris inhumains me sortiraient jamais de la tête. Je ne savais pas qu'à l'époque on déportait des familles vers les camps de concentration. Quand notre tour est arrivé, cela faisait partie de la routine que tous les Juifs nettoient leur chambre. Les Allemands venaient et nous contrôlaient pour voir qui était handicapé et qui était robuste. Mon père a été déporté et je ne l'ai jamais revu. Il est mort dans le camp de concentration de Janowski. Il fut finalement décidé qu'on me renverrait clandestinement à Zbarazh, ma ville natale, avant la dernière rafle du ghetto. On y avait encore des parents. Ma mère organisa mon départ avec une personne non-juive pour me tirer de là. J'ai demandé à ma mère si j'avais besoin de mon manteau et elle m'a dit: "Non, la guerre sera bientôt finie". C'était au printemps de Ce fut la dernière fois que je parlai à ma mère. Ce fut aussi la dernière fois que je vis mon frère Arthur. J'avais espéré que parce qu'il était blond et qu'il avait l'air d'un Aryen, il survivrait. Mais il est mort dans le camp de travaux forcés de Zytomir. IV. Se cacher Il a dû me falloir trois ou quatre jours pour arriver à Zbarazh. Je me rappelle avoir roulé, marché, puis m'être assise dans une forêt. Je suis resté chez mon oncle Adolphe et ma tante Rozia pendant un temps jusqu'au moment où ils ont décidé que j'avais suffisamment l'air aryen pour passer à la clandestinité. Ils ont rassemblé tout ce qu'ils possédaient -l'argenterie, des chandeliers et de l'argent - et l'ont donné à une Ukrainienne du village de Berezowice, pour qu'elle me cache jusqu'à ce que mes parents reviennent me prendre. Elle m'a cachée dans le grenier de sa ferme. Elle était gentille avec moi et me nourrissait trois fois par jour. Puis les villageois ont commencé à la soupçonner d'héberger un Juif; elle a pris peur et m'a jetée dehors. Je suis retournée à pied jusqu'à Zbarazh. J'avais 11 ans à l'époque. Helena Zaleska, une paysanne polonaise catholique, est tombée sur moi et m'a demandé si je voulais être sa fille. Elle n'avait pas d'enfant et voulait que je devienne sa fille. Elle m'a cachée, m'a donné le nom de Marishka et m'a appris comment me tenir à l'église. Elle et son frère avaient bon coeur. Ils étaient très religieux et, pour l'enregistrement, j'ai dit qu'ils étaient des Gentils très justes. Ils étaient bons à mon égard. J'ai travaillé très dur mais c'était la même chose pour eux. J'étais à l'air frais et aussi bien nourrie qu'eux. J'ai appris à devenir une très bonne catholique et à aller à l'église. Je portais l'unique paire de bottes d'helena pour y aller, et, quand je rentrais à la maison, elle les mettait à son tour pour aller à l'église. Nous nous relayions. Il n'y avait pratiquement rien à lire et c'est ce qui me manquait le plus. Il n'y avait qu'un livre qui racontait la vie des Saints. Je connais chaque saint par coeur. J'avais mis au point une prière qui disait à peu près ceci: "Cher Dieu, je ne fais pas ça pour vous offenser, mais pour survivre. Je ne veux pas aller à l'église" et je le disais comme une comptine. C'était mon explication personnelle destinées aux Juifs. À la fin de la guerre, les Russes ont entamé leur avance. Un détachement de soldats est venu à la ferme. Je n'ai pas compris avant la semaine suivante que c'était la libération. Les fusillades m'ont fait très peur, mais la guerre était finie. V. La fin de la guerre J'avais quatorze ans à la fin de la guerre et je croyais être la seule Juive survivante sur terre. Je n'étais plus en danger et j'avais assez à manger. Il ne m'est pas venu à l'idée de quitter Helena. Un soir, alors que j'allais fermer la porte brutalement ouverte par une bourrasque de neige, j'ai soudain aperçu mon amie de longue date, Bronka. Elle faisait partie d'un groupe de 220 orphelins sur le point de partir pour la Palestine avec le Dr. Kotarba, mais elle avait refusé de quitter l'europe avant de m'avoir retrouvée. Bronka m'apprit que d'autres Juifs avaient survécu. Elle me convainquit que je devais revenir au judaïsme, honorer la mémoire de ma mère. Je ne pouvais dire à Helena que j'allais partir. Elle ne m'aurait pas laissé faire. Le lendemain, Bronka et moi, nous partîmes pour une promenade et nous ne revînmes pas. C'est tellement extraordinaire quand on y pense: deux petites filles trouvant leur chemin à travers l'europe, seules, sans papiers ni argent. Et pourtant nous l'avons fait et nous avons réussi à rattraper le Dr Kotarba et les autres enfants, alors qu'ils étaient déjà à Prague. J'ai immédiatement écrit à Helena et j'ai continué de le faire pendant des années. 7

8 VI. À la recherche d'un foyer Après la guerre, j'ai attrapé le typhus, une de ces maladies terribles de temps de guerre, transmissibles surtout par les poux. J'ai commencé à perdre mes cheveux par poignées et il a fallu me raser la tête. Mon humiliation fut totale: tout le monde savait qu'on avait rasé la tête des femmes qui avaient collaboré avec les Nazis quand on les avait attrapées. J'ai fini dans un camp de personnes déplacées avec Bronka. Un jour, alors que j'allais suivre un cours, j'ai remarqué des gens en rangs et des Américaines en uniforme. Je me suis mise dans la queue juste pour savoir ce qui se passait. Quand mon tour est arrivé, ils m'ont demandé si j'étais seule, c'est à dire orpheline, et j'ai répondu "Oui". Ils m'ont demandé si je voulais partir au Venezuela et j'ai dit "Non". Ça me paraissait vraiment trop loin. Ils m'ont demandé si je voulais aller aux Pays-Bas, et j'ai répondu "Non" parce tant de Juifs avaient été déportés des Pays-Bas et avaient trouvé la mort. Je ne voulais pas aller aux États-Unis car je faisais l'association avec Al Capone et les gangsters. Quand on m'a demandé si je voulais aller au Canada, j'ai immédiatement répondu par l'affirmative parce que j'avais lu beaucoup de livres sur le Canada. J'ai toujours beaucoup lu, avant la guerre et même dans le ghetto où je me rappelle avoir échangé des livres J'en avais tiré la conclusion que le Canada était le pays de la nature sauvage et de l'arctique. Les choses allèrent vite après ça. Deux jours plus tard, on m'envoyait en car à Aglasterhausen, un centre d'accueil pour enfants de l'unrra, où nous avons pu suivre des cours, faire partie d'une chorale et même jouer une pièce, mais tout ce que nous attendions, c'était le bateau. Chaque jour, des rumeurs circulaient sur la possibilité de l'arrivée d'un bateau. Notre déception était visible. Nous dûmes tous subir un examen médical et psychologique. On devait avoir moins de 18 ans et être en bonne santé. Je fus la trentième qu'ils choisirent. Les interrogatoires furent terribles. Ils tenaient compte de notre personnalité, de l'état de notre santé et de notre caractère. J'imagine qu'ils ne voulaient pas de déséquilibrés ni de malades. Chaque semaine, nous devions subir des examens minutieux. Je mettais toujours un morceau de pain du dîner dans ma poche. Les adultes nous disaient qu'on pouvait aller à la salle à manger n'importe quand mais je ne les croyais pas. Tous les enfants gardaient du pain sous leur oreiller. On conduisit notre groupe à Diepholz en Allemagne où nous attendîmes dans des résidences dortoirs bien chauffées et surpeuplées. On finit par nous conduire un jour au port de Bremerhaven. Je ne pense pas que je m'attendais à grand-chose. Je n'avais ni famille ni pays, et, au fond, peu m'importait. J'étais relativement apathique. Je me disais que puisque j'avais déjà été l'enfant de quelqu'un d'autre, la fille d'helena, je pouvais aussi bien devenir la fille d'une autre personne au Canada. Tout ce qu'on m'a dit, c'est que j'allais à Regina, au Saskatchewan, probablement dans une famille juive, mais je n'en étais pas sûre. VII. Le voyage et l'arrivée Pour ceux d'entre nous qui avaient vécu tant de choses pendant la guerre, la traversée de l'océan ne s'avéra pas une expérience extraordinaire. La véritable aventure, c'était le fait d'avoir survécu. Cela faisait encore partie de ce que nous devions faire. Je me souviens que le General Sturgis était un de ces vieux bateaux rouillés qui encombraient l'atlantique. Nous nous sommes tous rendu malades à force de manger trop de hot dogs, ce qui était une nouveauté pour nous. La vue de Terre Neuve nous mit tous dans un état de grande exaltation. Nous en perdîmes la tête! Nous débarquâmes à Halifax le 14 février Nous étions tous en rangs dans cette énorme salle d'arrivée pour le contrôle des passeports. Il fallait encore qu'ils nous examinent et approuvent notre venue. Je me rappelle que j'avais assez peur de tous ces représentants de l'autorité autour de nous, sachant qu'une fois encore nous n'avions pas de papiers. Quand nous montâmes dans le train, nous étions tous excités. Certains des enfants descendirent juste là où ils 8

9 en avaient envie. J'insistai pour que l'une des autres filles de mon groupe, Silvia Ackerman, reste et descende avec moi à Regina, là où on nous avait dit d'aller. Nous arrivâmes à Regina par une journée froide et très ensoleillée. Plusieurs des "piliers de la communauté" de la ville vinrent nous accueillir et nous amenèrent déjeuner. Quand on nous servit des demi-pamplemousses, tout ce que nous fîmes c'est de les regarder. Nous n'avions jamais vu de pamplemousses avant. Aucun d'entre nous ne savait quoi en faire. La communauté fut très bonne à notre égard. Sam Promislow nous emmena dans son magasin à rayons et nous dit de prendre ce que nous voulions. Je me souviens avoir pris une brosse à cheveux et Sam me dit: "Non, non, laisse-moi te montrer où sont les brosses avec des soies de bonne qualité!" VIII. S'adapter On me plaça d'abord dans une famille horrible. Ils ne comprenaient rien. Ils brûlèrent mes beaux habits donnés par la Croix-Rouge, que je n'avais encore jamais portés, parce qu'ils avaient peur des microbes qu'il pouvait y avoir. C'étaient mes premiers biens personnels et ils me les avaient pris! Il y avait aussi d'autres choses plus importantes. Ils insistaient pour que je les appelle mère et père, et c'était quelque chose que je n'avais pas envie de faire. Je me suis enfuie de chez eux, et on m'a placée chez Ethel et Edouard Basin et leur fille Paula, qui avait dix ans de moins que moi. Les Basin furent merveilleux envers moi. Je possède encore le texte d'une prière que j'avais écrite pour eux le 9 juillet 1949 pour remercier Dieu de les avoir rencontrés. Tante Ethel ne m'a jamais demandé de l'appeler "Mère". Elle comprenait les pertes que j'avais subies. Nous sommes restées très proches jusqu'à sa mort. Elle est devenue la grand-mère de mes enfants. Nous, les orphelins, nous n'étions facilement acceptés par les autres enfants canadiens. Je ne crois pas qu'ils voulaient nous embêter; je crois plutôt qu'ils ne savaient pas comment réagir à notre présence. Ils auraient pu simplement nous proposer de faire un tour ensemble ou de nous inviter chez eux pour essayer un maquillage. J'aurais aimé qu'ils se comportent normalement et nous laissent entrer dans leur vie. IX. Une vie nouvelle Tante Ethel fut approchée par Mme Thackery, une femme non juive, qui avait entendu parler des orphelins juifs et voulait faire quelque chose pour nous aider. Mme Thackery m'enseigna l'anglais dans son salon tous les jours de 8:30 à 15 heures. J'ai terminé grâce à elle ma onzième année et l'on m'a admise dans une école de commerce. La communauté prit soin de payer mes frais d'inscription. Après avoir obtenu mon diplôme, j'ai trouvé un emploi de sténographe; puis j'ai déménagé à Vancouver avec la bénédiction de tante Ethel. J'ai trouvé du travail dans l'administration. Plus tard, je suis allée à Edmonton où je me suis mariée et j'ai eu deux enfants. Alors que je les élevais, je ne savais pas exactement ce qu'on attendait de moi. J'essayais désespérément de ne pas en faire les enfants névrosés d'une mère qui avait survécu à l'holocauste. Je manquais de lignes directrices. Je ne savais même pas s'il fallait ou non parler de l'holocauste. J'ai donc fait des compromis. À part ça, je n'étais qu'une mère canadienne comme les autres. Aujourd'hui, j'ai quatre merveilleux petits-enfants. Je m'enorgueillis du fait que l'on ait honoré celle qui m'avait sauvée, Helena Zaleska, et qu'on lui ait remis la décoration des Justes parmi les Nations (Righteous Among Nations) pour le courage dont elle avait fait preuve pour me cacher pendant la guerre. Sans que je l'aie su, Helena avait également caché une mère juive et ses deux fils quelque part dans sa ferme. Je voudrais dire aux nouveaux immigrants et aux réfugiés que le Canada, ce pays qui les accueille, mérite tous leurs efforts. Et aux enfants qui sont nés au Canada, je leur demande d'être compréhensifs et un peu plus ouverts aux nouveaux venus. Qu'ils leur tendent les mains, qu'ils leur disent des mots de bienvenue. L'acceptation ne vient pas d'elle même. 9

10 Bill Gluck I. Satu-Mare, Roumanie Je suis né dans la petite ville de Satu-Mare, au nord de la Transylvanie, en Roumanie. C'était près de la frontière avec la Hongrie, au pied des Carpathes. C'était une ville tranquille d'environ cinquante mille habitants d'origines ethniques diverses, surtout des Hongrois et des Roumains. Notre famille était hongroise et nous parlions le hongrois à la maison, mais la majorité des gens parlaient le roumain. En 1940, Hitler ordonna aux Roumains de redonner la partie la plus riche de la Transylvanie à la Hongrie. Nous devînmes tous Hongrois au cours de la nuit. À partir de ce moment-là, les conditions de vie des Juifs empirèrent progressivement. Les lois ne nous protégèrent plus. Les Juifs étaient battus et insultés dans les rues, dans nos maisons et même dans nos synagogues. Les emplois nous étaient comptés. Des non-juifs s'emparaient de nos entreprises. On confisqua nos comptes bancaires, sans possibilité de recours. On envoya nos jeunes faire des travaux forcés dans l'armée hongroise. Seuls restèrent les femmes, les enfants, les vieillards et les malades. Nous devînmes une proie pour tout un chacun. Nous étions complètement sans défense. En 1944, ils se sont emparés de tous nos biens et nous ont rassemblés dans un ghetto. Dès notre départ, ils ont confisqué nos maisons. Ils faisaient circuler de fausses informations prétendant qu'on nous enverrait travailler dans des fermes. Ce n'était que pour nous empêcher de nous révolter. Et cela permit aux Allemands de poursuivre leur horrible tâche sans que personne n'intervienne. Ils savaient que nous étions prêts à tous les sacrifices pour ne pas menacer la sécurité de nos familles. Dans le ghetto, ma famille partagea une pièce avec deux autres familles. II. Auschwitz et Muhldorf Au moment de la liquidation du ghetto, ils ont entassé quatre vingt dix des nôtres dans un wagon à bestiaux. Certains ont commencé à paniquer. Ils refermèrent brutalement les portes et il n'y eut rien d'autre à faire que ne pas perdre espoir et prier. La température monta très vite. L'air frais ne pouvait entrer que par quatre ouvertures bloquées par des fils de fer barbelé situées à chaque coin supérieur du wagon. Les enfants pleuraient, ceux qui étaient malades ou âgés avaient du mal à respirer à cause du manque d'oxygène et d'eau. Les deux gardes militaires hongrois postés devant chaque wagon nous ont demandé de leur donner nos objets de valeur dès la fermeture des portes. Ils menaçaient de nous tirer dessus si nous ne nous soumettions pas. Nous leur avons donné le peu que nous avions. À chaque arrêt, ils se tenaient prêts à échanger nos alliances et nos montres contre de l'eau. Mais ils n'apportaient jamais l'eau et certains des prisonniers les plus faibles étaient proches de la mort. Au bout de quelques jours, des SS ont remplacé les gardes hongrois. Lorsqu'ils nous ont demandé des objets de valeur, il ne nous restait plus que des gants, des chaussettes et des bobines de fil. Le train roulait, puis s'arrêtait, puis repartait quelques jours de plus sans eau ni nourriture ni installations sanitaires de base. Au dernier arrêt, nous avons été soulagés quand les portes ont fini par s'ouvrir dans un fracas et un désordre épouvantables. Des prisonniers en uniforme rayé nous criaient dessus et traînaient de force ceux qui étaient les plus faibles et les plus âgés en dehors des wagons. J'ai vu des gardes SS habillés avec élégance donner de grands coups de canne à ceux qui avaient du mal à marcher pour nous faire avancer plus rapidement "schnell, schnell!" (plus vite, plus vite). On nous divisa en deux groupes les hommes d'un côté, les femmes de l'autre. Nous ne savions pas ce qu'il y avait au commencement de la colonne. Mon père m'a placé devant lui et m'a dit de me redresser pour avoir l'air plus grand. Quand ce fut mon tour de me présenter devant l'officier, je lui dis que j'avais dix-sept ans, que j'étais ferblantier de métier et que je travaillais bien. J'avais menti sur les trois points. Mon père se disait que tant qu'ils auraient besoin de nous, ils nous laisseraient en vie. Cela a marché. L'officier me regarda, sourit, secoua la tête et m'envoya vers la droite. Pendant que je courais, je jetai un coup d'œil en arrière et je le vis qui me suivait. Cela me réconforta, mais on 10

11 nous sépara bientôt et on me mit dans un groupe avec d'autres garçons de mon âge. J'avais 13 ans; j'étais le benjamin d'une famille de trois enfants. C'était la première fois que j'étais séparé de ma mère. Je me suis tout à coup retrouvé tout seul, perdu dans cet enfer inexplicable et complètement dérouté. J'ai commencé à pleurer dès que j'ai eu un moment pour moi. Malgré les masses de gens qui m'entouraient, je me sentais tellement seul. J'ai dû m'endormir, parce que, soudain, deux prisonniers de forte taille m'ont tiré hors de ma couchette. Ils me tenaient par les épaules; ils m'ont jeté hors de la baraque en criant très fort et en me secouant comme un chiffon. Dehors, ils m'ont flanqué dans une colonne de gens qui attendaient leur tour pour recevoir un peu de nourriture. Ils m'ont donné une gamelle et m'ont ordonné de faire la queue chaque fois qu'on distribuerait de la nourriture et de manger aussi infect que ça puisse paraître. Ils m'ont dit aussi de ne plus jamais pleurer. Je restais pétrifié devant eux. Quand ils ont vu que je faisais vraiment attention, ils m'ont dit doucement que j'avais l'air d'un garçon robuste et résistant et que par conséquent je devais faire tout ce qui était en mon pouvoir pour survivre et déclarer au monde ce qui était arrivé à notre peuple à Auschwitz-Birkenau. Je ne les ai jamais revus. J'ignore qui ils étaient. Tout ce que je sais, c'est qu'ils parlaient le yiddish. C'est ainsi que j'ai fait connaissance avec l'horreur d'auschwitz-birkenau, où je suis resté plusieurs semaines. J'ai vite appris dans quels bâtiments se trouvaient les chambres à gaz et les fours crématoires. Les cheminées, très hautes, vomissaient des flots de fumée nauséabonde, jour et nuit, nuit et jour, sans jamais cesser. Quand je me suis renseigné sur ces cheminées, on m'a dit qu'elles faisaient partie des fours crématoires. "Qu'est-ce qu'un four crématoire?" ai-je demandé. "C'est là que tes parents ont été gazés et brûlés" a été la réponse. Je suis resté pétrifié. On m'a vite donné un numéro de prisonnier, "traité" et envoyé, avec un vaste groupe, au camp de concentration de Muhldorf, un camp de travail. Notre travail consistait à construire un abri souterrain en ciment pour l'entretien des avions. Ce camp n'avait pas besoin de chambres à gaz- les gens mouraient plus vite que des mouches. Nos portions de nourriture étaient au-dessous du minimum requis de calories pour subsister normalement et on nous obligeait à travailler très dur. Quand les gens sont battus, blessés et malades, ils succombent très rapidement. Etre plus petit que le prisonnier moyen présentait certains avantages; je pouvais mieux résister avec la maigre quantité de nourriture qui nous était allouée. Par contre, quand on en venait aux coups, j'avais plus de mal à faire le poids. Je suis vite devenu un "petit malin du camp" et j'ai appris les règles de la survie. Je concentrais toute mon attention sur la survie, chaque jour, chaque heure, chaque minute. Après quelque temps, j'ai compris que je pourrais survivre longtemps. Pourtant, il y avait des moments où je n'étais pas sûr de vouloir survivre. Je ne savais pas si j'avais envie de retourner dans un monde hostile. Je n'avais guère de raisons d'espérer qu'un autre membre de ma famille puisse survivre. Malgré tout, j'éprouvais un désir ardent de continuer et de survivre. J'étais très attentif à ne pas déployer plus d'énergie qu'il n'était absolument nécessaire et je ne voulais surtout pas contribuer à l'effort de guerre des Allemands. Il m'arrivait parfois de troquer des choses contre plus de nourriture. J'ai réussi à me procurer d'autres vêtements plus chauds et des bottes militaires polonaises. Le 25 avril 1945, à nouveau, ils ont fait monter un grand nombre d'entre nous dans des wagons à bestiaux et nous ont transférés vers une destination inconnue pour être exécutés. Nous avons délégué quelques prisonniers pour faire un marché avec l'officier de service. Nous lui avons demandé de nous conduire vers les soldats américains qui arrivaient plutôt qu'à l'endroit où nous devions être exécutés. En contrepartie, nous lui garantissions qu'il pourrait passer le front en toute sécurité dès que nous aurions contacté les troupes américaines. S'il n'avait pas consenti, il risquait probablement d'être exécuté comme criminel de guerre. Nous avons eu beaucoup de chance d'obtenir son accord. 11

12 III. À la libération Notre train s'est arrêté près de la petite gare de Tucing, et nous avons attendu. Le matin suivant, nous avons découvert que tous nos gardes avaient disparu. Les gens sortaient des wagons sur toute la longueur du train. Je me suis mis à chercher quelque chose à manger mais je n'ai rien trouvé. J'ai eu une longue et calme conversation avec un jeune homme assis à côté de moi. Je le regardais dans les yeux et je savais qu'il allait mourir. Nous avons parlé de choses sans importance, dérisoires comme si nous nous moquions du monde. Il avait l'air d'un homme qui a accepté l'idée de mourir. Il voyait la mort comme un moyen d'échapper à ce genre de vie que nous avions connue. Au crépuscule, il s'est levé et s'est dirigé lentement vers les bois proches. Je ne l'ai pas suivi, mais je l'ai trouvé le matin, assis, légèrement couvert de neige; sa tête reposait sur son bras par-dessus un arbre tombé. Il avait l'air de s'être à peine endormi. À l'aube du 1er mai 1945, nous avons vu une colonne de tanks qui s'approchait dans la vallée que nous surplombions. Au début, nous n'arrivions pas à reconnaître leurs insignes et ça nous rendait nerveux : nous essayions de comprendre la situation. Puis quelqu'un a remarqué les insignes blancs à cinq étoiles et a poussé un cri immense: "Les Américains!". Ceux qui le pouvaient se sont précipités au bas du talus. Les autres se sont mis à rouler vers les tanks. Ces derniers s'étaient arrêtés et avaient tourné leurs tourelles dans notre direction. Nous avons poursuivi notre course en dépit des fusils qui nous visaient. Ils nous ont donné des rations alimentaires et ont vidé leurs poches; ils nous ont offert du chocolat. Ils nous ont dit en yiddish ou en allemand qu'ils devaient partir, mais qu'une autre colonne s'occuperait de nous. Certains parmi nous sont morts d'avoir trop mangé. Le médecin qui est arrivé avec la colonne suivante a demandé à ses soldats de reprendre la nourriture qu'on nous avait distribuée et de ne nous donner que certaines quantités de soupe jusqu'à ce qu'il puisse organiser notre transport vers un hôpital militaire proche. Nous sommes arrivés à l'hôpital le 4 mai. Des médecins militaires allemands et des infirmières étaient là pour nous recevoir. Ils ont pris nos vêtements remplis de poux, nous ont désinfectés et ont lavé ceux qui ne parvenaient pas à le faire eux-mêmes. Ils ont mis de la pommade sur nos corps exténués et nous ont dit de mettre des pyjamas brun clair, tout ceci sous le regard attentif du personnel militaire américain. Le 7 mai, les Américains nous ont remis à chacun une boîte de vivres de cinq kilos. Il est impossible de décrire la reconnaissance que j'éprouvais alors, et je l'éprouve encore, à l'égard de ces bons Américains qui nous avaient sauvés d'une inanition certaine. IV. La vie de réfugié Dès qu'ils nous ont remis sur pieds, ils nous ont transférés au camp des personnes déplacées de Feldafing. Notre groupe était facilement reconnaissable car nous portions tous le même pyjama brun jusqu'au moment où, plus tard, nous avons reçu des vêtements normaux. Les gens retrouvaient la santé lentement. Certains n'ont jamais récupéré mentalement, d'autres ne l'ont pas voulu. Moi et d'autres jeunes, nous nous en sortions mieux. On demeurait dans de grandes baraques et la nourriture était abondante. Après le camp de concentration, tout semblait délicieux. On n'en avait jamais assez. Au début, on continuait à en chercher, constamment. On en avait besoin mentalement et on avait l'impression qu'on n'en aurait jamais assez. Petit à petit, je me suis calmé et j'ai eu moins peur de manquer de nourriture pour le lendemain. J'ai découvert un petit groupe de garçons de mon âge. Nous nous attirions mutuellement comme des aimants. Nous n'avions confiance qu'en nous et nous nous soutenions les uns les autres. Nous étions prêts à nous défendre les uns les autres à n'importe quel prix. Nous ne respections que les Américains. Nous n'étions prêts à obéir qu'aux ordres de la police militaire américaine. Nous nous déplacions librement dans les camps de personnes déplacées et même dans les villes allemandes. Nous étions rudes et perturbés. Nous n'avions peur de personne ni de rien. La gare de Munich grouillait de gens divers, rescapés de la guerre. Nous nous battions souvent, avec violence. Nous gênions beaucoup d'adultes dans le camp; ceux-ci n'avaient qu'un désir: retourner à une vie "normale" et recommencer à zéro. Nous étions des êtres sans foi ni loi, nous n'avions à nous inquiéter ni de familles ni de réputations. Heureusement, un des survivants, un ex-champion de boxe hongrois, nous prit en main. Il nous 12

13 entraîna et nous apprit à nous battre dans le ring. Il y eut bientôt des matchs de boxe entre les camps de personnes déplacées. Désormais, toute notre attention se concentrait sur la victoire et le désir de plaire à notre entraîneur. C'était un type formidable, jamais fatigué, et nous le respections. Un jour, un des garçons est venu me dire qu'il avait remarqué le nom de l'un des survivants inscrits sur la liste; il s'appelait Joseph Gluck. "Est-ce que c'est ton père?" demanda-t-il. Tous ceux qui avaient réussi à parvenir jusqu'au camp rêvaient, espéraient avec ferveur que par miracle ils trouveraient au moins un membre de leur famille vivant. La nouvelle se répandit vite dans le camp. Chacun se souciait du résultat, tous sauf moi. Je ne comprenais pas ce qui les excitait à ce point. Je savais que mon père était un homme bien et qu'il méritait de vivre, mais, à cette époque-là, j'étais incapable de m'intéresser à qui que ce soit. Quand nous avons fini par nous retrouver, j'ai eu du mal à le reconnaître. La vieille veste sale qu'il portait pendait sur son corps. La famine et les souffrances avaient courbé ses épaules osseuses. Je voyais qu'il avait du mal à se tenir debout. J'ai reconnu ses yeux brillants, irradiant de bonheur quand il m'a aperçu. Il m'a embrassé et s'est mis à pleurer. Je ne comprenais pas pourquoi. Beaucoup dans la foule autour de nous ont commencé eux aussi à pleurer, moi pas. Je suis resté comme une bûche quand mon père m'a embrassé. Je n'éprouvais aucune émotion, aucun sentiment. Mon père me tenait encore entre ses bras lorsque je me suis rendu compte que je n'avais pas un comportement normal. Au bout d'un certain temps, j'ai commencé à passer plus de temps avec mon père, si gentil, et moins avec les garçons. J'ai continué à vivre avec le groupe pendant un moment, puis j'ai décidé de m'installer avec mon père. Il a fait preuve de sagesse et de toute la patience dont j'avais besoin pour retrouver mon équilibre. Nous avons commencé à faire des plans pour retourner chez nous, en Hongrie. Nous y avons retrouvé mon frère. Comme me l'a dit un professeur chrétien: "Vous êtes plus nombreux à revenir que ceux dont nous nous sommes débarrassés!". Nous n'avions aucune intention de rester. Le 14 mars 1946, mon frère et moi avons graissé la patte des gardes du côté de Csenger pour franchir la frontière de la Hongrie, puis nous nous sommes dirigés vers Budapest. Nous sommes tombés sur la Bricha, un groupe de Juifs palestiniens qui étaient venus pour sauver autant de jeunes Juifs qu'ils le pouvaient. Ils nous emmenèrent en Autriche, toujours en achetant les gardes-frontière pour obtenir notre droit d'entrée. Le 25 mars 1946, nous sommes arrivés au camp de personnes déplacées de Kobenz en Autriche. Nous n'y sommes restés que peu de temps puis nous sommes allés à Vienne et enfin en Allemagne. Nous avons traversé la frontière au cours de la nuit pour ne pas être découverts. Une fois la frontière franchie, nous avons marché jusqu'au camp de personnes déplacées situé près du village de Ainring bei Freilassing. Nous nous trouvions dans la zone occupée par les Américains, exactement là où nous voulions être. Nous savions que nous avions des parents en Pennsylvanie et nous espérions émigrer en Amérique. De mai à août 1947, j'ai exercé les fonctions de surveillant dans un pensionnat et école de formation de l'ort (Société pour la réadaptation par la formation) pour les jeunes Juifs, situé à Purten II, près de Rosenheim. Plus tard, l'organisation internationale pour les réfugiés (OIR) créa un centre de jeunes près de la ville d'aschau. C'était un camp vraiment agréable, au pied d'une belle montagne. Nous étions extrêmement bien nourris. J'avais un chien et une bicyclette. La vie était belle. Alors que j'attendais mes papiers pour partir en Amérique, on m'a fait venir au bureau du camp et on m'a demandé si je voulais émigrer au Canada. Je possédais les qualités requises, mais pas mon frère qui avait plus de 18 ans. J'ignorais combien de temps il faudrait attendre avant d'être accepté au États-Unis, aussi j'ai accepté de partir au Canada. Je pensais que je pourrais m'occuper des papiers pour que mon frère puisse me rejoindre là-bas. Le 9 janvier 1948, on m'a conduit au centre d'accueil des enfants de Prien, un très beau lieu de villégiature situé près d'un lac, et c'est là que nous avons tous attendu. J'ai subi des examens médicaux, des analyses du sang et des radios. L'état de ma santé a dû les satisfaire puisque le 3 juin 1948, je me suis retrouvé à la caserne des troupes de transmission de l'organisation internationale pour les réfugiés pour l'examen de ma demande. 13

14 V. En route pour le Canada Le 14 juin 1948, on nous a conduits vers le port de Bremenhaven, en Allemagne. On nous a donné deux dollars américains et la première bouteille de Pepsi-Cola que j'ai jamais bue. J'étais sûr d'être ivre avant même de finir la bouteille! À 8 heures quinze, nous sommes montés à bord du SS Marine Falcon. Le navire rapatriait des troupes américaines à la fin de la guerre et avait accepté de nous transporter au Canada. Ce sont les couchettes superposées à deux étages couvertes de draps blancs comme neige qui m'ont le plus impressionné. La salle à manger était impeccable; les tables couvertes de nappes blanches immaculées. Tout ce qui était propre et blanc m'impressionnait. Sur les tables, il y avait du café, de la crème et du sucre. On pouvait en avoir autant qu'on voulait pendant et après les repas. Tout m'intimidait et j'ai commencé à tenir un journal (en hongrois) pendant le voyage. Je ris encore quand je relis ce journal au bout de toutes ces années de constater l'exaltation et l'innocence de ma jeunesse. Ça a été notre première traversée maritime. Certains, dans notre groupe, ont eu le mal de mer dès que nous avons quitté le port. D'autres, plus tard, quand il y a eu du gros temps. Le bateau s'est bientôt mis à se balancer comme un bouchon sur la pleine mer. Mike Blum, mon ami de toujours, qui partageait ma cabine, a cru qu'il allait mourir: il en avait l'air. Le bon docteur se mit à rire de notre panique et nous dit de ne pas nous en faire. D'après mon journal, nous sommes arrivés à Halifax, à 10 heures, le 23 juin Un groupe de gens sympathiques nous ont accueillis avec des cigarettes et des chocolats. Ils ont acheté des timbres et ont posté nos lettres pour nous. Puis nous sommes montés à bord d'un train, pourvu de luxueuses couchettes, et à 18 heures, nous étions partis d'abord pour Montréal, puis Toronto et Winnipeg. VI. Devenir canadien Nous sommes entrés dans la gare de Montréal à 21 heures le lendemain. Des représentants du Congrès juif canadien et d'autres orphelins de guerre qui étaient arrivés avant nous sont venus nous accueillir. On nous a donné des vêtements et de l'argent de poche puis on nous a conduits dans un centre du Congrès situé rue Jeanne Mance. Chaque jour, j'allais faire de longues promenades et je me suis inscrit aux cours d'anglais offerts par l'école secondaire Baron Byng de la rue St Urbain. Le YMCA nous proposait des abonnements gratuits et j'en ai profité pour aller nager, faire de la gymnastique et autres activités. J'ai commencé à travailler la nuit et pendant les fins de semaine aux Boulangeries Richmond, parce que j'avais besoin d'argent pour faire venir mon frère. Au bout d'un certain temps, le Congrès m'a loué une chambre dans une famille juive. Je n'aimais pas l'endroit parce que personne ne se parlait. Je suis allé au Congrès et je leur ai dit que je me trouverais une autre chambre. Ça a été mon premier geste d'indépendance au Canada et j'en ai aimé chaque minute. Pour moi, considérer l'avenir m'a toujours paru plus important que de jeter des regards vers le passé. J'aimais bien vivre à Montréal. J'aimais les gens. Je n'ai pas mis longtemps à oublier mon projet d'aller aux États-Unis. Je n'étais pas loin des membres de ma famille qui y vivaient et je me disais que nous pourrions nous voir chaque fois que nous le voudrions. Je sais que j'ai pris la bonne décision. 14

15 David Ehrlich I. Gherla, Transylvanie Je suis né le 26 octobre 1926 à Gherla en Transylvanie (aujourd'hui en Roumanie). La famille de ma mère y avait vécu depuis des centaines d'années et celle de mon père s'y était installée à l'époque de Napoléon. Nous étions une famille juive orthodoxe. Nous connûmes de durs moments pendant la Dépression. Nous étions cinq enfants, c'est pourquoi nous devions souvent porter les vêtements des autres et faire du pain avec du maïs au lieu de blé. Mon père était marchand ; il achetait et vendait des choses. Il était jeune et capable, aussi, à la fin des années trente, notre vie s'améliora et nous déménageâmes à Bistrita. En 1940, notre région fut annexée à la Hongrie. Ce fut à cette époque que nous commençâmes à remarquer une montée de l'antisémitisme. Des réfugiés en provenance de Pologne et d'allemagne arrivaient en Hongrie et racontaient aux Juifs de la région ce qui leur arrivait. En ce qui nous concernait, on avait établi des quotas sur la fréquentation de l'école secondaire, certains étaient battus dans les rues et on recommandait aux gens de ne rien acheter dans les boutiques juives. Puisque je ne pouvais plus aller à l'école, j'ai commencé à apprendre le métier d'ébéniste. Je me rappelle cette sensation d'être poursuivie. II. Déportation Au printemps de 1944, les Allemands se retirèrent de la Russie en passant par la Transylvanie. À partir de ce moment, les Juifs ne sortirent plus dans les rues à moins d'y être obligés. Tout commerce cessa. Il y eut des lois contre les Juifs. Ils n'avaient pas le droit de se déplacer en train, ni de posséder des propriétés. Une nuit d'avril 1944, un bon ami de mon père nous prévint qu'il avait pris des dispositions pour se faire cacher par un fermier roumain. Mon père refusa de se joindre à lui car il croyait que nous devions rester avec le reste de la communauté juive, que le nombre était une garantie. À six heures du matin suivant, nous entendîmes des bruits de pas, on frappa à la porte et on nous ordonna de nous rassembler au dehors. Nous dûmes marcher jusqu'à la cour de la synagogue, avec six à sept mille autres personnes. De la cour, on nous conduisit vers une ferme proche et on organisa un ghetto. Le ghetto comprenait environ dix mille personnes, y compris certaines qu'on avait ramenées des villes voisines. Ce fut le chaos les deux premières semaines. Seuls, quelques-uns trouvèrent un abri; tous les autres étaient trempés jusqu'aux os par la pluie. Les conditions sanitaires étaient épouvantables. Il n'y avait aucun service, ni médecin ni police. Alors on s'organisa. On demanda de la nourriture aux autorités, et on installa une cuisine où l'on dut faire la queue pour une assiette de soupe. Au bout de quatre semaines, nous étions installés: il fallut alors partir. On nous fit monter dans des camions et on nous emmena à la gare, puis on nous empila dans des wagons. Les conditions étaient pires que dans le ghetto; aucune mesure sanitaire n'avait été prise. Nous ne pouvions que rester debout et il n'y avait qu'une toute petite fenêtre grillagée. Il faisait froid et, au cours de ces trois jours, on ne nous donna rien à manger. Je me rappelle que j'avais peur pour mon frère et ma grand-mère de 84 ans. Elle nous demanda où nous allions et je lui répondis : "Vers la Palestine". Je me souviens que je me disais qu'il ne s'agissait pas d'un jeu, que la situation était grave. S'ils sont capables de laisser des gens dans un wagon pendant trois jours, sans nourriture et sans explication, qu'allait-il se passer à l'arrivée? C'était des barbares. Il valait mieux songer à survivre le plus vite possible. III. Auschwitz Nous sommes arrivés à Auschwitz pendant la nuit. Les lumières étaient éblouissantes et les gardes hurlaient contre tous ceux qui descendaient du train. Je me rappelle qu'on m'a dit de rester dans un rang de cinq ou six personnes avec mon père et deux de mes frères. Derrière nous, se tenaient ma mère, avec mon plus jeune frère et ma grand-mère. Je me rappelle un officier très grand qui dirigeait une cravache vers la droite et la gauche. Il fit la "sélection": les jeunes en bonne santé d'un côté, les vieux et les malades de l'autre. On me laissa 15

16 avec mes deux frères aînés. Ma mère, mon père, ma grand-mère et mon frère qui n'était qu'un bébé furent éloignés. On mit ma sœur dans un autre groupe. Mes frères et moi, nous dûmes aller dans une grande salle; on nous ordonna d'enlever tous nos vêtements. Je gardai quelques photographies et je les glissai dans ma chaussure avec l'espoir que je pourrai les retrouver. On nous envoya aux douches et on nous vaporisa du désinfectant. À l'autre bout, on nous distribua de nouveaux uniformes. Personne ne retrouva ses chaussures. On nous envoya aussi au barbier et on nous rasa la tête. J'aperçus ma sœur qui pleurait parce qu'on lui avait coupé les cheveux. Elle avait de beaux cheveux blonds dorés. Elle se souciait de son aspect. Elle déchira quelques centimètres du bas de son vêtement et en fit une ceinture pour que ça tombe mieux. Ce fut la dernière fois que je la vis jusqu'à la fin de la guerre. Le jour suivant, on tatoua sur mon bras le numéro de prisonnier A Puis les Allemands demandèrent s'il y avait un ébéniste parmi nous et je levai la main. Ce fut mon premier véritable acte de protection. J'aurais dû rester avec mes frères; j'aurais dû m'en occuper, en particulier de mon aîné, qui était un érudit et n'avait jamais fait de travail physique dans sa vie. Ce fut la dernière fois que je vis mes frères. Ils ne parvinrent pas à s'en sortir. J'étais complètement seul. Je n'avais personne ni famille ni ami. Chaque matin, je devais me lever et me laver à l'eau froide. La propreté était très importante. J'avais l'habitude de mettre mes pantalons sous mon matelas, pour qu'ils aient l'air bien repassés. Il faut avoir l'air en pleine forme pour survivre. Chacun recevait une gamelle où l'on nous mettait toute notre nourriture. Il y avait un trou dans la gamelle ce qui permettait de la suspendre par une ficelle à la ceinture du pantalon. Et si on la perdait, où en trouverait-on une autre? On était fichu. Je travaillais dans une fabrique de meubles située en dehors du camp et la vie était un peu plus méthodique. On nous donnait un endroit où dormir et un peu de nourriture. J'ai même fait la connaissance d'un garde SS et je lui ai offert de nettoyer ses bottes et de laver sa vaisselle. En contrepartie, il me laissait manger ses restes et, plus tard, il s'est arrangé pour me faire transférer à un autre étage où j'avais accès à de l'alcool que je pouvais ensuite revendre. J'ai rencontré Marvin, un garçon que j'avais connu dans ma ville natale, ainsi que son père. Nous nous rendions beaucoup de services. Nous nous consolions. Marvin et moi, on rêvait à tout ce que nous pourrions faire si jamais nous sortions d'ici. Et pourtant, nous étions en danger. Deux fois, j'ai dû passer des "sélections" à Auschwitz. Je défilais complètement nu devant un groupe de responsables qui décidaient si les gens étaient en assez bonne santé pour travailler. Si on estimait que quelqu'un n'était pas apte, un garde attrapait le cou du prisonnier par la poignée de sa canne et l'envoyait à la chambre à gaz. IV. La marche de la mort À mesure que les Russes avançaient, Auschwitz fut évacué et commença alors la marche de la mort. C'était l'hiver, nous étions des milliers à marcher dans la neige, un seul pain sous le bras. Nous avons marché trois jours et trois nuits sans nous arrêter pour dormir. Dès le second ou le troisième jour, nous pouvions à peine marcher. Beaucoup sont morts au cours de cette marche, parce que si vous n'y arriviez pas, ils vous tiraient dessus. Nous sommes enfin arrivés dans une grande ville; là, on nous a rassemblés sur un immense terrain de foot. Nous avons pu nous asseoir. J'avais mis des chiffons autour de mes pieds à cause du grand froid. Puis, on nous a fait monter dans le train, dans des wagons à bestiaux sans toit. Nous avons roulé vers l'ouest pendant deux jours. Nous nous sommes d'abord arrêtés au camp de concentration de Mathausen. On nous fit traverser à pieds la très belle ville de Mathausen, avec ses petites boulangeries, ses boucheries et ses habitants qui allaient au travail et je me souviens avoir songé à quel point cette ville m'aurait paru belle dans d'autres circonstances. On nous a ensuite conduits à Melk, un sous-camp de Mathausen. Et c'est là que j'ai appris que mes frères étaient morts la veille au cours d'un raid aérien. Mon travail consistait à transporter des sacs de ciment de 50 kilos des wagons jusqu'à la fabrique de munitions clandestine. J'ai accompli cette tâche pendant un temps qui m'a paru une éternité. Au bout d'un mois environ, on m'a accordé un répit; on m'a alors demandé de percer les sacs de ciment au lieu de les transporter. C'était un peu mieux que de rester dehors sous la pluie à charger le ciment. 16

17 Quand l'armée russe a commencé à se rapprocher en février ou mars 1945, on nous a emmenés à Enbesee, un autre sous-camp de Mathausen. Finalement, en avril ou au début de mai, le commandant réunit tous les prisonniers et nous annonça que l'allemagne avait perdu la guerre. Il nous dit qu'il avait reçu l'ordre de nous rassembler tous dans la fabrique clandestine et de nous faire sauter avec, mais qu'il ne pourrait pas faire ça. En effet, les Allemands quittèrent le camp et chacun se précipita vers les entrepôts alimentaires. Quelque temps après, nous fûmes libérés par les Américains. V. Prise de conscience des pertes Dès que je l'ai pu, je suis retourné à Bitrita, ma ville natale, où j'ai retrouvé ma sœur Rose et son mari. Je voulais revoir notre vieille maison familiale. Rose essaya de me convaincre de ne pas y aller mais je le fis et ce fut la première fois que je me suis effondré et que j'ai pleuré. Cela m'a fait énormément souffrir. Je me rappelle que je suis entré dans la cuisine, il y avait une femme hongroise qui vivait là. Tous nos meubles avaient disparu, chaque chose était à une autre place. Pour moi, le temps s'est arrêté, j'ai tout revu comme dans un éclair dans mon esprit. J'ai fini par m'effondrer et je me suis enfui en pleurant. Je n'avais rien à lui dire. Je me suis enfui et ne suis jamais revenu. Je suis resté à Bistrita environ six mois en espérant que d'autres membres de notre famille reviendraient. Mes parents, mon frère Leibel, qui était peut-être devenu rabbin, et Moishe, qui avait appris le métier de cordonnier. Tous avaient péri. Mordechaï est celui qui me manque le plus. Il était le plus jeune et tout le monde l'adorait. Il état intelligent et bon. Je pense souvent à lui. Que serait-il devenu? J'avais 18 ans et je me demandais quoi faire de ma vie, où aller, comment m'occuper. Un jour, j'ai décidé de partir. Je n'avais pas d'argent, mais j'ai entendu parler d'un groupe clandestin d'israéliens qui aidait les Juifs à partir d'europe de l'est. Mon beau-frère m'a donné tout l'argent qu'il possédait, un billet de dix dollars américains. J'ai pris le train et ai traversé la frontière vers la Hongrie, la nuit, puis j'ai fait du stop jusqu'à Budapest. J'ai passé environ la moitié d'une année dans les baraques des troupes de transmission, qui était un camp de personnes déplacées situé près de Munich, avant de partir pour la France. Il était difficile de franchir la frontière franco-allemande. Les gens payaient 100 dollars pour passer clandestinement. Je n'avais pas cette somme mais j'ai eu la chance de tomber sur un homme qui avait connu mon père. Il m'a fait passer en France pour rien. Je voulais aller en Israël, mais avant je voulais voir Paris. À Paris, j'ai repris goût à la vie. J'y ai travaillé pendant un an comme ébéniste. Au début, je vivais, avec cinquante ou soixante autres jeunes, dans un orphelinat pour enfants juifs; il s'appelait le Château Eiffel. C'étaient des organismes de secours juifs qui s'en occupaient. Dès que j'ai eu quelques économies, je suis allé m'installer avec quatre autres dans un hôtel bon marché, l'hôtel du Château d'eau. Nous étions toujours en relations avec les orphelins mais nous avons commencé à rencontrer beaucoup d'autres jeunes. Nous avons entendu dire que si on avait 18 ans ou moins et qu'on était en bonne santé, on pouvait aller au Canada. Aucun de nous ne savait quoi que ce soit sur le Canada sauf qu'il y avait de la neige et que c'était près des Etats-Unis. J'ai dû falsifier ma date de naissance et mettre 1929 afin de me qualifier pour pouvoir immigrer au Canada. J'ai donné mon nom à la Jewish Aid Society, ai passé une entrevue auprès de l'ambassade canadienne et me suis présenté à un examen médical complet. VI. Arrivée au Canada La traversée à bord de l'aquitania SS a duré deux semaines. Parmi les passagers, 40 à 50 d'entre nous venaient des orphelinats parisiens. J'ai eu le mal de mer les deux premiers jours, après ça allait mieux. À bord, nous parlions de l'avenir et nous étions remplis de craintes. J'avais l'espoir qu'un homme riche me remarque et me dise: "Tu es des nôtres et nous nous occuperons de ton éducation". Je voulais vraiment faire des études d'autant plus que j'avais quitté l'école en septième ou huitième année avant la guerre. Le bateau s'est ancré à Halifax; un groupe de jeunes Juifs est venu nous accueillir. Nous avons passé une nuit à Halifax dans la famille Rosenfield et nous communiquions avec eux dans un mélange de yiddish, de français et de la langue des signes. À cette époque, je ne connaissais que trois mots d'anglais: "oui, non et d'accord". Le 17

18 jour suivant, nous avons pris le train et je me suis trouvé dans le même wagon que John Hirsch. Nous regardions tous deux une carte du Canada et nous nous sommes dit: "Winnipeg est un bon choix parce que, géographiquement, c'est juste au milieu". À mesure que le train avançait, j'ai commencé à me rendre compte de l'immensité du Canada; ça a été une révélation. VII. Devenir canadien Lorsque John Hirsch et moi sommes arrivés à Winnipeg, nous avons été accueillis par Mme Clara Miles et d'autres personnes du Conseil national des femmes juives. Notre groupe s'est réuni presque tous les jours pendant deux semaines, pour des cours d'anglais. J'ai réussi à apprendre la langue assez vite, et au bout de deux semaines, je commençais à faire la cour aux filles. La famille Schack, qui nous avait accueillis, John et moi, ne devait nous héberger que provisoirement, mais au bout de quelques mois, Mme Schak nous a dit que nous pourrions rester chez eux aussi longtemps que nous le voudrions. Elle aimait nous donner à manger. Mr. Schak me trouva un emploi d'ébéniste au bout seulement de deux semaines dans une fabrique de meubles. Pendant deux ans, j'ai suivi des cours du soir pour continuer mes cours d'anglais et apprendre un peu d'histoire. Je suis resté en contact avec les autres orphelins à Winnipeg; on se rencontrait au Y. Je suis resté six ans à Winnipeg. Je suis vite devenu un jeune Canadien. J'ai appris la langue et je me suis acheté une bicyclette que j'ai payée en liquide. J'ai fait des économies pendant deux à trois ans jusqu'à ce que j'ai mis de côté quelques milliers de dollars et en 1950, j'ai pu faire venir ma sœur et mon beau-frère au Canada. Je me suis marié en 1952, et un an plus tard je suis allé m'installer dans la ville natale de ma femme, à Yorkton, au Saskatchewan. J'étais heureux de faire partie de sa famille là-bas. Je n'avais pas de famille de mon côté et je voulais faire partie de quelque chose; je me suis inscrit au club de golf, le club Kinsmen, et ai largement pris part aux activités de la communauté. Après avoir travaillé vingt-deux ans dans une entreprise de nettoyage à sec, nous avons pris notre retraite à Vancouver. J'ai trois fils et deux petits-enfants. J'ai eu raison de venir au Canada. J'ai eu la chance de pouvoir profiter des occasions qui m'ont été offertes dans ce pays. Quand je vois mes enfants et mes petits-enfants grandir dans cette ville merveilleuse, multiculturelle, qui est la nôtre, je suis plus convaincu que jamais que nous devons apprendre à nous tolérer les uns les autres, quelle que soit notre race, notre couleur, notre religion. Je demande aux jeunes de s'opposer à toute forme de discrimination dans leurs écoles, qu'il s'agisse de brimades ou d'exclusion. Je leur en parle comme quelqu'un qui a vu à quoi peuvent aboutir des préjugés si l'on ne fait pas attention. Regina Feldman I. Bedzin, Pologne Je suis née le 6 décembre 1931 en Pologne, à Bedzin, une ville de habitants dont le tiers environ étaient juifs. La communauté juive était importante et très dynamique. Ma famille comprenait mon père, ma mère et mes deux frères aînés, David et Victor, que nous appelions familièrement Voltleb. Même si nous n'étions pas ultra orthodoxes, nous allions à la synagogue tous les vendredis soirs. J'avais pas mal d'oncles et de tantes. Seul, un de mes cousins a survécu à l'holocauste. Nous n'étions pas riches et mon père travaillait très dur. Il était tailleur et faisait des costumes pour les magasins de vêtements. Il travaillait à la maison; nous n'avions que deux pièces. Une pièce servait de chambre à coucher et de salle à manger, et l'autre servait d'atelier à mon père et de cuisine. Il n'y avait pas de sanitaires à l'intérieur du bâtiment. Je suis allée à la maternelle de l'école juive et en première année de l'école publique. La guerre a commencé en 1939 et je n'ai plus eu le droit d'aller à l'école. Mes frères non plus ne pouvaient plus aller à l'école et mon père a tout perdu. Je n'en connaissais pas les raisons, mais je me doutais que quelque chose de terrible 18

19 arrivait. Je devinais la tension et la peur. Mon père a fabriqué des étoiles jaunes qu'il a cousues sur nos vêtements et nous a fait porter. Tout à coup, nos relations avec nos amis polonais ont changé. Ils ont cessé d'être nos amis. Ils sont devenus des accusateurs. Comme nous étions des enfants, nous ne nous rendions pas vraiment compte de tout cela, mais nous percevions une différence. II. Le ghetto Un matin, la Gestapo est venue cogner à notre porte. On nous a ordonné de remplir chacun une valise et de nous regrouper immédiatement dehors, dans la cour. Là, j'ai vu mes amis, mes parents et mes voisins. On nous a conduits à pieds dans un quartier de la ville et ils ont décidé que ce serait le ghetto juif. Là, on nous a attribué un logement qui consistait en une grande pièce que nous, une famille de cinq personnes, devions partager avec une autre famille de quatre. La situation ne m'a pas étonnée. J'ai simplement pensé que mes parents avaient décidé de déménager. Il était interdit de posséder une radio, d'aller en dehors du ghetto ou d'aller à l'école. On nous a donné des bons pour acheter des rations alimentaires. Je vois encore ma mère couper le pain en morceaux pour la journée. Nous nous sommes habitués à vivre dans ces conditions. On venait prendre mon père et un de mes frères chaque matin pour aller travailler dans un atelier qui fournissait des uniformes aux Allemands. Les choses s'aggravèrent avec le temps. Nous étions complètement coupés du reste du monde. Ma mère était enceinte à ce moment-là. Je me souvient qu'elle nous réunit près d'elle, mes frères et moi, pour essayer de nous expliquer ce qui se passait. Elle nous dit: "Si jamais il nous arrivait d'être séparés, peu importe où vous serez, vous devrez toujours revenir à la maison, et notre famille sera à nouveau réunie". Ses mots résonnent encore dans mes oreilles. Un jour, ma mère a dû aller à l'hôpital pour accoucher. On l'a emmenée et mon père l'a accompagnée. C'est la dernière fois que je l'ai vue. Elle n'est jamais rentrée à la maison. Mon père est rentré et nous a dit que nous avions un petit frère mais je ne l'ai jamais vu non plus. Et j'ignore ce qui est arrivé à ma mère et à mon frère. Je n'avais que huit ans à l'époque. Un jour, mon père nous a prévenus qu'il avait entendu dire qu'ils allaient commencer à déporter les habitants du ghetto. Au début, les Allemands sont arrivés et ont emmené tous les hommes, y compris mon père et mes frères. Je me suis cachée avec l'autre famille qui partageait notre logement sous les escaliers. Leur bébé a commencé à pleurer; on nous a découverts et on nous emmenés dans un stade de football. Quand nous sommes arrivés au stade, j'ai vu ce qui m'a paru être des milliers de gens, répartis en trois groupes. J'ai appris plus tard que le premier groupe était constitué de travailleurs dont les métiers intéressaient les SS. On les ramena au ghetto pour qu'ils continuent à travailler. Le second groupe était formé de personnes robustes et en bonne santé qu'on allait envoyer dans les camps de travail. Dans le troisième groupe, il y avait les enfants, les vieillards et les personnes handicapées, ceux dont les SS jugeaient qu'ils étaient inutiles. Plus tard, j'ai su qu'ils étaient destinés à être exterminés. À l'entrée du stade se tenait un garde SS avec un chien; il avait une cravache. Il décidait à quel groupe chacun de nous devait se joindre. On m'a mise dans le troisième groupe, celui de l'extermination. Tout d'un coup, j'ai aperçu mon père et mes frères dans le premier groupe. Je voulais les rejoindre et j'ai commencé à courir vers eux. Mon père m'a vue et a lui aussi commencé à courir vers moi. Un soldat l'a arrêté, l'a battu et l'a violemment repoussé vers son groupe. Dans la confusion, j'ai réussi à me glisser dans le deuxième groupe. III. Camps de concentration Plus tard dans la journée, on nous a conduits vers la gare et on nous a forcés à monter dans des trains de wagons à bestiaux qui allaient de Pologne en Allemagne. J'ai oublié combien de temps il a fallu aux trains pour arriver à Klettendorf, mon premier camp, mais je me rappelle que j'avais faim et peur, et que je voulais rentrer à la maison pour être avec mes parents. Je n'avais que neuf ans et demi. Quand on est arrivé à Klettendorf en Allemagne, j'ai vu qu'il s'agissait d'un camp pour hommes et pour femmes; ceux-ci étaient séparés par une clôture en fil de fer. Quand il y eut trop de prisonniers, ils transférèrent les femmes à Ludwigsdorf. Je suis restée prisonnière de ces deux camps pendant trois ans et huit mois de ma vie, loin de ma famille et de ceux que j'aimais. Il n'y avait que trois jeunes dans ce camp: moi, Polla, la fille de la 19

20 famille avec laquelle nous avions vécu dans le ghetto, et une autre fille. Les femmes juives les plus âgées nous prirent sous leurs ailes. C'est quelque chose de très difficile à exprimer, mais je me suis vite rendu compte qu'il fallait que j'apprenne à supporter les privations, la faim, la solitude et l'humiliation. Dans les baraques, il n'y avait que des châlits. Je ne me souviens pas qu'il y ait eu des couvertures ou quoi que ce soit. On nous donnait très peu de nourriture. La plupart du temps, ça consistait en pommes de terre, de l'eau et un petit morceau de pain. Une fois, je me rappelle que j'avais si faim que je me suis mise à manger des betteraves crues; ma langue s'est tellement irritée que je ne pouvais plus fermer la bouche. Mais quand on a faim, on peut manger n'importe quoi. Tous les matins, nous devions nous mettre en rangs; on nous comptait puis on nous amenait en ville pour faire notre travail quotidien. Je travaillais dans une fabrique de munitions, à faire des balles et des bombes. Mon travail consistait à peser la poudre à canon pour les balles. Le poids devait être exact, sinon cela pouvait provoquer une explosion, ce que les Allemands appelaient du sabotage, et nous serions tous punis. J'ai aussi creusé des fossés, mélangé du ciment, nettoyé les toilettes et les baraques pour les gardiennes SS qui ne manquaient pas de cruauté. J'ai pratiquement fait n'importe quoi parce que je voulais survivre. C'est ainsi que j'ai passé mes années d'enfance. Et pourtant, en plein milieu de cette souffrance inexcusable qu'on nous imposait, une gardienne allemande manifesta à mon égard un peu d'humanité. Parfois, quand j'étais de l'équipe de nuit de la fabrique, elle me mettait dans un coin pour que je puisse me reposer. Chaque fois que c'était possible, elle me faisait venir avec les deux autres petites filles dans sa baraque pour qu'on nettoie et elle nous donnait à manger. Ses parents nous apportaient de la nourriture en plus. Elle nous a sauvées, je ne peux donc blâmer tous les Allemands. Certains nous ont aidés dans la mesure où ils l'ont pu. IV. La fin de la guerre Presqu'à la fin de la guerre, on nous a dit qu'il fallait quitter Ludwigsdorf. Les Allemands savaient que les Russes arrivaient. Ces derniers sont arrivés si vite que les Allemands n'ont pas eu le temps de nous emmener avec eux. Un matin, nous nous sommes réveillés, il n'y avait plus aucun garde. Au début, nous ne savions pas quoi faire. Nous avions peur de sortir. Puis, nous avons entendu chanter. C'étaient les hommes de Kletterdorf qui venaient chercher leurs femmes. Les gens criaient que nous étions libres. Je ne savais pas ce que cela signifiait. Où aller, que faire, qui va vous emmener? J'avais treize ans. J'ai immédiatement commencé à faire des recherches pour retrouver ma famille. Je montrais à tout le monde la photo de ma famille que j'avais pliée et gardée cachée pendant toutes ces années. Je savais que ma mère n'était plus vivante mais j'espérais toujours retrouver mon père et mes frères. Les mots de ma mère résonnaient dans mes oreilles. Mais comment retourner en Pologne? Je ne savais même pas où je me trouvais. Ne sachant pas comment repartir chez moi en Pologne, je demeurais dans la ville de Ludwigsdorf quelque temps avec un vieux couple originaire de ma ville natale qui m'avait pris en amitié. De là, nous sommes partis dans la petite ville de Feldafing, où les baraques utilisées autrefois par les Allemands pour abriter l'école de la jeunesse hitlérienne, avaient été transformées en kibboutz. C'est pendant mon séjour à Feldafing que mon cousin et sa femme m'ont retrouvée et m'ont emmenée vivre avec eux dans le camp de personnes déplacées de Fulda. Pour la première fois depuis que j'avais quitté la maison, j'avais à nouveau une famille. Mes cousins ont été très bons à mon égard. V. Immigration au Canada Il y avait un centre communautaire juif au camp de personnes déplacées de Fulda. Ceux qui en faisaient partie s'intéressaient au sort des jeunes qui avaient survécu. Un jour, quelqu'un de l'unra (l'administration des Nations Unies pour les secours et la reconstruction) est venu pour rencontrer des enfants susceptibles d'être envoyés et éduqués aux Etats-Unis ou au Canada. Je me souviens qu'ils ont dû demander à mes cousins, qui étaient mes tuteurs, si je pouvais partir. Mes cousins m'ont dit que si j'allais au Canada ou aux Etats-Unis, où les gens étaient riches, je n'aurais plus jamais à m'inquiéter de mon sort. 20

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