1, 2, 3, 4. Femme de toute mer

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3 1,, 3, 4 Femme de toute mer Éditions EDILIVRE APARIS 9300 Saint-Denis 01 3

4 Edilivre Éditions APARIS 175, boulevard Anatole France 9300 Saint-Denis Tél. : Fax : mail : actualite@edilivre.com Tous droits de reproduction, d adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays. ISBN : Dépôt légal : avril 01 Edilivre Éditions APARIS, 01 4

5 À mon père 5

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7 «Aussi vrai qu il y a une fanfare de poissons dans chaque vague de la mer.» J.Prévert. La Pluie et le Beau Temps Quel est ton nom? Homme, Mon père est le vent, ma mère est la mer et je n ai pas l enfant. Homme quel est ton nom? Mon père est le vent, la mère est ma mère, je suis Dauphin des mers et l océan sera mon royaume. Homme quel est ton nom? Enfant, Tais-toi, écoute le chant de ma mer, elle est comme un grand fleuve, enceinte de légendes! 7

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9 LAME DE MER Une mer à étage. Une mer bordée d îles pour la calmer de rives, la boursoufler de ressac et l étendre de soleil de sable. Quand le soleil croise les sillons de la mer. Et les vagues des nuages qui reflètent la mer. Les deux navires bord à bord pendant des heures, des heures de mer. Le vent attaque par tribord. Et la voile comme une aile de mer, à l ombre d Égine. Et Sounion qui déborde les Cyclades. La mer et ses reflets d écailles en poisson. L étrave creuse la mer. Toujours. Mordre l écume en houache de mer. L étrave toujours. La mer toujours commence. Appeler la lame et lui dire la mer. Le bateau gîte doux. Crachin de mer sur le foc, crachin de mer pour rire, en bordée. La mer est large. Toute en hanche de femme, loin des statues. La mer des fois prend des formes d îles, la mer quelquefois vous fait des tours de plaisanterie, quand la brise est claire et douce, quand elle se fait dodue et revêche. Parfois, elle prend des gueules de dos de baleine armés de dents de cachalot, durs et terribles, la mer est large. Bob regarde Baïne, la mer leur dit. Elle dit plus à l enfant. Un enfant de mer avec des sourires de mer. 9

10 Border un peu le foc pour porter son corps à l ombre sur le blanc du pont. L enfant n ose pas. Une île grasse sur tribord, avec deux volcans, au bout de lune, en montagne, qui pousse de pins, de bruyère, des lentisques, de labiées odorantes, d asphodèles, de et de et de brume dans la mer. Auréole de lumière à l ombre sur la mer. Le vent forcit, mais doux. Il déchevelle l enfant. L enfant l attaque à plein front, les yeux plissés de sel, grands, grands de plaisir. Devant l horizon bleu de mer. L Île en crête de coq. Et puis l homme à la barre, piquant de barbe, est un peu fou. Un petit rêve pour endormir le quart. Il rêve d une fille blonde, aux cheveux couleur de mer, au corps d asphodèles, une fille blonde en salopette de sable couleur de soleil. Les ongles rouges et belle d un sourire. Elle penche la tête en arrière sur l oreiller d une vague et sourit, sourit à la mer, le corps étendu, accosté de vagues et d écumes douces au bord de miel. Une femme d algues et de coquillages, abritée de lunettes de soleil, qui se couche dans son corps. Et lui, l homme, la main dans sa barbe, il monte au vent un peu, très léger, pour rencontrer la femme. Elle n a pas d âge, l âge de la femme, l âge de la mer. La mer est grande comme la femme. Un coup de barre, l homme attaque la femme de l étrave. La femme dans la mer, ouverte de vague. Le pavillon sur le balcon avant pour accueillir la femme. L étrave, l étrave devant, devant la femme. À bâbord, un cormoran flirte avec la mer. La mer éclaboussée de soleil, sous l œil de l enfant, à ne plus voir. L homme éclaboussé du corps de la femme dans la mer, à ne 10

11 plus penser. Mais suivre, suivre son corps et dériver entre ses hanches jusqu à son port. Les cheveux dans la figure de la femme, et si elle était laide, ou dure, ou même, si elle n avait pas de visage? Non. Un sourire de mer. Pour dire. Les yeux de l enfant boivent la mer. La femme se lève sur la vague, se penche sur la mer. Elle a un visage d enfant. Et si elle était sirène, avec une queue qui sent la morue et le calfat du corps des filles des ports des mers du Nord, celles qui ont les cuisses cuvées de bière. Une odeur monte sur la mer qui pue l orage des marécages. La fille se lève encore sur l horizon de mer à toucher le ciel. Elle est grande et brune, avec une odeur des femmes des îles bronzées de mer. Elle est grande et haute. Un coup de barre. Rentrer la femme. L étrave coiffée d écume, l étrave devant, rentre dedans, dedans la femme qui se ferme. La voile faseye. Bruit de mitraille. La voile refuse le vent et bat comme un drapeau. Elle frise l insolence. Le bateau droit. Un coup d œil dans la voile, l oreille appelée, l homme à la barre voit, réveillé du rêve. Un coup de barre pour abattre le bateau et reprendre le cap. La femme est partie. L enfant regarde la mer. Une île comme un os d homme. Le cormoran d un coup d aile jette un œil à la mer. L étrave hargneuse en avant, déborde sur la vague, comme pour l avaler sans fin, en vain, et recommence. Blanche, verte et bleue, et blanche. Blanche, verte, et bleue et blanche encore, toujours. L ancre sur l étrave comme une erreur. Un point noir sur le blanc de la coque. Araignée des mers et 11

12 des traces de rouillure, de raclure sur la coque comme une cicatrice de toutes les mers, en terrain vague. L eau jetée de l étrave retombe en arc-en-ciel, sauvage d écume. L ancre, à l ombre de l écubier, geint aux montées de vagues basses comme un coup de sang. L ancre capelée à l appel de la coque. La mer ferme les yeux et l enfant aussi, la mer à l appel de l enfant. Le temps clair, trop doux, les mouettes qui reviennent tout autour dans un sourire d aile, dans un vol de bec, lent, calme comme une parole à la mer. L enfant recueille les mots qui tombent dans le sillage avec l espoir des mouettes. Et l eau profonde qui dit. Le bateau passe entre deux îles, passe et ne dit rien et personne ne le sait. L homme à la barre passe sa main dans sa barbe encore et regarde le cormoran au ras de l eau. L eau a des couleurs d éponge. Et une terre comme ça qui viendrait comme un souvenir. Un semblant de terre, rien, un tout petit truc, c est tout. Mais partout la mer, la mer et l enfant. On dit, on dit, on dit tellement de choses aussi, on dit que la mer attend des bateaux. C est pourquoi et toutes ses rides. Mais que n a-t-on pas dit de la mer, et de l enfant. La mer blanche sur un petit bout, il y a des villages comme ça en Grèce, grillés de soleil, blancs comme l écume des mers bronzées au soleil. Et si la mer avait des escaliers en village. Un bac pour traverser la terre! Idiote! Des méduses plein les yeux et des cheveux dedans, l enfant a l âme de sel, mais tellement de rires dedans, des horreurs d enfants, sang naissance et avec des éclaboussures de rires. Et des dauphins qui ouvriraient la mer de temps en temps. 1

13 L homme à la barre lance sa main à la mer, comme un morceau de pain et le vol de la mouette dans le sillage qui descend et prend. Et la mer se fait grosse, elle se couche dans le vent. Et une vague tout en haut de l étrave pour s essayer. Elle mouillette le pont. L enfant du sel plein les cheveux et de l eau qui descend le long du dos, de l eau par le cou. L enfant mécontente, le front avec une barre. Les yeux durs sur l homme de barre. Et puis éclatent de rire. Mais la mer n entend pas, elle va se coucher. Le bateau jeté de vagues, comme ballon, éclate, éclate de mer. L homme de barre une douleur humide dans l omoplate gauche. Il y passe la main pour la sentir, plus qu une heure à tenir. L enfant va se coucher, se coucher avec la mer, les yeux chargés de vagues. Un trou. L écoutille se lève. Un visage de femme, éclairé de sourire et de vapeur du carré. Un clin d œil à l homme. L homme répond. La femme jette un œil à la mer, au vent, aux nuages, prend l enfant doucement par la main, un baiser sur le front et descend. L homme seul. Une pointe de nuage pour accompagner l étrave et l œil de l homme à la barre. 13

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