L'HEURE BREVE, roman complet, par Geneviève LECOMTE EMMOD

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1 L'HEURE BREVE, roman complet, par Geneviève LECOMTE Y EMMOD

2 "Emploie toujours "Aspirin" qui agit en quelques minutes, Essaie cela, ma chère." 'Je ne puis vraiment pas t'accompagner, Jeanne. Une terrible névrite affecte mon bras." 2. "J'ai tout essaye pour chasser ce mal et aller avec toi." "Sois certaine d'avoir bien < "Aspirin" qui agit rapidement. C'est vraiment merveilleux." m 3. PLUS TARD "Eh bien, Marie, vous aviez raison de me recommander "Aspirin". Quand partons-nous?" "Je te rappellerai à deux heures. Très heureuse de te savoir mieux. Les tablettes "Aspirin" sont merveilleuses, n'e s t - c e pas?" POURQUOI "ASPIRIN" AGIT-ELLE SI VITE? Mettez une tablette "Aspirin" dans un verre d'eau. Remarquez qu'elle se dissout dès qu'elle atteint le fond du verre. Ce qui se produit dans ce verre se produit également dans votre estomac. Une Découverte qui Apporte un Soulagement Immédiat dans les Cas de Maux de Tête, Névrite, Névralgie Il existe maintenant un moyen plus rapide pour enlever la douleur. Un moyen qui, souvent fait disparaître en quelques minutes un gros mal de tête ou une névrite. Des millions l'utilisent... le moyen le plut sûr et le plus rapide encore connu, dit-on, contre le mal. Un tel résultat est le fruit d'une découverte scientifique "ASPIRIN" qui commence à maîtriser la douleur quelques minutes après usage. Les illustrations des verres, données plus haut, racontent cette histoire. Une tablette "Aspirin" commence à se dissoudre presque au moment où vous l'avalez. Et ainsi elle peut commencer son travail presque instantanément. Cette découverte unique en SOP genre signifie le soulagement rapide de la douleur pour vous et les vôtres. Autant d'heures en moins à souffrir de maux de tête, de névralgie ou rhumatisme. Et soulagement INOFFENSIF. Car "ASPIRIN" ne déprime pas le coeur. Quand vous l'achetez, cependant méfiezvous des contrefaçons. Pour être certain de bénéficier de l'heureux effet de "ASPIRIN" assurez-vousque le nombayer en forme de croix apparaît sur chaque tablette "Aspirin". INOFFENSIF POLIR LE COEUR

3 La Revue Moderne Montréal, Novembre V e m b r c Page 3 Montréal, Novenfbre 1933 Revue mensuelle Président-Directeur : Noël-E. LANOIX Rédacteur en chef Jean BRUCHKSI ['iiges féminines MAKJOLAINE Bureaux: 320 est, rue Notre-Dame Tél. HArbour 6195 Bureaux à: Toronto, New-York, Chicago, Londres, Ang. PRIX D'ABONNEMENT: CeBaisV: 1 «n Etati-UnH: 1 M... fl.ss Oommaire Un Plan d'ensemble pour Montréal 3 Roger BROSSARD Le Jardin du Poète 1 Jeanne GRISE R. de VAUVILLIERS L'Opinion des autres 4 Un patriarcat d'artisans ruraux 5 Paul GOUIN et J.-M. GAUVREAV La Contrefaçon chez Femina... 7 Malcolm HOPD Pans le Monde des Lettres 8-9 Jean BRI'CHESI Qu'est-ce que la foudre en boule? 9 Abbé Thomas MOREUX La Vie Canadienne 10 JEAN-BAPTISTE L'art de dresser la table avec harmonie 20 La mode Le courrier du mois 36 La gamme de la bonne cuisine 37 Nos Casse-tête historiques 38 En causant 41 La Petite Poste 42 MARJOLAINE ROMAN l'heure Brève Par Geneviève LECOMTE Avec le charme bien féminin qui marque les ouvrages de la jeune romancière dont nous regrettons si vivement la brusque disparition, une femme apporte l'apaisement à une première souffrance d'homme par le don de sa tendresse, "fleur vivante ayant résisté à l'indifférence, à l'oubli." 11 L In plan àvnsptnblp pour fhontrial Par Roger BROSSARD \ ville de Montréal est-elle ou n'est elle pas une belle aux. ne cessent de le réclamer. Elles se heurtent ma ville f Que de fois ne vous êtes-vous pas posé heureusement à l'apathie, à l'ignorance ou au mauv a cette question? El quelles réponses contradictoires vouloir de ceux qui devraient se faire les champions d n'avez-vous pas malheureusement entendu donner cette mesure, mais qui, jouets d'intérêts contraires, ter à une question que tout bon Montréalais ne devrait giversent, tâtonnent, hésitent pour remettre constant même pas se poser? Il n'y en aurait cependant qu'une ment aux calendes une décision d'où viendrait le salut seule à donner, si les administrateurs, auxquels les citoyens Il est déjà tard, mais il n'est certainement pas trop tard. <le Montréal ont confié depuis trente ans la régie D'aucuns prétendront sans doute qu'il y a, à l'heure de leur ville, avaient eu le courage, ou peut-être même actuelle, des questions beaucoup plus importante* à seulement le bon sens de prévoir le développement débattre et des difficultés dont la solution est plus pressante. prodigieux auquel était et est encore destinée la métropole -Sans doute, mais à l'heure où les gouvernements se voient, pour alléger les misères de la tourmente, obligés Peu de grandes villes ont été fondées sur un site comparable de dépenser des millions en travaux publics, ne à celui de Montréal et comblées d'autant de pouvons-nous craindre que ce qui s'est dépensé et beautés naturelles Au promeneur solitaire, qui jette du ce qui se dépensera encore dans notre ville tout spécialement, point le plus élevé de la montagne, un regard circulaire ne le soit à des travaux conçus dans la fièvre sur 1 'île, le spectacle qui s'offre est franchement d'une du moment? Ne faudra-t-il pas. demain, reprendre ou très grande beauté Mais que ce promeneur descende corriger ces travaux, parce que. dans un Montréal agrandi, de son poste d'observation et se dirige successivement ils seront devenus inutiles ou hors de leur cadre dans des directions opposées de l'île, l'impression de naturel? Et ne pouvons-nous pas déplorer dès lors de grandeur qu'il avait eue tout d'abord, fera bientôt place n'avoir pas de plan d'ensemble qui eût évité bien des à un profond désenchantement, quand il constatera tâtonnements et eût assuré l'utilité de ces travaux? Que l'irrégularité, le désordre et nos dirigeants ne se décidentils, le manque total d'unité de dès lors, à faciliter la tous ces centres d'habitation confection d'un tel plan? Si humaine, séparés par des Paris, Londres et Washington sont les villes magnifiques "L'étude du plan d'ensemble voies de chemin de fer, des canaux, des viaducs, des d'une ville est en soi un grand qu'elles sont, c'est qu'elles terrains en broussaille. et ont été rajeunies, épurées, des zones de bâtiments industriels et fascinant sujet. Elle fait appel assainies et bâties suivant crachant la fumée au sens artistique que cha des données solides, sous la et puant l'acide. direction de techniciens habiles et suivant des plans Certes, il ne faut pas exagérer; cun de nous peut posséder." certains quartiers de déterminés dont l'exécution Montréal, administrés dans (Thomas H. Mawson) a été faite lentement, sûrement la majorité des cas par des et courageusement. gouvernements locaux et indépendants, sont, d'une très Un plan d'ensemble, pour notre ville, ce serait, si l'on belle tenue: c'est qu'ils se sont développés suivant un veut me permettre cette comparaison, le régime4e vie plan bien conçu, sous la surveillance de citoyens soucieux qui lui assurerait une circulation normale par de larges de vivre et de faire vivre leurs familles dans les meilleures et nombreuses artères reliées entre elles aux points conditions d'hygiène et de beauté, et de protéger leurs vitaux et sans cesse agrandies pour ré N)ndre à l'accrois propriétés contre la diminution de valeur qu'entraine sement du corps, qui lui donnerait et lui conserverait infailliblement le voisinage de bâtiments informes ou la santé, en lui facilitant, par des règlements de construction de pâtés de maisons insalubres et laides. et de nettoyage, la libre circulation d'un air assaini On ne saurait malheureusement en dire autant de et vivifiant. Ce régime, enfin, lui donnerait la beauté, nombreux secteurs de notre ville qui défient les règles en la parant de feuillages, de jardins et de parcs, et en les plus élémentaires de l'hygiène et de l'esthétique et réglementant suivant les principes de l'art, la construction sont une entrave au développement commercial et industriel des nouveaux édifices et maisons. de la ville. Hygiène de l'intérieur et de l'extérieur,- une circulation La croissance de Montréal, depuis trente ans, a été, facile et coordonnée. - et esthétique dans la cons phénoménale. Notre population, d'un peu plus de 300,000 truction des maisons et édifices publics, établissement qu'elle était au commencement du siècle, dépasse maintenant rationnel des différentes zones industrielles et résiden le million. l,a périphérie de la ville a constamtielles, - voilà les trois princi >ales questions dont s'oc ment reculé au point d'encercler aujourd'hui des emplacements qui, il y a à peine vingt ans, n'étaient que des villages paisibles et lointains. Il n'est pas besoin d'être ingénieur ou architecte pot r constater que cet accroissement s'est fait au p?tit bonheur, suivant l'impulsion du moment, ou plus probablement au goût ou mauvais goût des agents d'immeubles, des entrepreneurs en constructions et de spéculateurs peu scrupuleux, sans ordre, sans règlements définis et stables, et surtout sans le moindre souci de créer un lien de continuité entre les vieux quartiers et les nouveaux. Et cela s'est fait en dépit des avertissements réitérés, des leçons inspirées et des exhortations inquiètes de citoyens pour qui la petite patrie n'était pas uniquement l'endroit où ils devaient gagner leur pain, mais également et surtout le coin de pays où leurs enfants grandiraient et vivraient. La Ligue du Progrès Public lutte sans relâche depuis un grand nombre d'années pour obtenir enfin des autorités municipales ou provinciales, la loi qui établirait une commission indépendante chargée de la confection et de l'exécution d'un plan d'ensemble pour toute file; loi qui. assurerait en même temps un embellissement tardif, un assainissement dont notre jeunesse a besoin et un regain de vie à notre développement industriel et commercial, paralysé par le désordre de nos quartiers. Ce plan d'ensemble, l'honorable < '. A N.inlel le de mandait déjà en Depuis lors, nos grandes organisations publiques, appuvées par certains.de nos jour cuperait une commission permanente si nous avions un plan d'ensemble; questions connexes sur lesquelles se grefferaient une quantité d'autres questions moins importantes. Il se fait, depuis quelque temps, à Montréal, un mouvement qui parait être sérieux, pour qu'on détruise des régions entières de taudis. Voilà un mouvement qui n'eût pas eu sa raison d'être il.loin les.rot.igon isles n'eussent pas fait figures de réactionnaires, si nous avions eu un plan d'ensemble (Jue d'autres problèmes demeurent encore sans solution dans notre bonne ville, parce que nous vivons toujours au l ènie siècle? Je ne citerai que ceux de la division et de la dimension des lots, celui des terrains de jeux pour les enfants, de boulevards et de parcs pour tous, celui de l'élargissement de nos artères principales et de l'ouverture de nouvelles rues dans certains quartiers. Et pourquoi Montréal n'aurait-t'elle pas sa plage populaire comme Toronto? Est-ce faute de rivières et de lacs? D'où vient que nos édifices publics sont dispersés aux quatre coins de la ville et du ciel el que la vue en es! gâtée par des agglomérations de taudis hideux ou de constructions boiteuses? Et combien triste le spectacle de ces régions entièrement couvertes de maisons malsaines où vit une population malheureuse et misérable, assoiffée de soleil et d'air Combien irritante enfin la vue de ces interminables escaliers en vrille et de ces lourds mâchicoulis qu'on a flanqué* sur nos malheureuses maisons! (Suite à la pa4)

4 Pdfjt La Revu» Moderne.M ontréal, Novembre 1 9 S.1 Jardin du poète Mon portrait d'enfant^ rop i ni on des autres Quand sur le vélin pâle où s'estompent les ombres, L'artiste a dessiné mon l'isage d'enfant. J'avais (et air heureux, ignorant des jours sombres Que l'existence à tous jette en se déroulant. Sur mon front couronné d'une frange qui tombe, Les ailes d'une boucle en ruban de satin Sont si blanches, qu'on croit voir soudain la co- Arrêtée en son vol dans le ciel du matin, [lombe Mon regard, mon sourire, et toute ma figure Sur qui le soleil rit comme sur une fleur, Réfléchissent l'aurore ardente, franche et pure Qui semble de ta rose et du lis être soeur. Et maintenant qu'est loin l'aube de mes années. Que s'affaiblit l'écho de mon rire exalté. Je retrouve, en voyant cette image fanée, Des trésors d'autrefois dans mon jardin d'été. A jamais dans ce cadre encerclant ma jeunesse, Ce portrait désuet, mais toujours familier, Sera le précieux ex-voto d'allégresse Rappelant mon enfance au lumineux sentier. Souvent, dans cette salle où je respire l'âme De mon enfance en fleurs, comme auprès d'un au- Je lui présenterai mes longs regards de femme [tel, En hommage fenent à son charme éternel. Tulipe Jeanne GRISE Ah! si tu possédais le parfum de la rose. Tulipe! fleur de soie et de velours, beauté Vivante, mais sans promesse de volupté. Qu'on voudrait croire une âme et qui reste une [chose! La nuit dans ton calice m<ale et creux dépose Vainement la rosée allègre de l'été: Tu l'offres au soleil du matin exalté Sans mêler un arôme à son apothéose. Tu ressembles, tulipe, aux êtres sans souffrance Qui n'ont jamais connu la vie et l'espérance El qui vont sans semer de rhes autour d'eux. Si le désir qu'on a de toi s'éteint si vite FA si ton souvenir à l'instant se limite, C'est qu'il n'en reste rien quand on ferme les yeux. Jeanne GKISE (1) Ce» deux poème, de notre collaboratrice. Jeanne OriJ*. ont extraits du recueil, MédmlIlM de Cire, que la gentille poétesse vient de faire paraître aux éditions Oranger. Beaucoup de fraîcheur, de souplesse et de spontanéité caractérise cette oeuvre de jeune fille rêveuse dont nous reparlerons A nos lecteurs prochainement. Pour celles qui se mettent du rouge et de la poudre 0 ' Pourquoi du rouge ici et là? Pourquoi se mettre de la poudre A cacher un teint plein d'éclat. Ah! comment peut-on se résoudre? Pourquoi du faux, du frelaté? La nature a-t-elle des feintes? Le fard est-ce donc la beauté, Et vous trouvez beau d'être peinte? On peut à la rigueur, plus tard, Quand on atteint un certain âge Tâcher de réparer l'outrage Des ans; mais c'est encore un art... Non, non, je ne peux vous absoudre De mettre ce rouge criard! La jeunesse est le meilleur fard Et l'amour la meilleure poudre! René de VAUVILLIERS 1) M. René de Vauvilliers vient de faire paraître a Paris, aux éditions du "Penseur", un opuscule de vers Intitulé Les Arpégea «le Cristal. Une cinquantaine de poèmes courts et frai» dont huit évoquent le Japon. Une saynète en vers, t* dernier rierrot, complète l'opuscul». M. Herriot en Russie 'ANCIEN président du Conseil français, M. Edouard Herriot, maire de Lyon et littérateur distingué, est allé en Russie au lendemain du Congrès du parti radical tenu à Sofia. Les quelques jours qu'il a passés chez les Soviets, en hôte choyé lui auraient permi, dit-on, de rapporter la matière d'un gros livre. M. Herriot est revenu enchanté et... malade. Ce qu'il a vu et entendu l'a comblé d'aise. Les kotkoz, le liarrage du Dnieper, l'armée russe: autant de merveilles que l'homme politique français donne en exemples au monde. Mais ce que M. Herriot n'a pas vu? Ce que les autorités liolchévistc n'ont pas voulu lui montrer? Ce que les victimes du régime n'ont pas pu lui dire? Qui nous le dira? On pensait bien que les tsars rouges organiseraient une mise en scène de premier ordre qui leur permettrait de cacher à leur hôte le revers de la médaille. A ce sujet, le Malin, de Paris, publie deux documents authentiques dont la teneur contraste étrangement avec les prnpiis admirai ils de M Herriot bornons-nous à rcproduire un passage saisissant qui décrit la famine dans le Caucase septentrional. Nos lecteurs pourront compléter leur information en se reportant à la Rei'iie des Peux- Mondes du 15 septembre où la plume de M. Pinon trace un tableau dramatique de la famine en Russie.. "Notre vie est un délire plein de larmes et de sang, écrit le correspondant du Malin. La famine a pris de telles proportions que les gens meurent dans les rues. Un grand nombre d'affamés ont le corps entièrement violet, gunllé et couvert de plaies. Des mères désespérées ont abandonné leurs enfants en pleine rue, en fixant sur leurs habits un morceau de papier où leur nom est inscrit; d'autres, dans leur désespoir, tuent leurs propres enfants et se tuent. Partout on peut apercevoir des gens gisant, affamés, dans les établissements publics, dans les jardins et sur les marchés; l'etat ne fait rien pour eux et reste indifférent pour tous ceux qui ne sont pas qualifiés d'ouvrier et qui ne sont pas capables de travailler. Des files interminables de mendiants cherchent dans les immondices quelque chose pour manger; ces pauvres êtres ressemblent à des cadavres ambulants. On ouvre les tombes des morts, dans les cimetières, pour en retirer les cadavres enterrés sommairement, afin de les manger. Les homicides commis pour manger de la chair humaine sont très fréquents. La vente de la chair humaine, spécialement celle des enfants, est devenue chose presque ordinaire. Les mères ont peur que leurs enfants ne Un plan d'ensemble... [Suite de la page j) Non! il n'y a pas de doute, nous avons grandi, nous avons étendu les bras et les jambes, nous nous sommes bombé la poitrine, et au lieu de nous adresser au seul tailleur qui eût pu nous faire un vêtement neuf et convenable, nous avons cru préférable de coudre pièce sur pièce à notre vieil habit d'enfant, avec des morceaux de fils qui se brisent aujourd'hui de tous cotés. A qui la faute? A nos gouvernants, sans doute, qui eussent dû écouter les suppliques répétées des corps publics et de tous ceux qui aiment leur ville. Mais n'estelle pas aussi largement à nous, qui nous sommes à ce point désintéressés de la chose publique qu'à peine deux électeurs sur cinq enregistrent leur vote en temps d'élection? Il importe que nous nous réveillions, si nous ne voulons pas nous engourdir à tout jamais dans cette maladie du sommeil qui fait, ces jours-ci, tant de ravages. Aux jeunes de ma génération, et aux aînés qui voudront bien entendre, d'un jeune, des paroles déjà prononcées par quelques-uns de leurs contemporains, je dis: "Eveillons-nous, enfin, à nos responsabilités civiques. Rendonsnous compte que les conditions de la vie moderne nous imposent des devoirs, différents, peut-être, de ceux de nos pères, au siècle dernier. Comprenons que l'un des plus importants de ces devoirs consiste à assurer à tous les citoyens de cette ville, et non pas seulement à un petit groupe de privilégiés, de meilleures conditions d'il.il m al ion. d'iiv giène cl de vie ci\ ique". Roger BROSSARD soienl volés, égorgés et in.innés; aussi n'osent elles plus les laisser seuls dans la rue. Dans la seule ville de Sia vropol et pendant un seul mois on a enregistré quatre-vingts cas de dispaiilion d'enlanl. Il n'est pas rare de voir c I. es \ être I usillés des nul liropopha ges qui non seulement ont mangé de la chair humaine, mais en ont vendu sur les marchés... L'Etat cruel a tout pris, en privant la population du nécessaire II.1 accaparé 1rs dernières réserves de niais et de légumes, et les jardins privés n Y 1,1 eut plus. Tout ce qui restait pour les s les, dans les loraliiés voisines..1 été mangé. Il n'y a plus rien pour semer et, d'ailleurs, qui pourrait semer?" On ne s'v prendrait pas.ml renient pour détruire les résistances de plus en plus fréquentes et tenaces, Et dire qu'il y a des compatriotes pour désirer le triomphe du communisme chez nous! In Italie ANS tenir compte des aboyeurs, Mussolini H)ursuit son icuvre liicnl.usante en I talie Hue 1 oui n'y soit pas parfait, que les Italiens n'échappent pas à la crise universelle, que certaines paroles, certains jljh 111 " gestes du Duce et son altitude eu matière de politique étrangère donnent souvent lieu a des inquiétudes sérieuses: il n'y a pas à le nier. Mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir le côté constructif de l'œuvre mussolinienne. Le fascisme n'est-il pas, du reste, essentiellement constructeur? Qui ne verrait, par exemple, dans la formulecorporaliveque Mussolini applique peu à peu à l'etat italien, la formule de l'avenir, la seule capable de respec- ter les droits essentiels de l'individu tout en assurant le bon fonctionnement de l'etat libéré des querelles de partis? Un collaborateur du ( 'ri de Paris (30 septembre) vient de résumer admirablement les résultats de la révolution fasciste. Il souligne d'abord le geste par lequel Mussolini "rejeta immédiatement le joug des malins qui avaient cru faire de lui leur instrument. Il prit le pouvoir, tout le pouvoir, et, pour l'exercer selon ses vues, il commença par se débarrasser de ceux qui lui avaient ouvert la place". Voilà un principe de haute sagesse en politique. Pour ne l'avoir pas connu ou s'être montrés incapables de l'appliquer, certains de nos hommes politiques ou aspirants chefs d'etat ont connu une cinglante défaite. Et ce sera toujours le sort des chefs de parti qui ne savent pas choisir leurs collaborateurs une fois au pouvoir. Le correspondant du Cri de Paris continue: "Puis il (Mussolini) se retourna contre les fauteurs d'anarchie, aussi bien de droite que de gauche et, en quelques mois, il les mata. Ce fut rude, brutal, parfois féroce: quiconque ne voulait pas s'incliner devant l'ordre nouveau n'avait d'autre ressource pour éviter la mort ou l'internement dans les îles, que la fuite. Vue du dehors, cette révolution paraissait ce qu'elle était en effet, singulièrement antilibérale et contraire à tous les principes de la démocratie. Mais, après dix ans, il faut bien constater ce qu'elle a fait. L'ordre règne en Italie, le communisme a disparu, les usines sont de nouveau dirigées par ceux qui y sont aptes, patrons, contre-maîtres, ingénieurs, les ouvriers travaillent, les villes sont propres, les trains partent et arrivent à l'heure, les soldats respectent les officiers et l'armée présente une cohésion magnifique. Il y a encore des représentants du peuple, mais ils ne songent pas à se livrer à des luttes de partis, ils n'ont d'autre but que de travailler d'un commun accord à la grandeur de leur pays. Des milliers d'hectares, jadis incultes ou rendus inhabitables par la fièvre, sont livrés à la culture; des routes, des autostrades parfaits permettent les comuiunications rapides, des fouilles grandioses ramènent au jour tous les vestiges du passé romain; la marine est doté d'unités qui ne craignent pas les plus puissantes; l'aviation possède des appareils et un personnel qui rendent possible!> raid il aréi'hal Ualbu; enfin, malgré dedifficultés financières spéciales cl la ci ise générale, l'italie "tient", et son chef, le duce, peut se permettre une politique inquiétante pour nous (c'est un Français qui écrit) et que nous sommes en droit de tenir en méfiance mais qui lui donne une place éiuinente dans les questions mondiale".

5 La Revue Moderne Montréal, Novembre /'" >r D Un patriarcat dartisans ruraux iki.aiss.wi l.i pis. nu- 'lu M.mon Ku helieu H ses sveltes naïade», nous filons vers le village de la Malliair l tu nous a signalé, à quelques nulles du village, sur les bords de la rivière Malbaie, l'existence d'un artiste du terroir, un habile forgeron dont les œuvre» ornent plusieurs maisons d'été à la Pointe-au-Pic. Il fait un matin radieux île juillet. I.'air sent le varech et le sapin On dirait < ue la nature, dans une coupe de cristal lumineux, nous offre un cocktail magique. A pleins poumons, nous buvons cet air vivifiant qui monte de la mer et de la montagne... En face, Cap-à-l'Aigle déroule, comme une souple et multicolore "catalogne", sa pente harmonieuse. A gauche, s'étend la forêt immense où les mélèze*, les sapins, les épinettes et les bouleaux jouent leur subtile et verte symphonie. A droite, c'est le Meuve, kaléidoscope géant dont les images éblouissantes se font et se défont sans cesse au gré du soleil, des ombres et des vagues. A vrai dire, nous sommes quelque peu tentés de faire l'école buissonnière et, connue le sous-préfet d'alphonse Daudet, d'aller mâcher des violettes 'pardon, ô Frère Marie-Vicforin!) dans les champs qui bordent la route. Mais le sentiment du devoir l'emporte et nous arrivons bientôt à la petite bourgade où est située la boutique de notre artisan. Nous entrons sans façon; la connaissance est vite faite. Nous causons et peu à peu se déroule devant nous, en phrases savoureuses, la monographie d'une famille d'artisans ruraux. M. Joseph Cauchon, le patriarche, a soixante-dix-sept ans bien comptés. Il est père de quinze enfants dont neuf garçons. De ces derniers, quatre sont, comme lui, forgerons et deux autres, parait-il, "savent aussi travailler le fer". Décidément, c'est un "don de famille". Nous avons tenu à photographier M. Cauchon dont la silhouette typique serait digne du ciseau de Bourgault. l'une des photographies qui illustrent cet article nous le fait voir, assis sur son "chien", un vieil instrument de travail qui tend de plus en plus à disparaître. Le "chien" est une espèce détail que l'on serre à l'aide d'une pédale afin que les deux mains soient libres pour travailler C'est à l'aide du "chien" que l'on fabriquait autrefois le bardeau avant l'invention de la machine qui le débite aujourd'hui avec plus de précision et surtout avec plus de rapidité. M. Cauchon travaille maintenant avec son fils Henri, propriétaire actuel de la forge. Ils ont à leur disposition une boutique assez bien outillée, leur permettant de faire tous les ouvrages courants que requièrent les travaux et les réparations de la ferme. La technique de leur métier est saine parce qu'elle repose sur la tradition, cette tradition malheureusement disparue de la plupart de nos campagnes parce que la jeunesse, drainée vers les grandes villes, n'était plus là pour la recueillir de la bouche de nos vieux forgerons d'autrefois. drille en fer forgé, exécutée mr M. Henri Cauchon d'exprès un dessin de mademoiselle Marie Daris, élèee dt l'ecole des Beaux-Arts de Montréal. Par Paul (.OUIN et Jean-Marie GAUVREAU Henri Cauchon, apprenti de son père puis maitreforgeron, est devenu, grâce aux conseils de quelques personnes de bon goût qui se sont intéressées à son sort, un habile ferronnier d'art. 11 peut exécuter à peu près tout ce que l'on veut; on a qu'à lui fournir des modèles et son interprétation ne fait jamais défaut. Nous reproduisons, dans le cadre de cet article, une grille en fer forgé qu'il a exécutée d'après les dessins de mademoiselle Marie Davis, élève de l'ecole des Heaux-Arts de Montréal. Nous avons pu examiner également les objets les plus divers fabriqués dans sa boutique: petites tables-consoles, tisonniers, tenailles, fourches, marteaux de porte, couteaux à 'abac, grappins de pulpe, etc Tous ces objets sont parfaitement bien exécutés et d'un prix raisonnable, deux qualités que nos artisans de la campagne n'allient pas assez souvent. L'hiver est ordinairement une saison morte dans nos villages; dernièrement, à cause de la crise, elle a procuré encore plus de loisirs qu'à l'ordinaire. Ne croyez pas cependant qu'henri Cauchon a passé l'hiver dernier à fumer sa pipe en se chauffant au coin du poêle. Ce serait mal le juger. Profitant du temps de crise exceptionnelle que nous traversons, notre forgeron malbaisien a voulu donner plus d'elificacité à son entreprise afin d'être à même de mieux profiter de la reprise des affaires. Il a imaginé d'installer dans le haut de sa boutique de forge, un petit atelier de menuiserie, le métier de menuisier et celui de forgeron se complétant l'un et l'autre pour plus d'une spécialité: carrosserie, charronnerie, etc Henri Cauchon, un beau type d'artisan rural Toutes les machines que l'on trouve dans cet atelier sont sorties des mains infatigables et habiles d'henri Cauchon. Les bâtis ont été construits en bouleaux et solidement assemblés et boulonnés. Les pièces en fer ont été fabriquées avec des vieilles pièces de machines agricoles ou d'automobiles. C'est par ce procédé que notre ingénieux artisan a construit: une scie à ruban, une scie circulaire, une sableuse, une dégauchisseuse. une perceuse et une meule. Il a prévu lesv itesses requises pour chaque machine par un système de poulies étagées et il a installé sur le moteur qui actionne ces machines un mécanisme d'embrayage provenant d'un McLaughlin usagé. Les machines peuvent donc faire marche arrière et répondre au moindre caprice de celui qui les opère. Non loin de la boutique de M. Joseph Cauchon et de son fils Henri, de l'autre côté de la rue, nous avons visité l'atelier d'un autre descendant du patriache: Alfred, carrossier-menuisier, qui travaille avec deux de ses fils. A iguelque milles de La Malbaie, à La Chiite, Alfred Cauchon pow&dc un moulin à scie où il emploie trois autres de ses garçons. expert dans la fabrication des carrioles. C'est un Nous Le patriarche et son "chien" en examinons plusieurs entièrement terminées qui n'attendent que des acquéreurs. Les pièces solides sont exécutées en bouleau de la région et les parties cintrées sont en placage de tilleul déroulé, acheté à Québec. La garniture (rembourrage) et la peinture de ces carrioles sont très soignées d'allure générale gracieuse. Les pièces forgées sont impeccables; on y reconnait la solide formation transmise par le père. Durant les bonnes années, Alfred Cauchon vendait de quinze à vingt carrioles par hiver au prix de $ chacune. Il nous fait remarquer,en passant, que. depuis la crise, la voiture automobile est de plus en plus délaissée par les cultivateurs de la région. Jusqu'à l'année il fabriquait en outre environ vingt voitures par an. de ces voitures à deux sièges, caractéristiques à la région de La Malbaie et bien connues des touristes. Ces voitures sont généralement recouvertes il'une capote de toile noire; le bois frêne ou orme, est verni naturel. Vers 1913 ces voitures se vendaient bon an mal an $90.00; mais de 1919 à elles se sont vendues jusqu'à $ Ne sont-ce pas ces années là qu'il faudrait appeler les années de crise? L'industrie du moulin d'alfred Cauchon n'est pas moins prospère que sa boutique de carrosserie. On y scie une grande quantité de bouleau. Nous avons été particulièrement heureux de constater que cet excellent bois répond dans la région à de multiples utilisations industrielles. On en fait une large consommation destinée à la bobinerie: cette industrie fait vivre quelques centaines d'ouvriers de la région. Le lx>is est débité de la section et de la longueur désirées, il est attaché en paquets pour faciliter l'expédition, t >n nous dit que la maison Hanson de Québec en achète des centaines de mille pieds tous les ans destinés à être exportés en Angleterre. Alfred Cauchon en a débité pour sa part 100,000 pieds l'hiver dernier et il n'a pu remplir totalement la commande qui était de 150,000. Puis, ces notes prises, nous continuons l'inspection de la boutique de carrosserie. Elle est actionnée par un petit barrage faisant également fonctionner le moulin à carder, situé tout à côté et dont notre hôte était autrefois le propriétaire, l'ne turbine placée juste au-dessous de la boutique peut être contrôlée au moyen d'une trappe pratiquée dans le parquet. Notre carrossier est aussi ingénieux que son frère Henri II a confectionné, avec une roue de vieille faucheuse et d'autres pièces de fer usagées, une cisaille mécanique qui fonctionne à merveille... Mais, une voix venant du dehors, interrompt brusquement notre visite. Notre compagne, en bonne ménagère, nous rap >e!le l'heure du dîner Nous quittons à regret le patriarche et ses fils, heureux cependant des précieuses annotations que nous avons recueillies. En somme, cette rapide enquête et celles que nous avons faites dans d'autres villages du comté de Charlevoix nous ont permis de nous rendre compte que l'habilité manuelle et l'ingéniosité sont deux des qualités distinctives de nos compatriotes ruraux. Au cours de notre voyage d'étude, nous avons fait de véritables découvertes et nous sommes revenus convaincus que les petites entreprises, locales qui peuvent paraître insignifiantes en elles-mêmes, deviendraient, si elles étaient dirigées, organisées et coordonnées, la véritable ossature économique de la province.

6 Page 6 La Revue Moderne Montréal, N 0 V e ni b r e J B Mesdemoiselles... EAUCOUP de lectrices vont se récrier à cet appel. Ea plupart exécutent deux fois le jour, pour se rendre au travail, des distances convenables. D'aucunes précipitent même le pas, lorsqu'elles exécutent cet exercice, l'un des plus normaux, et des plus sains, pour la femme. Que réclamer d'autre? Nous voulons mieux, surtout des jeunes filles qui utilisent avec abus les modernes modes de locomotion. D'où cet article rédigé à leur intention. Pratiquée à l'air pur, selon une allure modérée, la marche demeure un exercice hygiénique qui convient à tous les âges. Et rien, ne saurait dispenser de sa pratique bi-quotidienne. Très peu de personnes savent marcher avec économie. Pourquoi raidir la jambe au moment où le pied pose à terre; comment justifier le balancement exagéré du corps, tant dans le sens vertical que dans le plan transversal. Ce sont de petites erreurs qu'il faut éviter. Certes, il y a intérêt à pencher légèrement le liaut du corps en avant, à effacer ses épaules pour donner le plus d'ouverture à la poitrine, il vous faut marcher davantage Par Jean A. LATTE Professeur au Lycée et ù VInstitut de Bordeaux (France) sans omettre de balancer faiblement les bras d'avant en arriére. Quant à la tête, il sied de la tenir droite, afin de diriger son regard assez haut (conseil qui date d'ovide). Cela dit, quels avantages réels nous offre la marche? Eaissons de côté la question "économies", même en période de crise. Incontestablement, la marche est une fonction nutritive idéale. Elle active le jeu de la respiration, par introduction d'oxygène utile aux combustions organiques. Elle accélère la circulation par l'augmentation des battements cardiaques et par les pressions répétées sut les veines de la plante du pied Par les mouvements qu'elle imprime au corps, elle détermine un brassage humoral qui nettoie les tissus, et elle provoque des contractions réflexes qui combattent à merveille la dilatation d'estomac et l'atonie intestinale. N'a-t-on pas écrit "que l'on digérait autant avec ses jambes qu'avec son estomac"? Après avoir brûlé les mauvais déchets, elle facilite leur élimination par les poumons, la peau, les reins. La marche décongestionne le cerveau (J. J. Rousseau l'avait peut-être compris, vu qu'on lui doit "Les rêveries d'un promeneur solitaire".) La marche fortifie les muscles des membres inférieurs, tout en augmentant la force de résistance. Sans recourir aux marches forcées qui fatiguent et enflamment les articulations (arthrites), la vitesse, le rythme ont large part dans l'effet hygiénique. Une marche courte, mais très vive, est plus s.une, qu'une longue promenade À pas mesurés. A chacune d'entre NOUS, mesdemoiselles, d'adopter l'allure qui convient à votre taille, compte tenue, Unit de la fi équem e et (le la longueur des pas, que du mouvement respiratoire. On se plaît à indiquer comme marche économique, celle qui se recommande d'une cadence de 120 pas à la minute. Loin de nous, la frivole prétention de modifier votre démarche. Vous possédez un pas caractéristique, voulu par votre structure, et les habitudes que vous avez prises sont peut-être immuables. Mais, qui sait si pour ajouter à votre grâce, vous ne tenterez pas l'expérience sus-indiquée, pour que ne s'accentuent point vos dispositions morphologiques antérieures. Perfectionnez donc, chères lectrices, votre genre de marche. Donnez plus d'élasticité à la pose de vos pieds; veillez à ce qu'ils ne dévient pas de l'axe normal, et qu'ils se déroulent bien. Evitez les inesthétiques déhanchements, soyez économes de vos forces si précieuses par ailleurs, et bannissez de vos principes et la lourdeur et la raideur. Mais sachez que la marche sur des trottoirs encombrés est une fatigue plus qu'un exercice. Puisse cette dernière remarque, d'observation courante, mériter de votre perspicacité, mieux qu'une réprobation discrète. Mon modeste rôle "est de vous servir plutôt que de vous flatter". Appel en faveur du collège Mathieu L L'Association catholique de la jeunesse canadienne française transmet à la presse un vibrant appel de S. Exc. Mgr Melançon en faveur du collège Mathieu de Gravelbourg, LA REVUE MODERNE est heureuse d'en reproduire les extraits suivants. Collège Mathieu, fondé pour les Canadiens français non seulement de la région de Gravelbourg, mais encore de toute la Saskatchewan, ouvrit ses portes le 12 décembre Il fut dirigé d'abord par les prêtres séculiers, puis confié aux RR. PP. Oblats de Marie Immaculée, en 1920, par Son Exc. Mgr Mathieu, Archevêque de Régina, dont le diocèse englobait, à cette époque, le territoire actuel du diocèse de Gravelbourg. Le Collège fut reconnu civilement, le 17 septembre 1917, et sa charte lui donna le droit de conférer des diplômes de cours commercial et académique. Affilié, en 1924, à l'université d'ottawa, il reçut en plus le privilège de préparer les élèves aux grades universitaires. On lui donna le nom de son illustre archevêque dont le souvenir éveille encore celui d'un grand éducateur, d'un ami des jeunes, d'un grand cœur. Sa fondation rappellera toujours une des pages les plus héroïques de l'histoire des Canadiens de l'ouest. On ne conçoit pas très bien dans le Québec, il faut y passer et y vivre pendant des années, les difficultés, les angoisses et les dépressions d'une minorité catholique et française, perdue dans un grand tout anglais et protestant! C'est le cas pour les nôtres de la Saskatchewan vivant au milieu d'une population numériquement supérieure, qui n'a pas notre mentalité, ne parle pas notre langue et ne partage pas nos aspirations. Ce contact quotidien ne peut être que désastreux au point de vue catholique et français. On ne peut vivre longtemps ain9i, à moins de s'entourer de protection, sans subir inconsciemment l'influence délétère qui comme un microbe subtil, s'attache à nos pensées, à nos jugements, à nos manières de dire et de faire. Dans ces conditions, il est facile de comprendre que la question scolaire devient l'un des facteurs les plus puissants pour glisser rapidement vers cette pente fatale ou pour remonter sur les sommets, d'où, pour nous catholiques et français, il ne nous est pas permis de descendre. De là, les luttes incessantes et les batailles sans fin, pour assurer et conserver chez nos petits, avec l'instruction convenable, une éducation à base de Religion. Nous le savons et le comprenons, toute éducation qui n'a pas, Dieu, la Religion, à sa base, ne peut tenir debout; elle est appelée infailliblement à tomber et à entrainer avec elle les masses, dans les pires abus de l'ordre social, et souventes fois, dans les pires catastrophes... Aujourd'hui, l'heure est critique, et un secours financier, pour assurer la survivance de l'œuvre, est urgent. Tel est le message que j'avais l'honneur d'adresser à la Jeunesse Canadienne-Française de Québec, par l'entremise de son très digne président et de son incomparable Aumônier. C'était le cri de détresse, S. O. S., non pas de la mer menaçante, mais des plaines souffrantes de l'ouest. Ce cri a été entendu; disons-le à l'honneur des chers jeunes du Québec, quitte à en recevoir la répercussion jusqu'à Gravelbourg en monnaie sonnante. Car c'est bien ça dont il s'agit: nous avons besoin d'argent. Et je ne puis m'habituer à la pensée terrifiante de la disparition d'une telle œuvre.. Pour le moment, il s'agit de trouver le moyen de vivre et tenir une autre année. Nous comptions quelque peu sur la présente récolte qui s'annonçait partout prometteuse, au printemps, à cause des pluies qui avaient donné la base d'humidité suffisante au sol pour la poussée du blé. Hélas! toutes ces belles espérances ont été complètement anéanties. Une chaleur trop intense qui a persisté la moitié du mois de juin et le mois de juillet, temps durant lequel nous avons enregistré 102 et 103 degrés à l'ombre; puis enfin, le terrible fléau des sauterelles a tout dévasté et tout ruiné de nouveau. Or le diocèse de Gravelbourg se compose entièrement d'une population d'agriculteurs. C'est dire que tous nos gens sont affectés par la disette qui semble vouloir persister, chez nous, depuis cinq ans. De plus, pour ensemencer leurs terres et vivre quelque peu, nos fermiers ont dû s'endetter par la nécessité de recourir au secours direct et pour cette fin, hypothéquer d'autant leurs terres, leurs machineries agricoles et leurs maisons. Dans ces conditions pénibles, ils ne peuvent vraiment pas venir en aide à nos institutions; ils ne peuvent qu'avec peine trouver assez pour vivre, encore moins peuvent-ils défrayer les frais de pensions et d'études de leurs enfants au Collège. Pour cette raison, depuis trois ans, les directeurs du Collège Mathieu ont été forcément obligés de n'admettre que ceux des élèves qui donnaient les plus belles espérances. APPEL A NOS FRERES DE L'EST: Pour toutes ces raisons, j'ai cru bon de m'adresser à vous, peuple si généreux de Montréal et de Québec; en faisant pnsser ma requête par l'association Catholique de la Jeunesse Canadienne-Française, j'ai pensé que vous seriez pins touchés des paroles persuasives des petits Canadiens du Québec, en faveur de leurs frères, les petits Canadiens de la Saskatchewan. Aidez-nous, afin qu'il nous soit possible de tenir toujours et de tenir envers et contre tous... L. J. Arthur MKIANCON, Evlque de Gravelbourg N. B. Toutes les offrandes doivent être adressées, au R. P. Paré, S. J. Directeur du Comité de Souscription en faveur du Collège Mathieu de Gravelbourg: La Palestre Nationale, 840 Cherrier, Montréal, FR 6311.

7 La Revue Moderne Montréal, Novembre Page 7 La contrefaçon chez fémina AI'ROPOS de mon récent article dans la REVUE, "Se méfier des contrefaçons", je reçois d'un mien cousin, Pacomc Hodd, une lettre dont je transcris ce passage: "Tu as raison, Malcolm, la contrefaçon a existe à toutes les époques et chez tous les peuples. Ainsi, le siècle qui a vue Vair singer Thorix, au pays où brilla Savarin, n'a rien que notre temps doive lui envier ou que puisse reprocher à la France notre province qui l'imite... (à bois). Mais je me demande pourquoi, s'agissant de supercherie, tu as omis de parler de la femme..." Sans m'attarder aux idioties de mon facétieux cousin, je tiens a protester contre l'imputation injurieuse que comporte sa lettre. Dieu merci, j'ai trop le respect de la vérité et trop d'admiration pour le beaux sexe pour croire ou laisser entendre que, même sous le rapport de la contrefaçon, la femme soit moins avisée et moins ingénieuse que l'homme. Ai-je besoin de préciser que je me suis servi du mot homme dans son acception générique ' L'homme embrasse la femme, comme dit l'autre. Et s'il faut, à certaines gens, mettre les points sur les i, je ferai le syllogisme que voici: Le tout comprend la partie. Or, la femme a été tirée de l'homme, à ce qu'affirme un historien juif mais véridique du nom de Moïse (C'est l'opération contraire et décidément plus naturelle qui s'est pratiquée depuis). Il s'ensuit ergo que la femme a les qualités, bonnes et mauvaises, de la matière première dont elle a été tirée. C'est clair comme bonjour en plein midi. Il n'y a aucun parti-pris chez moi d'innocenter la femme de ce travers. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir le rôle de premier plan que joue la toilette dans l'existence féminine, et qui dit toilette dit artifice. Au reste, Sa Majesté, la Mode, est une autocrate et on n'est pas libre de se soustraire à ses décrets. 11 se peut même qu'on s'y soumette sans enthousiasme et par pure routine. N'avez-vous pas, en effet, remarqué que c'est sans fausse honte que les femmes s'arrêtent en pleine rue pour se reluquer la binette dans les vitrines, se retoucher le tableau: que c'est en toute candeur que, en tramway, au restaurant ou même a l'église, elles sortent sans façon leur attirail pour se faire la façade? Mais oui, la femme se contrefaçonne de la tête aux pieds. Où est le mal, je vous le demande ' Un malin a dit que la femme babille, s'habille et se maquille ou bien, je ne sais plus au juste mais c'est tout comme, que la femme Par Malcolm HODD bavarde, se mignarde et se farde. Ht après? Nous serions peut-être fâchés qu'elle ne le fît pas! La femme, voyez-vous, est d'une logique rigoureuse et pousse facilement à l'extrême. Vous pourriez croire que c'est du cynisme; erreur! c'est de la franchise exagérée :Ma sincérité dans la contrefaçon, quoi! On a souvent taquiné les femmes de ce qu'elles cherchaient à faire entrer des pieds no 5 dans des escarpins no 3, mais on en a vu bien d'autres depuis. De la tête aux pieds, ai-je dit? En effet, le reste de l'univers pourra discuter la grande question de l'étalon-or, elles partagent, elles, leur attention entre les talons cubains et les talons Louis XY. Et la tête! Oh! la la, c'est à la perdre! Les instituts de beauté, les salons de coiffure sont pourtant de pratique récente et voyez s'il y en a. C'est au point que les autres carrières sont délaissées et que toutes se croient appelées à l'ondulation Marcel. Tu eris Marcellus! Sainte- Catherine s'y fait coiffer, la Cinquantaine s'y fait friser. Ça se fait, parait-il, à l'huile, à l'eau ou au papier, mais pas à l'œil! Qui n'a subi la torture de l'indéfrisable? Il parait que c'est atrocement douloureux mais, bah! pour tirer l'œil d'un doux tyran, on se laisse bien tirer la couette. Si j'étais dans le secret du métier, je vous ferais l'énumération de tous les accessoires de beauté: bigoudis, barrettes, papillottes, fers, ciseaux, postiches et tant d'appareils bizarres et anonymes pour accroche-cœur, rouflaquettes, etc., mais que sais-je? Et si de la chevelure on passe à la figure, que voit-on? Il n'y a vraiment que les yeux qu'on n'est pas parvenu à traiter chimiquement, mais non pas les cils ni surtout les sourcils dont il ne reste cependant plus guère qu'une mince ligne circonflexe. C'est étrange, n'est-ce pas? qu'on se fa-=se enlever du poil ici pour en mettre là, mais c'est exactement ce qu'on fait quand on se rapporte une tresse au chignon et que, d'autre part, on se fait épiler sourcils, aisselles, etc. Comme si la nature avait tout fait à rebrousse-poil! Il parait que le boudoir de Madame est un véritable laboratoire où s'entassent, s'étagent ou s'alignent fioles, bouteilles, flacons, pots, tubes à pâtes, limes, estompes, parfumeuses, houppes, pinceaux, badigeons, guipons, vaporisateurs, crayons, brucelles, étuis, bâtons, nécessaires à manucure et à message, vinaigre-, eaux, crèmes, onguents, pommades, lotions, extraits, huiles, Irohl, hennin, fards, poudres, etc. Et le hâle de pharmacie qui vous donne un teint sépia. laissant croire à vos bonnes amies que vous avez villégiaturé à Old Orchard ou Cacouna, alors que vous n'avez pas bougé de chez vous! Décidément, la beauté féminine est une affaire bien compliquée! Il faut avouer aussi que c'est toute une entreprise de prendre un vieux tableau et de lui donner la frimousse frisquette d'un tendron. Si l'on se contentait de se grimer pour se rajeunir de dix ans! Mais on manque de mesure, on prend trop de galon et le résultat est parfois carnavalesque. Toujours la vieille mule veut son frein bien doré! Il y a des fards de tous les tons sans doute pour harmoniser (ou doit-on dire: syntoniser. ") avec les teintures de toutes nuances pour la chevelure, depuis l'acajou jusqu'au corail. Il parait même que le rouge pour les lèvres comprend une certaine gamme d'essences: fraise, gaulthérie, pimbina, etc. A votre goût, messieurs. Essayez le baiser cocktail grenadine-cerise, c'est-à-dire la lèvre supérieure badigeonnée de rouge-grenade et la lèvre inférieure enduite de rouge-cerise. On assure que c'est délicieux. Après vous avoir mis en appétit, je ne voudrais pas dégoûter qui que ce soit, mais on dit que les crèmes de beauté sont toutes à base d'axonge et de poudre de riz. Or, de l'axonge c'est du saindoux et du saindoux, c'est, sauf le respect que je nous dois, de la graisse de cochon! Vanité des vanités! Je passe prudemment, à cause des courbes dangereuses, sur d'autres appareils à illusions, corsets, ceintures, sangles, faux-ci, faux-ça, tournures qu'on appelait autrefois "grichignebagnes" (Grecian bend). Ah! que les apparences sont parfois trompeuses. Ça t'étonne? me disait, un jour, un ami à qui je faisais part de certaines constatations. Faut dire que c'est parfois tout à fait étonnant. Mais d'autre part, il ferait beau voir les hommes parler d'abus de confiance alors que les femmes de cette province ont, à différentes reprises, pétitionné la Législature pour être astreintes à la franchise. Ces monstres de législateurs les ont éconduites. On préfère tenir les femmes en brassières! Encore une fois, la contrefaçon est universelle et la femme pas plus que l'homme n'en est exempte. Cette manie est tellement entrée dans les mœurs qu'on voit difficilement comment elle pourrait ne plus être. Pour ma part, je suis assez disposé à admettre qu'il peut y avoir moins d'artifice dans la plume qui orne le chapeau de ces dames que dans celle que tient le chroniqueur au bout de ses doigts. A propos, il y a bien des années, quand j'eus à me choisir une carrière, je m'en ouvris à un vieux journaliste et lui demandai si un homme pouvait gagner sa vie, au pays, avec la plume. Sans doute, me répondit-il, et je vous conseille de préférence les Plymouth Rocks ou les Wyandottes. J'aurais dû suivie ce conseil car, de menu que deux œufs valent mieux qu'une prune, il est non moins évident que l'édredon est préférable à la paille pour le culottage de sa pipe, au soir de la vie!

8 Page 8 La Revue Moderne Montréal, Novembre Les Jésuites (1) OUR être juste envers l'auteur du déjà célèbre ouvrage, Les Jésuites et les secret de leur puissance, P pour analyser, comme il conviendrait, les deux fort volumes où un protestant, M. René Fulop-Miller a raconté de la manière la plus objective possible, mais en homme qui dédaigne le surnaturel pour s'en tenir à la conception purement matérialiste de l'histoire.la bonne et la mauvaise fortune de l'ordre fondé par Ignace de Loyola, il faudrait au moins une page de cette Revue. Et encore critique ou analyste ne serait pas certain d'avoir épuisé son sujet, tellement l'ouvrage de M. Fulop-Miller est rempli d'aper,us originaux, soulève de points de controverse, offre île fresques brossées de main de maître à côté de tableautins aux couleurs vives. Car. faire l'histoire des Jésuites, même après s'être donné pour tâche de découvrir le secret de leur puissance, c'est secouer la poussière de quatre siècles, c'est organiser le défilé de centaines et de centaines de personnages qui ont joué un rôle dans la comédie ou la tragédie humaine, c'est toucher à l'histoire d'une partie du monde, à la politique, à la science, à la littérature, aux beaux-arts, aux grandes découvertes des XV et XVle siècles, à la colonisation, à l'instruction, aux controverses religieuses. Il est peu d'événements importants, depuis le XVle -ni le. auxquels les Jésuiles, volontairement ou non, à tort ou à raison, n'aient été mêlés. Et l'auteur lui-même a tracé les cadres de son œuvre lorsqu'il écrit dans l'introduction: "Ce que cet ouvrage apportera sera moins une contribution technique à l'histoire des Jésuites qu'un tableau des passions et des rêves de l'humanité, de ses exploits et de ses insuffisances, lesquels ont déterminé notre culture moderne". Nombreuses, dans ces deux tomes, les pages brillantes dont la lecture passionne et qui rappellent des faits qu'on croirait légendaires, dépassant en pittoresque les plus curieux récits de voyages, en dramatique les plus alertes romans policiers. Que le lecteur s'arrête aux pages où M. Fulop-Miller raconte le pèlerinage d'ignace de Loyola à Jérusalem, "voyage aventureux d'un insensé", écrit-il, celles où il nous montre le prestigieux fondateur en route \ ers Paris, poussant un âne chargé de livres, celles où il décrit l'u-uvre des Jésuites en Asie "sous mille masques divers", ou encore la mystérieuse et romanesque pénétration des religieux en Angleterre, toujours il admirera l'art du conteur. D'autres pages, et presque aussi nombreuses, lui seront sans doute d'une digestion plus laborieuse, celles, par exemple, où l'auteur analyse la morale des Jésuites, sans éviter les vieux clichés, et reprend le récit de la fameuse querelle du libre arbitre l'un des >oints de la doctrine catholique le plus controversé et controversable depuis le Christ jusqu'à nos jours. Mais même là, tout en ayant besoin de faire appel à la théologie et à la philosophie, et sans pouvoir, s'il est catholique, suivre jusqu'au bout M. Fulop-Miller, le lecteur devra reconnaître l'extrême aisance que son guide apporte à traiter les problèmes les plus ardus dont Pascal, Descaries et Leibnitz, pour nous en tenir à eux, ont vainement cherché la solution. Mais si les faits qu'il grossit parfois comme à plaisir, attribuant, par exemple à une virgule mal placée, dans la bulle du pape qui condamnait le Jansénisme, l'origine de la grande querelle, ou attribuant aux seuls cadeaux faits par les Jésuites la conversion des infidèles, si ces faits, qu'il interprète à sa manière au point de s'éloigner de la ligne d'objectivité qu'il s'est tracée, ont pour M. Fulop-Miller un prix inestimable, ce ne sont pas eux qui lui font découvrir le secret de la puissance des Jésuites. Après avoir pris l'ordre à sa naissance et l'avoir suivi, à travers les siècles, en Europe, en Asie, en Amérique, après l'avoir montré tantôt vainqueur, tantôt vaincu en apparence, toujours à l'œuvre, toujours redouté, l'auteur revient à son point de départ. C'est aux Exercices qu'il demande la réponse tant cherchée; à ces-exercices dont il écrit non sans raison: "Il n'existe pas d'au- (1) Le» Jé-ultc» et lp nrrrit île leur polflmuxm, par René Fulop-Miller, traduit de l'allemand pur Jean-Gabriel, 3 volumes avec 29 gravurea hors texte, Pion edlt. Dans le monde des lettres Par Jean BRUCHESI tre ouvrage, dans la littérature catholique, dont la porté^ historique puisse être comparée à celle de ce petit livr^ de Loyola". Puis il ajoute: "Seule, une organisation d cette sorte où s'allient la plus stricte discipline et la liberté indi\'iduelle, pouvait maintenir l'unité organique de l'ordre en dépit de sa dispersion spatiale, et son étonnante continuité à travers les siècles, et c'est en cela que réside surtout précisément le secret de la puissance dont les Jésuites ont disposé autrefois et dont ils disposent encore aujourd'hui dans une large mesure". Mais ici on touche au point faible de la thèse soutenue par M. Fulop-Miller incapable d'aller plus loin que les faits et les textes. Quand il écrit, par exemple, après avoir tracé un parallèle entre saint Ignace et Lénine, tous deux partisans de la force, que seul "l'écart spirituel de quatre siècles sépare le saint catholique et le socialiste révolutionnaire", l'auteur oublie la fin ultime de l'homme. Il démontre clairement qu'il n'a pas compris le "pourquoi" de la venue du Christ sur la terre et la sublime mission de l'eglise fondée par Lui. Il n'en tient toujours que pour l'interprétation humaine des faits et s'éloigne du sens donné à l'histoire, après Bossuet, par le comte Du Plessis dans son beau livre, un peu touffu, La Caravane Humaine < I ). Sur un tel plan, bien entendu, l'eglise catholique n'apparait pas différente des autres. l'ordre des Jésuites n'est plus qu'une société fondée par un homme de génie et dotée d'un organisme admirable. Sans doute, il y a cela; mais il y a autre chose: l'action divine, le surnaturel. Que l'auteur, après cela, ne tienne aucun compte des sacrifices et des prières, qu'il salue dans Les Frères Karamazov de Dostoiewski" l'œuvre qui a porté le coup le plus profond à la doctrine jésuite", il n'y a pas lieu de s'étonner. L'hommage rendu par ce protestant à l'action des disciples de Loyola, en science, en art, en instruction et en éducation, n'en a peut-être que plus de prix. M. Fulop-Miller croit à l'infaillibilité de la psychanalyse et du freudisme. Il reprend à son compte l'accusation tant de fois portée contre l'eglise et contre les Jésuites en particulier d'être hostile au progrès et à la science, accusation dont son œuvre apporte souvent le démenti. Pour lui, l'homme moderne n'y a-t-il pas plutôt un homme, toujours le même, avec un fond identique de vertus et de vices? ne connait plus" la passion qui, au moyen âge, demandait le bûcher pour les livres porteurs d'erreurs". Son œuvre a paru avant Hitler et les nazis. Il est injuste pour Louis XIV et passe à peu près totalement sous silence l'œux're des Jésuites en Acadie, en Noux-elle-France, puis au Canada. Il n'admet pas c'est son droit que la volonté de l'homme soit libre et n'ait d'autre guide qu'une connaissance fondée sur la raison et la Révélation dont il ne parle pas. Il n'est pas loin de reprocher aux Jésuites d'avoir "trahi le sublime en faveur du monde x'ulgaire" et, avec les ennemis de l'ordre, catholiques ou protestants "d'avoir fait dans leurs entreprises de trop larges concessions à la faiblesse humaine", reproche qui n'est pas sans fondement, mais qui relève de l'exécution plutôt que du principe inême proclamé par le fondateur. Encore une fois, cependant, M. Fulop-Miller s'incline devant les immenses services que l'ordre a rendus à l'humanité. S'il partage, entre les Jésuites et leurs adversaires, une égale somme de ruse, d'intrigue, de despotisme et de duplicité, il n'en reconnaît pas moins "l'art persuasif, la sagacité, l'esprit de sacrifice et l'héroïsme" des premiers. Pou\'ait-on lui demander autre chose? Et si le bon sens finissait par l'emporter sur le parti pris, la haine et l'ignorance, en cette terre d'espagne d'où partirent les premiers Jésuites à la conquête du monde, "pour la plus grande gloire de Dieu", de quel poids ne serait pas le témoignage x'engeur que M. F'ulop-Miller renouvelle dans un appendice? "La suppression des établissements d'instruction fondés par les Jésuites n'en a pas moins entraîné déjà la perte de valeurs inappréciables, sans qu'il soit possible de prévoir le jour où l'on pourra les remplacer par des institutions, nous ne disons pas meilleures, niais même équivalentes". J. B. (1) li C'iiru\mie II un. par J. DuPlesals, Tlon édlt. Histoire vraie des trois Mousquetaires (1) ARMI ceux et le nombre en est incalculable qui ont lu l'immortel roman d'alexandre Dumas, P Les Trois Mousquetaires, il en est plusieurs que l'art de l'écrivain a complètement subjugués au point leur faire croire à l'aullienticité du récit. D'autres, au contraire, n'y ont vu que le produit d'une imagination féconde servie par l'art consommé du conteur. Bien rares, encore aujourd'hui, ceux qui sonl persuadés de l'cxis tence réelle de Porthos, d'athos et d'aramis. Quant.1 il'artagnan, son existence n'a jamais été mise en il Mais, pour le connaître tel qu'il fut, c'est à l'histoire qu'il faut s'adresser et non au roman. S'il ne correspond pas au l \ pc l'on \ eut ion ncl, i n iniorl alise pai la lillérature, il n'en est pas moins digne de notre admirât ion. Aussi bien, après avoir lu le lu re alerte que \l Armand l'r.n ici consacre aux quatre plus célèbres mousquetaires, beaucoup n'hésileront pas à préférei aux héros de Humas les personnages historiques, Iris qu'ils mit vécu et lels que nous les présente, avec art et conviction, leur récent et peut-être premier biographe. M l'r.n iel esl allé au village île l.upiai, en Gascogne Il y a retrouvé la gentilhommière de t astchimie où na quit Charles de Batz, comte d'artagnan, allié à l'illustre famille des Montesquiou. Il était plus facile, pour l'historien, de retracer les origines du capitaine des Mousquetaires du Roi, de l'accompagner à Paris et dans les campagnes de Flandre, de le suivre au service de Mazarin et Louis XIV, en pleine Fronde, de nous décrire son rôle lors du mariage de Louis XIV et de l'arrestation de Fouquet, de restituer par conséquent à d'artagnan, sa véritable physionomie, que de dégager de la légende ses trois illustres compagnons: Porthos, Athos et Alramis. Néanmoins, M. Armand Praviel y est parvenu. S'aidant de quelques rares documents historiques, il a retrouvé l'origine des fidèles compagnons de d'artagnan et le lieu de leur naissance. Et si la collaboration des quatre mousquetaires n'est ni aussi longue, ni aussi pleine de péripéties que dans l'œuvre de Dumas, elle ne manque pas d'intérêt et de beauté. L'auteur ne craint pas, du reste, d'ax'oir recours au romancier pour souligner en quoi les portraits de Dumas peux'ent s'accorder parfois avec la réalité. Il n'en reste pas moins que l'immortalité, conférée par Dumas à son héros, est profondément différente de ce que fut la vie réelle de d'artagnan. L'ouvrage de M. Armand Praviel nous en apporte la preuve éclatante. Dumas n'en était pas à une contradiction près. Et c'est ce que M. Praviel nous démontre aussi. Mais on sait que le génial romancier n'a pas rédigé entièrement, loin de là, l'interminable et célèbre récit des aventures de d'artagnan et de ses compagnons. Les médecins au Canada Français (2) T J. B. OUT a été dit, semble-t-il, sur la mission et les devoirs du médecin. Que le rôle du médecin s'apparente à celui du prêtre, il n'est personne pour le nier. De là, toutefois, des obligations strictes qui anoblissent certes la profession, mais en réservent l'exercice à des hommes de choix". "Seules lésâmes élevées et généreuses y apportent les dispositions nécessaires", écrit justement le docteur Arthur Rousseau dans la préface du petit livre que vient de publier un autre médecin, honneur de la profession en cette province, le docteur Joseph Gauvreau. Présenter dans une langue claire et sans prétention qui gagnerait tout de même à être davantage soignée et plus élégante, le tableau des vertus et des qualités morales, intellectuelles ou physiques qu'exige la profession médicale, tracer d'un crayon un peu trop rapide, mais sûr, quelques portraits rie médecins, glisser sur le mau- \'ais médecin dont l'influence néfaste parait parfois en croissance et lui opposer l'homme de science, de principes et d'action que doit être non seulement le médecin canadien-français, mais tout médecin: telle est la substance des remarques, empreintes de bon sens, que le docteur Gauvreau nous offre aujourd'hui. Et ce qui donne plus de poids encore à ces remarques, c'est qu'elles viennent, cela se perçoit dès les premières lignes du cœur paternel d'un homme, d'un apôtre, pour qui science, principe et action ne sont pas de \ains mots. Peut-être le docteur Gauvreau est-il trop bon et l'idéal qu'il trace du médecin de campagne ou de celui de la ville nous apparait parfois bien loin de la vérité. Telle- (11 Histoire vrille dru Triilu Mc.iiMillctillrci., p u Armand Praviel, avec quatre planelies hors toxte. Coll. "Hier et Aujourd'hui", Fl&mmurlon. edlt. l : i l.es médecins un < uniidi, fmnculf., iillli' pur l'auteur.

9 La Revue Moderne Montréal, Novembre Page 9 nient il suffit d'une brebis galeuse pour contaminer tout un troupeau si l'on ne se date pas de prendre îles mesures radicales. A quelles amères réflexions ne conduirait pas, par exemple, une empiète sévère sur la dichotomie qui su répand, dit-on, avec uni- rapidité étonnante: Ce procédé, qui consiste dans le partage des honoraires ou du l.éiiéf'ice sur le prix de vente des médicaments, n'est-il pas, (lu reste, l'uni- dis plaies de noire temps cl ni- le retrouvons-nous pas, sous des noms divers, dans toutes 1rs i l.issrs de l.i su. lélr ' Quoi qu'il en soit, l'étudiant en médecine et le jeune niédec in à qui s'adresse li- i aile mei uni du do. leur '..m vreau y trouveront largement leur profit. Leurs aines aussi, croyons-nous II est bon que les uns et les autres s'entendent rappeler parfois leurs devoirs et les actes dérogatoires à l'honneur professionnel. L'honneur pro lessionnel! <Juel in.ignilique mol.l'ordre à rétablir p.ir tout! Kl de quel poids ne peut-il appuyer, par exemple, le corps médirai dont le premier devoir est de réclamer partout cl toujours la libre pratique de la médecine en face des empiétement! des pouvoirs publics signalés en passant par le docteur Rousseau; empiétements qui se font au nom de l'assistance sociale présentée sous la forme d'assurances sociales dont la sagesse n'inspire pas toujours la mise en pratique! Et, à ce propos, comment ne pas souhaiter qu'un médecin de chez nous, suivant le bel exemple du docteur Paul C.uérin de Paris, écrive enfin un livre sur le médecin et l'etat, exemple que nos avocats, de plus en plus dépouillés par les pouvoirs pu blics, feraient bien de suivre également? En attendant, saluons dans Les médecins au Canada ïnïnnin l'ouvre oppurlunr el bienfaisante d'un I HIC de ccrur qui sait être aussi, à certaines heures, un homme d'esprit J. B. Dictateurs d'aujourd'hui par Henri Uéraud, Coll. "Hier el Aujourd'hui", I l.uiiiii.ii ii m Edit. "D'un bout à l'autre de l'europe se dresse une chaine de "fascismes" ardents. De Berlin à Constantinople. de Moscou à Rome, un lien invisible et brûlant les unit, qui n'est peut-être que la passion des peuples à s'affirmer à travers des héros nationaux. Des hommes dictateurs avoués ou chefs d'états qui, sans en avoir le nom, en ont le rôle les dirigent. Ces grands conducteurs de peuples Mussolini, Mustapha Kemal, Benès, etc. quels sont-ils, d'où viennent-ils. que pensent-ils? C'est leur secret qu'henri Béraud a voulu surprendre par un contact direct Depuis plusieurs années, au cours de ses voyages, il les a presque tous rencontrés. Moderne Plutarque, il trace une éblouissante galerie des maîtres du monde". Notre Provence par Léon Daudet et Charles Maurras, Flammarion, Edit. "Les liens nombreux, d'ordres divers: intellectuels, amicaux, politiques, unissent depuis de longues années déjà, personne ne l'ignore dans la vie. le travail et dans l'action, Léon Daudet et Charles Maurras. Tous deux, si leur lourd labeur quotidien leur en laissait le loisir, pourraient écrire, sur leur grande et fertile rencontre, un livre qui constituerait une bien précieuse contribution à l'histoire de notre temps. Souhaitons ce livre. En attendant cet heureux événement, les deux grands écrivains viennent de nous donner une œuvre du plus haut prix. Dans Xolre Provence, ces deux fils illustres de la "mère Provence" viennent lui témoigner leurs ardentes amours, en des pages que tiendront à lire tous ceux qui sont nés sur cette terre de lumière ou qui ont apprit à en goûter les charmes". Le maréchal duc de Richelieu et les femmes par Paul Reboux, Coll. "Hier et Aujourd'hui" Flammarion, Edit, Livre amusant qui est de la petite histoire. Récit :.lcrle, comme seul sait en écrire Paul Reboux et (pie les grandes personnes liront avec intérêt Image un peu osée du lenips de l.i Régence el des premières années du règne de Louis X\. Qu'est-ce que la foudre en boule? Par l'abbé Thomas MOREUX manifestations de l'électricité vient sortir vers le milieu du sont telle corsage. La jeune fille en fut ment extraordinaires quitte pour lapeur et une qu'on ne devrait jamais simple érosion superficielle s'étonner de voir le fluide se présenter à nous sous les formes les plus mystérieuses. allant du genou droit à la poitrine. Parfois, la boule électrisée Il y a fort longtemps se paye un long parcours, qu'on observe la foudre en témoin ce fait rapporté par boule et cependant il y a le chanoine Romelot. Le peu d'années que le phénomène 31 mai 1716, pendant qu'on est admis par les chantait vêpres à la cathé savants. En 1890, l'honorable drale de Bourges, un globe M. Mascart, alors de feu tombe sur l'une des directeur du Bureau central tours coiffée 'd'une couverture, météorologique, s'inscrivait en descend tous les en faux contre l'opinion du étages, pénètre dans l'immense public et, à la même époque, vaisseau et, après on vit un professeur de Paris avoir fait tout le tour de traiter d'illusion d'optique l'intérieur par les troisièmes les témoignages cependant nefs, vient sortir par la fort nombreux de ceux qui avaient vu "le tonnerre en boule". seconde tour, la plus élevée. Passons au chapitre des explications: c'est le moins Depuis, les choses ont facile. Autrefois, le physicien changé, et dès la première Hesechus pensa que édition de mon ouvrage La fondre, les orages, la grêle, l'on avait affaire à une condensation de molécules d'azote. paru peu avant la guerre de L'Anglais Thornton 1914, je concluais de nombreux proposa une origine analo faits que la foudre en gue, mais substitua l'oxy boule est un phénomène gène à l'azote de l'air. On réel et extrêmement fréquent. sait, en effet, que sous l'in Le coup de foudre... fluence des effluves électri A l'heure actuelle, grâce aux travaux de M. Mathias, l'éminent professeur de la Faculté de Clermont- Ferrand, le doute n'est plus permis et ce savant a fourni l'explication la plus plausible de ce singulier phénomène. Rappelons d'abord quelques faits recueillis ques, l'oxygène se condense et donne lieu à un corps assez instable dégageant une odeur de soufre, l'ozone, dont la molécule groupe trois atomes, au lieu de deux dans l'oxygène. En reprenant son état normal, l'ozone libère une quantité formidable d'énergie. dans les anciennes chroniques. En 1713, c'est le physicien Maffeo qui voit sortir du pavé de De là, ce caractère explosif de la foudre en la salle où il se trouvait une boule de feu de boule, mais ceci n'explique pas les colorations teinte azurée. La masse paraissait agitée d'un variées du phénomène. Aussi, M. Mathias, vent intérieur, et l'instant d'après le globe reprenant la question, a-t-il montré qu'en fait, éclatait avec fracas. En 1750, c'est l'abbé Richard, le météorologiste bien connu, qui voit apparaître, au la condensation porte sur tous les gaz de l'air, y compris la vapeur d'eau et les particules métalliques qui s'y trouvent en suspension. cours d'un orage, une boule de feu, dans l'église La foudre en boule affecte des grosseurs très Saint-Michel de Dijon. Le globe, très rouge, variables qui oscillent entre 5 et 30 centimètres de diamètre. M. Mathias a calculé que, monte jusqu'aux grandes orgues et disparaît dans une formidable détonation. Celle-ci est d'ailleurs toujours provoquée par un choc et pour un diamètre de 20 centimètres, l'énergie le mieux, lorsque le phénomène se produit, est libérée peut être élevée à 11 millions de kilogrammes pour le moins. C'est dire que l'ex de rester immobile, sans essayer de toucher à la boule de feu, dont les propriétés explosives plosion d'un tel engin peut opérer en un instant les plus formidables sont indubitables. ravages. Le plus souvent, en effet, la boule voltige plus ou moins lentement, suit les courants d'air et disparait même par des ouvertures étroites, tel le trou d'une serrure, sans causer aucun dommage. On peut citer à l'appui de cette assertion des faits très nombreux. Contentons-nous de quelques-uns. "Le 3 mars 1557, nous raconte du Bellay, Diane de France épousa François de Montmorency; la première nuit de noces, une flamme éclatante pénétra par la fenêtre, visita tous les coins de la chambre et vint tourbillonner autour des mariés. Puis, elle mit le feu au linge et à la toilette de Diane et s'en retourna par la fenêtre comme clic était venue". Voilà un singulier augure pour se mettre en ménage! L'abbé Spallanzani raconte un fait plus curieux encore. Au cours d'un orage, la foudre tombe dans un pré, sous la forme d'un petit o obe «le feu. qui se dirige vers une jeune bel gère, frôle ses pieds nus, disparait sous ses jupes qui s'enflent comme une crinoline et (Collaboration particulière a La Krvur Abbé Thomas MORKUX Moderne! Ce que coûte un sénateur américain L > sénateurs américains coûtent cher au budget des Etats-l'nis: environ $21, par an. L'indemnité proprement dite pour l'exercice de leur mandat est de S8, Mais les avantages attachés à la fonction sont innombrables: qu'on en juge. Le Trésor prend à sa charge les appointements des secrétaires et dactylographes personnels. 11 acquitte également les trais d'hôtel, de bureau et de timbres, le coiffeur; même le massage facial cher aux Américains, et le nettoyage des chaussures font partie des dépenses prévues et remboursées par le budget; ce qui faisait dire à un diplomate français en mission à Washington: "Nos collègues américains sont des gens heureux: on s'occupe d'eux de la tête aux pieds". Malgré cela nous n'avons pas appris qu'ils fissent de meilleure besogne que les autres.

10 Pag< K> La Revue Moderne Montréal, Novembre 1 9 S S LA VIE CANADIENNE Notre université O,N parle beaucoup, depuis trois ans, de l'i'nisité de Montréal. A côté de justes commentaires et de sérieuses réflexions, inspirées par le désir d'aider ou de sauver une institution nationale dont la perte serait un désastre irréparable, que d'histoires abracadabrantes courent les rues et sortent souvent de la bouche de personnes réfléchies! Une des rumeurs les plus tenaces accuse les professeurs de l'université de toucher des salaires énormes et de grever ainsi un budget qui se solde cette année par un déficit de $200,000 en chiffres ronds. Outre qu'il est impossible d'apprécier en dollars la valeur intellectuelle d'un homme, ses études et ses travaux, il est souverainement injuste, pour ne pas dire plus, de persister à croire que les professeurs de l'université de Montréal sont grassement payés. S'il fallait se résoudre à publier un jour la liste des salaires payés aux professeurs, quelle ne serait pas la surprise du public d'apprendre que les neuf-dixiémes des salaires, à l'université, dépassent à peine S2.000, qu'un très grand nombre de ces salaires varie entre S50.00 et SI,000 par année. Et lorsque la caisse est vide, comme la chose s'est produite l'année dernière, comme elle se produit encore présentement, les professeurs enseignent pour... des prunes. Kst-il un ouvrier qui continuerait son travail sans rien toucher pendant des semaines et des mois, même s'il gardait l'espoir «l'être payé un jour? Pourquoi, du reste, n'envisager le problème universitaire que sous l'angle des salaires des professeurs ou des responsabilités de tel ou tel administrateur, comme si l'université n'avait pas eu à sa tête, depuis la conquête de son autonomie, des hommes d'affaires touchant de très près, d'autre part, aux pouvoirs publics de cette province? La question qui se pose aujourd'hui dépasse singulièrement les personnes. I.'l'niversité de Montréal, héritière «le la succursale de Laval dont la fondation remonte à l'année 1878, dispense aujourd'hui son enseignement à plus de 2,000 étudiants auxquels il faut ajouter les étudiants des gran- «les Ecoles affiliées, les élèves des collèges classiques à qui l'université décerne le diplôme «le bachelier et les milliers d'auditeurs à qui elle offre des conférences publiques ou des cours spéciaux par centaines. De plus, sans parler des laboratoires et des collections scientifiques qu'elle possède à son actif, l'université a pu grouper autour d'elle un nombre respectable de spécialistes et de professeurs de carrières. A côté de l'enseignement professionnel, elle a organisé l'enseignement supérieur tout autant sinon plus important que l'autre pour assurer le progrès des nôtres dans tous les domaines. C'est cet enseignement-là, préparé et maintenu avec des ressources infimes, qui est maintenant en péril. S'il venait par malheur à s'effrondrer on frémit à la pensée des dommages qui en résulteraient pour les Canadiens français, pour tous les Canadiens français: hommes d'affaires, hommes de profession, cultivateurs, ouvriers, rentiers s'il en reste religieux et laïques. Devant une telle perspective et avant de conclure à la responsabilité de celui-ci ou de celui-là, demandons-nous ce que feraient nos concitoyens anglais dans les mêmes circonstances. Rappelons-nous la générosité dont ils font preuve à l'égard de leurs universités. Il ne s'agit plus, pour le moment, «le discuter, mais de savoir si nous allons permettre à l'université de Montréal de poursuivre son œuvre ou si, lui refusant notre aide, nous allons accepter, de gaieté de cœur, de retourner un siècle en arrière. Immigration IIC I Canada, jadis terre promise des immigrants d'europe, ne reçoit plus, chaque année, qu'un nombre restreint d'étrangers. Ce n'est pas à l'heure où un pays se débat au milieu de difficultés internes considérables, où la moitié au moins de sa population vit de "secours directs", où les chômeurs se chiffrent par centaines de mille, qu'il est sage d'ouvrir largement ses portes à ceux que la crise économique ou les événements de politique intérieure chassent de leur pays d'origine. Nos dirigeants l'ont compris jusqu'à ce jour. Or voici qu'on se remet à parler d'immigration au Canada. On le fait, certes, avec beauc«)up de prudence, en des termes voilés qui ne laissent, toutefois, aucun doute sur les intentions. Le premier ministre, M. Bennett, à VVinnipeg, M. Beatty, à Montréal, le président du conseil exécutif de la Chambre de commerce du Canada, à Ottawa, ont bel et bien déclaré qu'il serait temps de mettre fin à certaines restrictions "simplement ridicules". Nos lecteurs n'ignorent pas qu'à la suite de l'attitude prise par Hitler à l'égard des Juifs d'allemagne, ces derniers cherchent à s'établir en d'autres pays où ils ne seraient pas exposés à des vexations et des restrictions de toutes sortes. Au congrès sioniste tenu récemment à Prague, on a dressé un plan qui permettrait à quelque 100,000 Juifs-allemands de venir aux Etats-Unis et au Canada, si ces Etats levaient l'embargo contre l'immigration. Tel est également le programme de l'association juive internationale dont le président est lord Melchett. Les Juifs ont même porté leurs griefs et leurs espoirs devant la Société des Nations réunie à Genève en septembre. La presse canadienne a fait écho aux paroles de l'honorable M. Manion qui s'est plu à citer l'exemple de notre pays où la majorité, d'après M. Manion, traite généreusement la minorité; ce qui, entre parenthèses, n'est pas conforme aux faits. Notre presse a «'-gaiement signalé l'attitude prise par M. Riddell, au nom du gouvernement canadien, en face des demandes juives. Il n'y a pas de place chez nous pour les immigrants d'allemagne. Il n'en reste pas moins vrai que les Juifsallemands fixent les yeux sur notre pays qui les a généreusement accueillis dans le passé, avec l'aide intéressée des compagnies de chemin de fer et de navigation, sous des étiquettes polonaises, hongroises, roumaines ou bulgares. Notre devoir est donc tout tracé: tenir les portes bien closes en attendant des jours meilleurs. Aussi bien faut-il féliciter les échevins Auger et Quintal qui réclament l'appui de la ville de Montréal auprès du gouvernement d'ottawa pour empêcher l'entrée au pays des "immigrés d'allemagne et de Russie professant des idées communistes ou antichrétiennes". C'est le bon sens même. Nous avons trop de fauteurs de troubles et de discordes, qui attendent, chez nous, le Grand Soir et s'efforcent d'en préparer l'avènement pour pousser la naïveté et l'imprudence jusqu'à en accueillir d'autres. Charbonnier est maitre chez soi. Arts et lettres 'A saison artistique et littéraire s'est bril laminent ouverte à Montréal. S'il y a crise dans le commerce et l'industrie, jamais, même aux beaux jours de l'avantguerre, l'amateur de spectacles, concerts et conférences n'a été aussi abondamment servi. C'est à ne plus savoir où donner de la tête, de l'oreille et des yeux. On reste tout de même un peu inquiet devant une telle pléthore, car, enfin, à moins que notre culture artistique et littéraire ait brusquement grandi pendant les dernières vacances, les fervents de bonne musique de théâtre fran«;ais et de conférences sont encore en petit nombre chez, nous. Et puis, on prétend «)iie l'argent est rare. Certes, on ne le dirait pas, encore qu'il suffise d'assister à quelques représentations, récitals ou conférences pour reconnaître, dans l'assistance, les mêmes visages. Souhaitons qu'une chute brutale et soudaine ne succime pas à une aussi rayonnante montée. Le théâtre Stella s'est rajeuni, tant par la toilette de la salle que par l'acquisition de nouvelles vedettes ramenées de Erance, avec un jeune compatriote de talent, M. Jacques Auger, par l'infatigable et versatile Henri Letondal qui seconde brillamment M. Antoine Godeau. Notre ami Letondal, qui a déjà beaucoup entrepris pour cultiver chez nous les arts et les lettres, entend faire du Stella le foyer du bon goût français adapté à nos besoins. Outre les représentations quotidiennes qui attirent généralement un public cultivé, gagné par le choix judicieux des pièces jusqu'ici le jeu des acteurs et l'élégante s«>briété des décors, le Stella ouvre chaque semaine ses portes aux amateurs de musique et de poésie. Ce que sont, à Paris, les conférences des Annales, les conférences-auditions de l'académie Canadienne d'art Dramatique le sont pour nous, toutes proportions gardées. Il y a des "heures bleues" et des "heures roses" qui s'annoncent toutes, s'il faut en juger par les premières, comme devant être des heures fort agréables. Et M. Letondal a eu la main heureuse en confiant la direction de ces conférences-auditions à madame Jean-Louis Audet. Voilà une initiative, trop belle pour qu'on lui adresse, dès ses débuts, des critiques mêmes justifiées. L'idée n'en mérite pas. Celles qu'on ptmrrait dès maintenant faire à l'exécution viendront en leur temps. Je m'en voudrais de ne pas signaler, au chapitre de l'activité artistique et littéraire dont nous sommes les heureux bénéficiaires, la reprise des conférences d'arts et Lettres, la nouvelle et prometteuse saison inaugurée par la Société Canadienne d'opérette qui doit toujours tendre à faire mieux, l'œuvre bienfaisante de Miss Martha Allan, dans le studio du Montréal Repcrtory Théâtre, et les concertscauseries du dimanche organisés par M. Rodolphe Mathieu, du Cumul nui Institiite of Music. qui n'a pas le droit de se fourvoyer dans le choix de certains conférenciers. Avec l'opéra, la comédie française et le passage d'artistes de réputation internationale, nous n'aurons pas le temps de nous ennuyer cet hiver, J KAN-BAI'I s 11

11 R O M A N C O M P L E T LES < IIAI'ITRE 1er ENNUIS D'UN SOUS-LIEUTENANT l.a létc «lu I"rioniphe, donnée.111 mois de juillet par les élèves de Saint-Cyr dans le parc de l'école, et au cours de laquelle on baptise la Nouvelle l'romotion, attire chai ue année une nomlireusc assistance, civile et militaire. Son organisation incombe à l'aspirant, I u i ha ru lui, lu premier, au mors d'oi tohre, les grilles de I Ecole, et auquel une tradition, d'origine inconnue, décerne le sobriquet de "PERE SYSTEME". En delrors de ses cour», le "Père Système" doit prévoir le programme des réjouissances de la Fête, choisir des collaborateurs dont l'initiative lacilitera sa tache, monter la Revue, en assurer et diriger les répétitions. U doit enfin composer son "laius" son magnifique larus (1) (il est toujours magnifique!), qu'il prononcera devant le Général Gouverneur de l'école, les officiers, les élégantes massées dans les tribunes, ayant, pour la circonstance, revêtu la redingote grise et le bicorne destinés à lui donner la silhouette (plus ou moins exacte...) du Petit Caporal, cher aux Saints Cyricns. Les fonctions d'un "Père Système" ne constituent pas précisément une sinécure, un poste de tout repos. Elles valent à son possesseur maintes corvées, maintes punitions, mais aussi la prérogative enviée de choisir, en lin d'études, son lieu de garnison. Or, le "Père Système" de cette année là, le sous-lieutenant Georges Paulin, un grand jeune homme à la figure longue, aux yeux rêveurs de poète et de sentimental, et qui n'avait pas sacrifié ses moustaches brunes à la mode du jour ne semblait plus participer à l'enthousiasme général qui régnait encore chez les spectateurs lesquels, les exercices militarres terminés, se dirigeaient vers les bâtiments où devaient se dérouler la Revue, le banquet et le bal. Elle semblait s'être éteinte en lui, l'émotion qui l'avait dominé alors, que, sur son commandement: "A genoux, les hommes!" les Cyrards s'étaient prosternés, le front dans la poussrère, leurs plumets bicolores frissonnant sur le sable comme un champ de marguerites et de coquelicots de France. Et après avoir baptisé la Nouvelle Promotion du nom d'un Saint- Cyrien qui venait au Maroc, de se faire sauter dans un blockauss plutôt que de se rendre, et commandé à nouveau: "Debout, les Ofiieiers!", il avait dû, lui qui se vantait de rester impassible en toute occasion, laisser passer un moment avant de terminer son discours, son fameux discours, ironique et spirituel, fruit de dix mois de travail et d'efforts. Or donc, le "Père Système", coiffé encore de son bicorne et chaussé de ses éperons, le regard morne et le front bas, arpentait les cours et les salles de l'ecole, explorait la Petite Carrière où gisaient les barrières renversées par les chevaux, dépliait les journaux jetés, froissés, sur l'herbe, et se dissimula même, mon Dieu oui, derrière un buisson pour enlever ses bottes et les fouiller jusqu'au fond... Ah! Kaolin, enfin, te voilà! cria une voix derrière lui. Depuis le temps que je te cherche! Georges Raulin se redressa. Un Saint- Cyrien tout jeune, en grande tenue, les yeux bleus rieurs sous des cheveux blonds, l'abordait en souriant. Alors, le "Père Système" éclata: Ah! mon vieux, si tu savais ce qui m'arrive! Ce qui t'arrive? Un malheur, une catastrophe. Les yeux clairs du Cyrard s'assombrirent: Tu as reçu une nouvelle inquiétante? Ta mère? Il ne s'agit pas de cela. J'ai perdu mon discours. Tu as perdu ton discours? Oui, mon discours, le discours que j'ai lu tout à l'heure, qui m'a donné tant de mal, et que je devais montrer à ma mère et à mes amis de Cambrai. Koger Verlcy ne répondit pas. Il y a des malheurs qui dépassent les mots humains. Cette perte en était un. Car le manuscrit de son "laius" est, pour un (1) Terme conaacr*. tradition de l'ecole 2 F Heure Brève (INEDIT) Mlle Onerlève LECOMTE Vitre Hjnjpalliii ii«' collaboratrice enlevée subitement à l'affection des siens, à Pari», France, le 2 juin dernier et dont nous déplorons si tlwriient lu perte. "Père Système", aussi précieux que son casoar pour un Saint-C) rien, relique sacrée, qu'il ne contemple jamais sans émotion, eut-il atteint, le crâne chauve, les étoiles de général ou la mise à la retraite. Mon discours! répéta rageusement Georges Raulin. Que peut-il être devenu? C'est de l'envoûtement, de la sorcellerie! Mais enfin, où l'avais-tu mis? Dans une de mes bottes? Dans quoi? Dans une de mes bottes! Qu'y a- t-il là-dedans de si singulier? Après l'avoir lu, j'ai glissé le papier dans ma botte. Le roman de décembre allées désertes. Ma sceur n'a que quinze jours de vacances. 11 lui tarde de prendre la clef des champs. Ta sœur? Elle a donc terminé ses études? Elle devait passer le Bachot ce moisci. Mais les temps sont durs. Nous avons dû nous résigner à lui faire quitter le lycée. Elle occupe depuis quelques semaines un poste de secrétaire dans une Société de Produits Chimiques, à Paris. Ah! et ils vont loin, en vacances? demanda Georges par pure politesse. Non, à Moret, près de Fontainebleau, chez mes grands parents. Ils y resteront Le Drame du Donjon par Claire de VILLE L'auteur nous présente une vaillante petite française qu'un revers de fortune oblige à se placer comme dame de compagnie. A peine descendue du train, après quelques mots échangés avec la chefesse de la gare, la jeune fille presseyii une situation étrangement compliquée. Et les événements se succèdent, accentuant chaque jour le mystère troublant qui lui fait chercher anxieusement le pourquoi de tant de choses incompréhensibles. Par un dénouement inattendu, la lumière de la vérité brille enfin sur le drame mystérieux du donjon, apportant avec elle et l'amour et le Bonheur. Oh! je suis certain de l'y avoir bien enfoncé! Je ne courais aucun risque de le perdre! Il faut croire que si, puisque tu ne l'y retrouves plus. Il aura glissé. On le retrouvera. J'ai fouillé les tribunes, j'ai exploré les cours, j'ai déplié tous les journaux. Rien. 11 est perdu, bien perdu! Ne le sais-tu par cœur? Si, mais je ne suis pas à l'abri des défaillances de mémoire, et je tenais à montrer l'original à Cambrai. Je persiste à croire qu'un de nos camarades l'a trouvé; il attend de te voir pour te le restituer. Ne fais pas cette figure. Viens. Je venais te chercher pour te présenter à mes parents qui seraient enchantés de te connaître. Je leur ai si souvent parlé de toi. Allons, acquiesça mollement Georges. Dépéchons-nous, car ils doivent prendre le train de 7 heures. Ne restent-ils pas au banquet et au bal? Non, car ils partent demain matin à la campagne, expliqua Roger Verley en arpentant à grandes enjambées les 11 jusqu'en octobre; j'y passerai mon congé. Ma sa-ur, ses vacances expirées, nous y rejoindra, du samedi au lundi, recevant entre temps l'hospitalité d'une de mes tantes. Les jeunes gens débouchaient dans la prairie. Elle était vide. Roger consulta sa montre: Sept heures moins dix. Us sont partis. Je suis navré de n'avoir pu te présenter. Je le regrette aussi. Car il est probable que nous n'aurons pas l'occasion de nous revoir. En octobre, nous serons loin l'un de l'autre. Quel poste as-tu demandé? La Syrie. J'ai beaucoup de peine à quitter ma mère dont je suis la seule famille. Si elle me l'avait demandé, je lui aurais fait le sacrifice de mes goûts, mais elle semble accepter la séparation sans trop d'appréhension. Je suppose que toi non plus, tu ne resteras pas en France? Détrompe-toi. Bien qu'attiré par les voyages et l'espoir d'avancement, je resterai en France pour relever le prestige de l'armée au sein même du pays. Le rôle d'un officier ne consiste pas seulement à commander: "Portez armes! A droite, alignement 1 " Je veux devenir un Par Geneviève'ILECOMTE n éducateur d'hommes. Je veux tuer dans l'âme des soldats de vingt ans, qui arrivent butés à la caserne, le préjugé qui leur fait voir, dans tout officier, un paresseux. Je veux être à la fois pour mes hommes un chef et un ami. Georges posa sa main sur l'épaule de son camarade. Et moi je porterai chez les peuples que nous avons conquis la civilisation française. Après avoir été unis par les liens d'une profonde amitié au temps de nos études, nous resterons frères en poursuivant, chacun dans notre sphère, un idéal commun, dignes de ceux qui, comme mon père, furent tués en nous laissant le devoir de continuer leur tâche. Le brouhaha de la foule sortant du théâtre les interrompit. Georges alors se souvint de son discours: Veux-tu m'aider, dit-il, à fouiller la salle? Oui, mais dépéchons-nous, il est déjà tard. La nuit descendait doucement, sans brume et sans ombre. Dans la salle, la chaleur régnait étouffante, et l'obscurité s'accentuait. Malgré les recherches minutieuses, le papier Tut introuvable. Je t'assure qu'un de nos amis l'a trouvé et t'attend pour te le remettre, assura Roger, encourageant. Il était peiné de n'avoir pu faire ses adieux à sa famille et trouvait, à présent, l'insistance de Georges exagérée. Le banquet, comme tous les ans, fut très cordial et très gai.. Aussitôt après, sous le "Zingo" le bal s'ouvrit. Georges dansa, par convenance, avec des jeunes filles brunes et blondes, aux robes clair de lune ou feux d'aurore, indifférent à leur visage et à leur grâce, pendant les pauses interrogeant ses camarades, les officiers, réclamant son discours. Personne ne put le lui rendre ou fournir sur sa perte un éclaircissement. A dix heures moins le quart, on donna le signal de la retraite. Comme la tradition l'exige, les Saints-Cyriens firent avec plus d'entrain pirouetter leurs danseuses. Car les jeunes gens, le soir du Triomphe, poussent l'indiscipline jusqu'à la bravade. On dut, comme de coutume, employer les grands moyens. A dix heures, d'un seul coup, les lumières s'éteignirent. Georges, cette nuit-là, eut des cauchemars épouvantables. Il vit son papier bleuté, choisi chez le libraire le plus renommé de Versailles, voltiger sur un pétale de rose qui l'emportait dans l'espace. La feuille de rose et la feuille bleutée tourbillonnaient, l'une portant l'autre, et bientôt, au zénith, il n'y eut plus qu'un point rose. la fleur ayant absorbé, on ne savait comment, la feuille de papier... Pendant les quelques jours que les Elèves sont tenus de passer à l'école avant leur départ en vacances, Georges inspecta les boites de vieux papiers, à la stupéfaction du soldat préposé au rôle de balayeur, parla de faire une réclamation au général. Mais ses démarches et ses colères demeurèrent vaines. Le matin du départ, comme il faisait ses adieux à Roger avant de partir pour Paris d'où il gagnerait Cambrai, le vaguemestre distribua le courrier. Après la lecture d'une lettre, Roger se tourna vers son amu Mes parents sont désolés de n'avoir pu l'autre soir faire ta connaissance. Comme tu dois partir en Syrie avant leur retour à Paris, ils seraient heureux que tu leur accordes quelques jours sur ton congé. Bien volontiers. Et si le hasard me mène... Ne parlons pas de hasard. Prometsmoi de faire le voyage de Cambrai à Moret pour passer quelque temps avec nous. Soit. J'accepte avec grand plaisir. Alors, fixons tout de suite la date de ton arrivée. Veux-tu vers le début de septembre? Entendu. Tiens, prends mon adresse; car j'espère bien que tu ne me laisseras pas sans nouvelles jusqu'à ton arrivée. Georges inscrivait l'adresse quand une exclamation de Verley le fit sursauter: Ah! elle est complètement folle! Georges releva la tête. Et Roger, qui parcourait une seconde lettre, posa une question aussi insolite que son exclamation.

12 Page 12 L a Revue Moderne Mon réal, Novembre 19SS DU donc, depuis l'autre jour, tu n'as plus eu de nouvelles de ton discours? Ah! tu réveilles la douleur endormie, plaisanta Georges qui comprenait l'énervement produit sur ses camarades par son insistance à la lin ridicule. Non, je n'en ai aucune nouvelle. Mais pourquoi cette demande?. Pour rien... oh! pour rien du tout... bredouilla Roger.. Parce que j'y repense soudain.. Niais il me semble que tu le retrouveras. Comment? Tu sais où il est? Mais non, je ne sais rien... C'est une intuition... comme on en a quelquefois... Tu es bien gentil de me mettre du baume au coeur, mais je n'ai plus d'espoir, assura Georges avec résignation. Et pendant qu'il achevait d'écrire le nom de la villa se mirant dans les ondes du I oing, Roger déchirait en menus morceaux la seconde lettre qu'il avait lue. CHAPITRE II LES VACANCES D'UN SOUS-LIEUTENANT Dans la béate insouciance des heures bleues de vacances, Georges oubliait tout à la lois ses succès et ses ennuis de lin d'année. 11 appréciait davantage, après le régime Spartiate de l'ecole, les plats nationaux préparés par sa mère: les choux farcis de raisin muscat, le lapin servi avec les pruneaux, et les tartes épaisses au lait écréme dont bunkerque a donné le secret. Et en Flamand de race, la bière mousseuse au goût amer lui semblait préférable au sang doré des vignes. Il ne se lassait pas de parcourir la ville, s'attardait à converser avec des amis rencontrés au hasard de ses vagabondages. Il retrouvait des visages connus, les magasins, les enseignes parfois pittoresques des estaminets; et les petits cancans, les commérages, souvent sans méchanceté, le retrempaient dans l'intimité familiale des villes de province où l'on ignore, autant que les cohues, l'indifférence des capitales. Le soir, sur le balcon de bois de sa chambre, entre les murailles de l'ancien château de Charles Quint et l'hôtel Saint-Pol où fut signée, en 1529, la paix des Dames, Georges se remémorait, auprès de sa mère, les dramatiques événements de son enfance. En 1914, la brusque déclaration de guerre et la marche foudroyante des armées allemandes, avaient interdit à Monsieur Paulin, alors ingénieur dans une usine Canibraisienne, de rejoindre son régiment. Ordonnant à sa femme de se réfugier avec ses deux enfants dans l'intérieur du pays, il s'était enfui,' avec les hommes de la ville, pour ne pas tomber prisonnier entre les mains des Allemands. Epuisé de fatigue, talonné par les premiers uhlans lancés en éclaireurs, M. Raulin, évanoui, avait été relevé par la patrouille prussienne, et passé par les armes, sous les murs de la Kommandantur, avec les fugitifs repris (1) Pendant ce temps, Madame Raulin, retenue à Cambrai par une maladie de son dernier-né, avait confié Georges à la femme du directeur de son mari qui avec ses deux I Mettes gagnait la France. Quatre ans durant, Madame Vorbeck avait élevé l.eorges comme son propre fils; elle devait apprendre plus tard que son mari, ayant pu rejoindre les lignes françaises, avait été tué en juin 1916 devant \ erdun. Quand en n l'armistice fut proclamé, Georges retrouva à Cambrai sa mère vivante, mais pleurant son cadet, enlevé en 1918 par la grippe espagnole. Georges, ainsi que les enfants de son âge. avait gardé de ces années douloureuses un souvenir impérissable. Exalté par les récits des blessés et la lecture des jou:naux, ravi surtout par la merveilleuse histoire de ce jeune homme Cambraisicn c,ui dans la maison même de ses parents où logeait un feldeweld avait poussé l'audare jusqu'à installer un poste de T. S. F pour renseigner les Anglais sur la position des régiments allemands, poste qui demeura introuvable pendant la du ne de la guerre en dépit des promesses de la I omniandantur faites à ceux qu'elle espérait, en ces jours de malheur, transformer in Judas, (2) Georges conçut l'amer regret de n'avoir pu, lui aussi, fournir sa [art d'action. Fut-ce la nostali ii di- la gloire qui lui donna la vocation Il «t 2i > j<ta rigoureusement historique! L'HEURE militaire? "Je serai soldat" dit-il, alors que dans sa famille, les hommes avaient été des fonctionnaires ou des industriels. Cambrai proclama sa foi en sa résurrection. Par un prodige de travail et d'union, elle devint, en^deux ans, une ville neuve, comme un décor de théâtre, une ville blanche surgie déterre, comme pour une exposition. Le Beffroi seul était demeuré intact, et "La Joyeuse", restée muette, pendant cinq ans, s'apprêtait, en 1920, pour la reprise de la lête locale, "La Ducasse", à jeter ses claires envolées quand, dans la nuit du 15 août, un incendie éclatant dans le campanile fit fondre les poutres de bois et tomber la cloche. On la releva. Et parce qu'elle avait participé, par son silence, aux deuils de la ville, on décida de la rebaptiser aux noms de: Constance- France-Y ictoire, parce que, dit le maire, "c'est grâce à la constance des militaires et des civils que la France a gagné la victoire". Et renouant la chaîne des traditions interrompues, la Joyeuse s'associa de nouveau à toutes les manifestations, son cœur de bronze battant au même rythme que le cour de chair des Cambraisiens. j Et Georges Raulin qui goûtait, cette année-là, ses dernières vacances en France, fut profondément ému d'entendre, dés le matin du 15 août, la Joyeuse jeter les envolées radieuses qui s'épandaient d'un bout à l'autre de la ville comme un voile qu'on tend. Au bras de sa mère, il se mêla à la foule qui applaudissait Martin et Martine, les veilleurs du clocher, rivalisant de grâce sur leur socle d'airain. 11 monta vers la Grand'Place que les manèges et les boutiques de toile animaient pour quarantehuit heures. Et il riait de voir cette population fidèle à des coutumes que n'ont pu abolir les guerres, la fébrilité de la vie moderne et les crises de régime. D'apparence joyeuse, Madame Raulin s'appuyait sur son fils. La suprême séparation approchait. Elle craignait parlois de ne pouvoir, le moment venu, résister à cette nouvelle épreuve. Jamais elle n'avait confié à Georges ses angoisses et son chagrin. Douloureusement surprise de la décision du jeune homme de s'expatrier, elle s'était sans une plainte soumise à la volonté du soldat. Elle n'avait pas tenté de rétrécir les limites de son avenir, de borner le champ de son action. Mais son cœur se cramponnait à une espérance qu'elle n'avait pas encore osé, tout haut, formuler. Et Madame Raulin caressait un rêve pour son sous-lieutenant. Vers le soir, ils gagnèrent les allées du Jardin Public. Ils jouissaient de la fraîcheur qui suintait des arbres après les heures ardentes du jour quand une parole de bienvenue retentit près d'eux: Quelle heureuse surprise de vous rencontrer I Le visage fin sous des voiles de deuils, une dame leur tendait la main. Ils s'exclamèrent: "Madame Vorbeck!" Assise entre eux, Madame Vorbeck expliqua: Elisabeth et moi sommes revenues depuis deux jours à Cambrai. Nous étions aux bains de mer; mais mon gendre devant s'absenter pour plusieurs semaines, nous sommes revenues auprès de ma fille aînée qui nous en a priées. Je comptais vous rendre visite me doutant bien, chère Madame, que votre sous-lieutenant était auprès de vous. Depuis mon retour, répondit Georges, j'ai souvent parlé de vous avec ma mère. J'aurais été profondément désolé de quitter la France sans vous avoir revue. Alors, interrogea Madame Vorbeck vivement intéressée, c'est décidé? Vous partez? En octobre. A la vie monotone d'une garnison de province, vous préférez l'imprévu de la brousse. Je vous admire. Mais laissez moi plaindre un peu votre mère. Ma mère m'approuve. Oui, et je le laisse libre de disposer de sa vie, répondit Madame Raulin en se détournant pour dissimuler ses yeux humides. Les deux femmes se comprirent, elles qui pourtant ne s'étaient jamais avoué leurs communes espérances. Madame Vorbeck se leva: BREVE Je dois vous quitter. J'ai laissé Elisabeth chez sa sœur où j'ai promis de la rejoindre. Je compte sur votre visite. I leiii.uu, M I ie/-vous libres t Nous le sommes toujours pour aller vous voir, répondit Georges en baisant la main tendue. Alors, j'annoncerai votre venue à Elisabeth. Je suis certaine, Georges, que vous aurez beaucoup de choses à lui due après une année d'absence. Un sourire rajeunissait son visage. Au seuil de la grille, elle se retourna pour les saluer d'un dernier geste amical. C'était, on s'en souvient, Madame Vorbeck qui avait élevé Georges pendant la guerre. Depuis, des liens affectueux avaient uni les deux mères, de situation de fortune différente, mais que leurs malheurs, rapprochaient. Douée d'une énergie virile, Madame Vorbeck avait relevé l'usine de son mari, et l'année précédente, marié sa fille ainée à un jeune homme qui avait pris la direction des affaires. Elle vivait à présent avec sa cadette, une des plus riches héritières de la région. Mais à dix-neuf ans, Elisabeth, intelligente, instruite, adonnée à des œuvres sociales, ne semblait pas pressée de s'établir. Madame Raulin l'expliquait à Georges, le lendemain, en se rendant chez Madame Vorbeck doijt la maison s'élevait hors des remparts de la ville. Dans les faubourgs allongés entre l'escaut et le canal de Saint-Quentin, on pouvait se croire à la campagne. Des peupliers ombrageaient des prairies où paissaient des moutons; les cours d'eau entretenaient la fraîcheur, et les bruits de la ville s'éteignaient au seuil des villas dont les façades modernes s'encastraient dans les tours des fortifications. Un jardin précédé d'une grille défendait l'accès immédiat de la demeure de Madame Vorbeck. Au coup de sonnette, un chien hurla. La porte s'ouvrit. Une jeune tille brune en toilette claire sourit aux visiteurs. D'un élan, Georges lui tendit les mains, et intimidé à la vue de son amie d'enfance si changée depuis un an, il dit cérémonieusement. Mademoiselle Elisabeth, quelle joie de vous revoir! Elle attendit pour répondre qu'à deux battants la grille fut ouverte: Est-ce parce que vous portez un galon d'or que vous ne dites plus Elisabeth tout court? Moi, je continuerai à dire Georges. Mais... Elisabeth... est-ce protocolaire? Oui, puisque cela me plait. Elisabeth, redit Georges, je suis bien heureux. En montant l'allée qui menait au perron, Georges la regarda attentivement. II lui sut gré d'être demeurée telle qu'il l'avait quittée, telle qu'il l'avait évoquée si souvent au cours de sa dernière année d'école: grande et fine, ses cheveux rejetés en arrière découvrant l'ovale régulier du visage et formant sur la nuque un lourd chignon roulé, sa peau claire, ses yeux noirs, héritage d'un ancêtre espagnole établi dans les Flandres avant la conquête française, et son nez droit qui descendait sur la bouche au pli ferme. Pourtant, quelque chose d'indéfinissable en elle était survenu. Georges avait quitté une jeune fille. Il retrouvait une femme. Etait-elle due, cette transformation, à sa culture dont on riait un peu, dans son entourage, à sa liberté d'allures et son indépendance, qui détonnaient dans ce milieu provincial où les jeunes filles, aujourd'hui encore, sont sévèrement gardées? Car elle avait rejeté les barrières étroites des convenances, fait table rase des préjugés ridicules. Avec un goût sûr, elle avait su prendre, des idées modernes, celles qui lui semblaient susceptibles de la perfectionner, et se garder des audaces déplacées. On la traitait, sous le manteau, d'émancipée, mais plus d'une de ses amies enviait, sans le dire, sa généreuse audace et la promptitude de ses décisions. Non, Elisabeth ne laisserait pas la vie disposer d'elle. Elle ferait son destin. Et pas plus qu'elle ne redoutait d'affronter, dans la rue, les regards hardis ou admirateurs, elle ne biaisait pour lire les secrets de son cœur. Elisabeth savait qu'elle aimait Georges. Elle ignorait le moment de~l*^transition entre l'affection d'enfance et l'arnîhjc qui fait de la jeune fille une femme, et ne le cherchait pas. Elle luyait les rêveries émotives. F.lle constatait. Elle n'imaginait jamais. Mais pour éviter de se leurrer d'espoirs chimériques, elle avait eu le courage d'envisager le cas où Georges ne l'aimerait pas. tille était, sous des apparences froides, une de ces natures ardentes qui dans la vie n'aiment qu'une lois. Mais résolue de s'attacher Georges par les séductions légitimes d'une femme, sans bassesse et en respectant leuis dignités, elle savait que si Georges lui prêterait une autre femme, elle n'en mourrait pas de chagrin. F.lle accepterait sa souffrance et demanderait au travail, à une saine activité, le soin, non pas de la guérir, mais de l'aider à vivre. C'était elle qui avait décidé sa mère à revenu à Cambrai afin de lui permet lie de passer l'été avec son ami d'enfance. Et Madame Vorbeck apprenant l'amour de sa fille s'était applaudi de son choix. Sur la pelouse où le soleil jetait de longues bandes fauves, une conversation amicale se poursuivait autour des boissons fraîches qu on avait apportées. Les mains croisées sur sa robe de tussor, suivant des yeux les volutes bleues des cigarettes, Elisabeth interrogeait Georges sur ses travaux, sur ses projets. Elle écouta avec intérêt l'histoire du manuscrit disparu, mais à l'encontre des dames émettant des vœux d'espoir, elle osa affirmer que jamais il ne se retrouverait. Avec ses grâce fière, exempte de coquetterie et de vaine mignardise, elle servit le gâteau qu'elle avait elle-même confectionné le matin, les manches relevées, les joues llambant aux feux du fourneau. Madame Raulin la complimenta: Ma petite Elisabeth, vous êtes une femme remarquable. Instruite, cultivée, et maîtresse de maison accomplie. L'enthousiasme de sa mère gagna Georges. Elle était si différente, son amie, des sœurs ou des cousines de &es camarades qu'il avait fréquentées, poupées vaniteuses, cervelles vides, ou pédantes insupportables. Quand Elisabeth accompagna ses amis à la grille, elle savait que Georges ne l'aimait pas mais que son cœur était libre. Si difficile qu'elle put être, sa conquête n'était pas impossible. Elisabeth se jura de triompher. Madame Raulin et Georges se retrouvèrent sur la route. La fin du jour se teignait de vert et d'ambre. Les peupliers frissonnaient au bord de la rivière. La gloire du couchant rayonnait dans les eaux. Ils cheminèrent quelque temps en silence. Madame Raulin osa dire, comme ils franchissaient la porte Notre-Dame de Grâce dont l'arc se découpait sur le fond rouge du ciel: Quelle femme délicieuse, cette petite Elisabeth! Délicieuse, non, rectifia Georges. Nous autres, hommes, appelons délicieuse une femme souple, gracieuse, aérienne, capricieuse comme un papillon, légère comme un feu follet, riant pour un rien, pleurant, pour moins encore, dont le vent soulève les cheveux indisciplinés. Madame Raulin ne reprit sa respiration coupée à cette déclaration que lorsque l'officier acheva: Elisabeth est plus que délicieuse. C'est une femme parfaite. Oui, reprit-il après un moment de silence, et sans arrière-pensée, elle conserve ses goûts, elle affiche sa personnalité sans outrecuidance. Elle n'est ni pot au feu ni bas bleu. Et avec des dons supérieurs, elle sait rester femme, essentiellement femme. Madame Raulin osa aller alors jusqu'au bout de son rêve: Georges, Elisabeth est la femme que je désire pour toi. Le cri de surprise du lieutenant la fit regretter d'avoir parlé trop tût: Ma femme? Me marier? Mère, tu n'y penses pas! Je n'ai que 23 ans! Je ne te contraindrai jamais à contracter un mariage qui te déplairait. Loin de moi aussi la pensée de t'engager à fonder un foyer si tu ne te sens pas la force d'en assumer les responsabilités. Et pourtant, laisse-moi te dire... Il me semblerait que tu t'éloignerais moins de moi si je te savais, dans les contrées où tu vas t'exiler, près d'une femme dont j'aurais pu apprécier les mérites, connaître sa tendresse pour toi. Les contrées où je vais m'exiler? Maman, tu exagères! Nos colonies ne

13 La Revue M o d e rn e M o n t r é a l, Novembre 19SS Page 13 L'HEURE sont pas les terres redoutables où les cannibales empalent les blancs et les mangent tout crus! Ce ne sont pas les dangers que je redoute pour toi. C'est la solitude, la maladie, l'ennui. Tu pars, et des années peuvent s'écouler avant que je te revoie. I.e désir du mariage te fera contracter une union avec une jeune fdle qui, oh! je le sais d'avance, sera digne de toi. Mais cette fille d'officier ou de fonctionnaire, je ne la connaîtrai pas. Lorsque tu reviendras, ta femme, la mère peut-être de tes enfants, me sera étrangère. Et comment en quelques semaines, apprendrais-je à I',limer? lît puis si tu tombes malade, là-bas, qui donc te soignera? Car quelle infirmière suppléera jamais à la tendresse d'une mère, aux soins émus d'une femme? Oh! mon petit, lorsque tu seras parti, je ne goûterai plus un instant de repos... A la torture de l'absence, s'ajouteront les angoisses. Je t'ai tu jusqu'à présent mes appréhensions. Je t'en fais l'aveu ce soir. Combien elles seraient diminuées si je te voyais partir avec une femme qui t'aimerait assez pour se priver des commodités et du luxe qui, pour la plupart, sont le charme de la vie. Elisabeth serait l'une de celles-là. Et il me semble, tant elle est liée à notre douloureux passé, que ce serait avec elle un peu de moi qui t'accompagnerait. Comme un voile qui se déplie, la nuit déroulait ses ombres sur la ville. Bouleversé par ces révélations, Georges regarda une étoile monter à la pointe du Beffroi. Son cœur d'homme, égoiste et personnel, était soudain déchiré. Brusquement et sans préparation, il apprenait la vérité. L'apparente insensibilité de sa mère n'était qu'une héroïque dissimulation pour laisser intact le courage du soldat. Haussant son cœur au plus grand degré de la renonciation humaine, elle affectait une tranquille sérénité. Emporté par son enthousiasme, Georges quittait, oh! sans joie, mais sans grand déchirement. cette mère dont il restait le seul soutien. Georges se taisait, impuissant à mettre de l'ordre dans ses esprits. Il aurait voulu trouver des paroles tendres, des protestations chaleureuses, pour crier à cette mère qui s'était sacrifiée pour lui, toute sa tendresse et son admiration. Mais les paroles le fuyaient. Il était trop tard maintenant pour revenir sur sa décision. Il partirait. Mais sa mère, en effet, souffrirait moins peutêtre si elle le savait protégé par une affection qui serait le reflet de la sienne, accueilli par deux bras tendres qui, aux soirs des randonnées pénibles, s'ouvriraient pour l'étreindre. Elisabeth.. Il n'avait songé qu'il put l'épouser.. parce que jamais sans doute la pensée du mariage ne l'avait effleuré. Pourtant, bien souvent, il l'avait évoquée, au cours des exercices dans les cours austères de l'école ou sur le plateau abrupt de Satory... Elisabeth.. peut-être l'aurait-il aimée un jour, quand les mers les auraient séparés. Il l'aurait aimée, quand il aurait été trop tard, quand tout rappel affectueux aurait perdu de son intensité après avoir si longtemps voyagé, ou lorsqu'elle se serait promise à un autre... Il n'éprouvait actuellement pour elle qu'une affection fraternelle. Etait-il imoossihle de la transformer en un ardent amour? Le mariage... Il s'effrayait un peu de cette perspective placée, d'un coup, devant sa vie. Après la discipline sévère de l'ecole, il se grisait d'avance d'une liberté si passionnément souhaitée. Il rêvait de s'enivrer de la vie comme on s'énivre d'un vin nouveau II parlait de rejeter les garde-fous et de partir, à l'aventure... Mais après tout, la plus belle vie n'estelle pas, non dans l'indépendance, mais dans les limites à la fois terribles et délicieuses d'un mariage harmonieux?... Ils allaient, l'un à coté de l'autre. Les rues s'illuminaient d'un reflet de lumière rose, et les balcons s'ourlaient d'un liséré rouge. La ville avait perdu son animation au soir de ce second jour de liesse. Les trains ramenaient les voyageurs venus de la banlieue de Cambrai, de Fontaine Notre- Dame, et de plus loin encore, de Wariers et de Douai. Georges se pencha vers sa mère: BREVE Elisabeth, dit-il, je n'avais pas songé à l'épouser. Mais peut-être, maman, as-tu raison. Et si me savoir marié adoucissait pour toi l'épreuve de la séparation, j'engagerais ma vie à celle d'elisabeth, certain de ne pas le regretter. Mais ne nous pressons pas. Laisse-moi le temps de l'aimer. Et puis, parler mariage, ne serait-ce pas parler départ? Ne serait-ce pas déjà s'y préparer et le croire imminent? Laisse moi encore quelques semaines vivre avec toi, rien qu avec ta tendresse à toi.. Et peut-être. à la fin des vacances.. te prierai-je d'aller pour moi demander la main d'elisabeth... CHAPITRE III LES RÊVERIES D'UN SOUS-LIEUTENANT Georges, une lettre est arrivée pour toi. Georges, de retour d'une promenade à bicyclette sur les routes plates noircies par le charbon des mines, prit la lettre que sa mère lui tendait. Adressée à St-Cyr, le concierge de l'ecole l'avait fait suivre à Cambrai. Plusieurs feuillets s'échappèrent du pli ouvert. A peine y eut-il jeté les yeux qu'il poussa une telle exclamation que sa mère accourut: Maman, maman, mon discours! Quel discours? Madame Raulin avait oublié la mésaventure survenue à son "Père Système" le jour du Triomphe. Quand elle s'en souvint elle partagea la joie de son fils. C'étaient bien les feuillets de papier bleu couverts de l'écriture d'un enfant appliqué moulant un compliment de jour de l'an. C'était bien le discours perdu, un peu froissé seulement par d'ireespectueuses manipulations. Mais qui te le renvoie? Un de tes camarades qui l'aura retrouvé? Georges ne répondit pas. Il lisait un mot joint à l'envoi, et il éprouvait, après la joie, une véritable stupeur. Monsieur, D'un coin de France, au temps des moissons Pardonnez la hardiesse qui m'a fait subtiliser votre discours dans votre botte. N'en ayant pas entendu un mot, je désirais ardemment le lire. J'avais, je vous l'avoue, l'intention de le conserver en souvenir de cette Fête qui m'a laissé un très agréable souvenir. Mais on m'a fait observer que ce manuscrit représentait pour vous un des plus chers témoins de votre passage à l'école. Je vous le restitue donc, en vous priant d'agréer mes excuses pour l'avoir retenu si longtemps, et en vous souhaitant bonheur, gloire, et triomphe. MARIE-ROSE Marie-Rose.. Par une de ces associations d'idée qui naissent dans notre subconscient. Georges se rappela de son cauchemar dans la nuit qui avait suivi la fête: la feuille de papier bleu emportée dans l'azur sur un pétale de rose... II n'était pas susperstieux, mais il éprouva un trouble singulier. Il relut la lettre, essavant de deviner la personnalité de l'expéditrice... Ce prénom de Marie-Rose le fit rêver. Il le refléta tout bas et le trouva ravissant. Marie-Rose.. On ne se lassait pas de le prononcer.. Le charme des fleurs et des champs contenu dans ces syllabes brèves. un rayon de soleil, une note de musique, une symphonie. Tout le printemps dans un bouquet. Marie-Rose.. Envers cette inconnue qui lui restituait son discours, il ressentait une reconnaissance infinie et une irritation qu'il ne s'expliquait pas. Mais qui te le renvoie? répéta sa mère. Après la lecture. Madame Raulin éclata de rire: Voilà une aventure digne d'un roman. Une dame sentimentale découvrirait dans cet incident le thème d'un feuilleton: le sous-lieutenant, par un de ces hasards qui n'arrivent que dans les livres, fait la connaissance de Marie-Rose, s'éprend d'elle, et c'est le dénouement prévu. Un émoi qu'il ne put définir troubla le cœur de Georges. Le Mystère de l'anémie Q UAND, sans cause apparente, quelqu'un qui vous est cher qu'il soit jeune ou âgé se plaint de fatigue ou d'épuisement et commence à perdre ses couleurs, devenant plus pâle et plus faible de jour en jour, vous avez bien raison de soupçonner une forme de l'anémie. Une personne anémique manque de bon sang rouge. Quelquefois l'anémie est le symptôme d'une condition ignorée ou négligée par le malade. Et cette condition peut être légère ou grave. Une perte de sang fréquente, même si elle est faible; une maladie consumante; des infections internes, peuvent causer l'anémie. Si, cependant, la cause est diligemment recherchée et si elle peut être supprimée ou rectifiée l'anémie disparaît généralement grâce à un bon traitement. L'anémie peut aussi résulter d'une insuffisance, dans l'alimentation, de certains éléments nutritifs nécessaires à la formation normale du sang surtout quand ils sont associés à des défauts fonctionnels (souvent inappréciables) de l'estomac et des intestins. Seul un bon régime réussit parfois à vaincre cette anémie. Mais un bon traitement, avec la quantité et la qualité de fer voulues, est souvent d'une METROPOLITAN INSURANCE FREDERICK H. ECKER. PRÉSIDENT Elle peut être le commencement Sun de cet mystère» de la nature que seule une méticuleuse investiion médicale peut percer. importance capitale dans la production d'une suffisante quantité de la substance colorante qu'il faut au sang. On peut également devenir anémique en étant incapable d'utiliser, dans une bonne alimentation, les matériaux nutritifs nécessaires à la formation des globules rouges. Ceci peut dépendre d'un défaut de la fonction digestive. La forme la plus commune de cette anémie est celle que les médecins appellent pernicieuse. Jusqu'en ces derniers temps, elle était toujours fatale. Mais, en 1926, on découvrit un remède incroyable tant il est simple: du foie. On peut maintenant maîtriser l'anémie pernicieuse en prenant régulièrement du foie ou un efficace succédané A CONDITION QUE LA QUANTITE VOULUE SOIT PRESCRITE DE TEMPS A AUTRE, DANS CHAQUE CAS PARTICULIER. Mais le foie ou les bons succédanés ne sont pas une panacée pour toutes les formes de l'anémie. Bien qu'ils sauvent des vies dans le cas des anémies pernicieuses et des connexes, souvent ils sont sans effet dans le traitement des formes ordinaires de ce mal. S'il existe un mystère de l'anémie dans votre famille, ne vous contentez pas des à peu près: remettez-vous-en à votre médecin. COMPANY LIFE BUREAU CHEF CANADIEN. OTTAWA AU SERVICE DU CANADA DEPUIS 1872

14 Page H La Revue Moderne Montréal, Novembre 19SS Georges voulait-il que son inconnue fut une jeune fille? Lance les détectives sur la piste de Marie-Rose, conseilla Madame Raulin que l'aventure amusait. Après tout, c'est peut être une vieille fille.. ou une respectable grand'mère. Un^nuage passa devant la fenêtre ouverte. Une ombre raya la feuille blanche. Le nom de Marie-Rose s'obscurcit. Georges reprit la lettre, essaya de se remémorer les principes de graphologie qu'il avait étudiés, au collège, dans son pupitre, pendant les cours du professeur d'algèbre.. Le point de l'i placé très haut révélait une nature idéaliste. L'écriture montante dénotait l'optimisme, la fantaisie, la vivacité, et la signature droite, ferme, soulignée d'un trait, annonçait une nature franche et volontaire qui se jouait des obstacles. Mais l'âge, la personnalité, la couleur des cheveux, ne se découvrent pas encore dans l'écriture. I-a graphologie est une science neuve qui n'a pas dit son dernier mot! Mais Georges eut la certitude (et il n'aurait pu dire sur quels principes il appuyait sa conviction, mais tout le monde sait que la graphologie est surtout une science d'intuition) que la main qui avait tenu la plume sur le velin ivoire était fine, longue, aux doigts fuselés. Garde ton discours, mais brûle la lettre, insinua Madame Raulin. Quand on y réfléchit, ta correspondante se révèle bien hardie. Subtiliser le discours: soit. Mais elle aurait dû te le renvoyer sans t'écrire. Au contraire, c'est cela qui est charmant! se récria le jeune homme. Tu deviens romanesque comme la romancière dont je parlais tout à l'heure. Il semble pourtant que cette inconnue te connait puisqu'elle a parfaitement orthographié ton nom... Oui, et c'est cela qui rend l'affaire plus mystérieuse.. Avec la simple suscription "Père Système", la lettre me serait arrivée sans retard. Le concierge connaissait mon titre aussi bien que mon nom. On n'est jamais satisfait. Hier, tu aurais donné cher pour rentrer en possession de ton manuscrit. Aujourd'hui, l'énigme de ce retour trouble ton contentement. Tu ne sauras jamais qui est Marie-Rose. Non, et c'est bien dommage. Pensif, Georges gagna sa chambre. Dans le coffret capitonné de velours où il avait renfermé son plumet, il plaça les feuillets de papier bleu, posa la lettre au-dessus, la reprit, la serra entre ses doigts dans l'intention évidente de la déchirer, hésita, et finalement la glissa dans son portefeuille. Marie-Rose.. Le parfum de la brise... la pourpre d'une fleur.. un éclat de rire. Comment était-elle, cette Marie-Rose inconnue? Ce n'était certainement ni une vieille fille ni une aieule comme le supposait sa mère. Comment une vieille fille se serait-elle intéressée au discours d'un "Père Système?" Une dame d'âge mûr redoute la poussière, et ne s'aventure pas dans la foule. Une femme mariée? L'hypothèse était plausible. La femme d'un officier venue à la fête? Pourquoi Georges repoussa-t-il de toutes ses forces cette suggestion? Une jeune femme... charmante, un peu espiègle... jolie.. Car Georges tenait absolument à avoir été remarqué par une jeune et jolie femme... Mais pourquoi D'ailleurs, une femme mariée auraitelle écrit? Non; dès que cet "on" auquel la lettre faisait allusion lui aurait dépeint le regret du Père Système, elle aurait renvoyé le discours, sans commentaire. Seule, une jeune fille pouvait manifester ce goût pour le mystère, une jeune fille candide dans sa hardiesse. Ce geste, c'était sa première émancipation, une envolée vers l'inconnu. Georges fut désormais certain que Marie-Rose était une jeune fille, prête à mordre les beaux fruits de la vie. Georges, le déjeuner est prêt. Le jeune homme tressaillit. II se retrouvait àla'fenêtre de sa chambre. Les feuilles des arbres dansaient au souffle léger'de l'air tiède et frôlaient son visage. Depuis combien de temps se perdait-il dans les rêves? A table, Madame Raulin parla de leurs amis, du séjour qu'ils devaient faire prochainement à Dunlcerrjue chez des parents. Georges répondit par monosyllabes, n'animant plus la conversation de es plaisantes réparties. L'HEURE Madame Raulin parla d'elisabeth. Il ne s'émut pas. Il la reverrait avec plaisir cet après-midi, mais si intelligente qu'elle put être, elle ne percerait pas le mystère dont s'entourait l'irritante Marie-Rose. Après le dessert, Georges prit son café sans sucre, un verre de la brûlante liqueur de genièvre, puis redevint maître de lui. Après tout, que lui importait Marie- Rose? C'était là un incident drolatique, le second épisode de la Fête du Triomphe, et il raconterait cette histoire, un jour, à son fils ainé, quand il entrerait à Saint- Cyr. Ses enfants.. Son fils... Cette incursion dans un avenir proche imprima à ses pensées un tour de gravité. Il se vit, dans quelques années, virilisé, ayant rejeté son insouciance présente, inculquant, à des êtres issus de lui, les vertus fortes dont il était l'héritier. Cette image éveilla en son cœur d'homme le désir de l'amour. La mère de ses enfants, quelle serait-elle? Elisabeth. Un sourire aux lèvres, il n'hésitait pas à la nommer. Le charme de son amie, les souvenirs communs qui avaient tressé, à leur insu, autour de leur coeur, des liens invisibles, la lui faisaient chaque jour davantage apprécier. Et sans se croire irrésistible, il semblait bien qu'elle ne le repousserait pas le jour où il lui demanderait de partager sa vie. Ses songes romanesques fuyaient en déroute. Il porta la main à son portefeuille pour détruire la lettre ivoire qu'il jugeait ridicule de conserver. La rentrée de Madame Raulin arrêta son geste. Il se promit de la brûler le soir quand il serait de retour. Et ils partirent, le long des boulevards qui encerclent la ville. Ils traversèrent la Grand'Place écrasée de soleil. Vers le jardin, des femmes montaient, un pliant sous le bras, surveillant des enfants blonds et frais qui couraient devant elles. Les pensées qui avaient bercé Georges l'assaillirent de nouveau. Dans quelques années, des enfants, et bien plus beaux que ceux qu'ils croisaient, se suspendraient à ses mains, lui crieraient: "Papa, une histoire.. quand tu étais petit"... Et il soutiendrait la marche d'une femme qui serait bien plus jolie que toutes ces femmes et qui se nommerait Elisabeth. Ils atteignirent les remparts. La grille d'une villa s'ouvrit. Une jeune fille parut, inspecta la route. Georges serra le bras de sa mère. Une phrase lui venait aux lèvres: "Maman, pourquoi ne parlerais-tu pas dès ce soir à Madame Vorbeck?" Il ne la prononça jamais. Un cri d'effroi jeté derrière eux les fit se retourner. La jeune fille qu'ils avaient dépassée criait éperduement: Attention! Une auto! Prends garde, Marie-Rose! Georges reçut un choc en pleine poitrine. Son cœur battit à coups précipités. Cloué au sol, il fut le témoin impuissant de la scène qui se déroula devant ses yeux brouillés. Une auto lancée à fond de train franchissait le pont du canal et frôlait une fillette qui n'avait eu que le temps de se jeter de côté pour n'être pas renversée. Le bolide fuyait sur la route. La jeune fille toute pâle s'appuyait au mur de la maison. Tu vois bien, je ne suis pas écrasée, cria la gamine en traversant la chaussée. Vous nous avez fait gtand peur, remarqua Madame Raulin. Soyez plus prudente à l'avenir. Le danger passé, la sœur aînée recouvra son sang-froid. D'un geste impératif, elle désigna la porte: Rentre immédiatement, Marie-Rose, ordonna-t-elle. La fillette déguingandée, dans toute l'horreur de l'âge ingrat, montrait des dents ternes entre des lèvres plates. Une natte noire battait ses épaules maigres. Peut-être serait-elle jolie à dix huit ans. Dieu, qu'elle était laide aujourd'hui! Georges la regarda si obstinément qu'elle rougit et se hâta de disparaître dans le jardin. Marie-Rose! Comment pouvait-on parer une créature pareille d'un nom si délicieux? Elle devait être si jolie, la sienne... Marie-Rose. Le charme recommençait, l'envoûtait. Il ne pensait plus à demander ce soir même la main d'elisabeth. La seule pensée que cette laideron put s'appeler Marie-Rose le révoltait. Une brune, d'abord! BREVE Tiens, pourquoi cette déduction? Mais parce qu'on ne peut qu'être blonde quand on s'appelle Marie-Rose. Blonde comme les épis au temps de la moisson, blonde comme le pain doré cuit au four. Rlonde, sa Marie-Rose, comme une coulée de Champagne! "D ailleurs, conclut-il en suprême argument, je n'aime que les blondes". Cette conclusion spontanée le surprit lui-même. Il était exact que sa préférence se portait sur celles dont les cheveux retiennent dans leurs vagues comme un relief de lumière, celles dont un halo doré nimbe le front, les blondes comme un rayon de miel. Il était vrai aussi qu'elisabeth était brune. Mais Elisabeth ne pouvait être comparée à aucune autre femme. Elle représentait l'exception. II aimait Elisabeth brune. Au fait, l'aimait-il? Pour la première fois, il se posa la question. Il s'examina, scruta son cœur. Une profonde affection l'inclinait vers Elisabeth. Ce n'était pas de l'amour. Alors, pourquoi l'épousait-il? Par sympathie? Pour faire plaisir a sa mère? Ces considérations suffisaient-elles pour engager sa vie?... Il se trouva mal A l'aise sur la grande pelouse du jardin, devant la table pliante où l'on avait disposé la bière fraîche. Les témoignages affectueux de Madame Vorbeck l'irritèrent. Ah oui! elles étaient bien intéressées, ses prévenances! Depuis des années, cette mère faisait le siège de son cœur! Une révolte cabra son jeune orgueil que la contrainte exaspérait. On conspirait contre lui. On tentait d'aliéner sa liberté. Eh bien non! il ne se résignerait pas à être traité en gamin. Il n'épouserait pas Elisabeth. Cette résolution soudaine l'atterra. La veille encore, le matin, alors qu'il dépensait ses forces et son ardeur dans le sport, il ne pensait qu'à Elisabeth, n'avait qu'un désir: la revoir. Quel fait nouveau était donc survenu? Encore un gâteau, Georges; vous paraissez fatigué? Madame Vorbeck l'interrogeait, une anxiété dans le regard. Ah oui! elle prenait soin de lui oar intérêt pour sa fille. Intéressée, Madame Vorbeck? Georges eut honte de son ingratitude, de ses soupçons injustes et ridicules. Elisabeth ne manquait pas de partis. Sa fortune, sa beauté, lui donnaient le droit de prétendre à beaucoup mieux qu'au rôle de femme d'un officier pauvre. Elisabeth pouvait épouser un Parisien, connaître dans la capitale les oisivetés d'une femme riche, rouler auto, porter des perles. Et c'était lui que Madame Vorbeck avait choisi. N'était-ce pas là le meilleur hommage rendu à ses qualités, à la noblesse de son caractère, et son plus beau triomphe? Georges rapprocha sa chaise de celle de la jeune fille. Par une de ces maladresses qui sont communes aux mères, Madame Raulin rompit le charme: Savez-vous que Georges a reçu une lettre singulière, ce matin? Le mouvement d'humeur de Georges fit basculer sa chaise. Il la remit d'aplomb sur l'herbe à sa place primitive. Elisabeth demeura en dehors du cercle. Mais, maman, ne parle donc pas de cela! cria-t-il. Nos amies connaîtront le dénouement d'une histoire dont elles savent le début. Le début: la disparition du manuscrit. Mais l'épilogue différenciait tellement du commencement! Georges aurait souhaité que personne au monde ne sut que Marie- Rose lui avait écrit. Madame Raulin conta les faits. Sous les rameaux dorés du tilleul, on rit. Elisabeth seule garda sa gravité. Son instinct d'amoureuse percevait la contrariété de son ami. Cette personne est bien effrontée, susurra une dame qui se trouvait en visite. Effrontée? Pourquoi? se rebiffa Georges. J'ai horreur de ces cachotteries, continua la voix pointue: ces jeunes filles modernes ont répudié toute réserve. A moins que... A moins que? La dame jeta autour d'elle un regard circulaire, et elle livra sa pensée: A moins qu'il ne s'agisse pas d'une jeune fille mais d'une dame. en quête d'aventure. Georges rougit comme si l'on eut insulté une femme de sa famille. Dans ce cas, elle aurait donné son nom exact et son adresse! Avec un liinbrc pour la réponse, acheva Elisabeth ironique. On éclata de rire. Les paris s'engagèrent. Chacun discutait sans remarquer l'irritation de l'officier. Marie-Rose disputée à tout le monde, Marie-Rose tombant dans le domaine public, ce n'était plus la sienne. Il est hors de dinite qu'il s'agit d'iino jeune 1ilie-, laissa tcmilicr Elisabeth, mais elle est peut être laide. Georges avnil en\ isage toutes les hypollièses, sauf celle-là. Elisabeth l'avait énoncée par pure jalousie contre cette créature qui, elle le sentait bien, prenait une part des pensées de Georges. Et bien que par celle allusion elle risquât de s'aliéner l'affection du jeune homme, le désir de vengeance l'avait emporté sur la prudence. Elle se leva pour opérer une diversion: Venez voir mes pois de senteur. Pendant leur exil en Touraine, ils s'étaient livrés aux plaisirs du jardinage. Elisabeth en avait rapporté le goût. Il la suivit vers le parterre. Au-delà du pont de bois qui enjambait l'étroit cours d'eau, les pois de senteurs mêlaient leurs corolles pourpres et violacées. Leurs parfums capiteux alourdissaient l'air. Elisabeth frotta ses doigts aux pétales, les tendit à Georges: Voyez comme ils embaument. Georges prit les mains longues, aux ongles carminés, qui devaient ressembler à celles de l'énigmatique Marie-Rose. Il aspira le parfum, mais ne comprit pas l'appel frémissant qui montait des mains ouvertes. Il ne les baisa pas, car une pensée venait à son esprit: Marie-Rose aimet-elle les Heurs? Elisabeth laissa retomber ses mains dans un geste lassé. Pour revenir vers la pelouse, elle prit son bras; non qu'elle fut fatiguée, mais pour lui donner l'illusion qu'elle avait besoin de lui. On dressa la table sous le tilleul. Et l'on s'attarda dans la nuit bleue où montaient les étoiles. "Comment est-elle, Marie-Rose?" Georges savourait ses pensées dans l'intimité de son âme. On ne parlait plus de Marie-Rose. Elle était revenue sa propriété. Comment était-elle? Mais blonde, mais fine, mais légère, vive, vibrante... peut-être un peu capricieuse. mais c'était un nouveau charme. et gaie, gaie, à donner des leçons d'harmonie aux alouettes! et rieuse, d'un rire de cristal qui donnait envie de rire rien que de l'entendre! "Oui, une femme délicieuse", conclut Georges. Et il se souvint de sa comparaison de l'autre soir entre une femme délicieuse et une femme parfaite.. comme Elisabeth. Pourquoi épouserait-il une femme parfaite pour laquelle il n'éprouverait qu'une tendre amitié quand.. et il s'arrêta net de divaguer. Marie-Rose! Il ne la connaîtrait jamais! Il n'était pas le héros de la dame sentimentale dont sa mère avait parlé. Marie-Rose? Pourquoi donc s'obstinait-il à créer son image avec cette curiosité passionnée? Il devenait fou, en vérité! Il se leva pour aller vers Elisabeth. Son portefeuille glissa de sa poche. Un émoi délicieux l'emporta. Et il comprit que le courage lui manquerait pour détruire la lettre reçue, qu'il aurait dû la brûler alors qu'il I avait à peine effleurée de ses mains, de ses yeux... Marie-Rose! dit-il presque à haute voix. Il leva la tète Plus brillante et plus pure, distillant plus de lumière, une étoile jaillissait, fragment de diamant dans une coupe de saphir. Georges la regarda, détermina au zénith la place exacte de son point d'argent pour la retrouver chaque soir. Et il la nomma Marie-Rose. CHAPITRE IV A LA SOCIETE DES PRODUITS CHIMIQUES DE CHAMBERTIN Fabien de Kéréon remontait le Roulevard Haussmann. Le soleil d'août rendait l'asphalte élastique sous les pas et les arbres anémiques projetaient sur le sol l'ombre de leurs feuilles clairsemées et roussies. Descendant des autobus ou jaillissant des bouches de métro, les travailleurs se croi-

15 La Revue Moderne Montréal, Novembre 1938 Page 1S L'HEURE viieul en deux courants IIIVCTM-I tandis que les horloges élec I riqucs répen ul.ni-iii \ V > 11< 111 i mips (le l'heure. Indifférent A II cohlll CORUM à la chaleur, Kahicn de Kéréon allait à pas lents, une vive anxiété ternissant ses yeux clairs. Son c hapc.iu à lu ni.lin poui nlh il u son h,,iil ronronné de cheveux liruns striés,1c rilliis I.IIIVI-M un M-mlil.iiii de Ir.iii heur,, se réiiiéiiuir.iil VMI eninlieii u\-ei sa mère avant son départ pour le bureau. Amicale au début, la conversation avait.ilteint un diapason que ni l'un ni l'autre piévnyail, et l.ilmn > n-sseiii.nl un, h,,, plus \ lok'iil quand leui s deux volon lés s'.llllnlller.lienl,1 nom e.ill. Mais ( uelle idée sa mère avait-elle de vouloir à toutes forces et tout de suite le marier? Fabien de Kéréon s'accommodait forl bien de son célibat. Après la guerre, il était entré comme ingénieur à la Société des l'induits ( liuin. ues île < h.iinbi rl m, situation c ui lui permettait de perfectionner ses connaissances, de passer de la théorie des examens à la pratique des affaires, de se créer des relations. Ambitionnant une situation qui correspondit à ses compétences, il supportait la monotonie de son stage grâce à d'agréables distractions, sur lesquelles sa mère fermait les yeux. Il dépensait sagement sa fortune, et envisageait le mariage avec une jeune fille très jolie et très riche à l'âge des rhumatismes et des cheveux gris. Pourquoi tout à coup, sans préambules, avec l'impétuosité d'un général se lançant à l'assaut, sa mère parlait-elle de le marier alors qu'il entrait dans sa trentième année? L'honneur du nom l'intérêt de la race Oh! les grands mots qu'elle lui avait, ce matin, jetés à la face! Mais c'était un langage propre aux Croisés du Moyen-âge. Fabien n'avait rien, oh! mais rien du tout, des Paladins antiques; il ne s'enorgueillissait de ses origines qu'en raison de son nom sonnant comme une fanfare; et il était prêt, pour vivre, lui aussi, sa vie, à renier ses ancêtres à qui la France devait sa prospérité et sa gloire. En répondant au salut respectueux du groom veillant dans le vestibule de l'immeuble, il pensa; "Si Maman revient à la charge, je lui signifierai nettement ma résolution". Debout devant la glace de son bureau, il lissa ses cheveux et sourit à son image. Sans être fat, il était fier de sa haute stature, de son allure aristocratique, de sa nonchalance hautaine qui lui attiraient tant de succès. Assis devant sa table, il décacheta son courrier, alluma une cigarette, peu pressé d'appeler la vieille fille revêche qui depuis quinze jours remplaçait sa sténographe partie en vacances. Le coude sur son bureau, il s'absorbait dans ses réflexions. Au fond de lui même, il demeurait troublé. Fabien soudain se sentit las de la vie qu'il menait depuis son retour de la guerre Et il ne discerna pas l'élément qui manquait à son bonheur. Sa cigarette consumée, il appuya sur le t indire d'appel Presque aussitôt, la porte s'ouvrit. U n'était pas. depuis quinze jours, habitué à tant de célérité. Il se retourna, et une joyeuse exclamation aux lèvres, se leva: Ah! Mademoiselle, vous voilà donc revenue? La jeune fille, toute fraîche, toute blonde, dont la flamme des yeux et la vivacité des mouvements décelaient l'ardeur de vivre, esquissa, de ses lèvres épanouies, une moue enfantine: Hélas! oui, Monsieur! Je devais rentrer ce matin. Bien triste pour vous, mais bien agréable pour moi. Je vais enfin retrouver votre travail régulier et assidu. Et avezvous passé de bonnes vacances? Elle s'asseyait en face de lui, et il admira cette carnation, cet éclat, apanage des dix-huit ans, et que la beauté des traits même plus tard ne parvient pas à remplacer. J'ai passé d'excellentes vacances, et c'est à vous, Monsieur, que je les dois. Je vous remercie encore d'avoir bien voulu intercéder pour moi auprès du directeur pour m'obtenir ce congé que, légalement, en qualité de débutante, je ne méritais pas. Mais que votre exactitude, votre conscience professionnelle méritaient Mademoiselle. Avez-vous eu beau temps? Superbe. J'ai pu faire avec mon frère de grandes promenades à bicyclette. Vous aimez la bicyclette? BREVE Follement. Ce sport m'a passionné, jadis, quand j'avais votre âge. A présent, je préfère l'auto. Mais moi, Monsieur, je n'ai pas d'auto. Il rougit un peu d'avoir étalé son luxe d'homme riche devant cette jeune fille qui travaillait pour vivre. Une bicyclette? C'est tout en effet ce nue peut s'offrir une petite dactylographe à 6ept cents francs par mois. Alors, Mademoiselle, en attendant l'été prm h.un, nous allons travailler Je suis charmé de vous revoir. Savez-vous qu'elle n'est guère réjouissante, Mademoiselle Vurlin, maugréant de tout ' Elle éclata d'un rire clair qu'elle réprima tout de suite: Oh! Monsieur, il ne faut jamais dire du mal des absents. Son crayon bien effilé et son bloc ouvert, elle attendit. Fabien de Kéréon commença de dicter. Mais alors que depuis quinze jours il accomplissait cette tâche machinalement, il prenait plaisir, ce matin, à voir courir sur la feuille blanche la petite main fine cueillant au vol les phrases prononcées. De temps en temps, la jeune fille levait sur lui ses grands yeux limpides éclairés d'une flamme intérieure, et elle repoussait prestement, du bout de l'index, une mèche dorée, indisciplinée, qui lui brouillait la vue. Elle était charmante, et au retour d'une absence de quinze jours, Fabien s'en apercevait. Quand la dernière lettre fut posée dans la corbeille, la jeune fille, serrant dans ses bras son bloc et les pièces à joindre au courrier, rentra dans la salle des dactylographes que le crépitement des machines à écrire emplissait d'un bourdonnement d'abeilles. Je bénis votre retour, maugréa Mademoiselle Varlin que les jeunes, dans leur inconsciente cruauté appelaient "la vieille fille" parce qu'elle avait trente-cinq ans et n'était pas mariée. Monsieur de Kéréon, je l'aurais jeté par la fenêtre. Vous auriez eu fort à faire, répliqua la sténographe avec son joli rire en comparant la silhouette chétive de l'employée à celle de son chef. Mais il est très aimable, Monsieur de Kéréon. Tant mieux si vous le jugez ainsi, marmotta-t-elle en croquant du chocolat: car elle grignottait toujours quelque friandise. Il m'obligeait à retaper mes lettres, m'étourdissait de ses récréminations, manifestait une mauvaise humeur constante. Monsieur de Kéréon préfère peutêtre les blondes, suggéra une grosse rousse dont les cheveux taillés à la garçonne accusaient les traits masculins. Oh! il ne nous attend pas, fit. rageuse, une brune dont les yeux abrités sous d'épais sourcils brillaient dans un visage maigre. Moi, j'en ai le béguin, de cette homme-là! A votre place, Rosie, il y a longtemps que je lui aurais tourné la tête. Je lui crois la tête plus solide, ma pauvre Janine, et puis dans quel but? Oh! tout me serait égal pourvu que je roule auto. Janine! intervint Rosie, et sa physionomie d'enfant se durcit singulièrement, vous ne savez pas ce que vous dites. Je préfère la liberté dans le travail que la richesse malhonnête. Très bien, approuva Mademoiselle Varlin d'un ton sec. Ah! vous pouvez parler, rétorqua Janine méchamment. Mademoiselle Varlin rougit, puis la voix hachée répondit: A vingt ans, j'étais aussi séduisante que vous. Mais il y a quinze ans de cela. Et celui qui semblait me regarder avec quelque plaisir, il fut tué à Verdun. Un silence pesa sur la salle. Les machines suspendirent une minute leur bourdonnement. Ni Janine ni Rosie ne se souvenaient de Verdun. Mais Madeleine qui avait vingt-sept ans se le rappelait, et aussi Mademoiselle Varlin. On voyait au dehors sur la chaussée les autos alignées arrêtées par le bâton levé des agents qui protégeaient le passage des piétons. Les magasins étalaient leurs vitrines tentatrices. Rosie contempla, juste en face, une petite chemisette de crêpe de chine bleu qui l'aurait habillée délicieusement. Hélas! ces jolies frivolités Sage conseil DU "BUREAU DE SERVICE MENAGER" UNE INTERVIEW DANS LA CUISINE D'EXPERIMENTATION DU "CANADIAN HOME JOURNAL" IL N'Y A RIEN À GA&NER EMPLOYER UNE POUDRE À J PÂTE DOUTEUSE. ACHETEZ LA I MEILLEURE. 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A thé vanille Défaites beurre en crème jusqu'à ce que léger et mousseux; ajoutez le sucre tamisé et le lait alternativement, battant bien, jusqu'a ce que le glaçage soit léger et d'une consistance permettant de l'étendre facilement. Ajoutes la vanille. Des amandes blanchies et hachées, puis brumes au four, peuvent parsemer le glaçage, si désiré. Le LIVRE DE CUISINE "MAGIC" vous sera très utile quand vous cuirez à la maison il renferme une grande variété de délicieuses recettes. Vous en recevrez une copie GRATIS sur envoi du coupon ci-dessous. GILLETT PRODUCTS X-M-II Fraser Avenue, Toronto 2 Veuillez m'envoyer gratis mon exemplaire du Livre de Cuisine "Magic" Non Mu Ville ou Village

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Elle avait dû naître telle qu'elle était présentement: sèche, anguleuse et myope. Une terreur la secoua. Se pourrait-il qu'elle devint ainsi, un jour? Elle se rend elle-même ridicule, intervint-elle; et en plaidant la cause de l'absente elle plaidait la sienne, inconsciemment. On n'est pas vieille à son âge. Maman, qui est bien plus âgée, ne parait pas aussi vieux jeu. Pourquoi s'habille-telle de cette façon? Vous juge/ qu'une robe courte et les cheveux coupés lui siéraient? pouffa la grosse rousse. Par charité, Rosie reprit la parole: Moi aussi, j'ai gardé mes cheveux. Oui, vous, quelle idée de conserver votre chignon? J'aime mes cheveux. Toutes les femmes d'ailleurs les ont coupés. Ce n'est plus de l'originalité. Elles levèrent les épaules, jalouses, sans oser l'avouer, de la chevelure mousseuse de Rosie, et du rouleau d'or qui sur le cou soulignait la nuque. Défendant sa thèse, Rosie continua: Mademoiselle Yarlin se recrocqueville. Au lieu de se lamenter sur sa vie monotone, elle devrait l'accepter gaiement. On n'est jamais malheureux quand on rit. Vous parlez avec vos dix-huit ans, remarqua doucement Madeleine. Vous, j'en suis certaine, vous demeurerez toujours gentille, complaisante, et chic avec un chiffon. Peut-être. mais déjà je ne sais plus rire Et je riais tant! Est-ce possible? A l'opposé de Mademoiselle Yarlin que tout révolte, je suis une résignée. Résignation n'est pas synonyme de bonheur. La résignation, c'est la sérénité. Ce n'est plus la gaieté. Et moi, il me semble que je rirai toujours! cria Rosie avec élan. Rire pour soi et pour les autres; rire quand il pleut pour oublier la faillite du soleil. Rire pour se réconforter soi-même et réjouir ceux qui vous entourent. Je vous admire, murmura Madeleine. Conservez votre entrain, votre jeunesse s'il vous est possible. à travers les épreuves de la vie... Les épreuves? Toute le monde en parle. Moi, je n'ai pas souffert, et il me semble que rien de mauvais ne pourra m'atteindre. D'ailleurs, à trente cinq ans, décréta Janine, j'aurai fait ma vie d'une manière ou d'une autre Je ne moisirai pas à la Société des Produits Chimiques de Chambertin qui pourra bien faire faillite après mon départ! Et moi aussi, je serai mariée, déclara la rousse en pointant son index vers le plafond comme pour commander au destin. Et moi, j'espère bien ne pas coiffer Sainte-Catherine! affirma Rosie en se rasseyant devant sa table basse. Oh! si je n'étais pas mariée à vingt-cinq ans, j'en mourrais de chagrin! Dans les yeux bruns de Madeleine posés sur l'enfant blonde, une angoisse passa: A votre âge, je raisonnais ainsi. La vie ne vient-elle pas à vous, les mains chargées de Ileurs? J'avais vos rêves, vos espérances, vos désirs et vos ambitions. Hélas! la vie donne si peu ce qu'elle promet! J'ai vingt-sept ans, mon horizon étroit ne s'élargira pas. Et pourtant, voyez, je ne meurs pas de chagrin. L'effroi de Rosie s'accentua. Le sort de Madeleine symbolisait-il le sien? L'ardeur qui débordait de son être se c oiimiiner.iil-elle dans le cercle austère d'un bureau? Se retrouverait-elle à vingtsept ans isolée, résignée ou aigrie, et n'attendant plus rien? Pourtant, elle était jolie, Madeleine, mais oui quand on la détaillait, avec ses yeux noirs très doux, la bouche au dessin BREVE ferme, le nez busqué, et les cheveux coupés en frange sur le front droit. Il s'était atténué, fondu comme sur une toile passée, cet éclat de la jeune tîtic- sortant des limbes de l'enfance, et elle ressemblait, maintenant, à ces pastels fanés que la patine du temps nous rend plus émouvants. Et personne ne l'avait distinguée. Elle avait passé, elle avait vieilli, et elle s'en allait, du même p.is tranquille et régulier, sans secousse et sans heurt, dans le sillon couleur de cendre grise tracé devant ses pas. Qui donc assurait â Rosie que si charmante qu'elle put être, personne ne l'honorerait d'une attention spéciale? ne remplirait le vide qui à certaines heures se creusait dans son cœur? Une minute, les yeux clos, elle envisagea la vie sous cet aspect nouveau. "Je ne deviendrai pas comme Mademoiselle Varlin, se jura-l-elle. Je ne donnerai pas prise aux railleries. Je resterai avenante comme Madeleine. Et je rirai toujours". Entre les autres, la conversation continuait, bruyante et contradictoire: Moi, criait Janine, si je me marie, ce sera pour acquérir l'indépendance, la liberté, pour nie promener toute la jour née, courir les magasins, prendre des taxis... Et à quoi donnez-vous la préférence? A l'amour ou a l'argent? A l'argent! La déclaration crépita comme une mi trailleuse. Rosie s'accouda sur sa machine au repos: Ce doit pourtant être agréable l'amour.. Ma chère, par les temps actuels, il faut choisir: l'amour dans une robe de quatre sous, ou l'argent, avec un homme qui vous est indifférent peut être. mais le luxe vous dédommage de bien des cho ses. Il faut savoir se décider. Pourtant, il en existe, des mariages d'amour, poursuivit Rosie de plus en plus rêveuse. Il y en eut autrefois pour nos mères et nos tantes. Autre temps, autres mœurs Une grosse voix dans le couloir arrêta net les bavardages. Les machines reprirent leur marche saccadée. Les douze coups de midi suspendirent, avec un parfait ensemble, les mains agiles voltigeant sur les touches. J'en ai assez, déclara Janine. Pour moi, l'heure c'est l'heure. Aussi pour arriver? plaisanta Rosie gentiment moqueuse. Je ne sais comment vous vous y prenez. Vous êtes d'une exactitude désespérante. Parce que je me lève tôt. Moi le soir, je vais au dancing, au cinéma. Vous vous tuez. Quelquefois, en hiver, j'accompagne mes parents au théâtre. Mais quand on travaille, il faut se ménager. Et vous trouvez votre existence joyeuse? J'estime qu'on s'égratigne moins en frôlant les orties qu'en s'y enfonçant. Puisqu'il faut travailler, travaillons avec le sourire. Je vous admire mais ne puis vous imiter. Sur ce, je me sauve. Ma tante m'attend pour déjeuner. Tiens, et vos parents? Ils resteront à la campagne pendant les deux mois du congé de mon frère; j'irai les retrouver du samedi au lundi. Ah oui, votre frère, l'officier, susurra Janine en se fardant les lèvres; présentezle moi donc, votre St-Cyrien, je lui donnerai le coup de foudre. L'apparition de Fabien de Kéréon empêcha Rosie de répondre. C'est inconcevable, s'écria le jeune homme. Je sonne la téléphoniste, personne ne répond. Elle est partie, avant midi. Je vais prévenir le directeur. D'un élan spontané, Rosie se jeta audevant de son chef, les bras levés, les mains jointes: Oh, Monsieur, je vous en prie, ne la grondez pas! Elle est nouvelle, et c'est si ennuyeux d'être téléphoniste! Fabien la regarda, si gentille avec son chapeau posé sur l'oreille. Son charme venait de sa simplicité, de ses allures à la fois hardies et candides, de ses audaces ingénues que donne l'ignorance du mal. Réaction Le beaux jours de l'été sont pssséjl avec eur cortège Henri et embaumé Nous avons MIIVI lelll évolution splciiilulr espérant toujours un couronnement féerique Dans la splendeur des soirs, connue i ii.ivers la brunie matinale, notre rêve de lie lllté» m SIII\.m s.i, Inillèl e. I lue nous rcste-i-il de cette soiiiuolein e eni vranle? \u petit nombre, l.i saison.mr.i rie lavorablc Seuls, relis dont 1rs désus -e doublent d'un empressement singulier a en favoriaer la réalisation, auront été s.itisl.iiis (lu.ml.iu\ autres, ilé.,us, ils se plaindront de leur destinée, comme si l'on ne bâtissait pas son propre bonheur avec les matériaux que le Créateur a mis A notre disposition avec tant de prodigalité. En quoi consiste donc ce bonliein qui nous haute dès le lien eau t A c eux qui veulent mer l'existence de la vie meilleure que nous espérons, nous n'avons qu'à leur demander d'expliquer cette soif de bonheur innée en nous, pour les confondre. ux-mêmes, cherchent la paix et la joie en voulant également nier les peines me n.u,antes de l'autre vie et se soustraire pir des lois arbitraires à celles qui nous régissent. Mais, comment expliquer la joie exil bérante des uns et l'ennui, la lassitude persistante des autres? Nous croyons pouvoir répondre à cette question avec preuves a l'appui. Ici, dans notre maison, arrive une correspondance volumineuse qui altesle sans détour, la réalisation du bonheur par le dévouement et plus particulièrement par celui qui est accordé aux petits êtres sans protection. Voici une jeune femme qui nous remercie d'avoir égayé son foyer en y transplantant une lleur vivante qu'elle cultive avec soin et amour. Une autre a vaincu la hantise d'un berceau vide par l'adoption d'un joli poupon si semblable au sien. Maintenant il en est un qui vit par le souvenir, tandis que l'autre la comble de joies. Mais tous les foyers ne sont pas libres d'agir ainsi. Cependant que de vides à combler! C'est ici que survient notre œuvre des parrains et marraines Ceux-ci peuvent à loisir satisfaire leur désirs légitimes de jouissances saines et inspiratrices. Ils veulent du bonheur, donc ils en donneront à pleines mains afin que la moisson soit abondante, puisque nous ne récoltons que ce que nous avons semé. En quoi consiste cette œuvre? Tout simplement à s'inscrire et choisir un filleul ou une filleule à qui l'on s'efforcera de procurer quelques douceurs ou faveurs; petits vêtements et tricots, jouets ou articles de classe et surtout, oh! surtout, le don de soi-même par une visite souvent renouvelée. Conçoit-on ce que pareille résolution peut procurer de bonheur aux gentils filleuls et filleules qui en sont l'objet? Si non, que l'on vienne s'en rendre compte par aoi-même! Nous approchons de la centième inscription. Dès que celle-ci sera enregistrée, nous convoquerons uhe assemblée des parrains et marraines en accordant un prix spécial à être tiré au sort parmi les personnes inscrites. Ce prix ne saurait être donné comme récompense, non, vraiment, celle-ci est d'ordre supérieure puisque chacun puise dans sa propre charité le degré de contentement qu'il en retirera. Ce sera une réunion des cœurs où chacun contribuera par sa propre expérience à édifier et encourager les dernières recrues. Car, nous prierons chacun et chacune de présenter une nouvelle inscription afin de grossir le cercle des semeuses de bonheur tout en doublant le leur. Nous élierons un conseil qui s'intéressera à promouvoir les intérêts de l'œuvre en préparant et secondant les activités pour la saison qui commence. Personne n'aura plus le droit de s'ennuyer ou de se plaindre de la vie, semble-t-il, puisque le meilleur sujet de réaction est trouvé! Que l'on s'inscrive en donnant aon nom et son adresse par lettre ou personnellement, si l'on désire choisir son filleul ou sa filleule soi-même, au BUREAU D'A DOPTION de la Côte-de-Liesse, près Montréal, P. Que., Téléphone: BYwater, 1260.

17 /.a Revue Moderne Montréal, Novembre 1 9 S S L'HEURE l.r n'-li'phone est ennuyeux! sténographie alors ' Klle rit, esquivant l.i Au moins, ne i isolée dans un réduit. réponse directe: trouve!-on pas Kt rajustait! son loquet de paille sur ses i licveuv d.us, elle disparut dans l'esedhr< "Klle est adorable, relie peine Kosie pensa Fabien resté dans le vestibule. (Juaml un homme pense d'une femme: I Ile est adorable" il est bien près de dire: "Je l'adore". Kosie courait vers la plus proche station de métro. Klle fut mêlée, dans le wagon, à la cohue de l'heure. Klle n'en i mil in lia pas n n mis s,i Ici I lire a 11 aillant e, le livre posé à plat sur le dos de son voisin. Et dans le compartiment, se trouvaient bien d'autres jeunes hlles de sa londitioii: sléniihiaphes, iplnbles, pri'pi>sées aux I'II il lires dans des sociétés de commerce ou <lc finance. Toutes se hâtaient vers 1,-nrs desl in.il unis pour prendre un repas rapide, les deux heures de liberté réglementaires étant absorbées bien souvent par la longueur du double trajet Et les inconnus t ui les frôlent, ces petites travailleuses, dans les couloirb étouffant! du métro, ne se doutent pas de leur courage. Ils ne mesurent pas la somme d'énergie qu'elles déploient sous leur apparente passivité. Car s'il est toujours dur de gagner sa vie, il est plus triste encore d'égrener les jours de sa brève existence, de cloîtrer sa jeunesse, dans les pièces grises des bureaux, de suivre, dans une morne attente, la chute des heures sur un cadran. Oui, il est triste de voir se dévider les mois, au rythme des saisons, dans une pièce étriquée ouvrant souvent sur une cour sombre, de se courber sur des registres à la lueur des lampes électriques; et les jeunes tilles, les femmes, qu'un sort plus heureux a favorisées, riraient bien si on leur disait que ces petites Parisiennes, pâlies par l'anémie, leur sont bien supérieures. Oui, elles ont besoin de tendre leur volonté, les plus jeunes, pour résister aux tentations qui les sollicitent, les pressent, les appellent, dans la rue, et pendant les heures même de travail. Elles font preuve de grand courage, les plus vieilles, celles dont les yeux se sont ternis sur le clavier métallique des machines, celles qui n'ont plus d'espérance, les douloureuses, dont le mari éventuel tomba au Champ d'honneur. Et parmi les malheureuses qui succombent, sur qui s'appesantit l'opprobre et le mépris, on pourrait compter celles à qui un bon conseil, une parole de réconfort furent données, celles pour qui une main secourable se tendit sur le bord de la faute. Kosie, élevée dans une famille où se perpétuaient les traditions de l'honneur et de la foi, devait être protégée des moindres défaillances. Klle pratiquait, sans l'avoir appris, la philosophie Kt si au scandale de sa grand'nière, Kosie ne baissait pas les yeux sous les regards indiscrets, c'était pour guetter le danger qui passe et l'éviter. Et elle allait, vaillante et gaie, traversant la vie comme un rayon de soleil: le rayon de soleil qui se glisse par le moindre interstice, qui réjouit, et ne se ternit pas. Son instruction solide lui donnait une cuit lire supérieure à relie de ses compagnes Trop jeune pour souffrir de la différence de milieu, elle profitait de la moindre occasion, avec son franc parler, pour redresser les erreurs d'une éducation primaire. Klle perfectionnait son savoir par de solides lect ures. Kt parmi les romans, elle donnait la préférence à ceux qui vous élèvent au-dessus des mesquineries, des laideurs de la vie, et qui vous rendent meilleurs quand on les a fermés. Elle n'était pourtant pas sans défauts, la petite Kosie. Il lui manquait, pour la parachever, l'expérience de la simili.in ce. IJuand parvenue à destination, elle se i ei n un.i dehors, le soleil brûlait la place des 'Peines comme il desséchait les arbres du boulevard llaussmann. Kosie sourit a la lumière connue elle souriait à la vie. Kt en foulant de ses petits pieds agiles le macadam mou, elle ne se doutait pas courir si vite vers sa destinée. i BREVE CHAPITRE V Lis COEIK DK FABIEN DE KEREON Des lustres aux reflets irrisés, couleur d'opale et d'algue marine, la lumière jaillissait en gerbes colorées des angles de* corniches sur les épaules des femmes, sur leurs colliers. Un sourire provoquant sur ses lèvres fardées, la jeune fille s'approcha de Fabien de Kéréon, lui tendit un plateau sur lequel oscillaient des llacons d'argent : Ou kirsch ou du rhum avec votre thé, Monsieur? Ou préférez-vous du lait? Du rhum, je vous prie, répondit le jeune homme au hasard. En vérité, ce soir, peu lui importait de parfumer son thé de rhum ou de le teinter d'un nuage de lait. Du regard, il suivit la jeune fille qui venait de le servir tandis qu'elle évoluait parmi les habits noirs des hommes. (Juand elle fut dans le groupe des femmes, il ne la reconnut plus. Nuques rasées, cheveux collés aux tempes, une perle tombant de l'oreille comme une goutte d'eau, pourquoi toutes semblaient-elles s'habiller chez le même couturier, posséder le même coiffeur? Pourquoi s'ingéniaient-elles à se créer la même silhouette, fabriquée en série? Pourquoi Cisèle Duvemy, la jeune fille que lui destinait sa mère, s'efforcaitelle de ressembler à ses amies? Madame Savart. la tante de Fabien, vint enfouir dans le fauteuil voisin du sien son opulente personne: Eh bien, comment la trouves-tu? Quelle étrange question, ma tante. Je suis en train de me demander pourquoi j'épouserais Mademoiselle Duverny plutôt que toute autre Les femmes de ce soir sont taillées à l'emporte-pièce.. Elle a une grande qualité, répliqua Madame Savart en abaissant son face à main cerclé d'or: elle est riche, très riche, Et moi, ne le suis-je pas assez pour m'offrir un mariage d'amour? Je n'ai pas l'intention de te faire faire uniquement un mariage d'argent. J'ai pensé à ton bonheur. Gisèle est une jeune fille moderne, très à la page, très sportive. Comment ne l'aimerais-tu pas? Gisèle... Maud Ginette. prénoms à la mode qui n'évoquent rien quand on les prononce qu'on entend à toutes les heures du jour, aux courses, aux dancings, dans les salons de thé Pourquoi donc Mademoiselle Duverny avait-elle eu la malchance de recevoir en partage, avec le corps de tout le monde, un de ces vocables si banals qu'ils en deviennent insipides? Fabien sentit, à cet instant, qu'il n'aimerait jamais Gisèle Duverny. Madame Savart insistait: Et non seulement ton bonheur, mais ton avenir est engagé dans ce mariage. Le père de ma jeune amie est un gros industriel de la région parisienne; tu deviendrais le directeur de l'usine, en attendant d'en prendre la succession, au lieu de moisir avec ton titre d'ingénieur dans ta Société de Chambertin. Mais je ne veux pas quitter la Société Chambertin! s'écria Fabien. Il s'arrêta, étonné lui-même de son affirmation spontanée. La Société de Chambertin n'avait jamais représenté pour lui qu'un pis aller, un emploi de stage. D'où lui venait ce désir d'y rester? Comment! s'étonna sa tante, mais je ne croyais que tu ne possédais là qu'un poste de second ordre? Comme sur un écran, défilèrent dans l'esprit du jeune homme un visage frais, des cheveux blonds, des lèvres roses. Et quoi? Etait-ce à cause de sa sténographe qu'il se découvrait un attachement si profond pour la Maison du Boulevard llaussmann? Plus psychologue qu'elle ne le paraissait de prime abord avec sa nonchalance et sa invopie, M.ni.une Savart revenait à la charge: Je sais bien que les gens se laissent prendre quelquefois. J'espère, mon petit, que tu aurais la sagesse de rompre si une attache te retenait. Fabien éprouva le désir de jeter sa tante par la fenêtre. C'était, à son honneur, la première fois qu'il subissait cette tentation. La mentalité de sa tante, semblable à celle des femmes de son monde, ce soir-là le révoltait. Ah oui! elles font escorter leurs filles par des gou- Plus que de simples marchands de LAIT Nous ne limitons pas notre responsabilité au fait d'être de simples marchands de lait. Nous allons beaucoup plus loin que cela. Nous contribuons à réduire le taux de la mortalité infantile à Montréal en fournissant du lait plus sain, plus propre, plus pur. Téléphonez dès aujourd'hui à FRontenac 3121, ou bien arrêtez notre vendeur lorsqu'il passera devant votre porte. LIMITEE Kurntu-rhrl 4141, rue.., \ Kllimtrniu 3121 Lait Crème Beurre Crème à la Glace Lait certifié provenant de la Ferme des Sulpiciens d'oka NOS COURS PAR CORRESPONDANCE.. fonctionnent toute l'année; donnent droit à un certificat d'études pour la ou les matières suivies: conduisent 1 à l'admission dans les Associations d'experts-comptables (C.A., L.I.C., C.P.A.). et 2 aux titres d'aspirant (associate) et d'associé (fellow) de l'association des Banquiers Canadiens. 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A la clarté d'une lumière nouvelle dont il ne discernait pas la source, il scrutait sa conscience. Mais se réhabiliterait-il en épousant Gisèle Duverny? Dans l'auto qui les ramenait vers le Luxembourg, Madame de Kéréon, avec une ingénue maladresse, vanta à son fils les mérites, présents et futurs, de la jeune fille. Comme il n'est rien de tel pour vous détourner définitivement d'un rêve vers lequel, d'instinct, on n'est pas attiré, que d'entendre chanter ses louanges, Fabien jura, en rentrant chez lui, de n'épouser jamais Mlle Duverny. Ce fut donc de fort mauvaise humeur, car il appréhendait la lutte, qu'il partit le lendemain pour le bureau. "Mais je vais revoir Rosie", pensa-t-il tout à coup. La matinée passée en compagnie de sa petite secrétaire le dérida. Rosie. les lèvres rouges par la grâce de la nature et la fleur de la santé. le teint conservé frais à l'abri de la lumière des lustres. Rosie.. diminutif d'un nom qu'il n'osait demander... Rosie. pseudonyme délicieux et mutin, odorant comme les premières violettes cueillies au matin. Les jours coulèrent dans une chaleur d'étuve. L'été rendait la grande ville étouffante. Les arbres des parcs et des jardins publics tendaient vers le ciel surchauffé leurs feuilles desséchées qu'aucun vent n'agitait. L'époque fixée pour les vacances approchant, Madame de Kéréon décréta que cette année, elle et son fils villégiatureraient à la Baule, résidence choisie par les Duverny. Elle comptait sur une intimité forcée pour hâter ce mariage qu'elle avait résolu. Aussi, éprouva-t-elle une stupeur mêlée d'indignation quand un jour, Fabien, d'un ton détaché, lui annonça qu'il lui serait impossible de s'absenter cette année, lin des ingénieurs partant en tournée d'inspection dans les pays du Nord, Fabien, dernier venu dans la maison, devait le suppléer. Madame de Kéréon ne mit pas en doute les assertions de son fils. Si elle savait que, présentement, Gisèle ne lui plaisait pas, elle ne pouvait soupçonner qu'une petite employée candide avait, pour la première fois, trouvé le chemin du cœur de son fils. Elle résolut de partir seule à Baule afin de maintenir les relations avec les Duverny, car les parents, peu flattés de la longueur des pourparlers, pensaient à les rompre. Ils ne consentaient à attendre que parce que Gisèle s'était déclarée follement éprise du jeune homme et décidée à ne jamais se marier si elle ne l'épousait pas. Les bénéficiaires des dispositions sentimentales du jeune homme furent ses collègues qui, se déchargeant sur lui d'une partie du travail, prolongèrent leurs vacances qu'un temps idéal favorisait. Rosie, sans s'apercevoir de l'intérêt qu'elle inspirait, continuait d'apporter à sa tâche sa bonne humeur d'enfant heureuse. Avec l'ardente impatience des dix-huit ans qui gaspillent les jours comme de l'eau courante, elle ne vivait que dans l'espoir du samedi qui la voyait, radieuse, s'enfuir par le train de midi vers Moret. La salle des dactylographes se ressentait du calme des vacances; la grosse rousse, Mademoiselle Varlin, prenaient un re x>s bien gagné; la gentille Madeleine et Janine ne devaient s'absenter qu'en septembre. Mais alors que Madeleine et Rosie sympathisaient davantage en rapprochant leur solitude, Janine, si bavarde et si irritable, devenait énigmatique et fuyante. Comme absorbée par une unique pensée, elle s'isolait, ne parlait presque plus, ne lançait plus à tout propos des propos acerbes qui déchiraient des réputations ou laissaient planer un doute sur une honorabilité, et ne s'attardait plus, le soir, devant la bouche du métro. Un samedi matin, des feuilles circulèrent dans les bureaux: les déclarations de salaires que devaient signer les employés en vue des impôt* à verser. En lisant la mention de la taxe sur les célibataires, Rosie éclata de rire: -Ah! en voilà bien une que j'espère ne jamais payer! - C'est pour Mademoiselle Varlin, suggéra Janine redevenue ironique. Si L'HEURE BREVE les impôts sont proportionnels au nombre des années, quelle mine d'or elle sera pour le Gouvernement! Les Boches n'ont plus besoin de payer! Moi, je trouve cela très injuste, déclara Rosie. Que les hommes soient assujettis à cette taxe, rien de plus équitable. Ils trouvent toujours à se marier. Les femmes sont si sottes qu'elles épousent le premier qui les demande. Merci, Mademoiselle, dit une voix masculine derrière elle. Elle se retourna. Fabien de Kéréon, souriant du propos, tenait en mains un dossier qu'il était venu prendre sans qu'on l'ait entendu entrer. Rosie rougit très fort et pour être polie riposta: Oh! je ne dis pas cela pour vous! Alors, je vous remercie doublement, Mademoiselle. Mais continuez, je vous prie, votre intéressante dissertation. Eh bien, je dis que les femmes ne devraient pas payer Elles, elles ne demandent pas. Klles attendent. A moins que... A moins que? répéta Fabien. A moins qu'on n'impose celles qui ont été demandées et qui ont refusé les prétendants. Celles qui ont été assez intelligentes pour ne pas épouser le premier qui les demandait, releva Fabien d'une voix changée que les jeunes filles ne remarquèrent pas. Voilà une idée, Mademoiselle, qu'il faut soumettre à nos législateurs. Dans ce cas, dit Rosie, riant de tout son cœur, il faudra créer de nouveaux fonctionnaires pour certifier et légaliser les déclarations. Sa gaieté trouva des échos. Mais jetant les yeux sur la pendule, Rosie bondit: Et pendant que je débite des folies, j'oublie l'heure! Jamais je n'aurai mon train. Vous partez donc encore à la campagne? demanda Fabien. Mais oui, chez mes grands-parents, où se trouvent en ce moment nies parents et mon frère. Et où sont-ils? s'enquit Fabien, presque malgré lui. A Moret Oh! une jolie petite ville la maison est sur la route de la gare, avant d'arriver au Loing. Tous les dimanches, il y vient des paysagistes, mais des paysagistes connus. Connaissezvous? Oui, Moret, près de Fontainebleau. Eh bien! au revoir, Mademoiselle, et amusez-vous bien. Elle disparut dans l'escalier. Et F'abien, avec une émotion mêlée d'effroi, sentit qu'il lui serait impossible d'attendre jusqu'au lundi pour retrouver Rosie. CHAPITRE VI LES SURPRISES DU DIMANCHE Le dernier coup de la Grand'Messe appelait les fidèles à l'office quand deux cyclistes, débouchant de la route, mirent pied à terre devant le vieille église. Roger relia par une chaîne les deux machines et les remisa sous le porche. Rosie rejeta sur la nuque ses cheveux ébouriffés, se coiffa du léger chapeau de toile suspendu au guidon, et se glissa, sérieuse et recueillie, jusqu'au banc de ses parents. De son sac de cretonne, elle sortit un petit peigne, une boite à poudre, un miroir minuscule, et un paroissien mince comme un porte-cartes. Et elle s'absorba dans sa prière avec l'ardeur qu'elle apportait à tous ses actes. Les voûtes renvoyaient en échos les rugissements de l'orgue. Les paysans, venus des environs, à pieds ou dans des carrioles trainées par des mulets, et qui composaient la majeure partie de l'assistance, entonnaient les chants grégoriens en estropiant les mots latins Les quelques Parisiens en vacances à Moret et les amateurs d'art attirés vers la ville pour ses prestiges antiques accordaient seuls une attention au rétable de bois sculpté, chef d'œuvre de la Renaissance, et aux curieuses pierres tombales. Mais trois quarts d'heure de silence et d'immobilité, c'était beaucoup demander à la trépidante Rosie. Quand le portail s'ouvrit au signal donné par le bedeau, elle se hâta de rejoindre Roger qui sur la place saluait les personnes de sa connaissance. Car la station sous le port lie est une habitude, presque un rite. On se serre la main, on demande des nouvelles des absents, et l'on se plaint, suivant les circonstances, de la sécheresse ou de la pluie. Les s.iinls hgés dans les niches de pierre, coiffés de leur tiare ou de leur auréole, semblent èlre les témoins des propos qui s'échangent, et les oiseaux eux-mêmes, habitués à ces bavardages qui animent, une fuis la semaine, la place silencieuse, sautillent en confiance jusqu'aux pieds des fidèles. Comme tu as chaud, ma petite, remarqua Madame V'erley en posant sa main sur la joue encore brûlante de sa fille. Ah! Maman, cette fois, c'est bien fini, je ne sortirai plus jamais à bicyclette avec Roger! Hein! qu'est ce que tu racontes? sursauta le Saint-Cyrien, si jeune, d'allure gamine, dans son costume de toile blanche. Lorsque nous arrivons devant une côte, expliqua Rosie avec volubilité, il m'ordonne de mettre pied à terre sous prétexte que tu m'as confiée à lui et qu'il craint de me fatiguer. J'obéis, en rechignant, niais enfin, j'obéis! Je voudrais bien voir le contraire! mâchonne le jeune homme entre ses dents. J'obéis parce que je me promets de prendre ma revanche à la prochaine descente. Mais lorsque nous nous trouvons devant une pente douce et lisse, et que je me réjouis d'avance de glisser en roue libre, Roger m'ordonne de descendre parce que, dit-il, à bicyclette je me casserais le nez. Hé! hé! tu en serais bien marrie, observa Monsieur Verley, un homme de quarante-cinq environ, aux cheveux et à la barbe noirs striés de quelques fils blancs. Ça, c'est vrai, approuva la jeune fille; je tiens à mon nez et à ma figure Mais je suis assez rompue aux sports pour me permettre la joie d'une bonne descente avec la certitude de me retrouver aussi gentille en bas. Aussi gentille, releva Roger, hum! cela dépend pour qui! Pas pour ceux qui aiment les profils grecs! Rosie lança un regard noir à son frère. La grand'mère qui fermait son ombrelle sous les platanes de la route intervint: Allons, ne vous disputez pas; puisque vous vous réconciliez tout de suite après. Oh! mais cette fois c'est sérieux, affirma Rosie. Et de son pas élastique distançant le groupe, elle parvint la première auprès du grand-père qui paralysé des jambes, bornait depuis deux ans son horizon aux limites de son étroit jardin. Le facteur vient de passer, il y a une lettre pour toi, dit-il à Roger. Et moi, n'en ai-je pas? demanda Kosie avec vivacité. Et de qui? plaisanta le vieillard. De ton fiancé? Oh! si j'étais fiancée, je te l'annoncerais en premier! Je prends acte de ta promesse. Mais tu as bien le temps de penser au mariage. Tiens, et si l'on avait donné le même conseil à grand'mère quand tu voulus l'épouser? Car j'ai ouï dire que grand' mère était mariée, à mon âge? Ta grand'mère était une femme de tête. Toi, tu n'es qu'une gamine, comme les filles de ta génération. Vous ne devenez mariahles qu'à vingt-cinq ans. Je ne veux pas du bonnet de Sainte- Catherine! s'écria Rosie en bondissant vers la salle pour dresser le couvert. Elle disposa sur la table, placée dans l'embrasure de la fenêtre ouverte, les assiettes à filets d'or réservées pour le dimanche. L'air apportait l'odeur du raisin et des pêches. Rosie pensa que c'était un jour fait pour un grand bonheur. Le gigot saignant fut couché sur un lit de sauce rouge et de cresson frais. Roger entra, une lettre à la main: La lettre que j'ai reçue est de Georges Raulin qui. Rosie avala un verre d'eau pure. Madame Verley se fâcha: Rosie, tu ne fais attention à rien. Tu bois avant de manger. Tu vas te faire mal.

19 La Revue Moderne Montréal, Novembre 1 9 S S Page 10 L'HEURE Rosie reposa son verre vide sur la nappe (lui lleurait la lavande et se traita de sotte. Comment, avec ses joues brûlées par le soleil, aurait-on pu s'apercevoir qu'aux paroles de son frère elle avait rougi? Monsieur Verlcy se tourna vers son fils: Georges Kaulin < (Jue dit-il? Il m'annonce son arrivée pour "après demain"; mais comme dans sa liate il a oublié de dater sa lettre, j'ignore de quel jour exactement il s'agit. Cela n'a aucune importance, affirma Madame Verley; sa chambre est prête; il peut venir quand il voudra. Les mouches bourdonnaient dans la lumière; des guêpes attirées par les pots de confitures rôdaient autour du buffet; la torpeur de midi pesait sur la petite ville compressée entre ses remparts inutiles. La grand'mère choisissait pour sa petite tille les meilleurs morceaux, l'encourageait à satisfaire un appétit qu'elle jugeait toujours trop modéré: Prends des forces.. Ces Parisiennes, ça mange comme un oiseau? Klle admirait, sans le dire, sa petite Rosie, ses bra6 frais et son cou rond, l'élégance de son allure et l'harmonie de ses mouvements. Et Rosie buvait la vie en même temps que le vin, croquait les tartes dorées faites dans le grand four de la cuisine, heureuse de sentir intactes en elle les ardeurs de sa belle jeunesse neuve. Au café, le grand'père, un peu alourdi par ce repas copieux dont il n'avait plus l'habitude, se leva péniblement: Je vais prendre l'air au jardin. 11 sortit, appuyé sur sa canne, le buste plié, s'efforçant par un effort de volonté de se tenir aussi droit qu'autrefois. Mais le mal inflexible ankylosait les jointures, et il étouffa un cri en se laissant tomber sur le banc de pierre à l'ombre de la vigne en berceau. Un klakson troua le silence. Le vieillard qui somnolait sursauta. Faut-il être fou pour courir les routes alors qu'on est si bien chez soi' maugréa la grand'mère réfractaire au progrès. Devant les fenêtres, une torpédo découverte passa au ralenti. L'n homme enveloppé d'un pardessus de voyage tenait le volant. Ce doit être agréable, pourtant, une promenade en auto, dit Rosie, avec un regret dans les yeux et la voix. On entendit presque aussitôt les freins grincer, puis le moteur à nouveau bourdonna. L'auto apparut, venant en sens inverse, et au lieu de continuer son chemin, stoppa devant la maison. Une visite pour vous, mère? interrogea Monsieur Verley. Vous nous aviez caché vos belles relations. Le conducteur sauta à terre et enleva les lunettes qui masquaient son visage- Avant qu'il eut touché la chaine au bout de laquelle oscillait la sonnette, Rosie s'était levée, stupéfaite, étourdie: Monsieur de Kéréon! Tous firent un "Ah" de surprise et restèrent cois. Ils connaissaient de nom Monsieur de Kéréon, chef de service de leur enfant. Rosie en faisait souvent mention alors que, chaque soir, de retour du bureau, elle racontait par le menu les incidents de sa journée, comme jadis elle narrait les histoires du lycée. Mais ils ne se le représentaient pas tel qu'il apparaissait, montant comme un familier de la maison l'allée qui menait au perron: si jeune, si distingué, si élégant dans son costume de S X>rt. Et la question qui se posait à leur esprit les troublait davantage: Que vient-il faire ici? Rosie n'entrevit qu'une hypothèse: Mon Dieu, j'ai fait une erreur hier dans mon travail! Que va-t-il m'arriver? Monsieur Verley recouvra son sang froid: Il nous faut le recevoir. Nous aviserons après. Fabien pénétrait déjà dans le vestibule Dès les premiers mots, il s'acquit la sympathie générale: ; Je m'excuse de vous surprendre ainsi. Je suis parti de Paris ce matin, j'ai déjeuné à Fontainebleau, et je comptais me rendre à Nemours. M'étant trompé de route, je passais par ici lorsque je me suis souvenu que Mademoiselle était aujourd'hui à Moret avec sa famille. Je me suis permis de venir lui présenter mes respects. Monsieur et Madame Verley échangèrent un regard. Devaient-ils accepter la BREVE version du jeune homme ou voir dans cette visite imprévue un acte prémédité? Les présentation» faites et l'émoi dissipé, Fabien de Kéréon accepta avec gratitude un verre d'orangeade glacée pour rafraîchir sa gorge desséchée par la poussière des chemins, vanta le charme pittoresque du pays qu'il dit, impudemment, avoir visité, loua l'intelligence et la promptitude de sa petite secrétaire. Au grand-père revenu en hâte du jardin, poussé par cette curiosité des vieillards pour les événements, si futiles soient-ils, qui rompent le tran tran de la vie, il assura qu'un de ses oncles, frappé de paralysie, avait retrouvé sa vigueur après cinq ans d'immobilité. Au dîner, le grand-père déclara qu'il n'avait jamais rencontré d'homme plus aimable que Monsieur de Kéréon. Fabien discourait beaucoup. Il abordait des sujets personnels, disait que sa mère villégiaturait à la Baule, qu'il avait refusé de la suivre parce qu'elle s'entourait de personnes peu sympathiques, et ne parlait nullement de s'en aller. Vers trois heures, on lui fit faire le tour du propriétaire. Il visita le verger, les plantations de Rosie, et enfin, il osa, certain d'avoir par ses bonnes grâces conquis la famille, faire la proposition, motif de sa visite: Accepteriez-vous, Mademoiselle Rosie, de faire une petite promenade en auto? Et se tournant vers Roger, courtoisement, il acheva: Bien entendu, cher Monsieur, vous seriez des nôtres. Monsieur et Madame Verley hésitèrent un instant avant de consentir. Ils ignoraient comment ils devaient se comporter en la circonstance, ne connaissant pas Fabien, et redoutant de le froisser en ayant l'air de soupçonner ses intentions. Rosie, elle, battit des mains avec sa fougue coutumière. Se promener en auto! grimper les côtes sans fatigue! les descendre sans crainte! Rouler auto comme une jeune fille riche! Mets ton chapeau, conseilla la grand'mère qui ne s'habituait pas à voir sa petite-fille courir les routes tête nue. Oh! non, c'est bien plus amusant comme cela, répondit la jeune indépendante. Prenez une écharpe. Mademoiselle, il fera frais au retour, prédit Fabien. Rosie obéit et délibérément s'assit sur le siège: C'est la meilleure place, n'est-ce-pas. Monsieur? Toi. Roger, tu te mettras dans le fond Fabien, bien qu'il en brûlait d'envie, n'avait pas osé la lui proposer. L'auto s'élança sur la route. Les feuilles des arbres tachaient le sol de plaques brunes. Pour amuser Rosie, Fabien actionna bruyamment le klakson. et les volailles, sorties des basses-cours, s'enfuirent sur leurs pattes lourdes en déployant leurs ailes étriquées. Ce furent encore pour que les bonnes gens aux fenêtres vissent passer Rosie en automobile, qu'il ralentit son allure dans la Grande Rue de la ville. De chaque côté, les maisons, de style Renaissance, aux frontons décorés d'inscriptions latines, s'affaissaient sur leur hase et rentraient dans la terre; et Rosie les compara à de bonnes petites vieilles se suivant à la fille, courbées par la fatigue, au soir d'une journée de labeur. Le donjon du château, vêtu d'arabesques de lierre, et les vestiges gris des remparts, évoquaient des sphynx antiques, receleurs de secrets d'etat, fidèles à leur mission de silence Et les deux portes fortifiées, dont l'une défendait jadis l'accès du pont, découpant le ciel en arcades régulières, semblaient s'ouvrir sur l'infini. Enfin, ce fut la route, la route sans obstacle, blanche, comme passée à la chaux, élastique comme une piste. Fabien modéra la vitesse. L'auto ne vola pas, elle glissa, le long des chemins roux, dans la splendeur du jour tissé de brocart, d'or et de soie bleue. Silencieux. Fabien et Rosie, sans se le dire, sans le savoir, étaient la proie du même vertige. Jamais Fabien n'avait été si heureux. Jamais il n'avait ressenti cette joie du coeur si supérieure aux autres. 11 la regardait, sa petite compagne aux yeux brillants de plaisir, aux lèvres humides; et dans ses (Suite à la page 21) Pour l'hallow'een... et vos réceptions d'automne Evitez des frais el des ennuis inutiles en nous confiant vos: DEJEUNERS DINERS SOUPERS FINS THES ET BRIDGES Laissez-nous vos soucis de réception. Nous vous servirons chez vous ou dans nos salons. Téléphonez-nous vos commandes KERHULU DEMANDEZ NOS PRLX ET ODIAU Restauration Charcuterie Pâtisserie Bonbons fins Tél. HArbour , St-Denis MONTREAL Lisez- Toujours les plus grandes valeurs de Fourrures au Canada! FACILITES DE PAIEMENTS SI DESIREES. 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20 Paye 20 La Revue Moderne Montréal, Novembre 1 9 S o L'art de dresser la table avec harmonie L'HOTESSE MODERNE A LE GOUT DES BELLES CHOSES. SA TABLE EST LA REVELA TION DE SA PERSONNALITE AVEC UN GOUT SUR, ELLE SAIT CREER UN ENSEMBLE EXQUIS QUI MET EN BEAUTE TOUT CE QUI ORNE LA TABLE ET LUI DONNE UN :-: :-: :-: CACHET DE DISTINCTION ET D'ELEGANCE. :-: :-: :-: \\\\ E nos jours l'hôtesse choisit les accessoires de sa table aussi minutieusement et avec autant de D souci qu'elle met de tact dans le choix de ses invités. Elle ne veut pas voir sur sa table des choses qui lui déplaisent, pas plus qu'elle n'y réunirait des personnes qui l'ennuient. Tout ce qui doit faire partie du service de la table, tout ce qui doit l'orner, l'embellir, est choisi de façon à présenter un ensemble de beauté et d'harmonie, un ensemble où le choix parfait des objets donne à la table un cachet de distinction et d'élégance, attrayant l>our les invités, Hatteur pour la maîtresse de maison. Pour être aujourd'hui tout à fait dans la noie moderne, la table ne doit pas offrir le caractère d'une cérémonieuse, mais bien celui d'une simplicité de goût où ne perce aucun effort. recherche bon Elle ne doit être d'aucun style particulier, ni d'un genre affecté ou bizarre. La table qui a pour nous plus de charme, c'est celle qui emprunte à chaque époque ce qu'elle offre de plus pratique, de plus harmonieux, de plus altrayant. effet, chaque chose loiles, argenteries, verreries, porcelaine, décoration centrale tout révèle que l'hôtesse a étudié l'art de dresser la table, En et que chaque accessoire a été choisi avec un goflt sur, soit pour sa beauté d'objet antique, soit pour sa gracieuse adaptation aux exigences du service. Un tel ensemble prouve l'amour de la beauté chez la maîtresse de maison, son goût personnel. Ainsi, une hôtesse peut, par exemple, choisir une nappe de toile damassée blanche ou ivoire, ou si le damassé ne lui plait pas, une nappe de dentelle ou une combinaison de toile et de dentelle, comme celle de notre illustration. Cette nappe est un fond charmant de beauté classique, sur lequel il n'est pas difficile de disposer un joli surtout. Des roses aux tons chauds suffisent à son bel effet. C'est simple, sobre et délicieusement décoratif. Dans leurs riches nuances: ivoire, soufre, rose, rouge, les roses peuvent s'harmoniser avec tous les services. Il n'est pas nécessaire que les chandeliers soient hauts, bien qu'ils soient plus jolis pas trop bas. La plupart des maîtresses de maison préfèrent aujourd'hui le genre candélabre à deux ou trois branches au simple chandelier. La lumière en est plus agréable. Les chandelles doivent être blanches ou ivoire pâle. Les beaux verres en cristal de roche, toujours à la mode, prêtent leur éclat à l'élégance de la table, et les couverts d'argent, les beaux vieux couverts anciens, ont ici une place qui les met en valeur. Celles qui comptent ces vieilles choses dans leur héritage, possèdent une richesse inestimable. Elles s'adaptent au service le plus simple comme au service de cérémonie. Ces trésors de famille conservent leur cachet île distinction dans le dessin, dans la forme; un cachet que le temps accentue et qui rehausse superbement la table qu'ils ornent. Le vieil argent français et le vieil argent anglais parlent éloquemment des artisans qui ont créé les dessins exquis qu'on retrouve aujourd'hui fidèlement copiés flans les modèles modernes. Aussi avons-nous l'avantage de choisir parmi les reproductions, un des vieux dessins, celui qui, croyonsnous, donnera le plus de relief à l'élégance de notre table Il y a des couteaux et des fourchettes pour le diner et le lunch comme ceux que nous voyons dans cette page. La question des longs manches a presque révolutionné le monde lorsque, il y a quelques années, ce genre d'ustensiles fut introduit. Il fallait vraiment de la bravoure à une hôtesse pour l'adopter. Mais on s'y est habitué, et on trouve maintenant que leur forme est de proportion parfaite. La lame du couteau et les dents de la fourchette ont bien la longueur voulue pour celle du manche qui est ainsi bien balancé, et d'un usage finiforluhle. Prendre le café au vivoir, termine agréablement le dîner. Tout est disposé simplement, mais on sent que la maîtresse de maison y a imprimé un cachet personnel. La gracieuse hôtesse n'a plus qu'à servir le délicieux café, la crème et le sucre dans de jolies tasses blanches, et à offrir les pastilles de menthe qui font maintenant partie du'service. (Cuurlolnlo du DeUneator)

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