Gagner la paix. Pascal COLIN

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3 Gagner la paix \ Ils étaient deux amis qui refusaient la haine. En Irlande du Nord, pour un pot pris ensemble dans un pub, ils sont morts. L'un était catholique, l'autre protestant et les extrémistes des deux camps refusaient qu'ils puissent boire une bière côte à côte. Une bombe a explosé dans ce bar, au seul motif que le refus du mépris de l'autre était inacceptable pour ceux dont la guerre est un chemin de Vie. Ils étaient deux amis qui refusaient la haine. Leur amitié, leur refus de la peur était un signe de paix et de réconciliation. Refuser la haine Le 22 mai a eu lieu en Irlande du Nord un référendum dont l'objet était de trouver une solution politique au conflit qui ensanglante depuis des décennies cette partie de l'europe. Gagner la Paix est toujours plus difficile à réaliser que de se déclarer la guerre. «Heureux les artisans de paix». Comment ne pas s'associer par la pensée à tous ceux et celles qui en Irlande du Nord luttent et prient pour que ce référendum pour la paix soit un succès. C'était à Montpellier il y a quelques mois. Une chômeuse devenue SDF à cause de sa situation ne possédait plus que quelques meubles et une télévision. Comme cette personne devait de l'argent à sa banque, un huissier de justice venait de saisir ses derniers meubles pour les mettre en vente. vente. Sans rien savoir de ce qui se préparait, un commissaire-priseur était en train d'organiser sa prochaine vente aux enchères publiques. Les meubles et la télévision de notre chômeuse devaient être mis aux enchères. Le commissaire priseur prit la parole et expliqua la situation de la vendeuse et dit : «Mise en vente cent francs, une fois, deux fois, trois fois..., personne ne dit mieux, c'est moi qui achète!». Le commissaire venait de faire comprendre à tous les acheteurs présents qu'il achetait les meubles pour les redonner à son propriétaire. Interloqués : les acheteurs, le collectif de chômeurs médusés, acceptaient cet acte de générosité. Â la fin de la vente notre commissaire-priseur quitta très discrètement la salle des ventes afin de ne pas rencontrer les journalistes qui étaient venus avec le collectif des chômeurs, «Il y a plus de joie à donner qu'à recevoir». Dans une société où l'exclusion progresse chaque jour, il est toujours réjouissant de savoir que des hommes, des femmes sont capables chacun à leur façon de poser des actes de justice et de générosité. «Seigneur fais de nous des artisans d'amour, Seigneur fais de nous des artisans de paix, des artisans de joie». Même la nuit le soleil continue de briller. Là où nous sommes, nous pouvons tous être des signes de paix et de réconciliation à l'image de Celui qui nous a aimés le premier. Pascal COLIN Un commissaire au grand cœur Alerté sur sa situation, un collectif de chômeurs se mobilisa pour empêcher cette

4 un style de vi Téléphone portable ou pas? Je ne sais pas pour vous, mais pour moi la question se pose. La tentation est forte : pouvoir communiquer instantanément avec le monde entier, quelle joie, quelle chance! Mais c'est cher... Aujourd'hui, nous vous proposons une communication avec Dieu... gratuite! La prière, «respiration de l'âme», ai-je lu quelque part, ne s'enferme pas facilement dans des définitions, des schémas, des modèles. Les quelques pages qui suivent n'y prétendent pas. Notre seule ambition est que chacun de nos lecteurs y pioche un petit quelque chose. Une envie, un désir apéritif de se tourner vers cette drôle de chose impalpable que l'on appelle prière. Une démarche pas évidente dans un monde si matérialiste... Ou bien, avancer dans la rencontre avec Jésus-Christ et son Père, en essayant l'une ou l'autre des pistes proposées avec je crois une grande clarté... et en toute humilité. Ou encore, se lancer dans un «cœur à cœur avec Dieu», comme le propose le texte qui commence ce dossier. Pourquoi pas? Le mot d'intercession revient plusieurs fois dans les pages suivantes. Ce n'est pas un hasard : la solidarité s'exprime en effet dans le concret des actes, mais aussi dans le «concret» de la prière les uns pour les autres. Dans cet Esprit, sans vouloir choquer ceux qui n'y croient pas (pas encore?) et qui liront ces lignes, je voudrais tout simplement prier pour vous lecteurs : que le Christ inspire votre regard et vos pensées, et renouvelle votre prière! Yves DESBORDES Rédacteur en chef N.B. : Â la suite de la lecture de ces pages, écrivez-nous (par écrit ou message électronique). Nous serons heureux de connaître vos réactions à ce dossier I

5 Un cœur a cœur vec Dieu risitte nous dit comment elle entre dans la prière et comment elle passe de l'écoute à l'intérieur II y a quinze ans, j'étais dans une situation extrêmement difficile au niveau de ma vie de couple. De fait, je ne savais pas trop ce qu'était un vrai couple. C'est alors que j'ai rencontré des chrétiens que je trouvais rayonnants et desquels émanaient paix et sérénité. Je me suis alors sentie fortement interpellée. Ces chrétiens m'ont donné leur témoignage et, à partir de là, j'ai commencé à me poser des questions. Cette période a duré six mois et puis j'ai donné ma vie à Dieu. J'ai alors reçu une profonde révélation de l'amour du Père. Je me suis mise à lire la Bible avec passion. Et à travers cette lecture de la Parole, Dieu me parlait. Je réalisais qui j'étais vraiment et combien j'avais profondément besoin de guérison. Tout un travail de repentance s'est alors effectué qui a duré plusieurs mois et, en parallèle. Dieu a commencé à me guérir par les paroles que je recevais et dont je réalisais qu'elles m'étaient destinées. Ainsi, en lisant la Bible, en recevant la Parole de Dieu, je me suis mise à prier. J'ai eu ensuite l'occasion d'entrer dans un groupe de prière et assez rapidement de participer à son animation. Pour la préparation des réunions. Je me suis progressivement mise à passer du temps à l'écoute de Dieu et à chercher sa direction pour le groupe. Je recevais des orientations dans la prière qui étaient souvent confirmées par d'autres personnes. Nous vivions des exaucements formidables ; beaucoup de personnes se convertissaient dans notre groupe et vivaient des guérisons profondes notamment par le biais de paroles de connaissance.* Tout cela m'a confortée dans ma soif de passer du temps avec le Seigneur. Par la suite, il y a eu dans ma vie passages des à vide mais ce que j'ai vécu et reçu lors de ma conversion et dans ce groupe de prière m'a profondément marquée et a fortement enraciné en moi cette envie de vivre un cœur à cœur avec mon Dieu. Une relation d'amour Aujourd'hui encore ce que j'ai vécu dans les premiers temps de ma conversion continue à m'animer. Il y a ce désir fort en moi de prier. C'est une vraie passion I Je me sens attirée, appelée à entrer dans une relation d'amour avec Dieu, avec Jésus. Cependant je dispose de beaucoup moins de temps aujourd'hui qu'il y a quinze ans car j'exerce une activité professionnelle. Cela me frustre beaucoup aussi je cherche à m'organiser. Je prie un peu le matin, dans la voiture, en allant au travail mais j'essaye surtout de passer du temps avec le Seigneur le soir. À mon sens, pour entrer dans la prière, il y a plusieurs étapes. Prier c'est chercher entrer en contact avec Dieu et, pour ce faire, il y a un préambule que j'appelle «travail de séparation» qui est semblable à celui qui est relaté dans le premier chapitre de la Genèse, chapitre au travers duquel Dieu m'a parlé précisément de la prière ; pour pouvoir véritablement entrer dans l'intimité avec Dieu, de même qu'il a séparé la lumière des ténèbres, je suis amenée à faire en moi un travail de séparation entre ce qui est vraiment de Dieu et ce qui ne l'est pas. Je suis ainsi conduite, suivant le cas, à entrer dans l'action de grâce et la louange à ou, a contrario, à confesser mes péchés et demander qu'il change mon cœur. Pour ce faire. Je dois laisser de côté un certain nombre de préoccupations, me concentrer sur Dieu seul. Il m'arrive ainsi de me mettre en condition en écoutant de la musique et notamment de la musique classique qui suscite souvent en moi cet élan vers Dieu et m'incite à prier. Après ce temps de préparation. Je me concentre sur la personne de Jésus et je me tiens dans sa présence. Je peux ainsi rester un long moment simplement là, dans cette attente de Lui, jusqu'à ce que je sois dans sa présence sainte. C'est alors que Je reçois des pensées qui le plus souvent me conduisent à lire un passage dans la Bible. Quand cela m'arrive c'est comme si mes yeux intérieurs s'ouvraient. Je suis dans sa présence et J'ai l'impression de comprendre sa pensée, c'est extrêmement ténu et fort en même temps. J'essaie de me laisser conduire au travers des passages de la Bible comme si je suivais un fil d'ariane. Je demande à Dieu ce qu'il veut me dire à travers ces passages. Parfois je comprends tout de suite, parfois plusieurs jours sont nécessaires, voire plusieurs mois. Si rien ne se passe, je procède alors à la lecture de la Parole. Actuellement j'essaie d'avoir une lecture suivie. Chaque jour, si J'arrive à dégager suffisamment de temps. Je lis en parallèle un passage d'un livre historique, d'un livre prophétique, d'un livre poétique dans l'ancien Testament, d'un évangile et d'une épître dans le Nouveau Testament.

6 L'intercession Pour moi, l'intercession passe par ce temps d'écoute afin de recevoir la pensée de Dieu pour tel ou tel sujet ou telle personne. C'est beaucoup plus passionnant que de tout simplement prier en suivant mes propres idées. Ainsi lorsque je prie pour quelqu'un je me concentre d'abord sur cette personne et je la présente à Dieu, Je Lui demande de me montrer comment prier pour elle et j'attends dans sa présence. Parfois, je reçois des intuitions. J'essaie de suivre la pensée de Dieu pour cette personne afin qu'il me conduise dans la prière à son sujet. Par exemple, il y a quelques temps, j'ai reçu une exfiortation pour une association chrétienne que j'ai d'abord écrite puis communiquée aux responsables. Cela m'a beaucoup encouragée d'apprendre ensuite que cela les avait aidés. Cette forme d'intercession est passionnante mais nécessite beaucoup de temps et j'en manque trop souvent.,, Aussi afin de ne pas omettre certains sujets, j'ai établi, depuis des années, un planning de prière. Par exemple, le lundi je prie pour mon travail et mon groupe de prière, le mardi pour Paris et la région, le mercredi pour ma famille, le jeudi pour les amis et les serviteurs de Dieu, le vendredi pour les conversions et les nations,.. Persévérance Récemment, le Seigneur m'a conduite vers un passage d'osée (ch. 2, 16 à 25) qui commence par : «C'est pourquoi, voici. Je veux l'attirer et la conduire au désert et là Je parlerai à son cœur,..» Ce texte me parle très fort. Je le reçois comme une promesse que Dieu veut m'emmener plus loin encore dans ma relation avec Lui, dans ce formidable cœur à cœur avec Lui dont j'ai tellement soif! Pourtant, il est tellement facile de perdre cette relation de cœur à cœur ; cela tient à si peu de choses. Il y a des périodes où J'ai l'impression que rien ne se passe. C'est alors très dur de persévérer et cela demande une discipline rigoureuse et de la régularité. J'ai des échecs bien sûr mais ces périodes ardues ne pèsent plus lorsque Je me remémore tout ce que J'ai reçu. Et, quand J'entre enfin dans sa présence. Je suis comme la fiancée du Cantique des Cantiques qui s'écrie ; «C'est la voix de mon bien-aimé! Le voici, il vient... Mon aimé est à moi et Je suis à lui... Viens mon bien-aimé sortons dans les champs,,. Là je te donnerai mon amour...» Brigitte Hugues-Pons Paris (75 * Cf. : 2ème épître aux Corinthiens ch. 12,8. 1 ITINÉRAIRE de lecture I Lorsque J'ai commencé à prier, un livre m'a beaucoup marquée : «Si tu savais le feu de la prière» (éd. Pneumathèque). L'auteur, un prêtre, Pierre M Soubeyran, y donne son témoignage ; il décrit IwH iprière avec des mots très justes qui font écho à ce que je ressens. Qu'est-ce que la prière? Comment est-ce que cela se passe en nous? J'ai relu ce livre plusieurs fois. Son titre me parle aussi beaucoup. Pour moi, le mot «feu» est très évocateur de la prière que je vis comme une passion, un désir, un appel pressant. À la même époque, dans les débuts, j'ai lu aussi un livre intitulé «La prière retrouvée» {éd. Foi Vivante). Un aumônier, Pierre Gilbert, nous explique comment il a réappris à prier. Par la suite, j'ai lu de nombreux ouvrages sur la prière. «. Je me souviens de a Lrp-r;e au cœur de la vie» écrit par un frère de Taizé, Pierre Yves Emery. Ce livre évoque la prière dans ses différentes formes et explique notamment ce qu'est «la prière du cœur» ; cette forme de prière intrqduite par les Pères de l'église m'interroge et m'interpelle tout à la fois. * J'aime aussi particulièrement les livres de ColïnNi^ Urquhart. J'en citerai deux : «Tout ce que vou^ demanderez eu mon nom» et «Écoutez et vous vivrez» (éd. Pneumathèque). Ces ouvrages nous ^ permettent de nous appuyer sur les textes bibliques dans la prière. Le second comporte des commentaires sur les versets de la Parole. Ces méditations peuvent apporter un soutien. Quant à moi, j'apprécie tout particulièrement ^< Tout pour qu 'Il règne» (éd. LLB). Ce sont des méditations quotidiennes proposées par Oswald Chambers, à partir d'un verset de la Bible. Enfin, il y a un an, j'ai lu le livre de Leanne Payne : «La prière d'écoute» (éd. Raphaël). C'est pour moi un livre majeur qui décrit bien les étapes pour entrer dans la présence de Dieu. Il est vraiment fondé sur la Parole et donne des conseils pratiques qui peuvent notamment nous permettre d'éviter des erreurs. Je m'y reporte souvent. Je citerai pour terminer quelques autres ouvrages tout à fait intéressants : «Prier, intercéder, combattre» de Raout Mazel (étl. Oberlin), «Ne pouvez-vous veiller une heure avec moi?» de Larry Lea (éd. Ménor), «En piste, prier c'est passionnant» de P.Y. Pasquier (éd. LLB), «Cette violence d^ahandon qu'est lu prière» de Pierre Janton (éd. Desclée de Brouwer),

7 L a prière c'est s'adresser à Dieu. C'est un moyen de communication vraiment extraordinaire. Autrefois nous avions la crainte respectueuse de Dieu mais pas la connaissance. Nos prières n'étaient que monologues, paroles répétées, «lancées vers le Haut», sans savoir ce qu'elles devenaient, même dans les situations difficiles. Avant une intervention chirurgicale de Christophe, notre fils handicapé, nous étions allés nous mettre à genoux à la chapelle de la clinique : Dieu a vu les dispositions de nos coeurs et a béni Christophe malgré une foi peu éclairée. En 1968, nous avons découvert un Dieu vivant, un Seigneur ressuscité qui entend et est tout puissant pour nous répondre. Notre vie spirituelle a Entre les mains de Dieu Marthe et Robert nous font part de 30 ans d'expérience totalement changé. Nous Lui avons confié pleinement nos vies. Une relation nouvelle s'est établie. Dieu se révélait à nous comme un Père. Nous étions comme des petits enfants demandant constamment à leur papa... et II nous répondait I Nous découvrions aussi la Parole de Dieu, la Bible et les promesses de Dieu si nombreuses. «Quand un malheureux crie, l'éternel entend et II le délivre de toutes ses détresses», Ah! ce beau Psaume qui a le numéro de notre département! Dans les petites choses Que de «petites» interventions divines dans notre vie nouvelle I On se souvient d'un trousseau de clés perdu par les enfants dans un champ en friches, près de notre immeuble : prière avec eux sur notre palier du troisième étage, après avoir cherché en vain. «Seigneur, qu'allons-nous faire?» Nouvelle tentative de recherche. Il commençait à faire nuit! En quelques instants, le trousseau a brillé dans le rayon de la lampe de poche. Marthe, seule avec les trois enfants Jeunes, devant son évier bouché ; «Seigneur, que faire?...» Coup de sonnette, un ami plombier : «Bonjour, vous n'avez besoin de rien?» Hasard, coïncidence. Dieu «distributeur de bénédictions» sur commande? - Oh non I Dieu d'amour tout puissant qui voulait se révéler à nos cœurs comme un Père. Comme dans les grandes Nous avons réalisé la portée de la prière qui n'est ni une récompense à nos mérites, ni un devoir {tu réciteras dix fois... etc). Deux faits nous ont particulièrement marqués à cette époque. Notre fils Christophe, handicapé psychomoteur profond, était dans un fauteuil roulant d'infirme. Des personnes rencontrées en vacances nous ont parlé de Jésus et nous ont invité à aller dans une église évangélique. Nous portions Christophe dans nos bras, dimanche après dimanche, en demandant la prière pour lui. Un jour, nous avons dit ; Dieu a vu et entendu ces prières, alors on ne va plus demander, on va attendre sa réponse, en lui abandonnant ce fardeau. Quelques temps après, dans l'église, à la fin d'une réunion, Christophe avait huit ans, je le soutenais sous les bras (il ne se tenait pas debout et ses petites jambes ne le portaient pas). Tout à coup, il m'a échappé et a fait une quinzaine de mètres tout seul. Quelle émotion, quelle Joie,,, Depuis il marche et a fait bien d'autres progrès. Il a maintenant trente six ans. Cette même année. Dieu nous a fait cadeau d'un quatrième enfant, Daniel, et deux ans après d'un cinquième, Jean, alors que depuis huit ans cela était impossible. L'année suivante, nous étions en camping, nous avions parlé de Jésus à une étudiante en vacances. Elle est venue un jour nous dire que, dans une caravane d'allemands, un enfant de dix-huit mois était malade, beaucoup de fièvre, des parents très inquiets car ils avaient déjà perdu un enfant en bas âge. Le médecin avait dit de l'appeler dans la nuit en cas d'urgence. L'étudiante nous conduisit auprès de ces parents pour prier (nous ne parlions pas l'allemand). Nous nous sommes mis à genoux dans la caravane, c'était la première que nous allions prier pour quelqu'un... Le lendemain après-midi, le père tenant l'enfant par la main et tout Joyeux nous fit comprendre que (suite page 14) Mars Avril Mai 1998

8 Tel que je suis Lorsqu'une personnalité se libère, la prière devient relation avec Dieu«A l'âge de six ans, j'ai véritablement été touché par l'amour de Jésus. Les années ont passé- Deux personnes se sont développées en moi : la personne qui fait le mal et qui n'arrive pas à lutter contre, c'est-à-dire la personne esclave, et puis la personne qui aime Dieu et qui est toujours partante pour le servir mais cette personne souffrait. Comme j'idéalisais beaucoup les adultes autour de moi. J'en concluais que personne ne pouvait me comprendre. J'aurais eu besoin de quelqu'un qui me parle, qui me dise comment un jeune homme se développe. Faute d'un véritable enseignement, je me suis retrouvé seul, seul avec mes problèmes, seul avec ma vie intérieure. J'ai grandi dans cette situation. J'ai développé une vie extérieure puisque l'intérieure était sans espoir pour moi. Extérieurement, j'étais un enfant sage, facile, obéissant et je voyais que c'était un bon moyen de me faire accepter de mes parents. Et comme j'ai toujours entendu qu'il fallait mettre ses talents au service de Dieu, je pensais que pour plaire à Dieu il fallait faire (lire la Bible, prier, faire des bonnes œuvres etc.) pour être un bon chrétien, alors que l'enseignement de Jésus est basé sur le fait de bâtir son identité en Lui et en Lui seul. J'ai développé mon talent de bricoleur pour les autres. J'ai vite constaté que cela plaisait aux gens. Donc j'ai compris que pour se faire aimer il fallait être prêt à rendre service et refouler ses douleurs intérieures. Ainsi à dix-huit ans. je ne me connaissais pas du tout. J'étais complètement aveugle sur mot-même. Pourtant je n'avais pas été rejeté ou mal traité dans ma famille. Quelque part, mes parents étaient tellement fiers de moi que je me suis focalisé sur l'image qu'ils me renvoyaient. Cette image contribuait à me donner de l'assurance. C'est un peu comme l'histoire de Joseph, dans la Genèse, qui était adulé par son père Jacob. Je me disais : «je ne suis pas si mauvais, j'ai des qualités, j'y arriverai». À l'époque, j'étais sur un piédestal et je ne me sentais pas prêt à en descendre. J'étais emprisonné par l'image que je montrais. Une rencontre inattendue À dix-neuf ans, alors que je ne m'y attendais pas, je suis tombé amoureux d'une jeune fille. Il y a eu un tiraillement intérieur en moi car j'avais l'habitude de refouler tous mes sentiments. J'ai donc eu des difficultés pour lut exprimer mon amour. Surtout J'avais perdu tout espoir de pouvoir apporter le bonheur à quelqu'un. Je me disais : «règle d'abord tes problèmes avant de la fréquenter». Mais comment régler mes problèmes? J'avais tout essayé et échoué. En même temps, quand on aime intensément et qu'on se sent aimé, on reprend espoir. Nous nous sommes mariés en mai Comme je ne lui montrai pratiquement que mes qualités, elle m'a beaucoup idéalisé.

9 En février 1993, je suis devenu papa d'un petit garçon. Trois ans plus tard, notre deuxième fils est né. Dès la première naissance, j'avais tout pour être heureux : une femme merveilleuse que j'aimais et qui m'aimait, un enfant en bonne santé. Mais les mois passaient et je constatais que la santé de ma femme se dégradait et qu'elle rentrait dans une profonde déprime. Ce fut une très grande épreuve pour moi. Je réalisais que par mon manque d'authenticité, j'étais la cause de sa déprime : elle ne voulait pas un mari rempli de mystères qui garde son jardin secret. Elle était complètement insécurisée parce que derrière ma carapace j'étais insaisissable. Je sombrais moi aussi. Heureusement le «bon Berger» veulait sur nous. J'étais à point pour le sauvetage. J'avais tant essayé par mes propres forces etj'étais épuisé. Crise et libération À cette période, ma femme travaillait dans un collège chrétien. Lors d'une discussion avec un missionnaire canadien. Don Freeman, elle lui confia qu'il m'arnvait de pleurer sans raison apparente et qu'elle n'avait pas l'habitude de me voir ainsi. Cet homme fut touché et proposa à ma femme de me contacter pour me voir. J'ai donc eu un entretien avec lui alors que le connaissais à peine. A ma grande surprise, j'ai découvert un homme qui ne se cachait pas derrière ses connaissances bibliques ou qui appliquait une technique de relation d'aide. Mais au fur et à mesure de la discussion, je sentais son désir de me connaître véritablement. Je parlais de choses et d'autres et lui me poussait avec amour et respect à m'ouvrir. Il essayait de me faire comprendre que tout mon cœur l'intéressait et pas seulement le Philippe présentable. C'est avec une lutte et un grand déchirement que je commençais à m'ouvrir. J'ai pu enfin parler sans ressentir de rejet et lui apporter mon côté noir, ce côté que je cachais depuis si longtemps. Ce premier entretien m'a rempli d'espoir. Dans le passé, mes discussions avec d'autres pasteurs n'avaient pas débouché sur un véritable dialogue. Lui, il ne me disait pas : «je vais te donner un verset : prie et cela ira mieux». Il m'a laissé parler et j'ai senti qu'il m'aimait avant tout. À travers lui, j'ai vu l'amour de Jésus. C'est ce qui m'a touché et qui m'a permis de m'ouvrir. À partir de là, j'ai pu sortir de mon retranchement, descendre de mon trône. J'ai compris, dans cette expérience, que le «non dit» détruisait l'être intérieur. Cet homme était passé par une libération Intérieure, Rien ne l'offusquait. Avec lui, il n'y avait pas de recette toute faite. Il me laissait libre. Quand je lui disais : << J'ai découvert cela», il me disait : " oui, je savais» - «mais pourquoi tu ne me l'as pas dit» - k parce que tu ne l'aurais pas compris. Tu n'étais pas prêt». Avec son aide, j'ai pu vivre un combat intérieur face aux habitudes que j'avais acquises. Il m'a parlé de Jésus qui était mort pour moi et qui avait tout accompli. Le pouvoir de l'ennemi était vraiment anéanti. Il revenait souvent làdessus. Don Freeman voulait développer l'authenticité dans les relations entre chrétiens : «si vous n'êtes pas vraiment disciples de Jésus, vous ne serez pas capables d'accueillir de nouveaux convertis». Il a ainsi organisé des rencontres pour les hommes de l'église. Son enseignement était décapant. J'ai découvert qu'il y avait 90 % des frères de l'église qui avaient pas mal de problèmes. Cela m'a surpris et attristé. Nous avons commencé à dialoguer. Nous avons appris à aimer l'autre tel qu'il est, un être souvent blessé, et non sa façade. Ces moments ont été très intenses. Lors d'une réunion, un frère qui ne connaissait pas mon histoire m'a dit : " tu as été bloqué. Tu n'as pas pu être toi-même». Et puis, il a prié pour moi. D'un coup, j'ai senti l'amour de Dieu et j'ai commencé à pleurer. Le vase rempli de larmes accumulées pendant tant d'années s'est brisé. Le Père céleste m'a consolé. À partir de ce jour, j'ai commencé à découvrir qui j'étais réellement ; le petit enfant qui était en moi pouvait enfin sortir des oubliettes. Par la suite,'don est parti et je me suis retrouvé seul. J'ai poursuivi mon cheminement dans les moments que je passe en voiture au cours de déplacements pour mon travail. J'ai écouté alors de nombreuses cassettes traitant du brisement intérieur. Certaines m'ont rappelé des épisodes de mon adolescence. Dieu me les a montrés pour que je sois guéri. J'ai vécu aussi dans la louange ; une cassette «Asaph 4» m'a fait beaucoup de bien parce que certains chants poussent à s'ouvrir à l'amour de Jésus. Parce que j'avais maintenant un cœur sensible, j'ai pu connaître de nouvelles guérisons intérieures. Peu à peu. Dieu a commencé à m'apprivoiser. J'ai choisi de me laisser faire. Dieu m'a apprivoisé tout doucement. Aujourd'hui, j'agis non par devoir religieux mais parce que je L'aime. Martine a vu toute cette évolution. Au début, face à mes états d'âme, elle était un peu sceptique. Qu'est-ce qui se passe! Tout cela la bousculait. Et puis, elle voit maintenant ce qu'il en est et que mon nouveau comportement est durable. Elle a commencé à parler, à s'ouvrir. Elle a trouvé des oreilles qui l'écoutent et surtout un mari libre d'aimer. Priez sans cesse Avant mon changement, il y avait dans ma journée un temps pour Dieu et, quelque part sans m'en rendre compte, un temps sans Dieu... Je passais un moment à prier, à lire ma bible et puis je plongeais dans la vie active. Je cheminais tout seul. Maintenant c'est totalement différent. La prière dure toute la journée. Pour moi c'est un dialogue avec Dieu : des questions, des réponses, des méditations par rapport à la Parole. J'ai appris à remettre mes problèmes au Seigneur, à me décharger sur Lui. Dès que je vois une question qui me dépasse, je dis à Dieu : «Tu vois, je suis un petit bonhomme. Je suis limité à tout point de vue. Toi, Tu es grand et je Te remets cette situation». Ma prière était plutôt orientée sur les problèmes de la vie extérieure alors que maintenant ma prière est basée en premier sur mon être intérieur. J'ai un regard différent sur les premières paroles du Notre Père. «Au début de cette journée, que ton nom soit sanctifié déjà dans mes pensées et pas seulement par ce que je vis extérieurement. Que ton règne vienne dans mon cœur, mon âme et mon esprit. Que ta volonté soit faite en moi», Si ces trois bases ne sont pas établies en moi, je porterai peu de fruits, je ferai tout par moi-même et je m'épuiserai. Je demande à Dieu qu'il m'apprenne à changer d'état d'esprit par rapport aux situations qui se présentent. Ma vie intérieure ne doit pas dépendre des événements : «Si Dieu est pour moi qui sera contre moi». Je ne dois plus considérer les situations difficiles comme un ennemi mais comme une occasion d'aimer. Et pour cela j'ai besoin de l'amour de Jésus. I Je réalise que Jésus aime que ^ je Lui exprime ma pauvreté spirituelle, ma petitesse face à sa grandeur. Je crie au Seigneur et je vols qu'il répond. Il répond à ma demande. Il me donne de l'amour, de la joie et sa paix. Auparavant je priais tout en cherchant la solution dans mes propres forces et je limitais Dieu dans son action. Maintenant, c'est différent. Je suis appelé à Lui faire confiance. Même si je ne vois rien tout de suite, je sais que Jésus est tout-puissant. Désormais, ma pnère est un dialogue permanent avec mon Père Céleste. Philippe Molla Mulhouse (68) 9 Mars Avril Mai 1998

10 voies e I esprit Recevoir l'amour de Dieu, c'est aussi être rempli d'amour pour les autres* Cette réalité suscite l'intercession* 10 Mars Avri 1 Mai 1998 J'ai fait des études de littérature française en Corée (1). J'ai ensuite décidé de poursuivre mon cursus universitaire en France dans le domaine des sciences de la communicadon. J'avais vécu jusque-là dans une famille unie, pratiquant sa foi cfirétienne. Je me suis retrouvée en France dans un tout autre contexte. En terre étrangère Mes cours ont commencé en novembre Je me suis aperçue que je ne comprenais absolument rien. Je n'étais pas portée par l'ambiance de la faculté et, en dehors d'une amie coréenne, je me trouvais totalement seule. J'ai essayé d'aller dans des églises françaises le dimanche mais je ne m'y suis pas sentie à l'aise. C'était l'hiver. J'ai commencé à déprimer. Je cherchais à fuir mon existence. Au lieu d'aller aux cours j'allais beaucoup au cinéma mais je retrouvais la réalité à la some. Mol qui n'avais jamais fumé, j'ai touché aux cigarettes avec mon amie coréenne qui partageait les mêmes difficultés. En Corée, quand on part faire des études prolongées à l'étranger, c'est pour revenir meilleur, plus compétent, capable de servir la société. Mes parents nous avaient élevés dans une totale confiance et je savais que ma famille croyait en moi. Et voilà, moi qui avais été une bonne étudiante, pour la première fois, je me trouvais dans un échec complet. Si j'avais construit une image de moi, je vivais la destruction de cette image. J'ai commencé à éprouver une envie de suicide. Cette tentation ne me quittait pas. Une vie nouvelle Un jour, dans ma petite chambre étouffante, je pensais à tout cela et une vague d'angoisse m'a envahie. Ce soirlà, cette angoisse s'est portée sur mon cœur. Celui-ci a commencé à battre très, très fort. Et en même temps, j'ai vu la mort arriver. En quelques minutes, de multiples souvenirs sont remontés. J'ai commencé à pleurer sur ma mort. J'avais vraiment du mal à respirer et je sentais une douleur dans la région de mon cœur. Lorsque j'ai quitté mon pays, ma mère m'avait donné une Bible recouverte en cuir rouge. Entre temps, je ne l'avais jamais consultée. Soudain, avec une force que je ne comprends pas, j'ai tendu le bras pour saisir ce livre. Je l'ai ouvert et je suis tombée sur le psaume 27. J'en ai lu un passage à haute voix, ce dont je n'avais pas l'habitude. «Éternel, écoute ma voix, je T'invoque Aie pitié de moi et exauce-moi Mon cœur dit de ta part : ^ cherche ma face Je cherche ta face, ô Étemel, Ne me cache pas ta face Ne repousse avec colère ton serviteur Viens à mon secours. Ne me laisse pas. Ne m'abandonne pas. Dieu de mon salut». C'était mon cri. Un sanglot est monté du plus profond de moi. J'ai commencé à pleurer. En même temps, en un Instant, tout s'est éclairé. J'ai tout compris. Je vivais cette mort parce que je m'étais éloignée de Dieu. Je devais revenir vers Lui. Et en même temps, je savais que c'était Lui qui descendait vers moi dans l'abîme de la mort. Il m'a tendu la main et II m'a relevée. Je me suis mise à transpirer. Si je pleurais de tout mon cœur, mes pleurs étaient ceux de la repentance. En même temps, je ressentais une paix qui m'enveloppait et, pour la première fols de ma vie, l'amour de Dieu a touché mon cœur. Maintenant, tout était clair. J'étais devenue une personne nouvelle. À partir de là, la situation a commencé à changer rapidement. J'ai été invitée dans une église coréenne où j'ai trouvé des sœurs qui m'entraînaient, qui m'aimaient, qui étaient là pour me guider. À l'université, j'ai commencé à reprendre les cours et je me suis mise à rattraper le temps perdu. L'œuvre de l'esprit Dans l'église que je commençais à fréquenter, j'ai découvert des réalités merveilleuses que je n'avais pas connues jusque-là. La plupart des membres de cette église étaient des étudiants comme moi mais je les voyais épanouis. Ils marchaient avec l'éternel. Dans les réunions de prière, il y avait une grande ferveur, une grande solidarité. J'y ressentais la présence de Dieu. Cette impression était très forte. La prière était d'une grande intensité. Les participants avaient une façon de prier différente de moi. En particulier, ils priaient tous en langues*. Je savais ce que c'était parce que ma mère priait aussi en langues. Cependant, au départ, je n'ai pas voulu accepter qu'il y ait là quelque chose à apprendre. Avec le temps, au travers des études bibliques, j'ai compris la puissance du Saint-Esprit et la portée de la prière. J'ai commencé à avoir envie de connaître cette nouvelle dimension. Quand je priais, c'était avec des mots. Et avec des mots, je ne pouvais pas prier plus de dix minutes. Je n'arrivais pas à persévérer dans la prière tandis que les autres priaient longtemps et avec intensité. Jusque-là je n'avais prié que pour des sujets me concernant, les examens par exemple. Une sœur de l'église à laquelle je m'étais confiée m'a dit : «Moi aussi, j'étais comme toi. Mais depuis le baptême de l'esprit, je peux prier constamment». J'ai voulu connaître ce que les autres vivaient et je me suis décidée à rechercher cette bénédiction. Il y avait juste à ce moment-là un cycle de réunions de prière pendant vingt et un jours de suite, appelée prière de Daniel en référence avec le passage de la Bible**. Chaque soir, il y avait une réunion guidée et, après celle-ci, beaucoup restaient, priant d'une façon très libre, intercédant les uns pour les autres et restant ainsi pendant longtemps dans une communion très profonde. Au début, j'avais envie de partir car ceci me dépassait mais la leader du groupe m'invitait : «Tu ne veux pas rester avec nous prier encore un peu? Il Alors je restais.

11 Un amour aussi merveilleux Un soir, elle s'est mise à genoux à côté de moi. Les deux bras levés, elle s'est mise à prier pour moi dans tous les domaines de ma vie. «Seigneur, souviens-toi de la prière de sa mère!» Quand je l'ai entendue, j'ai été touchée par son amour et la puissance de sa prière. Alors, j'ai commencé à pleurer. Mon Dieu pourquoi m'aimes-tu comme cela? Pourquoi m'aimes-tu autant? C'était une vraie repentance. Je découvrais mes péchés et je sentais combien le moindre d'entre eux faisait mal au cœur du Père céleste. Moi qui n'avais jamais commis de «péchés graves», je réalisais quej'étais pécheur. Je ne voyais pas l'amour de Dieu qui m'avait portée tout au long de ma vie. Je me croyais presque parfaite. Je prenais conscience de mon orgueil. Toute ma vie était fausse. J'ai prié ainsi cela pour une humanité abstraite dans laquelle je me confondais mais vraiment pour mot personnellement. Ce qu'il était en train de faire, c'était invraisemblable, inadmissible. Mais Dieu faisait cela pour moi. Ensuite, Dieu m'a montré une myriade de saints, habillés dans un blanc lumineux impossible à décrire. Le ciel s'était ouvert et j'y voyais cette multitude de saints dans la joie et l'allégresse. Cette allégresse se communiquait à moi. J'entendais le chant des anges qu'on ne peut imiter. J'avais l'impression que les saints me regardaient et qu'ils étaient dans la joie avec moi, à cause de moi. Par la suite, j'ai réalisé ce que dit la Bible : il y a beaucoup de joie quand un pécheur se repent. Quand je suis sortie de la salle, tout avait changé. C'était le soir. Je voyais l'univers différemment : le vent. contextes différents. Ainsi, au début pendant un temps, j'ai pu participer à la réunion communautaire qui avait lieu à l'église tous les matins, «la prière de l'aube >i. Nous avons vu beaucoup d'exaucements, de grands miracles. Ensuite, en raison des circonstances, j'ai vécu la prière davantage dans ma chambre. Pendant une période récente, j'ai dû voyager. J'étais hébergée chez des amis. Mon emploi du temps ne m'a pas permis de mettre une ou deux heures à part rien que pour prier. J'ai alors appris comment rester en communion avec Dieu au cours d'une journée de travail. Aujourd'hui, j'essaie à la fois de vivre avec Dieu mon existence dans le travail extérieur et de mettre chez moi un temps à part pour Lui. Dans ce temps de prière personnel, j'exprime à Dieu mon amour et mon (1) La Corée est le pays où s'est développé une grande église fondée par Yonggj Cho et très connue, en France, dans les milieux charismatiques et pentecôtistes. Mais ce phénomène se situe dans un mouvement beaucoup plus large, peut-être moins connu ici : la croissance très rapide du christianisme en Corée (NDLR), " On trouvera une description et une mise en perspective du parler en langues dans le Nouveau Testament (Actes ch. 2, 4 ; ép. Romains ch. 8, 26 ; 1 ère ép. Corinthiens ch. 14), La meilleure information sur le parler en langues dans l'église aujourd'hui nous paraît être le livre de John Sherill devenu un classique i «Ils parlent en d'autres langues» (rééd. Vida). On trouvera une présentation du courant très longuement et, les jours suivants, même à la maison, cette repentance a continué. L'amour de Dieu m'envahissait et, en même temps, je demandais pardon et je remerciais le Seigneur pour un amour aussi merveilleux. Quelques jours plus tard, à la fin d'une réunion de prière, à l'invitation d'une sœur, je me suis trouvée à genoux avec celle-ci à ma gauche et une autre sœur à ma droite. Chacune a mis sa main sur mon épaule, À travers les mains posées sur moi, je sentais la manifestation de l'amour de Dieu. Toutes les deux priaient pour moi en langues. Et moi aussi je priais. À un moment, j'ai commencé à pleurer et j'ai entendu la sœur qui était à ma gauche pleurer aussi en disant : «merci, merci. Seigneur». En même temps, je me suis aperçue que je ne priais plus en coréen mais que je priais en langues moi aussi. Alors je suis entrée dans une prière très profonde. J'ai eu une vision. J'ai vu Jésus qui montait sur une colline avec la croix sur son épaule. J'ai vu ses pieds nus. Une réalité s'imposait en moi : Jésus était en train de faire cela pour moi, à cause de mol. Il ne faisait pas les arbres, les gens. Mon cœur avait changé, il y avait maintenant en moi, la joie, la paix, l'amour que Dieu m'avait donnés. J'avais désormais un cœur tout nouveau. Avec ce cœur, si quelqu'un me frappait sur la joue droite, je lui aurais présenté avec joie la joue gauchel Une communion d'esprit Auparavant, la prière était pour moi une sorte de monologue. Maintenant, elle était devenue un dialogue. Dans les jours, dans les mois qui ont suivi, j'ai découvert une réalité nouvelle. Les mots ne me permettaient pas d'exprimer la profondeur de mes sentiments. Ce parler en langues, le langage que Dieu me donnait, me permettait d'aller plus loin. Avec ce langage, je pouvais communiquer tout ce qui était en moi et, en même temps, pendant ma prière. Dieu pouvait me parler d'une façon très compréhensible. Maintenant, j'étais sensible à ce qui pouvait déplaire à Dieu. Dans la prière. Dieu me montrait un peu de son cœur et II me communiquait son amour. Tout au long des années, ma vie de prière s'est poursuivie dans des désir de Lui plaire. Je m'abandonne à Lui pour qu'il m'instruise et me transforme. Je sais que ce temps est quelque chose de très important pour le Père et qu'il l'est aussi pour moi. J'expose mes préoccupations à Dieu et j'intercède pour les personnes qui sont dans la souffrance et la détresse. Je ressens cet appel du Seigneur à travailler avec Lui en équipe. Je sais que Dieu va agir. Et si Dieu agit. Il le fait avec ma prière et par ma prière. Le Seigneur m'a donné un cœur attentif. À travers des rencontres avec telle ou telle personne en manque ou en difficulté, je me sens appelée à intercéder. Ma vie de prière s'en trouve stimulée. Maintenant la prière n'est plus comme autrefois un devoir ou une obligation. Comment vivre sans cette communion, sans cette communication avec Dieu qui est ma vie. Je découvre dans la prière la volonté de Dieu envers moi, envers mon entourage, envers l'humanité. C'est dans la prière que je puise chaque jour la joie de vivre. Jéran Koh Paris (75] pentecôtiste dans le monde dans " Retour de Dieu» par Harvey Cox (éd. Desclée de Brouv^er, 1994). Cf. compte-rendu dans Ténrains n" 117, p, Livre de Daniel, ch Mars Avri 1 Mai 1998

12 Comment prier en tenant compte de ce que je vis* À partir de la Parole biblique et de l'expérience, une réflexion et un suide pour la pratique de la prière* Si je me replie sur mol-même, mes pensées tournent à vide dans ma tête, mes sentiments m'oppressent et je ressens des tensions dans mon corps. Si, au contraire, j'apporte à Dieu cette agitation ou cette confusion, je m'en décharge et la relation avec Lui peut s'établir. La prlare et m s pob«ao«les pensées Lorsque nous commençons à prier, nos activités se rappellent souvent à nous. Pour ma part, un moyen m'aide une question dont Je devrais m'occuper ou une pensée pour l'une ou l'autre personne. Se nourrir de la Parole Les paroles de la Bible sont là pour me fortifier. «Voici la pensée que je me rappelle à moi-même, la raison pour laquelle j'aurai de l'espérance. Les bontés de l'éternel ne sont pas épuisées. Les compassions de l'éternel ne sont pas à leur terme. La bonté de l'éternei se renouvelle chaque matin» (Lamentations de Jérémie ch. 3, 21). Nous pouvons nous nourrir de toutes Prier de tou «Les quatre êtres vivants et les vingt-quatre vieillards se prosternent devant l'agneau, chacun tenant une hwpe et des coupes d'or remplies de parfbm qui sont les prières de ceux qid appartiennent à Dieu» (Apocalypse ch. 5,8. T outes nos prières qui s'élèvent vers Dieu sont un parfum pour Lui. Ces prières peuvent revêtir des formes très différentes, de la louange à la supplication. Dans l'apocalypse, les chrétiens face à la persécution crient à Dieu : «Jusques à quand. Seigneur?» Ailleurs dans les psaumes, nous trouvons d'autres expressions de prière : l'adoration, l'action de grâce, des demandes aussi des pourquoi, des cris de peur ou de colère. Tous ces de notre être entrent dans coupe présentée à Dieu. et mouvements cette à les prendre en compte pour les remettre à Dieu : je note par écrit ce qui se présente. Ensuite, je n'ai plus peur d'oublier et ma pensée est libérée. Un cadre d'entrée Chacun peut se donner un préambule. Ce peut être une petite phrase, un chant, une prière liturgique... Ce cadre d'entrée facilite le lien avec l'essentiel et nous oriente vers Dieu. Par exemple, en ce moment, je m'adresse à Dieu qui tient le fil de ma vie, à Jésus qui s'est donné jusqu'au bout pour moi, au Saint-Esprit, mon ami. Je formule en quelques mots un aspect de Dieu qui me touche actuellement. les promesses qui figurent dans la Bible. Si nous apprenons par cœur certains passages des psaumes ils vont n o u s 12 Mars Avril Mai 1998 Nous pouvons venir à Dieu avec tout ce que nous sommes. Il aime qu'on se tourne vers Lui. Même nos difficultés à prier ne sont pas à côté de la prière, mais elles en sont déjà une partie intégrante. Toute notre personnalité est concernée : notre pensée, nos sentiments et notre corps. La prière s'effectue dans les différentes dimensions de notre être. Au psaume 39, verset 4, David s'écrie : «Je m'étais dit ; je vais me surveiller pour ne pas pécher en paroles. Alors je me suis renfermé dans un complet silence sans prononcer une parole. Mais ma douleur s'est exaspérée. Mon cœur brûlait dans ma poitrine ; mes pensées s'embrasaient en moi. Alors j'ai fini par parler. Et j'ai dit : ô Éternel, écoute ma prière. Sois attentif à mon cri! H Résister à la dévalorisation À certains moments, des pensées négatives peuvent se présenter : «Je ne sais pas bien pner. Je n'ai pas assez de foi...» Nous pouvons être très durs vis-à-vis de nous-mêmes. Mais Dieu ne nous juge pas selon des critères normatifs ; il faut que tes prières soient comme ceci ou comme cela. Il attend que nous venions à Lui tels que nous sommes. Jésus nous Justifie et nous accueille. Nous pouvons laisser de côté ces auto-condamnations. Être à l'écoute de Dieu Certaines pensées sont inspirées par l'esprit pour nous encourager ou nous ouvrir des pistes. Le Saint-Esprit peut ainsi faire monter à la surface rmpregner et Dieu va agir en nous à travers sa Parole. La prière et nos sentiments La joie Un matin, en ouvrant mes fenêtres, je me suis mise à respirer l'air du dehors. Un élan de gratitude m'a remplie : quelle grâce d'exister!

13 Quelle grâce d'être en lien avec Toi, Dieu créateur de l'univers I Quand nous sommes en contact avec la joie, la prière jaillit dans la reconnaissance et la louange. Dans les psaumes, David partage souvent avec ses frères et ses sœurs cet élan qui le pousse vers Dieu. La colère, la tristesse, la peur D'autres sentiments comme la colère, la tristesse et la peur sont plus difficiles à gérer. Et pourtant, nous n'avons pas besoin de les refouler. Alors quand nous prions, nous avons l'impression que notre prière tourne à vide. Si Dieu ne semble pas répondre, serait-ce parce qu'il attend que nous nous branchions sur nos sentiments sous-jacents et que nous les Lui apportions? Le sentiment de vide À certains moments, nous pouvons avoir l'impression d'être confrontés à une barrière. L'image du brouillard peut nous éclairer. Nous savons qu'au delà, il y a le ciel, le soleil. Même si nous croyons qu'il n'y a que déposé en nous son souffle divin et c'est ainsi que nous existons devant Lui. Être présent à soi-même dans son corps, cela veut dire aussi : prendre conscience des tensions dans telle ou telle partie de notre corps. Nous pouvons alors revenir aux pensées et aux sentiments qui en sont la cause et les apporter à Dieu pour les dénouer. Se recueillir, c'est être là entièrement devant Dieu. Un style de vie Ainsi, la prière c'est vraiment entrer notre être Combien les nuages au-dessus de nous, les en relation avec Dieu de tout mon promesses de Dieu restent vraies. Sa être. Toute notre vie y participe. Alors proximité ne dépend pas de ce que nous accédons à cette rencontre nous ressentons. Sa présence est authentique avec Dieu. Ce face à face réelle, même si nous ne la percevons dans sa présence Le réjouit et nous pas affectivement. Dieu nous appelle ouvre à d'autres dimensions : Il peut à persévérer en nous appuyant sur sa partager avec nous ce qui Lui tient à Parole. cœur. (1) Culpabilité Neiiy Sinclair S'il y a en moi un péché, cette Strasbourg (67) situation va être un obstacle à la prière. «Purifie-moi de mes péchés (1) Extraits d'une conférence revus par tauteuf. même cachés, de mes fautes, même inconscientes» (Ps. 19). Dieu vient vers nous. Il nous donne généreusement sa grâce. «Venez à moi, vous tous qui êtes accablés sous le poids P r i è r e colère dans les psaumes, a vécu des situations ^ très différentes et il remet à Dieu avec authenticité ce qui l'habite. La prière n'est pas une espèce de «langage pieux»!. C'est confier à Dieu ce que nous ressentons. Le blocage Si nous n'arrivons pas à prier, peut-être n'osons-nous pas admettre qu'il y a en nous des doutes, des questions, des révoltes. d'un lourd fardeau, et Je vous donnerai du repos» (év. Matthieu ch. 11, 28). Lâcher prise Nous pouvons demander à Dieu qu'il nous délivre de certains sentiments : peur, tristesse ou colère... Lorsque nous les remettons à Dieu, ils ne nous appartiennent plus ; nous n'avons plus à y revenir. C'est comme si l'on jetait un objet dans un fleuve ; il disparaît une fois pour toutes. La prière et notre corps Notre corps est le temple du Saint- Esprit. Nous en avons besoin pour prier. Si nous sommes fatigués ou malades, nous réalisons mieux son importance. Les Pères du désert reliaient la respiration physique à la prière, respiration de l'âme. Dieu a «J'ai tout remis entre tes mains, tous mes fardeaux^ toutes mes peines, ce qui m'angoisse et qui m'enchaîne et le souci du lendemain. J'ai tout remis entre tes mains : ressentiments, haines amères, les luttes et toutes les guerres, ce qui sépare les humains. J'ai tout remis entre tes mains, que ce soit la joie, la tristesse, la pauvreté ou la richesse, ombre ou lumière du chemin. J'ai tout remis entre tes mains, que ce soit la mort ou la vie, la santé ou la maladie, le commencement ou la fin.» (M. Henrioud) 13 Mars Avril Mai 1998

14 0 Théolosic de la prière José Martinez. Éditions LLB. Actuellement, on parle de prière dans beaucoup de milieux. Mais en quoi consiste vraiment la prière chrétienne? «La prière sera stimulante et bénéfique, dans la mesure où celui qui prie comprendra son véritable sens et sa nature, ses exigences, son pouvoir, ses problèmes et la solution à leur donner». Ce livre replace la prière dans la perspective biblique. Écrit avec clarté, cet ouvrage est un document indispensable. Psychoiosie de la prière Pable Martinei. Éditions LLB. L'auteur, médecin psychiatre, a écrit ce livre à partir de nombreux entretiens. L'ouvrage aborde des thèmes comme : - la prière selon le tempérament de la personne - les problèmes émotionnels et la prière - la prière, une illusion psychique? - la valeur thérapeutique de la prière... En complément à «Théologie de la prière», ce livre éclaire la pratique chrétienne de la prière. de devenir comme des enfants, de laisser parler nos sens, de faire le bilan de nos journées, d'affronter les questions sans réponses, de trouver protection dans l'épreuve, de louer le Seigneur malgré nos contradictions, d'entendre la voix de Dieu par étapes, de saisira pleines mains son projet d'amour à vivre». Ce livre Théologie de la ' Prière J O c MADT1NF.Z -ù-kidi(ui tl d une pensée profonde et nuancée. Ce voyage à travers la prière est un récit qui nous entraîne et nous foriiifie. Prières Michel Quoist. Éditions L'Atelier. «Prières» est sans doute le livre le plus connu de Michel Quoist (Cf. rubrique livres du même numéro). Ce sont des prières qui établissent un lien vital entre l'évangile et les différentes formes de l'existence quotidienne et notamment une présence active dans le travail. Le pouvoir de suérir Francis Mae Nutt. Éditions du Cerf (toujours disponible). Comment prier pour les malades? Ce livre, écrit dans la mouvance du renouveau charismatique aux États-Unis, et publié au Ceri' en 1980, nous paraît toujours d'actualité car il conjugue un exposé de l'enseignement du Nouveau Testament, une expérience personnelle de la prière, une réflexion sur cette expérience dans un amour compréhensif pour les malades et une prise en compte des données scientifiques. F. Mac Nutt met notamment l'accent sur l'importance de la persévérance dans ce qu'il appelle la «prière d'imprégnation Voilà une expérience qui reste d'actualité. La prière d'écoule Leanne Payne. Éditions Raphaël. À partir d'une riche expérience personnelle, fondée sur la parole biblique, Leanne Payne se propose de nous apprendre à écouter la voix de Dieu et à tenir un journal de prière. Ce livre remarquablement écrit (et traduit) est à la fois une incitation à entrer dans un cheminement de prière et une approche permettant le discernement spirituel. Un livre de toute première importance. La prière libérée Frédéric de Coninek. Éditions du Moulin. " Les psaumes nous pennettent, tout à la fois, conjugue la connaissance du texte biblique et une réflexion personnelle sur l'expérience humaine.11 est écrit avec un grand bonheur d'expression. La prière Richard Foster. Éditions Vida. Voici le bilan d'un parcours à travers des formes de prière très variées. L'auteur nous communique son expérience personnelle dans La prière au coeur de la vie Un film de Séverine Boudier. Réalisation de Jean Michel Trubert. Une émission de Présence Protestante. Agora Production, 20 av. de la Marne, Montrouge, tél. r ), Cette vidéo s'appuie sur plusieurs témoignages d'hommes et de femmes dont l'existence quotidienne n'est pas différente de celle des chrétiens engagés dans la vie de tous les jours. Témoignages et réflexions se complètent. Le message est apporté dans une expression visuelle de qualité. On pourra se reporter ésaiement à l'itinéraire de lecture qui nous est présenté par Brigitte Hugues-Pons. (suite de la page 7) 14 Mars Avril Mai 1998 tout était rentré dans l'ordre. Tout cela, c'était il y a trente ans... Nous pouvons dire que Dieu est le même et qu'il ne change pas L.. Dans la vie de chaque jour Et puis, dans la vie de tous les jours, devenant un événement, un choix, une décision à prendre, qu'il est bon de se placer entre les mains de Dieu et de Lui demander de l'aide en s'appuyant sur Sa Parole I Qu'il est rassurant aussi de pouvoir chaque jour confier à Notre Père chacun de nos enfants, les conjoints et les petits-enfants! Dans un monde tellement perturbé, nous avons tellement besoin de Sa Grâce. Enfin nous avons, comme tous, des combats, des luttes, de l'adversité, des épreuves... Jésus est là. Et II nous a donné la prière comme une arme efficace. Parfois, Il ne répond pas de suite ou II ne répond pas comme nous l'attendions... mais c'est Lui qui a raison. Il sait parfaitement ce qu'il nous faut. Il est vrai que notre façon de voir et de vivre la prière a bien évolué. Nous avons maintenant une connaissance meilleure de Dieu, de sa Parole mais aussi de notre adversaire le diable. La prière n'est pas seulement une demande. Elle permet avant tout d'exprimer notre reconnaissance notre adoration envers «Celui qui nous a rachetés de notre vaine manière de vivre»> (1ère ép. Pierre ch. 1,18). Les uns pour les autres La prière est aussi les uns pour les autres. Après avoir commencé à prier pour nous, nous avons pu au travers d'engagements dans des œuvres chrétiennes, prier pour les autres. Nous pensons à Brigitte qui avait des crises d'épilepsie. Au moment de la prière, elle a senti comme un manteau tomber de ses épaules et n'a plus eu de crises par la suite. «Priez les uns pour les autres afin que vous soyez guéris» {ép. Jacques ch. 5, 16). Un combat La prière est aussi intercession, combat spirituel face à l'adversité. et «Prenez le bouclier de la foi avec lequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin» (ép. Ephésiens ch. 6, 10). Christelle était harcelée chaque soir par «des voix». Elle en a été entièrement libérée quand nous avons Invoqué le Nom Puissant de Jésus, non comme usant d'un mot de passe magique mais comme mandatés par Celui qui a remporté la victoire à la croix. S'appuyer sur la Parole Lorsque nous prions nous savons que le «oui» de Dieu n'est pas systématique. S'il répond «non», sa volonté est meilleure que la nôtre et II agit toujours pour notre bien. Nous veillons simplement à toujours nous appuyer sur sa Parole afin de ne pas nous égarer dans nos prières. «Rendez continuellement grâces pour toutes choses à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ...» (ép. Ephésiens ch. 5, 20). Robert et Marthe Pialat Béziers (34)

15 Brothers - Take 6 Question pour le Banco! Quel est le groupe chrétien afro américain qui a chanté avec les plus srands, dont Stewie Wonder et Quincy Jones? lis sont six beaux garçons, plein de vie, aux voix suaves et colorées. Qui a répondu les 2 BE 3? I! Mais non enfin, TAKE 6 ne font pas de playback, je vous parle de vrais artistes au talent reconnu dans le monde entier. Si vous n'avez encore jamais entendu la pureté de leurs arrangements vocaux, alors courez et plongez dans les bacs de votre disquaire préféré, à la lettre T du rayon Gospel. Car si vous êtes à la lettre H du rayon Musette, vous risquez de vous trouver nez-à-nez avec Yvette Homer. Je vous aurai prévenu. Look de BoysBand mis à part, il y a un véritable élan d'amour pour Dieu au travers des 10 titres supertaement an'angés de ce nouvel album. Seul, en anglais c'est l'âme et c'est là que leurs harmonies viennent se poser, tout en douceur. Est-ce que vous tentez le Super Banco? B.G. Distribution* Lîve the lîfe - Michael W. Smith Avec 15 ans de musique à son actif, Michael a quitte son piano pour prendre une guitare et en tirer ses meilleures compositions. LIVE THE UFE est le llème album de cet artiste ultra connu, dont la maison est remplie de disques d'or et de platine, de la cuisine au salon, qui enchaîne tube sur tube jusque dans sa salle de bains, avec le célèbre tube de dentifrice. On retrouve sur les 12 titres des ambiances très acoustiques (Never been unioved) et des sonorités plus modernes proches de la Dance Music. Michael nous livre des chants sur l'amour, la vie et la foi, LIVE THE LIFE est un encouragement à vivre ce en quoi nous croyons, pour faire la différence dans ce monde par des actes d'amour. Bravo a ce JJ Goldman de la pop music chrétienne, qui squatte désormais les premières places du TOP 10 américain. Michael, si tu n'a plus de place pour tes disques platines, j'ai un très joli living. B.G. Distribution* J De toujours à toujours - Label 7 Flash Back au début des années 90! Un groupe d'amis, un projet musical et le désire de partager leur foi. Label 7 a marqué une génération, tout comme le groupe Image. Seul et unique album de cette formation éphémère malgré la qualité et l'engagement. De toujours à toujours reflète l'attitude positive et le bonheur d'être des chrétiens actifs de bande ; Nicolas Desmarest (Guit), Thierry Zamor (Bass), Jean-Luc Gadrcau (Sax) et Nadège Gadreau (Perçu). Chacun reste aujourd'hui dans le milieu musical chrétien. À tous ceux qui ont participé à cet album, un grand bravo, en espérant que Label 7 se reforme... pourquoi pas? B.G. Distribution* Autre nouveauté, Cr/stal Levi/is, ou dois-je dire " Dynamite» Lewis, car la belle a la pèche! 12 titres très bien arrangés, assez rock et Rythm &> Blues portent la voix de Crystal (on en déduit qu'elle n'a pas le timbre de Joe Cocker). Les paroles sont dans la lignée, agrémentées de douceur du chant des sirènes. Le cœur léger, elle vous fera voguer vers d'autres horizons, à la recherche de racines, de la vérité. À écouter par force 5 à 6!! clins d'œii acoustiques, très engagées et authentiques. Une jeune artiste à suivre de i (pas trop) près. / E^WHAT'S UP ON THE WEB?J 1. A l'occasion du Mondial de Foot, vous pourrez crier «Gagnez les champions «ainsi que «Jésus est vivant «I Le site SPORT ET FOI est à visiter si vous voulez vous mobiliser pour annoncer l'évangile autour des stades 2a Si le foot ne vous fait pas rire, peut-être que L'HUMOUR PROTES TANT y parviendra! Ce site sympa déroule sous nos yeux des blagues sur les protestants, qui savent heureusement rire I d'eux-mêmes. Http ://members.aol.com/ricz 3 r Dans le paysage chrétien le site catholique par excellence est le CEF (conférence des évéques de France).D'une conception plutôt institutionnelle qui permet de dialo- 1 guer avec plusieurs évêques, il fournit pas mal d'infos et ouvre ses portes à quelques communautés ou associations catholiques : le Jour du Sei^eur, les équipes Notre- Dame...ll y a une place non négligeable pour les frères chrétiens anglicans, protestants et cecutnéniques. http :// 4a Grenoble n'est pas la capitale du foot, pourtant les chrétiens adhérents à la FEF ( fédération évangélique de France ) se sont bien introduit sur le terrain du Web. COEURNET est un site assez récent, dynamique et assez complet. E)es paroles d'exhortation, des témoignages ; des poèmes, des contes. Ce site a comme originalité d'aborder des questions actuelles sur l'éthique en évitant le moralisme. Ht^ ://

16 Le développement relationnel dans la croissance de l'être humain L 'épreuve de la naissance est aussi l'expérience d'une solitude extrême, expérience parfaitement illustrée par le visase d'un enfant dont la mère s'éloigne- Il manifeste une véritable détresse comme s'il ne disposait d'aucune réserve en lui-même. Quand sa mère ou la personne qui s'occupe habituellement de lui le porte ou le nourrit, une transformation s'opère ; il développe des liens d'amour. Avec le temps, un processus de mémorisation permet à l'enfant d'intérioriser 'affection de sa mère. Il arrive à se sentir réconforté au seul souvenir de celle-ci et construit un système d'auto-apaisement. Le lien affectif tissé entre la mére et l'enfant lui permet d'émerger de son isolement initial. Le lien émotionnel avec la mère induit toutes sortes de processus psychologiques, neurologiques et physiologiques chez l'enfant. Il se développe physiquement et émotionnel lement de façon harmonieuse. Dieu, par le processus de la maternité, appelle 'enfant à la vie ; le lien mère-enfant l'entraîne au pays des hommes. Le petit enfant expérimente le sentiment de sécurité et la confiance d'être secouru dans la détresse. Ce lien s'enrichit progressivement et favorise le développement de l'enfant. Il «s'enracine et se fonde dans 'amour», selon l'expression de i'apôtre Paul. Les mères ont toujours eu l'intuition de l'importance de ce lien. Cependant, les scientifiques n'ont commencé à l'étudier qu'au 20e siècle. Ils ont découvert que chez les enfants placés en institution, auxquels on ne dispense que des soins physiques, seuls quelques-uns deviennent capables de véritables attachements, La plupart d'entre eux présentent d'importants retards de développement psychologique. Ils sont très sensibles aux infections et la mortalité est très élevée. Des recherches récentes ont montré que l'isolement émotionnel provoquait toutes sortes de maladies physiques : maladies chroniques, troubles vasculaires ou cancer, par exemple. Une étude montre que chez des patients qui se remettent d'attaque cardiaque, un facteur a été déterminant dans la guérison : ils possédaient un animal de compasnie. Cela semble banal, mais illustre un principe important : les liens affectifs, les liens d'amour, nous aident à grandir et à laisser la vie grandir en nous. Revenons un instant sur le petit enfant. Les souvenirs positifs de relation avec sa mère, son image intériorisée le conduisent à un sentiment plus profond de sécurité. Il peut puiser dans ses souvenirs positifs d'amour en l'absence de sa mère et rester ainsi en relation ininten-ompue avec elle. La permanence de la tendresse maternelle est essentielle pour les très jeunes enfants. Au cours de son développement, l'enfant commence à réaliser ce que l'on appelle «la permanence de l'objet absent». Il devient capable de se sentir aimé et d'aimer un être même s'il est absent. Il est possible d'établir une analogie avec la vie spirituelle. Jésus demandait au Père d'être en nous, que son amour demeure en nous. Lors de notre rencontre avec Dieu, se crée un lien qu'il faut développer ensuite de manière constante, La Bible nous demande souvent de nous remémorer les promesses de Dieu et leur réalisation. Nous bâtissons notre «rapport spirituel constant à Dieu > au fil du temps en nous souvenant des moments où nous lui avons fait confiance, Jésus, reprenant un texte du prophète Osée, nous indique qu'il prend plaisir à la miséricorde.

17 Le mot hébreux pour miséricorde est hesed, amour loyal et fidèle qui met l'accent sur l'attachement réciproque de ceux qui sont engagés dans une relation d'amour C'est la base de la stabilité spirituelle, de la guérison émotionnelle et psychologique, le fondement de la vie chrétienne. Les fondements à une bonne relation nécessaires Apprendre à s'attacher aux autres nécessite de : Reconnaître son besoin de relation Bien des gens ne sont pas conscients de ce besoin fondamental. Ils ont grandi dans un environnement pauvre sur le plan relationnel ou ils ont trop souffert. Une prise de conscience de l'importance de l'attachement est alors nécessaire, «L'œil ne peut pas dire à la main : je n'ai pas besoin de toi,,,». Nous sommes membres d'un corps, il nous est impossible de grandir si nous restons isolés, S'approclier des autres Souvent, les autres ne se rendent pas compte que nous avons besoin d'eux. Il nous appartient donc de rechercher aide et soutien, alors même que nous avons du mal à croire que quelqu'un s'intéresse à nous. Etre vulnérable Il est possible d'avoir une vie sociale, des relations, tout en restant isolé. Apprendre à être vulnérable est une clé de la maturité relationnelle. Admettre notre fragilité cimente la relation et lui permet de se développer. Abandonner les visions déformées Des perceptions déformées de la réalité nous habitent parfois, héritage de notre enfance. Tant que l'on continue à voir le monde avec ces yeux d'enfant, notre passé sera notre avenir. C'est pourquoi, par exemple, quelqu'un qui est convaincu que tout le monde l'abandonne tôt ou tard, ne saura jamais s'attacher véritablement et reproduira inévitablement l'isolement qu'il a connu. Faire confiance au Saint-Esprit Le rôle du Saint-Esprit dans la vie d'un croyant est essentiel. Il donne le pouvoir de changer et nous affranchit de nos habitudes négatives. Demandons lui de nous révéler ce qui nous retient prisonnier de notre isolement. Il est impossible de changer par nos seules forces. Reconnaissons notre incapacité a nouer des relations et demandons lui de nous aider à combler les manques de notre passé. Henri Cloud, psychothérapeute Construire des ponts lité nécessaire pour construire une maison indestructible se trouve dans les de Jésus «Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu» {Mt. 5 : 9). Il s'agit d'être un réconciliateur, quelqu'un qui cherche à apporter la paix dans des situations de conflits. nbrtains aîmon'f- t'affrnntomont Pniir oiiv la uio r-_'a<it ii narrlm» nii «nannor» Ils no «nnt heureux que lorsqu'ils gagnent et ne se préoccupent pas, ou très peu, de ce que peuvent ressentir ceux qu'ils ont vaincus. Ceux qui se comportent ainsi vont au devant des difficultés. Ils réussissent parfois dans les affaires ou dans d'autres domaines mais sur le plan relationnel, ce sont des perdants. Ils se font plus d'ennemis que d'amis. Un verset de la Bible résume bien le message du Christ : «Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même...''» Dieu cherchait à nous réconcilier avec lui alors que nous ne le voulions pas. Il nous est demandé d'agir comme Dieu l'a fait et d'apporter la paix et la réconciliation aux cœurs troublés. Dieu veut que nous construisions des ponts. Voilà pourquoi nous devons adopter cette attitude : «chaque fois que je verrai une ^ ir, faille, je construirai un pont». Une enfant prenant son petit-déjeuner, par un matin pluvieux, dit à sa maman : «n'estce pas une belle journée?» Sa mère lui demanda comment elle pouvait parler de beau temps alors qu'il faisait gris. «Maman» répondit la petite fille, «une belle journée n'a rien à voir avec le temps». Elle avait réconcilié sa mère avec le temps. Le même esprit doit nous habiter. Notre Père, apprends-nous à entretenir de bonnes relations avec les autres. Fais de moi un réconciliateur, quelqu'un qui sait aider les autres à avoir de bonnes relations avec toi et qui sait vivre en paix avec tous. En Jésus. Amen. Extrait de Every day with Jésus - Janv/Fév Selwyn Hughes ' Lecture ; 2 Corinthiens 5 : '» «Le CWR a réalisé un cours vidéo sur le thème «prendre soin». Ce cours est actuellement utilisé par près de 1000 églises dans les pays angio saxons.

18 18 Mars ftvril Mai 1998 ^ ETHIQUE CHRÉTIENNE ET ÇOCIOLOCIE FREDERIC DE C 0 N I N CK Dans son livre «Ethique chrétienne et sociologie» (Ed. Sator, 1992), Frédéric de Coninek traite de la position du chrétien par rapport au monde en proposant vis à vis de celui-ci une démarche en trois étapes : demeurer, sortir, renouveler. La foule et disciples La SocÊCte et réglise O n a du mal, sans doute, à actualiser ce que fut l'attitude de l'église primitive à l'égard de la société de son époque, pour la transposer dans notre monde. Les premiers cfirétiens étaient une minorité persécutée et la société de l'époque obéissait à des règles profondément différentes de celles qui prévalent aujourd'hui. Il me semble pourtant qu'en étudiant quelques éléments de la vie publique de l'époque on peut repérer une attitude globale des premiers chrétiens qui se révèle toujours pertinente pour aujourd'hui. nous Je prends un exemple : comment parler du détat politique, du monde des médias et de l'opinion publique à partir du Nouveau Testament? Cela semble hors de portée. Mais les travaux d'histoire sociale nous rendent sensibles à l'importance de la foule dans l'empire Romain, Les nouvelles volent alors de bouche en bouche, on s'attroupe, on se précipite pour voir, on vient du village d'à côté. Les rassemblements s'enflent et une dynamique se crée. On rapporte, au premier siècle, de nombreuses émeutes sauvagement souvent réprimées. L'opposition au pouvoir en place, les mouvements d'opinion et la dimension publique des messages empruntent à l'époque le vecteur de la foule Ceci jette un éclairage inédit sur certains passages de l'évangile, On découvre alors que Jésus s'adresse à deux publics parallèles ; le cercle de ceux qui le suivent en continu, d'un côté, et l'ensemble de la foule, de l'autre, La multiplication des pains, comme l'entrée à Jérusalem le jour des Rameaux, donnent lieu à de quasi-émeutes. Les notables juifs redoutent que Jésus n'entraîne la foule derrière lui provoquant une sauvage réaction de la part des romains. Aussi projettent-ils d'arrêter Jésus la nuit et en secret. Les foules se pressent autour de Jésus, Il doit se réfugier sur une barque pour parler à la myriade d'oreilles qui l'écoutent. Ici on peut considérer que Jésus est de plain-pied dans un ministère public. Pourtant ceci ne constitue qu'une facette du ministère du Christ, Alors même que la foule veut le faire roi après la multiplication des pains, il prend la tangente. Après l'entrée triomphale de Jérusalem, il pleure à l'écart devant l'endurcissement de la ville, Jésus parie à la foule mais il s'en distance également. À maintes reprises, il prendra ses disciples à part pour leur parler en particulier. Un degré dans l'exigence Doit-on en conclure qu'il y a deux évangiles différents ; un pour la foule, un pour les croyants? Saint-Augustin nous a familiarisés avec l'image de deux mondes qui s'opposent. Mais, pour ma part, plus que d'opposition je parferai de degré dans l'exigence. Une fois encore, le récit de la multiplication des pains me sert de repère. Le jour suivant, tel que nous le rapporte Jean (év. Jean ch. 6), la foule revient et Jésus monte d'un cran dans l'exigence. Alors l'essentiel de la foule, et même certains de ses disciples, se retirent en déclarant : «Cette parole est rude! Qui peut continuer à L'écouter?» (év. Jean ch, 6, 60), Et finalement il ne reste que les douze qui s'accrochent. Assurément, le projet de Dieu est que «son règne vienne sur la Terre comme au Ciel», Pourtant quand on lit les évangiles d'une manière cursive, on s'aperçoit que Jésus construit, à chaque rencontre, son appel à la mesure de ce que son auditeur est prêt à entendre pour l'heure. Entre celui qui rejette son message, celui qui en prend une partie, celui qui commence à se mettre en marche, et celui qui a déjà parcoum une longue route, on peut tracer des continuités. De la sorte l'église se retrouve dans une position d'avant-garde. Elle se trouve de fait, dans une position relativement originale pour l'époque : ni secte perdue au fond du désert, ni collection d'individus dispersés aux quatre vents de la société ambiante, L'Église est entre deux. Elle a vocation de constituer une société alternative qui marque, pour le monde qui l'entoure, une direction et un appel. Dieu l'appelle à être lumière du monde. Que conclure pour nous aujourd'hui? Les uns pensent que les chrétiens doivent s'investir à fond dans le monde et y faire du bien. Ils privilégient la laïcité comme lieu d'action et de parole. D'autres se centrent sur l'église et l'incitent à devenir en elle-même une société alternative. Ces derniers appellent tous les hommes à se joindre à l'église, Les textes que nous venons de lire n'oppose pas ces deux choix, H y a un temps pour nourrir la foule, pour fournir et pour donner à ceux qui sont dans le besoin, et cela donne lieu à bien des ambiguïtés et des incompréhensions forcément. Et puis, il y a un autre temps pour articuler clairement le message évangélique avec toute son exigence, Frédéric de Coninek

19 ou Vcimmr plus fort que la mort Regard sur un phénomène de société. Quel message pour aujourdhui? «(...) on nous fait croire / que le bonheur c'est d'avoir / de l'avoir plein nos armoires / dérision de nous dérisoire car... / foule sentimentale / on a soif d'idéal / attirée par les étoiles, les voiles / que des choses pas commerciales» (1). Ces paroles d'alain Souchon, extraites de l'un de ses succès, donnent les clefs du triomphe planétaire du dernier film de James Cameron. Titanic attire les «foules sentimentales», fatiguées d'un ceri:ain cynisme consumériste ambiant. Des foules qui aspirent à un «idéal», des foules attirées par les étoiles... Bien des éléments, dans Titanic, répondent à cette soif. L'éloge de la vie, a rebours de toute fascination pour le néant, le port:rait subtil d'un amour vrai, qui se donne «à la vie et à la mori:», sont brossés dans le film avec une telle profondeur qu'ils suffisent pour bouleverser plus d'un spectateur. Au delà, une troisième dimension, celle du salut, reprend et dépasse ces thématiques. Cette perspective salvatrice s'impose au fur et à mesure du scénario. Elle décline les thèmes du combat sur soi, de la conversion, de l'espérance finale. Le combat sur soi se joue sur le dilemme suivant ; la réussite matérielle à tous prix (l'avoir) ou l'épanouissement intérieur avant tout (l'être). Ce dilemme est incamé dans l'opposition entre le richissime Cal (fiancé imposé à l'héroïne Rose) et Jack (le héros, artiste bohème) qui confie sa route «au bon vouloir de Dieu», comme il l'affirme lors du dîner mondain dont il constitue l'invité surprise. Face à cette alternative vitale, l'héroïne, prise au piège d'une vie apparemment toute tracée, doit choisir. Après bien des péripéties, elle tranche, se détourne des rails qui l'attendent et va rejoindre Jack, qui broie du noir à la proue du navire, «J'ai changé d'avis» lui dit-elle de but en blanc. Quelques mots et tout bascule, «J'ai changé d'avis», À la sécurité mortelle d'une vie conformiste, elle a préféré les risques d'un amour vrai. Elle joue sa vie sur ce choix. Et voici qu'au lieu de regarder l'abîme à la poupe du transatlantique ((l'arrière du bateau, lieu du suicide manqué), la voilà qui «vole», étreinte par celui qui l'aime, à la proue (d'avant du bateau). De l'ensevelissement à l'envol, de l'abîme au ciel, sa vie a changé de sens. Cette «conversion» de Rose, au sens étymologique du tenne, repose sur une foi, À vues humaines, son choix d'amour est une folie. Lorsqu'elle décide de s'enfuir avec Jack lorsqu'ils accosteront à New-Yoric, elle le reconnaît : «Qui, je sais, c'est vraiment insensé I C'est pour ça que j'y crois I» Dans la folie de cet amour total, elle «y croit» : sa conversion se fonde sur une foi-folie. Dès lors, malgré les doutes, les obstacles, la catastrophe finale, son «salut» (selon Cameron) se dessine. Elle survit finalement à la catastrophe, et 84 ans plus tard, son coeur a continué de battre, fidèle aux engagements pris devant Jack, comme l'évoque la chanson-phare du film (2), Le «J'ai changé d'avis» de Rose n'a pas fini de résonner dans les salles obscures. Que signifie ce changement pour les spectateurs? Vont-ils rester confortablement dans leurs sièges à regarder le drame de ce monde de la même manière qu'ils ont vu le film? Ils se réduiraient alors à ces passagers voyeurs réfugiés dans les canots, qui laissent la mort faire son travail sans broncher, sans tendre la main. Mais telle n'est pas sans doute l'invitation du film, fresque d'une richesse exceptionnelle, qui nous présente un exemple de conversion à l'amour. Appel à l'envol plutôt qu'à la chute, au ciel plutôt qu'à l'abîme. Appel à l'amour-action. Les chrétiens peuvent contribuer à faire vivre cet élan, en lui donnant toute sa perspective, qu'ils puisent dans l'alpha et l'oméga du Dieu vivant, crucifié par amour entre deux larrons. Un Dieu dont Jack, sans doute à son insu, emboîte le pas du don de soi en périssant pour Rose : «Nul n'a d'amour plus grand que celui qui se dessaisit de sa vie pour ceux qu'il aime» (3), Réjouissons-nous que Titanic réveille chez des millions de spectateurs des questions essentielles, et une espérance qui renvoie à cet extrait du Cantique des Cantiques, hymne à l'amourpassion d'un couple (Jack et Rose d'un autre temps) : «Les Grandes Eaux (4) ne pourraient éteindre l'amour et les Fleuves ne le submergeraient pas,» (5) Jane et Sébastien Fath (1 ) Alain Souchon, album «C'est déjà çà», chanson «Foule sentimentale», 1993, Virgin France. (2) «My Heart Will Go On par Céline Dion. " " (3) Évangi]edeJean, ch. 15,13. " : ' (4) Ou " toute l'eau de l'univers», précise la TOB. (5) Cantique des Cantiques, ch. 8, 7. NDLR : Sébastien et Jane Fath ont écrit une analyse beaucoup plus développée du contenu du film et de sa réception dans la société d'aujourd'hui. Cette analyse est disponible sous forme d'une petite brochure «Titanic (film de James Cameron) ou l'amour plus fort que l'amer» que Témoins peut envoyer sur demande (frais de port et d'impression : 12 Fre). Vous trouverez également i'intés^alité de cette analyse sur notre site :

20 Un Dieu de tendresse Déjà connu, en France, pour son beau livre, «Un berger médite le psaume 23», Philip Keller, dans «Un Dieu de tendresse», nous fait part de la manière dont il perçoit la pensée du Père Céleste à notre égard. En nous communiquant ses «méditations sur le cœur du Père», Philip Keller réussit son projet : nous introduire dans le regard de Dieu. Et c'est bien un «Dieu de tendresse» qui s'adresse à nous. Il passe, dans ces pages, un souffle qui émeut et qui nous touche au cceur. Certes, l'auteur nous parle à travers sa culture et sa théologie. Et on peut donc, à bon droit, se trouver à certains moments en désaccord avec telle ou telle expression. Ces petits accrocs ne portent'pas à conséquence parce que, d'un bout à l'autre de l'ouvrage, l'auteur nous montre avec bonheur un Grand Dieu qui nous aime. Ce livre est un vrai cadeau. Odile Hassenforder Un Dieu de tendresse. Méditations sur le cœur du Père. Philip Keller. Éd. Empreinte, Vue de Vintérieur Agé de prés de cent ans, Georges Hourdin a fondé, en 1945, le magazine «La Vie Catholique», Au long des années, il a ceuvré avec tout ce que le milieu catholique comptait de pionniers travaillant pour une église plus ouverte, pour une annonce plus authentique de l'évangile. Ce sillon a préparé le Concile Vatican II, Voilà une voix qui mérite d'être entendue. Cet homme, attaché à un environnement qui l'a nourri spirituellement, perçoit l'écari: qui se creuse entre l'institution catholique et la société moderne : «Le pouvoir dans les autres églises chrétiennes est 20 Mars Avril Mai 1998 toujours exercé de concert par plusieurs personnes ; c'est ce qu'on appelle la collégialité. En fait, parce que la vie le veut ainsi, si c'est un homme seul qui exerce une autorité totale et sans recours, il a toujours tendance à ne pas se remettre en question» (p,56),,, «Dans un monde marqué par la modernité démocratique, plurielle et séculière, le catholicisme apparaît, lui, avec le visage de la monarchie, de l'infaillibilité inadaptée et il est considéré comme inacceptable». Georges Hourdin connaît bien à la fois les points de blocage et les forces de renouvellement en d'un débat. Les train de sourdre. Ce livre chrétiens confessants qui se réfèrent à l'esprit jette les bases de l'église apostolique et qui œuvrent dans toutes les églises pour une annonce pertinente de l'évangile dans la culture actuelle accompagneront dans la prière cette voix courageuse, Jean Hassenforder Le vieil homme et l'église. Georges Hourdin. Éd. Desclée de Brouwer, Construire l'homme Vivre du Christ et apporter sa présence dans la vie quotidienne et notamment dans l'environnement du travail, tel est l'idéal qui s'est manifesté en milieu catholique avec une particulière intensité dans les années d'après guerre au sein des mouvements de jeunesse comme la JOC, la JAC, la JEC. Des milliers déjeunes ont vécu cet idéal comme un souffle libérateur. Dieu ne s'identifiait pas avec les sacristies. Il était présent en eux, avec eux dans l'existence quotidienne et dans le témoignage rendu auprès des camarades. Des prêtres ont trouvé là aussi une vision nouvelle de leur ministère, Michel Quoist s'inscrit dans cette mouvance. Comme aumônier, il a accompagné un grand nombre de jeunes et il a écrit à leur intention des livres qui ont rencontré un vif succès, avec plus de, huit millions d'exemplaires vendus et des traductions en vingt-quatre langues- Pour Michel Quoist, prêtre, écrivain, sociologue, la foi chrétienne était appelée à inspirer l'homme dans toutes ses dimensions. C'est pourquoi, dans les derniers mois avant son décès, au Havre, en décembre 1997, il a consacré toutes ses forces à la rédaction d'un livre qui rend compte de son expérience et de sa vision, «Construire l'homme» : un homme relié à lui-même, au prochain et à Dieu au sein de la création. Jean Hassenforder Construire l'homme. Michel Quoist. Éd de l'atelier, Découvrez vos dons Dans un premier livre intitulé : «Le développement de l'église», Christian Schwarz présente le résultat d'une longue enquête menée auprès de mille églises disséminées sur plusieurs continents. Le diagnostic recueilli ouvre des pistes de réflexions ntéressantes sur la manière dont vit et croit une assemblée chrétienne. Le but de «Découvrez vos dons», son second ouvrage est justement de creuser une de ces pistes, è savoir : comment favoriser au sein d'une communauté ecclésiale, 'épanouissement des dons de chacun? Réaliste et stimulant le livre aborde donc, sous un angle neuf, la très utile question des dons spirituels. Dieu en accorde-t-il à tous les croyants? Pourquoi la majorité des chrétiens n'ont-ils pas conscience d'en avoir reçu? À quoi seivent-ils? Comment les connaître? Est-on dispensé de bonnes œuvres dans les domaines où on ne se sent pas doué? Le travail de l'auteur, parce qu'il s'appuie sur l'écriture mais également sur l'enquête préalable auprès de nombreuses églises, offre un outil précieux à qui désire une méthode pratique pour déceler ses dons. Et une telle recherche s'avère bonne pour l'église comme pour la personne qui aura la joie de faire ce pour quoi elle est faite sous le regard de Dieu, Françoise Rontard Découvrez vos dons. Christian Schwartz (traduitpar Stéphane Deutsch.) Éd. Empreinte. Développement de l'église. Christian Schwartz (traduitpar Stéphane Deutsch) Éd. Empreinte. Cf. Témoins n 119, p.l9.