L ART. Héritage du passé A. Cerner l apport décisif. B. Cibler le contenu. C. Exploiter le document. Des origines à 5000

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1 Héritage du passé 1.04 L ART A. Cerner l apport décisif L apparition de l art au cours des derniers millénaires de la préhistoire ancienne et la diversité de ses expressions (exposé de synthèse, paragraphe 4). La maîtrise technique des premiers artistes : art de la composition, art du trait, art de la couleur (exposé de synthèse, paragraphe 1). La signification et la fonction de ces œuvres d'art (exposé de synthèse, paragraphes 2-3). L objectif est aussi d éveiller le sens esthétique, de reconnaître ce qui fait qu'une œuvre peut être considérée comme artistique, d apprécier en quoi une œuvre est exceptionnelle et mérite de figurer sur la liste du patrimoine culturel de l'humanité. B. Cibler le contenu Les premières véritables œuvres d'art de l'histoire de l'humanité datent d'il y a environ ans. Elles accordent une place importante aux représentations animales. Ce sont des objets usuels (bâtons, sagaies, propulseurs, etc.) rehaussés d ornementations, des parures (pendeloques, amulettes, etc.), des petites figurines taillées dans l ivoire, l os, la corne, la pierre ou modelées dans l argile. Ce sont aussi des gravures et des peintures rupestres. Parmi celles-ci, l'un des ensembles les plus célèbres est celui de la grotte de Lascaux en Dordogne. C. Exploiter le document Identifier Les peintures de la grotte de Lascaux ont environ ans. Les trois détails sélectionnés visent à mettre en évidence l'art du trait : têtes de cerf (longueur 4 m) ; l'art des volumes et de la couleur : cheval chinois (longueur 1,40 m) ; l'art de l expression : homme au bison (longueur 1,10 m). 0.xml Analyser Quels sont les sujets peints sur les parois de la grotte? En quoi consiste le talent artistique des peintres de Lascaux? Comment font-ils pour représenter les cerfs? Comment s y prennent-ils pour donner du volume au cheval? Comment jouent-ils avec les couleurs? Dans quelle position est l homme par rapport au bison? Comment interpréter cette scène? Interpréter En quelques coups de crayon, l'artiste dessine des cerfs parfaitement identifiables, mais aussi élégants et bondissants. Outre le trait, très expressif (voir les pattes de l'animal), le jeu des aplats colorés donne au cheval chinois du relief et aussi une impression de gravité et de lenteur solennelle. Le dessin de l'homme au bison est certainement porteur d'un message, qu il n est cependant pas possible de déchiffrer. L'homme est bousculé par l'animal, qui est blessé et penche les cornes vers lui. Il ne s agit probablement pas d une scène de chasse, mais plutôt d une représentation symbolique d un principe indéfinissable, car l univers mental des 1

2 sociétés préhistoriques de chasseurs-cueilleurs nous est tout à fait étranger (voir plus loin le texte d André Leroy-Gourhan). D. Contextualiser les données Les grottes à peindre ne sont pas choisies au hasard, mais en fonction de leur configuration, des caractéristiques de leur accès, de leur localisation à l'écart des endroits habités. Les surfaces sont d'abord soigneusement préparées. La position des figures est indiquée par des points de repère. Des esquisses sont réalisées à l'aide de crayons en charbon de bois ou de pointes sèches. Ces dessins préparatoires sont retouchés jusqu'à obtention d'un résultat satisfaisant. La peinture intervient ensuite. Elle se fait à l'aide de pinceaux, de tampons, de soufflettes et de pochoirs. La palette chromatique est variée. Elle comprend le jaune, le brun, le rouge, le noir. Elle ignore toutefois le bleu et le vert. Le blanc provient des dépôts de calcite sur la roche. Les peintres ont un grand souci du rendu des volumes. Dans ce but, ils utilisent des dégradés de couleurs mais aussi le relief naturel des parois. Pour donner l'illusion du mouvement, ils répètent les pattes des animaux, et pour donner l'idée du nombre, ils enchevêtrent les dos, les cornes, les pattes. Il existe, dans la peinture préhistorique, des conventions qui varient selon les époques et les régions et qui permettent aux spécialistes de définir des styles artistiques et de les dater. Les grottes ne sont pas toujours peintes en une fois. Les artistes se succèdent au fil du temps, parfois à plusieurs siècles de distance. Ils respectent généralement le travail de leurs prédécesseurs. Ils le complètent et en assurent la conservation par des retouches discrètes, comme le feront plus tard nos restaurateurs de monuments historiques. Les thèmes des peintures préhistoriques sont peu variés. Ce sont surtout des animaux qui sont figurés, plus rarement des humains, jamais des végétaux. Les images de chevaux, de bisons, d'aurochs, de rennes, de cerfs, de mammouths sont les plus communes. Les images de félins, de rongeurs, d'oiseaux et de poissons sont moins fréquentes. On trouve aussi quelques animaux imaginaires. Les représentations sont parfois partielles : on ne voit que la tête ou une partie du corps. La disposition des figures n'est pas aléatoire : bisons et chevaux occupent une position centrale. Rennes, cerfs et félins sont situés à la périphérie. Les artistes possèdent une grande connaissance du comportement des bêtes. Ils les peignent en mouvement ou au repos, seules ou enchevêtrées, à la même échelle ou non. La position des images n'est jamais fortuite. Elle se conforme à une syntaxe, s'apparente à un langage codé. Des signes abstraits points, traits, carrés, cercles apparaissent parmi les peintures. Situés à proximité ou non des figures, ils sont associés entre eux ou isolés. On les interprète difficilement. S'agit-il d'objets stylisés, d'éléments d'identification, de repères permettant aux peintres de s'orienter dans les profondeurs de la grotte? On l'ignore. De même, on explique mal le sens des mains aux doigts incomplets figurant sur certaines parois. Certains spécialistes y voient une sorte de code gestuel, évoquant le langage des sourds et muets. La grotte de Lascaux, découverte en 1940, est ouverte au public en Très vite, des centaines puis des milliers de personnes se pressent pour la visiter. Certains jours, le nombre des visiteurs qui défilent dans la grotte atteint 1800 personnes En 1955, des gouttes d eau commencent à perler sur les peintures et à diluer les couleurs. Une ventilation est mise en place, mais elle ne suffit pas. En 1960, des taches verdâtres commencent à altérer les peintures. En 1963, la grotte de Lascaux est fermée au public, définitivement. Aujourd hui, on visite un facsimilé construit dans un bâtiment situé à quelques centaines de mètres de l original. Lascaux est, de ce point de vue, un exemple des problèmes que pose le développement du tourisme de masse. De nos jours, dès qu une découverte archéologique importante est connue, elle attire des milliers de personnes, ce qui n est pas sans risque pour la préservation du patrimoine. Certains auteurs affirment que les grottes peintes servaient de lieu d'envoûtement pour obtenir une chasse fructueuse. Pourtant, lorsque l'homme est représenté parmi les animaux, il est le plus souvent en position d'infériorité et les espèces dessinées sont rarement celles qu'il chassait. D'autres auteurs, constatant la présence de traces de pas d'enfants dans plusieurs grottes, prétendent qu'elles abritaient des cérémonies d'initiation. Des études archéologiques ont montré que la plupart de ces traces appartenaient à des bambins qui gambadaient de-ci de-là dans le sillage de leurs parents Les croyances des hommes de la préhistoire sont bien moins simples et bien moins primitives qu'il n'y paraît. Elles ne se réduisent pas à des superstitions et à des gestes magiques. Il est vraisemblable que les animaux gravés ou peints expriment, par leur choix et leur disposition, des récits mythologiques. Ces images sont probablement chargées d'un sens symbolique. En tout cas, elles ne représentent pas la vie quotidienne des chasseurs-cueilleurs de la préhistoire ancienne. Elles témoignent plutôt de leurs manières de penser et de croire. 2

3 Le préhistorien André Leroi-Gourhan s est penché sur cette question et a dénoncé la façon dont se construisent les interprétations erronées et fantaisistes des œuvres d'art préhistoriques : «Supposons [qu'un] être, intelligent mais dénué du moyen de communiquer avec nous, étudie la religiosité européenne en visitant des églises. Il y verrait des agneaux, un âne et un bœuf, de nombreux personnages torturés, flagellés, blessés, agonisants, gisant sur des tombeaux ; quelle image restituerait-il de la pensée chrétienne? Comment passerait-il de la superficie décevante des représentations à la profondeur mystique des concepts? [...] À travers les ouvrages, l'homme préhistorique change de personnalité religieuse, tantôt magicien sanguinaire ou pieux collectionneur de crânes d'ancêtres, tantôt danseur libidineux ou philosophe désabusé [ ] Son comportement serait à étudier non en fonction des faits [...] mais à travers des biographies de préhistoriens [...] Ce qui est plus grave, c'est que, d'auteur en auteur, les hypothèses sont devenues des certitudes et l'on peut lire dans des ouvrages de vulgarisation les plus étonnantes affirmations, jamais vérifiées, jamais critiquées, prises un jour à la source du possible et entraînées depuis dans le flot de l'indiscutable. L'homme préhistorique, volontiers déguisé en sorcier cornu, se livrait dans les cavernes à des chasses mimées, recouvrant les parois de dessins de juments gravides et de bisons envoûtés, d'accouplements humains et animaux, de huttes, de boomerangs, de harpons, de pièges et de huttes à esprits. Posant sa main aux doigts mutilés sur la paroi, il la cernait d'ocre et pour les initier aux rudes réalités de la vie surnaturelle, il traînait sous les voûtes froides de pauvres adolescents. C'est là, à peu de chose près, ce qui a nourri l'image assez pauvre et simplette qu'on se fait de la religion des cavernes» A. LEROI-GOURHAN, Les religions de la préhistoire, 3e éd., Paris, P.U.F., 1976, pp. 2-3 et 148. E. Associer les données L'art préhistorique ne se réduit pas aux gravures et aux peintures rupestres. Il se manifeste également dans l ornementation de nombreux objets d usage courant. On l observe aussi dans la fabrication des statuettes féminines aux formes accusées et aux visages indéfinis sculptées dans l ivoire et la pierre ou modelées dans l argile. L originalité esthétique s accroît durant la préhistoire récente. Elle transparaît notamment dans la décoration des poteries et des objets en métal. C est aussi l époque où apparaissent les premières constructions monumentales. Vers 4500 environ avant notre ère, les gens de chez nous commencent à bâtir de grands édifices en pierre dont la valeur architecturale et ornementale est indéniable. u Héritage 02.7 L architecture monumentale F. Évaluer les acquis Interpréter correctement une œuvre d art Pour saisir le sens d une œuvre d art, il est indispensable d en connaître le contexte culturel. Par exemple, sans une connaissance élémentaire de la mythologie gréco-romaine ou de l histoire sainte, bien des réalisations artistiques de nos régions sont incompréhensibles. Faute d être familiarisé avec les manières de penser des artistes de la préhistoire, l interprétation de leurs œuvres est très hasardeuse. 3

4 NOM : Classe : LA PEINTURE PRÉHISTORIQUE Objet Matériel Démarche Interpréter correctement une œuvre d art. La grotte des Trois-Frères située dans le sud de la France près de la commune de Montesquieu-Avantès, département de l Ariège, contient des peintures de la préhistoire ancienne. L une d elles est célèbre. Elle représente un «homme-cerf». Elle date d il y a environ ans. Observer le dessin. Lire les textes figurant à côté de ce dessin. Pointer le texte qui inspire le plus confiance. Ce personnage s est déguisé en cerf pour participer à la fête qui, chaque année, marque la fin de la période de la chasse. Ce personnage est un sorcier. Il porte un masque et des bois de cerf sur la tête pour animer une cérémonie à caractère magique. Il est impossible de dire pourquoi ce personnage a pris l apparence d un cerf. Notre connaissance de la préhistoire est insuffisante. Ce personnage mi-animal et mi-homme est un dieu vénéré par les hommes de la préhistoire. Son image illustre un récit mythologique. Ce récit nous est malheureusement inconnu. Henri BREUIL, Quatre cents siècles d art pariétal, Montignac, 1952, p Cette œuvre est un portrait. Elle représente un homme ayant revêtu la tenue de chasse qu il porte habituellement pour approcher le gibier. heritages-du-passe.net, 2015.

5 NOM : Classe : LA SCULPTURE PRÉHISTORIQUE Objet Matériel Démarche Interpréter correctement une œuvre d art. Trois «Vénus» préhistoriques : la Vénus de Dolní Věstonice (République tchèque), la Vénus de Willendorf (Autriche) et la Vénus de Lespugue (France). Ces trois Vénus, vieilles d environ ans, présentent des caractéristiques assez semblables : ce sont des femmes aux formes exagérées, mais aux visages indéfinis. Observer chacune des statuettes et les comparer entre elles. Lire les textes figurant à côté des photographies. Pointer le texte qui semble le plus proche de la vérité. 1 images de maternité. Elles représentent des femmes enceintes. Elles sont des symboles de la fertilité. Ces statuettes sont les images des déesses-mères que vénéraient les hommes de la préhistoire. 2 Il est impossible de dire ce que représentent exactement ces statuettes. Notre connaissance de la préhistoire est insuffisante. porte-bonheur. Elles protégeaient les femmes enceintes contre les risques liés à la grossesse et à l accouchement Vénus de Dolní Věstonice. Vers Argile cuite. Hauteur : 11 cm. 2. Vénus de Willendorf. Vers Calcaire. Hauteur : 11 cm. 3. Vénus de Lespugue. Vers Ivoire de mammouth. Hauteur : 15 cm. objets décoratifs que façonnaient les maris et les enfants pour en faire cadeau à leurs femmes ou à leurs mères. heritages-du-passe.net, 2015.