DÉMONSTRATION de KEVIN WILLSON sur un PIN SYLVESTRE MAZAUGUES (83) le 8 avril 2006.

Transcription

1 DÉMONSTRATION de KEVIN WILLSON sur un PIN SYLVESTRE MAZAUGUES (83) le 8 avril Ce compte-rendu est destiné aux membres du Bonsaï Club de la Sainte-Baume, et plus particulièrement à ceux qui n ont pas pu participer à ces journées «Kevin Willson» afin de partager nos informations et émotions. 1 - Examen de l arbre : Ce pin sylvestre a été prélevé il y a trois ans. Selon Kevin, c est le laps de temps raisonnable et minimum qu il faut laisser entre le prélèvement et la mise en forme de l arbre. Travailler un yamadori avant le rempotage est un gain de temps : si l on rempote l arbre en premier, il faut encore attendre trois ans pour la mise en forme. Rappel pour les débutants : le rempotage et la mise en forme d un arbre ne se font pas la même année. Ici, l arbre est en bonne santé, l aspect un peu froid des aiguilles en témoigne, sauf peut-être la branche la plus basse (probablement dû à un manque de lumière). On pourrait laisser l arbre avec sa forme actuelle quoiqu il y ait un autre style plus intéressant de rechercher. Kevin occulte le feuillage pour regarder la qualité de l écorce. L image dynamique du tronc et son mouvement pourraient être caché par un futur jin qu il voudrait créer. Alors il déplore la mauvaise conicité de la base du tronc (nebari). Tout ceci le détermine pour réaliser une semi-cascade en ramenant la seule branche verte sur le devant. Il choisit grossièrement la face avant et trouve la meilleure position de travail.

2 2 Préparation de l arbre : Ligaturer avec tant d aiguilles n est pas possible. On retire les branches mal placées ou mortes et les aiguilles des années précédentes. Quelques aiguilles de l'année précédente ont été supprimées fin septembre pour éviter le dépérissement des rameaux inférieurs et pour permettre à tous les rameaux de recevoir plus de lumière afin de favoriser un bourgeonnement arrière. Une ligature se fait sur une branche nette. On laisse un seul bourgeon, le plus gros donc le plus fort pour plus tard le pincer et favoriser des repousses en arrière. Pour protéger la grosse branche à plier, on l entoure fermement de raphia préalablement mouillé. Pour ses ligatures, Kevin utilise du fil d aluminium, plus malléable, et réserve le fil de cuivre, plus rigide, pour les extrémités. 3 Préparation du premier jin : Il s agit de la branche qui passe devant la base du tronc et se dirige vers l arrière. Dans la représentation définitive de l arbre, ce jin va se retrouver en position presque verticale et dans la partie supérieure. Il devra être le plus naturel possible. Kevin commence par diminuer la longueur de ce jin de moitié. Il estime avoir suffisamment d humidité, ce qui permet de travailler plus facilement et manuellement. Il arrache de grosses quantités de fibres à partir de l extrémité jusqu au tronc en veillant à ne pas entamer l écorce du tronc, pour garder un maximum de relief à ce tronc. Les petites fibres résiduelles sont brûlées au chalumeau.

3 4 Préparation du deuxième jin : La branche qui alimente la partie verte se sépare en deux : la partie verte et une partie dénudée. Cette partie dénudée est trop longue. On la coupe à cinq centimètres de la fourche afin que les veines puissent continuer à alimenter la partie verte. Ce qui implique de faire le jin plus tard. Mais, lors de la coupe, on constate que le bois est mort depuis longtemps. On peut donc faire le jin de suite mais en utilisant une machine outil car le bois est trop dur et trop sec pour le travailler manuellement. Kevin utilise 3 outils (une fraise pour le dégrossissage, puis une bosse pour le polissage et in-fine une fraise pour le travail fin). Les 3 outils utilisés.

4 Kevin précise que sur un nouveau jin il attend un an avant d appliquer le liquide à jin. Cela permet de laisser au bois le temps de se patiner avant d être blanchi. 5 Mise en place de la branche : Il est important de tordre une branche en se servant de ses deux mains afin de ressentir toutes les tensions de celle-ci. Cette branche est maintenue par haubanage et aussi pour la positionner précisément.

5 Kevin avait envi d amener cette branche encore plus en avant, mais il préfère ne pas prendre de risques et stopper là. Ce travail sera à reprendre plus tard, dans un an ou deux. 6 Troisième jin : Il est naturel. Kevin tente de le ramener vers l avant, dans le sens de la cascade, en le chauffant à l aide d un chalumeau. C est un échec et Philippe Ardany, propriétaire de l arbre, propose d entourer cette branche sèche d un linge mouillé pendant plusieurs heures (ou jours) avant d essayer de la tordre. Finalement, suite à cette contrainte de temps, l intervention consiste en un simple travail de polissage. 7 Choix de l inclinaison de la semi-cascade : 8 Mise en forme de chaque branche : Les branches basses doivent être descendantes et les celles de la partie supérieure, ascendantes.

6 Chaque branche tertiaire doit se terminer en plateau comme une main à plat, paume tournée vers le haut, doigts recroquevillés vers le haut. Le rameau central pratiquement vertical, les rameaux de droite de plus en plus inclinés vers la droite à partir du rameau central, et ceux de gauche de plus en plus inclinés vers la gauche. Pourquoi tourner ces rameaux vers le haut en éventail et non pas de les placer strictement vertical? A cette question, Kevin répond que c est plus correct et c est son choix personnel. 9 Aspect de l arbre en fin de soirée : La couleur du raphia a accentué le parallélisme entre le premier jin (vers le haut au centre) et le troisième jin (vers le bas à gauche). On se rend compte que ces deux jins sont un peu trop longs. Ils sont appelés à être réduits dans le futur. Une fine branche morte supplémentaire a été recollée à la super glue sur le tronc. Elle avait été volontairement cassée pour permettre le passage de la branche principale sous le tronc. Travail final sans le petit jin recollé (vue de face)

7 Arbre (vue de dessus)