DU PROF. MALU WA KALENGA FELIX
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- René Laframboise
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1 D E C L A RAT l ON DU PROF. MALU WA KALENGA FELIX A LA CONFERENCE NATIONALE SOUVERAINE 1. INTRODUCTION Monseigneur le Président, Madame et Messieurs du Bureau, 1. Je vous présênte mes félicitations pour votre élection à la direction de la Conférence Nationale Souveraine. Chères soeurs, chers frères conférenciers., 2. Je vous remercie de tout Coeur pour m'avoir invité à prendre part aux assises de la Conférence Nationale Souverain (C.N.S.). En ma qualité d'invité je suis tenu à la réserve. Je me dois de transcender mes options, éventuellement partisannes t pour oeuvrer à,1 1 émergence de ce consensus, centré sur ces valeurs élevées, que définissait, de façon fort heureuse, Monseigneur MONSENGWO t notre Président. II. UNE DOUBLE EXIGENCE Chères soeurs, chers frères conférenciers 3. Ma contribution au débat de politique générale s'articule autour d'une interrogation que je juge essentielle: Comment fonder dans la durée la prospérité de la nation? Chères Soeurs, chers Frères conférenciers, 4. Nous avons la charge de conduire notre nation au seuil d'une Troisiè~e République que nous souhaitons faite de plus
2 es justice, et plus prospère.: ~".- passe par une première... : il~nous faut éduquer la~hation dans une éthique du beau, du bi en et du vrai. -i e :su;is de ceux. et ils sont de p l us en plus nombr-eux, qui pensèl)± que le 21ème siècle sera le siècle de 1 'éthique ou ne:;er:<:i.pas. Cette conviction se f orrd e S~ï le àécalage qui augme-nte e nt r-e les sciences de la nat ur-e et 1 es sciences de l 1 hommê/ encette fi n du zaème s f è+ c le mar-o ué e pal- des e ve nc é sp$r:taculaii-es en technologie, notamment dans le domaine nucléàjiii'eet biologique. Ces avancées sont gr'ossè"s de risques majeurs pour- l'humanité La deuxième exigence pour ~tteindre l'objectif que nous nous ass1gnons est la ma1tri'seplus assurée de la science et de la technologie au niveau que.requièrent les enjeux. IV. LA SCIENCE ET L'ETHIQUE DU YRAI, DU BIEN ET OU BEAU..,. 1 I1 est à remarquer qle ces deux exigences sont complémentaires. Par la discipline contr"aignante qui est la sienne la démarche scientifique participe, en effet, à 1 I~ducation dans une éthique du vrai, du bien et du beau. En s'appliquant à une lecture rigoureuse du livre de la nature. la science fonde la conviction~n la primaut~ de la vérit' en toutes choses, singulièrement dans la conduite des affaires du monde. la recherche, la découve,te et la défense de la vérité, dans l'unicité de ce concept, est une pédagogie Jlun C0mportement qui est vertueux dans son essence. En ce13 la science participe égaleme~t à l!éducation daï1s une ~thique du bien. Enfin la nature que le scientifique appréhende belle; elle ruisselle d'intelligence. l'activité scientifique, bien conduite, est ainsi, 3U total, une p-édagogie du vrai, du bien et du beau.
3 .... y..:-'!:.>". PROJET DE DECLARATION L'importance de l 1 é t h i que du pour les pr~sentes assises a j..té s-ou lignée par Monse; gr).'è.ur t40nsengwo dl errt rée de des exposés de politique générale qui nous concerne actuellement. Il n'est pas acc-::pt~b-le de dire n'importe quoi sur n'importe qui, sans s'être assuré de la.. éracité des charges. Le faï re c'est fonder là Troi si ème Répub 1i que sur' des bs s e s qui e s s ur-e n t de sa faillife à très court terme. f.1a conviction sur l'impérieuse néces,sité d'un respect strict de la '1éd té est à ce point ancrée q~e je propose à la Conférence N.3tiona1e souve r e i ne d'ad6s)ter en p r é amb ul e des conclusions qu'elle aura â ti.er de 5es débats de politique gé-.. nérale la déclaration suivante: I!Nous, Délégués du Peuple à la Conférence Nationale Souveraine, sommes convaincus qu~'seule la vérité libè~e. le projet de société que nous nous p~oposons de mettre en place ne saurait subsister s'il n'est pas fondé su, le respect 10- conditionnel de la v~rité. Celle-ci ne saurait en aucun cas être subordonnée a d'autres exigences que les siennes propres au risque de voir rapidement p~ricliter l'ent'9prise commune". VI. L'IMPORTANCE DE LA MAITRISE DE LA TECHNOLOGIE chè.es soeurs, chers frères conférenciers, 9. Notre pays passe pour être scandaleusement riche, tiellement du moins. Cette assèrtion, répétée à l'envie durant les présentes assises, se fonde sur l'existence des r~ssource~ premières d~ sol :t du sous-sol que l'on juge exceptionnelles. Je suis de ceux que cette affirmation agace souverainement. Il faudrait. en effet, et pour le moins. le nuancer. Le scientifique et le technicien que je suis, sais, pour l'avoir souvent analysé, que la richesse des nations
4 se mesure pi-incipalementpaï"' leur capacité d'inno-.en science et en technolog{g-;;ien somme par la qual ité : ~:::.;.. matière grise qu'elles sontii:('mêmede mobiliser. ;.< 10. Cette mob î I i sat i on se fa;tauj6urd 'hui à grande é c he 11 e.r-.:.:-:~< dans les pays développés. C ' est<9'ü:'en cette fin d.e si èc le, la v i ab î l'i t é, à fortiori la prospérité é conom i que, des nations mode.nes. se joue sur la fll~:ttrisela plus assurée possible d'un ensemble de techniqué:i-.depointa qui révolutionnent 1a producti on i ndu st rie 11 e./-ces t echni q ues représentent gl ob a l ement un saut qua 1i tatifimpol~tant. On 1es résume, prosa ï queme nt sous 1e 1 voc abi e de Il révo luti on de l' inte11 igence". 11. Par lfrévolution de 1 'inte~ligence" on entend une nouvelle organisation de 1 'activit4' de Recherche-Développement (R&D) qui slappuie sur ce constat que la ressource renouvelable de base de l 'humanité est encore l'intelligence créatrice de l'homme 1ui-même qu'il importe de mettre en oeuvre de la façon la plus efficiente possib)e. La "révolution de l'intelligence" se me rque, dans la production 'industrielle, par une réduction sensible par unité de PNB, de la quantité des intrants physiques, telles les mati~res premières e~ l'énergie. Cette mutation technologique prend globalement corps avec l'avènement des micro-processeurs et de la rnjcroinformatique il y a 15 ans. 12. La "r-évolution de l'intelligence" explique en p art j e la détérioration continue des termes de l'échange des matières premières, qui est à l'origine de nombre de problèmes de croissance économique des pays an développement dont le notre. SUi' lep l an c omrre rci.31 1a r é vo1 ut ion de l' i rrt e 11i gen - ce se traduit par la mise sur le marché de produits à très hautes valeurs ajout~es. fondés plus sur l'imagination créatrice de l 1 homme que sur la qualit~ intrinsèque des intrants matériels de base.
5 technologique que colossal pour tous développement comme ::~i~s~:;~:~::>.; :. -;:.~.':.::~::: :'~;ç,;-":" po~iif';h'a révo 1ut 1on de l'i nte 1- }~~~~~ys s si ngu1 ièrement pour o_-~:,-:.~~"~..".. " l~ci,;nqtre."les enjeux associ é s "r' volution de 1 'intell igérl4g:>s'apprécient sur les quatrefronts principaux qui marqj~~t son déploiement ; le front des nouveaux matériauxy le front de l'informatique et ".~." front de 1a producti on de "" 1 1 én~t' "fè. f~lfront des biotechnologies, d,~1;'ji~télématiquejet enfin le VII. LES NOUVEAUX MATERIAUX 14. Dans 1e coûrt terme 1e front le plus préoccupant pour notre pays est celui des nouvéaux matériaux. les avancées technologiques sur ce front hveothèquent notre économie, fondée pour l~essentiel sur li~*portation des matièr~s premières minérales. la prob1émat'i\quede l'utilisation industrielle des matériaux se modifi~ rapidement en effet. Par le passé 1es caractéri sques d' un maté,~iau, tel que 1e cui vre, déterminaient les applications~ndustrielles envlsageables. Aujourd'hui c'est 1 'applicatio~ qui détermine le matériau de synthèse que 1 'ingénieur élabbre de façon três précise pour coller avec les spécifications imposées par l'application. On mesure par cette affirmation le saut qualitatif accompli par la technologie dans ce secteur grâce i une utilisation plus fine de l'intelligence. Ce saut qualitatif fait que l'économie de nombre de matières premières de base, dont le cuivre, s'effondre. VIII. LES BIOTECHNOLOGIES 15. Le second front du déploiement de la révolution de l'intelligence est constitué par les biotechnologies. Par ce terme on entend l'ensemble des techniques qui visent llexploitation industrielle des micro-organismes. des cellules animales et végétales, et de leurs constituants~ le génie 5
6 r~:.~::jenle enzymatique s:1~5';~ n; e des fermentations. 't'!!fsl{}n::'(jie:s cell u1es, r é vo1uti'~~b~nt de nombreuses indusl 1 e xp loit3t; on~~~~;'~rnat; ères en organ; que s. Le particu1 ;er.:,:'p èrmetla reprogrammation ~réation d' espèces org~-~_j'4lj~s douées de pr-oo r I étés qui en font des prod!.iii~:~~/âtrès hautes valeurs 16. Les réalisations des biotech~9-j'hgies et leurs potentiels de développement, induisent, ou "', ai ssent errt r-evo i '-. des changements majeurs dans 1eSim:ar.èhés du médicament. de l'alimentations de l'agricul't üre>et même de l'énergie. De plus en plus de produits nouveati~,;~xou anciens mais réalisés par des méthodes nouvelles';.fu&ins onéreuses et moins énergétivores, concurrencent l éifprodui t s organ-iques traditionnels exportés par les pays en développement- A moins d'investir suffisamment dans le~~~ciences et les techniques biologiques de pointe. not.epays court le risque de voir s'effondrer, à plus ou moins long terme, le marché de ses produits organiques, alors IDême~que l~s acquis des biotechnologies l'autorisent de substit~er une agriculture intensive à l'agriculture extensive traditionnelle. Cette substitution devient un impératif catégorique.avec la croissance rapide et préoccupante de notre population. IX. L'INFORMATIQUE ET LA TELEMATIQUE!7. Le troisième front de déploiement de la révolution de l!intelligence est constitué par l'informatique et la télématique. Par informatique on entend le traitement automatique de l'information. Par ses ~vantages et par ses contraintes, 1!informatique est à 1a fois un atout et un défi pour tous les pays. Elle révolutionne l'ensemble dac systèmes prod~ctifs des nations modernes. 18. L'association de l'informatique et de la commutation di-
7 èe ~ti~ul':r!on con Iii errt dl app e 1er 1a a.ccr6!.-f ~~f~{façonspectaculai re la '-"UI_II:,,,,:.,,,,,,.=.;:o:..serviées'aètrai tement et de trans-. :- -'. ---,.. ::-,. - : de T' informàtjoi'i~>l' importance prise par l'iriformatique et la térématiqt!;ig-f~itque l'information est actuellement un des facteurs décisifs qui fondent la compétitivité industrielle et commebtiél~des nations modernes. x. L'ENERGIE 19. Le quatrième et dernier.t.r-ontprincipal de dép lot emen t de la "révolution de 1 1 intel1isènce"est le f rorrt de 1a pro-, duction de l'énergie. L'énergi~ibue un rôle majeur dans tout projet de développement. ~T~V a, par ailleurs, un lien manifeste entre 1 f~nergie et~le confort matériel. Cette liaison n'est cependant pasiinéaire. rl y a toujours un choix de société â faire, un projet de d~veloppement articuler, un mode de consommation et un style de vie à adopter, qui influent sur la qualité de la vie et sur l'impor-tance de 1a dépense é nerçé ti'que., a 20. Les contraintes, notamment colog~ques, li~es à la production de l'énergie font que~$on cogt augmente sans cesse en terme de capitaux, d'expertises, de ressourc:s diverses (eau, air, matériaux). Dès lors que le codt de l'énergie augmente les avancées techn61sgiques s'emploient â le produire à meilleurs comptes pour la communauté tout en réduisant la dépense énergétique p~f unité de PNB produit. ~a recherche des sentiers énergétiques autorisant un développement socio-économique soutenable est aujourd'hui fermement engagée, grâce aux préoccupa~ions ~cologiques ex~rimées par la Commission Mondiale sur l'environnement et le Oéveloppement (o.1ed).
8 XI. LES SOURCES DE REVENU DE NOTRE~AVS Chèrces'C. soeurs. chers frères conf-' f"enciers, 21. Sur 1es quatre fronts q,ji-fond-ent la "r-é vo 1u t î on de 1 Fintelligence ll notre pays accli~d-'i ;ti.n retard qu'il importe de combler. L'activité de R&D dani;{;1;kmonde se fait de plus en plus dynami que. Il apparaît.s,i.if1e marché d-es o rodu i ts et des services dont?a valeur ajoljf~e ne cesse de cro1tre. Les intrants physiques (matériaux et;;. n~rgie)dans le processus de fabrication industrielle ne l~;;se de diminuer par contre. 22. Dans un tel contexte ilêst illusoire de compter sur l'exportation des matières premières, singulièrement non renouvelables, pour asseoir la prospérité de notre pays. Il nous faut, pour le moins, valort~er nos ressources minières, notamment par' une présence acti ve dans 1e secteur de la recherche qui concerne les nouveaux ~atériaux. Il nous faut valoriser nos ressources naturêl1es végétales et nos produits agricoles. par une recherche qui viserait à lever diverses contraintes qu~ affectent leur compétitivit~. 23. Concernant les ressource~ agricoles la première contra1nte est la dégénérescence du matériel génétique. Pour lever cette contrainte il faut maîtriser et mettre à contribution le génie génétique. La seconde contrainte ~st la fragilité des sols qui impose l'adoption des façons culturales adaptées. 24. Concernant les ressources naturelles végétal~s la con- trainte de ba5e est l'absence de gestion rationnelle. C'est particulièrement le cas de la forêt tropicale humide qu1 est notre patrimoine le plus précieux i mon sens. la destruction des forêts pose de nombreux problèmes. PI~oblèmes é co loq i que s d'abord et singulièrement le renforcemedt de l'effet de serre par la libération du gaz carbor.ique dans l'atmosphère. Problème de réduction de la diversité génétique ensuite par ṇ..j
9 la.:disparition d'une' tout le monde juge E:xceptionn~lle. c'est en pa... + ;;~~:,~.~h~ le cas des plantes mé- diêjnales sur lesquelles >' <::::J.C fonde la médecine tfadit{~'nne11e, ce 11e des i";:orai"iciens,dont l 'importanmésestimée. ce pour le monde rural ne XII. RECOMMANDATIONS Chères soeurs, chers frères conf~""enciers, 25. Les considérations précéden];ê'sse coulent en un ensemble ~ de recommandations qui je propos~ià votre attention. ( 26. Première recommandation. La révolution de 1 'intelligence.se fonde en grande partie sur un accès rapide et peu coûteux à l'information. Cet accès est tributaire de moyens de télécommunication performants. La première recommandation est donc de réhabiliter au plus vite et en première priorité le système des télécommunications de notre pays. 27. Oeuxième recommandation. L'information est devenu dans les faits un facteur sur lequel repose la croissance en tous genres des nations modernes. Il y a lieu d'automatiser son traitement dans tous les secteurs et à tous les niveaux de la vie nationale. La seconde recommandation est donc de pourvoir rapidement à l'informatisation de notre société. Ceci nécessite l'élaboration d'un Plan Informatique National (PIN) adéquat. Pour 9
10 ce faire une commission d~ment sur pied. ~a.troisiême recommandation. La valorisation des ressources naftit~ ljesvégétales et agri- '..' _. - " 0-,:. '~_.~:~. ":,'. _ -. col es passe par lapréservati ond~j:~;di versité génétique et l'amélioration constante dlj.matérl~i9énétique. La troisième recommandation est donc\de promouvoir la maîti':lse du<qéniefiénétlque danslgs:.centres et instituts de <~echer~he qui s'i-ntére~sent à l 1 a~~-ié;ulture et aux ressour-. ' c~~_nature lle:~>.végéta les. Par ~,~ileurs une législation ad ' ;.hoc.dèvrait être élaborée pour en2~~rer l'exploitation de :;i~;fj~~':'e, notamment des plantes in~dicinales. 29. Quatrième recommandation. La détérioration continue des termes de 1 'échange des pro- duits miniers exportés par notre pays impose de les valoriserpar la recherche. Laqi,Jatrième recommandation est de bâtir une capacité de re- 'chert:he avancée dans le secteur des nouveaux matériaux. Cette capacité pourrait être à vocation régionale~ voire internationale dans le cadre du centre de promotion de l'utilisation du cuivre financée par le cartel des producteurs du cuivre (CIPEC). Kinshasa le 17 Mai 1992 Prof. Malu wa Kalenga Félix 10
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