Forum. Forum. Transdisciplinarité. Edgar Morin Alain Findeli Pierre Philippe Joël de Rosnay. Alan Belkin Jean-Guy Nadeau Marisa Zavalloni Yves Lenoir

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1 Forum L Autre Forum LE JOURNAL DES PROFESSEURS DE L UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL VOLUME 7, NUMÉRO 3, MAI 2003 Edgar Morin Alain Findeli Pierre Philippe Joël de Rosnay Transdisciplinarité Alan Belkin Jean-Guy Nadeau Marisa Zavalloni Yves Lenoir

2 Sommaire Forum L Autre Forum LE JOURNAL DES PROFESSEURS DE L UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL VOLUME 7, NUMÉRO 3, MAI 2003 Chroniques Dossier Page éditoriale 3 Nouvelles de l Assemblée 49 Nouvelles de la FQPPU 50 Impertinences 51 SGPUM Info 52 Transdisciplinarité 4 Sur l interdisciplinarité 5 par Edgar Morin Design et complexité: un projet scientifique et pédagogique à visée transdisciplinaire 11 par Alain Findeli La science comme elle va 18 par Pierre Philippe Complexité et transdisciplinarité: nouvelles méthodes, nouveaux outils 22 par Joël de Rosnay De la Bourse à la musique, en passant par la théorie de l évolution 27 par Alan Belkin La théologie pratique entre Pâques, l expérience et la théorie critique 29 par Jean-Guy Nadeau L ego-écologie, une voie transdisciplinaire pour l étude des identités vivantes 33 par Marisa Zavalloni La transdisciplinarité, un phénomène naturel redécouvert mais aussi chargé de prétentions 40 par Yves Lenoir Comité de rédaction Jean-Guy Besner Stéphane Molotchnikoff Pierre Philippe Samir Saul Collaboration Michel Bigras-Poulin Reynald Bourque Stéphane Molotchnikoff Jean A. Roy Édition et production Rédaction Suzanne Grenier (Intersigne) Conception graphique Diane Héroux Illustration de la couverture Normand Cousineau Illustration Jacques Goldstyn lmpression Produlith inc. L Autre Forum est un journal d information et de débats financé par le SGPUM. Les auteurs sont responsables du choix et de la présentation des faits figurant dans leurs articles ainsi que des opinions qui y sont exprimées, lesquelles ne sont pas nécessairement celles du SGPUM et n engagent pas le syndicat. SGPUM C.P Succursale Centre-ville Montréal (Québec) H3C 3J7 Tél. : (514) sgpum@ere.umontreal.ca

3 Reynald Bourque, président sortant, SGPUM Page éditoriale Bilan et perspectives de l action syndicale au SGPUM M on mandat à la présidence du SGPUM a pris fin lors de l assemblée générale du 16 avril dernier et la liste de candidates et candidats conduite par Louis Dumont a été élue pour la prochaine année à la direction du syndicat. Durant la courte période durant laquelle j ai été à présidence du SGPUM, notre organisation a eu la responsabilité de maintenir une attitude solidaire devant le conflit de travail impliquant l Université de Montréal et les employés de soutien membres du SEUM-Local 1244 (SCFP). Pendant plusieurs semaines, en l absence du personnel de soutien qui assume des tâches essentielles au bon fonctionnement de l institution, les membres du SGPUM ont dû effectuer leur travail dans des conditions inhabituelles. Les membres présents à l assemblée générale du 16 avril dernier ont manifesté leur appui aux collègues en grève en entérinant une proposition du bureau du SGPUM à l effet d endosser un prêt permettant au SEUM de verser des allocations de grève supplémentaires en cas de prolongement du conflit. Nous souhaitons que ce conflit de travail qui a trop duré n envenime pas les relations de travail à l Université de Montréal alors que le SGPUM engage des négociations pour le renouvellement de la convention collective des professeurs et des chercheurs. L année écoulée a exigé une mobilisation syndicale soutenue sur l épineuse question de l accès aux dossiers de candidature en cas d ouverture de poste. De longues négociations ont débouché sur une entente qui respecte les principes défendus par le SGPUM, soit la collégialité et la transparence dans les processus de sélection et d embauche. Le texte sur lequel les parties se sont entendues sera intégré à la prochaine convention collective. D autres litiges ont été soumis à l arbitrage, notamment le partage des bénéfices liés à la démutualisation de la société d assurance collective Mutuelle-Alliance, l intégration et l affichage des postes de chercheurs, et les procédures de sélection des professeurs bénéficiant de chaires de recherche du Canada. Le SGPUM s est aussi engagé dans une campagne d information sur l attribution et le calcul des charges d enseignement qui a suscité beaucoup d intérêt chez nos membres. La préparation de la convention collective a été la principale activité des délégués syndicaux du SGPUM au cours de la dernière année, puisqu elle a fait l objet du colloque annuel des délégués en novembre 2002 et de cinq séances du conseil syndical tenues entre janvier et avril Le comité de négociation élu par le conseil syndical en novembre 2002 y a aussi consacré une vingtaine de journées depuis sa nomination, et le fruit de ce travail collectif a été consigné dans un projet de demandes syndicales qui a été présenté et ratifié à l assemblée générale du 16 avril. Les négociations pour le renouvellement de la convention collective qui vient à échéance le 31 mai 2003 seront déterminantes pour l amélioration de nos conditions de travail et pour une répartition plus équitable des salaires et des charges de travail. J invite donc les membres du SGPUM à soutenir les efforts du bureau syndical et du comité de négociation en participant aux discussions et aux consultations qui seront requises pour mener à bien cette négociation. AF L Autre Forum : mai

4 Transdisciplinarité S engageant dans les sentiers de la complexité, L Autre Forum a invité des universitaires de tous les horizons à témoigner des aventures «hors frontière» qui ont marqué leurs recherches et l évolution de leur discipline.

5 Dossier Sur Déjà en 1982, dans Sciences avec conscience, Edgar Morin traitait de l «ancienne» et de la «nouvelle» transdisciplinarité, en présentant favorablement cette dernière comme une invitation non pas à effacer la diversité du réel, mais à «penser soi-même dans la complexité». Le texte qui suit élabore de nouveau cette idée à une époque plus récente, en 1990, où il était devenu évocateur de parler de «perestroïka scientifique». Maintes fois cité, republié 1, «Sur l interdisciplinarité» connaît un effet de réception qui a incité L Autre Forum à le réactualiser comme repère en introduction à ce dossier sur les parcours «ouverts» de la pensée disciplinaire. l interdisciplinarité Edgar Morin Directeur émérite de recherche au CNRS L a discipline est une catégorie organisationnelle au sein de la connaissance scientifique; elle y institue la division et la spécialisation du travail et elle répond à la diversité des domaines que recouvrent les sciences. Bien qu englobée dans un ensemble scientifique plus vaste, une discipline tend naturellement à l autonomie, par la délimitation de ses frontières, le langage qu elle se constitue, les techniques qu elle est amenée à élaborer ou à utiliser, et éventuellement par les théories qui lui sont propres. L organisation disciplinaire s est instituée au XIX e siècle, notamment avec la formation des universités modernes, puis s est développée au XX e siècle avec l essor de la recherche scientifique; c est-à-dire que les disciplines ont une histoire: naissance, institutionnalisation, évolution, dépérissement, etc.; cette histoire s inscrit dans celle de l université, qui, elle-même, s inscrit dans l histoire de la société; de ce fait les disciplines relèvent de la sociologie des sciences et de la sociologie de la connaissance et d une réflexion interne sur elle-même, mais aussi d une connaissance externe. Il ne suffit donc pas d être à l intérieur d une discipline pour connaître tous les problèmes afférents à celle-ci. Vertu de la spécialisation et risque de l hyperspécialisation La fécondité de la discipline dans l histoire de la science n a pas à être démontrée;d une part, elle opère la circonscription d un domaine de compétence sans laquelle la connaissance se fluidifierait et deviendrait vague; d autre part, elle dévoile, extrait ou construit un objet non trivial pour l étude scientifique: c est en ce sens que Marcelin Berthelot disait que la chimie crée son propre objet. Cependant l institution disciplinaire entraîne à la fois un risque d hyperspécialisation du chercheur et un risque de «chosification» de l objet étudié dont on risque d oublier qu il est extrait ou construit. L objet de la discipline sera alors perçu comme une chose en soi; les liaisons et solidarités de cet objet avec d autres objets, traités par d autres disciplines, seront négligées ainsi que les liaisons et solidarités avec l univers dont l objet fait partie. La frontière disciplinaire, son langage et ses concepts propres vont isoler la discipline par rapport aux autres et par rapport aux problèmes qui chevauchent les disciplines. L esprit hyperdisciplinaire va devenir un esprit de propriétaire qui interdit toute incursion étrangère dans sa parcelle de savoir. On sait qu à l origine le mot discipline désignait un petit fouet qui 1. En 1994 dans le Bulletin interactif du Centre international de recherches et études interdisciplinaires et en 2003 dans Les Cahiers de la recherche architecturale et urbaine. L Autre Forum : mai

6 servait à s autoflageller, permettant donc l autocritique; dans son sens dégradé, la discipline devient un moyen de flageller celui qui s aventure dans le domaine des idées que le spécialiste considère comme sa propriété. L œil extra-disciplinaire L ouverture est pourtant nécessaire. Il arrive même qu un regard naïf d amateur, étranger à la discipline, voire même à toute discipline, résolve un problème dont la solution était invisible au sein de la discipline. Le regard naïf, qui ne connaît évidemment pas les obstacles que la théorie existante met à l élaboration d une nouvelle vision, peut, souvent à tort, mais parfois à raison, se permettre cette vision. Ainsi Charles R. Darwin, par exemple, était un amateur éclairé; comme l a écrit Lewis Mumford: «Darwin avait échappé à cette spécialisation unilatérale professionnelle qui est fatale à une pleine compréhension des phénomènes organiques. Pour ce nouveau rôle, l amateurisme de la préparation de Darwin se révéla admirable. Bien qu il fût à bord du Beagle en qualité de naturaliste, il n avait aucune formation universitaire spécialisée. Même, en tant que biologiste, il n avait pas la moindre éducation antérieure, sauf en tant que chercheur passionné d animaux et collectionneur de coléoptères. Étant donné cette absence de fixation et d inhibition scolaire, rien n empêchait l éveil de Darwin à chaque manifestation de l environnement vivant.» De même, le météorologiste Alfred Wegener, en regardant naïvement la carte de l Atlantique Sud, avait remarqué que l Ouest Afrique et le Brésil s ajustaient l un à l autre. Relevant des similitudes de faune et de flore, fossiles et actuelles, de part et d autre de l Océan, il avait élaboré, en 1912, la théorie de la dérive des continents: celle-ci, longtemps refusée par les spécialistes, parce que «théoriquement impossible», undenkbar, a été admise cinquante ans plus tard notamment après la découverte de la tectonique des plaques. Marcel Proust disait: «Un vrai voyage de découverte n est pas de chercher de nouvelles terres, mais d avoir un œil nouveau.» Jacques Labeyrie nous a suggéré le théorème suivant, que nous soumettons à vérification: «Quand on ne trouve pas de solution dans une discipline, la solution vient d en dehors de la discipline.» Empiètement et migrations interdisciplinaires Si les cas de Darwin et de Wegener sont exceptionnels, on peut néanmoins dire très rapidement que l histoire des sciences n est pas seulement celle de la constitution et de la prolifération des disciplines, mais en même temps celle de ruptures des frontières disciplinaires, d empiétements d un problème d une discipline sur une autre, de circulation de concepts, de formation de disciplines hybrides qui vont finir par s autonomiser; enfin c est aussi l histoire de la formation de complexes où différentes disciplines vont s agréger ou s agglutiner.autrement dit, si l histoire officielle de la science est celle de la disciplinarité, une autre histoire liée et inséparable, est celle des inter-trans-poly-disciplinarités. La «révolution biologique» des années cinquante est née d empiétements, de contacts, de transferts entre disciplines aux marges de la physique, de la chimie et de la biologie. Ce sont des physiciens comme Erwin Schrödinger qui ont projeté sur l organisme biologique les problèmes de l organisation physique. Puis des chercheurs marginaux ont essayé de déceler l organisation du patrimoine génétique à partir des propriétés chimiques de l ADN. On peut dire que la biologie cellulaire est née de concubinages «illégitimes». Elle n avait aucun statut disciplinaire dans les années cinquante et n en a acquis un en France qu après les prix Nobel de Jacques Monod, François Jacob et André Lwoff. Cette biologie moléculaire s est alors autonomisée, puis elle a eu à son tour tendance à se clore, voire même à devenir impérialiste, mais ceci, comme diraient Jean-Pierre Changeux et Rudyard Kipling, est une autre histoire. Migrations Certaines notions circulent et, souvent, traversent clandestinement les frontières sans être détectées par les «douaniers». Contrairement à l idée, fort répandue, qu une notion n a de pertinence que 6 L Autre Forum : mai 2003

7 dans le champ disciplinaire où elle est née, certaines notions migratrices fécondent un nouveau champ où elles vont s enraciner, même au prix d un contresens. Benoît Mandelbrot va même jusqu à dire qu «un des outils les plus puissants de la science, le seul universel, c est le contresens manié par un chercheur de talent». De fait, une erreur par rapport à un système de références peut devenir une vérité dans un autre type de système. La notion d information, issue de la pratique sociale, a pris un sens scientifique précis, nouveau, dans la théorie de Shannon, puis elle a migré dans la biologie pour s inscrire dans le gène; là elle s est associée à la notion de code, issue du langage juridique, qui s est biologisée dans la notion de code génétique. La biologie moléculaire oublie souvent que sans ces notions de patrimoine, code, information, message, d origine anthropo-sociomorphe, l organisation vivante serait inintelligible. Plus importants sont les transports de schèmes cognitifs d une discipline à l autre: ainsi Claude Lévi-Strauss n aurait pas pu élaborer son anthropologie structurale s il n avait eu de fréquentes rencontres à New York, dans des bistros semble t-il, avec Roman Jakobson qui avait déjà élaboré la linguistique structurale; de plus Jakobson et Lévi-Strauss ne se seraient pas rencontrés s ils n avaient pas été l un et l autre réfugiés d Europe, l un ayant fui quelques décennies auparavant la révolution russe, l autre quitté la France occupée par les nazis. Innombrables sont les migrations d idées, de conceptions, les symbioses et transformations théoriques dues aux migrations de scientifiques chassés des universités nazies ou staliniennes. C est la preuve même qu un puissant antidote à la clôture et à l immobilisme des disciplines vient des grandes secousses sismiques de l Histoire (dont celles d une guerre mondiale), des bouleversements et tourbillons sociaux qui au hasard suscitent des rencontres et des échanges, lesquels permettent à une discipline de diasporer une semence d où naîtra une nouvelle discipline. Les objets et projets inter et polydisciplinaires Certaines conceptions scientifiques maintiennent leur vitalité parce qu elles se refusent à la clôture disciplinaire.ainsi en est-il de l histoire de l école des Annales qui est maintenant extrêmement honorée après avoir occupé un site marginal dans l université.l histoire des Annales s est constituée dans et par le décloisonnement: elle a opéré une pénétration profonde de la perspective économique et sociologique dans l histoire; puis une seconde génération d historiens y a fait pénétrer profondément la perspective anthropologique, comme en témoignent les travaux de Georges Duby et Jacques Le Goff sur le Moyen Âge. L histoire ainsi fécondée ne peut plus être considérée comme une discipline stricto sensu, c est une science historique multifocalisée, polydimensionnelle, où les dimensions des autres sciences humaines se trouvent présentes, et où la perspective globale, loin d être chassée par la multiplicité des perspectives particulières, est requise par celles-ci. Certains processus de complexification de champs de recherche disciplinaire font appel à des disciplines très diverses en même temps qu à la polycompétence du chercheur: un des cas les plus éclatants est celui de la préhistoire, dont l objet, à partir des découvertes de Louis Leakey en Afrique australe (1959), a été l hominisation, processus, non seulement anatomique et technique, mais aussi écologique (le remplacement de la forêt par la savane), génétique, éthologique (concernant le comportement), psychologique, sociologique, mythologique (traces de ce qui peut constituer un culte des morts et des croyances en un au-delà). Dans la lignée des travaux de Sherwood Washburn et d Irven De Vore, le préhistorien d aujourd hui (qui se consacre à l hominisation) se réfère d une part à l éthologie des primates supérieurs pour essayer de concevoir comment a pu se faire le passage d une société primatique avancée aux sociétés hominiennes, et d autre part aux sociétés archaïques, point d arrivée de ce processus, étudiées par l anthropologie. La préhistoire fait de plus en plus appel à des techniques très diverses notamment pour la datation des ossements et des outils, l analyse L Autre Forum : mai

8 du climat, de la faune et de la flore, etc. En associant ces diverses disciplines à sa recherche, le préhistorien devient polycompétent, et quand Yves Coppens, par exemple, dresse le bilan de son travail, il en résulte un ouvrage qui traite des multiples dimensions de l aventure humaine. La préhistoire est aujourd hui une science polycompétente et poly-disciplinaire. Cet exemple montre que c est la constitution d un objet à la fois interdisciplinaire, polydisciplinaire et transdisciplinaire qui permet de créer l échange, la coopération, la polycompétence. Les schèmes cognitifs réorganisateurs De même, la science écologique s est constituée sur un objet et un projet poly et interdisciplinaire à partir du moment où non seulement le concept de niche écologique mais celui d écosystème (union d un biotope et d une biocénose) a été créé (Arthur G.Tansley, 1935), c est-à-dire à partir du moment où un concept organisateur de caractère systémique a permis d articuler les connaissances les plus diverses (géographiques, géologiques, bactériologiques, zoologiques ou encore botaniques). La science écologique a pu non seulement utiliser les services de différentes disciplines, mais aussi créer des scientifiques polycompétents ayant de plus la compétence des problèmes fondamentaux de ce type d organisation. L exemple de l hominisation et celui de l écosystème montrent que, dans l histoire des sciences, il y a des ruptures de clôtures disciplinaires, des dépassements ou des transformations de disciplines par la constitution d un nouveau schéma cognitif, ce que Norwood R. Hanson appelait la rétroduction. L exemple de la biologie moléculaire montre que ces dépassements et transformations peuvent s effectuer par l invention d hypothèses explicatives nouvelles, ce que Charles S. Peirce appelait l abduction. La conjonction des nouvelles hypothèses et du nouveau schéma cognitif permet des articulations, organisatrices ou structurelles, entre des disciplines séparées et permet de concevoir l unité de ce qui était alors disjoint. Ainsi en est-il du cosmos, qui avait été chassé des disciplines parcellaires, et revient triomphalement depuis le développement de l astrophysique, depuis les observations de Edwin P. Hubble sur la dispersion des galaxies en 1930, la découverte du rayonnement isotrope en 1965, et l intégration des connaissances microphysiques de laboratoire pour concevoir la formation de la matière et la vie des astres. Dès lors l astrophysique n est plus seulement une science née d une union de plus en plus forte entre physique, macrophysique et astronomie d observation; c est aussi une science qui a fait émerger d elle-même un schème cognitif cosmologique: celui-ci permet de relier entre elles des connaissances disciplinaires très diverses pour considérer notre univers et son histoire, et du coup introduit dans la science (en renouvelant l intérêt philosophique de ce problème-clé) ce qui semblait jusque là relever seulement de la spéculation philosophique. Il y a enfin des cas d hybridation extrêmement féconds; peut-être un des moments les plus importants dans l histoire scientifique tient-il dans les rencontres qui se sont opérées en pleine guerre dans les années quarante, et puis dans les années cinquante, entre ingénieurs et mathématiciens; elles ont fait confluer les travaux mathématiques inaugurés par Alonzo Church et Alan M. Turing et les recherches techniques pour créer des machines autogouvernées, lesquelles ont conduit à la formation de ce que Norbert Wiener a appelé la cybernétique, intégrant la théorie de l information conçue, dans le cadre de la compagnie Bell des téléphones, par Claude E. Shannon et Warren Weaver. Un véritable nœud gordien de connaissances formelles et de connaissances pratiques s est alors formé dans les marges entre les sciences et dans les marges entre science et ingénierie. Ce corps d idées et de connaissances nouvelles s est développé pour créer le règne nouveau de l informatique et de l intelligence artificielle. Son rayonnement s est diffusé sur toutes sciences, naturelles et sociales. John Von Neuman et Wiener sont des exemples typiques de la fécondité d esprits 8 L Autre Forum : mai 2003

9 polycompétents dont les aptitudes peuvent s appliquer à des pratiques diverses et à la théorie fondamentale. L au-delà des disciplines Ces quelques exemples, hâtifs, fragmentaires, hachés, dispersés, veulent insister sur l étonnante variété des circonstances qui font progresser les sciences en brisant l isolement des disciplines, soit par la circulation des concepts ou des schèmes cognitifs, soit par des empiètements et des interférences, soit par des complexifications de disciplines en champs polycompétents, soit par l émergence de nouveaux schèmes cognitifs et de nouvelles hypothèses explicatives, soit enfin par la constitution de conceptions organisatrices qui permettent d articuler les domaines disciplinaires dans un système théorique commun. Aujourd hui, il faut prendre conscience de cet aspect qui est le moins éclairé dans l histoire officielle des sciences et qui est un peu comme la face obscure de la lune. Les disciplines sont pleinement justifiées intellectuellement à condition qu elles gardent un champ de vision qui reconnaisse et conçoive l existence des liaisons et des solidarités. Plus encore, elles ne sont pleinement justifiées que si elles n occultent pas de réalités globales. Par exemple, la notion d homme se trouve morcelée entre différentes disciplines biologiques et toutes les disciplines des sciences humaines: le psychisme est étudié d un côté, le cerveau d un autre côté,l organisme d un troisième, les gènes, la culture, etc.: il s agit effectivement d aspects multiples d une réalité complexe, mais qui ne prennent sens que s ils sont reliés à cette réalité au lieu de l ignorer. On ne peut certes créer une science unitaire de l homme, qui elle-même dissoudrait la multiplicité complexe de ce qui est humain. L important est de ne pas oublier que l homme existe et n est pas une illusion «naïve» d humanistes préscientifiques. On arriverait sinon à une absurdité (en fait on y est déjà arrivé dans certains secteurs des sciences humaines où l inexistence de l homme a été décrétée puisque ce bipède n entre pas dans les catégories disciplinaires). Une autre conscience, celle de ce que Jean Piaget appelait le cercle des sciences qui établit l interdépendance de facto des diverses sciences est également nécessaire. Les sciences humaines traitent de l homme, mais celui-ci est, non seulement un être psychique et culturel, mais aussi un être biologique, et les sciences humaines sont d une certaine façon enracinées dans les sciences biologiques lesquelles sont enracinées dans les sciences physiques, aucune de ces sciences n étant évidemment réductible l une à l autre.toutefois les sciences physiques ne sont pas le socle ultime et primitif sur lequel s édifient toutes les autres; ces sciences physiques, pour fondamentales qu elles soient, sont aussi des sciences humaines dans le sens où elles apparaissent dans une histoire humaine et dans une société humaine. L élaboration du concept d énergie est inséparable de la technicisation et de l industrialisation des sociétés occidentales au XIX e siècle. Donc, dans un sens, tout est physique, mais en même temps, tout est humain. Le grand problème est donc de trouver la voie difficile de l entrearticulation entre des sciences qui ont chacune, non seulement leur langage propre, mais des concepts fondamentaux qui ne peuvent pas passer d un langage à l autre. Le problème du paradigme Enfin, il faut être conscient du problème du paradigme. Un paradigme règne sur les esprits parce qu il institue les concepts souverains et leur relation logique (disjonction, conjonction, implication, etc.) qui gouvernent de façon occulte les conceptions et les théories scientifiques qui s effectuent sous son empire. Or aujourd hui émerge, de façon éparse, un paradigme cognitif qui commence à pouvoir établir des ponts entre des sciences et des disciplines non communiquantes. En effet, le règne du paradigme d ordre par exclusion du désordre (qu exprimait la conception déterministe-mécaniste de l Univers) s est fissuré en de nombreux endroits. Dans différents domaines, la notion d ordre et la notion de désordre demandent de plus en plus instamment, en dépit des difficultés logiques que cela pose, à être conçues de façon complémentaire et non L Autre Forum : mai

10 plus seulement antagoniste: la liaison est apparue sur le plan théorique chez von Neumann (théorie des automates autoreproducteurs) et Heinz von Förster (order from noise); elle s est imposée dans la thermodynamique d llya Prigogine montrant que des phénomènes d organisation apparaissent dans des conditions de turbulence; elle s implante sous le nom de chaos en météorologie, et l idée de chaos organisateur est devenue physiquement centrale à partir des travaux et réflexions de David Ruelle. Ainsi, de différents horizons, arrive l idée qu ordre, désordre et organisation doivent être pensés ensemble. La mission de la science n est plus de chasser le désordre de ses théories, mais de le traiter. Elle n est plus de dissoudre l idée d organisation, mais de la concevoir et de l introduire pour fédérer des disciplines parcellaires.voilà pourquoi un nouveau paradigme est, peut-être, en train de naître. La perestroïka scientifique Revenons sur les termes d interdisciplinarité,de multi ou polydisciplinarité et de transdisciplinarité qui n ont pas été définis parce qu ils sont polysémiques et flous. Par exemple, l interdisciplinarité peut signifier purement et simplement que différentes disciplines se mettent à une même table, à une même assemblée, comme les différentes nations se rassemblent à l ONU sans pouvoir faire autre chose que d affirmer chacune ses propres droits nationaux et ses propres souverainetés par rapport aux empiètements du voisin. Mais interdisciplinarité peut vouloir dire aussi échange et coopération, ce qui fait que l interdisciplinarité peut devenir quelque chose d organique. La polydisciplinarité constitue une association de disciplines en vertu d un projet ou d un objet qui leur est commun; tantôt les disciplines y sont appelées comme techniciennes spécialistes pour résoudre tel ou tel problème, tantôt au contraire elles sont en profonde interaction pour essayer de concevoir cet objet et ce projet, comme dans l exemple de l hominisation. En ce qui concerne la transdisciplinarité, il s agit souvent de schèmes cognitifs qui peuvent traverser les disciplines, parfois avec une virulence telle qu elle les met en transes. En fait, ce sont des complexes d inter, de poly et de transdisciplinarité qui ont opéré et qui ont joué un rôle fécond dans l histoire des sciences; il faut retenir les notions clés qui y sont impliquées, c est-àdire coopération, et mieux, articulation, objet commun et mieux, projet commun. Enfin, ce n est pas seulement l idée d inter et de transdisciplinarité qui est importante. Nous devons «écologiser» les disciplines, c est-à-dire tenir compte de tout ce qui est contextuel, y compris des conditions culturelle et sociales, c est-à-dire voir dans quel milieu elles naissent, posent des problèmes, se sclérosent, se métamorphosent. Il faut aussi du métadisciplinaire, le terme méta signifiant dépasser et conserver. On ne peut pas briser ce qui a été créé par les disciplines; on ne peut pas briser toute clôture, il en est du problème de la discipline, du problème de la science comme du problème de la vie: il faut qu une discipline soit à la fois ouverte et fermée. En conclusion, à quoi serviraient tous les savoirs parcellaires sinon à être confrontés pour former une configuration répondant à nos attentes, à nos besoins et à nos interrogations cognitives? Il faut penser aussi que ce qui est au-delà de la discipline est nécessaire à la discipline pour qu elle ne soit pas automatisée et finalement stérilisée, ce qui nous renvoie à un impératif cognitif formulé déjà il y a trois siècles par Blaise Pascal, justifiant les disciplines tout en ayant un point de vue métadisciplinaire: «Toutes choses étant causées et causantes, aidées et aidantes, médiates et immédiates, et toutes s entretenant par un lien naturel et insensible qui lie les plus éloignées et les plus différentes, je tiens impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître particulièrement les parties.» Il invitait en quelque sorte à une connaissance en mouvement, à une connaissance en navette qui progresse en allant des parties au tout et du tout aux parties, ce qui est notre ambition commune. AF 10 L Autre Forum : mai 2003

11 Design et complexité: un projet scientifique et pédagogique à visée transdisciplinaire Penser la relation théorie-pratique hors des ornières de la «science appliquée» un changement de posture dans les disciplines professionnelles? Alain Findeli Professeur titulaire, Faculté de l aménagement Design industriel Université de Montréal alain.findeli@umontreal.ca M on intention dans cette contribution est de retracer les réflexions, les obstacles, les hésitations et les décisions qui nous ont menés, à la Faculté de l aménagement de l Université de Montréal, à mettre sur pied l option Design et Complexité du programme de maîtrise (M.Sc.A.) en aménagement. Ainsi, si j écrirai souvent à la première personne, ce sera davantage pour restituer le parcours d une biographie intellectuelle, autrement dit pour être aussi concret que possible, que pour laisser entendre que la réalisation de ce programme ne serait pas l œuvre collective de l École de design industriel. C est donc davantage d un témoignage, on l aura compris par le ton, que d un article scientifique qu il sera question dans les lignes qui suivent. 1. L ambiguïté de l acception du terme design est presque légendaire au sein de notre discipline, et il n est guère d occasion où un commentaire sur cette question ne constitue pas un passage obligé. Pour son usage dans ce texte et ailleurs, je me rapproche plus volontiers de l heureuse expression de Herbert Simon (qui a donné son titre à l un de ses livres), «les sciences de l artificiel», que du design (de préférence chic) des boutiques de mobilier, même si ce dernier ne saurait être exclu de nos préoccupations. Design et aménagement sont ainsi synonymes et recouvrent les disciplines du projet qui se donnent pour tâche de concevoir et de réaliser notre environnement construit (artificiel, par opposition à naturel). Simon n hésite pas, on le sait, à étendre l acception du terme à toute activité professionnelle, y compris la médecine, le droit, etc. J adopte comme point de départ, à la suggestion du comité de rédaction, le rapprochement très étroit qu effectue Edgar Morin entre pensée complexe et «nouvelle» transdisciplinarité. Il va de soi que cette évidence mériterait d être argumentée plus à fond et que la transdisciplinarité en admettant qu on puisse la définir est susceptible de revêtir d autres formes. À la recherche d une épistémologie pour le design L origine du cheminement qui a abouti, entre autres, au programme Design et Complexité se situe pour ma part à la fin des années 70, lorsque s est posée concrètement la question: comment enseigner le design 1? La pratique courante, qui consistait et consiste encore souvent à reproduire en atelier (de 50% à 60% des cours des programmes professionnels en aménagement s effectuent en atelier) les conditions d exercice de la profession dans une agence de design, m apparaissait insatisfaisante. Il manquait à cet enseignement «sur le tas» une certaine efficacité pédagogique et, pour tout dire, une qualité proprement universitaire. J étais alors incapable de formuler un diagnostic plus clair et moins naïf que le suivant: «Il n y a pas assez de théorie dans l atelier.» Il me semblait en outre que la dichotomie très marquée dans le curriculum entre cours L Autre Forum : mai

12 théoriques et ateliers, dichotomie qui se reflétait au sein du corps professoral dans l usage des étiquettes «théoricien» et «praticien», constituait le symptôme sur lequel une critique plus circonstanciée devait s échafauder si elle voulait être féconde. C est dans une étude historique qui dura une dizaine d années que cette critique commença à trouver ses outils et ses concepts. L histoire de l enseignement des professions de l aménagement que nous appelons volontiers professions du projet (architecture, design, etc.) au XX e siècle livre en effet quelques clés fort utiles pour poursuivre la réflexion. Ma première question, encore maladroite, se précisa alors pour devenir : «Quel est le statut théorique du design?»; puis, plus témérairement mais faute de mieux: «Y a- t-il une épistémologie du design?» Le terme épistémologie du design est impropre lorsqu il s applique à une patique, j en conviens volontiers, mais il m apparaissait dénoter quelque chose de plus précis et de plus fort que théorie du design. J y reviendrai. Qui dit «pratique» ne peut qu évoquer la philosophie pratique. Un détour par l éthique s imposait, ce qui nous amène à la fin des années 80. Dans le cadre du séminaire interdisciplinaire en bioéthique du professeur Guy Durand (Théologie) et de l organisation collective d un colloque tenu sous le titre évocateur de Prométhée éclairé (dont l idée revient au professeur Ron Lévy), je découvre alors un champ qui m était peu connu et semblait en mesure d enrichir considérablement, non seulement les disciplines de l aménagement, mais toutes les disciplines professionnelles, ainsi que le suggère le titre d un des ouvrages de Gilbert Hottois, Le Paradigme bioéthique (voir le dernier numéro de L Autre Forum).Tout en reconnaissant, non sans satisfaction, que la moisson avait été bonne dans le champ de l éthique, je l engrangeai pour plus tard. D autres tâches, en apparence plus urgentes, requéraient l attention. J avais constaté que les questions posées à l égard du design et de l aménagement touchaient aussi d autres disciplines professionnelles, sous des formes plus ou moins analogues: service social, sciences infirmières, criminologie, gestion, etc. Curieusement, des professions aussi établies que la médecine, le droit et l ingénierie ne semblaient pas se sentir concernées par ces questions. L administration, l économique et la science politique avaient, pour leur part, commencé à remettre en cause les modèles rationalistes classiques sur lesquels elles construisaient leurs décisions et leur pratique, grâce entre autres au modèle dit «de la rationalité limitée» de Herbert Simon. C est la lecture de ce dernier qui constitua une étape décisive dans le cheminement vers le programme Design et Complexité, dans la mesure où son modèle, exposé en 1969 dans The Sciences of the Artificial et plus particulièrement dans le chapitre 5 intitulé «The Science of Design»,m apparaissait alors revêtir toutes les caractéristiques souhaitables pour répondre à l une de mes toutes premières questions: «Quel est le statut théorique du design?» Il convient de préciser que le champ du design n était pas demeuré en reste sur le plan de la production théorique et de l intelligibilité de la pratique du projet. Croyant avoir trouvé sa «raison» dans la recherche opérationnelle, il alimentait en arguments (méthodo)logiques très convaincants, car «scientifiques», l idéologie fonctionnaliste qui régnait partout en design, en architecture et en urbanisme après la Seconde Guerre mondiale. Quelques scrupules animaient néanmoins la maigre communauté des théoriciens (principalement allemands et britanniques, puis étatsuniens), soucieux d enrichir de façon plus critique le bassin théorique de ces disciplines. Ces efforts se traduisirent, dans le champ de l enseignement, par une augmentation des cours théoriques (principalement en sciences humaines et sociales), sans pour autant que l enseignement en atelier ne fût remis en question ou modifié.l acte de design demeurait mystérieux (black box), pur acte de création intuitive. L idéologie avantgardiste moderniste (héritée du Bauhaus) et la sacralisation du mot créativité dans les années 60 et 70 ne faisaient qu entériner cette évidence. 12 L Autre Forum : mai 2003

13 La simple juxtaposition de deux activités pédagogiques bien distinctes un bloc de cours théoriques d une part (pour faire universitaire) et un bloc de pratique du projet en atelier de l autre (pour simuler au mieux la profession) cachait en réalité un modèle épistémologique de la pratique professionnelle dont l origine remonte au XIX e siècle, consacré par l histoire canonique des sciences et des techniques, le modèle des sciences appliquées: la pratique (la technique) serait une application, dans le monde matériel et humain, d un modèle théorique élaboré dans le champ d une science dite «fondamentale».c est le modèle sur lequel reposent la pratique et l enseignement de l ingénierie, de la médecine, de l éducation, etc. Or ce modèle est pervers et ne correspond pas à la réalité vécue. Ceux et celles qui enseignent dans une faculté professionnelle le savent bien: il ne suffit pas de se faire dire quoi faire (et de le comprendre) pour savoir faire, et encore moins pour savoir quoi faire.autrement dit, il n y a pas de passage automatique, déductif, de la théorie à la pratique. Cette dernière possède une autonomie logique (épistémo- et méthodo-) et éthique (savoir quoi faire) qu il s agit de penser. À cet égard, nous sommes nombreux à être redevables au philosophe Donald Schön d avoir clairement établi ces distinctions importantes et d en avoir tiré les conséquences pour l enseignement des professions. 2. Le terme demeure dans l appellation du diplôme de la maîtrise en aménagement (M.Sc.A). L appellation «M.Sc.A. option Design et Complexité» est par conséquent un oxymoron! 3. Nous touchons là le cœur du statut fondamentalement transdisciplinaire de l aménagement et de son objet, le cadre de vie individuel et collectif construit. S il est possible, sur le plan analytique, donc au moment de l établissement de la commande et de la formulation du projet, de distinguer les aspects relevant des diverses disciplines (aspects climatiques, structuraux, sociaux, psychologiques, économiques, culturels, etc. d un bâtiment, par exemple), il n en va pas de même au moment de la production d une proposition de design, qui est, par sa nature même, transdisciplinaire au sens fort du trans-. En effet, pour que la proposition soit cohérente (sur les plans esthétique, fonctionnel, sémiotique, structural, etc.) pour les humains à qui elle s adresse et pour ceux dont elle émane, elle ne saurait se contenter d être un simple collage de solutions fonctionnelles partielles déduites d un cahier des charges par définition analytique; tous ces aspects doivent être intégrés dans un ensemble unique (l objet résultant du projet). La transdisciplinarité n est donc pas pour nous une fatalité ou un passage obligé, mais une résolution, une volonté. Ceux et celles qui enseignent dans une faculté professionnelle le savent bien: il ne suffit pas de se faire dire quoi faire (et de le comprendre) pour savoir faire, et encore moins pour savoir quoi faire. Pour les disciplines de l aménagement, le modèle de la science appliquée 2 pose au demeurant un second problème de taille que les autres professions qui, explicitement ou non, s en réclament ne connaissent pas: de quelle(s) science(s) le design est-il l application sciences physiques? sciences humaines? esthétique? autres? La question est particulièrement brûlante lorsqu il s agit de définir le contenu du bloc de cours théoriques, pour lequel il s avère qu une université entière ne suffit pas 3. Il y avait alors un endroit, le seul à ma connaissance (en langue française du moins) où ces critiques des modèles dominants étaient largement partagées et où la recherche de modèles plus adéquats allait bon train: l Association européenne de modélisation de la complexité (l AEMCX, qui n est pas un nouveau modèle de SUV!), fondée à la fin des années 80 et dirigée par Jean-Louis LeMoigne. Le chemin pour y parvenir avait pour moi tout d un raccourci: après un séjour auprès de Simon, LeMoigne avait en effet réalisé la traduction française de son ouvrage cité plus haut, et ceci dès 1974, sous le titre un peu énigmatique de Science des systèmes. Sciences de l artificiel. Que venaient faire ici les systèmes, plus précisément les systèmes complexes? Je ne devais pas tarder à le découvrir. La pensée complexe, «nouvelle» transdisciplinarité Ma première participation aux rencontres biennales du Programme européen MCX (c est le nom actuel de l AEMCX d alors) fut une véritable révélation. Nous nous trouvions tous, chefs L Autre Forum : mai

14 d entreprise, infirmières, psychothérapeutes, ingénieurs, juristes, enseignants, architectes, biologistes, artistes, économistes (et j en oublie!) dans la même salle, écoutant et comprenant parfaitement la communication de notre collègue informaticienne ou travailleur social, en dépit du jargon propre à sa culture professionnelle et scientifique. Quelle langue avait-elle parlé, quel modèle avait-il utilisé pour susciter autant de hochements de tête approbateurs et d enthousiasme intellectuel? On l aura deviné: le langage de la pensée complexe. Pour la première fois, on ne se contentait pas d évoquer et d appeler de ses vœux la multi/inter/transdisciplinarité; on la construisait en marchant. Depuis cette première révélation, je suis demeuré fidèle à la «communauté complexe» 4. Descendu de mon nuage, j ai entrepris ce qui s imposait: exprimer les questions, les modèles et les concepts propres au design dans le langage de la théorie des systèmes dynamiques complexes. En retour, je me suis efforcé d enrichir ce bassin théorique par les particularismes propres au design, à ses objets et à ses pratiques, principalement dans une perspective pédagogique. Ma nouvelle question devint ainsi: «Comment construire le socle épistémologique du design?» Le modèle tenace de science appliquée cédait peu à peu sa place à celui de science située, engagée (que je préfère de loin au trop fréquent «science contextualisée», comme si l autre science, la vraie, ne l était pas, contextualisée!). La nature exacte de la relation théorie-pratique, point crucial des questions qui m habitaient depuis une vingtaine d années (nous arrivons au milieu des années 90), se dégageait avec plus de netteté, ainsi que celle de la posture épistémologique des disciplines de l aménagement et, plus généralement, des disciplines professionnelles. Le fait que, contrairement aux sciences descriptives/analytiques, le monde est pour nous un projet avant d être un objet semble être à cet égard le point décisif. Il s agissait d en tirer les conclusions épistémologiques, méthodologiques (pour la recherche et pour la pratique) et pédagogiques. La tâche requérait un énorme effort de traduction, car le défi qui se présentait consistait à s affranchir du langage formalisé de la logique et de la mathématique (mais également de la position épistémologique déterministe et réaliste des systémistes stricts et formalistes des première et deuxième générations) pour présenter la pensée complexe sous forme «qualitative» à des étudiants maîtrisant peu ou pas du tout le langage scientifique et la culture qui l accompagne. L objectif était et demeure de faire en sorte qu ils intègrent cette façon de penser la pratique comme M. Jourdain faisait de la prose, et non pas qu ils puissent produire un discours savant sur la systémique et la complexité, du moins pas dans un premier temps. Autrement dit, une pédagogie par le projet s imposait impérativement, de peur de retomber dans l ornière de la science (la systémique) appliquée (au design). C est ainsi que l on découvrit que le design n était pas, contrairement à ce que le langage courant dit encore souvent, une activité de résolution de problèmes; que ses «problèmes» étaient toujours mal définis (wicked ou ill-defined); que la phase de construction de la problématique était essentielle à la bonne conduite d un projet; que la formulation de la commande d un projet exigeait toujours d être remise en question et reconstruite; qu un modèle devait aider à penser et non à s en dispenser; que les destinataires de nos projets n étaient pas seulement des consommatrices ou des usagers ayant des besoins à satisfaire ou à combler mais qu ils étaient, eux et elles aussi, porteurs de projets; qu il convenait de distinguer l agir du faire et du fabriquer; qu un produit de design n était pas nécessairement matériel; que sous le look se cachaient d autres significations que celles que le marketing nous imposait, et bien d autres choses bien instructives encore. C est à cette étape, au milieu des années 90, que le précédent «détour» par l éthique trouva sa pleine signification et qu il s avéra fécond de semer les graines de la moisson d alors, ne fûtce que pour conserver, tant à l égard du modèle encore très comportementaliste et cognitiviste de Simon qu à celui d un systémisme par trop 14 L Autre Forum : mai 2003

15 rationaliste, une saine position critique appuyée sur une anthropologie aussi riche que possible. Comprenons-nous bien: il ne s agissait pas seulement de réinterpréter avec les outils de la pensée complexe ce que nous faisions auparavant avec d autres outils, mais encore de complexifier ce que nous faisions auparavant en recourant pour cela aux concepts, modèles et méthodes qu il nous apparaissait opportun d emprunter ailleurs après les avoir dûment évalués et validés en situation. Cette entreprise, toujours en cours, fut conduite selon les préceptes suivants: nous rappeler que le design est une pratique humaine s adressant à des humains, donc toujours retrouver l humain derrière l objet et nous efforcer de le comprendre; sortir de l idée qu une pratique n est que l application d une décision prise avant et ailleurs; nous libérer de l obsession méthodologiste en remontant en amont du processus de design pour rouvrir la commande et saisir la dynamique d acteurs qui y préside; enfin descendre en aval du processus de design pour nous soucier des impacts environnementaux, sociaux et culturels exercés par les objets que le design s applique à lancer dans le monde. 4. Ron Lévy avait été un pionnier de la pensée complexe à la Faculté de l aménagement, ayant rédigé sa thèse sur le sujet en Pour tout savoir sur le programme «scientifique et citoyen» de la communauté réunie autour de Jean-Louis LeMoigne et sur l Association pour la pensée complexe animée par Edgar Morin, voir le site sa lettre quadrimestrielle et ses nombreux liens. 5. L idée de théorie «forte» résulte d une distinction bien commode, que nous empruntons à Christopher Frayling, entre les trois types de recherche envisageables et pratiqués en design, à savoir: la recherche pour le design (ou R&D); la recherche sur le design (soit les recherches pratiquées par d autres disciplines telles l histoire, la sémiotique, la sociologie, etc. qui choisissent le design pour objet); enfin, la recherche par le design (celle, on l aura deviné, que nous privilégions). La première, préoccupée par le résultat final, ne produit pas habituellement de théorie (ce n est pas son but); la seconde produit des théories que j appelle «faibles», car leur pertinence pour la pratique et l intelligibilité du design n est pas exigée; la troisième, enfin, s applique, comme nous le faisons à l École de design industriel, à produire une théorie «forte». 6. Le programme est décrit sur le site Web de l École de design industriel ( et résumé sur celui de la Faculté de l aménagement, dont il relève administrativement (ces sites sont actuellement en voie d être «reconçus» entièrement). Un site Web spécifique au programme est également à l étude. Le texte le plus détaillé sur les enjeux scientifiques et pédagogiques du programme est consultable sur le site du Programme européen mcx (www. mcxapc.org/docs/ateliers/ designo.htm). De quelle(s) science(s) le design serait-il l application sciences physiques? sciences humaines? esthétique? autres? Nous en étions à ce stade à la fin des années 90 sur le plan de la recherche fondamentale. Le temps était venu de faire fructifier cette production théorique élaborée au long de trois programmes de recherche successifs. Je retiendrai de ces années un moment particulier qui constitua un encouragement appréciable à persévérer dans la direction choisie: après avoir longuement hésité, je me suis hasardé à déposer ma demande de subvention auprès du redouté comité #15 du CRSH, le comité des «études interdisciplinaires et multidisciplinaires», qui l a acceptée. J en ai conclu, présomptueusement peut-être, que le design et l aménagement pouvaient compter dorénavant sur une théorie «forte» 5, mais qu il restait à consolider la crédibilité scientifique et pédagogique de nos disciplines, vu qu elles ne pouvaient compter sur aucune tradition propre à cet égard (la Faculté de l aménagement et ses programmes d études supérieures n ont été fondés qu en 1968). En bref, si nous sommes encore loin d un traité (à supposer que ce soit là un objectif souhaitable), la théorie est déjà «à l œuvre» dans nos pratiques de recherche, d enseignement et de design. Plutôt que des retombées (quel vilain mot!), j évoquerai plus volontiers les fruits de ces recherches, au-delà des conclusions théoriques auxquelles elles ont donné lieu dans la littérature publiée. Il s agit principalement, on l aura compris, du programme de maîtrise en Design et Complexité 6.L objectif de ce programme est double: d une part, former des praticiens «éclairés» ; d autre part, former des chercheurs qui contribuent à la construction de notre autonomie et de notre originalité épistémologique et méthodologique, ainsi qu à l enrichissement éventuel d autres disciplines, dans un perspective transdisciplinaire. L Autre Forum : mai

16 La recherche-projet telle que nous la pratiquons s efforce de réaliser l androgyne chercheur-praticien, une chimère bien connue des facultés professionnelles. À la veille de l entrée de notre troisième cohorte annuelle en septembre 2003, il est prématuré de juger de la qualité et de la maturité de ces fruits, donc de la robustesse scientifique et pédagogique du programme, même si nous croyons disposer déjà de quelques indices plus qu encourageants. Pour un bilan plus circonstancié, il faudra patienter encore quelque temps. Aussi conclurai-je en répondant de façon plus précise aux deux questions que le comité de rédaction de L Autre Forum a livrées aux contributeurs. *** Quelle approche issue d un domaine autre aura influencé, voire révolutionné, votre discipline? Nous avons effectué plusieurs emprunts à d autres disciplines, dont certains ont déjà été évoqués ci-dessus. Je les résumerais volontiers ainsi: Sur le plan épistémologique. Il n existe pas à proprement parler d épistémologie constituée de ce qu on appelle, selon les cas et les auteurs, les sciences de la conception, la réflexivité-enaction, la théorie située ou engagée, les disciplines du projet ou, tout simplement, la pratique professionnelle, même si on en trouve, par-ci parlà, plusieurs bribes. Parmi celles que nous avons retenues, la plus importante est, bien entendu, la théorie des systèmes dynamiques complexes, avec une préférence pour la vision, très transdisciplinaire, développée par Jean-Louis LeMoigne et la communauté MCX.J ai, pour ma part, quelques réserves à l égard de son constructivisme radical dans le champ de la pratique et de l éthique. Aussi ai-je cru bon de m alimenter à d autres sources: la philosophie pratique, plus volontiers celle d Aristote interprétée par Paul Ricœur, par Hannah Arendt et par Hans Georg Gadamer; l anthropologie philosophique, spécialement la vision néo-aristotélicienne de Rudolf Steiner; la philosophie de la technique; dans une certaine mesure, l anthropologie culturelle et la sociologie de l action. Sur le plan méthodologique. Nous avons conçu notre propre outil de recherche, la recherche-projet 7 (en anglais: project-grounded research). C est la méthode que nous recommandons à nos étudiants et étudiantes, et que je pratique dans les projets de recherche que je dirige, sans pour autant exclure d autres méthodes lorsqu elles sont appropriées. Comme le néologisme l indique, la recherche-projet emprunte ses principes à la recherche-action et à la théorisation ancrée, tout en procédant par modélisation systémique. Pour ma part, j estime nécessaire d adoucir les contours parfois très «durs» de cette dernière par l adoption d une posture inspirée de la phénoménologie goethéenne, d où le terme de «morphosystémique» qu il m arrive d employer. Mais, en tout temps, nous préconisons un opportunisme méthodologique éclairé, dans la mesure où c est la problématique de recherche et la question qui en résulte qui commandent la nature et la qualité du regard qu il convient d adopter pour faire parler, de façon intelligible et communicable («enseignable» ajouterait LeMoigne), le phénomène faisant l objet de la recherche. Quel est ou quel pourrait être l apport de votre domaine de recherche à l extérieur de votre discipline? La seule perspective de pouvoir apporter une réponse à cette question m était encore totalement étrangère il y a quelque temps, ce qui explique la modestie de ma proposition (et l emploi du conditionnel). Sur le plan épistémologique, je crois que notre contribution pourrait découler du fait que l acte de design et le processus selon lequel il s exerce, le projet, constituent des objets singuliers qui, tout en appartenant à l ensemble des actes humains, s en distinguent à divers égards 8. Par ailleurs, les objets résultant du 16 L Autre Forum : mai 2003

17 La Maîtrise de recherche en design et complexité DESCO projet de design, ceux qui meublent notre vie quotidienne privée et publique, n ont pas trouvé, dans l anthropologie culturelle, dans la technologie et dans l esthétique réunies, l éclairage adéquat pour en saisir pleinement le sens. Sur le plan de l esthétique, en particulier, je crois que nos disciplines sont en mesure d offrir une contribution substantielle et originale. Pour les questions méthodologiques, on peut se demander s il est encore possible et nécessaire aujourd hui d ajouter sa voix au concert déjà très coloré et à la profusion des méthodes qualitatives. La recherche-projet telle que nous la pratiquons s efforce de réaliser l androgyne chercheur-praticien, une chimère bien connue des facultés professionnelles. Par ailleurs, la créativité propre aux designers et leur bonne maîtrise des techniques les désignent (quel jeu de mots!) tout particulièrement pour inventer des outils de recherche originaux et plus efficaces. Le concept et la pratique du «management par le design» sont nés à la suite de la compréhension par les dirigeants d entreprise que le design n était pas seulement la méthode adoptée par les experts du service de design de l entreprise, mais que cette approche pouvait aussi être utilisée pour gérer l entreprise globale. Il en est de même pour la recherche scientifique. Établir une analogie très forte entre processus de recherche et processus de design permettrait d enrichir le premier grâce aux outils développés par le second Les principes de la recherche-projet sont exposés dans A. Findeli, «La recherche en design. Questions épistémologiques et méthodologiques», International Journal of Design and Innovation Research, vol. I, n o 1, juin 1998, p C est dans l ouvrage de Peter Jarvis The Practitioner-Researcher, San Francisco, Jossey-Bass, 1999, et dans les travaux du laboratoire du CNAM dirigé par Jean-Michel Barbier que nous nous reconnaissons le plus volontiers sur le plan méthodologique. De ce dernier, on pourra consulter «La constitution de champs de pratiques en champs de recherches», dans J.-M. Baudoin et J. Friedrich (dir.), Théories de l action et éducation, Bruxelles, De Boeck Université, 2001, p Pour s en convaincre, voir l ouvrage de Jean-Pierre Boutinet, Anthropologie du projet, Paris, PUF, 1996 (1 re éd. 1990). 9. La fécondité de cette analogie est argumentée, de façon plus polémique, par Ranulph Glanville dans «Researching Design and Designing Research», Design Issues, vol. XV, n o 2, été 1999, p Les étudiants En 2002 et 2003, la Maîtrise de recherche en design et complexité (communément appelée «DESCO») a accueilli ses deux premières cohortes d étudiants sept pour la première année et six pour la deuxième. Ceux-ci proviennent d horizons universitaires et professionnels différents: ingénierie, gestion, design graphique, design d intérieur, arts multimédia, design de l environnement, design de communication. Leurs champs de recherche respectifs sont aussi diversifiés par exemple: écodesign et développement durable; artisanat postindustriel; interactivité dans les nouvelles technologies; structure du processus de design en entreprise; design participatif et sens des produits industriels pour les usagers; enfant et architecture d intérieur; qualité de vie des personnes âgées. Le programme Au cours de leur première année d études, les étudiants se consacrent principalement à l apprentissage de la méthodologie de modélisation des systèmes complexes, d une part, et à la familiarisation avec les principes d une démarche de recherche scientifique rigoureuse. Au cours du second trimestre, les programmes d études commencent à s individualiser progressivement autour du noyau commun des séminaires consacrés, l un aux divers modèles théoriques du projet de design, l autre aux exigences de la construction d une problématique de recherche. Parallèlement, les étudiants préparent activement un séjour de recherche-projet qu ils feront ensuite dans une université, une entreprise ou un laboratoire de recherche, dans bien des cas à l étranger. Au retour de ce séjour, après avoir pris quelques cours complémentaires et parachevé le traitement de leurs données, ils sont prêts en principe à rédiger leur mémoire de maîtrise. Le corps professoral Les directeurs de recherche, presque tous professeurs en design industriel ou en design d intérieur, ont des spécialités très diverses. Parmi les thèmes de recherche qu ils souhaitent privilégier figurent les questions suivantes: design et développement durable, cycle de vie des produits, éco-indicateurs, écodesign; design et nouvelles technologies, interactivité, ergonomie cognitive; design et enjeux sociaux, histoire sociale du design, design et féminité; dimensions culturelle et symbolique du design, anthropologie et ethnologie de l environnement matériel; design et esthétique, qualités sensibles des espaces et des produits; psychologie des espaces vécus, psychosociologie du design; aspects théoriques, méthodologiques et éthiques de l acte de design; systémique et complexité; design et matériaux nouveaux, y compris l information; pédagogie et didactique du design et de la création. AF L Autre Forum : mai

18 La science comme elle va Le «principe de précaution» est-il un signe de la défection de l approche cartésienne du monde? Pierre Philippe Professeur titulaire, Département de médecine sociale et préventive Université de Montréal philippp@sympatico.ca D epuis 1990, je mène des recherches sur la complexité. Auparavant, j avais une approche cartésienne des données d observation. Comme la majorité d entre nous, «éduqués» dans le paradigme cartésien/newtonien, j estimais que, pour comprendre la réalité qui nous entoure, où tout est relié à tout, il fallait adopter une approche susceptible de contrôler le plus grand nombre de variables, sous peine de n y comprendre rien. Cette approche de type «laboratoire» est enseignée non seulement depuis nos plus tendres années de collège, mais depuis le XVII e siècle Au tournant des années 90, j ai réalisé, à la lecture d un article issu d un colloque de l American Society for the Advancement of Science, qu on pouvait procéder différemment. En fait, il s agissait d un paradigme nouveau. Je n avais, jusqu alors, jamais utilisé ce terme dans mon vocabulaire scientifique. Aujourd hui, il en est inséparable. L article mettait en avant la possibilité de considérer la réalité à étudier sous l angle des relations structurales plutôt que causales. Une relation structurale met l accent sur le processus qui explique comment la variable Y varie en fonction de la variable X, et cela, sans prétendre à une relation causale. Au surplus, cette approche permet à Y, ou encore à son effet, Z, de venir altérer X; des boucles de rétroaction sont donc présentes, et le tout s inscrit dans un système. Les agents (X,Y, etc.) ne sont pas indépendants, mais en interaction (ils s influencent mutuellement). Qui plus est, le système est en évolution; il change pendant qu on l étudie. Les relations entre les variables de ce système ne sont pas nécessairement linéaires, mais peuvent résulter de rapports non linéaires, avec seuil, ou encore de discontinuités (hystérésis, par exemple). On nomme ce type d approche de la réalité modélisation dynamique. Appréhender ainsi la réalité peut convenir à des systèmes modérément complexes où les agents en interrelation sont bien identifiés. Cet article concernait les maladies transmissibles dans la population, un domaine qui relevait de ma discipline, l épidémiologie, mais l approche présentée m était inconnue. J ai su plus tard qu y adhéraient une minorité de chercheurs rattachés à des unités de zoologie ou de biologie des populations. D emblée, j y ai vu pourtant des applications pour le domaine de l épidémiologie des maladies chroniques et, plus particulièrement, pour l étude du développement de la maladie dans l individu. Les systèmes interactifs s étaient développés considérablement depuis les années 1970, soit depuis l avènement des grands ordinateurs capables de faire des calculs complexes, en grande quantité, et très rapidement. Le nouveau paradigme visait le plus souvent des systèmes très complexes (plutôt que modérément complexes) 18 L Autre Forum : mai 2003

19 et était connu sous des appellations aussi diverses que: systèmes auto-organisés, fractales, chaos, dynamiques non linéaires, systèmes adaptatifs, etc. Déjà des disciplines à l interface de l épidémiologie avaient incorporé ces approches: c étaient, entre autres, l écologie, la psychologie sociale, la physique, la biologie. Il s agissait d une vision systémique des phénomènes. Dès le début du XIX e siècle, Goethe, naturaliste, littéraire et philosophe, avait pressenti l intérêt d une telle approche; aussi, soutenait-il qu on ne peut comprendre la fleur en en retirant les pétales Goethe rejetait l approche cartésienne. Lois universelles ou contextuelles? Mais quel avantage a une approche systémique par rapport à une approche cartésienne? «Cartésien» est souvent synonyme de «rationnel». Cela veut-il dire que l approche systémique n est pas rationnelle? Nullement. Plutôt, qu elle considère qu on ne peut pas isoler, à la manière cartésienne, les objets d étude de leurs points d ancrage dans le système global auquel ils appartiennent. Ainsi, un vaccin, efficace dans un laboratoire, lorsque transféré dans une population, peut avoir une efficacité variable selon l état de nutrition de celle-ci. Le contexte semble donc limiter la portée des lois cartésiennes. Et la prise en compte des contextes est propice à l émergence de phénomènes nouveaux et inattendus. Cela dit, un problème se pose. Notre esprit analytique n a pas été habitué à appréhender les relations de manière synthétique. Il peut y avoir plusieurs raisons à cela. L une, évidente, est que l échelle de notre perception des relations est devenue de plus en plus limitée avec la fragmentation du savoir scientifique en disciplines multiples et cloisonnées. Les phénomènes observables à l échelle d une discipline donnée permettent de considérer un nombre très restreint de relations. Ainsi, l épidémiologiste dont la tâche est d évaluer le rôle des expositions humaines (facteurs de risques) sur l apparition de la maladie n est pas tenté de faire appel à des explications de nature moléculaire. Pas plus qu il n est tenté d appeler à la rescousse des explications d ordre sociologique. Le moléculaire et le sociologique ne sont pas du ressort Tout compte fait, notre science cartésienne pourrait n être qu un pâle reflet de la réalité, comme les ombres dans la caverne de Platon. de la discipline; l épidémiologie est le plus souvent «enfermée» dans un paradigme d expositions observables dont l échelle est individuelle. Donc, en général, une approche synthétique (ou systémique) n est pas «donnée» comme l est l approche cartésienne, qui vaut à une échelle et dans le cadre d une discipline donnée. Mais l approche cartésienne, qui consiste à réduire l hétérogénéité autant que faire se peut, afin d obtenir une relation simple et exempte de confusion, comporte aussi ses difficultés. Bien qu elle prétende à l identification de lois universelles la loi de la gravitation de Newton est universelle parce qu elle s applique aussi bien à la chute d une pomme qu à l attraction des planètes et qu elle y ait réussi jusqu à un certain point nos livres de science en témoignent,il n est pas sûr que nous ayons affaire à des lois universelles. Les lois universelles existent-elles vraiment? Ou ne sont-elles «universelles» que dans un contexte et à une échelle donnée? Une loi universelle ne souffre pas d exceptions. En biologie, en épidémiologie, en psychologie sociale ou en écologie, il n est pas clair que les lois universelles existent. Ainsi, les relations changent avec les contextes. Autrement dit, il y a des «exceptions», pas toujours rares d ailleurs; par exemple, les gènes à déterminisme mendélien sont le plus souvent influencés par d autres gènes et par des facteurs environnementaux qui rendent leurs effets contextuels. De plus, il existe des boucles de rétroaction.ainsi l action mène le plus souvent à une réaction; par exemple, quand une population de prédateurs croît, la population des proies diminue, ce qui a pour effet rétroactif de réduire la population des prédateurs qui, faute de pitance, se reproduit moins. Enfin, il y a L Autre Forum : mai

20 1. Selon le principe de précaution, les décideurs doivent faire en sorte d éviter le pire. Ce principe s applique aux situations hautement complexes caractérisées par une incertitude profonde et des risques. de la discontinuité et des transitions de phases; ainsi, l eau bout à 100 o C, le yaourt «prend» à un seuil de polymérisation donné, et une forêt s enflamme complètement à partir d un seuil critique d arbres qui brûlent. Et en physique, même la loi de gravitation semble s appliquer à une échelle d observation donnée. En somme, on peut poser l hypothèse que les relations perçues dans le cadre d une discipline donnée, que nous qualifions de «lois» et qui fonctionnent bien à nos échelles d analyse disciplinaires, ne signifient pas automatiquement qu elles soient de véritables lois de la nature. Hume avait entrevu cette possibilité en parlant des régularités de la nature qu il identifiait plutôt à des «habitudes». En fait, il serait peut-être sage d affirmer que nos modèles de la réalité n ont de vertu que leur utilité, et ne fonctionnent que dans un cadre limité. Nous avons construit, grâce à eux, un monde qui est le reflet de notre perception, et notre contrôle de cette réalité reste, partant, bien imparfait. Il ne peut en être autrement alors que c est le contexte qui donne sens à l observation. Ces prétendues «lois» se sont néanmoins avérées utiles. Mais il ne faut inférer rien de plus. Et surtout pas un pouvoir explicatif de nature causale. Tout compte fait, notre science cartésienne pourrait n être qu un pâle reflet de la réalité, comme les ombres dans la caverne de Platon, nous permettant de «fonctionner» pour nos besoins les plus immédiats. Mais que savons-nous de la réalité sur laquelle opère notre raison? Peu de choses véritablement puisque la plupart des interactions nous échappent. Non seulement elles nous échappent, mais nous refusons, et cela depuis le XVII e siècle, de considérer le monde autrement qu à travers le prisme de l exclusion cartésienne. Est-ce cela que la science? À mon sens, la science est plutôt la recherche de lois d organisation qui «traversent» les échelles et qui s appliquent à des problématiques enchevêtrées comme une pelote constituée de fils de couleurs variées. On ne peut en démêler l écheveau à la manière cartésienne sans en payer un prix, celui de la «déconnexion» de la réalité. Le monde selon la complexité Le nouveau paradigme de la complexité change notre façon de voir le monde. Quelqu un a écrit que même si nous comprenons «un et un» et que nous comprenons «deux», il n est pas certain que nous comprenions «et». Le monde n est pas euclidien; il n existe pas, en effet, de figures géométriques parfaites dans la nature. Le monde ne répond pas non plus à des équations linéaires, même si elles «marchent» à une échelle donnée. Prenons la géométrie fractale à titre d exemple, qui permet une représentation étonnante des objets naturels (physis). En aucun temps la géométrie euclidienne ne permet d appréhender les objets naturels.au contraire, ceux-ci sont considérés comme des déformations d objets «idéels». Le paradigme de la complexité propose plutôt de considérer les objets naturels comme la réalité et les figures géométriques d Euclide comme des approximations qui se sont avérées utiles pour construire notre monde. Aujourd hui, nous devons considérer des situations dans leur ensemble, dans leur contexte, selon plusieurs dimensions, et prendre en compte les relations entre elles et l ensemble, dans une approche dynamique où le temps est une variable qui ne peut plus être négligée comme le fait la mécanique classique de Newton. Un signe de cela? Le principe de précaution 1 qui taraude les décideurs politiques est un indice évident de la défection de l approche cartésienne du monde lorsqu il s agit d intervenir. Aujourd hui, les situations qui nous tenaillent ne peuvent plus être appréhendées dans l «abstraction» d une approche de type «laboratoire». Les décisions qu on doit prendre supposent non seulement des interactions locales, mais aussi des points d ancrage dans des systèmes qui intéressent la planète entière. Des exemples: le ministre de la Santé en France parle non plus de la santé de la société française, mais de l Europe de la santé; le problème du SIDA doit être envisagé sur plusieurs fronts à la fois et à l échelle du monde; la sécurité des populations n est plus affaire de pays mais de planète; l économie se mondialise. Le principe de précaution, en dépit de sa rhétorique, revient à 20 L Autre Forum : mai 2003

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