LE BENEVOLAT : QUELLES SOLUTIONS POUR UN SECTEUR ASSOCIATIF EN PLEINE MUTATION?
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- Odette Legaré
- il y a 8 ans
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1 DEMOCRATIE PARTICIPATIVE ET CITOYENNETE LE BENEVOLAT : QUELLES SOLUTIONS POUR UN SECTEUR ASSOCIATIF EN PLEINE MUTATION? AVIS N Présenté par la Commission «Citoyenneté, solidarité, mobilité» du CONSEIL LILLOIS de la JEUNESSE à l Assemblée Plénière du 2 octobre 2010
2 1. Préambule La commission citoyenneté, solidarité et mobilité, qui s est réunie pour la première fois le 5 novembre 2009, a souhaité travailler en priorité sur l engagement des jeunes au sein des associations et de manière plus large sur le bénévolat. Le Conseil Lillois de la Jeunesse comme les autres instances de Démocratie Participative a une action qui entre dans le champ du bénévolat. En effet, si l on prend la définition du bénévolat cela désigne une activité de services envers autrui, de son plein gré et sans rémunération. Les actions de bénévolat, qui ne sont pas une simple adhésion, s'exercent en général dans le cadre d'une association, d'un syndicat ou d'une structure publique. Le bénévole donne ainsi de son temps libre à une action qui l'intéresse. Pour le Conseil économique et social (avis du 24 février 1993) "est bénévole toute personne qui s'engage librement pour mener une action non salariée en direction d'autrui, en dehors de son temps professionnel et familial.» L investissement au sein du Conseil Lillois de la Jeunesse passe aussi par cette action «non salariée», donner un peu de son temps pour participer à l amélioration du bien vivre ensemble des jeunes dans la ville. C est dans cette optique que la commission a décidé de s inscrire aux Etats généraux du monde associatif (EGMA) organisés par la Ville de Lille dans le but d y exposer sa vision du bénévolat. Fort de membres impliqués dans la vie politique, sociale et associative de la métropole, la commission a décidé d émettre un avis sur les façons d améliorer le monde de l association, particulièrement dans les relations entre dirigeants et bénévoles. Ainsi, suite à des rencontres et débats, la commission expose dans ce texte le détail de ses travaux et les recommandations qui en découlent. En effet, la commission a travaillé, à travers plusieurs séances, sur le thème du bénévolat, de l engagement des jeunes. Lors de ces réunions, elle a entendu M. Frédéric ROUVIERE, Directeur par intérim de Lille Ville de la Solidarité (LVS), M. Jerôme HESSE, Directeur de la Maison des Associations (MdA), M. Frédéric AGOSTINI, Responsable du service Animation Seniors et le groupe lien social du conseil des aînés ainsi que M. Simon YVERNEAU, chargé de mission au service Economie Sociale et Solidaire. Page 2
3 2. Quel constat sur le monde associatif? La commission a priorisé cet axe de travail suite à sa rencontre avec le directeur de la Maison des Associations, M. Jérôme Hesse, en janvier Lors de cette discussion, la commission a pris conscience de l évolution du monde associatif et de la difficulté à obtenir de jeunes bénévoles. En effet, ce domaine est en pleine mutation. Celle-ci se décline sous plusieurs formes : Tout d abord, le but de l engagement qui change. Il est constaté qu aujourd hui les bénévoles s investissent plus dans les clubs sportifs, associations culturelles ou humanitaires alors qu auparavant, ils s engageaient davantage dans des groupements professionnels. Ainsi, il semblerait qu ils recherchent davantage l accomplissement individuel que la recherche d un idéal collectif. Mais cela est plus complexe. On peut constater qu il existe 3 types d associations : il y a les associations dites «militantes» qui vont vivre de bénévoles sans vraiment obtenir de subventions importantes (type petite association de quartier qui va vouloir développer l accès à la culture pour tous). Et puis il existe les associations type clubs sportifs qui vont vivre de dons, subventions, bénévoles et enfin les structures associatives dont la mission est principalement liée à l action publique (exemple : les clowns de l espoir). Ce dernier type d associations va subir la baisse de financement, notamment les subventions de l Etat. Ce sont vraiment ces dernières qui tendent à la professionnalisation. Ces associations deviennent comme des petites entreprises dans lesquelles il faut gérer «plein de choses». Elles doivent rendre des comptes de plus en plus souvent et précisément sur les subventions obtenues, comment elles sont «correctement» utilisées, etc. De plus, les demandes de subventions sont de plus en plus complexes et ces structures passent du temps à remplir des dossiers. Ensuite il y a une évolution dans la structure même de l association et son fonctionnement. Le constat est indéniable, l association se professionnalise de plus en plus. Cela a pour conséquence pour les associations de pouvoir compter sur du personnel qualifié. En effet, la gestion d une structure associative demande de plus en plus de compétences administratives, comptables, juridiques etc. Cela coûte et des petites associations ont du mal à survivre. Enfin, c est la façon de s engager qui change. Notre commission a notamment constaté autour d elle que beaucoup d associations demandent un engagement régulier et précis (ex : tous les lundis de 18h à 20h). Or il est difficile avec la vie que nous menons de s engager aussi précisément. Notamment quand on est jeune! C est pourquoi, il y a un grand nombre de bénévoles retraités dans les associations ou des étudiants qui ont peu de cours. Pourtant l envie des jeunes de s engager ne manque pas! Nous, CLJ, avons fait le choix de nous engager dans une instance de démocratie participative. Nous remarquons que les difficultés sont les mêmes que pour les associations (manque de temps, difficultés de mobilité, etc.) A partir de ces constats, il nous semblait nécessaire de faire un focus sur l engagement des jeunes. Page 3
4 Pourquoi un jeune s engage-t-il? Quelles sont ses motivations? Comment valoriser son engagement? Il est manifeste que l engagement dans une association relève d une double démarche. D un côté une association fait face à des besoins en bénévoles pour mener à bien des actions, faire fonctionner la structure, et de l autre, des individus cherchent à se mettre au service de la société. Il y a un rapport entre un demandeur en individus non rémunérés et des individus prêts à offrir leur temps et leur force au sein d une association. Les Etats Généraux du monde associatif ont pour but de clarifier ce rapport et le Conseil Lillois de la Jeunesse (CLJ) a souhaité apporter sa contribution en réfléchissant sur ce qui incite un jeune à s engager dans le monde associatif et comment inscrire cet engagement dans le moyen / long terme? Lorsque l on a interrogé les jeunes autour de nous, ils nous ont répondu majoritairement qu un jeune qui souhaite s investir dans une association le fait dans un premier temps pour servir une cause qu il trouve noble en nourrissant certaines attentes. Mais le manque de valorisation du travail bénévole, la désillusion et les difficultés d intégration le détournent rapidement de la structure. Il faut alors que l association trouve des moyens pour valoriser l engagement de ses bénévoles pour que ceux-ci s engagent sur le long terme. I L engagement associatif : un acte difficile insufflé par des convictions. A) La difficulté pour les jeunes de s engager. L allongement de la durée des études et la dégradation des conditions d entrée sur le marché du travail altèrent la volonté des jeunes de s engager. B) La rencontre entre l individu et l association : un moment clé. - Les premiers pas d un bénévole dans une association sont capitaux, or ce n est pas un acte forcément réfléchi. Nécessité de prendre en charge les nouveaux bénévoles (parrainage?). - L importance d évaluer le type de bénévoles suivant les différents profils possibles pour adapter son suivi. II Le manque de reconnaissance des bénévoles A) Le bénévolat, une activité prenante - L association prend énormément de temps, elle a une part d aliénation. Par exemple, la construction d un local pour des activités, qui est un chantier immense, amène les bénévoles à s investir davantage. - La nécessité d adapter les travaux au niveau d engagement des bénévoles. B) Les difficultés relatives à l intégration au sein de l association Comme expliqué précédemment, la prise en charge des bénévoles à leur arrivée est capitale. Elle conditionne le fait qu ils restent ou non dans l association sur le moyen/long terme. III- La nécessité de valoriser le don de sa personne A) L engagement sur le long terme nécessite la reconnaissance du bénévole La force des convictions a des limites chez tous les bénévoles. S ils ne sont pas attirés par autre chose, ils ne restent pas actifs. Cette «autre chose» peut être la satisfaction d avoir aidé, la reconnaissance de la société ou la prise de responsabilités. Page 4
5 B) qui est de plus en plus prise en compte par les politiques. Les politiques se rendent compte des problèmes qu engendre le manque de reconnaissance et mettent en place des actions. Exemple : Le projet de financement du permis de conduire contre un investissement bénévole par la mairie de Lille. «Si on payait mieux les bénévoles, ça donnerait peut-être envie à plus de gens de travailler gratuitement.» Geluck Page 5
6 3. Les Etats Généraux du Monde Associatif Lillois La journée d ouverture des Etats généraux du monde associatif s est déroulée à Lille le samedi 12 juin 2010 sur le thème «associations et bénévoles, quels engagements pour quelle société?». La journée s est divisée en deux temps : une matinée dédiée à trois tables rondes et un après-midi autour de trois ateliers. La commission solidarité, citoyenneté et mobilité a été invitée à s exprimer sur le thème des nouvelles formes d engagement et celui de la formation et la motivation des bénévoles. Aux côtés de Michel Guarini, de France Bénévolat et du Comité Départemental Olympique et Sportif, deux membres du CLJ ont pu faire part de leur vision de l engagement et témoigner sur la difficulté de plus en plus grande pour un jeune de s engager. Ceux-ci ont pointé du doigt le fait que les jeunes n ont pas moins envie de s engager mais sont confrontés à des parcours de vie de plus en plus atypiques comprenant l allongement de la durée des études et les difficultés concernant l entrée sur le marché du travail. De plus, il leur a semblé que la notion d apport individuel de l engagement est un critère important pour permettre au bénévole d inscrire son acte dans le long terme. Un individu non soutenu, formé ou valorisé ne reste pas longtemps dans le monde de l association. Suite à cela, les ateliers se sont réunis pour se pencher sur différents thèmes. Un membre du CLJ a participé au second atelier intitulé «formation et valorisation des bénévoles». Différentes problématiques ont été abordées : l adéquation entre projet associatif et bénévoles, relations bénévoles/salariés, renouvellement générationnel, relations intergénérationnelles, passeport bénévole. Présidé par le directeur de France Bénévolat, M. Michel GUARINI, cet atelier s est scindé en deux courants représentant chacun une vision de l association, ce qui nous a permis d enrichir notre réflexion. Des questions ont été soulevées concernant les relations intergénérationnelles, le fonctionnement du passeport bénévole et celui de la charte du bénévolat. Ces interrogations nous ont permises de mettre en exergue quelques difficultés dans le fonctionnement du monde associatif lillois. Ainsi, à l issue de cet atelier, trois recommandations ont été formulées à l attention de la Ville de Lille. Les personnes ayant participé à l atelier (dont faisait partie un membre du CLJ) demandent à la Ville de Lille de donner les moyens aux associations de reconnaître l engagement bénévole ; mieux communiquer autour de la valorisation de compétences bénévoles dans le cadre d une Validation des Acquis de l Expérience (V.A.E) et enfin généraliser le passeport bénévole à toutes les associations. Il est à noter que la Ville de Lille est en train de travailler à institutionnaliser le passeport bénévole. Page 6
7 4. Les propositions qui en découlent Suite à la journée de débat et aux recommandations formulées, la commission souhaite faire 3 propositions à la Maison des Associations pour améliorer la situation du monde associatif lillois et plus spécifiquement pour permettre l implication plus grande du public «jeune» qui est bien souvent volontaire pour du bénévolat : Première proposition : La mise en place d une carte bénévole, en complément du passeport bénévole. Celle-ci serait une carte distribuée aux membres des associations signataires de la charte de la vie associative lilloise. La carte permettrait aux bénévoles d avoir accès à des tarifs préférentiels dans les domaines du sport, de la culture, des loisirs et du bien-être sur le modèle du «pass senior». La carte serait délivrée par les associations membres de la Maison des Associations et valable 6 mois. Il faudrait un minimum de temps de bénévolat pour y avoir accès. Le but est de valoriser l action bénévole. C est suite aux témoignages de nos entourages respectifs que la commission s est rendue compte que le manque de valorisation était un frein à l engagement des jeunes et au développement des associations. Les associations attribuant cette carte devraient être signataires de la charte de la vie associative. Son non-respect pourrait aboutir au retrait de la compétence d attribution de cette carte. Deuxième proposition : La charte de la vie associative nous semble obsolète. Pour ce faire, la commission propose sa refonte. En recrutant un stagiaire, par exemple un étudiant se destinant à devenir juriste à qui il serait possible de confier la mission d étudier la charte et, de concert avec le CLJ, de proposer des améliorations. Les différentes rencontres avec des acteurs de la vie associative lilloise ont permis de nous rendre compte du côté «figé» de la charte et de sa non-adéquation avec l évolution que subit le monde associatif. Ainsi, un travail d amélioration de celle-ci nous semble nécessaire. Troisième proposition : La mise en place d un système d information sur le bénévolat permettrait de remplir deux missions. - La première est de sensibiliser un public à l importance des associations dans notre société et peut-être susciter des vocations, - et la seconde, est d informer sur le recruteur éventuel que peut représenter l association sachant qu un salarié sur six est employé dans une association. Ainsi, le public visé par ces interventions serait jeune, à savoir les lycéens et étudiants de la métropole. Les interventions pourraient être faites par un représentant de la Maison des Associations ou de France Bénévolat. Page 7
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