7. Conjoncture, budget et politique budgétaire



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7. Conjoncture, budget et politique budgétaire 7.1 Le budget de l Etat 7.1.1 Généralités 7.1.1.1 Notion et procédure Tout comme pour un ménage ordinaire, les ressources financières de l Etat sont limitées par rapport aux besoins. C est pourquoi l Etat doit évaluer ses recettes et programmer ses dépenses en fonction de la politique qu il veut mener. Cette prévision des recettes et des dépenses de l Etat se fait dans un document appelé budget de l Etat. Chaque année, au moment de la rentrée parlementaire, le gouvernement (pouvoir exécutif) soumet un projet de budget pour l année à venir à la Chambre des Députés (pouvoir législatif). Celle-ci discute du projet, propose des modifications, puis vote à la fin de l année la loi budgétaire par laquelle elle permet au Gouvernement de toucher des recettes et d effectuer des dépenses. Si la Chambre refusait de voter le budget, le gouvernement ne pourrait plus se procurer des recettes (p.ex. en prélevant des impôts) ni dépenser des fonds et ne serait plus à même d exercer ses fonctions. Il s agit donc d un vote clé pour tout gouvernement. Le contrôle financier exercé par la Chambre porte aussi sur la vérification des comptes de l Etat qui concernent les opérations financières réellement effectuées. Au courant de l année qui suit l exercice budgétaire, la chambre compare ces opérations avec les prévisions budgétaires. Si elle les approuve, elle arrête les comptes généraux de l Etat sous forme de loi. ( ) 7.1.2 La structure du budget Budget des recettes: Recettes courantes (ex.. impôts) Recettes en capital (ex. emprunt public) Budget des dépenses: Dépenses courantes (ex. salaires) Dépenses en capital (ex. investissements) Bien que le budget soit un document unique, il comprend 2 grandes parties : Le budget courant 1 qui renferme le budget des recettes courantes et le budget des dépenses courantes Le budget en capital 2 qui renferme le budget des recettes en capital et le budget des dépenses en capital Dans les paragraphes suivants, nous allons examiner en détail les différents types de recettes et de dépenses. 1 anciennement : budget ordinaire 2 anciennement : budget extraordinaire 1

7.1.2.1 Les recettes de l Etat 7.1.2.1.1 Les recettes courantes Pour cette source de financement, nous distinguons deux catégories : A. Les impôts et taxes La vaste panoplie d impôts et taxes prélevés par l Etat est habituellement subdivisée en impôts directs et en impôts indirects. Impôts directs Principe de classification Ils sont perçus sur le revenu ou sur la fortune des entreprises et des ménages. Ils tiennent compte de la capacité contributive 3 du contribuable (ex. situation familiale, revenu du ménage) Exemples L impôt sur le revenu des personnes physiques, l impôt sur le revenu des collectivités, l impôt sur la fortune,, Impôts indirects Ils sont perçus lors de certains actes relatifs à l utilisation des revenus ou de transactions commerciales (ex. achat de biens et services). Ils ne tiennent pas compte de la capacité contributive du contribuable. La taxe sur la valeur ajoutée (TVA), les droits d accises (sur les alcools, le tabac et l essence), la taxe d abonnement sur les titres des sociétés, les droits d enregistrement, B. Les autres recettes courantes Les autres recettes courantes ont des origines très diverses. Elles proviennent : d intérêts de fonds publics déposés auprès des banques 4 ; de redevances encaissées en contrepartie de concessions accordées à certaines sociétés privées (SES, Bourse de Luxembourg) ; de revenus provenant des sociétés à participation publique (CEGEDEL, SEO, etc.) et de l exploitation d entreprises publiques (Entreprise des postes et télécommunications) ; de taxes sur le produit brut des jeux (Casino 2000) ; de recettes, de moindre importance, ayant leur origine dans la location d immeubles ou la vente de biens meubles (vente de bois par exemple). 7.1.2.1.2 Les recettes en capital Les recettes en capital présentent un caractère non récurrent. Il peut entre autres s agir de vente de terrains, d immeubles ou de participations appartenant à l Etat, mais aussi des emprunts publics. Il convient toutefois de remarquer que contrairement aux autres recettes en capital, l emprunt public donnera ultérieurement lieu à un remboursement et aux paiements d intérêts. Au Luxembourg, les recettes en capital restent traditionnellement marginales par rapport aux recettes courantes et le taux d endettement public luxembourgeois est très inférieur à la moyenne européenne. 3 avant tout l impôt sur le revenu des personnes physiques 4 notamment auprès de la BCEE qui gère les excédents budgétaires 2

7.1.2.2 Les dépenses de l Etat C est à travers sa politique de dépenses que l Etat peut exercer ses fonctions de producteur, de consommateur, d investisseur, de régulateur de l économie et que le gouvernement met en œuvre l essentiel 5 de son programme gouvernemental. Tout comme pour les recettes nous allons d abord classer les dépenses suivant leur nature économique, puis suivant les grandes fonctions de l Etat. 7.1.2.2.1 Classification des dépenses suivant leur nature économique 7.1.2.2.1.1 Les dépenses courantes Les dépenses courantes ou dépenses de fonctionnement sont des dépenses récurrentes qui peuvent être classées en 3 catégories : la consommation publique Exemples : traitements/salaires/pensions des fonctionnaires et employés d Etat, frais d entretien, loyers, achat de fournitures, les dépenses de transfert Exemples : subventions aux entreprises, transfert aux ménages (allocations familiales, primes de naissance, bourse pour études,etc.), transferts au reste du monde (contribution au budget de l UE, aide au développement), contribution au déficit de la Sécurité sociale les intérêts de la dette publique Puisque les dépenses courantes ont un caractère «normal», il est difficile de les comprimer, voire de les supprimer dans le court terme. Elles sont largement tributaires de la lourdeur de l appareil étatique et du niveau de l endettement public. Leur ampleur définit la marge de manœuvre pour les dépenses en capital. 7.1.2.2.1.2 Les dépenses en capital Les dépenses en capital comportent les dépenses d investissement qui servent à augmenter le patrimoine public ainsi que le remboursement de la dette publique. Exemples : investissements publics (bâtiments publics, infrastructures routières), financement des entreprises publiques, remboursement(amortissement) du principal de la dette publique. Au Luxembourg, les dépenses courantes sont de loin la composante dominante des dépenses totales. Leur progression sur ces 25 dernières années est beaucoup plus régulière que celle des dépenses en capital. 5 Si la Chambre refusait au gouvernement de voter le budget, il ne lui resterait plus que son rôle de législateur. 3

7.1.3 Le solde budgétaire 7.1.3.1 Le solde budgétaire et son financement Le solde budgétaire est la différence entre les recettes courantes de l Etat et ses dépenses totales : Solde budgétaire = Recettes courantes Dépenses totales Remarque : Nous avons ici retenu la définition de la Commission européenne qui ne tient pas compte des recettes en capital pour le calcul du solde, bien que le mode de calcul au Luxembourg soit différent (Solde budgétaire=recettes totales-dépenses totales) Selon que les recettes sont égales, supérieures ou inférieures aux dépenses, nous pouvons nous retrouver en face d un : Equilibre budgétaire si solde budgétaire = 0 Excédent budgétaire si solde budgétaire > 0. Un tel excédent peut être mis en réserve ou servir au remboursement anticipé d emprunts publics. Une accumulation de réserves budgétaires peut aussi ultérieurement justifier des allégements fiscaux 6. Déficit budgétaire si solde budgétaire < 0. Un déficit budgétaire peut être financé par : L utilisation des réserves budgétaires L endettement public à court terme (bons du Trésor) L endettement public à moyen et long terme (obligations d Etat) Liquidation d actifs (comme par exemple : vente de biens immeubles, de titres ou de participations) Si l endettement public s effectue auprès du système bancaire et/ou de la Banque Centrale, il y création de monnaie 7, nous parlons d un financement monétaire. Le financement monétaire auprès de la BCE n est toutefois pas permis au sein de la zone euro. Des déficits budgétaires persistants peuvent ultérieurement donner lieu à des hausses d impôts ou à des économies dans les dépenses. Sur ces 25 dernières années, le solde budgétaire 8 du Luxembourg a normalement été excédentaire 9. 6 Comme pour la réforme fiscale des années 2000 2002 au Luxembourg : abaissement du taux d imposition marginal maximal sur le revenu des personnes physiques de 46 à 38 %. 7 Cf chapitre 8 8 Il s agit en fait du budget de l Etat central, c-à-d en faisant abstraction des communes et de la sécurité sociale, mais également des dépenses liés aux fonds spéciaux et aux établissments publics 9 le solde pour 2006 correpond en fait à un déficit de 0,1 millions 4

7.1.3.2 Les contraintes européennes en matière de déficit budgétaire et de dette publique Afin de réaliser l'union Economique et Monétaire, les Etats membres de l Union européenne avaient décidé qu il serait nécessaire de réaliser une plus grande convergence des politiques économiques nationales. Pour pouvoir participer à l euro, les Etats membres ont dû remplir un certain nombre de critères de convergence encore appelés critères de Maastricht 10. Les critères retenus pour «assurer le caractère soutenable des finances publiques» étaient les suivants : le déficit public 11 doit être inférieur à 3% du PIB; la dette publique doit être inférieure à 60% du PIB. Ces deux critères furent repris dans le pacte de stabilité et de croissance de 1997 par lequel les chefs de gouvernement décidèrent de maintenir une certaine discipline budgétaire au-delà de l introduction de l euro. Il convient toutefois de remarquer que seul le critère relatif au déficit public a un caractère contraignant dans le sens que le dépassement du seuil de 3 % entraîne automatiquement une procédure pour déficits excessifs pouvant entraîner des pénalités financières jusqu à 0,5% du PIB (sauf si le pays fait face à une récession grave caractérisée par une baisse annuelle du PIB supérieure à 2 % du PIB). Le critère relatif à la dette publique a plutôt le caractère d une recommandation 12. En appliquant les critères en question à la situation du Luxembourg pour l'année budgétaire 2006, le Grand- Duché remplit facilement ces conditions. En effet: le ratio excédent budgétaire/p.i.b. s'élève à 0,7% le ratio dette totale publique/p.i.b. s'élève à 6,6%. Ces résultats sont-ils le fruit du hasard ou s inscrivent-ils dans une tendance de plus long terme? Pour le savoir nous allons d abord analyser les soldes budgétaires de la période 1985 2002. Au cours de la période analysée, le solde budgétaire voté des administrations publiques a dégagé souvent un déficit modéré. Si nous prenons en considération le solde budgétaire constaté lors de la clôture des comptes généraux, nous constatons qu à part les années budgétaires 1991-1993, le solde budgétaire affichait à chaque fois un excédent. Ce phénomène peut être attribué probablement à la spécificité luxembourgeoise de sousestimer d une manière systématique les recettes budgétaires, pratique souvent critiquée par les différents partenaires sociaux (ex. syndicats) et par les hommes politiques de l opposition. Il résulte du tableau repris cidessous que la valeur de référence de 3 % fixée pour le ratio de déficit a été respectée sans difficulté. 10 Le traité de Maastricht signé en 1992, crée l Union économique et monétaire et fixe le calendrier pour l introduction de la monnaie européenne, l euro. Pour une présentation détaillée des critères, voir chapitre 9 p27 11 On entend par là le déficit cumulé de l administration centrale, des communes et de la Sécurité Sociale 12 Le Pacte préconise aussi la recherche de budgets équilibrés ou excédentaires à moyen terme, mais ne prévoit pas de procédure en la matière. 5

7.2 La politique budgétaire 7.2.1 Notions et objectifs La politique budgétaire désigne l utilisation active des recettes et des dépenses budgétaires pour agir sur l activité économique d un pays. Cette action peut être de nature conjoncturelle (correction à court terme des déséquilibres économiques tels le chômage ou l inflation) ou de nature structurelle (promotion du potentiel de croissance d une économie à plus long terme). La politique budgétaire vise donc à réaliser les objectifs du carré magique : plein-emploi, stabilité des prix, croissance économique et équilibre extérieur. L Etat peut aussi essayer d atteindre ces objectifs par d autres politiques économiques : politique monétaire, politique de change, politique industrielle, politique commerciale, En outre, la politique budgétaire poursuit une multitude d objectifs non-économiques tels que des objectifs culturels, éducatifs ou de santé publique. Parmi ces derniers, nous nous bornerons à présenter brièvement les objectifs sociaux (section 7.3.1.3) 7.2.1.1 Politique budgétaire et objectifs conjoncturels Ce type de politique budgétaire est d inspiration keynésienne (voir section 7.3.2). Selon Keynes, c est la demande qui est déterminante pour le niveau de la production et la régulation de l activité économique doit passer par l action sur les différentes composantes 13 de la demande globale : - La consommation privée - La consommation publique - L investissement (privé et public) - Les exportations En situation de basse conjoncture, le niveau de la demande globale est insuffisant pour permettre le pleinemploi des facteurs de production. L Etat peut alors pratiquer une politique de relance de la demande (ou politique budgétaire expansionniste) par les 2 instruments suivants : Une hausse des dépenses publiques : elle agit sur le niveau de la consommation publique et de l investissement public, mais aussi sur le niveau des investissements privés ( subventions à l investissement ), de la consommation privée ( hausse des allocations familiales ) ou des exportations ( aide à l exportation, remboursement de frais de prospection, ) Une baisse des impôts : elle peut agir sur la consommation privée ( hausse du revenu disponible des ménages), sur l investissement privé (augmentation des possibilités d autofinancement des entreprises) ou sur les exportations ( possibilité de vendre à des prix plus bas) Exemples d une politique de relance : - En janvier 2008, le gouvernement Bush décide d une baisse d impôts des ménages de 100 milliards de dollars 14 - En 2001-2003, le gouvernement luxembourgeois a procédé à une réforme de l impôt retenu sur le revenu des personnes physiques en abaissant progressivement le taux marginal d imposition de 46 % à 38 % 13 Cf cours de 12e 14 en même temps que d un allégement fiscal de 50 milliards de dollars destiné aux entreprises 6

En situation de haute conjoncture, le niveau de la demande globale est trop élevé par rapport à l offre globale et l économie est confrontée à des tendances inflationnistes. Afin d éviter la surchauffe de l économie, l Etat peut alors pratiquer une politique de diminution de la demande globale (réduction des dépenses publiques, hausse des impôts) appelée politique de rigueur (ou politique budgétaire restrictive). Exemple d une politique de rigueur : Pour réduire les tendances inflationnistes, le gouvernement français a décrété l abandon de l indexation automatique des salaires sur les prix et ainsi mis un frein à la hausse des dépenses publiques entre 1983 et 1986 Comment les keynésiens conçoivent-ils le financement de la politique budgétaire? Le fait que l Etat augmente ses dépenses publiques en période de récession relance l activité économique mais entraîne un déficit budgétaire (amplifié par le fait que les recettes fiscales sont déjà plus faibles en basse conjoncture). Celui-ci devra être financé par une ponction sur des réserves budgétaires ou par un recours à l emprunt. Au contraire, en période d expansion l Etat doit arrêter sa politique interventionniste et réduire ses dépenses publiques pour freiner l activité économique. Combiné à la hausse des recettes fiscales en haute conjoncture, cette baisse des dépenses publiques entraîne un excédent budgétaire. Celui-ci servira à rembourser des dettes ou à reconstruire les réserves budgétaires. Remarques : (1) La politique budgétaire qui passe par le maniement des impôts est encore appelée politique fiscale. (2) Comme les politiques budgétaires conjoncturelles menées agissent en contre-sens des fluctuations du cycle conjoncturel et permettent d atténuer les fluctuations cycliques, elles sont qualifiées d anticycliques. PIB Cycle sans intervention étatique Cycle avec intervention étatique Trend Politique de rigueur Politique de relance temps 7

7.2.1.2 Politique budgétaire et objectifs structurels La politique budgétaire structurelle vise à apporter des changements en profondeur aux structures économiques et à l appareil productif d un pays. Elle affecte surtout les décisions d investissement des entreprises (donc le côté offre) et ses effets ne se font sentir qu à plus long terme. L Etat peut ainsi favoriser l implantation d entreprises nouvelles en accordant des subventions à l investissement, des bonifications d intérêt (dans le cadre des crédits accordés par la SNCI) ou des dégrèvements fiscaux. Il peut aussi favoriser la compétitivité à long terme des entreprises nationales en finançant une partie de la recherche et développement qui doit permettre une amélioration qualitative de la production. Le gouvernement peut aussi essayer de créer un cadre favorable aux investissements en aménageant les infrastructures publiques, par exemple par la construction de nouvelles routes ou de nouveaux aéroports. Une telle politique d aménagement du territoire ne devrait toutefois pas se situer dans une logique de croissance à outrance, mais plutôt dans une logique de développement durable qui essaye de réconcilier objectifs économiques et objectifs écologiques 15. En effet, le coût des mesures destinées à réparer les négligences passées en matière de préservation de l environnement pèsent sur le budget de l Etat et limitent ses moyens d action dans d autres domaines. Le but d une telle politique n est donc plus d atténuer les fluctuations conjoncturelles, mais de modifier la tendance de long terme (le trend) P IB ré e l T r e n d 2 P o litiq u e stru c tu re lle T re n d 1 te m p s Remarque : La distinction entre politique budgétaire conjoncturelle et politique budgétaire structurelle est quelque peu artificielle. Ainsi, par exemple, la construction de nouvelles autoroutes destinée à améliorer les infrastructures et par là à attirer à moyen terme des investisseurs étrangers, entraîne une hausse des dépenses publiques qui peut contribuer à relancer la demande et donc la conjoncture. 15 La poursuite de ces objectifs écologiques peut se faire en pénalisant les responsables de la pollution (principe du pollueur-payeur) ou en encourageant les agents économiques adoptant un comportement responsable en matière de préservation de l environnement (ex. subventions à l installation de sources d énergie renouvelables). 8

7.2.1.3 Politique budgétaire et redistribution des revenus Dans l économie sociale de marché, l Etat se doit de corriger certaines inégalités, voire injustices sociales nés du système capitaliste 16. Il se doit en outre d organiser une sécurité sociale fondée sur le principe de solidarité entre générations et entre couches sociales. A cette fin, il procède à la redistribution des revenus qui consiste à prélever un partie plus importante des revenus des agents économiques mieux situés pour les reverser sous forme de transferts sociaux à des agents économiques moins aisés. A titre d exemple de transferts sociaux nous pouvons citer : les allocations familiales, les pensions les prestations de l assurance maladie-matérnité les aides au logement, les aides aux étudiants, les prestations pour congé parental, le revenu minimum garanti 16 cf chapitre 3 9

8. Monnaie, politique monétaire et inflation 8.1 La monnaie 8.1.1 Définition et fonctions Selon J.Généreux, la monnaie au sens strict, est constituée de l ensemble des moyens de paiement immédiatement utilisables pour effectuer des règlements et acceptés par tous dans une communauté donnée. De manière générale, on peut considérer comme monnaie toute chose remplissant les fonctions suivantes : 8.2 L inflation 8.2.1 Notion et définitions Définitions : L inflation se caractérise par une hausse généralisée et durable des prix La déflation se caractérise par une baisse généralisée et durable du niveau des prix La désinflation se caractérise par un ralentissement de l inflation (p.ex. l inflation passe de 10 % à 5 %) La stagflation 17 se caractérise par la coexistence d un taux d inflation élevé et d une stagnation de l activité économique (croissance faible accompagnée d une hausse du chômage) Selon son rythme de la hausse des prix, nous distinguons l inflation rampante ( 5%), l inflation déclarée ou modérée (entre 5 et 20%), l inflation galopante ( 20% 18 ) et l hyperinflation 19 (prix et revenus changent de jour en jour). Hormis la déflation qui a accompagné la crise des années 30, le XX e siècle a surtout été «l âge d inflation 20». Alors que l inflation rampante des Trente Glorieuses était souvent acceptée comme stimulant favorable à la croissance économique, les taux d inflation à deux chiffres observés dans les pays occidentaux au cours des années 70 ont été considérés comme frein à la croissance et source d injustices sociales. Ils ont conduit à des politiques de lutte contre l inflation et un processus de désinflation à partir des années 80. Ce processus a été renforcé à l intérieur de l Union européenne par le processus de convergence accompagnant l introduction de l euro 21, de sorte que l inflation apparaissait comme un phénomène largement maîtrisé au sein de l UE au début des années 2000. Toutefois, la hausse du prix du pétrole à partir de 2004 a entrainé une remontée des taux d inflation. 17 Le phénomène de stagflation sera analysé plus en détail dans le chapitre sur le chômage 18 (attention ces limites sont arbitraires) 19 Le taux d inflation annuel atteint alors souvent entre 500 % et 1000 %. De telles situations ont par exemple été rencontrées en Allemagne en 1923, dans les PVD dans les années 60 et lors de la transition des anciens pays de l Est vers l économie de marché au début des années 90. 20 selon J.Rueff 21 cf chapitre 9 10

8.2.2 Mesure de l inflation L inflation est normalement mesurée par l indice des prix à la consommation (IPC). L évolution de l indice permet dévaluer la variation du coût d un panier représentatif de biens et de services. Au Luxembourg, l IPC est établi par le Statec. Depuis 1996, le panier comporte quelques 240 catégories de biens et services qui sont largement identiques au niveau de l Union européenne (indice des prix à la consommation harmonisé : IPCH). La pondération de chaque poste, déterminée sur base d enquêtes auprès des ménages, reproduit la consommation moyenne des ménages luxembourgeois 22. Attention : Dans le calcul de l IPC, l évolution des prix des biens d équipements n est pas prise en compte. C est pourquoi certains économistes lui préfèrent d autres indicateurs comme l indice des prix à la production (IPP) ou le déflateur du PIB. 23 Dans le langage économique courant le taux d inflation désigne le taux de variation en % de l IPC entre 2 périodes. IPC en (t + 1) - IPC en t taux d'inflation entre (t + 1) et t = x 100 IPC en t 8.2.3. Les causes de l inflation 8.2.3.1 L inflation par la demande L'inflation par la demande se manifeste par une hausse des prix due à un excédent de la demande globale sur l offre globale. Il faut donc en fait que deux conditions soient réunies simultanément : a. Une augmentation substantielle de la demande de biens et services qui peut, entre autres, avoir comme origine : Une augmentation de la consommation privée due à un phénomène de déthésaurisation (utilisation de l épargne constituée), une plus grande facilité d accès au crédit à la consommation ou une réduction sensible des taux d imposition qui augmente le revenu disponible des ménages. Une augmentation de l investissement privé financé par le crédit bancaire ou par l'autofinancement Une augmentation des dépenses publiques Une augmentation des exportations (donc de la demande étrangère) b. Une insuffisance de l offre qui peut s expliquer par : Le plein-emploi des facteurs de production L insuffisance des stocks de produits finis L impossibilité d augmenter la productivité Le manque de matières premières L impossibilité d importer Des facteurs accidentels (mauvaises récoltes, guerres, ) 22 pour le mode de calcul de l IPC et la composition du panier : voir cours économie de gestion 23 déflateur du PIB = PIB nominal / PIB réel 11

Le mécanisme de l inflation par la demande peut également être illustré par un graphique 24 mettant en relation les courbes d offre globale 25 et de demande globale LÕinflation par la demande Niveau gˇnˇral des prix (P) Demande globale 2 Offre globale Demande globale 1 P 2 P 1 PIB 1 PIB 2 PIB 8.2.3.2 L inflation par les coûts Il s agit d une hausse générale des prix provoquée par des hausses autonomes des coûts de production (prix des facteurs de production comme p.ex. les salaires, les intérêts sur les capitaux empruntés, les prix des matières premières, le prix de l énergie etc. ) et par le fait que les entreprises répercutent cette hausse des coûts sur les prix de vente afin de sauvegarder leurs marges bénéficiaires. Toutefois, l augmentation des salaires n a pas de caractère inflationniste aussi longtemps qu elle est compensée par un accroissement de la productivité. 24 Par rapport au graphique étudié en classe de 12 e, le prix du marché est remplacé par le niveau général des prix et les quantités par le niveau du PIB 25 La courbe d offre globale correspond au niveau total de la production d un pays offerte à chaque prix alors que la courbe de demande globale indique la quantité totale de biens et services demandés par l ensemble des agents économiques ä chaque niveau de prix. 12

8.2.3.3 L inflation importée L inflation importée est en fait un cas particulier de l inflation par les coûts qui résulte d une augmentation des coûts des produits importés. Celle-ci peut provenir : D une augmentation des prix à l étranger A prix étrangers stables, d une baisse du cours de change de la monnaie nationale qui accroît le prix en monnaie nationale des produits importés Le risque d inflation importée dépend évidemment du degré d ouverture de l économie. Ainsi une économie très ouverte comme celle du Luxembourg est particulièrement sensible aux variations des prix mondiaux. (Ainsi, l augmentation du taux d inflation de 1% à 3% en 2001 était essentiellement due à la hausse du prix du pétrole). Par contre, l achèvement du marché commun et l introduction de l euro ont nettement réduit le risque d inflation pour l ensemble de la zone euro puisque les importations ne représentent plus que 10 % du PIB européen. 8.2.3.4 L inflation induite par les structures de marché Les marchés sont souvent caractérisés par des structures oligopolistiques. Par opposition à une situation de concurrence parfaite, les oligopoleurs peuvent abuser de leur position dominante pour accroître leur marge bénéficiaire. Les oligopoleurs affichent souvent un comportement asymétrique lorsque les coûts changent : Cas de figure Répercussion sur les prix Rapidité de la réaction Augmentation des coûts Prix à la hausse Réaction immédiate Diminution des coûts Prix à la baisse Réaction lente Leur comportement rend les prix plus flexibles à la hausse qu à la baisse. A long terme la tendance à la hausse est donc donnée. 13

8.2.3.5 L inflation induite par les anticipations et les réactions des agents économiques Dans un climat inflationniste, les anticipations des agents économiques quant aux hausses futures des prix entraînent des comportements qui renforcent les tendances inflationnistes existantes : - Craignant une augmentation de ses coûts, l entrepreneur va répercuter par avance cette hausse sur ses prix de vente. Pour pouvoir profiter de la hausse des prix, il peut également retarder le moment où il mettra ses produits en vente et constituer des stocks. L offre diminue et les prix augmentent - La perte de pouvoir d achat chez les salariés conduit à des revendications salariales. La hausse des salaires peut entraîner aussi bien une inflation par la demande qu une inflation par les coûts - Craignant l érosion du pouvoir d achat de leur épargne, les épargnants éviteront les actifs monétaires (dépôts, titres) et se tourneront 26 vers des actifs réels comme les objets d art, l immobilier ou les pierres précieuses ce qui fera bien sûr augmenter le prix de ces actifs - Les consommateurs précipitent leurs achats ce qui entraîne une augmentation de la demande et donc du risque d inflation par la demande Pour contrecarrer ces tendances, les autorités politiques doivent afficher leur volonté de combattre l inflation. 26 Toutefois, le petit épargnant n a pas ce choix et sera d office perdant 14

8.2.4. Les conséquences de l inflation L inflation se manifeste par une - baisse du pouvoir d achat de la monnaie - par une dévalorisation de tout ce qui est exprimé en monnaie (salaires, rentes, intérêts, créances, titres) - Gagnants Perdants Débiteurs : Au moment du paiement, la somme à régler représente moins de pouvoir d achat qu à la conclusion du contrat Créanciers : Au moment du paiement, la somme reçue représente moins de pouvoir d achat qu au moment de la conclusion du contrat Propriétaires de biens réels dont les prix augmentent du fait de l inflation Propriétaires d actifs monétaires Etat : en tant que débiteur via la progression à froid (= augmentation de la charge fiscale grevant la matière imposable ; cette augmentation est due à la progressivité de l impôt et à l accroissement nominal de la matière imposable) Salariés : le revenu réel des salariés a tendance à baisser, car les prix montent généralement avant et plus que les salaires, même si les salariés bénéficient d une clause d indexation automatique 27 (il existe toujours un certain retard dans l ajustement) Toute personne autre que les salariés qui touche des revenus monétaires (pensions, intérêts fixes, ) Ainsi, par exemple, en période inflationniste, les intérêts bancaires touchés ne suffisent même pas à compenser l inflation, de sorte que le taux d intérêt réel est en fait négatif Importateurs : à taux de change stable, certains produits étrangers sont maintenant moins chers que les produits nationaux les importations augmentent Exportateurs : à taux de change stable, les produits nationaux sont devenus plus chers pour les consommateurs étrangers les exportateurs deviennent moins concurrentiels et les exportations diminuent influence néfaste sur les échanges d un pays avec l étranger 27 Signalons qu au sein de l UE, seuls le Luxembourg et la Belgique prévoient actuellement de telles clauses 15

8.2.5 Les moyens de lutte contre l inflation Les moyens de lutte contre l inflation dépendent en fait de l origine de l inflation (1) Quant à l inflation par la demande - Politique budgétaire restrictive visant à réduire la demande : i. par le biais d une baisse des dépenses publiques ii. par le biais d une augmentation des impôts (qui réduit le revenu disponible des ménages et donc leurs possibilités de consommation) - Financement non monétaire des déficits budgétaires : le recours à l emprunt public fait grimper les taux d intérêt ce qui ralentit la croissance de demande globale et freine les tendances inflationnistes («effet d éviction, voir chapitre 7) - Politique monétaire restrictive visant à augmenter les taux d intérêt et donc le coût du crédit (2) Quant à l inflation par les coûts Politique des salaires visant à modérer la croissance des salaires lorsque l inflation est d origine salariale. Ainsi la progression des salaires ne doit pas excéder la croissance moyenne de la productivité dans l économie. Pour freiner la progression des salaires, certains économistes recommandent l abolition de l indexation automatique (voir 8.3.5) ou du salaire social minimum (3) Quant à l inflation par la masse monétaire Application d une politique monétaire restrictive visant à ajuster le taux de croissance de la masse monétaire au taux de croissance du PIB (4) Quant à l inflation importée Comme les autorités n ont guère de moyens pour faire diminuer le prix en monnaie étrangère des marchandises importées, le seul moyen de lutter contre l inflation importée nous est donné par la politique de change. En effet une appréciation de la monnaie nationale rend moins chers les prix des produits importés exprimés en monnaie nationale (voir chapitre 9) (5) Quant à l inflation par la structure des marchés Politique de concurrence visant à interdire les structures oligopolistiques dominant le marché (ex. : interdiction de certaines fusions par la commission européenne comme la fusion Volvo/Scania qui aurait dominé le marché des bus et camions) (6) Quant à l inflation anticipée Pour contrecarrer des anticipations inflationnistes, les autorités doivent afficher leur volonté de combattre l inflation. Ainsi par exemple : - La banque centrale peut faire de la lutte contre l inflation son objectif principal. L indépendance d une banque centrale augmente alors la crédibilité d une telle politique. Les déclarations des gouverneurs des banques centrales quant à l évolution des taux d intérêt directeurs jouent un rôle important dans ce contexte. - Le gouvernement peut décider l abolition de l indexation automatique des salaires 16