l ETP est elle compatible avec La télésurveillance de l observance à la PPC? Dany Baud CHSPneumologie Chevilly Larue



Documents pareils
MINISTÈRE DES AFFAIRES SOCIALES ET DE LA SANTÉ ADMINISTRATION. Commission nationale de l informatique et des libertés

CONSEIL D'ETAT statuant au contentieux N RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. UNION NATIONALE DES ASSOCIATIONS DE SANTÉ A DOMICILE et autre

Définition, finalités et organisation

L ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT EN 15 QUESTIONS - RÉPONSES

Comment la proposer et la réaliser?

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

SADIR assistance, Prestataire de Santé à Domicile (PSAD)

Urgent- information de sécurité

LISTE DES PRODUITS ET DES PRESTATIONS REMBOURSABLES (LPPR) POUR LE TRAITEMENT DE L INSUFFISANCE RESPIRATOIRE

CE QU IL FAUT SAVOIR PARTICIPATION À UN ESSAI CLINIQUE SUR UN MÉDICAMENT

Questions / Réponses. Troubles du sommeil : stop à la prescription systématique de somnifères chez les personnes âgées

Doit on et peut on utiliser un placebo dans la prise en charge de la douleur?

Révision des descriptions génériques Comment monter un dossier?

LE FINANCEMENT DES HOPITAUX EN BELGIQUE. Prof. G. DURANT

Nouveaux rôles infirmiers : une nécessité pour la santé publique et la sécurité des soins, un avenir pour la profession

Annexe 2 Les expressions du HCAAM sur la coordination des interventions des professionnels autour du patient

Référentiel Officine

SUPPLEMENT AU DIPLÔME

Compliance (syn. Adhérence - Observance) IFMT-MS-Sémin.Médict.Nov.05 1

Proyecto Telemedicina

Télésurveillance à domicile de patients chroniques et pratiques collaboratives : arrêt sur image vu d un Industriel

ÉVALUATION ET AMÉLIORATION DES PRATIQUES. Développement professionnel continu. Simulation en santé. Fiche technique méthode

e-santé du transplanté rénal : la télémédecine au service du greffé

ALTO : des outils d information sur les pathologies thromboemboliques veineuses ou artérielles et leur traitement

FORMATION CONTINUE RECHERCHE APPLIQUÉE OUTILS PÉDAGOGIQUES. Promouvoir les soins pharmaceutiques

PARTICIPATION À UN ESSAI CLINIQUE SUR UN MÉDICAMENT CE QU IL FAUT SAVOIR

Formulaires médicaux et assurances

LE TEMPS PARTIEL THÉRAPEUTIQUE? SALARIÉS, MÉDECINS, EMPLOYEURS En toute concordance!

CHARTE D ÉTHIQUE PROFESSIONNELLE DU GROUPE AFD

Session Diagnostic. organisme gestionnaire du développement professionnel continu.

Soins infirmiers et gestion des risques

Décrets, arrêtés, circulaires

LA VENTE ET SES CONDITIONS

Droits des malades en fin de vie. Connaître la loi Leonetti et l appliquer

Les technologies de l information, support de la réorganisation territoriale

En partenariat avec.

Commission Statut et Juridique AH-HP. COMMENTAIRES et OBSERVATIONS sur le PROJET du CODE de DEONTOLOGIE du CONSEIL NATIONAL de l ORDRE des INFIRMIERS

LES PROFESSIONNELS DE LA SANTE

Quel cadre légal pour l exploitation des «Big data»? Jean-François Forgeron

ENFANT ASTHMATIQUE? PAS DE PANIQUE Contrôlez et équilibrez l asthme de votre enfant

ET DE LA STRATEGIE. Note de Synthèse. Domaine : Financement Version : 1 Mise à jour : 04/03/2012

PRÉSENTATION DU PROGRAMME. Le cœur à l école. PROGRAMME DE PRÉVENTION DE L ÉCHEC SCOLAIRE ET SOCIAL Volets préscolaire et 1 er cycle du primaire

Marseille 21 > 23. Novembre

Dépistage du Syndrome d Apnées Obstructives du. et évaluation du risque cardiovasculaire à l officine : implication du pharmacien et perspectives

Bienvenue chez votre pharmacien

Les responsabilités à l hôpital

Déclaration d Istanbul. contre le trafic d organes et le tourisme de transplantation

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

Conclusions de Madame l'avocat général Béatrice De Beaupuis

Note de synthèse Assurance Maladie. Information des professionnels de santé sur les produits de santé mars 2011

Gestion des bases de données

Critères de Choix d une Echelle de Qualité De Vie. Etudes cliniques dans l autisme. Introduction

Calendrier des formations INTER en 2011

Education Thérapeutique (ETP)

La responsabilité juridique des soignants

Information sur les programmes d autorisation préalable, de pharmacie désignée et de gestion des dossiers médicaux. Autorisation préalable

Migraine et Abus de Médicaments

Dossier de Presse Mars 2010

REFLEXIONS POUR LE DEVELOPPEMENT D UNE PRATIQUE DE CONCERTATION PROFESSIONNELLE ENTRE MEDECINS ET PHARMACIENS DANS L INTERET DES MALADES

LUTTER POUR UNE MEILLEURE SANTÉ : QUE PEUT-ON FAIRE DANS NOTRE QUARTIER?

du tiers payant GÉNÉRALISATION UN DISPOSITIF SIMPLE ET SÉCURISÉ POUR FACILITER L ACCÈS AUX SOINS

Le Psoriasis Qui est touché?

4. L assurance maladie

Rapport Télémédecine

La prise en charge. de votre affection de longue durée

Baromètre santé 360 La santé connectée Janvier 2015

TIERS PAYANT. des professionnels de santé GÉNÉRALISATION DU TIERS PAYANT : LA FRANCE A UN NET RETARD!

Télé-expertise et surveillance médicale à domicile au service de la médecine générale :

La prise en charge de votre affection de longue durée

DISTRIBUTION DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR VOIE ORALE PAR L INFIRMIERE : RISQUE DE NON PRISE DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR LE PATIENT

Prise de position sur les biosimilaires. Résumé

La supervision en soins infirmiers

Stress des soignants et Douleur de l'enfant

Orthèse Narval O.R.M. L orthèse innovante et confortable dans le traitement du SAOS

BURN OUT DES PROFESSIONNELS DE SANTE. Et Hygiène? Dr JC Perréand-Centre Hospitalier Valence

BILAN projet DIABSAT Diabétologie par Satellite

Assurance. Comment utiliser l'assurance santé

La prise en charge d un trouble dépressif récurrent ou persistant

L hôpital de jour ( HDJ ) en Hôpital général Intérêt d une structure polyvalente? Dr O.Ille Centre hospitalier Mantes la Jolie, Yvelines

DOSSIER-TYPE DE DEMANDE D AUTORISATION DE CREATION D UN SITE INTERNET DE COMMERCE ELECTRONIQUE DE MEDICAMENTS HUMAINS

Code de déontologie des coachs affiliés au réseau Coaching City

L'accès aux soins en milieu précaire : un défi pour la protection sociale

La Télémédecine dans le cadre de la Plateforme Régionale Santé de Martinique

Réflexe Prévention Santé. Réflexe Prévention Santé

TITRE : «Information et consentement du patient en réadaptation cardiovasculaire»

Déclarations européennes de la pharmacie hospitalière

LES RÉFÉRENTIELS RELATIFS AUX ÉDUCATEURS SPÉCIALISÉS

Essais cliniques de phase 0 : état de la littérature

DE LA FORMATION CONTINUE À L OFFICINE

Comment détecter les risques psychosociaux en entreprise?

Troubles de la vigilance au travail. Tests d aide à la décision d aptitude et structures de dépistage du syndrome d apnées du sommeil à Grenoble

CHARTE D UTILISATION DE L ESPACE MULTIMEDIA

Pôle de compétence en promotion de la santé région Centre en Promotion de la Santé en Région Centre. Salon des formations en promotion de la santé

Avis relatif au projet de loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2014

Maître de cérémonie Christian Fillatreau, Président du Cluster TIC Aquitaine

LIVRE BLANC DECIDEUR. Newtest : contribution à ITIL. Newtest et ITIL...3. Gestion des niveaux de service - Service Level Management...

EVALUATION DES TECHNOLOGIES DE SANTÉ ANALYSE MÉDICO-ÉCONOMIQUE. Efficacité et efficience des hypolipémiants Une analyse centrée sur les statines

MINISTÈRE DU TRAVAIL, DE L EMPLOI ET DE LA SANTÉ MINISTÈRE DES SOLIDARITÉS ET DE LA COHÉSION SOCIALE SANTÉ ETABLISSEMENTS DE SANTÉ.

Un coût, des coûts, quels coûts?

Etude Santé Les Français et la santé : va-t-on vers un système à deux vitesses? Quelles solutions pour les candidats à l élection présidentielle?

Transcription:

l ETP est elle compatible avec La télésurveillance de l observance à la PPC? Dany Baud CHSPneumologie Chevilly Larue

Surveiller et punir/ le panoptisme Michel Foucault Un assujettissement réel nait mécaniquement d une relation fictive de sorte qu il n est pas nécessaire d avoir recours à des relations de force pour contraindre le condamné à la bonne conduite, le fou au calme, l ouvrier au travail, l écolier à l application, le malade à l observation des ordonnances. Celui qui est soumis à un champ de visibilité et qui le sait, reprend à son compte les contraintes du pouvoir.

Arrêté du 9/01/2013 Observance et modalités prise en charge PPC 28j consécutifs, 3H/ nuit, 20 jours Contrôle / télétransmission 1/06/2013 Si observance insuffisante(2 mois consécutifs ou 4 mois /12) lettre rappel 1 avec offre accompagnement. Si 2 mois +1 idem ou 4 mois/12 lettre 2 et reprise matériel à l initiative du prestataire ou 20 E/semaine.

Droits du patient Information écrite lors de la mise en place Accès aux donnés à tout moment Accompagnement spécifique à visée corrective si mauvaise observance La confidentialité des données est à la charge du fabricant de la télésurveillance et du prestataire qui s engagent à mettre tous les moyens nécessaires

Données épidémio-économiques 2 à 5% de la population adulte (soit 1 à 3 millions de patients en France) ont un SAS Environ 330000 patients traités par PPC en 2009 pour un SAOS en France (+40% en 2 ans). 430000 patients en 2012 Coût estimé en 2012 = 390 M Euros # 40% du coût total de la LPPR pour les maladies respiratoires

Prise en charge de l apnée du sommeil en France version 29/03/2012 Rencontres sur le syndrome d'apnées du sommeil Conseil économique, social et environnemental cabinet Jalma

Comparaison France Europe Observance en France meilleure qu ailleurs en Europe = 6H/ J, 92% > 3H, 72% à 10 ans Indications prise en charge PPC variables: IAH de 15 à 30 / H avec symptômes ou complications Coût plus élevé en France (390ME estimation 2012) que dans 4 pays avec prestation Coût/ efficacité: 1 millions d Euros = 4 vies sauvées, identique à l Allemagne et à l Espagne, plus faible qu en Belgique et que pour le TT médicamenteux de l HTA Amélioration projetée du rapport coût efficacité avec augmentation de l observance

Conclusions finales de l étude Des gains d observance possibles (+ 30 à 60 mns / nuit) permettant de dégager des résultats encore meilleurs dans le temps (30 à 90%!) Reste, pour des questions de bon sens, et d économie de santé, à prendre les moyens utiles, efficaces et humains pour ne plus prendre en charge les non observants Il revient aux autorités de santé de définir les règles (et contrôler leur application) et aux prestataires de santé, qui doivent être reconnus comme coresponsablesde l observance, de les appliquer avec l aide du médecin. Il y a là source d économie sans répercussion néfaste pour le patient Une fois qu elle sera opérationnelle chez les PSAD, la téléobservance du traitement de PPC sera un excellent moyen de renforcer ce suivi de l observance par nos équipes au service des patients, du corps médical et de l assurance maladie

Définition et principes de l ETP Accompagnement du patient atteint de maladie chronique permettant, par un apprentissage adapté, la transmission des potentialités utiles à l acquisition de compétences puis de comportements qui vont lui permettre de faire face à sa maladie et d en assurer luimême le contrôle pour en limiter les effets sursavie. La finalité de l ETP est le changement et l autonomie du patient.

Les compétences visées par l ETP 1. Les compétences d auto soins (± prioritaires) ex : Soulager les symptômes, effectuer des automesures, les interpréter, décider. Adapter les doses de médicament, débuter un auto traitement, etc. 2. Compétences d adaptation (psychosociales) Confiance en soi Gestion du stress Communication 10

Apports de l ETP à la RMM Caractère centré sur le patient dans toutes ses dimensions notamment projectionnelle Partenariat, négociation et contrat, respect des préférences Accompagnement techniques pédagogiques exemplaires ; récit, mise en perspective, reformulation, entretien d explicitation, entretien motivationnel Lille CPLF 2008 11

L ETP demeure avant tout Une intuition éthique pour les soignants Un partage de l intelligibilité Un soin à part entière et non une simple information Une relation de confiance Un choix et un droit pour les patients Une culture de l alliance et non de l obéissance 12

La loi du 4 mars 2002 S inscrit dans cette démarche et cette éthique -«traduit la mise en œuvre d une conception humaniste des droits de la personne dans le système de santé, affirme l autonomie de la personne et marque l approfondissement du principe de solidarité en matière de santé». -Constituée de 126 articles, la loi du 4 mars 2002 déborde largement du seul cadre de la santé publique -Elle consacre la fin de la médecine paternaliste et fait émergée un malade adulte, maître de ses choix et acteur de sa propre santé

La loi du 4 mars 2002 L information «Le médecin doit à la personne qu il examine, qu il soigne ou qu il conseille une information loyale claire et appropriée sur son état, les soins et les investigations qu il lui propose»art 35 La liberté «toute personne prend avec le professionnel de santé et compte tenu des informations et préconisations qu il lui fournit les décisions concernant sa santé»art 11 L égalité et la solidarité «Aucune personne ne peut faire l objet de discriminations dans l accès aux soins» Art 3 Responsabilité Partage de décision thérapeutique, refus de soin, personne de confiance, formation dans les maladies chroniques, soins de fin de vie Lille CPLF 2008 14

Arrêté du 9/01/2013 Observance et modalités prise en charge PPC Constitue une contrainte sans précédent pour les patients SAS dont elle modifie les droits en changeant les règles du remboursement des traitements en les conditionnant à l observance Ballon d essai, est une menace pour le futur de tous les patients Stigmatise les patients SAS en mettant en doute leur honnêteté Viole leur intimité et met en péril le secret des données de leur vie privée par une surveillance à distance et obligatoire Favorise le lobby des fabricants de matériel de surveillance et hébergeurs de données Met à mal la relation médecin-malade qu elle vide de son contenu

Arrêté du 9/01/2013 Observance et modalités prise en charge PPC Est sans fondement réel au plan économique Est une loi inique contraire à l éthique médicale Est en totale contradiction avec la loi du 4 mars 2002 et les principes de l éducation thérapeutique qui n est ni du «coaching» ni de la rééducation Constitue une faute morale et politique Doit être combattue par les patients et leurs médecins

Mardi 2 avril 2013 - Apnée du sommeil: la HAS souhaite une évaluation médico-économique des dispositifs médicaux pour 2014 "L'utilisation d'incitations directes (diminution, voire arrêt de la prise en charge par l'assurance maladie) ou indirectes (via les prestataires) pour accroître l'observance des traitements et, de façon plus générale, pour modifier les comportements de santé pose ainsi la question de leur efficacité et de leur légitimité éthique", note la HAS. Le président de laffaair, Alain Mureza confirmé la semaine dernière qu'une requête de référé suspension avait été déposée en mars auprès du Conseil d'etat afin d'obtenir l'annulation de cet arrêté (cf APM LDQAH001). La décision est en attente.

Les associations de la FFAAIR ne sont pas contre le fait que l observance fasse partie du devoir des malades Elles sont simplement opposés sur la manière dont toute cette affaire a été organisée et mise en route. Le nouveau suivi des malades doit reposer sur l organisation méthodique de la «télé-surveillance» des patients, au moyen de «mouchards» devant venir équiper à grands frais les appareils mis à leur disposition. Il est de plus inadmissible que la responsabilité du suivi du malade soit transférée au prestataire qui équipe le malade apnéique. Ce n est pas son rôle! C est celui du médecin. importantes dans l application quotidienne» du nouveau dispositif et s inquiète par ailleurs «du stockage de l information médicale concernant les patients, sur les serveurs des fabricants.». Si la télésurveillance initiée par cet arrêté constitue une première mondiale, les associations de malades n entendent pas la laisser se transformer en «téléflicage» sans réelle assise médicale ni études cliniques justifiant de son intérêt médical. Nous ne resterons pas les témoins passifs de la dégradation de la qualité des soins, de nos soins! Alain Murez, Président de la FFAAIR

Pour la télésurveillance des patients C est NON!

Le remboursement des traitements contre le cancer Selon les chiffres officiels, 14 milliards d eurossont consacrés au soins médicaux du cancer AU SEIN DE CES 14 MILLIARDS CONSACRÉS AU CANCER, UN MILLIARD ET DEMI D EUROS EST PAYÉ PAR LA SÉCURITÉ SOCIALE POUR LES NOUVELLES MOLÉCULES qui N ONT PAS FINI LEUR PARCOURS DE TEST ET LEUR COMMERCIALISATION EST DE FAIT «UN ESSAI CLINIQUE» REMBOURSÉ PAR L ASSURANCE MALADIE À PRIX NON NÉGOCIÉ. CE SYSTÈME EST INFLATIONNISTE, IL POUSSE À LA PRESCRIPTION PRÉFÉRENTIELLE DE CE TYPE DE TRAITEMENT PUISQUE GRÂCE À LUI LES HÔPITAUX N ONT PAS À PAYER LE PRIX DES AUTRES MOLÉCULES ANTICANCÉREUSES INCLUSES DANS LA DOTATION GÉNÉRALE