Soutenez l action de Sauvegarde & de Mise en Valeur du Jardin Serre de la Madone (gestion, entretien, restauration ) et bénéficiez ainsi d avantages. Nom (Mme, Melle, M.) :....................................................................... Prénom :........................................... (Société) :......................................... Adresse :...................................................................................... Tél. :................................................. Portable :.......................................... E mail :............................................. J adhère à l Association pour la Sauvegarde et la Mise en Valeur du Jardin Serre de la Madone (AJSM), pour un an, en tant que : Bienfaiteur.......... Selon projet adopté - Avantages Mécène - Citation du nom du bienfaiteur sur le projet qu il aura parrainé Mécène...................................800 - Avantages Membre individuel ou couple - Invitation aux diverses manifestations de l année : conférences, soirées, Master class, soirée de gala Membre couple..........................75 - Avantages Membre associé - Accès gratuit et illimité au jardin Membre individuel.....................45 - Avantages Membre associé - Accès gratuit et illimité au jardin Membre associé.........................16 - Envoi gratuit du journal de l association Mahonia (2 numéros/an) - Envoi gratuit du journal du jardin (2 numéros/an) Mode de règlement : Espèces Chèque bancaire, ou postal à l ordre de AJSM Virement à l ordre de l AJSM Compte n 13833000200 Crédit du Nord 06 500 MENTON A retourner avec le paiement à : Association du Jardin Serre de la Madone 74, Route de Gorbio 06 500 MENTON Toutes les adhésions souscrites après le 31 août 2003 sont automatiquement renouvelées pour la saison 2004. sera épique mais le jardin y sera gagnant au final car cet homme prend des contacts avec énormément de gens, y compris en Angleterre, avec les jardiniers de Hidcote Manor qui est la propriété anglaise du Major Johnston, le créateur de Serre de la Madone. Hidcote Manor Bien sûr, les plantations effectuées n ont pas la rigueur et la touche sensible nécessaires mais le jardin est occupé et c est pour moi le principal, en attendant un vrai repreneur. Une association Loi 1901 de sauvegarde du jardin verra le jour, mais la réalité a bien du mal à rejoindre les rêves. En attendant, les services parisiens des monuments historiques font un excellent travail sous la direction de Mr Yarmola pour répertorier, analyser, classer, à l aide de botanistes (Mr Augé de l INRA) et de paysagistes renommés, notamment Gilles Clément. Manifestement le propriétaire laisse filer ce système complexe et la mairie essaie de trouver un moyen juridique et financier pour faire vivre ce jardin ; il est question de lotissement dans la partie haute pour rentabiliser l acquisition par la ville. En 1992 le maire reçoit, en tant que partenaire institutionnel, le Conservatoire du littoral qui s intéresse aux espaces encore un peu libres sur cette côte très urbaine ; la région et le département sont sollicités. Personnellement j accueille des amateurs de jardins et de patrimoine argentés et désireux de bien faire, mais qui reculent devant l ampleur des travaux après acquisition. L un d entre eux, Franklin Picart, est connu pour son investissement personnel dans la publication de livres exceptionnels sur les jardins et son amour de la botanique. Mais ma situation personnelle évolue, je me remarie à Menton et ma nouvelle épouse souhaite fonder une famille dont la dimension cadre mal avec les prix du logement sur la Côte d Azur. Je décide de partir et j ai la chance que mon patron m indique un poste en Bretagne. Mais avant de partir je donne la consigne au Conservatoire du littoral de ne pas oublier le jardin de Serre de la Madone et je relance le service des monuments historiques à Paris. En 1996 (je crois), j apprends par le responsable des acquisitions du Conservatoire qui m appelle en Photo : B. Bourdeau Bretagne et me signale laconiquement que, comme demandé, le Conservatoire a participé avec les partenaires institutionnels à l acquisition du jardin de Serre de la Madone. C est une très grande joie et c est miraculeux. Ouf. Dans les années qui suivent mon départ en 1993, je reviens régulièrement à Menton et curieusement, à chaque fois, je rencontre le squatter-gentleman de Serre de la Madone. Un rapport sous forme de statut quo s est établi avec les autres partenaires du lieu mais la dernière année où je le vois, l année qui suit l acquisition par le Conservatoire du littoral, alors que je visite au printemps le jardin dans la pénombre du soir, je l entends parler du jardin et peut-être de ses projets. Je sens que c est la dernière fois que le vois dans ce jardin et que la page du livre de la phase racinaire du jardin de Serre de la Madone se tourne doucement mais inexorablement. Le jardinier qui aura fait office de gardien et de pépiniériste dans le jardin pendant plusieurs années ira finalement à l entretien des cimetières de la ville et le Conservatoire du littoral mettra en place une structure légère de gestion. Grâce à William Waterfield, le propriétaire du jardin le clos du Peyronnet, un contact s établit avec un amateur Anglais de belles propriétés (Michael Likierman) qui fera l acquisition du jardin des Colombières et j aurais la surprise de visiter le jardin entièrement refait. J ai du mal encore à y croire après toutes ces années d incertitude et d abandon. Décidément, les Anglais ont réveillé ce coin de Paradis au XIXe siècle par un mélange magique de jardinage et de mise en œuvre de la peinture paysagère de cette époque et donnent l impulsion au XXIe siècle en s intéressant au jardin des Colombières fait par un Français! Magie de la fusion des cultures en ce temps de paix en Europe de l Ouest. Une association de gestion voit le jour pour la vie du jardin de Serre de la Madone (l AJSM). Une nouvelle vie peut commencer, avec Benoît Bourdeau comme responsable du jardin et bien malin celui qui, aujourd hui, en se promenant dans ce magnifique lieu, peut imaginer ce que les hommes ont pu intriguer autour de lui en mêlant leurs passions, parfois leurs vices, leurs cassures, mais aussi leurs rêves et leurs joies à sa terre, aux plantes et aux murs du jardin qui, j en suis sûr, ont des oreilles grandes comme les Alocasias et une bouche qui sait garder les secrets de la nuit. Epilogue : laissez-moi rêver d une grande structure du genre National Trust à la Française qui s occuperait de faire vivre de merveilleux jardins privés, à la disparition de leurs propriétaires je suis partant!
Un Jardin de plantes et d oiseaux Par Gisèle Beaudoin LPO PACA groupe Valbonne 06 L hiver? C est paradoxal, mais voilà le retour de la bonne saison pour certains jardins, si précaution a été prise d y disposer des mangeoires pour attirer les oiseaux comme au Jardin Serre de la Madone Et tout naturellement, c est aussi l heure du bilan : un bilan positif, une collaboration réussie et amicale entre les partenaires, des visiteurs nombreux et intéressés, et qui reviennent! Par les temps qui courent, c est très agréable à constater!!! Les données des deux hivers d observations, en 2002 et 2003, associent les interventions dominicales des bénévoles LPO et le suivi d un observateur local, jardinier au Jardin de Serre. Ces données permettent d établir un inventaire de référence, que la collaboration de la LPO avec le Conservatoire du Littoral et le Jardin, enrichira, nous l espérons, tous les ans : un tel suivi des oiseaux urbains communs, en milieu biogéographique artificiel est original et, semble-t-il, unique dans les Alpes- Maritimes. La période d observation est ciblée sur l hiver, selon le choix initial : un jardin de plantes et d oiseaux, où les mangeoires facilitent l observation. Une dizaine de mangeoires, dont la fréquentation se révèle changeante ; aussi bizarre que cela puisse paraître, les oiseaux font varier leurs lieux de nourrissage favoris ; peutêtre, selon la date, telle mangeoire est mieux exposée, ou encore permet-elle à ce mâle chanteur de se mettre en valeur tout en surveillant son territoire Les nichoirs, par contre, sont restés désespérément vides Sans doute doivent-ils s intégrer dans le paysage, fautil que la pluie, le vent et le soleil les patinent. Et peut-être qu une fois installés dans le paysage Le bilan ornithologique, en novembre 2003, présente les résultats suivants : une quinzaine d espèces est observée lors de huit sorties sur dix. Ces espèces se répartissent entre : les passereaux traditionnels de nos jardins en hiver méditerranéen, la mésange bleue Parus caeruleus, la mésange charbonnière Parus major, le rouge-gorge Erithacus rubecula, le roitelet triple bandeau Regulus ignicapillus, le pouillot véloce Phylloscopus collybita, la fauvette à tête noire Sylvia atricapilla, les fringilles (granivores) que sont le verdier d Europe Carduelis chloris, le chardonneret élégant Carduelis carduelis, le pinson des arbres Fringilla coelebs. Parmi les corvidés, la corneille noire Corvus corone corone. Un colombidé bien connu : la tourterelle turque Streptopelia decaocto. L hirondelle de rochers Ptyonoprogne rupestris. Le picvert Picus viridis. Un turdidé, le merle noir, Turdus merula et un rapace sédentaire, la buse variable Buteo buteo. L hiver 2003 s est fait remarquer par un afflux important de tarins des aulnes Carduelis spinus, ces jolis fringilles jaunes et noirs qui ont fait la joie de nombreux visiteurs ; espérons que cette invasion se reproduira Ces espèces sont sédentaires, et donc nicheuses au printemps ; mais leurs effectifs sont augmentés par l arrivée d hivernants, ces touristes d hiver, venus passer la mauvaise saison sous des cieux plus cléments et plus ensoleillés, avant de retourner, à partir du mois de mars, selon les espèces, les températures et la nourriture disponible, dans leurs foyers plus septentrionaux d Europe pour s y reproduire Merveille, une chouette hulotte Strix aluco vit sur place Et parfois se laisse entendre de jour, quand les petits oiseaux la houspillent Certains oiseaux sont observables, en passage migratoire entre mars et mai ; ce sont les guêpiers d Europe Merops apiaster ; ils ont l amabilité d attirer l attention sur leur plumage multicolore par leur bruyant ramage ; et, pourquoi pas la si spectaculaire huppe fasciée Upupa epops. Observations également de quelques rapaces comme le circaète Jean-le-blanc Circaetus gallicus, l épervier d Europe Accipiter nisus, en chasse depuis les bois alentours, le faucon crécerelle Falco tinnunculus, le faucon pèlerin Falco peregrinus Et, si vous êtes chanceux et patient, vous aurez la possibilité d apercevoir la fauvette mélanocéphale Sylvia melanocephala, quelques petites bandes de mésanges à longue queue Aegithalos caudatus, le fugace accenteur mouchet Prunella modularis, la mésange noire Parus ater, le roitelet huppé Regulus regulus, un ou deux pipits des arbres Anthus trivialis, la mésange huppée Parus cristatus, amateur de conifères De tempérament plus calme, la bergeronnette grise Motacilla alba, le héron cendré Ardea cinerea, sur son perchoir favori, le grosbec casse-noyau Cocothraustes cocothraustes, le venturon montagnard Serinus citrinella, la corneille mantelée Corvus corone cornix, qui nous rend visite depuis l Italie, le serin cini Serinus serinus. Les alentours des bassins sont fréquentés par la bergeronnette des ruisseaux Motacilla cinerea, et le martin-pêcheur d Europe Alcedo athis. Il vous faudra redoubler de vigilance pour le troglodyte mignon Troglodytes troglodytes, et la chevêche d Athena Athene noctua. Et puis, les habitués du quartier, comme les pigeons biset ; si votre visite est tardive dans la saison, les martinets noirs Apus apus, et même, un martinet à ventre blanc Apus melba, quelques goélands leucophées Larus cachinnans en maraude, et le sonore coucou d Europe Cuculus canorus. Parfois, un geai des chênes Garrulus glandularius, quelques étourneaux sansonnets Sturnus vulgaris Bref, en hiver, tôt ou tard, au Jardin, vous êtes attendus ; une vingtaine d espèces y passe un séjour paisible. Et si vous êtes fidèles, bien davantage Serre de la Madone Propriété du Conservatoire du Littoral Jardin historique classé, créé par Lawrence Johnston en 1924. 74, route de Gorbio 06500 Menton - France Tél. : (+33) 04 93 57 73 90 Fax : (+33) 04 93 28 55 42 www.serredelamadone.com visites@serredelamadone.com Mahonia Lettre trimestrielle publiée par l AJSM, (Association pour la sauvegarde et la mise en valeur du Jardin Serre de la Madone) Directeur de la publication : Michael Likierman ISBN en cours Réalisation graphique : Dynactis Impression : Joubert, impression sur du papier recyclable blanchi sans chlore L association décline toute responsabilité concernant les opinions exprimées par les auteurs.
LE COURRIER DU JARDIN SERRE DE LA MADONE - JARDIN HISTORIQUE CLASSÉ - N 10- AUTOMNE/HIVER 2003 Mahonia Que vive le réseau des jardins du Conservatoire! Dans la grande famille des 700 sites protégés par le Conservatoire du littoral, les jardins occupent une place à part : fleurons des sites en terme de gestion et d accueil du public, ces lieux magiques à forte identité constituent un formidable outil d animation et de pédagogie pour témoigner de la nécessité de protéger le beau et le vivant. Photo : B. Bourdeau Le Domaine du Rayol dans le Var Mais ces quelques " joyaux " parsemés sur le littoral vivent leur quotidien de manière isolée, alors que tous sont pourtant confrontés aux mêmes questions : comment créer et maintenir l esprit des lieux? quel contenu botanique définir? comment élaborer un projet de gestion pérenne, et garantir des moyens humains et financiers? quelle signalétique et quelle communication adopter pour faire passer quels messages? comment susciter des dons, des adhésions, des ressources propres? La première rencontre "Gestion des jardins et vergers littoraux" organisée par Rivages de France à Serre de la Madone en novembre a confirmé la nécessité de partager les expériences des différents sites*, de mettre en commun savoirs et pratiques bref, de créer un réseau dynamique des gestionnaires de jardins et vergers du Conservatoire. Le Conservatoire se réjouit de cette initiative et souhaite donc une vie longue et fertile à ce nouveau réseau! Christian Desplats, Délégué régional du Conservatoire du littoral. Camelia reticulata captain raves Photo : B. Bourdeau
Ça s est passé hier... Carnet de jardin Récompenses bien méritées : L opération concours de sensibilisation à l environnement, Coup de chapeau de Victor, lancée par Veolia Environnement et le Groupe Nice-Matin, a récompensé l A. J. S. M. en août dernier pour ses actions citoyennes en matière de protection et préservation de la nature. Ainsi, le Victor de l environnement, Mr J.-C. Guibal recoit le prix du Patrimoine historique personnage symbole de cette campagne, lui a tiré son chapeau et offert une dotation encourageante de 1 000 Euros! Le dossier de candidature au Concours Patrimoine Historique, organisé par Vieilles Maisons Françaises et le Conseil Général des Alpes Maritimes, a reçu le prix honorable de PATRIMOINE HISTORIQUE. Cette distinction a été remise aux mains de Monsieur Jean-Claude Guibal, député-maire de Menton, le 19 septembre 2003, en présence de Messieurs Pierre Breuil, préfet des Alpes-Maritimes et Monsieur Christian Estrosi, député Président du Conseil Général. La Demeure Historique, l Association des Monuments Historiques privés, a décerné à l A. J. S. M. le Prix French Heritage Society, qui vise à encourager les programmes de restauration sur les monuments classés ou inscrits. Le montant de la dotation sélève à 11 200 $. Départs, arrivées : Vincent Labeyrie, arrivé en juin 2002, s en est allé retrouver ses origines bretonnes tandis que Cédric Zambon, employé comme apprenti en contrat de qualification, a fini sa formation et décidé de voler de ses propres ailes Deux nouveaux jardiniers, Damien Rosfelder apprenti et Romain Da Costa emploi jeune ont déjà intégré l équipe. Photo : CG06 - G. Véran. Succès des rendez-vous de septembre : Les deux manifestations du mois de septembre, Journées Méditerranéennes des Jardins (13 & 14) et Journées du Patrimoine (20 & 21), ont attiré quelques 500 visiteurs curieux un record dans la fréquentation du jardin! Évolution du Mahonia : Afin de satisfaire davantage les demandes de ses adhérents en matière de conseils et d anecdotes de jardinage, l Association a décidé de modifier quelque peu son courrier d information. L édition de Mahonia, lettre trimestrielle d une grande notoriété, sera limitée à deux exemplaires annuels et sera complétée par une nouvelle lettre plus axée sur le jardin (si vous avez des idées ou suggestions, nous sommes à votre écoute ). Échange de jardiniers : Dans le cadre de la convention de jumelage passée entre les deux jardins de Lawrence Johnston, Stéphane, jardinier à Serre de la Madone, s est envolé à Hidcote Manor pour quelques trois semaines Philip, jardinier de Hidcote, a ainsi atterri sur notre clémente Côte d Azur. Pour chacun, c est l occasion d échanger des connaissances et compétences Les rendez-vous de demain... Réouverture du jardin : Réouverture du jardin, le mardi 17 février 2004, en visites commentées seulement, par le Service du Patrimoine et l Association, tous les jours sauf le lundi, à 14h 30. Programme des prochaines sorties LPO (de 9h à 12h) : 14 décembre, 25 janvier, 22 février, 21 mars, 11 avril. Réservation au jardin tél : 04 93 57 73 90 ; fax : 04 93 28 55 42 ; E-mail : visites@serredelamadone.com Serre de la Madone dans sa phase racinaire Par Jean-Hubert Gilson, Directeur des Espaces Verts de la ville de Quimper I ngénieur horticole et directeur de la jardinerie Thuilleaux dans la vallée de Chevreuse, je postule à un poste d ingénieur dans les collectivités locales. La ville de Menton retient ma candidature. En octobre 1986, la responsable du service des jardins de la ville de Menton -Nicole Tessier- que je dois remplacer et qui est en partance vers Brest, m énumère les jardins peu ordinaires sur lesquels je devrais veiller. Même si la vie à Menton nécessite naturellement une période d accoutumance aux mœurs locales ; pour un gars du Nord (est du Nord à Menton tout ce qui se trouve au dessus de Valence), au début, tout y est opérette et charme méditerranéen et tous ces noms qui chantent comme Maria Séréna, Val Rahmeh, Fontana Rosa, les Colombières et naturellement Serre de la Madone me font rêver. Et puis le climat hivernal est extraordinaire -soleil garanti, température rarement en dessous de 0 - et l acclimatation des plantes sub-tropicales est très facilitée. Une de mes premières surprises en arrivant à Menton est de constater qu il y a très peu de tradition locale de jardinage d agrément. Le rapport à la nature y est d abord utilitaire, de production et de gains. J en conclus que la nature est suffisamment belle dans ces régions pour s en contenter. Comme le climat est difficile pour celui qui n a pas d eau à disposition, l énergie des hommes se concentre sur la production des fruits et des légumes, ce qui n est pas de tout repos et suscite la guerre de l eau. Les grands jardins privés ont été avant tout conçus pour le plaisir de
milliardaires étrangers en quête d une recherche symbolique (Fontana Rosa, les Colombières), esthétique (Maria Séréna) ou intellectuelle (Val Rahmeh, Hanbury). Mais cette classification un peu rapide ne sied pas à Serre de la Madone qui est un peu tout çà à la fois, je dirais que c est un jardin édénique bien qu il y manque la fameuse vue sur la mer. Les milliardaires sont comme les hirondelles, après la migration le nid est vide et les institutions locales se retrouvent avec de merveilleux hôtels et jardins privés à l abandon. A Nice ou ailleurs ils seront vendus pour faire de beaux lotissements de luxe et les jardins deviendront des jardins de copropriétaires, ce qui signifie des espaces verts le moins onéreux possible en entretien à l exception de quelques résidences de luxe. Mais Menton, petite ville frontalière plus italienne que française, échappe au recyclage utilitaire de ces merveilleux jardins inutiles sauf, par exemple, la partie haute de Fontana Rosa qui sera lotie. Il va falloir que je m applique à essayer de réhabiliter ce qui peut l être. Dans un premier temps au début 1987, un rapport au maire de la commune -Emmanuel Aubert- sur le patrimoine dégradé de ces jardins que je qualifierais plus tard d exception, dont deux sont municipaux, reçoit un accueil favorable. Un début de chiffrage refroidit vite l enthousiasme des élus locaux d autant qu il n y a pas de vraie pression sociale pour développer des jardins. Mais je ne cesse pas d arpenter ces jardins abandonnés ; magiques par leurs parfums, les silences bruissants, une végétation très diversifiée, ces ruines enchantées et les destins tragiques de certains propriétaires encore vivants et qui me demandent des services ou même une simple présence. Un des sphinx dans le jardin abandonné Je les visite avec naïveté et passion en me disant que l on doit pouvoir faire quelque chose. En fait, je ne ferais que d essayer de les valoriser, de les expliquer pour qu ils se mettent eux-mêmes à séduire de façon naturelle les décideurs comme j ai été séduit moi-même. Il faut faire confiance aux jardins, ils ont leurs armes et elles sont toutes féminines. Approche douce, nonchalance, parfums, esthétisme, volupté et vous êtes pris au piège de leur séduction que vous ne pouvez plus Photo : J. H. Gilson décliner sans passer pour un goujat. Mon rôle était désormais défini, je ferais mon possible pour être ambassadeur de ces jardins et aussi, il faut l avouer, pour donner aussi un peu de piment au métier d ingénieur dont le rôle est, notamment sur ces terres des anciens princes Génois, de servir de faire-valoir aux intérêts locaux. Le premier signe positif est l arrivée du nouveau directeur de Val Rahmeh, professeur au Muséum d Histoire Naturelle -Yves Monnier- ; il vient de Paris en étant passé par l Afrique et se retrouve séduit par beaucoup d éléments historiques, culturels, botaniques qui trouvent en lui un écho de ses grandes cultures et connaissances. Je découvre que la terre de Menton est faite d un syncrétisme qui séduit les grands voyageurs qui sont aussi parfois de grands romantiques. Car Menton est un ailleurs qui se définit en termes d amour et par conséquent, par plus de passion que de raison. Ce professeur du muséum sera le premier maillon de la chaîne de reconstruction de ces jardins oubliés. Tout au long de 1987, le secrétaire général de la mairie -Paul Giuliani- favorise les contacts. Des liens se tissent qui ne se démentiront pas dans le temps. Il faudra une dizaine d années au professeur pour remettre en état ce beau jardin botanique hérité d une tradition anglaise du jardinage. Quant au jardin méditerranéen de Ferdinand Bac, Les Colombières, j en garde un sentiment curieux de malaise et d émerveillement. La propriétaire -Erika Ladan-Bockairy- m appelle régulièrement pour l aider, soit pour régler un problème de fuite d eau sur le réseau qui se dégrade, soit pour faire le gardiennage de sa propriété pendant qu elle est absente en général pour faire une cure à Gréouxles-bains (Pierre Panzani, un jeune stagiaire paysagiste de l école de Gembloux fera le gardien). Quand j arrive à l improviste visiter les Colombières, j assiste quelquefois à des scènes qu un cinéaste italien ne renierait pas un ancien ténor ivre en train de taper sur un malheureux piano désaccordé La propriétaire en peignoir sale en train de cuisiner sur un petit réchaud dans un réduit Le fils ivre mort qui habite dans un bungalow en ruines dans le jardin mais je sais que ce jardin, malgré son état de dégradation et la réputation un peu sulfureuse de la superbe villa transformée en hôtel est un magnifique patrimoine culturel à préserver. Ferdinand Bach n était pas seulement un bon caricaturiste, c était aussi un architecte d intérieur remarquable et je ne connais rien d aussi original construit au XIXe siècle en France (à part tout de même la propriété des Mallet à Varengeville, la villa grecque de Beaulieu, etc mais ma connaissance dans ce domaine est très limitée). A l époque, je suis ravi d apprendre que l ensemble est classé monument historique sous l impulsion du service du patrimoine de la ville de Menton et notamment de Josiane Tricotti qui avait réalisé un mémoire de maîtrise sur la propriété. Quant à Fontana Rosa, c est un jardin difficile à situer car sa mutilation en fait certes une ruine romantique mais une ruine dénaturée. Cependant, ce jardin de céramique mériterait un projet d envergure et je commence par prendre contact avec un excellent céramiste -Jean-Pierre Caffarelli- qui s est installé à Menton depuis plus de trente ans. Nous tisserons un lien presque filial. Mon épouse me pousse à refaire de ce lieu une bibliothèque des langues latines sous forme d une fondation. Le jardin de Fontana Rosa Un de mes premiers contacts avec le jardin de Serre de la Madone début 1987, accompagné de Jean Mus, paysagiste local assez célèbre, me fascine. J y sens un jardin dejardinier, c est-à-dire un jardin construit pas à pas en respectant le bon sens du jardinier ; les apports de fumier ont été conséquents ; les plantes y survivent grâce à des soins qui furent de qualité et l arrosage régulier grâce à la construction de nombreuses citernes. Tous ces travaux ont fait de ce jardin quelque chose de très classique mais de très sûr à la fois. La terre aride s est transformée en un micro climat édénique. Contrairement à bien des endroits de Menton, certaines parties du sol sont acides (PH6) et permettent l acclimatation d essences acidophiles notamment de beaux Camellia. L exposition est plein Ouest ce qui élimine les problèmes du soleil levant sur des plantes gelées même si c est rare à Menton. Et puis c est une vraie collection botanique qui allie la recherche de nouvelles espèces et le charme de la composition. Rien n a d équivalent à Menton que le développement d Eucalyptus ficifolia ou Stenocarpus sinuatus ou même ces Podocarpes de l entrée, le noyer américain, Acer oblongum et des plantes toutes simples comme Cocculus laurifolius ou les cordylines qui prennent ici des dimensions impressionnantes. Quand fin 1987, le maire de l époque Emmanuel Aubert m apprend qu un promoteur Monégasque veut acheter ce lieu et le lotir, ma réaction négative conforte celui-ci, qui a bien jugé de Photo : J. H. Gilson
l intérêt de ce lieu, à s opposer au projet. Mais à l époque nous ne voyons pas comment nous en sortir. Le promoteur, une dame, m écrit que ce jardin n est qu un tas de broussailles sans intérêt et que le feu risque de prendre dedans. Elle défend son projet qui est de construire un supermarché. Toutefois le jardin est soutenu par les médias locaux et les anglais s y intéressent car n est-ce pas, au fond, un de leurs joyaux même à 1500 Kms de chez eux? En 1987, je me souviens avoir reçu un délicieux journaliste Anglais (Fred Whitsey) qui connaît bien le jardin et s inquiète de son évolution. Sur ces entre faits, en Avril 1988, mon épouse se tue en voiture sur l autoroute au-dessus de Beausoleil. J ai besoin de prendre du recul, je m installe à St-Laurent-du-Var comme directeur technique de la SEMAREN société d économie mixte qui aménage le complexe économique et touristique de l Arénas pour participer à la construction du plus grand ensemble botanique français de ces dernières années au Parc Phoenix à Nice. J oublie momentanément Menton et sa petite vie insulaire hors du temps. En 1989, le projet Phoenix sort de terre grâce à l efficacité des ingénieurs et techniciens de la Ville de Nice notamment messieurs Arnaudon et Fleck. Les élections municipales décident d un changement politique à Menton et le contact est pris avec le nouveau maire -Jean-Claude Guibal- Le moment est bien choisi pour revenir a Menton car le projet Phoenix est pratiquement fini et je sens que politiquement la ville de Nice va connaître quelques remous. Effectivement quelques mois après mon retour à Menton en 1990, le maire de Nice s exilera en Amérique du Sud La serre chaude dans les années 80. La nouvelle équipe municipale de Menton est plus jeune et plus ambitieuse. Les jardins opèrent leur séduction sur les élus notamment grâce à un rapport assez complet d une technicienne de mon service -Laurence Combe- et aussi grâce à l intervention d une équipe de paysagistes (Ossart et Maurières) qui a travaillé pour Phoenix et qui sera déterminante pour l avenir de Serre de la Madone. Avec l accord des élus, je leur commande une exposition de jardins Photo : J. H. Gilson mauresques au palais de l Europe dans le cadre de la Fête des citrons qui sera bien appréciée. Depuis mon départ, la propriétaire des Colombières est décédée. La propriété est habitée par le fils avec lequel je passe quelquefois un peu de temps. C est un homme affectivement brisé, replié sur son passé douloureux par la disparition hâtive du père et le manque d amour de sa mère qui l a confié très tôt à un collège (le collège international St Jean de Fribourg) en Suisse, pays d origine du père. Il est dans un état de dépendance alcoolique élevée et en mourra bientôt. Puis la propriété est squattée par un ancien banquier en recherche d une nouvelle vie. C est un homme assez pragmatique mais ignorant tout de l horticulture, un peu seul et en recherche mystique ce qui rend son comportement instable. Il cherche dans les jardins romantiques un sens à sa vie. J apprends que l ancienne propriétaire de serre de la Madone est en prison et que par une cession d actions dans la société le nouveau propriétaire est un armateur Monégasque d origine Allemande, Mr Neunhoeffer. J apprends aussi que la maison d accueil à l entrée de la propriété est désormais occupée par un de mes employés. Il a été recruté durant mon absence à Nice. Il a un caractère possessif et jardine un peu à l instinct, sans véritable formation. Par chance, la personne qui gère le patrimoine du nouveau propriétaire est une femme charmante d origine Suisse -Madame Grédig- qui sera toujours attentive aux problèmes du jardin. En 1991 je lui propose d héberger le couple de paysagistes qui a travaillé pour la ville, car le jardin les intéresse, dans la petite maison en haut du domaine, ce qu elle accepte. Cette présence active et compétente réduit les risques inhérents à l abandon d un jardin aussi beau et je suis sûr aussi que le jardin va inspirer ses hôtes. Les paysagistes réussissent à faire classer ce jardin monument historique avec une procédure de classement d office qui est pour la première fois utilisée en France pour un jardin. C est le ministre de l époque -Jack Lang- qui signe l arrêté de classement. Le jardin est sauvé de la destruction. Il est de plus en plus visité grâce au carnet d adresses des paysagistes. Il s agit maintenant de regarder comment le faire vivre. Sur ces entrefaites la succession des Colombières met le squatter-gentlemangardener à la rue et il se retrouve un beau jour à Serre de la Madone. La cohabitation de ce personnage, des paysagistes, du jardinier de la ville qui a un logement de fonction et du voisinage Toute l équipe du Jardin Serre de la Madone et de l Association pour la Sauvegarde et la Mise en Valeur du Jardin Serre de la Madone vous présente ses Meilleurs Vœux 2004 Best Wishes 2004 Photo : Frida BOTTIN