UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR



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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR FACULTE DE MEDECINE, DE PHARMACIE ET D ODONTO-STOMATOLOGIE ANNEE 2005 N 14 ETUDE DE LA RELATION ENTRE L ETAT DE SANTE BUCCO-DENTAIRE DES PARENTS ET CELUI DE LEURS ENFANTS: (A propos de 200 parents et 200 de leurs enfants recensés au CHNEAR et à l IOS) THESE POUR OBTENIR LE GRADE DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE (DIPLOME D ETAT) PRESENTEE ET SOUTENUE PUBLIQUEMENT LE 07 JUILLET 2005 PAR BOMA SISSOKO Né le 03 mars 1975 à Dakar ( SENEGAL) JURY PRESIDENT : M. IBRAHIMA BA PROFESSEUR MEMBRES : M. Boubacar DIALLO Maître de conférences Agrégé M. Boubacar CAMARA Maître de conférences Agrégé DIRECTEUR DE THESE : M. Malick FAYE Maître Assistant 1

INTRODUCTION... 1 PREMIRE PARTIE : GENERALITES 2

I- La cavité buccale... 9 II- Les dents... 9 2.1- Rappels histologiques... 10 2.2- Les dents temporaires... 11 III- Le parodonte de l enfant... 13 3.1- Le parodonte en denture lactéale... 13 3.2- Le parodonte de la dentition mixte... 14 iv- Les pathologies bucco-dentaires... 15 4.1- La carie dentaire... 15 4.1.1- Etiopathogénie... 15 4.1.2- Epidémiologie... 16 4.1.3. Les formes cliniques... 17 4.2- Les parodontopathies... 18 4.2.1- Définitions [33]... 18 4.2.2- Etiologie des maladies parodontales... 19 4.2.3- Classification... 19 DEUXIEME PARTIE : RELATIONS ENTRE L'ETAT DE SANTE BUCCO- DENTAIRE DES PARENTS ET CELUI DE LEURS ENFANTS I- OBJECTIFS... 24 1.1- Objectifs généraux... 24 1.2- Objectifs spécifiques... 24 1.2 - Cadre d étude... 24 II- MATERIEL ET METHODES... 24 2.1- METHODOLOGIE... 24 2.2- Critères d inclusion et d exclusion... 25 2.3- Deroulement de l enquête... 25 2.4- Variables étudiées... 26 III- Présentation des résultats... 28 3.1- Caractéristiques socio-démographiques... 28 3.1.1- Les parents... 28 3.1.2- Les enfants... 29 3.2- Pathologie carieuse... 31 3

3.2.1- Les Parents... 31 3.2.1.1- Prévalence de la carie et indice CAO... 31 3.2.1.2. Répartition du CAO selon le statut social... 31 3.2.2- Les enfants... 32 3.2.2.1- Prévalence de la carie et indice CAO... 32 3.3. Bilan gingival... 33 3.4. Les Habitudes d hygiène bucco-dentaire... 33 3.5- L Attitude des parents par rapport aux soins mesuree par rapport a la Fréquence de consultation... 35 3.6. Relations entre ETAT DE SANTE BUCCO-DENTAIRE DES parents et celui des enfants.... 36 3.6.1. Etude de la relation entre le CAO des parents et le... 36 CAO des enfants.... 36 3.6.2- Etude de la relation entre le CAO des enfants et le... 37 statut social des parents... 37 3.6.3. Relation Entre CAO enfants et CAO parents selon le... 38 niveau professionnel... 38 3.6.4. Relation entre la fréquence de brossage des parents et celle des enfants39 IV- COMMENTAIREs ET DISCUSSIONs... 41 4.1-Selon les données socio-démographiques... 41 4.1.1- Les enfants... 41 4.1.2- Les parents... 42 4.2- Le Bilan dentaire... 43 4.2.1- Les enfants... 43 4.2.2-. Les Parents... 45 4.3- Relation entre hygiène bucco-dentaire des enfants et celui des parents... 46 CONCLUSION. 47 REFFERENCES 51 4

5

Les nombreuses maladies infectieuses, appelées maladies infantiles, font encore des ravages dans les pays africains en développement. C est pourquoi, la santé générale de l enfant et particulièrement sa santé bucco-dentaire, partie intégrante de celle-ci, sont l objet d une grande préoccupation des parents, des pouvoirs publics, des professionnels de la santé et notamment des odontologistes. Les affections bucco-dentaires constituent un problème de santé publique majeur en raison des répercussions à distance possibles des foyers dentaires négligés et qui ont pour nom l endocardite infectieuse, le rhumatisme articulaire aigü, pour ne citer que ceux là. Leur prise en charge médico-odontologique globale passe par différentes étapes qui ont pour objectifs la conservation de la santé et de la longévité. Les grands axes sont tracés par Winslow dans la définition de la santé publique ci-dessous : «la santé publique est la science et l art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et de promouvoir la santé et l efficience physique et mentale à travers les efforts organisés par la communauté pour l hygiène du milieu, le contrôle des maladies transmissibles, l éducation des individus en ce qui concerne l hygiène personnelle, l organisation des services médicaux pour le traitement préventif et le diagnostic précoce des maladies, le développement d un mécanisme social qui puisse assurer à chaque individu un niveau de vie adéquat pour la conservation de la santé et de la longévité» [51]. La promotion de la santé passe par l instauration d une bonne hygiène du milieu et par celle de l hygiène individuelle. Etant donné que l absence d hygiène buccale et le changement des habitudes alimentaires sont à l origine de la fréquence élevée de la carie dentaire, des parodontopathies et autres affections bucco-dentaires recensées en milieu urbain, une modification des comportements en vue d une bonne hygiène orale des parents et des enfants s impose. Celle-ci doit commencer à la maison car, 6

les différentes études ont montre que la plupart des enfants imitent les comportements des parents et adoptent facilement leurs habitudes en matière de santé buccale dès l enfance [47, 55, 56, 57, 61, 63, 65,73]. D où le double objectif de ce travail qui est, d une part, l évaluation de l état de santé bucco-dentaire des parents et celui des enfants, et d autre part, l étude des relations entre ceux-ci. Pour ce faire, il va comporter deux parties : - la première traitera des généralités la cavité buccales et les affections bucco-dentaires; - la seconde concernera l enquête épidémiologique sur les relations entre la santé bucco-dentaire des parents et celle des enfants. 7

8

I- LA CAVITE BUCCALE La bouche est la position initiale ou faciale du tube digestif. C est une entité unique, carrefour de la plupart des échanges entre le corps et le milieu extérieur. Cette particularité s exprime à travers ces différentes fonctions de respiration, de déglutition, de phonation et de mastication. La cavité buccale a une forme ovoïde à petite extrémité et à grand diamètre antéro-postérieur. Elle est ouverte vers l avant et l arrière, limitée en avant par les lèvres, latéralement par les joues et en haut par le palais osseux, en bas par le plancher buccal. Elle communique en arrière avec l oropharynx par l isthme du gosier. Elle est occupée par la langue et les arcades dentaires et est constamment humidifiée par la salive [32]. La cavité buccale est divisée en deux parties par les arcades alvéolo-dentaires : la cavité périphérique répondant au vestibule de la bouche et la cavité centrale ou cavité buccale proprement dite. Cette dernière renferme un organe de grande mobilité, la langue, qui occupe la position centrale du plancher buccale et qui est séparée de l arcade alvéolo-dentaire mandibulaire par le sillon alvéolo-lingual. Organe du goût, la langue se scinde en une partie antérieure libre et une partie postérieure fixe. Sa face inférieure est appliquée au repos sur le plancher buccal et latéralement, la langue est cernée par les dents. II- LES DENTS Elles appartiennent à l appareil de la manducation. Les dents s articulent avec la cavité alvéolaire par l intermédiaire du ligament alvéolo-dentaire et l os alvéolaire dont la croissance, la vie et la disparition dépendent uniquement des dents. Les dents sont enchâssées dans les alvéoles qui les relient aux fibres desmodontales 9

qui les maintiennent fermement tout en leur assurant une certaine mobilité physiologique. L organogenèse dentaire s étend de la fécondation jusqu au troisième mois de la vie intra- utérine. La morphogenèse dentaire, beaucoup plus longue, débute vers le troisième mois de la vie intrautérine et se poursuit jusqu à l âge adulte. L homme possède deux dentures successives, comportant chacune un nombre réduit de dents ayant une morphologie variée, au sein de la même denture. Les dents humaines ont une couronne et une racine dont le collet forme la séparation anatomique. Chaque dent humaine est composée de trois tissus calcifiés : l émail, la dentine, le cément et d un tissu conjonctif mou spécialisé, la pulpe. 2.1- RAPPELS HISTOLOGIQUES La dent comprend trois parties : l émail, la dentine et la pulpe. Seul tissu minéralisé dépourvu de cellules, l émail est élaboré en totalité pendant l odontogenèse et l améloblaste, cellule souche épithéliale préside à son élaboration pendant l odontogenèse. L émail est le tissu le plus dur et le plus minéralisé de tout l organisme. Il est composé pour 96% de son poids tissulaire d une phase minérale constituée de phosphate de calcium, en majorité organisé en cristaux d apatite. Il recouvre la couronne dentaire et va être soumis à tous les effets qui se manifestent dans la cavité buccale [64]. La dentine est un tissu conjonctif minéralisé et vascularisé dont la composition diffère de celle de l émail, puisqu elle est constituée d une fraction minérale ne représentant que 70% de son poids. Elle est en connexion permanente avec la pulpe par l intermédiaire des prolongements cytoplasmiques des odontoblastes. Elle est traversée sur 10

toute son épaisseur, par des tubules représentant 10% à 30% de son volume et qui assurent sa perméabilité. La pulpe est un tissu conjonctif mou possédant des fonctions nutritives, neurosensorielles et réparatrices. Elle se divise en deux zones : - une région périphérique constituée par des odontoblastes et par la couche sous odontoblastique. -une partie centrale contenant le tissu pulpaire proprement dit, à savoir, le réseau vasculaire, les fibres nerveuses provenant du trijumeau et les fibres vasomotrices issues du système sympathique, les éléments cellulaires qui sont : les fibroblastes, les fibrocytes, les cellules indifférenciées, les cellules endothéliales et les periocytes et les cellules de défense. La dentine et la pulpe constituent un complexe intimement lié sur le plan physiopathologique : c est le complexe pulpo-dentinaire. 2.2- LES DENTS TEMPORAIRES L enfance est caractérisée par la présence des dents temporaires qui peuvent être seules au cours de la denture temporaire ou à associées à des dents permanentes pendant la phase de dentition mixte. La dent temporaire est caractérisée par [19] : - une faible épaisseur des tissus durs que sont l émail et la dentine (<3mm environ) ; - la présence de nombreux tubili dentinaires; - une minéralisation insuffisante des tissus durs; - une pulpe volumineuse avec l existence de communications pulpo-parodontales; - une abondante vascularisation; - une faible innervation; 11

- des apex largement ouverts. Email Dentine Chambre pulpaire Attache épithéliale Communications pulpo-parodontales Os interradiculaire Résorption physiologique Modification orifice apical et anatomie radiculaire Germe de la dent permanente (Fig.1) Dent temporaire avec des communications pulpo-parodontales [39] Ces caractéristiques anatomiques vont expliquer la rapidité d évolution de la carie en denture temporaire, la rareté des phénomènes douloureux aigus de type pulpite aiguë, la nécrose survenant très rapidement et souvent de façon asymptomatique, et en fin par l abondance et la dureté de la dentine réactionnelle quand elle existe, comme c est le cas dans la carie arrêtée. 12

III- LE PARODONTE DE L ENFANT Longtemps ignoré, le parodonte de l enfant reste une structure encore peu connue. L architecture parodontale de l enfant est étroitement liée à l évolution de la dentition qui s étend de l éruption de la première incisive temporaire (5-6 mois) à la mise en occlusion de la deuxième molaire permanente (14 ans). [3]. Les tissus parodontaux du jeune enfant sont différents de ceux de l adulte dans leur aspect et dans leur résistance au développement des gingivites et des parodontites. On peut ainsi distinguer un parodonte en denture lactéale et du parodonte en denture mixte. 3.1- LE PARODONTE EN DENTURE LACTEALE La gencive est souvent décrite comme plus rouge, du fait du réseau capillaire abondant et d un épithélium plus mince, plus translucide et, pour certains auteurs moins kératinisée [41]. La gencive marginale en denture temporaire stable est rose, de consistance ferme et élastique, d aspect lisse ou finement granité [31]. L anatomie cervicale des dents temporaires et la proéminence des bombés vestibulaires lui confèrent un aspect ourlet et épais. En denture temporaire, la hauteur de la gencive adhérente est plus importante au maxillaire qu à la mandibule et elle augmente avec l âge. La profondeur du sulcus a une valeur constante de 1mm en moyenne [62]. Au niveau des fréquents diastèmes rencontrés en denture temporaire, on observe, du point de vue histologique, une gencive recouverte d un épithélium ortho ou parakératinisé desquamant. Le desmodonte communique avec les espaces médullaires des procès alvéolaires et avec le tissu conjonctif pulpaire par les orifices apicaux et de nombreux canaux pulpo-parodontaux. 13

L os alvéolaire parcouru par une vascularisation sanguine et lymphatique dense, est moins calcifié [7]. Les corticales sont fines en particulier, au niveau du secteur antérieur. Les crêtes alvéolaires peuvent être convexes ou plates, surtout si elles sont associées à des diastèmes. La densité et l épaisseur du cément des dents temporaires sont moindres que celles des dents permanentes. Le cément est de type acellulaire dans la zone coronaire de la racine et cellulaire dans la région apicale. 3.2- LE PARODONTE DE LA DENTITION MIXTE Cette période s étend sur 6 années, de l évolution des premières molaires et des incisives inférieures permanentes à la mise en place des deuxièmes molaires permanentes. La fin de cette période correspond généralement à la période pubertaire [3] L éruption dentaire provoque des changements morphologiques et structuraux que le clinicien doit connaître afin de distinguer une situation physiologique normale de la présence d une pathologie. La gencive marginale souvent inflammatoire est épaisse, ourlée, flasque et rouge. Elle réagit très rapidement aux agressions locales (plaques dentaires, dispositifs orthodontiques et/ou obturations iatrogènes) [3]. L image des crêtes osseuses au cours de l éruption est variable. Elle peut être rectiligne, oblique, linéaire ou concave. Les radiographies rétro coronaires permettent d évaluer la distance entre la crête osseuse et la jonction amélo-cémentaire. Sur les dents en éruption postfonctionnelle, une distance inférieure à 2 mm est considérée normale [27], au-delà, elle risque un défaut osseux. Durant la période pubertaire, de nombreux changements morphologiques et métaboliques apparaissent et qui modifient la structure du parodonte. 14

IV- LES PATHOLOGIES BUCCO-DENTAIRES La cavité buccale est soumise à de nombreuses agressions dont les plus fréquentes sont observées au niveau des dents (caries) et du parodonte (parodontopathies) 4.1- LA CARIE DENTAIRE La carie est un processus chimio-bactérien localisé d origine externe apparaissant après l éruption des dents, qui s accompagne d un ramollissement des tissus durs de la dent et évolue vers la formation d une cavité [54]. Ce processus se manifeste à des sites préférentiels sur les dents qui correspondent à des sites de rétention alimentaires 4.1.1- Etiopathogénie La carie dentaire est une maladie infectieuse dans laquelle l alimentation joue un rôle clé. Elle a une étiologie multifactorielle qui résulte de l interaction de trois principaux facteurs (KEYES 1960) : un régime alimentaire riche en hydrates de carbones, la présence de micro-organismes, l hôte par l intermédiaire des dents et de la salive. Un quatrième facteur a été introduit depuis 1997 par [52] : le temps (figure 2) 15

Fig.2 : Etiologie de la carie dentaire : D après PONCHO [52] Les bactéries fortement associées à l initiation et au développement de la carie sont les streptocoques, lactobacilles et actinomyces. Streptococcus mutans jouent un rôle essentiel dans l initiation de la lésion carieuse et dans les récidives sous obturation, alors que les lactobacillus seraient plutôt responsables de l évolution des lésions [8] 4.1.2- Epidémiologie La carie dentaire est l une des infections les plus rependues chez l être humain. Elle commence à se manifester après l éruption dentaire et sa prévalence augmente avec l âge. Les surfaces dentaires touchées varient selon l âge de la personne. Chez l enfant, ce sont les surfaces occlusales dentaires qui sont les plus touchées [28,53] 16

Bien qu il existe des différences entre les pays et d une région à l autre à l intérieur d un même pays, il est établi que l incidence et la fréquence de la carie coronaire ont diminué dans les pays industrialisés au cours des vingt dernières années [10, 59]. Cependant, la prévalence des caries demeure élevée dans les pays en voie de développement et a même tendance à augmenter, cela peut être dû à la disponibilité de produits sucrés raffinés sans augmentation parallèle de prise de conscience concernant la santé buccale. 4.1.3. Les formes cliniques Cette carie se présente sous différentes formes cliniques qui sont fonction de la sévérité et de la précocité de l infection mais aussi du type d alimentation. Chez les enfants, l observation clinique met en évidence différentes formes de destructions coronaires des dents temporaires par la carie mais il y a deux formes plus couramment observées : la carie évolutive et la carie arrêtée. Leur diagnostic différentiel s appuiera sur six critères qui sont la localisation, l étendue des lésions, la présence de dentine résiduelle, la coloration des tissus, la texture des tissus et en fin la sensibilité [19]. Il y a aussi des formes complexes, notamment les caries précoces du jeune enfant autrefois appelées caries ou syndrome du biberon qui sont des formes particulièrement virulentes de carie dentaire. Elles se caractérisent par une charge infectieuse massive et sont associées à des pratiques alimentaires non favorables [4]. Ce sont des atteintes carieuses multiples touchant le nourrisson et l enfant d âge préscolaire. Elles peuvent se manifester dès l âge de 9 ou 10 mois mais c est souvent plusieurs années plus tard, alors que les destructions dentaires sont très importantes que l enfant est amené en consultation [5]. 17

Les caries précoces du jeune enfant se caractérisent par la topographie particulière des lésions. En effet, l attaque carieuse commence d abord par les surfaces lisses des incisives supérieures temporaires et, à mesures que l infection progresse, la carie s étend aux faces occlusales des premières molaires supérieures puis aux autres dents temporaires à l exception des incisives temporaires mandibulaires [4]. Elles ont pour origine l utilisation prolongée et/ou nocturne d un biberon contenant des liquides riches en sucre ou du lait. Ces caries sont dues à : une consommation exagérée et répétée d hydrates de carbone avant le coucher ou au moment de la sieste ; une consommation importante de sirops médicamenteux pédiatriques ; une infection par les streptocoques mutans ; et / ou une persistance d une alimentation au biberon. Ce dernier étant considéré par les parents ou par la nourrice comme un facteur favorisant l endormissement de l enfant [4, 5, 43, 70]. 4.2- LES PARODONTOPATHIES 4.2.1- Définitions [33] Le parodonte correspond à l ensemble des tissus de soutien de la dent. Il se compose de la gencive, de l os alvéolaire, du desmodonte et du cément. On peut diviser le parodonte en : - parodonte superficiel avec la gencive, seul tissu visible à l examen clinique. - parodonte profond constitué des autres éléments. On peut aussi définir le parodonte selon des critères histologiques : - un épithélium : c est l épithélium gingival ; 18

- quatre tissus conjonctifs : le cément, le desmodonte, le conjonctif gingival, l os alvéolaire. Les parodontopathies sont des maladies des tissus de soutien de la dent. Il s agit d infections chroniques polymicrobiennes qui peuvent se manifester sous forme inflammatoire, ne touchant que les tissus superficiels : c est la gingivite, mais aussi par une perte d attache épithéliale avec lyse partielle ou totale des éléments du parodonte, on parle alors de parodontite [33]. 4.2.2- Etiologie des maladies parodontales L étiologie principale des maladies parodontales est avant tout la plaque bactérienne ou biofilm bactérien qui se présente sous forme supra ou sous gingivale. L adhésion de ce biofilm est favorisée par le tartre qui joue donc un rôle prépondérant dans la survenue des parodontopathies. Les autres étiologies locales de l inflammation gingivale surtout chez l enfant sont les anomalies gingivales (freins anormaux, hyperplasie gingivale et les dystrophies), les accidents de la dentition, les caries proximales non traitées ou mal traitées, les thérapeutiques iatrogènes, un mauvais brossage, la respiration buccale. Nous avons aussi des étiologies générales telles que les déséquilibres endocriniens, les hémopathies : des gingivites infectieuses spécifiques comme le noma, la syphilis, la malnutrition 4.2.3- Classification La classification en parodonte superficiel et parodonte profond permet de déterminer deux types de pathologies: - les gingivites qui sont des atteintes inflammatoires du parodonte superficiel c est à dire de la gencive; 19

- les parodontites représentent une altération du parodonte profond et se traduisent par une perte de l attache épithéliale avec lyse partielle ou totale des éléments du parodonte. Les maladies parodontales de l enfant et de l adolescent comprennent tout un ensemble de pathologies, dont certaines très spécifiques, qu il est important de connaître pour bien les traiter. Ces pathologies comprennent des gingivites et des parodontites Les parodontopathies sont des maladies infectieuses multifactorielles ; les maladies parodontales regroupent des atteintes gingivales (gingivites) et des atteintes du reste du parodonte (parodontites). Les maladies parodontales entraînent la destruction des tissus de soutien de la dent et la perte des dents. En dehors de la plaque dentaire, d autres facteurs influencent l incidence et la sévérité des parodontopathies : état général, pathologies diverses, habitudes de vie. Le diabète et le tabac sont des facteurs de risque connu. La maladie parodontale a fait l objet de nombreuses classifications par des critères variés comme l âge d apparition, l étiopathogénie, la vitesse d évolution. Les applications cliniques manquaient parfois de précision ou, dans certains cas, une même manifestation clinique appartenait à deux catégories différentes. Une conférence de consensus internationale s est réunie en 1999 afin d établir une nouvelle classification de l état et des maladies parodontales, elle est résumée par Armitage [1]. Nous distinguons ainsi ; - les pathologies gingivales qui comprennent : * les pathologies induites par la plaque dentaire (gingivites induites par la plaque dentaire uniquement sans influence de facteurs locaux ou avec influence de facteurs locaux, associées au système endocrinien, à un trouble hématologique, liées à la malnutrition,.) ; * lésions non induites par la plaque (pathologies gingivales d origine bactérienne, virale, fongique, lésions gingivales d origine 20

génétique, manifestations gingivales de désordre généraux, lésions traumatiques,.). - la parodontite chronique; - la parodontite agressive; - la parodontite comme manifestation d une maladie systémique (associée à un désordre hématologique, à une maladie génétique), - les maladies parodontales nécrosantes; - l abcès parodontal ; - les malformations acquises ou développementales. Les caractéristiques morphologiques de la gencive de l enfant peuvent entraîner une surestimation du degré d inflammation. La gingivite chronique est caractérisée par une inflammation de la gencive marginale sans perte d attache. Des facteurs extrinsèques tels que l éruption dentaire, l exfoliation des dents temporaires, le bourrage alimentaire, les appareillages orthodontiques et la respiration peuvent être des facteurs aggravants [3]. Les gingivites éruptives, vont créer des pseudopoches qui se résolvent spontanément lors de l évolution de la dent permanente et en présence d une hygiène buccale efficace. La sévérité de la gingivite est moins intense pour une même quantité de plaque chez l enfant que chez l adulte. De plus, il y a une faible prévalence de la gingivite en denture temporaire suivie d un accroissement qui devient maximal en période pubertaire. La gingivite peut se transformer en parodontite, mais cette évolution dépend de l hôte. Elle est liée d une part à l immunité acquise mais principalement au schéma génétique du malade [29]. Pour Mombelli et coll (1995), l état parodontal à la puberté est prédictif de l état parodontal de l adulte [42]. 21

On distingue classiquement en Odontologie Pédiatrique, les parodontites à début précoce et les parodontites associées à une maladie systémique. Les parodontites à début précoce comprennent les parodontites pré pubertaires, les parodontites juvéniles et les parodontites à progression rapide. La parodontite pré pubertaire constitue, dans la plupart des cas, la manifestation d une maladie systémique selon la conférence de consensus [1]. 22

23

I- OBJECTIFS 1.1- OBJECTIFS GENERAUX Ils consistent à l évaluation de la relation entre l état de santé bucco-dentaire des parents et celui des enfants. 1.2- OBJECTIFS SPECIFIQUES Il s agira : - d étudier l état de la santé bucco-dentaire des parents ; - d étudier l état de la santé bucco-dentaire des enfants ; - d évaluer la corrélation entre la santé bucco-dentaire des parents et celle de leurs enfants. 1.2 - CADRE D ETUDE Notre enquête a eu pour cadre le service d Odontologie Pédiatrique du Centre Hospitalier National d Enfants Albert Royer (CHNEAR) du CHU de FANN et, la clinique d Odontologie Pédiatrique et d Orthopédie Dento-Faciale du Département d Odontologie, de la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d Odontologie de l Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). II- MATERIEL ET METHODES 2.1- METHODOLOGIE Il s agit d une enquête épidémiologique transversale de type descriptive et analytique qui a porté sur 200 parents (mères ou pères) et leurs 200 enfants amenés en consultation. 24

2.2- CRITERES D INCLUSION ET D EXCLUSION Etaient inclus les enfants âgés de 3 à 15 ans et leurs parents qui ont accepté de participer à l étude. Etaient exclus de notre étude : - les enfants non accompagnés par un parent; - les enfants dont la coopération n est pas obtenue; - les enfants porteurs d une maladie chronique connue ou d un handicap; - les enfants dont les parents n ont pas répondu à notre questionnaire. 2.3- DEROULEMENT DE L ENQUETE Nous avons effectué un examen clinique odontologique buccodentaire des parents et des enfants formant notre échantillon. Il s agit de 200 parents et 200 enfants. L examen clinique de chacun de ces sujets a eu lieu au fauteuil dentaire à l aide de sondes exploratrices n 6 et 1 7, de miroirs à bouche, de précelles à la lumière du scialytique. Les données recensées ont été recueillies sur une fiche d enquête de l OMS simplifiée et modifiée comportant les rubriques suivantes (Annexe I). - le numéro d identification, la date, le mois et l année ; -les renseignements d ordre général (état civil) ; -les données sur l état de la gencive : nous avons utilisé l indice gingival de Silness et Loë [58] qui est un système pour évaluer la qualité, la sévérité et la localisation (en quantité) des gingivites - les données sur l état des dents et des traitements nécessaires. Les parents ont répondu à un questionnaire ayant fait l objet d une seconde fiche portant sur : 25

- l état civil et le statut social ; - l état dentaire et gingival ; - les habitudes d hygiène bucco-dentaire (brossage, frotte dents, fréquences) ; -les attitudes vis-à-vis des soins. (Annexe II) 2.4- VARIABLES ETUDIEES 2.4.1. La carie dentaire L indice utilisé est l indice CAO-population qui est défini par le rapport de la somme des dents cariées, absentes et obturées sur le nombre de sujets examinés. L indice individuel sera obtenu grâce au décompte des dents cariées, absentes et obturées de chaque sujet examiné. 2.5.2. L état gingival Nous avons utilisé l indice gingival de Löe et Silnes: c est un système pour évaluer la qualité, la sévérité et la localisation (en quantité) des gingivites. L indice gingival d un sujet donné est la somme des scores de chaque dent divisée par le nombre de dents d après le critère suivant : 0 : absence de plaque. 1 : mince film de plaque, invisible à l œil nu, détecté en passant une sonde au niveau de la gencive marginale. 2 : accumulation modérée de plaque visible à l œil nu à l intérieur de la poche gingivale ou sur la dent et le rebord gingival. 3 : accumulation importante de plaque à l intérieur de la poche gingivale ou sur la dent et le rebord gingival. 2.5.3. L hygiène bucco-dentaire 26

Elle est appréciée sur la base de l interrogatoire portant sur les habitudes d hygiène orale à savoir : - la fréquence de brossage, - l utilisation ou non du bâtonnet frotte dents, L ensemble des données ont été recueillies sur Excel puis analysées avec le logiciel SPSS 5.0 et nous avons calculé les fréquences, les moyennes avec les écart-types, puis avons comparé les moyennes en utilisant l ANOVA, le test de Wilcoxon et le Khi 2. Le seuil de significativité est était obtenu avec p <0,05. 27

III- PRESENTATION DES RESULTATS 3.1- CARACTERISTIQUES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES Notre échantillon est composé de parents venus accompagner en consultation leurs enfants. 3.1.1- Les parents Ils étaient 200 dont 154 femmes (77%) et 46 hommes (23%), âgés de 18 à 69 ans avec un âge moyen de 37,45 ans (figure.3). 23% 77% Hommes Femmes Figure 3 : Répartition des parents selon le sexe. Plus des 2/3 des parents étaient constitués par les mères. Ces parents occupent différentes professions dont la répartition est donnée par le tableau I 28

Tableau I : Répartition des parents selon le sexe et le statut social Homme Femme Total cumulé Statut social Fréquence Pourcentage Fréquence Pourcentage Fréquence Pourcentage Cadre supérieur 7 15,2 4 2,59 11 5,5 Cadre moyen 15 32,60 45 29,22 60 30 Informel 14 30,43 11 7,14 25 12,5 Retraité 4 8,69 0 0 4 2 Chômeur 3 1,94 0 0 3 1,5 Sans emploi 3 1,94 0 0 3 1,5 Femme au foyer 0 0 94 61,03 94 47 Total 46 100 154 100 200 100 78,26% des pères ont une profession alors que 61% des mères étaient femme au foyer. Parmi les femmes qui travaillent, 31,8% étaient cadres moyens ou supérieurs contre 47,82% de cadres chez les hommes. 3.1.2- Les enfants Le groupe d étude est constitué de 200 enfants dont 94 filles (47%) et 106 garçons (53%) (fig. 4). Ils étaient âgés de 3 à 15 ans, avec un âge moyen de 7,23 ans, répartis suivants 3 tranches d âges dentaires: 69 enfants âgés de 3-5 ans, 115 enfants âgés de 6-12 ans et 16 enfants âgés de 13-15 ans (fig. 5) 29

47% 53% Garçons Filles Figure 4 : Répartition des enfants selon le sexe. Effectifs 120 100 57,5% 80 34,5% 60 40 8% 20 0 03-05 ans 06-12 ans 13-15 ans Tranches d'âge Figure 5 : Répartition des enfants selon les tranches d âge. Les enfants âgés de 6 à 12 ans constituent 57,5% de l échantillon. 30

3.2- PATHOLOGIE CARIEUSE 3.2.1- Les Parents 3.2.1.1- Prévalence de la carie et indice CAO La prévalence de la carie chez les parents est de 63%. Le CAO moyen est de 5,8 ± 5,028 avec 11,5% des parents indemnes de caries, 23,5% ont un CAO compris entre 1 et 3 et 65% ont un CAO > 4. La répartition du CAO selon le sexe montre que les pères ont un CAO moyen de 4,85 ± 5,676 et les mères un CAO moyen de 6,08± 4,801. 3.2.1.2. Répartition du CAO selon le statut social La distribution des composantes du CAO selon la profession des parents est donnée dans le tableau II. Tableau II : Distribution des composantes du CAO et du CAO moyen et écart-types des parents selon le statut social. Statut social C A O CAO Moyen Ecart-type Cadre supérieur 0,36 0,38 2,4 2,82 2,639* Cadre moyen 0,78 0,55 2,2 3,53 3,105 Informel 2,35 1,31 0,5 4,16 3,448** Femme au foyer 2,33 5,2 0,3 7,83 4,953** Total 5,92 8,26 4,14 5,8 5,028 ANOVA: ddl=3; p=0,000< 0,05 * p> 0,05 ; ** p<0,05 Le CAO est significativement plus élevé chez les femmes au foyer et chez les parents qui travaillent dans le secteur informel que chez les cadres (p<0,05). 31

3.2.2- Les enfants 3.2.2.1- Prévalence de la carie et indice CAO La prévalence de la carie est de 94%. Le CAO moyen est de 5,85 ± 4,005 et, 2,5% des enfants sont indemnes de carie, 28,5% ont un CAO compris entre 1 et 3 et 69% ont un CAO moyen > 4. La répartition selon le sexe est donnée dans le tableau III. Tableau III : CAO moyen et écart-types des enfants selon le sexe. Sexe Moyenne Ecart-types Masculin 6,05 3,996 Féminin 5,63 4,024 Total 5,85 4,005 ANOVA : ddl=1 ; p=0,3 Le CAO n est pas lié aux sexe chez les enfants (p= 0,3>0,05) Selon la tranche d âge dentaire, la répartition du CAO moyen est donnée dans le tableau IV ci-dessous. Tableau IV : Répartition du CAO moyen selon la tranche d âge Tranche d âge (années) CAO moyen Ecart type 3-5 7,17 4,12 6-12 5,36 3,87 12-15 3,69 2,54 32

3.3. BILAN GINGIVAL L état gingival des parents et des enfants évalué grâce à l indice gingival est donné dans le tableau V. Tableau V : Etat gingival des parents et de leurs enfants Eta t Gingival Pr ésence inflammation Ab sence inflammation % Parents n Enfants n % 169 84 66 33 31 16 134 67 84 % des parents présentent une inflammation gingivale de même que 33% de leurs enfants. 3.4. LES HABITUDES D HYGIENE BUCCO-DENTAIRE Les habitudes d hygiène bucco-dentaire des enfants et de leurs parents sont évaluées par la fréquence du brossage et par l utilisation ou non d adjuvant au brossage comme le bâtonnet frotte-dents. Les résultats ont fait l objet du tableau VI suivant 33

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Tableau VI : Fréquence du brossage des parents et des enfants. Parents Enfants Fréquence du brossage Nombre % Nombre % Une fois/jour 34 17 50 25 2 fois/jour 114 57 106 53 3fois/jour 26 13 10 5 De temps en temps 5 2,5 19 9,5 Pas de brossage 21 10,5 15 7,5 Total 200 100 200 100 22% des parents et 6% des enfants disent utiliser le bâtonnet frottedents en plus du brossage quotidien. 3.5- L ATTITUDE DES PARENTS PAR RAPPORT AUX SOINS MESUREE PAR RAPPORT A LA FREQUENCE DE CONSULTATION 17% 83% Oui Non Figure 6 : Consultation antérieure des parents. 35

3.6. RELATIONS ENTRE ETAT DE SANTE BUCCO-DENTAIRE DES PARENTS ET CELUI DES ENFANTS. 3.6.1. Etude de la relation entre le CAO des parents et le CAO des enfants. Tableau VII : Relation CAO Parents et CAO enfants Parents Enfants CAO Fréquence % CAO Fréquence % 0 23 11,5 0 5 2,5 1 16 8 1 17 8,5 2 20 10 2 23 11,5 3 11 5,5 3 17 8,5 4 21 10,5 4 26 13 5 22 11 5 19 9,5 6 16 8 6 16 8 7 17 8,5 7 19 9,5 8 10 5 8 18 9 9 11 5,5 9 9 4,5 10 5 2,5 10 8 4 11 3 1,5 11 5 2,5 12 5 2,5 12 3 1,5 13 3 1,5 13 2 1 14 5 2,5 14 5 2,5 16 6 3 15 2 1 18 2 1 16 2 1 21 1 0,5 17 2 1 24 1 0,5 20 2 1 25 1 0,5 29 1 0,5 Total 200 100 Total 200 100 Test de Wilcoxon : p = 0,375 >0,05 2,5% des enfants sont indemnes de carie. 28,5% des enfants ont un CAO compris entre 1-3 69% des enfants ont un CAO > 4 11,5% des parents sont indemnes de carie. 23,5% des parents ont un CAO compris entre 1-3 36

65% des parents ont un CAO > 4 Il n a y pas de différence statistiquement significative entre le CAO des parents et celui des enfants (p=0,3 >0,05) 3.6.2- Etude de la relation entre le CAO des enfants et le statut social des parents La relation entre le CAO des enfants et le statut social de leurs parents fait l objet du tableau V ci-dessous. Tableau VIII : CAO des enfants selon le statut social des parents. Stat social CAO Cadre supérieur Cadre moyen Secteur Informel Femme au foyer Total % 0 2 3 0 0 5 2,5 1 2 8 1 4 17 8,5 2 1 14 2 5 23 11,5 3 1 11 3 1 17 8,5 4 2 8 6 8 26 13 5 1 5 1 11 19 9,5 6 0 4 0 12 16 8 7 0 2 2 13 19 9,5 8 0 4 0 14 18 9 9 0 1 4 4 9 4,5 10 0 1 2 5 8 4 11 0 1 2 2 5 2,5 12 0 0 0 2 3 1,5 13 0 1 1 0 2 1 14 0 1 0 4 5 2,5 15 0 0 1 1 2 1 16 0 0 0 2 2 1 17 0 0 0 2 2 1 20 0 0 0 2 2 1 ANOVA :ddl= 3 ; p=0,000 Le CAO des enfants est lié au statut social des parents (p=0,00< 0,05) 37

Les enfants indemnes de carie (5) sont issus de parents cadres moyens ou supérieurs; la plupart des enfants qui ont CAO>4 sont issus de parents qui travaillent dans l informel ou des femmes au foyer. 3.6.3. Relation Entre CAO enfants et CAO parents selon le niveau professionnel Tableau IX : Relation CAO enfant et CAO parent selon le statut social des parents CAO Nombre Moyenne Cadre supérieur 11 3,91 Cadre moyen 60 3,78 Informel 25 6,32 Retraité 4 3,25 Chômeur 3 3,67 Sans emploi 3 6,67 Femme au foyer 94 7,43 Total 200 5,85 ANOVA : ddl =6 F=7,143 ; p=0,00 Le CAO des enfants est significativement lié au CAO des parents selon le statut social de ces derniers 38

3.6.4. Relation entre la fréquence de brossage des parents et celle des enfants Tableau X : Tableau croisé fréquence brossage des parents et celle de leurs enfants Brossage Enfants De temps Brossage en 1 fois 2 fois 3 fois parents temps Pas du tout 1 fois 18 7 0 4 5 00% 36, 0% 6,6 0% 0,0 10% 21, 33,30 2 fois 17 83 1 10 3 00% 34, 30% 78, 00% 10, 60% 52, % 20,00 3 fois 6 9 9 1 1 De temps en temps 00% 0% 12, 0% 8,5 00% 90, 0% 5,3 % % 6,70 1 2 0 1 1 2,0 0% 1,9 0% 0,0 0% 5,3 Pas du tout 8 5 0 3 5 Total χ 2 = 106,75: ddl =16 p =0,00 00% 16, 50 10 0,00% 0% 4,7 10 0% 0,0 80% 15, % 6,70 33,30 % 6 10 19 15 10 0,00% 10 0,00%,00% 100 100,0 La fréquence de brossage des parents est statistiquement liée à celle des enfants (p=0,00<0,05) 0% 39

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IV- COMMENTAIRES ET DISCUSSIONS La population d étude de ce travail compte d une part, 200 enfants, des deux sexes, âgés de 3 à 15 ans venus consulter dans les services d odontologie pédiatrique du Centre Hospitalier National d4enfants Albert Royer de Fann et du Département d Odontologie de la Faculté, et, d autre part, 200 parents accompagnants. 4.1-SELON LES DONNEES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES 4.1.1- Les enfants Les 200 enfants recensés pour cette étude ont été répartis en 3 trois tranches d âges (3-5 ans, 6-12 ans et 13-15 ans) qui correspondent respectivement à la denture temporaire, à la dentition mixte et enfin à la denture adolescente (fig. 5). Cette répartition a un avantage certain lorsqu il s agit d estimer l incidence carieuse car, elle permet de mieux situer le risque carieux et donc d asseoir les mesures de préventions adaptées surtout chez les plus jeunes. Son inconvénient majeur porte sur le nombre d enfants par tranche d âge, lorsqu on ne choisit pas d emblée d avoir un nombre d enfants égal pour chaque tranche, comme c est le cas dans cette étude. Ainsi, les enfants âgés de 6-12 ans les plus représentés constituent 57,5% de l échantillon. Nous avons le double effet, de l échantillonnage en tranches d âge dentaire, mais aussi le fait qu à cet âge, les enfants sont souvent à l école et les phénomènes douloureux sont plus fréquemment détectés soit par les instituteurs, soit par les parents qui les envoient alors en consultation. A partir de 12 ans, la plupart des enfants viennent en consultation seuls ou accompagnés par : un frère, une sœur, un grand parent ou un domestique et n ont pas été inclus dans cette étude. 41

Il importe de souligner que ces données représentent plus de la moitié des enfants qui viennent consulter dans nos services d odontologie pédiatrique. Dans le cadre de l hôpital d enfants Albert Royer, les pédiatres réfèrent fréquemment aux odontologistes des enfants en bas âge pour soins et traitements dentaires éventuels ou pour un dépistage de foyers infectieux dentaires chez des sujets porteurs d une maladie générale qui pourrait être aggravée par une infection bucco-dentaire. C est ce qui explique le nombre relativement élevé d enfants âgés de 3 à 5 ans. 4.1.2- Les parents Le groupe des 200 parents, âgés de 18 à 69 ans avec une moyenne d âge de 39,5 ans, est constitué pour l essentiel par les mères qui représentaient plus des 2/3 des parents (154 femmes soit 77%) (fig. 3). Cette inégalité dans la répartition des parents s explique par le fait que 61,03% des mères sont des femmes au foyer plus disponibles pour accompagner les enfants en consultation que les pères qui travaillent (tableau I). Cependant des études similaires effectuées dans les pays développés où le pourcentage de femmes qui travaillent est pourtant assez élevé (bien que encore inférieur à celui des hommes) ont montré que, ces dernières accompagnent plus fréquemment leurs enfants en consultation [46, 48]. Cette affinité des mères avec leurs enfants aurait des origines psycho-affectives qui font que la mère est souvent plus proche de ses enfants que le père [3, 21, 63]. Cette tendance est retrouvée lors des consultations médicales en générale où le parent qui accompagne ou amène son enfant chez le médecin est très la mère. La répartition des parents en fonction de la profession montre que dans les familles ce sont les hommes qui travaillent. Ces observations sont conformes à ce qu on rencontre habituellement dans les pays en 42

développement, surtout en Afrique où les filles n ont pas souvent accès à l éducation et à la formation. D où le pourcentage élevé de femmes sans emploi, qui s occupent de travaux domestiques 4.2- LE BILAN DENTAIRE 4.2.1- Les enfants Des changements importants ont été notés concernant les pathologies bucco-dentaires, la carie en particulier au cours des 10 dernières années. En effet, dans la plupart des pays industrialisés, la survenue de la carie dentaire chez les enfants a considérablement diminué, à la fois en terme de plus faible prévalence que de réduction de l expérience carieuse [11, 36]. De tels changements ont été observés parallèlement à l amélioration des conditions socio-économiques, du changement de mode de vie et des pratiques de santé, de l utilisation des fluorures et enfin de la mise en place de services de prévention des affections bucco-dentaires [9, 24, 44, 61, 68]. Dans ces pays, dans les programmes de santé publique, la priorité est accordée aux enfants avec des campagnes d éducation pour la santé ou des programmes de soins systématiques au niveau scolaire [50, 67]. Dans les pays en développement par contre, les affections buccodentaires, la carie en particulier, sont en croissance, surtout là où il n y a pas de programmes communautaires de la santé bucco-dentaire, ni de programmes de prévention [69]. Dans notre étude, la prévalence de la carie chez les enfants est de 94% avec un CAO moyen de 5,85 (tableau IV). La carie survient aussi bien chez les garçons que les filles et il n y a pas de différence liée au sexe (tableau III). Cette prévalence est élevée selon les données de l OMS (1996) qui a déterminé des critères de sévérité selon le degré d atteinte carieuse : 43

CAO 1 : très basse prévalence 1,2 CAO 2,6 : prévalence basse 2,7 CAO 4,4 : prévalence modérée 4,5 CAO 6,5 : prévalence élevée CAO > 6,6 : prévalence très élevée Lorsqu on considère l objectif global de l OMS pour 2010 qui est d avoir un CAO maximum égal à 1 à 12 ans, et, pas de dents absentes dues aux caries à 12 ans [69], on se rend compte que la situation des enfants recensées dans cette étude est alarmante Nos résultats sont similaires à ceux de Lô et collaborateurs [15], Dieng [16], et Dandi [35] qui ont trouvé des prévalences respectives de 82,09%, 83,5% et 86,4 % chez des enfants vivant à Dakar. Des études effectuées hors de la région de Dakar, en zone rurale, ont montré par contre une prévalence plus faible que celle que nous avons trouvée [23, 72]. Les changements des habitudes alimentaires et notamment une très grande consommation, surtout dans les villes, de pâtisseries, de bonbons et de jus de fruits sucrés sont, pour une large part responsables de cette fréquence élevée de la carie. Il s y ajoute aussi l absence de politique de santé bucco-dentaire ciblant l enfant et d une façon générale de politique de santé dentaire communautaire. L étude de la distribution du CAO au sein de l échantillon permet de noter que seuls 2,5% des enfants ont un CAO supérieur à 4,4 ce qui les classe dans la prévalence élevée et très élevée. Deux enfants (1%) présentent des caries sur toutes leurs dents ce qui correspond à une forme particulière de la carie appelée carie précoce de l enfance ou syndrome du biberon. La précocité et la sévérité de cette pathologie posent le problème de l éducation des mères et celui de l emploi des biberons surtout pendant la nuit. Ces observations mettent l accent sur la nécessité d une prévention précoce 44

qui commencerait avant l âge de 2 ans et qui concernerait à la fois l enfant et la mère [4, 5, 65]. La répartition du CAO selon les tranches d âge montre une diminution de la prévalence avec l âge, ce qui correspond à la prise en charge par l adolescent de sa santé orale après le relais des parents (tableau IV). Ces résultats sont conforment à ceux de Dandi 2003 [15] qui a trouvé dans son étude un CAO moyen mixte élevé pour les enfants en bas âges, avec une tendance à la baisse au delà de 10 ans. L état gingival des enfants est caractérisé par la présence d inflammation gingivale chez 67% des sujets (tableau V). On pourrait évoquer le stade de dentition chez les enfants, car plus de 82% d entre eux sont en denture temporaire ou mixte (Fig. 5) caractérisée par l éruption des dents permanentes qui s accompagne souvent de gingivites [3]. 4.2.2-. Les Parents L expérience carieuse des parents est caractérisée par une prévalence de la carie qui est de 63% et un CAO moyen de 5,8 qui n est pas lié au sexe. La distribution du CAO montre que 11,5% des parents sont indemnes de caries mais que 65% ont un CAO supérieur à 4. Aussi, comme leurs enfants, les parents révèlent une prévalence élevée de la carie. Le CAO moyen est cependant significativement moins élevé chez les parents qui travaillent que chez ceux qui ne travaillent pas (tableau VII). De plus ce CAO varie en fonction du statut social, les cadres étant moins affectés que les parents qui travaillent dans le secteur informel et ceux qui sont sans profession. Ces résultats correspondent à ceux de la plus part des auteurs qui ont montré que la carie dentaire était plus fréquente chez les personnes de faible niveau socio-économique [20, 25, 45, 55]. 45

En effet, avec un niveau d éducation élevée, les gens ont accès à l information relative aux maladies en général, et la carie dentaire en particulier, ce qui leur permet de prendre les mesures préventives adéquates. Au Sénégal le système de santé est caractérisé par l absence d une couverture médicale pour la plupart des sénégalais et seuls ceux qui travaillent en bénéficient. Cela se traduit donc par un indice de morbidité élevé (composante C du CAO) chez les parents qui sont soit dans le secteur informel, soit sans profession et aussi par des besoins de traitements élevés (composante A et O). Le mauvais état dentaire se manifeste aussi par un état gingival médiocre avec la présence d une inflammation gingivale chez 84 % des parents (tableau V). 4.3- RELATION ENTRE HYGIENE BUCCO-DENTAIRE DES ENFANTS ET CELUI DES PARENTS Les parents jouent un rôle fondamental dans le comportement et l acquisition des habitudes d hygiène bucco-dentaire de leurs enfants qui en font souvent des modèles et qui copient de ce fait leurs faits et gestes. Au sein de la famille, la mère est la personne principale en charge de l enfant et elle joue un rôle majeur dans le modelage comportemental en matière de santé des enfants [34, 49]. Leur consommation de sucre par exemple dépend de l attitude de leur mère vis à vis des sucreries selon Sasahara et coll [56]. Cette proximité de la mère avec son enfant est très importante en Afrique du fait, d une part, des considérations psycho-affectives déjà citées et d autre part de la structure même de la famille africaine, qui en fait de la mère, la gardienne. Cette proximité n est pas seulement alimentaire ou comportementale en général, mais se traduit aussi par une proximité lors des soins. Dans cette étude, la mère est dans plus de 75 % des cas, le parent qui a amené l enfant en consultation. 46

L observation des résultats ne montre pas de différence entre le CAO des enfants et celui des parents d une façon globale. Cela pourrait s expliquer par les considérations évoquées précédemment et concernant le modelage du comportement de l enfant. Cependant une analyse plus approfondie tenant compte des paramètres socioprofessionnels montre une relation entre le CAO des parents et celui des enfants : ainsi les parents qui sont des cadres (moyen ou supérieur) ont un CAO moins élevé que ceux qui sont dans le secteur informel ou les femmes au foyer. Le CAO des enfants suit les mêmes tendances (tableau VIII). Cette relation se vérifie aussi avec les habitudes d hygiène bucco-dentaire telles que le brossage des parents et celui des enfants (tableau X). L attitude des parents par rapport aux soins dentaires se traduit par une très faible fréquentation des services dentaires car seuls 17 % des parents avouent fréquenter régulièrement ces services. Ces observations sont en rapport avec celles des auteurs qui ont montré que l hygiène bucco-dentaire des enfants reflétait celui de leurs parents, celui de leurs mères en particulier. Szatko et coll [61] ont montré que le taux de caries dentaires chez les enfants polonais âgés de 3 ans était très élevé et était associé à un faible niveau de connaissance de leur mère en matière de santé bucco-dentaire. Ostberg et coll [46] ont démontré dans leur étude en Suède que les caractéristiques de la famille étaient un facteur déterminant dans la perception individuelle de l adolescent vis-à-vis de sa santé buccodentaire. Par contre, ces auteurs n ont pas trouvé de relation entre le niveau de carie des enfants et le statut professionnel des parents. Une négligence concernant l hygiène bucco-dentaire des mères est associée à un indice élevé des lésions carieuses chez le binôme mère- 47

enfant [73]. Il y a une corrélation positive entre l activité carieuse du couple mère-enfant. Cette relation est aussi fonction de la position de l enfant dans la fratrie, l expérience carieuse étant plus faible chez les derniers-nés [2, 30]. Les comportements sociaux peuvent aussi expliquer la prévalence et la sévérité des atteintes carieuses chez l enfant surtout lorsque la mère est d un milieu défavorisé [25, 50, 60, 66]. La carie dentaire est une maladie bactérienne et le rôle du streptocoque mutans est déterminant dans sa survenue. Chez l enfant l infection aux streptocoques mutans est associée à l augmentation du grignotage et à un brossage inadéquat [57]. La principale source à partir de laquelle l enfant est infectée est sa mère [12] et il aura d autant plus de caries que ces dents auront été colonisées précocement [12]. La colonisation de l enfant par les streptocoques mutans de la mère dépend en grande partie de l intensité de l inoculation et donc du niveau des streptocoques chez la mère [73]. Cette situation pose donc le problème de l éducation des parents, de la mère en particulier, car la prévention donne des résultats significatifs. En effet, Seow et coll ont montré qu une seule session d éducation pour la santé orale et des instructions pour un brossage chez la mère entraînaient une réduction de 25 % de l infection aux streptocoques mutans chez le jeune enfant [57]. Aussi la prévention par l éducation des parents surtout du binôme mère enfant est un moyen efficace qui permet de réduire l expérience carieuse des enfants dont le traitement peut se révéler d un coût très élevé. Cette prévention doit commencer très tôt et concerner la femme enceinte. Cette éducation prénatale est la clef de la prévention dentaire de l enfant car la mère sert de modèle à son enfant et de plus, les interventions chez l enfant ont plus de chance de réussir dans un environnement où la mère est déjà une patiente assidue [13]. 48