Trousse d évaluation rapide en matière de protection de l enfant

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Il faut également noter qu il est important de suivre le code du travail qui s applique tout au cours du processus de recrutement.

Transcription:

Trousse d évaluation rapide en matière de protection de l enfant Groupe sectoriel mondial sur la protection, Groupe de travail sur la protection de l enfant, décembre 2012

Comment comprendre les symboles utilisés à travers le guide? Ceci indique une étape ou une sous-étape de l ERPE. Cela indique un élément très important! Ceci indique un lien vers une autre partie de la trousse d ERPE. Ceci indique le début de chacune des tâches de l ERPE. Recherchez ce symbole qui vous guidera à travers le processus. Cela indique la mention d un exemple provenant du terrain. Glossaire d acronymes PE : ERPE : Protection de l enfant Évaluation rapide en matière de protection de l enfant GTERPE : Groupe de travail sur l évaluation rapide en matière de protection de l enfant CPWG : Child Protection Working Group / Groupe de travail sur la protection de l enfant OD : Observation directe VBG : Violence à caractère sexiste / Violence basée sur le genre IASC : Inter Agency Standing Committee / Comité Permanent Inter-Agences PDI : Personnes déplacées internes GI : Gestion de l information IC : Informateur-clé EIC : Entretien avec un informateur-clé NATF : Needs Assessment Task Force / Groupe de travail sur l évaluation des besoins ER : Évaluation Rapide VS : Violence sexuelle WWNK : What We Need to Know / Ce que nous devons savoir 2

Introduction Le Groupe de Travail sur la Protection de l Enfant (CPWG) constitue le forum à l échelle mondiale responsable de la coordination de la protection de l enfant (PE) dans les crises humanitaires. Ce groupe rassemble les ONG, agences onusiennes, universitaires et autres acteurs qui partagent l objectif de veiller à ce que les actions en matière de PE en urgence soient davantage prévisibles, responsables et efficaces. Dans le système humanitaire, le CPWG constitue un «domaine de responsabilité» au sein du Groupe sectoriel mondial sur la protection (GPC). Toutes les organisations membres du CPWG s engagent à offrir et à soutenir des actions efficaces et bien coordonnées dans le domaine de la PE, qui se fondent sur une évaluation solide et opportune des besoins et des capacités. L objectif est d encourager l utilisation de processus d évaluation normalisés à travers le secteur de la PE, fondés sur des méthodes cohérentes et une approche systématique de collecte de données. Les membres du CPWG ont donc collaboré au développement de cette Trousse d évaluation rapide en matière de protection de l enfant (ERPE). Elle a été testée dans plus de 20 contextes d urgence, et elle incorpore les changements issus de ces nombreux essais sur le terrain. Le fait pour les organisations d utiliser les mêmes outils d évaluation permet de réduire les besoins en ressources tout en couvrant un territoire plus large. Les données peuvent ainsi être comparées dans le temps et l espace, et les résultats deviennent de ce fait plus convaincants pour les planificateurs, les bailleurs de fonds et les autres décideurs. Pour ces raisons, chaque organisation membre du CPWG s est engagée à utiliser, lorsque cela est possible, la Trousse d ERPE plutôt que d utiliser ses propres outils d évaluation dans le domaine de la PE. Pour de plus amples informations, n hésitez pas à contacter le CPWG sur http://cpwg.net/. Remerciements La réalisation de cette trousse a exigé un investissement important en temps, en ressources et en soutien technique. Les organisations suivantes ont fourni le soutien institutionnel et financier nécessaire pour rendre ce travail possible : ACAPS, Child Fund, GenCap, International, HCR, Plan International, Save the Children, Vision Mondiale Internationale, UNICEF, Université Columbia, War Child et le CPWG. Les personnes suivantes ont joué un rôle important dans le développement et la finalisation de cet outil : Alastair Ager, Catherine Barnett, Wayne Bleier, Neil Boothby, Patrice Chataigner, Sophie De Coninck, Ayda Eke, Hanna-Tina Fischer, Shelley Gornall, Jennifer Keane, Hani Mansourian, Heather Macleod, Amanda Melville, Minja Peuschel, Sabine Rakotomalala, Janis Ridsdel, Monika Sandvik-Nylund, Lindsay Stark et Katharine Williamson. Partie 1 Trousse d évaluation rapide en matière de protection de l enfant 3

La Trousse d ERPE La Trousse d ERPE contient toutes les informations nécessaires pour réaliser une ERPE sur une période de cinq semaines. La trousse se divise en trois sections : Section 1 : un guide pour réaliser une ERPE présente un plan d action organisé selon six étapes-clés, offrant des directives pour chacune d elles. Section 2 : échantillons d outils présente cinq outils-clés pour réaliser une ERPE. Section 3 : outil de gestion des données présente un modèle de base de données permettant de produire automatiquement une analyse des données. Section 1 : manuel de l ERPE Étape 1 : la coordination et la planification Étape 2 : le développement d un plan d évaluation Étape 3 : la révision et l adaptation des outils de collecte et d analyse des données Étape 4 : la sélection et la formation des équipes d évaluateurs Étape 5 : la collecte et la gestion des données Étape 6 : l analyse et l interprétation des données, et la rédaction du rapport Section 2 : échantillons d outils Outil 1 : la revue documentaire (échantillon de questions) Outil 2 : entretien avec un informateur-clé (échantillon de questions) Outil 3 : observation directe (échantillon d indications) Outil 4 : rapport d action urgente (échantillon de rubriques) Outil 5 : rapport de site (échantillons de rubriques et de questions) Section 3 : outil de gestion des données Introduction : un guide succinct Feuille 1 : entrée des données Feuille 2 : tableaux d analyse s Feuille 3 : graphiques Pour qui la Trousse d ERPE est-elle conçue? Nous espérons que la Trousse d ERPE sera utile pour toute personne impliquée dans la PE sur le terrain. Il s agit d un outil «incontournable» pour : Les Coordonnateurs du sous-cluster PE et les praticiens de la PE qui jouent un rôle dans la réalisation d une ERPE ; Les formateurs qui préparent les membres de l équipe de collecte de données ayant le mandat de réaliser l ERPE. Les formateurs doivent être familiers avec l ensemble de la trousse (sections 1, 2 et 3) avant d organiser la formation. Comment utiliser la Trousse d ERPE? Lire l ensemble de la trousse (en commençant par la section 1) et se familiariser avec son contenu avant de d initier le travail Utiliser la trousse lorsqu il est possible et approprié de réaliser des ERPEs inter-agences Ajuster les échantillons d outils et les outils de gestion des données au contexte local 4

Suivre les étapes telles qu elles sont présentées Veiller à mettre en place un soutien dans le domaine de la gestion de l information(gi) disponible tout au long du processus Lorsque vous procédez à une ERPE inter-agences, il est possible d accéder à une séance d information technique en communiquant avec le CPWG. (Veuillez prendre note que les séances d information technique ne sont accessibles que pour les évaluations inter-agences.) Consulter le site internet cpwg.net pour savoir à qui faire parvenir les rapports et les commentaires. Les évaluations dans un contexte humanitaire Suite à une situation d urgence d ampleur significative, l ERPE sera généralement réalisée dans le cadre d évaluations coordonnées entreprises au sein du système cluster/sectoriel humanitaire. Le NATF de l IASC propose un cadre permettant d identifier trois étapes dans le processus d analyse d une situation d urgence ces étapes s appliquent généralement à toutes les situations d urgence, qu elles soient de petite ou de grande ampleuri. Il s agit de : L étape I Mise en place des scénarios préliminaires. Cette étape devrait survenir au cours des 72 heures suivant le début de la situation d urgence, et elle n inclut pas les questions propres à chaque groupe sectoriel. Cette étape est généralement dirigée par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (BCAH OCHA) ii. L étape II Évaluation conjointe multisectorielle. Cette étape devrait intervenir au cours des deux premières semaines suivant le début de la crise et sert à déterminer les problèmes sectoriels les plus urgents. Cette étape est aussi généralement dirigée par le BCAH iii. L étape III Évaluation spécifique à chaque groupe sectoriel. Cette étape permet de répondre de façon plus détaillée et approfondie aux questions propres à chaque groupe sectoriel, et elle intervient au cours de la troisième et de la quatrième semaine suivant le début de la situation d urgence. Cette étape est habituellement dirigée par l agence responsable d un secteur, comme le HCR et l UNICEF. Qu est-ce qu une ERPE? Une ERPE est une ER inter-agences, spécifique au secteur à être utilisée par les membres du CPWG suite à une urgence soudaine. Elle est conçue pour renforcer les résultats de l évaluation initiale multi cluster/sectorielle de la situation et les résultats de l ER réalisée par le GPC. Elle permet de dresser une liste des besoins urgents en matière de PE au sein de la population concernée dans le contexte faisant immédiatement suite à la situation d urgence. Elle peut aussi servir de point de départ à une évaluation plus exhaustive des conséquences de la situation d urgence sur les enfants, ainsi qu à la surveillance de la situation. L ER ne doit pas être assimilée ni se substituer à des évaluations plus exhaustives ou à des mécanismes de surveillance. Les objectifs d une ERPE Une ERPE offre un point de départ à l identification des besoins en matière de PE et des mécanismes d appui en place au début d une situation d urgence soudaine. Une ERPE sert à établir : > L AMPLEUR des besoins et des risques en matière de protection > LES PRIORITÉS dans les actions à entreprendre les domaines prioritaires sur le plan géographique et programmatique à partir desquels les priorités de financement seront établies > LA FAÇON dont les interventions seront structurées notamment les capacités existantes pouvant être renforcées dans le cadre de ces interventions Partie 1 Trousse d évaluation rapide en matière de protection de l enfant 5

Selon le contexte, l ERPE pourra être utile à d autres fins, comme pour : > Accumuler des données de référence pouvant servir pour le plaidoyer vis-à-vis de différents acteurs impliqués (groupes armés, gouvernement, etc.) > Informer à quels niveaux se trouvent les principaux manques d information À quel moment devrait-on réaliser une ERPE? La réalisation d une ERPE inter-agences exige généralement trois à cinq semaines, et s insère donc dans l étape III du cadre d analyse des besoins du NATF. Cependant, dans les situations où les mesures préparatoires ont réduit le temps de préparation nécessaire pour intervenir suite au début de la crise, une analyse rapide peut être complétée en deux semaines environ iv. La trousse peut servir à ajouter une composante en matière de PE au sein d autres processus coordonnés multisectoriels d ER. Elle peut également servir de point de départ à une évaluation rapide multisectorielle de la situation, d autres secteurs pouvant y ajouter leurs questions respectives. Cependant, l ERPE est plus adaptée à un processus autonome qui se déroule en l absence de d autres évaluations de la situation humanitaire. La courte durée de mise en œuvre de l ERPE permet de rendre disponibles le plus tôt possible les informations spécifiques portant sur les priorités sectorielles afin d influencer les actions préliminaires. Suite à cette phase ER, une évaluation plus exhaustive et approfondie de la situation en matière de PE peut s avérer nécessaire. Il existe une trousse inter-agences d évaluation en matière de PE qui est le principal outil pour aider à mettre en œuvre ce type de processus v. Dans quelles circonstances une ERPE n est pas appropriée? Une ERPE n est pas appropriée lorsque plusieurs organisations humanitaires différentes travaillent déjà sur le terrain avec les communautés concernées. Ce type d évaluation n est pas idéal lorsqu il s agit de tenter d obtenir des informations approfondies sur des domaines précis de la PE. Cependant, la trousse peut constituer un bon point de départ en vue du développement d outils et de méthodes d évaluation plus appropriés. 6

1 Partie Trousse d ERPE manuel de l ERPE Partie 2 Trousse d évaluation rapide en matière de protection de l enfant 7

Planifier et réaliser une ERPE (plan d action et calendrier) Calendrier suggéré Étapes Pages Tâches suggérées Semaine 1 1 2 3 4 5 6 7 1. La coordination et la planification de l ERPE 2. Le développement d un plan d évaluation 3. La révision et l adaptation des outils de collecte et d analyse des données 4. La sélection et la formation des équipes d évaluateurs Créer une structure de coordination S entendre sur les rôles et responsabilités S entendre sur l agence-coordonnatrice Élaborer un plan de travail précisant le responsable de chaque activité 12 à 13 Déterminer l échantillon géographique initial (scénarios) Déterminer les besoins en matière de logistique et de ressources humaines Chiffrer les coûts opérationnels et lever/signaler les fonds nécessaires Analyser les risques et développer des plans d urgence Réaliser la revue documentaire Ajuster et réviser la liste des «WWNKs» 14 à 19 Développer un cadre d échantillonnage Définir les procédures pour les actions urgentes Définir les ressources 20 à 24 Adapter les outils 25 à 27 Sélectionner les évaluateurs et les superviseurs Former les évaluateurs et les superviseurs Déployer les équipes sur le terrain 5. La collecte et la gestion des données 6. L analyse et l interprétation des données, et la rédaction du rapport 28 à 30 31 à 33 Superviser le travail sur le terrain Offrir un soutien technique et logistique régulier aux équipes Recevoir les rapports de terrain, nettoyer et saisir les données Analyser et interpréter les données Rédiger et diffuser le rapport 8

Calendrier suggéré Semaine 2 Semaine 3 Semaine 4 Semaine 5 1 2 3 4 5 6 7 1 2 3 4 5 6 7 1 2 3 4 5 6 7 1 2 3 4 5 6 7 Partie 11 Trousse d évaluation rapide en en matière de de protection de de l enfant 9

La section 1 présente les six étapes-clés dans la réalisation d une d ERPE, en plus d expliquer comment utiliser chacun des outils mentionnés dans les sections 2 et 3. Le plan d action et le calendrier indiquent la séquence des étapes au cours d une période de cinq semaines. Les considérations d ordre éthique lors de la réalisation d une ERPE Une approche éthique dans l analyse d une situation requiert de : S engager à agir à l issue de l évaluation, selon les besoins Identifier et trouver des façons de soutenir les mécanismes d adaptation de la communauté qui ne violent pas les droits fondamentaux et qui ne causent pas de préjudices aux enfants Tenir compte des répercussions négatives de l exercice d évaluation, comme la stigmatisation, l attention inutile générée sur certaines personnes ou groupes, ou le maintien d une peur injustifiée Ne pas créer de fausses attentes, en communiquant de façon honnête avec les communautés à propos des objectifs de l analyse avant et pendant son exécution vi Analyser la revue documentaire Les évaluations constituent des «interventions» en tant que telles. Elles peuvent devenir des expériences significatives et positives ou au contraire, elles peuvent être envahissantes et perturbatrices, en plus d occasionner un stress supplémentaire aux populations concernées. Cela est particulièrement vrai au cours de la période qui suit immédiatement le début d une situation d urgence. Les deux principes directeurs qui devraient guider toute évaluation sont de «ne pas nuire» et de promouvoir «l intérêt supérieur de l enfant». Les informations jugées sensibles Il est de notre responsabilité de veiller à ce que les informations qui nous ont été confiées restent confidentielles. La confidentialité peut être définie comme la gestion restrictive des informations sensibles (noms, incidents, emplacements, détails, etc.) accumulées avant, pendant et après l ERPE. Les informations jugées sensibles doivent être protégées et communiquées seulement aux personnes (prestataires de services, famille, etc.) qui en ont besoin pour défendre l intérêt supérieur de l enfant. Les informations diffusées devraient idéalement être exemptes de tous les détails concernant la source, à moins que cette information ne soit nécessaire pour veiller à ce que les actions appropriées soient entreprises (avec le consentement écrit de la source). Pour de plus amples informations sur la confidentialité des données, veuillez vous référer à la norme 5 des Normes minimales pour la PE dans l Action humanitaire vii. Toute activité d évaluation impliquant l obtention directe d informations de la part de personnes d âges variés suppose le consentement éclairé de celles-ci. Le consentement éclairé indique «l accord volontaire d un individu ayant la capacité de donner son consentement et qui est laissé libre de décider viii». Outil 2 : entretiens avec les informateurs-clés (dans la section 2) comprend des exemples de consentement verbal éclairé. Il est à noter que s il est envisagé d utiliser le nom de l un des ICs dans un rapport, un consentement écrit est nécessaire. En tenant compte du contexte, l équipe d évaluateurs peut décider qu un consentement écrit est nécessaire pour tous les ICs, quelle que soit l utilisation qui sera faite de leur nom. Dans de tels cas, des formulaires de consentement écrit spéciaux devraient être inclus dans tous les questionnaires distribués auprès des ICs. 10

Interventions d urgence Lors de la réalisation d une évaluation, l approche éthique implique un engagement à agir face à des situations d urgence. Cela signifie qu il faut agir de manière appropriée lorsque la vie et/ou le bien-être d un enfant est compromis dans l immédiat. Pour de plus amples détails sur cet engagement, se référer à la section «définir une action urgente» figurant en page 18 de ce guide. Les questions jugées sensibles Les questions jugées sensibles (telles que celles identifiées par un dans Outil 2 : entretiens avec les IC) ne devraient être posées que par des évaluateurs expérimentés. Si les évaluateurs n ont pas les qualifications en matière de PE ou la formation adéquate, ces questions ne devraient pas être posées. Il importe de parler avec les populations locales ou avec celles et ceux qui sont suffisamment familiers avec la situation en matière de protection dans le pays ou dans le contexte, pour que : vous sachiez dans quelle mesure les questions identifiées par le drapeau rouge sont effectivement sensibles ou politisées vous puissiez décider si ces questions devraient être posées en tenant compte de la capacité des évaluateurs vous puissiez ajuster les outils afin d utiliser une terminologie et un langage appropriés pour traiter de ces questions sensibles. Partie 1 Trousse d évaluation rapide en matière de protection de l enfant 11

Étape La coordination et la planification de 1 l ERPE (semaine 1) Étape 1 Le succès d une ERPE inter-agences dépend des efforts collectifs des acteurs de la PE, notamment des gouvernements lorsque cela s avère approprié. Il est improbable qu une seule organisation possède toutes les ressources et l expertise nécessaires pour mettre en œuvre l ensemble du processus. L étape 1 concerne donc la mise sur pied du GTERPE. Le GTERPE est en soi un mécanisme permettant le partage des ressources. Il renforce la qualité et la légitimité de l ERPE en raison de l appropriation plus large du processus et des résultats par ses membres. Bien qu il ne soit pas toujours possible d impliquer le gouvernement, il est hautement recommandé de le faire, lorsque cela s avère possible. L implication du Cluster Protection est également fortement conseillée. L établissement d un Groupe de travail sur l évaluation rapide en matière de protection de l enfant (GTERPE) Mettez sur pied un groupe de travail au sein du sous-cluster PE. Il importe de veiller à ce que, en plus d une supervision technique et de l appui administratif, il y ait une capacité technique minimale en matière de GI au sein du groupe afin de faciliter le travail d analyse ix. La liste de contrôle des tâches initiales du Groupe de travail peut inclure : Le développement d un plan de travail doté d échéanciers clairs qui assigne des responsabilités distinctes aux différents membres Le choix de la couverture géographique de l évaluation La détermination des besoins logistiques et humains Le coût des opérations et les contributions en argent et en nature L analyse des risques et le développement de plans d urgence La création de petits groupes techniques pour établir l échantillonnage, pour adapter les outils et pour analyser et interpréter les résultats La façon dont le processus de collecte de données sera supervisée et soutenue Les modalités concernant le partage des résultats avec les autres acteurs concernés x. Les autres tâches du GTERPE peuvent inclure : La sensibilisation pour encourager la participation des acteurs-clés impliqués dans la protection de l enfant Le développement de plans d urgence, comme la surveillance de la situation humanitaire et la révision des plans selon les besoins La surveillance des échéanciers dans le processus d évaluation La communication et la coordination avec les autres processus d évaluation L offre de solutions et de soutien logistiques Le développement de plans pour l utilisation des résultats par les acteurs concernés xi. 12

Partie 1 Etape 1 Les ressources financières et humaines, de même que les besoins logistiques, constituent souvent des facteurs déterminants en ce qui a trait à l ampleur de l évaluation. Un calcul sommaire des ressources nécessaires réalisé au début du processus favorisera une planification réaliste et une mise en œuvre en douceur. Communiquer et se coordonner avec les autres processus d analyse multisectorielle de la situation Voir Section 1 Les évaluations dans un contexte d urgence afin de passer brièvement en revue les étapes d un processus multi-agences d évaluations multisectorielles. Les points-clés à retenir sont : Utiliser les mécanismes de coordination existants plutôt que d en créer de nouveaux qui se chevauchent Coordonner les actions avec le Cluster Protection et le Sous-cluster VBG (à titre d exemples). Les informations issues d une analyse conjointe multi cluster/sectorielle réalisée au cours des étapes 1 et 2 sont à la source de l ERPE de l étape 3 de l ERPE. Si aucune analyse conjointe multi cluster/sectorielle n a été complétée, le GTERPE doit déterminer s il réalisera une ERPE ou s il attendra la conclusion d une analyse conjointe multi cluster/sectorielle. Partager les tâches lorsque les ressources sont limitées En mars 2012, le Burkina Faso a fait face à l arrivée de réfugiés provenant du Mali. Le Groupe de coordination pour la PE a déterminé qu il était nécessaire de réaliser une ERPE afin de mieux comprendre les besoins de protection des enfants réfugiés. Cependant, les ressources financières et humaines disponibles ne permettaient pas de soutenir la réalisation d une évaluation à grande échelle dans toutes les régions touchées. Face à cet obstacle, toutes les agences participantes se sont entendues pour mettre à disposition au moins un véhicule et un membre de leur équipe durant la période de collecte de données. Cela a rendu possible la réalisation de l évaluation, malgré les contraintes en termes de ressources. Partie 1 Trousse d évaluation rapide en matière de protection de l enfant 13

Étape Le développement d un plan de 2 l évaluation (semaine 2) Étape 2 L accord pour contextualiser la liste des «WWNKs» La liste des «WWNKs» représente les informations-clés portant sur la situation des enfants et sur les capacités existantes qu il est nécessaire d obtenir afin d orienter les priorités programmatiques immédiates. Déterminer les WWNKs est au cœur de toutes les ERPEs. La liste suivante des «WWNKs» a été développée suite à une large consultation auprès des membres du CPWG à l échelle locale et mondiale. Le GTERPE doit contextualiser cette liste de WWNK selon le contexte local. Les WWNKs en matière de PE durant une situation d urgence soudaine ou à grande échelle : a) Enfants non accompagnés et séparés 1. Les patterns de séparation des garçons et des filles de la personne responsable de leur bien-être 2. Les types de prises en charge disponibles pour les enfants séparés et non accompagnés, et les lacunes existantes 3. Les capacités et les mécanismes au sein des communautés susceptibles d intervenir dans les cas de séparation d enfants 4. Les tendances et le degré d institutionnalisation des enfants 5. Les lois, les politiques et les pratiques habituelles en matière d adoption (domestique et internationale). b) Dangers et blessures 6. La nature et l ampleur des dangers occasionnés aux enfants dans leur environnement (comme les latrines munies de fosses à ciel ouvert, les fils électriques pendants, les mines antipersonnel et les autres explosifs laissés près de leur lieu de résidence ainsi que les armes légères, les camps situés près des routes, etc.) c) Violence physique et autres pratiques néfastes 7. Les différents types et le niveau de violence contre les garçons et les filles dans la communauté 8. Les causes et le niveau de risque de décès ou de blessures sévères chez les enfants suite à de la violence et/ou pratiques néfastes 9. Les cas de participation active des enfants aux actes de violence 10. L ampleur actuelle du mariage d enfants et les nouveaux risques possiblement engendrés par la situation d urgence. d) Violence sexuelle 11. Les risques concrets de VS contre les filles et les garçons 12. Comment les différentes formes de VS sont perçues par les familles, les leaders communautaires et les contreparties gouvernementales, et comment ceci est habituellement traité 13. La disponibilité et l accessibilité des services pour agir dans les cas de VS contre les enfants (notamment les services de santé et le soutien psychosocial) 14. Les pratiques néfastes courantes (familiales et/ou sociales). e) La détresse psychosociale et les troubles mentaux 15. Les sources de stress et les signes de détresse psychosociale parmi les filles, les garçons et les personnes responsables de leur bien-être 16. Les mécanismes d adaptation des enfants et des personnes chargées de leur bien-être (positifs et négatifs) 17. Les capacités humaines et financières au sein de la communauté pour soutenir les enfants. 14

Partie 1 Etape 2 f) Protection des enfants victimes d exclusion 18. L accès aux services de base pour les enfants, quels que soient leur âge, leur sexe, leur milieu et leurs différentes habiletés 19. Les risques et les types de discrimination contre des groupes d enfants en particulier. g) Les besoins en termes d information et les canaux de communication 20. Les canaux habituels pour diffuser des informations (pour les enfants et pour les adultes) et les besoins d informations en matière de PE. h) Travail des enfants 21. Les tendances actuelles et l ampleur des pires formes de travail des enfants avant la crise 22. L augmentation possible de l exposition des enfants aux pires formes de travail engendrés par la situation d urgence 23. Les nouveaux risques possiblement engendrés par la situation d urgence i) Les enfants associés aux forces et aux groupes armés 24. Les différentes formes de l implication/l association d enfants aux forces et groupes armés dans le passé et actuellement. La ventilation par sexe et âge xii devrait en tout temps être prise en compte lorsque cela s avère approprié. La réalisation de la revue documentaire Réaliser une revue documentaire est une étape cruciale dans le cadre de l ERPE. Fondamentalement, la revue documentaire est la compilation des données secondaires disponibles xii. Idéalement, la revue documentaire devrait être réalisée au cours de la période préparatoire. Elle peut être réalisée pour la plus grande partie à l extérieur du pays, ce qui réduit la pression exercée sur le personnel terrain. En premier lieu, il s agit de chercher à savoir si une revue documentaire a déjà été réalisée et si celle-ci peut être simplement mise à jour selon les objectifs visés. Si ce n est pas le cas, il faut prévoir de la réaliser avant que les divers outils d évaluation soient finalisés, puisque cela influencera la formulation des questions et des choix de réponse. La revue documentaire inclut habituellement des données précédant ou faisant suite à la situation actuelle (comme avant ou après une situation d urgence ou une crise). Voici certaines sources secondaires pouvant être utilisées : les précédents rapports d analyse de situation, la cartographie du système de PE, les rapports finaux ou les rapports d évaluation des principaux projets dans le domaine de la PE, les sondages démographiques et de santé, les enquêtes en grappes à indicateurs multiple (MICS) de l UNICEF, les rapports étatiques et alternatifs au Comité des droits de l enfant, l analyse situationnelle sur les droits de l enfant de Save the Children, le rapport du Département d État des États-Unis sur la traite des personnes, et le rapport sur les enfants et les conflits armés de la Représentante spéciale du Secrétaires général des Nations Unies sur les enfants dans les conflits armés. Un guide par étape permettant de réaliser une revue documentaire a été développé par le CPWG. Le guide est disponible sur la page Évaluations du site Internet du le CPWG (http://cpwg.net/assessment/). Voir la section 2 Outil 1 : revue documentaire (échantillon de questions) La revue documentaire est utile parce qu elle : Permet de répondre à certaines des questions des «WWNK» présentées plus haut et parce qu elle peut réduire le fardeau de collecte et d analyse des données primaires Lorsque des systèmes de protection sont en place, nombreuses données sur la PE, tel que le nombre d enfants séparés ou cas de violence sexuelle peuvent provenir des systèmes de gestion de cas. Cela fait en sorte de réduire l ampleur de la collecte de données sur le terrain. Produit parfois, lorsqu elle est réalisée de façon systématique et juste au bon moment, des informations suffisamment fiables pour rendre la collecte de données inutile. Si vous avez besoin d aide pour réaliser une revue documentaire, contactez le CPWG pour solliciter du soutien. Partie 1 Trousse d évaluation rapide en matière de protection de l enfant 15