COMMUNIQUÉ DE PRESSE Bruxelles, le 17 octobre 2014 La pauvreté et le bien-être en Belgique Chiffres de la pauvreté selon l'enquête SILC Le risque de pauvreté reste stable autour de 15% en Belgique ; 21% de la population court un risque de pauvreté ou d'exclusion sociale ; Une large majorité est satisfaite de sa vie ou de son emploi et déclare être heureuse ; Les personnes les plus fragiles de notre société (les personnes qui courent un risque de pauvreté, les personnes à faible niveau d'instruction et les personnes âgées) affichent de moins bons indicateurs de bienêtre que les personnes dont la situation est plus favorable. Ces résultats sont tirés de l'enquête sur les revenus et les conditions de vie (EU-SILC), menée en 2013 par la Direction générale Statistique Statistics Belgium auprès de 6.159 ménages belges. Cette enquête, harmonisée au niveau européen, permet de suivre les principales évolutions dans le domaine de la pauvreté et de l'exclusion sociale. Les principaux indicateurs qui en découlent sont notamment la pauvreté monétaire et le seuil de pauvreté. Le module sur le bien-être subjectif constitue un tout nouveau volet de l'édition 2013 de l'enquête. Ce module est réalisé dans toute l'union européenne et se penche sur les divers aspects du bien-être. Il demande ainsi aux répondants d'évaluer leur vie ou de décrire leurs sentiments. Il s'inscrit dans le cadre de l'intérêt croissant porté au niveau mondial aux statistiques sur le bien-être, comme en témoignent les rapports «Comment va la vie?» de l'ocde consacrés à mesurer le bien-être.
2/9 Le risque de pauvreté reste stable autour de 15% En Belgique, 15,1% de la population est considérée comme à risque de pauvreté en 2013. Il s agit des personnes vivant dans un ménage dont le revenu total disponible équivalent, c est-à-dire ramené à un ménage d une seule personne, est inférieur au seuil de pauvreté. Ce seuil s élève à 1.074 euros par mois pour une personne isolée et à 2.256 euros pour un ménage composé de 2 adultes et de 2 enfants de moins de 14 ans. Certaines catégories de personnes sont plus exposées à ce risque de pauvreté : les membres de familles monoparentales, les ménages d une seule personne et les chômeurs, notamment. Par ailleurs, 5% de la population souffre de privation matérielle grave et 14% des personnes âgées de moins de 60 ans vivent dans un ménage à faible intensité de travail. Les personnes confrontées à au moins l un de ces trois risques (pauvreté monétaire, privation matérielle grave ou faible intensité de travail) sont considérées comme à risque de pauvreté ou d exclusion sociale dans ce qui forme l indicateur européen de la pauvreté dans le cadre de la stratégie Europe-2020. En Belgique, 21% des personnes sont à risque de pauvreté ou d exclusion sociale. Graphique 1 : personnes qui courent un risque de pauvreté (monétaire) (%) 40% 35% 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% 15,1% 24,5% 8,7% TOTAL 1 personne 2 adultes sans enfants, < 65 ans 16,9% 2 adultes sans enfants, au moins 1 > 65 ans 34,2% Parent seul avec enfant(s) 7,8% 2 adultes, 2 enfants Le bien-être : une mesure subjective et multidimensionnelle Il est compliqué de mesurer le bien-être humain. Le module d'eurostat présente le bien-être sous la forme d'une série d indicateurs. Le bien-être dépasse les aspects de croissance économique et de richesse. Alors que le questionnaire de base de l'enquête SILC se focalise sur les observations objectives comme les aspects monétaires, le module sur le bien-être tente quant à lui de mesurer les aspects subjectifs du bien-être tels qu'ils sont ressentis par l'individu lui-même. Ces résultats sont considérés comme un complément important de la mesure des conditions de vie. Les indicateurs se concentrent sur les personnes elles-mêmes, plutôt que sur leur patrimoine ou d'autres biens matériels qu'elles possèdent. Cette approche est importante car il peut y avoir de fortes disparités entre l'évolution économique d'un pays (richesse monétaire ou matérielle) et le bien-être subjectif (les sentiments des personnes). Il est demandé à chaque individu de 16 ans ou plus de se situer par rapport à ces indicateurs.
3/9 Le degré de satisfaction globale concernant la vie est élevé Quand on parle de bien-être, la première chose à laquelle on pense est la satisfaction globale concernant la vie. Cette satisfaction concernant la vie est mesurée au moyen d'une question unique posée au début du module. Globalement, le Belge est très satisfait de sa vie (voir tableau 1). La satisfaction est même élevée pour quasiment 70% de la population et 20% des personnes interrogées déclarent être tout à fait satisfaites. Les 25-49 ans sont largement représentés dans le groupe affichant un degré de satisfaction élevé. Pas du tout satisfait(e) faible moyenne Tableau 1 : satisfaction globale concernant la vie élevée Tout à fait satisfait(e) Ne sait pas 0,6% 2,4% 6,1% 69,3% 20,7% 0,9% Quand on examine le statut de risque de pauvreté monétaire 1, on constate que certains groupes sont moins satisfaits de leur vie que d'autres (voir graphique 2). Plus d'un cinquième (22,8%) des personnes courant un risque de pauvreté se retrouvent dans les trois premiers groupes (de «pas du tout satisfait(e)» à «satisfaction moyenne») contre 6,7% des personnes qui ne courent pas de risque de pauvreté. À l'inverse, les personnes qui courent un risque de pauvreté sont sous-représentées dans le groupe des personnes dont le degré de satisfaction est élevé ou très élevé (73,8% contre 92,8% pour les personnes qui ne courent pas de risque de pauvreté). Graphique 2 : satisfaction globale concernant la vie : répartition selon le statut de risque de pauvreté (personnes de 16 ans et plus, en %) 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% 5,8% 0,4% 1,8% 1,8% 4,5% Pas du tout satisfait Faible satisfaction 15,2% moyenne Pas en risque de pauvreté 70,7% élevée 61,1% 22,1% Tout à fait satisfait En risque de pauvreté 12,8% 0,5% 3,4% Je ne sais pas 1 Une personne court un risque de pauvreté (monétaire) quand les revenus totaux de son ménage sont inférieurs au seuil de pauvreté relatif (à savoir moins de 60% du revenu médian disponible).
4/9 72% de la population est heureuse Une large majorité de 72,3% des Belges déclarent être «tout le temps» ou «la plupart du temps» heureux dans la vie. Les hommes déclarent plus fréquemment être «tout le temps» heureux. Tableau 2 : sentiment de bonheur dans la vie Tout le temps La plupart du temps Parfois Rarement Jamais Ne sait pas 14,7% 57,6% 20,9% 5,3% 1,1% 0,4% Le graphique 3 montre des disparités selon qu'une personne court un risque de pauvreté ou non. Nous observons ainsi à nouveau que les personnes qui courent un risque pauvreté sont surreprésentées dans les groupes déclarant être «parfois» à «jamais» heureuses (43,5%). Une proportion équivalente de personnes qui courent un risque de pauvreté (41,9%) déclarent toutefois être «la plupart du temps» heureuses (contre 60,4% des personnes qui ne courent pas de risque de pauvreté). Graphique 3 : sentiment de bonheur dans la vie : ventilation selon le statut de risque de pauvreté (personnes de 16 ans et plus, en %) 70% 60% 60,4% 50% 41,9% 40% 30,4% 30% 20% 10% 15,0% 13,3% 19,2% 4,3% 10,9% 0,9% 2,2% 0,2% 1,3% 0% Tout le temps La plupart du temps Parfois Rarement Jamais Je ne sais pas Pas en risque de pauvreté En risque de pauvreté
5/9 Près de 92% des personnes occupées sont satisfaites ou très satisfaites de leur emploi 68,5% des personnes occupées affichent une satisfaction professionnelle élevée (tableau 3). Plus de 23% sont même extrêmement satisfaites de leur travail. Le groupe des personnes «tout à fait satisfaites» compte plus d'hommes que de femmes. Pas du tout satisfait(e) faible moyenne Tableau 3 : satisfaction professionnelle élevée Entièrement satisfait(e) Ne sait pas 0,7% 3,2% 4,6% 68,5% 23,0% 0,1% Il existe des disparités par niveau d'instruction (graphique 4). En comparaison avec les personnes à niveau d'instruction élevé, les personnes à niveau d'instruction faible sont ainsi systématiquement surreprésentées au niveau des catégories allant de «pas du tout satisfait(e)» à «satisfaction moyenne». Inversement, il est frappant de constater qu'une large proportion de personnes à niveau d'instruction faible (25,4%) se montrent entièrement satisfaites de leur emploi. Graphique 4 : satisfaction professionnelle : ventilation par niveau d'instruction (personnes occupées de 16 ans et plus, en pourcentage) 80% 70% 60% 50% 62,1% 68,8% 70,2% 40% 30% 25,4% 21,5% 23,4% 20% 10% 8,0% 1,1% 3,7% 3,7% 5,0% 0,7% 0,4% 2,6% 3,4% 0,2% 0,1% 0,0% 0% Pas du tout satisfait Faible satisfaction moyenne élevée Tout à fait satisfait Je ne sais pas Faible Moyen Elevé
6/9 8 % de la population ne se sent pas écoutée En termes de soutien, l'enquête visait à examiner dans quelle mesure la population avait la possibilité de faire appel à quelqu'un pour discuter de sentiments ou de préoccupations personnelles ou pour demander de l'aide (voir tableau 4). Les résultats montrent qu'environ 8% de la population ne peut faire appel à personne pour parler de questions personnelles ou pour demander de l'assistance. Tableau 4 : possibilité de pouvoir faire appel à quelqu'un Oui Non Une personne avec qui discuter de sentiments ou de 92,1% 7,8% préoccupations personnelles Aide d'autrui 91,6% 8,2% Des différences se manifestent également selon le type de ménage ou l'âge. Ainsi, les personnes âgées de 65 à 74 ans déclarent le plus fréquemment qu'elles ne peuvent faire appel à personne. Les ménages composés d'une seule personne et les familles monoparentales sont également plus souvent seuls face à leur propre sort. Enfin, il ressort également que les hommes éprouvent plus de difficultés à trouver une oreille attentive que les femmes.
7/9 Renseignements complémentaires Pour de plus amples renseignements, veuillez contacter Stephan Moens : 02/277.63.47 statpress@economie.fgov.be Mention de la source Direction générale Statistique Statistics Belgium Données chiffrées complémentaires Des tableaux contenant des données détaillées sont disponibles sur : http://statbel.fgov.be/fr/modules/publications/statistiques/marche_du_travail_et_conditions_de_vie/silc_- _indicateurs.jsp
8/9 Annexe 1 : risque de pauvreté ou d'exclusion sociale Personnes à risque de pauvreté monétaire (%) Personnes appartenant à un ménage confronté à une privation matérielle grave (%) Personnes appartenant à un ménage à faible intensité de travail (%) À risque de pauvreté ou d'exclusion sociale (indicateur européen) (%) Total 15,1% 5,1% 10,9% 20,8% ÂGE 0-17 ans 17,2% 5,5% 12,2% 21,9% 18-64 ans 13,4% 5,8% 13,3% 20,8% 65 ans et + 18,4% 2,0% 0,0% 19,5% STATUT D'ACTIVITÉ PRINCIPAL Travailleur 4,4% 2,1% 0,2% 6,1% Chômeur 46,2% 23,2% 59,3% 69,8% Pensionné 15,1% 2,2% 4,1% 19,4% Autre inactif 29,2% 10,2% 29,2% 42,6% SEXE Homme 14,6% 5,9% 10,5% 20,4% Femme 16,0% 5,4% 10,8% 21,5% TYPE DE MÉNAGE 1 personne 24,5% 11,6% 16,9% 33,5% 2 adultes sans enfants, < 65 8,7% 4,5% 12,0% 17,9% ans 2 adultes sans enfants, au 16,9% 1,0% 2,0% 18,7% moins 1 > 65 ans Autre ménage sans enfant 6,0% 0,8% 9,3% 13,0% Parent seul avec enfant(s) 34,2% 16,1% 40,6% 54,5% 2 adultes, 1 enfant 10,6% 2,9% 6,4% 13,4% 2 adultes, 2 enfants 7,8% 1,4% 3,8% 8,6% 2 adultes, 3 enfants ou + 19,9% 4,8% 11,4% 23,4% Autre ménage avec enfant(s) 11,9% 5,9% 5,9% 15,8%
9/9 Annexe 2 : Définitions EU-SILC (European Union Statistics on Income and Living Conditions) est une enquête européenne sur les revenus et les conditions de vie et constitue un outil important permettant d établir, tant au niveau belge qu européen, une cartographie de la pauvreté et de l exclusion sociale. En ce qui concerne la Belgique, l enquête EU-SILC est organisée par la Direction générale Statistique du SPF Économie, P.M.E, Classes moyennes et Énergie. Chaque année, environ 6.000 ménages (soit 11.000 personnes) sont interrogés puis suivis pendant un maximum de quatre années successives. Dans l optique de SILC, l exclusion sociale est appréhendée comme étant la résultante de plusieurs facteurs, dont le revenu, l emploi, la santé et le niveau d enseignement. Sur la base de ces facteurs, un ensemble d indicateurs, de nature tant monétaire que non monétaire, est calculé. Sur la base de ces facteurs sont calculés aussi bien les indicateurs monétaires que non monétaires, qui deviennent de plus en plus cruciaux dans le cadre des obligations européennes renforcées et de la stratégie Europe-2020. Calcul du risque de pauvreté monétaire Le seuil de pauvreté équivaut à 60% de la médiane du revenu disponible, à l échelle individuelle. Cela correspond au calcul suivant : 60% de 21.483 euros par an équivaut pour une personne isolée à un seuil de 12.890 euros par an, soit 1.074 euros par mois. Pour obtenir le seuil de pauvreté des ménages, il ne suffit pas de multiplier ce chiffre par le nombre de membres du ménage. Partant du principe que les membres d un ménage partagent les charges et les dépenses, un deuxième adulte dans un ménage se voit appliquer un facteur de 0,5 dans le calcul du seuil de pauvreté et les enfants (<14 ans) un facteur de seulement 0,3. Le seuil de pauvreté d un ménage composé de deux adultes et de deux enfants se calcule donc en multipliant le seuil des personnes isolées par un facteur 2,1 ((12.890 euros *2,1)/12 = 2.256 euros par mois). Ce facteur de 2,1 s obtient en attribuant un «poids» de 1 au chef de famille, de 0,5 au deuxième adulte du ménage et de 0,3 à chacun des enfants. Privation matérielle : détails de l indicateur Les personnes «en situation de privation matérielle grave» sont confrontées à au moins 4 des 9 situations suivantes : ne pas être en mesure de payer un loyer ou des factures courantes, de chauffer correctement son domicile, de faire face à des dépenses imprévues, de consommer de la viande, du poisson ou un équivalent de protéines tous les deux jours, de s offrir une semaine de vacances en dehors du domicile, de posséder une voiture personnelle, un lave-linge, un téléviseur couleur, ou un téléphone. Ménages à faible intensité de travail Il s agit des ménages dans lesquels, en moyenne, les adultes (âgés entre 18 et 59 ans, étudiants exclus) ont travaillé moins d un cinquième de leur temps pendant l année de référence.