Supervision clinique d intervention de crise : comment développer des compétences alors qu on est éloignés? 5 e Congrès s mondial du SIDIIEF, Genève, Mai 2012 Équipe infirmière du Centre de Thérapie Brève SABADIE H. - BAPPEL C. - ADAM S. Serv. universitaire de psychiatrie et de psychologie médicale adulte - Pr SCHMITT Centre Hospitalier Universitaire Toulouse Purpan En collaboration avec: Hourton G., Dufour O., Hôpitaux Universitaires de Genève
Présentation générale - Les HUG de Genève - Le CHU de Toulouse Plan Le travail au Centre de Thérapie Brève (CTB) - structuration et fonctionnement - concepts et assises théoriques la crise l alliance thérapeutique / barrière au traitement La supervision clinique - comment? - pourquoi? - bénéfice aux patients - bénéfice aux soignants Illustration - cas clinique : Mme E Conclusion Bibliographie 2
Toulouse : env. 450 000 hab. (2011) (+ 6 000 hab./an) 4è ville de France Urbanisation : env. 1 200 000 hab. (2009) Région : env. 3 mio/hab. CHU de Toulouse : 2840 lits, 8 sites dont 2 principaux 4 ème CHU de France, 2010 : env. 600 000 consultants + env. 200 000 hospitalisations env. 3 500 médecins + 10 000 personnels hospitaliers Genève (canton) : env. 467 000 hab. (2011) (+ 5 000 hab./an (année 2008-10)) 2è agglomération de Suisse, la plus dense! «Genève -Agglo» soit GE + F : env. 645 000 (2000) env. 806 000 hab. (2006) env. 915 000 hab. ( 2010) > 1,2 mio hab. en 2030 HUG : 1915 lits, 4 sites dont 1 principal 1e CHU de Suisse, 2010 : env. 822 000 suivis ambulatoires + env. 680 000 journées d hospitalisations env. 1500 médecins et universitaires + 3500 personnels soignants + 1500 autres prof. soins 3
Urgences : 124 955 passages (2010 )(dont 101 de moins de 15 ans) soit moyenne de 241 personnes / jour 10% vues par psychiatre Pôle psychiatrie(2011) : 175 lits (6,2% lits CHU), 24 260 consult. dont 11 183 aux urgences psychiatriques (2011) dont 3 525 personnes accueillies en hospitalisation complète Urgences (2010) : 57 180 adultes + 23 280 mineurs soit moyenne de 157 personnes / jour Urgences psy: env. 10-12% Dép. santé mentale et psychiatrie : 195 518 consultations (2011) (=23% act. ambulatoire HUG) dont 56 211 Hôp. d Jour + C. Thérapies Brèves env. 17% des hospitalisations HUG 4
Le travail au CTB : structuration À proximité des urgences Service de consultations post-urgences à visées psychothérapeutiques Service reconnu : 720 patients reçus depuis ouverture en Décembre 2009 Équipe pluridisciplinaire : - 4 infirmiers - 5 médecins psychiatres à temps partiel - 1 interne - 1 assistante sociale - 1 psychologue - 1 secrétaire - 1 cadre de santé 5
Le travail au CTB : fonctionnement Alternative à l hospitalisation, s inscrit dans la prévention secondaire du risque suicidaire 1 er RDV: 24 à 72h après sortie des urgences Suivi infirmier intensif avec : - 1 à 4 entretien(s) hebdomadaire(s) avec l infirmier référent, associé à un suivi avec un psychiatre référent - 1 entretien avec l entourage, infirmier/psychologue (abord systémique) - Si problème social : rencontre(s) avec l assistante sociale Suivi : une durée théorique de 2 mois, temporalité importante dans le travail de crise : - interaction - phase de croisière - séparation 6
Concepts et assises théoriques : La Crise représente un moment de rupture de l équilibre intrapsychique et/ou interpersonnel un état aigu qui amène la personne au contact des soins moment de débordement émotionnel qui submerge l individu et son entourage Modèle vivant, en mouvement, avec une personne, une histoire 7
Concepts et assises théoriques : La Crise - Schéma PRE CRISE POST CRISE 8
Concepts et assises théoriques : Alliance thérapeutique et barrière au traitement L alliance thérapeutique nécessite : une rencontre + l installation d une confiance soignant/soigné (phase d interaction) Prévenir la barrière au traitement : responsabiliser le patient dans le soin (accord de soins) La personne fait l expérience du bénéfice du soin psychique (phase de croisière + accord sur les objectifs de soins) Le but est : émergence ou transformation de la demande de soin (séparation) 9
La supervision clinique Pourquoi? Suivi infirmier intensif : implication importante dans la relation prise de recul nécessaire Travail avec patients suicidaires (situations de vie complexes, souffrance psychique extrême, confrontation à la mort) Nécessité : rester disponible émotionnellement pour sortir «du chaudron en ébullition» : maintenir l équilibre entre l implication émotionnelle et la distance thérapeutique 10
La supervision clinique Comment? Par télémédecine 1 fois/mois, durée de 2 h Equipe infirmière supervisée par une équipe genevoise expérimentée dans le modèle de crise (1 SInfirmier Responsable d Unité de soins : G. HOURTON, et 1 infirmier spécialiste clinique : O. DUFOUR formés à l intervention de crise par le Pr ANDREOLI ) +/- présence médicale Présentation de 2 cas cliniques ou réflexion sur des questionnements infirmiers 11
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La supervision clinique Bénéfices aux patients La retransmission des échanges de la supervision au patient : donne du sens à la crise + apporte de nouvelles pistes de réflexion désacralise la toute puissance du soignant lui aussi a besoin d aide dans sa réflexion maintient le patient «non isolé» dans sa relation avec son infirmier référent : le patient sait que d autres professionnels sont consultés pour enrichir sa prise en charge favorise la valorisation, la narcissisation (le patient sait que 2 équipes travaillent sur sa problématique) 13
La supervision clinique Bénéfice aux soignants Impact sur le travail de crise : Les soignants peuvent être confrontés à certaines difficultés, la supervision aide à les reconnaître et à les légitimer Elle permet une distanciation face aux situations avec une nouvelle lecture et une sortie de l impasse Renforcement des compétences : Assoit le rôle propre infirmier Aide à s autonomiser dans l examen clinique échanges de points de vues par rapport à la situation échanges de savoirs autres que médicaux Réassurance 14
Une réelle expertise au CTB Cas clinique de Mme E Mme E, 47 ans, adressée aux urgences pour troubles du comportement au domicile Contexte : présence de son mari 24h/24 au domicile alors qu habituellement il est en poste à Paris Facteur de crise : Mme. E. se dispute avec sa fille Situation : - Son mari a surpris Mme E en train de manipuler le fusil de chasse dans le garage - Le mari appelle la police et le SAMU qui l amène aux urgences - Consultation psychiatrique et évaluation d une situation de crise Orientation CTB 15
Cas clinique de Me E PEC au CTB Conduite tenue : RDV donné 72h après le passage aux urgences avec l infirmier du CTB Phase d interaction de 1 mois au cours de laquelle il y a eu : entretien avec le mari, mise en place d un traitement et supervision 16
Cas clinique de Mme E Une supervision nécessaire Difficultés ayant amené à la supervision : Difficultés d alliance avec Me. E., la «rencontre» ne se fait pas Disqualifie les compétences de l infirmière et de l interne (estime mériter mieux), multiplie les intervenants médicaux à l extérieur du CTB Agacement de la part des soignants Sentiment d impuissance de la part des soignants vis-à-vis de la problématique de la patiente, incapacité à pouvoir l aider 17
Cas clinique de Me E Bénéfices Retransmission au patient permet : La patiente apprécie le fait que sa situation suscite de l intérêt de nombreux professionnels désacralisation + patient «non isolé» + la valorisation, la narcissisation Mise en évidence de la nécessité de soutenir le mari (espace individuel) la patiente évolue dans sa demande de soins qu elle recentre sur elle-même et non plus sur le couple nouvelles pistes La patiente entend qu elle a besoin de son mari qui reste le pilier de la famille sens à la crise Soignante rassurée dans sa capacité à prendre en charge cette patiente par une nouvelle interprétation de ses attitudes une nouvelle lecture de la situation et sortie d impasse 18
Cas clinique de Me E PEC au CTB Poursuite de la prise en charge CTB possible : Accord de soins à l issue de la phase d interaction En phase de croisière : suivi de 2 fois / semaine, couple rencontré 2 fois Durée du suivi : 10 semaines Séparation non problématique + alliance aux soins relayée par un suivi avec 1 psychiatre libéral 19
Conclusion Tout comme le patient, le soignant peut se sentir en «crise» Les situations exposées en supervision sont celles dans lesquelles le soignant est dans une impasse, celles où il existe un malaise dans la relation soignant/patient. Cette nouvelle organisation de travail nous permet d être accompagnés, reconnus dans nos difficultés, de travailler autrement et nous apporte une nouvelle lecture de la situation Mieux accompagné, le soignant est plus disponible dans les soins au patient 20
Bibliographie ZUCKER (D) - Penser la crise - Paris, Bruxelles,De Boeck Université Editions, 2001, 212 p. DE COULON (N) - La crise - Paris : Gaëtan Morin Editeur - 3e trimestre 1999, 318 p. SCOTT (R. D) - The treatment barrier, part I et II - British Journal of medical psychology - 1973, pages 45 à 67. ROGERS (C) - La relation d aide et la psychothérapie - Paris Editions Sociales Françaises - 1970, 2 volumes, 459 p. BEAUZEE (N), CABIE (M- CH), LELEVRIER (A), RYBACK (CH) - L entretien infirmier en santé mentale - Erès Editions 2002 - Ramonville St Agne, 173 p. CHARAZAC-BRUNEL (M) - Prévenir le suicide - Dunod Editions - Paris 2002, 258 p. 21
La supervision clinique : les bénéfices d une prise en charge partagée 5 e Congrès mondial du SIDIIEF, Genève, Mai 2012 Centre de Thérapie Brève CHU Toulouse Purpan Infirmiers-infirmières : BAPPEL Céline, BENEZECH Julien, FONTEZ Franck, SABADIE Hélène Cadre de Santé : ADAM Sandra Psychologue : SINET Corinne Assistante Sociale : MARTINEAU Chloé Secrétaire : PUIG Audrey Psychiatres : MATHUR Anjali, MAURS Caroline, MONCANY Anne-Hélène, SARRAMON Christine, VERY Etienne À Genève: HOURTON Gilles, Inf. responsable d unité de soins, DUFOUR Olivier, Inf. spécialiste clinique Messagerie : ctb@chu-toulouse.fr Gilles.Hourton@hcuge.ch et Olivier.Dufour@hcuge.ch