Sur le projet de Salle de spectacles à Venelles



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Transcription:

Sur le projet de Salle de spectacles à Venelles Alors que se profile le projet de construction d une salle de spectacles à Venelles, la Maison des Jeunes et de la Culture souhaite apporter sa contribution au débat aujourd'hui ouvert. Cette contribution est le fruit d une implantation de quarante années dans la vie locale venelloise, d échanges et de confrontations au sein de réseaux nationaux et régionaux (Fédération Française des MJC, Réseau Chainon, Fédération des Acteurs de la Chanson), de rencontres régulières avec les partenaires institutionnels, (Conseil régional, Conseil général ), d une réflexion collective 1) Les enjeux d un équipement culturel 1 La diversité des réalités territoriales (géographie, histoire, taille et caractéristique de la population ) s impose comme le point de départ indispensable à toute réflexion sur l aménagement d un équipement culturel. L ancrage dans les réalités locales est le gage de réussite pour la mise en place d un développement culturel harmonieux, adapté, pertinent. Son appropriation par la population locale est alors fortement conseillé. L'équipement culturel est l'outil d'un projet. Préalablement à la construction d'un équipement, il faut définir un projet cohérent et réaliste à partir de quelques questions élémentaires: quels objectifs l'équipement doit-il remplir et par quelles missions précises ces objectifs, se traduisent-ils? Quel mode de gestion envisage-t-on? Quels sont les moyens nécessaires pour son fonctionnement? Quel coût de fonctionnement peut-on assumer? Pour quels publics réalise-t-on cet équipement? Comment s'inscrit cet équipement dans le bassin de vie? Quels sont les équipements comparables les plus proches? Quels sont les réseaux existants? Souhaite-t-on un équipement de proximité ou un équipement rayonnant? L évolution des modes de vie a considérablement accru les mobilités et les perceptions que les habitants ont de leur territoire. La notion de proximité varie selon les équipements. On considère souvent que la bibliothèque, le cinéma ou l'école de musique sont des équipements de proximité immédiate, des services culturels de base que la population n'utilisera que s'ils sont accessibles dans un voisinage immédiat. Par contre, une salle de spectacle ou de concert, un musée peuvent se trouver dans un voisinage plus lointain. La notion de proximité varie aussi selon les publics. Telle catégorie de population peu familiarisée avec le théâtre ne se déplacera que pour une offre dans sa commune, alors que d'autres, plus connaisseurs, accepteront, ou même préfèreront effectuer un déplacement pour un spectacle qui les attirera davantage. Il peut d'ailleurs en être de même pour une médiathèque plus éloignée mais plus ouverte et offrant plus de services que la bibliothèque locale. La notion de "maillage" est donc tout aussi importante que celle de proximité. Comment se répartissent dans un territoire plus vaste, les équipements culturels attractifs, avec quels services, quelle aire d'influence...? Ce n'est qu'à partir d'une analyse des publics potentiels que l'on va préciser ce qui va être un service de proximité et ce qui peut devenir un équipement rayonnant sur un bassin de vie. Ce deuxième type d'équipement (théâtre, auditorium, musée, médiathèque, festival...) va donner sa couleur ou son climat culturel à la ville (qui ne pourra tout faire) et doit être soigneusement préparé. 1 L ensemble des réflexions de ce chapitre est tiré de l ouvrage de Jacques Perret «L action culturelle des petites villes» Observatoire des politiques culturelles, 1998. 1

Il n'y a pas un public, mais des publics! Il y a des publics avec des goûts, des sensibilités, des centres d'intérêt particuliers, qui tiennent à la personnalité de chaque individu mais aussi aux catégories socio-économiques, aux niveaux de formation, aux groupes d'âge, au sexe,... La population ne constitue pas dans sa totalité un public potentiel de l'action et des offres culturelles. On considère que seul 10 à 15 % de la population constitue le public "naturel" ou habituel. Ces pourcentages varient selon les activités culturelles proposées (les bibliothèques, par exemple, peuvent concerner jusqu'à 25 ou 30 % de la population), et selon les caractéristiques propres de la population locale. "Trop souvent, on pose l'équipement avant de savoir s'il s'impose" regrette Francis Gélin, directeur de l'agence culturelle d'alsace. En effet, les élus font volontiers de la construction d'un équipement le symbole de l'efficacité et du dynamisme de leur municipalité. Certes, une construction est l'expression d'une volonté et crée une image nouvelle, mais l'équipement culturel ne saurait être un objectif en soi. Les petites villes doivent construire leurs choix autour de trois impératifs : -Conforter ses points forts, c'est-à-dire les secteurs de sa vie culturelle qui, de par l'histoire ou les personnalités présentes, constituent une marque, une originalité, un dynamisme local. -Apprécier si des besoins nouveaux appellent une construction ou bien s'il faut s'en remettre à une autre ville, ce qui suppose un partenariat spécifique et l'appui d'associations relais (par exemple pour le théâtre, l'art contemporain...). -Prévoir sur plusieurs années les coûts de fonctionnement du bâtiment et du projet. La nécessité d'équipements culturels à la fois pointus et décloisonnés (un cinéma qui puisse accueillir des expositions ou des conférences, une bibliothèque qui soit aussi un espace culturel, etc..) impose aux petites villes une réflexion particulièrement exigeante. Les notions de qualité du service et de la spécialisation des équipements est aujourd'hui largement reconnue et acceptée. Des espaces de qualité et des moyens techniques adaptés sont indispensables pour le bon fonctionnement de tout équipement culturel. 2) Venelles au cœur du Pays d Aix Il est sans doute inutile de revenir longuement sur la situation géographique de Venelles (ville de 8000 habitants à 10 kms d'aix en Provence, 40 kms de Marseille) et de son implantation au coeur d'un territoire où la diffusion culturelle est importante et les lieux culturels nombreux. Pour ne prendre que quelques exemples (limités aux seules salles de spectacles) : Aix en Provence : 2 salles de 1000 places (Grand Théâtre de Provence et Pasino), Théâtre du Jeu de paume (500), le Pavillon Noir pour la danse (350 assis), la salle du bois de l'aune (350 assis / 700 debout), le Palais des Congrès. Dans la CPA : Pertuis (le Théâtre (310 assis) et le projet de pole culturel), Rousset (550 assis/700 debout), Bouc Bel Air, Eguilles,. La zone de l Etang de Berre : Miramas (760 assis), Martigues (Théâtre des Salins, scène nationale, 615 assis), Istres ("l'usine", scène de musiques actuelles (350 debout)), Berre l Etang, Fos sur mer... Marseille bien sûr 2

Le maillage territorial est dense : chaque commune (notamment dans la CPA) dispose d un équipement culturel (salle des fêtes, salle polyvalente, bibliothèque ) et y organise une programmation culturelle régulière. 2 La région PACA dispose de 141 700 fauteuils (dont 3 zéniths de 8500) : 66 499 fauteuils dans le seul département des Bouches du Rhône (soit 47%). La moyenne de représentations des salles de spectacles est de 32. La jauge moyenne des salles de la CPA (hors Aix) est de 240 (400 Aix compris). 3 La sociologie venelloise se caractérise par une surreprésentation des «artisans, commerçants, chefs d entreprises» et des «professions intermédiaires» au détriment notamment des employés et des ouvriers. Les «cadres et les professions intellectuelles supérieures» étant légèrement en dessous de la moyenne nationale. Emplois par catégorie socioprofessionnelle en 2006 4 : Venelles France Métropole Nombre % % Ensemble 2 768 100 100 Agriculteurs exploitants 4 0.1 2.2 Artisans, commerçants, chefs d'entreprise 256 9.3 5.9 Cadres et professions intellectuelles sup. 399 14.4 15.5 Professions intermédiaires 794 28.7 24.6 Employés 740 26.7 28.6 Ouvriers 574 20.7 23.2 Or ces catégories, bien représentées à Venelles, sont les premières utilisatrices des équipements culturels : elles n hésitent d ailleurs pas à se déplacer. L exemple du «groupe Criée» est à ce titre significatif : choix de la programmation, gestion autonome des transports Il est important de noter que la fréquentation de lieux extérieurs à la commune n implique pas le report mécanique sur une offre communale. La notoriété du lieu, la sortie au spectacle comme éléments de sociabilité sont des considérations importantes. Sont allés au cours des 12 derniers mois 5 : Sur 100 personnes de chaque groupe Spectacles de danse Music-hall Variétés Opéra ou opérette Concert de rock Concert de musique classique Pièce de Théâtre Agriculteurs exploitants 2 8-2 3 9 0 Concert de jazz Artisans, commerçants, chefs 6 11 5 11 10 20 6 d'entreprise Cadres et professions intellectuelles 19 19 13 18 21 41 17 sup. Professions intermédiaires 12 13 4 15 9 22 8 Employés 8 11 3 6 4 13 4 Ouvriers 8 6 1 6 1 9 2 2 Les dispositifs mis en place par le Conseil Général (Saison 13) et la CPA favorisent des programmations culturelles notamment dans les plus peites villes du département et de l agglomération. 3 ARCADE : Arts du spectacle paca Etats des lieux 2008 et Enquête 2006 sur les lieux de diffusion. 4 INSEE : Enquête de recensement de la population 2006. 5 «Les pratiques culturelles des français» enquête 2008. 3

Ont fréquenté une bibliothèque ou une médiathèque au cours des 12 derniers mois 6 : Sur 100 personnes de chaque groupe Au moins 1 fois Environ 1 ou 2 fois Plus rarement Jamais ou pratiquement par semaine par mois jamais Agriculteurs exploitants 3 7 9 81 Artisans, commerçants, chefs 5 11 6 78 d'entreprise Cadres et professions intellectuelles 14 17 14 55 sup. Professions intermédiaires 10 12 13 65 Employés 4 10 9 76 Ouvriers 4 8 7 81 Depuis le début de l enquête, ces taux n ont quasiment pas varié. On arrive alors à un paradoxe : le maillage territorial se densifie et le public ne se diversifie pas! «Jamais il n'y eut en France autant de propositions artistiques et culturelles, de musées, de bibliothèques, de théâtres, de projets divers Dans le seul domaine du spectacle vivant : trois mille trois cents compagnies, huit mille groupes de musique, cinq mille spectacles par an sont répertoriés. Entre 1998 et 2002, le nombre de compagnies chorégraphiques a doublé, les compagnies de cirque et de théâtre de rue ont triplé L'ensemble du territoire est aujourd'hui pratiquement couvert d'institutions multiples, de structures culturelles qui proposent aux publics des œuvres diversifiées, du patrimoine et de la création contemporaine. Les professions artistiques et culturelles se sont développées et structurées. Les collectivités territoriales sont, pour la plupart, engagées dans le domaine culturel autrefois délaissé. Le chemin parcouru en quelques décennies est considérable. Pourtant, dès 1989, l étude sur les Pratiques culturelles des Français menée par le Département des études et de la prospective du ministère de la Culture mettait en évidence à la fois la détermination sociale et la limite quantitative des publics concernés.» 7 Vingt ans plus tard, moins d un quart seulement de la population, principalement les diplômés et les classes moyennes, fréquentent, régulièrement ou habituellement les institutions culturelles. Indicateur global de fréquentation des équipements culturels 8 : 6 Ibid 7 -Jean Claude Wallach : "La culture pour qui? Essai sur les limites de la démocratisation culturelle" Editions de l'attribut, 2006 8 «Les pratiques culturelles des français» enquête 2008. 4

3) Pratiques amateurs et éducation populaire. Car, il ne suffit pas de mettre en présence l'œuvre et le spectateur pour que le miracle s'accomplisse. Une chose est de «donner accès» selon la formule utilisée à la création du ministère des Affaires culturelles. Une autre est d'ouvrir la porte. L éducation artistique, trop souvent considérée comme un luxe 9, devrait faire partie du bagage proposé à tout enfant dès son plus jeune âge. Mais là encore, les discriminations sociales sont marquées. Pratiques en amateur au cours des 12 derniers mois 10 : Sur 100 personnes de chaque groupe Musique Autres Savent jouer d un instrument Ne savent pas jouer Peinture Sculpture... Poterie Céramique Théâtre Dessin Danse Aucune de ces activités Agriculteurs exploitants 11 94 3-1 3 4 90 Artisans, commerçants, 25 82 12 4 2 13 8 70 chefs d'entreprise Cadres et professions 35 70 13 7 4 18 10 59 intellectuelles sup. Professions intermédiaires 28 79 11 5 2 16 10 66 Employés 18 84 10 3 1 14 9 71 Ouvriers 18 87 7 3 1 13 7 76 Pourtant comme le souligne Jean Pierre Saez, Directeur de l Observatoire des politiques culturelles, «En mettant en contact jeunes et moins jeunes, avec les œuvres, avec les artistes, en favorisant le développement de pratiques artistiques en amateur, l éducation artistique participe à cet éveil des sens, à la construction de l intelligence sensible, en définitive à l autonomie et à la construction personnelle des individus, tout en contribuant par d autres voies à leur insertion dans la cité.» 11 L'éducation artistique et culturelle ne devrait elle pas être à la politique culturelle ce que les énergies renouvelables sont aux choix énergétiques : une politique de développement culturel durable? Cet enjeu est de la responsabilité publique. 12 D autant que le lien est fort entre pratiques en amateur et fréquentations des équipements culturels 13 : Praticien amateur dans Non praticien amateur Total l activité correspondante Sortie à un spectacle de Danse 42 11 12 Sortie à un spectacle de Théâtre 64 15 16 Sortie au concert / Activité amateur Instrument 54 22 Sortie au concert / Activité amateur Chant 53 24 25 9 Les tarifs pratiqués (notamment dans l apprentissage de la musique) sont souvent prohibitifs pour de nombreuses familles (MJC Venelles par exemple) 10 «Les pratiques culturelles des français» enquête 2008 11 Actes du colloque national «Quelle gouvernance territoriale pour l éducation artistique et culturelle», Chambéry, Mai 2008. 12 Journées d études, «Conservatoires et pratiques en amateur», Cité de la Musique, Paris 5 et 6 octobre 2007 13 INSEE, enquête «participation culturelle et sportive», Mai 2003. 5

A la lumière de ces données statistiques, on doit, sans aucun doute, reconsidérer la question de l équipement culturel et s interroger sur le besoin nécessaire et urgent de moyens (matériels, financiers ) pour le développement des pratiques culturelles en amateur. «Imaginons un monde (le nôtre par exemple), dans lequel les enfants, tous les enfants (les vôtres par exemple), recevraient une véritable éducation artistique et culturelle, dès le plus jeune âge. Imaginons une École, des centres de loisirs, des ateliers multiples, permettant à chacune une pratique exigeante et continue d'une ou plusieurs formes artistiques, individuelles ou collectives. Imaginons des enfants qui découvrent puis fréquentent, tout au long de leur scolarité,de leur vie, des théâtres, des musées, des concerts, des bibliothèques, des cinémas... forgeant progressivement leur goût et leur intérêt pour la création contemporaine ou patrimoniale. Imaginons qu'aux savoirs fondamentaux et à la culture commune, bases de l'école républicaine, s'ajoutent désormais l'indispensable ouverture à l'expression et à la sensibilité artistique.» 14 L'enjeu est de taille et devrait être affronter comme il se doit : ce sont les citoyens de demain que l'on forme aujourd'hui! Face à l'échec de la démocratisation culturelle : "Seule une éducation populaire authentique pourrait contrer le déni culturel auquel sont renvoyées les composantes les plus dominées du peuple, condamnées à consommer les produits médiatiques d'une sous-culture de masse. Seule une éducation populaire repensée pourrait mettre en délibération publique les errements sciemment choisis ou non, et les possibles transformations des politiques éducatives et culturelles.» 15 La Maison des jeunes et de la Culture de Venelles porte, au sein de la Fédération française des Maisons de Jeunes et de la Culture, ce projet d'éducation populaire. Fort de son histoire, de son implantation locale la MJC souhaite jouer un rôle majeur dans ce projet ambitieux. 16 Venelles, Mai 2010. 14 Jean Gabriel Carasso : "Nos enfants ont-ils droit à l'art et à la culture? Manifeste pour une politique de l'éducation artistique et culturelle " Editions de l'attribut, 2005 15 Christain Maurel, «Education populaire / éducation du peuple» dans «Education populaire, l avenir d une utopie» Cassandre, Automne 2005. 16 Cette contribution ne saurait être exhaustive. De nombreux aspects ont été volontairement laissés de coté. On doit, malgré tout, se faire l écho des inquiétudes des milieux culturels face aux réformes en cours (réforme territoriale, révision générale des politiques publiques ). Voir les actes des Grands Débats, BIS, Nantes janvier 2010. 6

Pistes bibliographiques : - Jaques Perret : "L'action culturelle des petites villes", Observatoire des politiques culturelles, 1998 -Olivier Donnat : "Les pratiques culturelles des français à l'ère du numérique, enquête 2008" La Découverte / Ministère de la Culture et de la communication, 2009 -Jean Claude Wallach : "La culture pour qui? Essai sur les limites de la démocratisation culturelle" Editions de l'attribut, 2006 -Jean Gabriel Carasso : "Nos enfants ont-ils droit à l'art et à la culture? Manifeste pour une politique de l'éducation artistique et culturelle " Editions de l'attribut, 2005 -La Scène : le magazine des professionnels du spectacle, revue trimestrielle. -Cassandre : Horschamp, l art principe actif, revue trimestrielle. Sites Internet : http://www.arcade-paca.com http://www.cnv.fr/ http://www.irma.asso.fr 7