I. ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE INTERNATIONAL En dépit d un léger ralentissement de l activité en rapport principalement avec le renchérissement du pétrole et la survenue de catastrophes naturelles, la croissance de l économie mondiale (4,8 contre 5,3 p.c.) est restée vigoureuse, tirée essentiellement par le dynamisme de l activité aux Etats-Unis (3,5 contre 4,2 p.c.) et dans les économies émergentes d Asie, particulièrement la Chine (9,9 contre 10,1 p.c.). Le Japon a raffermi son redressement (2,7 contre 2,3 p.c.) tandis que la croissance est restée faible (1,3 contre 2,1 p.c.) dans la zone euro. Au sein des pays émergents et en développement, l activité est demeurée forte (7,2 contre 7,6 p.c.) grâce à la hausse généralisée des prix des produits de base. CROISSANCE DE LA PRODUCTION MONDIALE(1) TABLEAU 1 2001 2002 2003 2004 2005 Monde 2,6 3,1 4,1 5,3 4,8 Pays Avancés 1,2 1,6 2,0 3,3 2,7 Etats-Unis 0,8 1,6 2,7 4,2 3,5 Zone Euro 1,9 0,9 0,7 2,1 1,3 Japon 0,4 0,1 1,4 2,3 2,7 Autres 1,7 3,2 2,5 3,9 3,1 Pays émergents et en développement 4,4 5,1 6,7 7,6 7,2 Afrique 4,2 3,6 4,6 5,5 5,2 Europe Centrale et Orientale 0,3 4,4 4,7 6,5 5,3 Communauté des Etats Indépendants 6,3 5,3 7,9 8,4 6,5 Asie 6,1 7,0 8,4 8,8 8,6 Moyen-Orient 3,2 4,3 6,6 5,4 5,9 Amérique latine 0,5-0,1 2,2 5,6 4,3 (1): variations en p.c. du PIB à prix constants Source: FMI, world economic outlook, avril 2006
La croissance de l économie américaine a connu un léger recul (3,5 contre 4,2 p.c.) à cause des répercussions négatives des tempêtes tropicales des mois d août et de septembre. Elle est cependant restée soutenue. En effet, une meilleure situation de l emploi a contribué à entretenir la confiance des consommateurs, ce qui a accru les dépenses de consommation des ménages. Les investissements des entreprises sont restés dynamiques, quoique dans une moindre mesure par rapport à 2004, sous l effet de l amélioration à la fois des conditions de financement et de la rentabilité financière. Dans la zone euro, la croissance économique s est ralentie (1,3 contre 2,1 p.c.) en rapport avec l atonie de la demande intérieure suite à la faiblesse de la croissance de la consommation des ménages. En effet, les inquiétudes persistantes sur le marché du travail et les incertitudes quant aux retombées du renchérissement des produits pétroliers ont pesé sur la confiance des consommateurs. Le redressement économique du Japon s est confirmé, le taux de croissance réel du PIB étant passé de 2,3 à 2,7 p.c. La hausse de la consommation privée et des investissements des entreprises a été à la base de cette évolution. L amélioration de la rentabilité des entreprises et du marché de l emploi atteste que le pays est sur le point d achever le processus de restructuration qu il avait entamé après l éclatement de la bulle sur le marché financier et immobilier au début des années nonante. Dans les pays émergents d Asie, la croissance économique est restée robuste suite au dynamisme de l activité en Chine (9,9 contre 10,1 pc.) et en Inde (8,3 contre 8,1 p.c.). En Chine, la poursuite de la croissance de la demande intérieure et surtout des investissements ainsi que la forte hausse des exportations ont dopé l expansion de l activité. L Inde a continué à enregistrer un taux de croissance élevé, soutenu par les secteurs manufacturier et tertiaire qui ont permis l accroissement des exportations même si la balance commerciale a connu un déficit en rapport avec la hausse des importations et l envolée des prix des produits pétroliers. Tout en restant à un niveau appréciable, la croissance économique en Amérique latine s est inscrite en retrait (4,3 contre 5,6 p.c.), en raison principalement du ralentissement de l activité au Brésil (2,3 contre 4,9 p.c.) et au Mexique (3,0 contre 4,2 p.c.). En effet, les économies des deux pays ont pâti respectivement d une demande intérieure moins soutenue et des contre-performances des secteurs agricole et manufacturier. En revanche, la plupart des autres pays de la région ont connu une amélioration de l activité grâce à la forte demande mondiale des produits de base, en particulier le pétrole et les métaux.
Le taux de croissance du PIB réel dans la Communauté des Etats Indépendants a régressé (6,5 contre 8,4 p.c.). La baisse de la production du secteur énergétique et les incertitudes politico-économiques, qui ont affecté les investissements, ont été à la base de cette évolution. La croissance économique de l Afrique a atteint 5,2 contre 5,5 p.c. l année précédente. Cette évolution est le fait essentiellement de la poursuite de l expansion économique à l échelon mondial, de l accroissement de l aide publique au développement et de la stabilisation de la situation macro-économique. L Afrique subsaharienne a encore une fois enregistré un taux de croissance relativement élevé (5,5 contre 5,6 p.c.). Cette performance tient en grande partie à l accélération de la croissance dans les pays producteurs de pétrole qui ont bénéficié de la hausse des cours et de la mise en exploitation de nouvelles capacités de production. En outre, la croissance économique dans les pays importateurs de pétrole ne s est ralentie que modérément suite à la hausse des cours des produits de base hors combustibles et des progrès réalisés dans la mise en oeuvre des réformes macroéconomiques et structurelles dans certains pays. Malgré ces bons résultats, une croissance économique durable et l amélioration des conditions sociales des populations restent une source de préoccupation. Bien plus, les taux de croissance réalisés sont encore en deçà du niveau requis pour une accélération significative de la réduction de la pauvreté et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). En effet, d après les données de la Commission Economique pour l Afrique (CEA), l Afrique subsaharienne est la seule région en développement où le nombre de pauvres continue à augmenter. Par ailleurs, 30 des 32 pays de la catégorie «faible développement humain» se trouvent dans cette région. Cette situation est principalement liée au fait que la croissance ne s est pas accompagnée d une création d emploi suffisante. Dans les pays du Maghreb, l augmentation des exportations de pétrole et l activité soutenue dans les secteurs de la construction et des services ont permis le maintien d un taux de croissance appréciable (4,1 contre 5,1 p.c.). La croissance du commerce international s est repliée en 2005 (7,3 contre 10,4 p.c.) en rapport essentiellement avec le recul de la production du secteur manufacturier observé dans plusieurs pays. Le marché des matières premières a été encore une fois caractérisé par le renchérissement des produits pétroliers. Les cours du baril ont grimpé jusqu à plus de 70 dollars à la fin du mois d août à la suite du cyclone Katrina. En moyenne annuelle, ils se sont accrus de 41,3 au lieu de 30,7 p.c. l année précédente.
Les cours des produits de base non énergétiques ont, par contre, augmenté moins fortement que l année précédente (10,3 contre 18,5 p.c.), en particulier ceux des matières premières agricoles (1,6 contre 5,5 p.c.). Toutefois, les cours des métaux ont gardé une croissance soutenue (26,4 contre 36,1 p.c.). Concernant le café, le prix indicatif de l Organisation Internationale du Café (OIC) a progressé de 10,8 p.c. (88,8 contre 80,2 cts/lb) en rapport essentiellement avec la baisse, plus forte que prévue, de la production brésilienne de la campagne 2005/2006. Les tensions inflationnistes sont restées modérées malgré la hausse spectaculaire des cours du pétrole en rapport essentiellement avec la confiance des agents économiques en la capacité des autorités monétaires à maîtriser l inflation à moyen terme. Le niveau des prix à la consommation s est accru de 2,3 contre 2,0 p.c. dans les pays avancés et de 5,4 contre 5,7 p.c. dans les pays émergents et en développement. Les marchés financiers ont été marqués par une réaction nuancée des différentes autorités monétaires des grands pays industrialisés sur les anticipations inflationnistes face à la montée du prix des produits pétroliers. Ainsi, la Réserve fédérale des Etats-Unis a relevé à plusieurs reprises son taux directeur tandis que la Banque Centrale Européenne (BCE) n a modifié ses taux directeurs à la hausse qu au mois de décembre 2005. La Banque d Angleterre a abaissé son taux directeur au mois d août 2005 alors que la Banque du Japon a maintenu sa politique d octroi de liquidité à taux zéro. Sur les marchés de change, le dollar américain s est renforcé tout au long de l année en dépit de l aggravation du déficit commercial. En effet, ce dernier a été financé par des entrées de capitaux, les investisseurs étrangers ayant été attirés par des perspectives encourageantes de l économie américaine. Le dollar s est ainsi apprécié vis-à-vis de l euro et du yen tandis qu il est resté stable face à la livre britannique. L indice dollar s est accru de 12,0 p.c. sur toute l année. La dette des pays émergents et en développement a faiblement progressé, passant de 3.083,9 à 3.224,3 Mds de dollars américains tandis que celle des pays africains a reculé, revenant de 305,8 à 282,1 Mds de dollars américains en rapport avec l annulation de la dette dont ils ont bénéficié en 2005 dans le cadre de l initiative PPTE renforcée. Aussi, les ratios significatifs de l endettement se sont-ils améliorés, celui de la dette par rapport aux exportations de biens et services revenant de 97,3 à 82,1 p.c. et celui du service de la dette de 14,8 à 11,9 p.c.
Les transferts nets de ressources en faveur des pays émergents et en développement ont augmenté, s établissant à 512,1 contre 449,5 Mds de dollars. Cette évolution a concerné aussi bien les transferts non générateurs d endettement (296,7 contre 274,0 Mds de dollars) que les emprunts nets (215,3 contre 175,5 Mds de dollars). Les investissements directs étrangers sont restés prépondérants, soit plus de 60 p.c. du total des transferts. La Banque mondiale a continué à œuvrer dans le sens de réduire la pauvreté par la promotion d un développement économique durable dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Les prêts en faveur de ces pays ont atteint 22,3 contre 20,1 Mds de dollars, soit un accroissement de 10,1 p.c. Les crédits de l IDA ont régressé (8,7 contre 9,0 Mds de dollars) tandis que ceux de la BIRD ont augmenté (13,6 contre 11,0 Mds de dollars). L Afrique a été le plus important bénéficiaire des ressources de l IDA, soit 45 p.c. du volume total des prêts. Le Fonds Monétaire International (FMI) a continué à promouvoir des politiques et des réformes saines en vue d assurer la stabilité macroéconomique, la croissance et la réduction de la pauvreté. Dans cette perspective, le Fonds a renforcé les activités de surveillance, les concours financiers et l assistance technique. Concernant le Burundi, en plus des consultations habituelles au titre de l article IV des statuts du Fonds, le pays a bénéficié d un tirage de 14,3 millions de DTS à l issue de la deuxième revue de l accord triennal au titre de la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance. En outre, les services du Fonds et de la Banque mondiale ont décidé, en juillet 2005, que le Burundi soit admis au point de décision au titre de l initiative PPTE renforcée. La réduction de la dette à hauteur de 90 p.c. ainsi obtenue pourra servir à l intensification des interventions dans les secteurs sociaux en vue de lutter contre la pauvreté.