Séminaire scientifique sur la gestion du virus Schmallenberg



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Transcription:

Séminaire scientifique sur la gestion du virus Schmallenberg organisé par la Commission européenne le 02 avril 2012 à Bruxelles Participants : 125 personnes, dont _ représentant des autorités publiques, 43 pays représentés, dont 17 pays tiers (sur les 38 tiers conviés), et notamment Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Chili, Corée, Egypte, Etats-Unis, Japon, Mexique, Nouvelle-Zélande, Russie, Ukraine. L objectif principal de la journée, organisée par la Commission, était de convaincre les pays tiers de la bonne gestion de l épisode SBV par l UE, afin d éviter les restrictions à l export non justifiées. La journée s est déroulée en deux temps : l état des lieux des connaissances scientifiques, puis la justification des mesures en place, en s appuyant sur l exemple de la gestion du virus Akabane en Australie. Introduction de Ladislas MIKO (Directeur général adjoint de la DG SANCO) : Il a donné les principaux éléments de contexte en précisant que lors de l émergence d une nouvelle maladie, la transparence est nécessaire pour renforcer la confiance des citoyens européens et communiquer auprès des pays tiers. Il a remercié les instituts de recherche pour leur investissement, en particulier le FLI (DE), le CVI (NL), l EFSA et l ECDC, les partenaires commerciaux pour avoir su donner la priorité à la communication plutôt qu à la concurrence, et enfin l OIE pour le travail réalisé. Il a ensuite rappelé le rôle de coordination de la Commission : - en matière de recherches : accord pour les priorités à retenir - en matière de contrôle : surveillance ciblée, pas de réglementation (autre que l interdiction de circulation d animaux malades, comme pour toute maladie) - par rapport aux pays tiers : dans le respect de l accord SPS de l OMC, application de mesures raisonnables et proportionnées en fonction de l évaluation scientifique du risque. Il a conclu en signalant que cet épisode de SBV pouvait être considéré comme un test en matière de maladies émergentes en Europe. Les principales informations scientifiques apportées au cours de la journée sont résumées ci-dessous. Les présentations correspondantes sont en ligne sur le site de la Commission : http://ec.europa.eu/food/animal/diseases/schmallenberg_virus/scientific_seminar_en.htm Etat des lieux des connaissances scientifiques : présidence Claudia HEPPNER (EFSA) EPIDEMIOLOGIE - Ana ALFONSO (EFSA) L EFSA est chargée d assister la Commission sur les plans scientifiques et techniques, et 2 rapports ont déjà été fournis. 1) le 6 février : scénarios de propagation du virus : http://www.efsa.europa.eu/en/supporting/pub/241e.htm Ce rapport s appuie sur les hypothèses suivantes : SBV est proche d Akabane, la transmission est vectorielle, tous les ruminants sont sensibles. Une modélisation a été réalisée sur la base d un modèle déjà connu : FCO BTV8 et, 3 scénarii différents ont été testés, en se basant notamment sur les températures. Face aux données scientifiques manquantes, et en l absence de possibilité de réaliser des enquêtes sérologiques pour y voir plus clair, des recommandations ont été formulées par l EFSA : - suivi précis de l impact potentiel sur la santé publique (en cours par ECDC et EFSA) - surveillance à mettre en place et à partager entre les Etats membres (EM). Pour ce faire, et afin de centraliser des données homogènes, une standardisation des «cas» a été proposée (définition d une suspicion et d un cas confirmé) et un portail sécurisé a été mis à disposition des EM. Il a été indiqué que tous les EM ont fait remonter le nombre de troupeaux pour lesquels l infection SBV a été confirmée, mais seuls 2 EM ont rapporté également les suspicions. 1/9

Le dépouillement de ces données a été à l origine d un autre rapport : 2) Le 30 mars : analyses des données épidémiologiques disponibles http://www.efsa.europa.eu/en/supporting/pub/261e.htm Les principales données sont les suivantes : - évolution dans le temps : sur la base du nombre de troupeaux confirmés par semaine, toutes espèces confondues, il semble que le nombre de cas décline, mais à confirmer ; la diminution semble engagée pour l espèce ovine depuis les semaines 10 et 11, cela étant à rapprocher de la fin de la période des agnelages, mais l évolution sera à suivre pour l espèce bovine - L étude des rapports entre animaux suspects et confirmés montre des différences entre les 3 espèces, avec visiblement moins de confirmations en bovin qu en ovin : du fait de la durée plus longue de gestation? - D après les durées de gestation, l estimation a posteriori de la période la plus à risque recouvre les mois d août à novembre, avec un pic en octobre. - Au total, la proportion des troupeaux pour lesquels l infection SBV a été confirmée reste faible si on compare au nombre total de troupeaux dans les Etats membres. Des indications ont été récemment données pour faire remonter toutes les données d impact, et il a été indiqué que fin mai, l EFSA publiera un nouveau rapport sur les conséquences de l infection par ce virus en Europe. VIROLOGIE Franz CONRATHS (FLI - DE) Espèces concernées : découverte du virus chez les ruminants d élevages (bovins, ovins, caprins), mais aussi sauvages (cas sur un bison en Allemagne, ainsi que des sérologies positives sur chevreuils et cerfs). Signes cliniques : Observés sur des vaches laitières en Rhénanie du nord en août dernier : fièvre élevée, diarrhée et forte diminution de la production laitière. Chez les ovins adultes : pas de remontées de signes cliniques avant l observation des naissances d agneaux malformés : mais a posteriori, des diarrhées ont été noté aux Pays-Bas sur des brebis laitières frisonnes. Les cas cliniques actuellement observés sont des malformations sur les nouveaux nés liées à un passage transplacentaire du virus. A signaler que les agneaux malformés, naissent vivants ou morts, mais généralement à terme. Infections expérimentales : Tout d abord 3 bovins ont été inoculés : 1 seul a présenté une hyperthermie ; la détection de la virémie par PCR a été très rapide, mais uniquement possible jusqu à 6 j ; la détection des anticorps par séroneutralisation (SN) a été possible dès 18 j, avec des titres très élevés au-delà de 40 j. La présence du virus a été détectée dans les matières fécales, mais à des niveaux faibles. 2/9

Une deuxième étape a consisté à infecter 2 bovins par voie orale, à réinfecter 2 bovins de la première expérimentation et regarder ce qui se passait sur 3 bovins témoins contacts : aucune virémie n a été détectée par PCR après contamination par voie orale ou après réinfection, et les animaux contacts ne se sont pas infectés. Il semble donc que l on puisse retenir une virémie courte et une absence de transmission horizontale. Des infections expérimentales sont également en cours sur les ovins, et pour le moment aucun symptôme n est observé sur les adultes Après calcul des périodes de contamination des agneaux (2 ème mois de gestation), le pic de contamination en SBV semble coïncider avec ce qui a été observé en FCO. Cette corrélation témoigne de modalités de transmission sans doute assez semblables : transmission vectorielle. TRANSMISSION Stephan ZIENTARA (Anses - FR) Transmission directe : elle semble très faible, pas de preuve en ce sens (cf expérience précédente). Transmission verticale : par analogie avec les virus du groupe Simbu, elle aurait lieu entre 28 et 56 j de gestation chez les petits ruminants, et entre 80 et 150 j chez les bovins. La détection du virus peut se faire dans le cerveau (CT 14 à 39) des jeunes, plus rarement dans le sang ; le liquide amniotique peut être utilisé. Transmission par les insectes : les Bunyavirus peuvent être transmis par des tiques, des moustiques, des Culicoïdes. C. imicola est bien connu dans la transmission d Akabane. C. obsoletus, pulicaris et dewulfi sont concernés dans l épisode actuel de SBV en Europe : du génome viral a été retrouvé dans têtes de ces Culicoïdes en Belgique et au Danemark, ce qui signe une réplication dans l insecte. ETUDES DE PREVALENCE Armin ELBERS (CVI - NL) Remarque préalable : estimer la prévalence par la détection de cas de malformations conduit à sous-estimer la proportion d élevages infectés. Seule une étude de séroprévalence permet d avoir une estimation fiable de l exposition au SBV. Des projets en ce sens sont en cours et un outil Elisa est attendu dans plusieurs pays : En Belgique : prévision d une estimation de la séroprévalence en ovin (via le programme Visna-Maëdi) et en bovin, dès qu un test Elisa sera disponible. Au Luxembourg et en Angleterre, attente également d un test Elisa ; en Italie, première enquête envisagée en séroneutralisation. En France, des résultats de séroneutralisation dans 3 élevages «cas» font état d une séropositivité des animaux variable, allant de 7,5% dans un élevage du centre-ouest à 100% dans un élevage du nord-est. 3/9

Seules l Allemagne et les Pays-Bas disposent actuellement de premières données en matière de séroprévalence. En Allemagne : étude en cours sur la base de prélèvements au hasard par Land : sérums de 60 animaux de chaque espèce (bovins, ovins et caprins) analysés en immunofluorescence indirecte : les résultats préliminaires sont cohérents avec les observations cliniques et montrent un gradient du nord au sud et d ouest en est (élevé à faible), avec une séroprévalence plus élevée dans le nord-ouest. Aux Pays-Bas : 2 études en séroneutralisation ont été faites : - l une dans 4 exploitations atteintes (2 OV, 2 BVL) : 70 % à 100% des animaux séropositifs - l autre à partir de 1 123 sérums représentatifs (avec au plus 2 vaches par troupeau) collectés entre novembre 2011 et février 2012 : 70% des vaches sont séropositives, avec une prévalence supérieure à l est du pays, qui plaide en faveur d une arrivée du virus par l est. Aucun lien n a été noté entre densité d élevage et séroprévalence. Un même taux de séroprévalence dans toutes les tranches d âge plaide pour une arrivée récente du virus en 2011, argument conforté par l absence d observation de malformations auparavant et par des sérologies négatives sur des sérums ovins prélevés en 2010. Des observations similaires de séroconversion rapides sont rapportées pour le virus Akabane : les prélèvements mensuels en Australie montrent que souvent, entre 2-3 semaines et maximum 2 mois après le début des prélèvements, 100% des bovins sentinelles sont devenus séropositifs. INDICATEURS D IMPACT DE L INFECTION Yves VAN DER STEDE (CODA-CERVA BE) Différents indicateurs peuvent être pertinents : - Répartition des cas : large - Symptômes : o sur les bovins adultes, signes clairs (diarrhée, fièvre, diminution de la production laitière), qui peuvent être utilisés comme indicateurs o sur les jeunes, malformations jamais vues avant août 2011 - Evolution dans le temps : cas sur les veaux actuellement en augmentation - Données concernant les avortements : augmentation des notifications ; mais difficile à relier à des cas de SBV : o Impact en élevages ovins : jusqu à 30% des cheptels peuvent être exposés en Belgique ; données françaises : 94% de brebis mettant bas à terme dans les élevages atteints, soit 6% d avortements o Impact en élevages bovins : 3% d avortements supplémentaires, donc pas vraiment d impact - Données d équarrissage : au Royaume Uni, forte augmentation ; également en Belgique en début d année pour les ovins, un peu plus tard pour les bovins - Nombre de naissances : diminution du nombre de naissances fin 2011, début 2012 - Données de production laitière : rien de visible - Données de fertilité : a priori pas d impact du SBV, mais données peu précises (taux de non retour) et pas toujours disponibles - Données vectorielles : suivi indispensable pour connaître les périodes d activité. En conclusion, l impact réel doit prendre en compte des pertes conséquentes pour les cheptels ovins, une éventuelle augmentation des avortements, et un impact sur la fertilité à suivre. SCHMALLENBERG VIRUS, VIRUS ANIMAL? Marion KOOPMANS (RIVM - NL) et Katrin LEITMEYER (ECDC) L évaluation du risque pour l homme a été demandée suite à l isolement du virus ; dans un premier avis, le risque a été jugé comme «peu probable» par l ECDC, sur les bases suivantes : - Classification taxonomique du virus : analogie avec les Orthobunyavirus du groupe Simbu : seuls les plus éloignés du SBV peuvent être zoonotiques ; a priori les virus affectant les ruminants et l homme sont différents, mais une surveillance est nécessaire, dans la mesure où il s agit d un nouveau virus - Observations de terrain : suivi clinique, le niveau d exposition le plus élevé se situant entre août et novembre durant la présence de vecteurs infectés, puis lors de la naissance de jeunes malformés pour les professionnels exposés. 4/9

Différentes enquêtes sérologiques sont également en cours, essentiellement aux Pays-Bas et en Allemagne, et tous les résultats sont pour le moment négatifs (200 personnes minimum sont nécessaires, la séroprévalence connue pour les autres virus du groupe Simbu étant de 2 à 25%). Les données définitives devraient être disponibles début mai. FICHE D INFORMATION TECHNIQUE DE L OIE Elisabeth ERLACHER-VINDEL Sous directrice du Département Scientifique et Technique de l OIE) Le contexte dans lequel l OIE établit ces fiches a d abord été rappelé : L OIE regroupe 178 pays, et a été mandaté depuis 2010, pour améliorer la santé et le bien être animal. Dans le cadre de la stratégie pour la période 2011-2015, des recommandations doivent être fournies pour la prévention et l éradication des maladies, ceci dans objectif d excellence scientifique : des experts sont donc sollicités et les fiches régulièrement mises à jour. L OIE a déjà publié des fiches techniques pour 33 maladies animales importantes. La décision a été prise en janvier 2012 de réaliser une fiche sur SBV suite aux nombreuses questions des pays membres ; un groupe d experts a été sollicité et réuni le 9 février, puis le Comité Scientifique de l OIE (SCAD) a validé une première fiche précisant les connaissances actuelles en matière d étiologie, d épidémiologie, de diagnostic, de prévention et de contrôle : http://www.oie.int/fileadmin/home/fr/our_scientific_expertise/docs/pdf/f_schmallenberg_virus.pdf Une mise à jour est d ores et déjà prévue mi-mai. Le principal point à retenir du débat qui a suivi les présentations scientifiques concerne la nécessité d un travail en collaboration pour essayer de comprendre les modalités d introduction de ce nouveau virus en Europe, après l introduction dans des conditions similaires des différents sérotypes de BTV. GESTION DU RISQUE - Présidence Bernard VAN GOETHEM (Directeur des affaires vétérinaires et internationales à la DG SANCO) L expérience australienne a tout d abord été présentée. AKABANE ET AUTRES VIRUS DU GROUPE SIMBU : EPIDEMIOLOGIE, PATHOGENIE ET IMPACT Peter KIRKLAND (Australie) Des épizooties intermittentes de Fièvre éphémère bovine ont été observées depuis la fin des années 60. Comme la dissémination était très rapide (plusieurs milliers de kilomètres en 1 à 2 mois), une transmission par les insectes a été suspectée dès l origine, et plusieurs virus ont alors été isolés et identifiés. En 1974, le virus Akabane a été associé à la survenue de malformations fœtales sur des veaux au Japon, et l un des virus identifié en Australie s est révélé être identique au virus Akabane. Depuis 1975, ce virus fait donc l objet d une surveillance systématique sur des bovins sentinelles négatifs, âgés de 5 à 7 mois. Epidémiologie : - la distribution géographique du virus se superpose parfaitement à celle de Culicoides brevitarsis (croissant au nord-est de l Australie) - la séroprévalence est élevée dans les zones endémiques : elle apparaît moins élevée en ovin qu en caprin ou en bovin - la plupart des jeunes bovins sentinelles ont séroconverti avant l âge de 15 mois - la distribution spatio-temporelle est régulière chaque année et prévisible, avec une séroconversion rapide du nord vers le sud : le virus parcourt des milliers de kilomètres en quelques semaines, du fait d une efficacité vectorielle très supérieure à celle observée pour la FCO, même si les populations de vecteurs sont faibles. 5/9

Pathogénie et impact : - Le virus Akabane a un tropisme particulier pour le fœtus ; les souches australiennes n ont pas été associées à des symptômes visibles sur les adultes. - La pathologie est d autant plus visible que la gestation est longue (bovins), en rapport avec la période possible de contamination du fœtus. - Le tableau clinique dépend du stade de gestation au moment de l infection : chez les bovins, avortements sans doute plus fréquents en début de gestation, hydranencéphalie et arthrogrypose sévère vers 3-4 mois, arthrogrypose vers 5-6 mois, encéphalite et paralysie flasque en fin de gestation. Chez les petits ruminants, les symptômes d hydranencéphalie et d arthrogrypose coexistent sur les jeunes. Les problèmes les plus sévères sont observés lors d infection vers 3-4 mois de gestation chez les bovins et dans le 2 ème mois de gestation chez les petits ruminants. - La sévérité du tableau clinique dépend aussi des souches : de 15 à 80 % d agneaux atteints après infection expérimentale avec des souches différentes ; en conditions naturelles, 50 % des veaux peuvent être touchés. De même, la fréquence des avortements semble dépendre des souches (observation au Japon). Diagnostic : Le virus peut-être isolé de fœtus ou veaux malformés lors d infection assez tardive. Du génome viral résiduel peut être retrouvé sur une plus longue période par PCR. La plupart des veaux nés à terme ne sont pas porteurs de virus infectieux. Concernant la présence du virus dans la semence et les embryons : La période de virémie est très courte et il n y a aucune preuve de la persistance de l infection dans l organisme. Les études sur les taureaux sont peu nombreuses et contradictoires ; le virus Akabane n a pas été détecté dans les embryons bovins, mais le nombre d études est limité (ce virus est donc classé en catégorie 4 par l IETS). A signaler que d autres virus du même groupe Simbu (Aino, Douglas, Peaton, Tinaroo) sont également présents en Australie. La propagation se fait par le même vecteur, l épidémiologie et les aires d extension géographiques sont les mêmes, et souvent des interactions entre virus sont observées, l un prédominant et l autre se propageant plus tardivement. Ces virus ne semblent pas à l origine de symptômes cliniques et une protection croisée serait possible. APPROCHE DE LA GESTION DU RISQUE LIE AU VIRUS AKABANE EN AUSTRALIE Peter KIRKLAND (Australie) L Australie a une expérience de 35 ans en la matière ; connaître les interactions entre virus, hôte et vecteur est la clé de la compréhension de la maladie et de son contrôle. En Australie, la transmission du virus Akabane est annuelle, liée au vecteur C. brevitarsis, régulière d une année sur l autre, et prévisible ; la prévalence est très élevée chez les jeunes, et l immunité est durable. La maladie n est observée que lorsque le cycle endémique permettant une immunisation des femelles avant la reproduction est perturbé : généralement lors de modifications des conditions climatiques qui agissent sur l aire d extension des vecteurs (plus grande lors de conditions favorables) ou diminuent leur activité 6/9

(sécheresse), ou lors d introduction d animaux sensibles en zone d endémie. Des flambées épidémiques ne sont observées que tous les 10-15 ans. Surveillance : La distribution du vecteur et les modes de transmission étant bien connus, une surveillance est en place depuis plus de 30 ans au travers du National Arbovirus Monitoring Program (NAMP) qui vise 3 virus à transmission vectorielle (Akabane, BTV (10 sérotypes présents en Australie) et le virus de la Fièvre éphémère bovine) et toutes les espèces de Culicoïdes. Cette surveillance s appuie sur des prélèvements réguliers de jeunes bovins sentinelles et le piégeage des vecteurs. L objectif est triple : - Fournir un appui au commerce en apportant des données dans le cadre des protocoles à l exportation et des exigences de certification - Constituer un système d alerte précoce en matière de détection de nouveaux virus et/ou vecteurs - Gérer les risques en détectant les modifications de distribution des virus surveillés et de leurs vecteurs. Contrôle de la maladie : Il repose sur la connaissance des zones d endémie, en limitant les mouvements des femelles en début de gestation, et en décalant la mise à la reproduction lors d introduction d animaux. La vaccination n est plus utilisée et ne semble intéressante qu en frontière de la zone d endémie. Conséquences économiques : En l absence de maladie, les pertes économiques pour les éleveurs sont liées aux restrictions à l exportation, même si une virémie très courte devrait pouvoir sécuriser les mouvements d animaux séropositifs : - nécessité de tester les animaux vivants, les semences, les donneuses d embryons - pas de reconnaissance des régions indemnes de vecteurs, ni d absence de risque à certaines saisons. En conclusion, il semble y avoir beaucoup d éléments communs entre le SBV et le virus Akabane, mais il reste à préciser le comportement des vecteurs par rapport aux conditions climatiques, l origine de l introduction, ainsi que les éléments d épidémiologie permettant d aboutir à une situation éventuellement équilibrée et prévisible. Ce qui est certain, c est que l éradication apparaît beaucoup plus difficile qu en matière de Fièvre catarrhale, (du fait notamment de la compétence vectorielle beaucoup plus efficace a priori). OUTILS DIAGNOSTIQUES DISPONIBLES Falko STEINBACH (HAVLA-UK) Le Groupe Simbu est assez hétérogène, mais les virus qui le composent sont assez stables (la même souche de SBV a été isolée en Allemagne et en Angleterre). Prélèvements à privilégier : ils dépendent de l objectif - lors d infection aigue : sang pour recherche de virus, mais la virémie est courte - sur les jeunes malformés : cerveau pour la recherche du virus, liquide amniotique pour la recherche des anticorps - pour dépister les animaux infectés : sérum pour la recherche d anticorps. Méthodes disponibles : - Recherche du virus ou du génome viral o Isolement du virus : test de référence à l origine o Détection des Ag : sensibilité assez faible o Détection des acides nucléiques (PCR) : sans doute la référence à venir : sensible et souple. RT-PCR et qpcr (en une seule étape) : 1 ère génération (segment L), puis 2ème (segment S) Existence d une technique PCR commerciale (LSI) - Recherche des anticorps : o Immunofluorescence indirecte : complexe à normaliser o Séroneutralisation : utilisable, mais nécessite des cultures cellulaires : spécificité 99,4%, sensibilité > 92% 7/9

o Techniques Elisa automatisables : validation d un kit commercial en cours actuellement (ID Vet, Elisa indirect avec protéine recombinante) ETUDES SCIENTIFIQUES AU NIVEAU DE L UE Francesco BERLINGIERI (DG SANCO) Le déficit actuel de connaissances oblige à des extrapolations en attendant de combler les lacunes. Dans cet objectif, la décision a été prise d octroyer un soutien financier aux Etats membres pour mener des études spécifiques, sans doublons, sur la base des articles 22 et 23 de la Décision 2009/470, en cohérence avec ce qui avait été fait précédemment lors de l épisode de Fièvre Q aux Pays-Bas. Un groupe de travail a été réuni le 14 février, et les priorités identifiées : outils de diagnostic, épidémiologie et pathogénèse. Une approche collaborative en consortium a été privilégiée. 23 projets ont finalement été déposés le 5 mars par 7 Etats membres, avec 3 grands consortia. Ils se répartissent de la façon suivante : - Pathogenèse : 6 projets : concernant des infections expérimentales à différents stades de gestation, à différents âges, dans les 3 espèces, dans l objectif de mieux connaître les modalités de contamination, d excrétion et de persistance du virus, ainsi que le rôle de l immunité naturelle - Epidémiologie : 5 projets, permettant de mieux connaitre les vecteurs compétents, les modes de transmission, le rôle de la semence et des embryons, le rôle de la faune sauvage - Outils de diagnostic : 2 projets, visant à définir des protocoles communs de validation de tests et à développer des techniques Elisa. Calendrier : Certains projets ont déjà été initiés. Le financement sera versé aux Etats membres et ne couvrira qu une partie des coûts, donc les Etats membres doivent prendre l initiative. Des résultats préliminaires sont attendus pour 2013. Ces projets seront discutés au prochain CPCASA des 3 et 4 avril. GESTION DU RISQUE ET STRATEGIE DE CONTROLE DANS L UE Reviriego GORDEJO FRANCISCO (DG SANCO) La gestion des maladies au niveau de l UE repose sur les principes suivants : - Une législation harmonisée : qui par définition n existe pas en matière de SBV puisqu il s agit d une émergence : seule l application de règles générales telles que la non circulation des animaux malades est envisageable - Un système de notification, qui n existe pas non plus, pour les mêmes raisons - L avis du CPCASA - Le partage des rôles entre les Etats membres et la Commission. Les différents outils de contrôle (régionalisation, plans d urgence, surveillance, banque de vaccins, programmes d éradication, ) ont été listés, en indiquant les limites posées par le SBV : par exemple, la régionalisation est inenvisageable actuellement par manque de connaissances scientifiques, car elle implique la possibilité de déterminer le statut de zones, puis de restreindre les mouvements, avec utilisation ou non d un vaccin. Il a été rappelé que toute mesure doit être justifiée d un point de vue scientifique, pertinente, nécessaire, proportionnée au risque et à l impact, acceptable, réalisable, durable et rentable! Il a ainsi été précisé que le soutien à la vaccination (comme celui engagé - 200 millions d euros par an - en matière de FCO) ne ferait a priori pas l objet d une politique commune, l impact paraissant limité (3 000 cas à l échelle de l UE), bien que ce virus soit arrivé dans une population sensible. En ce qui concerne les échanges internationaux, il a été souligné que des restrictions ne sont envisageables que si elles diminuent le risque de propagation : elles doivent par ailleurs être proportionnées à l impact et non discriminatoires. CONCLUSION Les dernières données scientifiques ont été présentées en toute transparence, même si elles ne sont pas toutes publiques pour le moment, dans l objectif d un partage avec nos partenaires commerciaux pour éviter tout malentendu. 8/9

Pour envisager ce qui pourrait se passer à l avenir avec ce nouveau virus introduit dans l UE, le meilleur exemple est a priori celui du virus Akabane en Australie : il faut donc sans doute s attendre à une extension plus au sud et plus à l est, vers des pays tiers. Les mesures mise en place doivent avoir une base scientifique et être proportionnées. Les restrictions prises par les pays tiers ne semblent donc pas justifiées actuellement, sachant qu il n existe aucune norme pour le virus Akabane, et qu a priori il n est pas prévu d en mettre en place. 9/9