Christophe Carniel connective attitude n 1714 14 OCTOBRE 2014
Christophe Carniel : la révolution VOGO Président de l agence régionale de l innovation Transferts LR, fondateur de Nétia, le sage du numérique se lance dans une nouvelle aventure avec VogosportTM, une application qui prend le monde comme terrain d enjeux. Estimant tenir dans les mains un petit facebook, Christophe Carniel veut imposer son innovation à tous les spectateurs d événements sportifs avant de s attaquer à ceux de l entertainment. Embarquement immédiat pour la saga Vogo, votre visa pour l image. Que s est-il passé depuis 2008? J ai vendu Nétia à Orange cette année là, mais j ai assuré la présidence de l entreprise (70 salariés, entre 8,5 et 9 ME de CA chaque année) pendant quelques années encore, jusqu en juin 2012. J ai vraiment quitté Nétia à ce moment là. J avais à l époque l envie de créer quelque chose de nouveau, un outil qui puisse concilier deux de mes passions : le numérique et le sport. J avais pensé, ou plutôt rêvé à quelque chose comme Vogo en assistant, dans les tribunes, à des évènements sportifs. Il fallait un outil pour répondre aux besoins des «fans connectés» dans les gradins, qui sont de plus en plus nombreux à demander à pouvoir revoir, sur tablettes ou smartphones, les phases de jeu de leur choix. Il vous manquait quelque chose, dans les tribunes? Oui. Comme beaucoup de spectateurs, je restais parfois sur ma faim. J aurais bien aimé me repasser une action, ou un ralenti pour décortiquer un geste ; au tennis, j aurais bien aimé voir les autres points décisifs se jouant sur les autres courts ; et au judo, je devais me contenter de fixer un tatami sur trois... Je me suis dit qu un jour, inévitablement, quelqu un proposerait une application révolutionnaire permettant aux spectateurs de suivre, en direct ou en différé sur leurs portables ou leurs tablettes, toutes les phases de jeu d une compétition, en choisissant la caméra, l angle de prise de vue, le direct ou le ralenti. Je me suis dit qu il y avait quelque chose à faire. Mais franchement, à l époque, il n y avait absolument rien de précis ou de prévu. Vous avez fait part à vos proches de cette idée qui a pris forme. L application est-elle le fruit d une réflexion commune? L idée a pris corps sur la durée, naturellement, boostée en quelque sorte par l évolution du paysage de l audiovisuel. Nous sommes tous conscients que de nouvelles applications, régulièrement, ouvrent la voie à de nouvelles pratiques et de nouveaux marchés. J ai réuni des proches autour de cette idée, encore très floue, de l innovation VogoSportTM et nous nous sommes dit : «banco, on se lance, il y a en effet quelque chose à tenter». Nous avons créé la société en juin 2013 après avoir réfléchi de longs mois à ce que devait être Vogo. Comme vous l avez précisé, j ai tenu à travailler avec des proches. L équipe fondatrice de Vogo est issue de Nétia : Pierre Keiflin, Daniel Dedisse, Christelle Albinet. Nous avions en commun cette envie commune de refaire un truc, de revivre une vraie aventure. La force de notre idée repose dans le développement d une technologie de rupture. D une solution facile à appliquer dans chaque enceinte sportive. Vogo est-elle une innovation 100% montpelliéraine? A 100 %! Mais attention : nous ne sommes pas les seuls sur ce secteur, ni les premiers. D autres technologies existent, notamment aux USA, commercialisées par Cisco. Mais les solutions proposées reposent sur des dispositifs assez lourds à installer, et donc des coûts importants qui ne les rendent intéressantes que pour des évènements premium. La force de notre idée repose dans le développement d une technologie de rupture : d une solution facile à appliquer dans chaque enceinte sportive parce que ne nécessitant quasiment aucune logistique. C est ce à quoi nous avons réfléchi, et ce que nous avons réussi à faire. Aujourd hui, Vogo fonctionne parfaitement, comme nous le prouvons régulièrement sur les évènements que nous couvrons. Pour mémoire, nous avons officiellement lancé l application en avril dernier lors des championnats d Europe de judo à Montpellier, à la Park&Suites Arena. Nous avons choisi cette date, au passage, pour rappeler aussi que notre territoire est une place fort de l innovation et du numérique! Techniquement, comment fonctionne Vogo? Je ne veux pas donner trop de détails, bien sûr. Mais on peut dire que notre système repose sur une installation légère dédiée à la prise de vue. Nous n avons pas de serveurs : des caméras couplées à des encodeurs envoient les images dans une machine dans laquelle tourne notre logiciel. Pour faire simple, disons qu à ce stade, nous / mardi 14 octobre 2014 N 1714 // 15
Entretien de la semaine récupérons le flux d images que l on traite à notre sauce. Lorsqu il est renvoyé vers les écrans grâce au wi-fi, ce flux travaille directement sur la tablette ou le smartphone du spectateur. L image obtenue est parfaite, instantanée, et le flux traité en temps réel permet toutes les utilisations : direct, ralenti, accélération, retour... Cette solution va-t-elle démocratiser cette technologie? Oui, c est d ailleurs un enjeu vital pour Vogo. Notre offre tarifaire est révolutionnaire et doit permettre aux organisateurs d événements sportifs de rendre ce service innovant aux spectateurs. Concrètement, nous pouvons intervenir sur un évènement sportif comme prestataire de service ou en partage des revenus générés. Dans notre rôle de prestataire, sachez que le déplacement et l installation d une «infralégère» comme la nôtre (ndlr : une structure légère) coûte 15 000 E pour équiper l Arena. Le prix de la prestation globale Vogo est plus élevé, aux alentours de 30 000 E pour assurer la couverture d un évènement. Pour une prestation identique, les tarifs de Cisco sont actuellement 10 fois plus élevés, réservés de fait aux évènements «premium». Notre offre va démocratiser cette technologie. Vogo permet-elle également de générer de nouveaux revenus? L application est également conçue pour cela. Nous pouvons générer des revenus publicitaires au travers de bannières ou en faisant monter les sponsors sur l application. Nous savons également faire du «branding» en mettant l application à la couleur d une marque : nous l avons fait avec succès à Roland-Garros. Au final, Vogo enrichit l événement sportif et génère de nouvelles sources de revenus. Il n en faut pas plus pour intéresser beaucoup de monde! (rires) Je vous confirme que nous discutons actuellement avec quasiment toutes les fédérations sportives du pays. Le droit à l image n est pas un problème. Pour le championnat d Europe de judo par exemple, le propriétaire du flux n est pas le diffuseur de la compétition, l Equipe21, mais la Fédération Française de judo qui a autorisé Vogo à utiliser ses images. Idem pour le foot : le flux d image dans l enceinte appartient à la Ligue, pas à Canal +. Notre objectif est de devenir l application standard, et pas seulement en France! Avec les fédérations, nous visons un marché mondial. Depuis les championnats d Europe de judo, nous avons enchaîné les prestations pour un chiffre d affaires de plus de 200 000 E Vous êtes finalement encore en phase de lancement. Vos premiers résultats et vos premiers retours vous confortent-ils dans votre vision? Depuis les championnats d Europe de judo, nous avons enchaîné les prestations pour un chiffre d affaires de plus de 200 000 E. Mais le plus important, effectivement, ce sont les retours de nos clients et de nos partenaires. Et je dois dire que nous sommes comblés! La Fédération Française de judo, avec qui nous avons tissé des liens particuliers, nous a confié que ses licenciés ne veulent plus de grands tournois sans l application Vogo pour suivre tous les combats! Cela nous renforce dans notre conviction que ce type de service va devenir incontournable pour les spectateurs. Et dans cette optique, notre application est bien, aujourd hui, la plus performante. Nous permettrons aux organisateurs d événements de mesurer ce qui intéresse les gens et ce qui ne les intéresse pas. Quelles sont vos ambitions? (rires) Elles sont No limit! (rires) Non, plus sérieusement, il ne faut pas se planter. Pas maintenant, ce serait trop bête : nous avons potentiellement dans les mains un petit Facebook. Notre application concerne des centaines de millions de personnes, peut-être même des milliards! A ce stade, je précise que l application Vogo Sport n est pas notre seul débouché. Elle s appliquera également à l entertaiment : concerts, opéra, théâtre... Nous avons mis au point une innovation très forte qui, dans un délai un petit peu plus lointain, va aussi se positionner sur un modèle de «big data» : nous permettrons aux organisateurs d événements de mesurer ce qui intéresse les gens et ce qui ne les intéresse pas. Je pense que nous avons une marge de progression incroyable! Vous ne craignez pas la concurrence? Certes, il y a la concurrence qui progresse elle-aussi : nous voyons des solutions apparaître aux USA ou au Portugal. Mais nous devons avoir l ambition de nous imposer sur le marché mondial et y prendre notre part. Nous avons de l avance sur la concurrence, au moins 2 ans. Nous devons avoir l ambition de devenir l un des leaders mondiaux du secteur. Ce dont je suis sûr, c est que nous pouvons même faire mieux à Montpellier avec Vogo qu avec Nétia : imaginer une ETI d une centaine de salariés! C est un rêve tout à fait réalisable. Avec Vogo, il faut avoir conscience qu on tient une pépite. Juste une info pour mesurer l attente que génère Vogo : la Ville de Paris nous offre les locaux pour nous accueillir et développer l application. Avez-vous toutes les cartes en main aujourd hui? Qu en est-il du nerf de la guerre, l argent? Êtes-vous assez solide? Techniquement, nous avons toutes les cartes en main : nous sommes opérationnels, quelque soit l endroit dans le monde. Vogo n a pas besoin de traduction, son utilisation est intuitive, et depuis que nous sommes sortis du bois en avril 2014, nous enchaînons les évènements nourris par une conviction : aller vite! Mais nous avons une faiblesse majeure : l argent. Jusqu à maintenant, nous avons financé la R&D et la création de Vogo à hauteur de 2 ME. Nous devons désormais effectuer une levée de fonds de plusieurs millions d euros pour relever tous les enjeux. 10 millions d euros, ce serait bien. Cette levée de fonds se fera début 2015. Gil Martin 16 // mardi 14 octobre 2014 N 1714 /
Christophe Carniel, fondateur de Nétia et Vogo Mario Sinistaj Chiffres-CLés du numérique en L-R 5 400 entreprises, 15 000 emplois 3 400 recrutements effectués en 2013 1,2 ME investi dans la filière par la Région 30 : le nombre d acteurs régionaux du numérique réunis par la Région dans le cadre d une réflexion qui doit déboucher sur la création d un Think Tank pour un plan d action coordonné Hélène Guiral, Vice-Présidente de la Région en charge du Développement économique, sur VOGOSportTM : «Nous ne sommes pas là uniquement pour apporter du financement aux porteurs de projets, mais aussi de la visibilité à l international. Pour cela, nous mettons Sud de France à leur service... Dans sa conquête du marché international, Christophe Carniel et Vogo pourront s appuyer notamment sur les Maisons du Languedoc-Roussillon implantées sur les 5 continents pour promouvoir leur application». / mardi 14 octobre 2014 N 1714 // 17
Vogo en images INNovation Vogo Une application à installer sur les smartphones et les tablettes qui a pour but de vous refaire vivre un événement sportif ou culturel en live. Revivre les actions au ralenti devient un jeu d enfant! 18 // mardi 14 octobre 2014 N 1714 /