Regards sur la réadaptation en déficience visuelle Introduction : Nous sommes ici pour vous présenter «une vue d ensemble» du programme en déficience visuelle. Avant de commencer, avez-vous remarqué les expressions populaires reliées à la vision, foudroyer du regard, un petit clin d œil, l amour rend aveugle Présentation du programme en déficience visuelle : Historique : En 1993, le programme en déficience visuelle voit le jour au Centre de réadaptation InterVal. Avant 1993, la clientèle devait se déplacer à l Institut Nazareth et Louis-Braille à Longueuil ou au Centre Louis Hébert à Québec pour avoir les services en déficience visuelle. Au départ, on comptait 500 personnes inscrites au programme, alors que maintenant nous avons environ 1500 dossiers actifs. Nous desservons la clientèle de 0 à 100 ans. Territoires : Nous desservons les territoires suivants : Mauricie et Centre-du-Québec. Notre équipe est située à Trois-Rivières. Certains services sont dispensés dans le milieu de vie de l usager. Provenance des références : Les principaux référents sont les ophtalmologistes et les optométristes. À noter que tous les professionnels peuvent référer un client pourvu qu ils fournissent un rapport oculo-visuel de l ophtalmologiste ou de l optométriste. L usager lui-même, ayant son rapport de vision, peut entrer en contact avec nous. Critères d admissibilité : Les deux critères nous permettant de statuer sur l admissibilité d un usager sont l acuité visuelle et/ou le champ visuel. Il est important de savoir que l utilisation de lunettes ou de lentilles cornéennes adéquates ne pourront restaurer une vision normale. Un œil en santé possède généralement une acuité visuelle de 6/6. L acuité visuelle est ce qui nous permet de bien discerner les détails. Est admissible au programme en déficience visuelle au Colloque InterVal 2009/Regards sur la réadaptation en déficience visuelle Page 1
Québec, toute personne dont l acuité visuelle dans chaque œil est inférieure à 6/21, c est-à-dire que la personne peut voir à 6 mètres un objet qui est habituellement perçu à 21 mètres par une personne qui a une vision intacte. Certaines personnes possèdent une bonne acuité visuelle, mais éprouvent tout de même des problèmes avec leurs champs visuels. Le champ visuel, c est ce qui nous permet de voir ce qui se trouve autour de nous, sans bouger les yeux. Normalement, une personne ayant une vision intacte possède un champ visuel qui se situe aux alentours de 160 o. Concrètement, la personne voit «d une épaule à l autre» sans bouger les yeux. Une personne ayant une déficience visuelle peut posséder un champ visuel très étroit ou encore avoir des scotomes à l intérieur du champ. Plusieurs diagnostics peuvent causer des pertes d acuité visuelle et/ou de champ visuel. Les principaux diagnostics à l adulte sont la dégénérescence maculaire, le glaucome, la rétinopathie diabétique et la rétinite pigmentaire. 46.16% de notre clientèle adulte est atteinte de dégénérescence maculaire tandis que les autres diagnostics ont tous des pourcentages inférieurs à 10 %. Pour ce qui est de l enfance, les principaux diagnostics sont le nystagmus, l albinisme et les cataractes congénitales. La majorité de notre clientèle est composée d adultes et de personnes âgées. Sur environ 1500 dossiers actifs au programme, 1400 sont des dossiers à l adulte pour seulement 100 dossiers à l enfance. Les services : L usager inscrit au programme reçoit des services d une équipe interdisciplinaire. Les intervenants fournissent à la personne présentant une déficience visuelle des moyens compensatoires et des aides techniques afin d augmenter son autonomie. Voici une brève description de chacune des professions. Chef de programme : o Responsabilité administrative du programme en déficience visuelle. Coordonnatrice clinique : o Coordination des activités cliniques du programme en déficience visuelle (plans d intervention, discussions des cas, orientation des nouveaux besoins de l usager ). Colloque InterVal 2009/Regards sur la réadaptation en déficience visuelle Page 2
Ergothérapeute : o Évaluation et suivi du fonctionnement des enfants ayant moins de 5 ans. o Évaluation et adaptation des postes d étude ou de travail. Intervenante sociale : o Soutien psychosocial à l usager et à ses proches en lien avec le processus d adaptation au handicap visuel. o Information, orientation et/ou accompagnement vers les ressources du milieu. Optométriste : o Évaluation visuelle. o Prescription et attribution des lunettes et/ou lentilles cornéennes. Opticienne d ordonnances : o Attribution, commande, livraison, ajustement et réparation de lunettes et/ou de lentilles cornéennes. o Traitement des demandes d admissibilité au programme en support avec le chef de programme. Psychologue : Support en psychologie en lien avec l adaptation à une problématique en déficience visuelle. Spécialiste en orientation et mobilité : o Évaluation des capacités visuelles et de l utilisation des suppléances sensorielles nécessaires dans les déplacements. o Mise en place de programmes O&M, en fonction des besoins : familiarisation de nouveaux environnements, méthodes d analyse pour traverser des rues, utilisation de la canne blanche, préparation à l utilisation du chien-guide, utilisation des transports en commun, etc. o Analyse, adaptation et modification de l environnement. Spécialiste en réadaptation en déficience visuelle : o Évaluation et suivi en lien avec les habitudes de vie. o Enseignement des stratégies compensatoires dans les activités de la vie domestique et les activités de la vie quotidienne. o Évaluation et attributions d aides optiques et d aides techniques. o Entraînement pour l utilisation de logiciels adaptés pour l informatique (grossissement de caractères et synthèse vocale). Colloque InterVal 2009/Regards sur la réadaptation en déficience visuelle Page 3
o Enseignement du braille. Support administratif : Agentes administratives (accueil, secrétariat, inventaire et facturation). Technicien (réparation des aides). Présentation de cas et interventions : Madame est âgée de 74 ans, veuve et mère de 2 enfants, son fils demeurant à Vancouver et sa fille à Québec. Elle vit seule à logement en milieu urbain. Diagnostic visuel : Dégénérescence maculaire liée à l âge Acuité visuelle : 6/60 (20/200) Baisse de vision progressive depuis 2-3 ans. Santé : médication pour la pression artérielle, diabète, arthrose et cholestérol. Impact sur les habitudes de vie : Madame ne conduit plus depuis 2 ans, dépendante pour ses rendez-vous. Besoin d aide pour la lecture du courrier, gestion des biens et le journal. Elle a cessé d utiliser le courrier électronique. Difficultés pour la préparation des repas, accès à l heure, utilisation du téléphone. Elle ne reconnaît plus les gens. Perte d intérêts pour les loisirs, ne joue plus aux cartes et au bingo. Elle a cessé de participer à la chorale. À l extérieur, elle est éblouie et très craintive dans ses déplacements. Elle sort peu en raison de ses difficultés. Elle est fière et débrouillarde. Bonne capacité d apprentissage. Réticente à demander de l aide. Suite à un plan d intervention réalisé avec l usager pour bien définir ses besoins, en lien avec les impacts de la déficience visuelle dans les activités de sa vie quotidienne (habitudes de vie), voici quelques exemples du travail de l équipe interdisciplinaire. Habitudes de vie : Nutrition (préparation des repas) : Adaptation des électroménagers (repères tactiles) et adaptation des tasses à mesurer. Enseignement des techniques pour couper les aliments et verser des liquides. Colloque InterVal 2009/Regards sur la réadaptation en déficience visuelle Page 4
Communication (accès à l imprimé) : Évaluation des aides optiques, attribution d une loupe et entraînement pour l utilisation pour de cette dernière. Communication (accès à l ordinateur) : Attribution du logiciel de grossissement de caractères et adaptation du clavier. Déplacements : Évaluation pour diminuer l éblouissement (attribution d une aide). Évaluation de l environnement et adaptations visuelles si nécessaire (escalier). Évaluation et entraînement pour l utilisation de la canne blanche pour sécuriser les déplacements. Enseignement pour traverser les rues en toute sécurité. Loisirs (augmenter la participation sociale) : Support à Madame afin de reprendre ses activités sociales et recherche d un moyen de transport. Donc on vise, à la fin du processus de réadaptation, que Madame soit plus autonome dans l ensemble de ses activités de la vie quotidienne. Cette présentation a été préparée en équipe par les intervenantes suivantes : Huguette Aubry, intervenante sociale Anne Évrard, spécialiste en orientation et mobilité Danielle Jacob, spécialiste en réadaptation en déficience visuelle Joëlle Rondeau-Girardin, spécialiste en réadaptation en déficience visuelle Annie Véronneau, opticienne d ordonnances Colloque InterVal 2009/Regards sur la réadaptation en déficience visuelle Page 5