Commentaire de cartes topographiques en région méditerranéenne Quelques thèmes d étude, idées à suivre et pièges à éviter Public : L1, (oral CAPES) X. Rochel, Université Nancy 2, avril 2010 Document destiné à la préparation du commentaire de cartes merci de ne pas diffuser LE VOCABULAIRE A CONNAITRE ET A UTILISER : Ager, saltus, silva (sylva), huerta, tramontane, mistral, garrigue, maquis, D.F.C.I., méditerranéen, trilogie méditerranéenne Thèmes illustrés par des extraits des cartes de l IGN (en fait issus du Géoportail ; attention, le travail sur le Géoportail ne remplace pas le travail sur les cartes papier) Détail d une huerta. L exploitation intensive de cette plaine est permise par l irrigation et se traduit par l importance de l arboriculture, le grand nombre de serres, les rideaux d arbres (brise-vents orientés de façon à limiter les effets du mistral). Utiliser absolument le terme de maraîchage (attention à la définition complète de ce terme) et donner des exemples de productions emblématiques de la région étudiée. 1
Autre détail d une huerta. L occupation du sol n est pas tout. Noter les activités et les équipements liés à la commercialisation des productions (ici une coopérative fruitière, une ancienne distillerie) ou à la recherche agronomique (I.N.R.A., Institut National de la Recherche Agronomique). Cavaillon. La ville occupe une situation privilégiée dans une huerta très considérable, la huerta du Comtat venaissin. Lier l existence de cette huerta aux transports aisés le long du couloir rhodanien, et noter absolument le M.I.N. et les équipements associés, en bordure de la voie ferrée et à proximité d un échangeur autoroutier. 2
«Ancien marais des Baux», dans la Crau. La fréquence des canaux fait naturellement penser à l irrigation dans le contexte méditerranéen ; mais il s agit d une idée fausse. Un très grand nombre des biefs représentés sur les cartes sont des canaux de drainage, liés à la bonification ancienne ou récente de marais dont l existence passée n est pas toujours, comme ici, rappelée dans la toponymie! Une lecture très attentive du réseau hydrographique et du relief aide parfois à faire la distinction. Attention aux pièges. Les figurés utilisés par l IGN pour l utilisation du sol changent d une échelle à l autre, d une date à l autre. Ici, l étudiant distrait croira voir deux plages vertes de même nature ; mais les hauteurs occidentales relèvent du saltus (figuré de broussailles alternant cercles et V) tandis que la plaine orientale est occupée par la vigne (un des trois figurés utilisés par l IGN pour la représenter ) 3
Les huertas n occupent pas nécessairement des surfaces très considérables. Ici, la carte au 1/200 000 montre un hiatus dans le continuum urbain de l agglomération cannoise, le long de la Siagne. La carte au 1/25 000 montre qu il s agit d une petite huerta (canaux d irrigation, arboriculture, nombreuses serres) favorisée par le substratum alluvial, l absence de relief, les disponibilités en eau. La huerta n a pas été annihilée par la progression de l habitat, qui pour l instant n occupe encore que les pentes environnantes, soit du fait d un zonage volontariste, soit parce que la valeur des terres agricoles suffit à repousser les investisseurs, soit à cause du risque d inondation. Plus à l aval, la huerta a été détruite par l avancée des grands équipements tertiaires et industriels (voir sur le géoportail ou sur la carte Top 25 de Cannes-Grasse-Antibes). 4
Détail d un saltus. Quelques lambeaux de forêt au milieu d un relief agité en apparence très peu mis en valeur, probablement un (ancien) espace pastoral. Selon le substrat et l état de la végétation, on parlera de garrigue ou de maquis (voir les définitions précises de ces deux termes). Noter les citernes (carrés bleus) : quand elles sont nombreuses, elles peuvent être liées à la lutte contre l incendie, qui n est absolument pas cantonnée aux forêts proprement dites. La forêt de part d autre de la crête du Luberon. Noter la végétation dégradée des sommets. La route «interdite aux véhicules à moteurs» mais de bonne viabilité est très probablement une piste DFCI (défense des forêts contre l incendie). Par ailleurs, noter la très faible desserte (très peu de pistes, chemins et layons par rapport aux forêt de la moitié N de la France, par exemple) : cette forêt est probablement peu exploitée et n a qu une très faible valeur économique directe, si ce n est comme aménité ou décor pour le tourisme. 5
Mitage dans les Alpes-Maritimes. La marée pavillonnaire bien visible ici traduit un espace très valorisé, économiquement dynamique, à l arrière d un littoral azuréen saturé. Le décor végétal contribue à apporter une qualité de vie qui peut être précaire : l imbrication entre habitat et forêt rend la lutte contre l incendie particulièrement difficile. Tout autour, noter sur le Géoportail les nombreux domaines fermés, lotissements très haut de gamme, golfs et autres indices d un territoire socialement favorisé. 6