Fouilles archéologiques au Boisé-Saint-Félix, prise 2! Dans le cadre d un chantier-école du département d histoire de l Université Laval, une deuxième campagne de fouilles archéologiques a été menée au Boisé-Saint-Félix du 27 juin au 22 juillet 2011 (photo 1). L objectif de la fouille était de documenter davantage le mode de vie des tailleurs de pierre présents sur place vers l an 1000 av. J.-C. et de situer avec davantage de précision les lieux de prélèvement de la matière première que l on trouve sur le site sous la forme de dizaine de milliers d éclats de chert de couleur verte. Nous résumons ici les principales découvertes. Photo 1 : Les fouilles archéologiques menées au Boisé-Saint-Félix en 2011 (photo Michel Plourde). L équipe, composée de Michel Plourde, archéologue chargé de cours, de Vincent Rousseau, étudiant à la maîtrise en archéologie et de Yvette Boucher, Pascal Fortier, Geneviève Gagné-Dumont, Huguette Lamontagne et Louis-Olivier Lortie, cinq étudiants inscrits au baccalauréat en archéologie, a travaillé d arrache-pied pour assurer le succès de ce projet de recherche académique et scientifique. Nos travaux, au cours desquels une surface totale de 40 mètres carrés a été excavée, ont apporté un nouvel éclairage sur le site archéologique du Boisé-Saint-Félix: les datations au radiocarbone ont révélé des activités menées par des
tailleurs de pierre non seulement vers 1000, mais également autour de 500 ans av. J.-C. Au cours de ces deux épisodes, les occupants des lieux ont profité d un espace accueillant, surélevé, avec une vue imprenable sur le fleuve. Ils y ont fabriqué des centaines de pièces d objets de la taille d un petit lecteur MP3 (photo 2) qui allaient servir de réserves de pierre (photo 3) pour fabriquer rapidement des pointes, des couteaux, des grattoirs et des perçoirs, par exemple (photo 4). Photo 2 : Lecteur MP3 (source : Apple inc.) Photo 3 : Petit biface en chert vert (Photo Michel Plourde).
Photo 4 : Échantillon d artefacts provenant du Boisé-Saint-Félix. 1 : Pointe de projectile; 2 : Grattoir; 3 : Perçoir; 4 : Pyrite de fer; 5-15 : Bifaces (réserves d outils) (Photo Michel Plourde). Le matériau préféré de ces tailleurs de pierre était un chert verdâtre. Il s agit d une pierre à grains fins accessible à même des affleurements situés dans l estran ou à partir de gros blocs accrochés aux pentes même du site. Les analyses chimiques menées par Isabelle Duval, consultante en géoarchéologie, sur un échantillon représentatif des différentes variétés de ce chert auront permis de reconnaître au moins deux sources d approvisionnement, soit une première vis-à-vis la Pointe Gros-Jean (photo 5), à proximité des lieux,
et,une seconde, dans le Vieux-Québec, le long de la Côte-de-La-Montagne. Un examen de la collection à l aide de microscope à balayage électronique allait d ailleurs révéler des activités complémentaires à la transformation de la pierre, à savoir le travail de peaux et de tendons, de l os et du bois. Notre étude menée en 2011 a confirmé l effet perturbateur d une agriculture extensive du terreau au XIX e siècle et l existence d un tissu archéologique encore en place, mais limité au secteur de la pointe sud-ouest du site. En tout, nos recherches auront permis d isoler au moins deux espaces occupés en deux époques distinctes. Le Boisé-Saint-Félix aurait donc accueilli une des premières industries de la municipalité de Saint-Augustin-de-Desmaures, il y près de 3000 ans! Photo 5 : Prélèvement d échantillons de chert vert à la Pointe Jean-Gros, octobre 2011 (Photo Michel Plourde). Le projet de fouille archéologique de l été 2011 a aussi été l occasion d amorcer la recherche sur un petit site archéologique découvert au printemps 2011, vis-à-vis de la décharge du lac Saint-Augustin. L excavation de 4 mètres carrés dans ce nouveau site a révélé un petit campement, peut-être celui d un des groupes de tailleurs de pierre du Boisé-Saint-Félix. Ce secteur bordant le lac représentait un endroit idéal pour chasser du gibier. On y rencontre d ailleurs des conditions idéales pour la fouille, car les sols n ont pas été touchés par
l agriculture. Ce petit site mérite donc d être protégé et de nouvelles recherches pourront y être menées dans un avenir rapproché. Toute personne intéressée à en savoir davantage sur ce projet peut consulter le rapport des interventions de 2011 au prêt et en consultation sur place à la bibliothèque Alain-Grandbois de Saint-Augustin-de-Desmaures ou les extraits de ce rapport qui sont disponibles sur le portail culturel à http://culture.ville.st-augustin.qc.ca. Ces fouilles archéologiques ont été rendues possibles grâce à la Ville de Saint-Augustin-de-Desmaures via son Entente de développement culturel signé avec le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, en collaboration avec l Université Laval. Michel Plourde, archéologue chargé de cours, département d histoire, Université Laval Vincent Rousseau, étudiant à la maîtrise en archéologie, département d histoire, Université Laval