Draft du rapport de la mission de Monitoring humanitaire à Kabo et Moyenne Sido du 09 au 14 Mai 2014 Introduction Sur recommandation du Comité Humanitaire du Pays, un monitoring des activités humanitaires menées en amont et en aval de la relocalisation des populations de PK 12 a été mené dans la zone. Cette mission avait pour but de suivre la réponse humanitaire sur les sites des personnes déplacées, anciens et récemment relocalisés, et dans les communautés autochtones locales. Elle devait déterminer les éventuels besoins non couverts (selon le plan de réponses immédiates) et envisager les actions à mener pour les six prochains mois de l année. En plus des déplacés relocalisés à Kabo, le monitoring devrait aussi s intéresser aux anciens IDPs des deux sites de Kabo (5820 personnes). Cette mission devrait identifier les potentiels partenaires d exécution des projets pour la seconde moitié de l année. Méthodologie : La mission a procédé aux activités suivantes afin d obtenir les informations sur les objectifs qu elle s était fixés : Observation directe sur les sites, Discussions avec les informateurs clés et, Organisation des focus-groupes. Il est à noter que cette méthodologie a été appliquée sur tous les sites et dans tous les villages qui ont été visités. Contraintes rencontrées Cette mission s est déroulé dans un contexte spécial et a dû contourné pas mal d entraves. Deux à trois semaines auparavant, la suspension des vols humanitaires sur toute l étendue de la RCA a occasionné des reports. A la reprise de vols, tous les membres qui devaient venir de Bangui n ont pas eu de place sur le premier vol. D où un décalage sur la période d arrivée des membres de la mission. La non-autorisation sécuritaire du convoi qui devait quitter Bangui le 10 pour joindre le reste de la mission à Kabo le lendemain a privé à la mission des capacités sectorielles qui étaient pourtant attendues. Les moyens logistiques, en terme de véhicules et de carburant, ont du coup été bloqués à Bangui jusqu à la fin de la période dédiée à la mission. Limite des résultats de la mission Bien que la jonction ait été faite entre les équipes de terrain avec celles qui sont venues de Kaga- Bandoro et de Bangui, certains secteurs nécessiteront une descente sur le terrain supplémentaire
afin d approfondir certaines recommandations assorties dans ce rapport. Il en est ainsi pour la Protection, les abris et la Nutrition. De la visite des sites : 1) Site des personnes relocalisées à Kabo Le site situé à la sortie de la ville sur l axe qui va vers Batangafo compte 341 personnes représentant 166 ménages. Selon les déplacés tous les musulmans qui était au PK12 à Bangui sont présentement à Kabo ou à Moyenne Sido. L unique retardataire est une dame nommée Zara dont le frère est malade et hospitalisé à Bangui. Situation humanitaire de ce site : Education : Les enfants déplacés ne vont pas à l école. Les parents sont très inquiets de l avenir de leurs enfants qui passent tout leur temps à jouer sur le site. Selon certains interlocuteurs, ces enfants viennent de connaitre une année blanche. Santé : Les personnes relocalisées ont déclaré qu ils ne sont pas bien reçus au niveau de l hôpital de Kabo. Toutefois, aucun cas de malade n a été identifié sur le site. Les blessés de l attaque du convoi sont pris en charge sans aucun problème. MSF-E rassure et assure la prise en charge médicale gratuitement! WASH : Le site de ces derniers n a ni puits, ni forage. Selon les personnes relocalisées, Solidarité Internationale leur fournit déjà 20 futs de 200 litres chacun par jour. Depuis le lundi 12, cette ONG a augmenté la quantité d eau par jour qui est passée à 24 futs par jour. Cette quantité jugée encore insuffisante par les bénéficiaires qui sont souvent obligés d acheter de l eau vendue par les habitants de la localité. Ces relocalisés vont aussi puiser de l eau dans une pompe manuelle qui se trouve à environ 300 mètres du site de Kabo. En matière d assainissement, il existe un seul bloc de latrines sur le site avec d un côté une partie réservée aux hommes, une aux femmes et une autre enfin aux enfants. Ces infrastructures construites côte à côte offre des conditions requises de sécurité et d intimité pour les utilisateurs. Les fosses à ordures sont aussi non loin des abris sur le site. Abris : Le constat fait sur le site montre que les ménages ont reçu chacun une bâche pour se construire un abri quelle que soit leur taille. Une situation que déplorent les familles nombreuses qui comptent plus de 5 personnes. Il faut signaler aussi que quatre grands hangars communautaires ont été construits pour abriter pour certaines familles qui tardent à construire leurs abris. Sécurité alimentaire et Moyens d existence:
Les dernières distributions faites par IOM ont fait l objet d une très grande contestation de la part des bénéficiaires. A l origine du malentendu, la clé des distributions. Bien que les bénéficiaires aient soutenu que les quantités de vivres distribués sont les mêmes, tant pour les ménages d une personne que ceux de plus de 10 personnes, OIM a expliqué, pourtant, que la ration alimentaire a été calculée en fonction de la taille de familles. Certains bénéficiaires ont refusé de prendre leurs rations et exigent à OIM d ajuster la quantité de vivres en fonction de la taille des familles. Les ménages à plusieurs membres ne disposent plus de stocks de vivres et sont contraints de vendre certains de leurs biens emportés de PK12. L argent gagné sert à l achat de denrées alimentaires sur le marché qui est de moins en moins approvisionné suite à la fermeture de la frontière avec le Tchad. Les ménages démunis ou ceux n ayant aucune possibilité pour acheter de la nourriture sur le marché se contentent de servir un seul vrai repas par jour aux adultes tandis que les enfants ont droit à trois repas très peu améliorés. Plusieurs enfants présentent des signes de malnutrition modérée. Au niveau agricole, il est à noter que le Maire de Kabo a attribué des terres arables à proximité du site. Chaque ménage disposera au minimum de 0,25 ha pour emblaver la culture de son choix. Seulement les ménages n ont ni semences ni outils et souhaitent en disposer avant la fin de la période de semis (fin juin). Par ailleurs les terres cédées aux déplacées sont très peu fertiles et nécessitent un apport en engrais pour espérer avoir de bonnes récoltes. Un ancien puits existe sur la parcelle cédée par le Maire. Un aménagement de ce puits permettrait aux femmes de disposer d eau et d exploiter des jardins potagers. Afin de subvenir à leurs besoins complémentaires en nourriture et autres priorités, les déplacés souhaitent avoir au plus tôt un appui pour le démarrage d activités telles que le petit commerce, le petit élevage et le maraîchage. Protection : De sérieux cas de protection ont été constatés sur le site des personnes relocalisées à Kabo. Selon les partenaires sur place, 17 enfants séparés ont été enregistrés à Kabo alors que 74 autres sont identifiés à Moyenne Sido. Malheureusement aucun acteur sur place n a décidé de s occuper de la question. Selon les discussions avec les partenaires basé à Kabo, des discussions sont en cours pour que l ONG Save The Children se charge de ce volet (Protection de l enfance) à l avenir. En revanche, OIM a entamé la formation des facilitateurs de site, à raison de 5 pour Moyenne Sido et 3 pour Kabo. Ces facilitateurs auront à monitorer l assistance organisée dans les sites «villages» et à détecter de cas de violation des droits humains en vue de les référer aux structures spécialisées. 2) Site A (anciens IDPs de 2010) Ce site qui est composé des déplacés des 10 villages situés sur l axe Kabo/Moyenne-Sido compte 2115 personnes. Ses habitants précisent être arrivés à Kabo depuis avril 2010 et ne semblent pas trop se plaindre de leur situation humanitaire. Education : Bien qu une école ait été construite sur le site pour les écoliers des deux sites, les enfants ne vont pas à l école. Raison évoquée, la crise actuelle qui rend instable le pays. Les parents sont réticents de laisser les enfants aller en classe. En plus de cela, il sied de noter que la quasi-totalité d instituteurs
titulaires a fui la zone, certaines écoles ont été vandalisées et le programme de cantine scolaire a été suspendu. C est une situation observée sur toute la région. Santé : Les habitants du site A de Kabo disent qu ils n ont pas de problèmes de santé. Ils sont toujours bien traités à l hôpital où les soins sont gratuits. Eau & Assainissement : Ce site comprend 6 forages. A la date d aujourd hui, un des forages est en panne et les pièces manquent pour la réparation. L ONG Solidarités Internationale a annoncé que les pièces de rechange venaient d être rendues à Kabo et que qu elle venait de relancer la réparation de pompe en pannes Les latrines disponibles sont partagées par quatre ménages. Une initiative très importante qui pourra un jour déboucher sur la construction d une latrine par famille. Abris : Les habitants du site se plaignent de ce que les matériaux utilisés pour les toitures sont de très mauvaise qualité et ajoutent que la paille n est pas disponible dans la zone du fait du feu de brousse et aussi de la transhumance. Ils ajoutent que les bâches qui leur sont distribuées depuis trois ans sont toutes détruites par les intempéries. Toutefois, ils ont estimé à 40.000 FCFA le coût d une hutte abritant 5 personnes, construite à base de matériaux 100% locaux. Sécurité alimentaire et Moyens d existence: Les populations du site A des IDPs ont déclaré qu ils ne reçoivent pas des vivres depuis plusieurs mois. En remplacement des vivres, l ONG SOLIDARITES distribuait des coupons alimentaires mais cette activité a été interrompue fin mars 2014. Les déplacés affirment être dans un besoin réel d assistance alimentaire vue que les récoltes des deux dernières années ont été très mauvaises. Les terres de culture ne sont pas disponibles et accessibles par la faute des éleveurs transhumants qui les occupent pour faire paitre les animaux. Malgré les promesses faites par les autorités locales pour éloigner les transhumants, aucune lueur d espoir n est perceptible. En plus les semences manquent pour la présente saison agricole. Les semences conservées à l issue des dernières récoltes ont été finalement consommées avant le début des semis. Ils ajoutent que les projets de Cash Voucher dont ils ont été bénéficiaires ont été contre productifs à cause du comportement des commerçants locaux, qui majoraient les prix des denrées alimentaires en fonction du moyen de paiement (Versement de cash 15 000FCFA x 3 et remises des coupons d une valeur de 37 000 FCFA). Pour subvenir à leurs besoins alimentaires, les jeunes et les femmes s adonnent à la pratique du commerce de bois et d emplois journaliers (travaux agricoles et lessive de linge) qui sont mal rémunérés. Ne souhaitant pas retourner dans leur village d origine tant que perdurera la crise en cours, les déplacés sollicitent au plus tôt des semences (maïs, arachide, mil, haricot, sésame et gombo). Pour la restauration de leurs moyens d existence, ils sollicitent des projets d activités génératrices de revenus tels que le petit commerce, des unités de culture attelée (bœufs et charrue), des unités de transformation du manioc et de l arachide ainsi la fabrication de savon. Protection :
Les populations du site A de Kabo expriment encore des craintes pour leur sécurité devant les menaces des Mbarara, des éleveurs venus du Tchad qui font le beau et le mauvais temps des agriculteurs dans la région qui pourraient détruire les champs. Ils sont aussi incertains de leur avenir avec la présence de la Séléka dans la ville. Aucun cas de protection particulier n a été signalé. 3) Anciens déplacés du Site B Ce site comprend 3 990 personnes venues de 10 villages situés sur l axe Béhili. Ils ont fui leur village du fait des attaques et pillage perpétrés d une part par les éleveurs Mbarara et alliés depuis mars 2011. Des discussions avec le focus groupe organisé lors de la rencontre, il est ressorti ce qui suit : Education : Les enfants ne vont plus en classe à cause de la présence de la Séléka dans la ville. Les parents refusent d envoyer leurs enfants à l école en attendant une amélioration de la situation sécuritaire. Santé : Aucun problème n est enregistré dans le domaine de la santé. Selon les IDPs rencontrés sur le site, du personnel travaillant pour MSF ne cesse de les sensibiliser pour se rendre à l hôpital en cas de maladie. Eau et assainissement : Sur 6 forages mis en place sur le site, seulement 2 sont aujourd hui fonctionnels. Les 4 autres en panne ne sont pas réparés par manque de pièces. Les pièces de rechange sont déjà rendue sur place par l ONG Solidarités qui relancera la réparation dans un proche avenir. Les populations reconnaissent qu il n y a pas de latrine pour chaque ménage mais elles pourraient faire mieux si la situation sécuritaire le permet. Sécurité alimentaire et Moyens d existence: La dernière distribution de vivres sur ce site remonte au mois de septembre 2013. Les distributions des vivres ont été remplacées par le versement du cash par les organisations humanitaires sur place. Après trois tentatives (15 000 x 3), des coupons ont été distribués pour une valeur de 37 000 FCFA par mois et par ménage. Il est à noter que les derniers coupons ont été distribués aux ménages en mars dernier. Ces PDI ajoutent aussi que les récoltes n ont pas été bonnes les années précédentes à cause de la crise mais surtout à cause de l inondation survenue en août et septembre 2013.. Les IDPs sont dans un besoin de semences céréalières pour la saison agricole en cours. Ils souhaitent avoir des semences avant la fin des semis prévue pour fin juin. Parmi les problèmes auxquels ils sont confrontés il y a la destruction des champs par les éleveurs appelés Mbarara qui prennent pour pâturage les champs des villageois. Ils souhaitent que les autorités locales prennent des dispositions pour éloigner les transhumants de la ville afin de leur garantir une bonne production agricole.
Tout comme pour le site A, les déplacés du site B ont adopté les mêmes stratégies qui sont à leur portée pour subvenir à leur besoin alimentaire et autres. Souhaitant cultiver des parcelles plus grandes en 2014, les déplacés de ce site sollicitent en plus des semences, des unités de culture attelée. Les besoins des jeunes et des femmes en terme de restauration des moyens d existence dans leur lieu de déplacement sont identiques à ceux du site A. 4) Situation générale à Kabo. Bien que la situation humanitaire soit très préoccupante dans la sous-préfecture de Kabo, certains secteurs requièrent des réponses plus urgentes pour l heure au vu des échanges avec les focus groupes, les informateurs clés et les autorités locales. C est ainsi que l éducation, l agriculture et la protection apparaissent comme prioritaires. Education : La ville de Kabo compte 03 écoles primaires et 30 autres dans les communes périphériques plus un Collège d Enseignement Général (CEG). Parmi les écoles primaires il y a aussi celle construite par DRC pour les enfants déplacés des sites A et B de la ville. Selon les autorités locales et les partenaires sur place, les écoles n ont pas fonctionné depuis plus de deux ans. Cette absence d éducation dans la localité s explique par les faits suivants : Le manque d enseignants avec le départ de plusieurs éducateurs lié à l insécurité dans la région, La présence des groupes rebelles dont les parents le recrutement de leurs enfants Le manque de motivation des parents qui ne voit pas l importance et l opportunité d envoyer les enfants à l école depuis que la zone est devenue le fief des plusieurs rebellions en commençant par celle du Général Bozizé au début des années 2000. Aujourd hui, et selon le seul enseignant titulaire encore en place, 5259 enfants sont en marge de l école dont 3461 dans Kabo Centre. Sécurité alimentaire et Moyens d existence La ville de Kabo a connu deux années successives où les populations n ont pas cultivé normalement. 2014, risque de connaitre la même situation, à en croire les populations, les autorités locales et les observateurs avertis. A l origine de ce manque d activité agricole comme auparavant, la présence de groupes armés qui ont plongé la localité dans un état de précarité sans précédent avec l abandon des champs pour des raisons de sécurité. Plusieurs paysans sont obligés de se déplacer craignant pour leur vie en direction d autres localités. Il y a aussi le phénomène des éleveurs Mbarara qui bien souvent armés font paitre les bétails dans les champs et menacent les agriculteurs qui se plaignent de la destruction de leurs cultures. Selon les autorités administratives, des négociations avec la Séléka ont permis de trouver un terrain d entente pour la relance des activités agricoles. Les dirigeants de la Séléka promettent maintenant d infliger des amendes aux éleveurs qui s emploieront à délibérément détruire les champs autour de la ville et des villages. Un autre point soulevé pour la reprise des activités agricoles dans la zone est celui des semences. Selon le sous-préfet et le maire de
la ville, toutes les semences ont été consommées avec les crises à répétition. La fourniture des semences aux paysans sera un soulagement pour les 16 500 habitants de la ville de Kabo. Par ailleurs, tous les focus groupes ont indiqué que l arrivée des relocalisés n a pas eu un impact sur les prix de denrées de première nécessité. Par contre on notera la rareté et l augmentation des prix de certaines denrées sur le marché et dans les magasins du fait de la fermeture de la frontière avec le Tchad. La prolongation de cette situation aura des conséquences très graves sur la sécurité alimentaire des populations. Les autorités locales signalent que parmi les personnes nouvellement relocalisées, 91 d entre elles, ont sollicité de lopins de terre pour l actuelle saison culturale. La remise des lopins de terre a été effectuée par le Maire en présence de certains membres de la mission. Après avoir mentionné que les groupes armés avaient emporté tous les bœufs de culture attelée, les populations sollicitent de nouvelles unités pour pouvoir emblaver de plus grandes surfaces de cultures et assurer leur sécurité alimentaire dans l avenir. Protection : La protection est un véritable problème à Kabo. Mais ce secteur souffre de la présence des acteurs. Pour le moment seule l ONG DRC opère dans ce domaine. La localité souffre de plusieurs violations dont les agressions physiques et sexuelles, les viols et les pillages. En plus de ces quelques cas de violations cités, il y a aussi les menaces des éleveurs Mbarara à l endroit des cultivateurs. Ces types d abus sont les plus connus dans la ville et ses environs. Ce qui a été toujours à la base des conflits intercommunautaires dans cette partie du pays. Selon les agents locaux de l ONG DRC, les victimes de ces cas d exaction sont les déplacés qui ne cessent de se plaindre. Et dans la mesure de ses capacités, l ONG répond à ces problèmes par l organisation des formations sur le droit de l homme, la cohésion sociale à l endroit des autorités locales, des leaders communautaires et religieux et aussi des éleveurs et enfin des sensibilisations portant sur les droits de la femme et des enfants, tout en se focalisant sur le harcèlement à l envers des femmes ainsi que sur d autres aspects liés à la Sexual Gender-Based Violence (SGBV). Les victimes des cas de viols sont référées à l hôpital de la ville de Kabo, tenu par MSF-Espagne. Les cas de viols qui étaient fréquents en fin 2013 ont commencé à diminuer depuis début 2014. Ils sont en grande partie perpétrés par les éléments de la Séléka et les éleveurs Mbarara. Visite de la localité de Moyenne-Sido. a) Visite du site des relocalisés de PK12 Focus groupe du site «village» révèle ce qui suit : 1080 personnes sont sur le site. L augmentation des effectifs est justifiée par le regroupement familial observé depuis l arrivée de nouvelles personnes en plus de près de 18 autres qui ont embarqué dans les camions, le 27 avril, sans avoir été enregistrées préalablement. Santé/ Nutrition
L arrivée de ces personnes a coïncidé avec la suspension de ses activités par MSF-E suite au deuil observé sur toute l étendue du pays. Malgré cela, le service minimum a été maintenu. Les personnes déplacées de PK12 seront pris en charge par le Post de santé de Moyenne Sido. MSF-E estime que la demande a augmenté de 10% dans la localité de Moyenne Sido avec l avènement des personnes déplacées. Le 11 mai, des cas suspect de rougeole ont été identifiés dans ce site et ont été évacués immédiatement à Kabo. La mission a été, par ailleurs, informée d un décès maternel dont la femme (le 11/05 en début de la soirée) a eu des complications d accouchement par manque d ambulance. Un nombre de 64 enfants malnutris est signalés dans le site dont 5 MAS. La semaine d arrêt d activités de MSF-E a eu un impact néfaste sur l état de santé de certains. Sécurité alimentaire et Moyens d existence OIM a assuré la distribution des vivres du PAM à 1080 personnes. Toutefois, Il a été signalé que cette ration a été amputée de 3 tonnes sur 18 qui étaient prévues. Ce qui n a pas permis d assurer la distribution d une ration complète. Tout comme à Kabo, les déplacés ont mentionné l épuisement des stocks de vivres reçus et se voient contraints de vendre leurs biens pour s approvisionner au marché de Sido. Or, malgré cet incident, OIM soutient que les relocalisé ont reçu au moins 70% de la ration prévue. La plupart des déplacés exerçaient en majorité le commerce et l élevage de bovins. Mais dans le souci d assurer leur sécurité alimentaire dans les mois à venir ils souhaitent recevoir des semences et une formation technique pour leur bonne utilisation. Les femmes envisagent dans le moyen terme réaliser des parcelles maraîchères. Le Maire de la localité a promis de distribuer des lopins de terre à toutes les personnes désireuse. Le nombre des demandeurs est estimé à environ 40% des ménages présents sur le site. Education Les enfants déplacés du site «des relocalisés de PK12» ne vont plus à l école depuis le mois de mars de l année dernière. Ils sont estimés à 300. b) Rencontre avec les IDPs Le lundi 12/05/2014, la mission a eu un entretien avec les IDPs venus de Bangui depuis le début de l année 2014. Ces IDPs qui vivent dans des familles d accueil ont affirmé avoir quitté Bangui et Yaloké devant la menace des anti-balaka avec l appui du Tchad qui a offert gratuitement le transport jusqu à destination. Certains sont arrivés au mois de février alors que d autres ont débarqué en mars et avril 2014. A en croire les IDPs eux-mêmes, 2 555 ménages représentant 12 700 personnes auraient été enregistrés à Moyenne-Sido. On estime à 4000 ceux qui seraient restés sur place i. Conditions de vie des IDPs.
Les IDPs ont affirmé à la mission que leurs conditions de vie étaient déplorables. Ils vivent dans une précarité sans précédent et dorment à la belle étoile et manque d eau. Ils envient les relocalisés de PK 12 et menacent de les rejoindre au cas où leur situation n attirerait pas l attention des donateurs et acteurs humanitaires. Abris : Les IDPs ont affirmé dormir sous les manguiers et n ont aucun moyen de se construire un abri. En cas de pluie, ils dorment sous les vérandas des magasins au niveau du marché. Ils ont exprimé le vœu de recevoir des bâches pour se construire des abris et se proposent de discuter avec la municipalité pour obtention d un site qui doit les abriter à l instar des personnes relocalisées de PK 12. ii WASH : Les personnes déplacées de Moyenne Sido disent manquer d eau. Elles ont affirmé que la population de la localité ne les accepte pas au niveau du forage. Sur ce point, les participants à ce monitoring ont vu plusieurs fois des PDIs puiser l eau au forage installé tout près du poste de santé de Moyen Sido, et cela sans aucun problème. Par ailleurs, il faut mentionner que selon les techniciens hydrologues que la zone est déficitaire en eau. Seules trois pompes manuelles ont été installées pour une population locale de 14.000 iii habitants (sans déplacées). Sécurité alimentaire et Moyens d existence: Le besoin en vivres est considéré par les IDPs comme une priorité. Ils ont déclaré à la mission que la fourniture de la nourriture est essentielle pour leur permettre de subsister en attendant de trouver une activité pouvant les aider à se prendre en charge. Ainsi, dans le cadre des activités susceptibles d améliorer leur vie, ces personnes envisagent de cultiver la terre afin de couvrir une partie de leur besoins alimentaires. Comme les personnes relocalisées de Moyenne-Sido, les IDPS souhaitent recevoir des semences pour la saison culturale qui commence. Le Maire ainsi que les tuteurs sont disposés à leur attribuer des lopins de terre pour la mise en culture de spéculations céréalières et maraîchères. Sur ce point, la mission constate que après pratiquement trois mois de déplacement, pour la plupart de ces déplacés, aucun signe de sous-alimentation n est visible. Les déplacés expliquent ce état de fait par la solidarité des familles d accueil qui leur ont donné gîte et couvert. Mais les stocks alimentaires des tuteurs se sont épuisés à l entame de la période de soudure et certains déplacés se sentent de plus en plus mal à l aise. C est pourquoi les déplacés et leurs hôtes sollicitent un appui en vivres pour traverser cette période de soudure avant l avènement des récoltes. La plupart des déplacés souhaitent rester tant que durera la crise. Aussi ils sollicitent des appuis pour entreprendre de petites activités commerciales (denrées alimentaires et articles divers). Tout comme à Kabo, la fermeture de la frontière par le Tchad commence à avoir des répercussions sur la disponibilité et les prix des denrées jugées essentielles par les populations (riz, huile, arachide). Protection : La cohabitation entre les IDPs et la population hôte n est pas bonne selon les différentes interventions lors de la réunion tenue ce jour. Les personnes déplacées ont fait savoir qu elles sont
parfois menacées par les habitants de la ville. La rivalité sur les maigres ressources naturelles en serait une des raisons. Education : Plusieurs enfants déplacés sur place à Moyenne Sido ne vont pas à l école car aucune école n est fonctionnelle dans cette zone depuis belle lurette. Les enfants sont désœuvrés et leur avenir est ainsi mis en danger. c) Population locale de Moyenne Sido La situation de cette population n est pas du tout reluisant. Elle a été marquée par le passage des plusieurs milliers de personnes qui fuyaient la guerre en RCA, des militaires tchadiens après leurs désengagement de la MISCA, la présence des déplacés qui n ont pas voulu traverser la frontière, et enfin la fermeture de la frontière par les autorités tchadiennes. Cette fermeture porte préjudice non seulement aux opérations humanitaires mais en plus, et surtout, aux activités socio-économiques. Selon MSF-E qui vient de faire une étude, la majeure partie des produits de première nécessité et du carburant ont connu une augmentation de 50% de prix en 10 jours de fermeture. Des familles entières sont privées d accès des sources de revenu pour leur survie, au moment où certaines denrées alimentaires commencent à se raréfier sur le marché local. Estimée à 14,000 habitants par le Maire, cette population connait un déficit d eau potable. 3 forages ont été aménagés et sont entretenus alors que les standard est de 1 forage sur 500 personnes. La rivière de Chari constitue leur source principale d approvisionnement en eau. Deux campagnes agricoles n ont pas été menées à cause des problèmes de rébellion et de guerre. Cette population non seulement, elle est en besoin d accompagnement dans ses activités champêtres, mais en plus elle a un sérieux besoin d outils aratoires et de semences vivrières. Selon les parents, les enfants ne vont plus à l école. Cette situation s explique par le fait que les écoles ne sont pas fonctionnelles à partir de l année scolaire 2011-2012. A Moyen Sido centre, l école sous préfectorale est en état de délabrement. Le vent a emporté la toiture de l un des bâtiments. Aujourd hui, seuls les maitres-parents sont sur place, les instituteurs titulaires ayant quitté la ville pour des raisons de sécurité. En 2011, selon les enseignants trouvés sur place, L école de Sido Centre qui est à cycle complet - comptait 687 écoliers alors que celle de Molo qui va du CEI au CE1 en avait 215. Avec les dernières enquêtes faites par le directeur de l école de Kabo centre, on compte aujourd hui 517 enfants déplacés qui sont dans la ville un chiffre qui n inclut pas les enfants des personnes relocalisées. Recommandations générales I. La mission recommande des actions à mettre en œuvre dans le cadre des opérations de court terme, soit du 01 juin au 31 décembre 2014 (cfr tableau en annexe)
II. III. IV. Cet exercice a constaté la faible présence d acteurs humanitaires pour couvrir tous les secteurs, en particulier dans la Moyenne Sido où seuls OIM et les ONG Solidarités Internationales et MSF-E sont actives ; La fermeture de la frontière si elle perdure, pourra affecter gravement les populations qui dépendaient des trafics entre les deux pays. Nécessité d obtenir sa réouverture, en particulier pour des mobiles humanitaires Renforcer la coopération avec le HCT du Tchad et OCHA Tchad pour le suivi. ; Plaider auprès de MISCA et MINUSCA pour l installation d un poste avance des militaires de la paix (casque bleu) dans la localité de Moyenne Sido et de renforcer la patrouille entre Kabo et Moyenne Sido ; V. Prendre très au sérieux les menaces des anciens déplacés de Moyenne Sido habitant dans les familles d accueil de descendre sur le site «village» ouvert lors de l arrivée des relocalisés de PK12. Etudier la possibilité de leur regroupement dans un site «village» qui leur sera destiné. VI. VII. VIII. IX. Répondre en urgence à la question de la mise à disposition de semences et outils afin que les ménages déplacés et les communautés hôtes ne ratent pas la saison agricole en cours ; Initier des activités pour sensibiliser les éleveurs de toute origine afin que les champs soient épargnés par les bœufs de la période de semis à la fin de la récolte. Accorder un caractère urgent à la distribution des semences vivrières surtout que la campagne agricole peut être prolongée jusqu à la fin du mois de juin. Cette activité ciblerait aussi bien les déplacés que les populations hôtes ; Cet exercice de monitoring a révélé et reconfirmé le besoin d une évaluation multisectorielle plus profonde surtout que cette zone risque de devenir la plaque tournante de l aide humanitaire dans les années à venir ; X. Identifier urgemment des besoins de cohésion sociale et dégager des actions à mener dans les six prochains mois. Participation à la mission : 1. Solidarité Kabo : - Aboubacar, Coordinateur de Terrain - Ildevert Mboungou, Chargé de Wash - Ibrahima Sacko, Chargé de Sécurité alimentaire 2. FAO - Yeo Seydou, Coordonnateur de bureau de terrain 3. Unicef :
- Ibrahim Abdi Shire, Chef de Bureau de zone - Rony Bayard, Wash Officer - Issaco Consonni, Child protection Officer 4. OIM: - Alice Frigato - Youssouf - Yves 5. Intersos - Giuseppe Linardi - John Lollis 6. OCHA - Lucien Simba, HAO HoSo Kaga Bandoro - Joseph Benamse, NHAO i IOM s est engagé à faire une enquête sur un échantillon représentatif portant sur le 10% des PDIs afin de vérifier leur éligibilité à faire partie des programmes d assistance ii Selon OIM, ils feront partie d une distribution de vivres sur les prochains 5 mois une fois leur nombre défini et validé. Un MoU entre le PAM et l OIM est à l étude iii Beaucoup de chiffres des déplacés et des populations sont utilisés par les différents acteurs pour les autorités locales, Moyenne Sido compte 14,621 habitants dans déplacés alors que MSF-E estime la population locale sans déplacés à 11,000. Il en est de même des anciens déplacés. D où un recensement ou profilage s impose.