MINISTÈRE DE LA DÉFENSE ET DES ANCIENS COMBATTANTS Intervention de M. Gérard LONGUET, Ministre de la défense et des anciens combattants Ordre du jour pour l adieu aux armes du Général Elrick IRASTORZA Cour des Invalides, mardi 30 août 2011, 11h - Seul le prononcé fait foi -
2 Le général d armée Elrick IRASTORZA, chef d état-major de l armée de Terre, quitte vos rangs au terme d une carrière exemplaire de quarante et une années consacrées au service de la France. Homme d action et de réflexion, chef émérite et passionné par son métier, il aura marqué l armée de Terre tout au long d une carrière exceptionnelle par l importance et la diversité des responsabilités qu il a exercées jusqu au plus haut niveau. Le général IRASTORZA fut d abord un remarquable chef, en opérations comme à l entraînement. Saint-cyrien de la promotion «Général de Gaulle», c est dans les troupes de marine qu il fait le choix de s engager à sa sortie d école. Il sert successivement dans plusieurs de ses régiments les plus emblématiques : le 3 e Régiment d Infanterie de marine de Vannes, le 2 e régiment de parachutistes d infanterie de marine de la Réunion mais aussi le 8 e régiment de parachutistes d infanterie de marine au sein duquel il est engagé en 1979 dans l opération «Tacaud» au Tchad.
3 Après plusieurs affectations, notamment en Nouvelle- Calédonie, il prend le commandement du prestigieux régiment de Castres dont il fait un redoutable outil de combat. C est à sa tête qu il s illustre comme commandant du bataillon français engagé dans le cadre de l autorité provisoire des nations Unies au Cambodge, de mai à décembre 1992. Homme de terrain à la riche expérience de commandement, le général IRASTORZA s illustre également dans les domaines de la réflexion et de l organisation de l armée de Terre. Au sein de la 3 e région militaire de Rennes, puis dans différentes fonctions de l état-major de l armée de Terre ou de la direction du personnel, il se distingue par une grande hauteur de vue alliée à une remarquable énergie pour mettre en œuvre les réformes successives que l armée de Terre a connues. Ses premiers succès au cœur de la réforme des armées lui valent d être placé à la tête de l école d application de l Infanterie à Montpellier en 2002. Il y prend immédiatement la mesure des évolutions à mener et engage une réorganisation profonde de l école, qui permet aujourd hui à l armée de Terre de déployer sur tous les théâtres d opérations de jeunes cadres formés et aguerris,
4 à l aise dans le commandement des hommes comme dans la gestion des situations complexes. Il est, par ailleurs, à l origine de la nouvelle instruction sur le tir de combat qui marque un changement d époque pour toute l armée de terre. En 2005, il prend le commandement des forces françaises engagées dans l opération «Licorne» en Côte d Ivoire. Dans un contexte de vives tensions, il se révèle comme un chef militaire de premier plan, particulièrement clairvoyant, faisant preuve d une compréhension fine et lucide des situations et d une capacité élevée à désamorcer les tentatives de déstabilisation à travers le pays. A son retour, élevé au rang et appellation de général de corps d armée, il prend les fonctions de major général de l armée de Terre. Il démontre, une fois de plus, sa capacité à saisir et faire déboucher les dossiers les plus complexes. Le 2 juillet 2008, il est nommé chef d état-major de l armée de terre et élevé, le même jour au rang et appellation de général d armée. C est à ce poste qu il donne toute sa mesure. Avec détermination, il conduit la transformation de l armée de Terre
5 dans le cadre des impulsions du Livre blanc, mettant ainsi en œuvre l une des réformes les plus considérables qu elle ait connues depuis un siècle. Organisateur infatigable, pragmatique et rigoureux, il se dépense sans compter pour vérifier la compatibilité des décisions de l Etat-major avec la réalité vécue par les unités. Il visite ainsi la totalité des régiments de l armée de Terre, transmettant aux officiers, aux sous-officiers et aux soldats sa foi dans le caractère sacré de la mission et dans la noblesse du choix qu ils ont fait de rejoindre la carrière des armes. «On ne choisit pas ce métier par hasard», a-t-il alors coutume de répéter, en martelant l exigence éthique et professionnelle qu il attend des officiers, quelque soit leur niveau de responsabilité, et qu il s applique d abord à luimême. Dans la lignée de ses prédécesseurs, il transforme l armée de Terre pour en faire l armée pleinement professionnelle que nous connaissons, outil indispensable au service de notre politique étrangère, et lui conserver son rôle «d escalier social» 1, avec, en particulier, le recrutement des deux tiers des sous-officiers parmi les militaires du rang. 1 Suivant son expression
6 Chef expérimenté, prenant toute la mesure de sa fonction de chef d état-major, il met l énergie de l armée de terre au service de nos unités engagées en opérations. Sa parfaite connaissance des dossiers, sa riche expérience opérationnelle et sa force de conviction lui permettent d obtenir en urgence les équipements et les matériels contribuant à l efficacité de nos armées et la protection de nos soldats. Aujourd hui, ainsi, lui revient une part essentielle du succès de nos unités, que ce soit sur le théâtre Afghan, en République de Côte d Ivoire, en Libye, au Tchad ou au Liban. Homme de cœur, le Général IRASTORZA s engage aussi personnellement au service des familles de ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie au service de la France et au chevet de nos blessés. Grand Officier de la Légion d Honneur et commandeur de l ordre national du mérite, le général IRASTORZA a incontestablement été l un des grands chefs d état-major sur qui la Nation a pu compter. Il aura marqué l armée de Terre. Serviteur de l Etat, porteur d une tradition d humilité, d abnégation et d excellence, il a incarné durant plus de quarante ans les plus nobles vertus militaires. Il aura été, pour tous ceux qui ont servi à ses côtés, un exemple constant autant qu une référence.
7 Au nom du gouvernement, je lui exprime la reconnaissance de la Nation et celle des Armées pour les éminents services qu il a rendus à la France.