LE RECIT EN HISTOIRE ET EN GEOGRAPHIE. Jean-Marc PRIEUR IA-IPR d histoire-géographie

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Transcription:

LE RECIT EN HISTOIRE ET EN GEOGRAPHIE Jean-Marc PRIEUR IA-IPR d histoire-géographie jean-marc.prieur@ac-guyane.fr

RÉFÉRENCES: ADAM Jean-Michel, Le récit, Paris, PUF, Que sais-je? 1984. CARIOU Didier, Ecrire l histoire scolaire. Quand les élèves écrivent en classe pour apprendre l histoire, Presses Universitaires de Rennes, collection «Paideia», 2012. DE COCK Laurence, Autour du livre de Didier Cariou, Ecrire l histoire scolaire, Paideia, PUR, 2012, (commentaire) https://aggiornamento.hypotheses.org/1267 THEMINES Jean-François, La géographie à l épreuve des récits, Echogéo, 37, 2016. http://journals.openedition.org/echogeo/14651 GAUSSEL Marie, Développer l esprit critique par l argumentation: de l élève au citoyen, dossier de veille de l IFE, n 108, 2016. http://ife.enslyon.fr/vst/da/detailsdossier.php?parent=accueil&dossier=108&lang=fr Fiches eduscol: Pratiquer différents langages en histoire-géographie (cycles 3 et 4). Le débat réglé (ou argumenté) en EMC.

LES ENJEUX: Une priorité nationale: «Lire, écrire, compter, respecter autrui». Le référentiel de l éducation prioritaire: Objectif 1: Garantir l acquisition du «Lire, écrire, parler» et enseigner plus explicitement les compétences que l école requiert pour assurer la maîtrise du socle commun. Les 5 domaines du socle: 1 les langages pour penser et communiquer 2 les méthodes et outils pour apprendre 3 la formation de la personne et du citoyen 4 les systèmes naturels et les systèmes techniques 5 les représentations du monde et l'activité humaine

LES 5 DOMAINES DU SOCLE ET L HISTOIRE-GEOGRAPHIE: «À la différence du précédent socle commun (2006) qui conservait de forts repères disciplinaires répartis entre «piliers», les cinq domaines de ce nouveau socle sont à combiner pour l ensemble des enseignements» (THEMINES). 1 les langages pour penser et communiquer: «Il s agit d écrire ou de s exprimer à l oral pour raconter, décrire, expliquer ou argumenter, ou de mobiliser, à l oral comme à l écrit, un vocabulaire juste et précis» (EDUSCOL) 2 les méthodes et outils pour apprendre: «On peut y souligner la compétence d évaluation et de traitement de l information, le caractère coopératif et collaboratif du travail scolaire» (THEMINES) 3 la formation de la personne et du citoyen: «un triptyque : questions vives, valeurs partagées et appropriation des questions de justice» (THEMINES). 4 les systèmes naturels et les systèmes techniques: «il sollicite la géographie sur le thème des risques et sur «la démarche de questionnement en donnant à imaginer des stratégies de sélection des informations reçues en classe, en les croisant avec ses représentations pour expliquer [ ] l'organisation d'un territoire» (THEMINES) 5 les représentations du monde et l'activité humaine: «L enseignement de l histoire et de la géographie prend appui sur des pratiques langagières spécifiques [ ] afin d acquérir les connaissances nécessaires à la compréhension du monde dans lequel les élèves vivent» (EDUSCOL).

LE RECIT: UNE PLACE REAFFIRMEE ET CONSOLIDEE Si le récit n a jamais disparu des salles de classe, depuis 2008, sa place a été réaffirmée dans nos enseignements (le «raconter» des programmes de collège de 2008). Elle traduit le «retour du récit» dans l écriture de l histoire depuis les années 80-90. DEFINITION: - «le récit est la représentation d un ensemble d événements sous la forme d une histoire, qui permet au lecteur [ou à l auditeur] de les ressaisir en un tout signifiant (Jean-Michel Adam, Le Récit, PUF, «Que sais-je?» 1984), - qui peut évoluer en : «le récit est la représentation fondée et donc argumentable d un ensemble d événements ayant eu lieu sous la forme d une histoire que l on peut estimer vraie, qui permet au lecteur [ou à l auditeur] de les ressaisir en un tout signifiant.» Cela pose la question de l usage du document en histoire et en géographie.

PLACE DU RECIT EN HISTOIRE ET EN GEOGRAPHIE «Le récit historique et le récit géographique occupent une place centrale dans les programmes d enseignement aux cycles 3 et 4. Si l élève du cycle 3 apprend à reconnaître un récit historique ou géographique, l élève du cycle 4 doit en connaître les caractéristiques et être en capacité de produire des récits simples : il s agit de formuler un propos ordonné, avec des mots justes» (EDUSCOL). «L Histoire ne peut que se raconter». Au cycle 3, l élève doit apprendre à distinguer l histoire de la fiction (premier objectif des programmes). «l historien n est pas libre» (Georges DUBY). «l Histoire est un roman, mais un roman vrai» (Paul VEYNE). «le récit historique «met en scène» des «acteurs», qu il s agisse d acteurs individuels ou collectifs (groupes sociaux), concrets ou abstraits (entités, concepts) et propose une interprétation du passé». Cf. «le temps des rois» au CM1. «En géographie, les élèves analysent et produisent des «récits géographiques situés», dans lesquels «l espace et les lieux ne sont pas le décor, mais les personnages et les ressorts du récit». Question centrale en géographie: «pourquoi là et pas ailleurs?»

- le récit comme objet d apprentissage (les élèves doivent reconnaitre des récits et en produire) Les élèves sont rarement mis en situation de reconnaître les spécificités du récit en histoire par rapport au récit dans d autres disciplines (ex: littérature). Les élèves sont rarement mis en situation de s engager dans un processus d élaboration de récit. - le récit comme vecteur d apprentissage (comme permettant de faire apprendre l histoire (CARIOU). Le récit mobilise, met à l épreuve la maîtrise de la langue française et la maîtrise des langages propres à nos disciplines. On écrit en pensant et on pense en écrivant.

RECONNAÎTRE ET FAIRE RECONNAÎTRE LES TYPES D ÉCRITS: Les écrits de travail (brouillon, prise de notes, fiches, cartes mentales ): au cœur du processus d apprentissage, ils permettent un travail sur l erreur. Les écrits normés (un récit de témoin, d historien, une description, un tableau, une définition ). Les écrits de référence (la trace écrite d une leçon pour mémoriser).ils ne doivent pas faire oublier les écrits de travail. De préférence proposés par les élèves et validé par le professeur. Les écrits réflexifs ( souvent la forme des évaluations sommatives, mais insuffisamment préparés en cours où la part du simple prélèvement d informations prédomine). «Les activités d écriture longue doivent trouver leur place en classe, même si elles s appuient sur un travail personnel hors la classe. En amont et en aval, le professeur accompagne l élève dans l amélioration de sa production et lui propose des retours sur ses productions» (EDUSCOL).

PARTIR DU RECIT ORAL (OU Y RESTER) POUR CONSTRUIRE LE RECIT ECRIT: «En travaillant l oral, on apprendra à l élève à communiquer avec précision et à s exprimer en organisant sa pensée (EDUSCOL)». Conditions: - Laisser les élèves s exprimer (position de repli, de régulation et de contrôle du professeur). La classe ne doit plus être muette! - Tenir compte des propositions des pairs. - Apprendre à utiliser un vocabulaire approprié et spécifique. - Savoir distinguer les formes d expressions orales et écrites. - Utiliser l écrit de travail pour structurer sa pensée et son argumentation. - Utiliser des repères temporels et spatiaux pour organiser le récit. - Le professeur doit privilégier les questions ouvertes. - Evaluer le travail oral (individuel et collectif, par l observation, la valorisation).

BOITE A OUTILS: Capacités définies dans les programmes des cycles 3 et 4 Des situations d apprentissage permettant de développer les capacités langagières Reconnaitre un récit historique /géographique - Comparer le récit historique/ géographique avec différents genres de récit, récits scolaires et récit sociaux :récit d expérience en science, récit en EPS, récit littéraire, récit migratoire, récit de vie, récit d un fait divers etc. Connaitre les caractéristiques du récit historique/géographique - Confronter des récits de témoins avec le récit d un historien. - Comparer différents récits historiques sur un même évènement - Comparer différents récits géographiques ( ex de Themines sur récit de pays) / sur un même territoire, un même lieu) - Utiliser «les récits des autres» pour questionner en histoire / en géographique les caractéristiques du récit : utiliser le langage de l image fixe ou animée ; le récit migratoire, récit d un roman etc.

Produire un récit historique et géographique - Créer le plus possible des situations d écriture : mettre les élèves en situation d auteurs, leur permettre de construire un statut d auteur. - Créer des situations d écritures propres à l histoire et à la géographie : mise en intrigue, récits biographiques, récit d évènement, récit à partir de plusieurs documents, de plusieurs sources, narration de pratiques spatiales etc. - Communiquer, diffuser, afficher, valoriser leurs écrits. - Permettre une élaboration : écrits intermédiaires, écrits brouillon, carnets de bord, réécriture. - Entrelacer, utiliser les écrits des autres (historiens et géographes, camarades de classe, professeur etc) : dialogisme et intertextuatilité. - Permettre des écrits collaboratifs - Passer d un langage à un autre : la forme cartographique comme récit de pratiques spatiales? - Un autre regard sur les écrits des élèves : non pas évaluer la distance à la norme mais relever les éléments de réussite, comprendre comment l élève écrit, analyser sa façon de se mettre en activité de penser. - Favoriser des moments d objectivisation, de réflexivité : des bilans de savoirs ; des échanges d expérience etc.

QUESTIONS