Séquence 1 : Des goûts et des couleurs : discutons en Titre de la séquence : Images de la femme modèle Interrogations : Les goûts d une génération sont ils meilleurs que ceux des générations qui précèdent? Comment faire partager ses goûts dans une démarche de dialogue et de respect? Problématique : Peut on dire d une œuvre qu elle est belle? Qu est ce que le Beau? Objectif : Construire une appréciation esthétique à travers un échange d opinions, en prenant en compte les goûts d autrui. Séance 1.1 : Le musée imaginaire (André Malraux) Dominante : Oral. Et vous, trouvez vous ça BEAU? Objectifs Activités Supports Distribution du corpus d œuvres La Vénus de Willendorf, Choix de deux œuvres (travail individuel 20 000 av. J. C. La Naissance de Vénus, Exprimer à l oral et à l écrit écrit) : «j aime/j aime pas» Sandro Botticelli, 1482 1486. une impression, un ressenti, et proposition pour chaque œuvre de 3 à 5 Un personnage virtuel : Lara une émotion, adhésion ou mots qui justifie votre appréciation (lexique Croft, 1996. rejet. péjoratif /mélioratif) La Joconde, Léonard de Vinci, 1503 1506. Présentation orale par quelques élèves La Joconde aux clés, Fernand Classement des œuvres (travail de groupe) Léger, 1930. dans le musée imaginaire. La Joconde revue et corrigée Consigne : 3 salles/ critères de classement à par Bottero, 1978. préciser La Baigneuse de Valpinçon, Ingres 1808. Visite guidée du musée imaginaire par un Le violon d Ingres, Man Ray, rapporteur de groupe de travail. (Possibilité 1924. d intégrer la présentation d une ou deux La Grande Odalisque, Ingres, œuvres ) 1814. La grande Odalisque made in Elaboration commune d un plan raisonné du Japan, 1964, Martial Raysse. musée Frida Kahlo, La colonne brisée,
1944. Gustav Klimt, Les trois âges de la femme, 1905. (détail : cadrage sur la mère et l enfant) Séance 1.2 : Des canons! Dominante : Lecture. Problématique : beauté universelle? La est elle Situer une production artistique dans son contexte (historique/géographique), identifier les canons qu elle sert ou qu elle dépasse. Distribution de trois œuvres + textes sur le contexte. Premières impressions : Canon ou pas? Activité élèves (travail en binôme) : Compléter un tableau comparatif dont les rubriques sont les suivantes : *Présentation de l œuvre (titre/date/auteur) *Description physique détaillée de chaque modèle (+ travail d enrichissement lexical) *Impression d ensemble (personnelle) * Contexte de production de l œuvre * Interprétation symbolique Bilan collectif : définition élèves du terme «Canon» + confrontation avec définition du dictionnaire (polysémie/ synonymes) + phrase réponse problématique. La Vénus de Willendorf, 20 000 av. J. C. La Naissance de Vénus, Sandro Botticelli, 1482 1486. Un personnage virtuel : Lara Croft, 1996. + Textes : Article Nouvel Obs mars 2003 Article sur Lara croft : L image actéé, Pierre Barboza et Jean Louis Weissberg. Les 1001 tableaux qu il faut avoir vus dans sa vie, article «La naissance de Venus.» Séance 1.3 : L incessante réinvention de la beauté. Dominante : Lecture Problématique : La Analyser et interpréter une production artistique. Analyse œuvre de Léonard de Vinci (cours dialogué) (Daniel Arasse beauté Joconde) + vocabulaire/ outils lecture de l image Activité autonomie : lecture «réinvention Joconde». + vocabulaire : chef d œuvre (La Joconde?), rupture, parodie (Pub), pastiche (Bottero) + connecteurs d addition La Joconde et ses déclinaisons. La Joconde, Léonard de Vinci, 1503 1506. La Joconde aux clés, Fernand Léger, 1930. La Joconde revue et
beauté peut elle naître de la transgression des canons? Séance 1.4 : «La beauté ou la laideur est dans l œil de celui qui regarde» Dominante : Etude de la langue. Problématique : La beauté n est elle pas dans le regard? Séance 1.5 : Dominante : Ecriture. Exprimer à l oral et à l écrit une impression, un ressenti, une émotion. Ecriture (Opposition/concession) Possibilité prolongement : Travail personnel : Déclinaisons Deux possibilités : La Baigneuse de Valpinçon, Ingres 1808 / Le violon d Ingres, Man Ray, 1924 / Affiche du festival de rock de Saint Malo, 1999. (Belin BEP) La Grande Odalisque, Ingres, 1814 / La grande Odalisque made in Japan, 1964, Martial Raysse. Activité d enrichissement du lexique : modalisateurs/ indices d opinion/ lexique péjoratif ou mélioratif champs lexicaux : émotions, impressions verbes de perception synonymes + travail sur cadrage / couleurs (chaudes/froides + sombres/ claires) corrigée par Bottero, 1978. Publicité Volkswagen : «Rien ne vaut l original», 2006. + Daniel Arasse sur la Joconde. Frida Kahlo, La colonne brisée, 1944. Gustav Klimt, Les trois âges de la femme, 1905. (détail : cadrage sur la mère et l enfant + œuvre complète). «Est ce que c est beau? Je ne sais. Je n en ai cure. Le mot de beauté ne fait pas partie de mot vocabulaire. La vie, oui.» Alfred Stieglizt. (Photographe) «Je ne peins pas ce que je vois, je peins ce que je pense». Pablo Picasso.
Evaluation sommative : Sujet d écriture : Vous visitez un musée en compagnie d un(e) ami(e) aveugle. Une des œuvres exposées vous interpelle. Votre ami(e) vous demande alors de lui présenter l œuvre, de la décrire et de lui faire partager votre ressenti, vos émotions Critères de réussite : Les trois critères de réussite doivent apparaître. Vous êtes libre de les aborder dans un ordre différent, selon votre sensibilité ou à votre ressenti. Présentation l œuvre : nom de l artiste, titre de l œuvre, date de réalisation, contexte de production (à développer pour l interprétation de l œuvre), annonce de votre appréciation esthétique de l œuvre. Description personnelle et sensible de l œuvre : utilisation des outils d analyse, de lecture d une image (cadrage, couleurs.), utilisation d un lexique péjoratif ou mélioratif, utilisation à bon escient de connecteurs d énumération variés. Expression de votre ressenti, de vos émotions : utilisation d un lexique pour traduire votre adhésion ou votre refus de l œuvre, ce lexique sera varié et pertinent.
Séance 1.2 : Des canons! Problématique : La beauté est elle universelle? Objectif : Situer une production artistique dans son contexte (historique/géographique), identifier les canons qu elle sert ou qu elle dépasse. Texte 1 : Le Nouvel Observateur, extraits de l'article paru le jeudi 6 mars 2003, Les mystères de Vénus de Michel de Pracontal. "Telle est la femme des origines, la plus ancienne de toutes, écrit l historienne Claudine Cohen [1]. Qui donc était cette femme des origines? 1 5 10 La Vénus de Willendorf a exercé une grande influence idéologique : elle a constitué l une des «preuves» justifiant la thèse selon laquelle les sociétés préhistoriques étaient matriarcales. Aujourd hui encore, elle demeure un des mythes féminins attachés à l imaginaire de nos origines. Il se prolonge dans le mythe de la «Grande Déesse», de la Déesse Mère, qui aurait régné sur les civilisations préhistoriques. Mais, à y regarder de plus près, il est douteux que les sculpteurs (hommes ou femmes) de ces statuettes aux formes généreuses aient cherché à représenter de manière réaliste le corps féminin. Le préhistorien André Leroi-Gourhan a repéré dans la diversité de ces figures des constantes esthétiques qui correspondent à un certain jeu avec les angles et les proportions, plutôt qu à une volonté de représenter la réalité anatomique. La plupart des Vénus, obèses ou longilignes, peuvent être contenues dans un assemblage de cercles et de losanges. Leurs formes découlent de choix esthétiques. Elles sont aussi liées à des contraintes techniques : la posture de certaines statuettes d ivoire correspond à la courbure de la défense dans laquelle elles ont été sculptées.
[1] «La Femme des origines», par Claudine Cohen, Herscher, 192 pages. Texte 2 : 1 5 10 La Naissance de Vénus, Sandro Botticelli, 1482-1486. La Naissance de Vénus est une commande de Laurent de Médicis dit le Magnifique. Cette œuvre dépeint le moment où Vénus, sortie de la mer dans un coquillage, arrive à Chypre. Elle est poussée vers la rive par deux vents, tandis qu une nymphe s apprête à la revêtir d un manteau orné de fleurs printanières afin de couvrir sa nudité. La posture de Vénus provient sans doute de la statuaire antique très estimée par la Florence d alors. En dépit des proportions étranges de son corps son cou et son bras gauche sont trop longs -, Vénus apparaît comme une femme à la beauté saisissante, avec son teint délicat et ses longues boucles encore humides. Elle naît en tant que déesse de la Beauté et s offre au regard du spectateur, témoin de cet acte créateur. Elle s apprête à sortir d une coquille Saint-Jacques dorée tandis que les vents l inondent de roses au cœur d or. Les oranges que porte l arbre situé derrière elle sont également ornées d or. Les 1001 tableaux qu il faut avoir dans sa vie. Texte 3 :. L image actée, Pierre Barboza et Jean-Louis Weissberg (Extraits) Tomb Raider : marionnettes virtuelles, soldats de plomb numériques et poupées infoludiques
1 5 10 15 Sa notoriété a très largement dépassé le cadre de l univers infoludique. L une des contributions majeures de ce titre est d avoir fait rentrer au panthéon de la célébrité de son époque un personnage numérique. Lara Croft, l héroïne de Tomb Raider, est venue taquiner les sex-symbols du cinéma et du mannequinât à la fin des années 90. Tandis que Claudia Schiffer faisait la promotion d une voiture dans un spot publicitaire, Lara Croft en faisait autant pour une marque concurrente. Cependant cette image sexy explique-t-elle seule un tel impact médiatique? Nous dirons tout d abord qu il s agit d un jeu de marionnettes. La manipulation d une marionnette dégage l acteur de certaines identifications. Même si de nombreuses filles et fillettes ont trouvé dans Lara une identification féminine positive à une héroïne qui ne soit pas une potiche ou une princesse romantique et même si la représentation de Lara Croft est pleine de clichés, elle n en fait pas une poupée Barbie blonde : c est une brune, presque rousse, dont la musculature donne à sa stature une assise bien loin de celle autorisée par des talons aiguilles. Son accoutrement et son armement la placent dans la catégorie des aventurières mercenaires. Elle est indéniablement plus proche d Indiana Jones que de Sissi. Séance 1.3 : L incessante réinvention de la beauté. Problématique : La beauté peut elle naître de la transgression des canons? Objectif : Analyser et interpréter une production artistique. La Joconde 1 5 Finalement, La Joconde est un de mes tableaux préférés. [ ] Il m a fallu plus de vingt ans pour aimer La Joconde. [ ] J étais dans l état d esprit d un spectateur de la deuxième moitié du XX e siècle, c està-dire qu on avait tellement vu La Joconde, on la connaissait tellement, qu elle était devenue plus une plaisanterie qu autre chose. Il m a fallu remonter ce handicap, non pas pour retrouver le regard de Léonard de Vinci ou de l un de ses contemporains sur ce tableau, mais simplement comprendre comment celui-ci, peint dans des circonstances tout à fait particulières, pouvait avoir encore un tel effet, à bientôt cinq cents ans de distance. Je me suis demandé comment ce tableau était fait. [ ]
10 15 20 25 30 35 D accord, la Joconde est assise dans une loggia, c est-à-dire qu il y a des colonnes de part et d autre, sur les bords droit et gauche, jointes par le muret, derrière elle. Elle tourne le dos au paysage, qui est très lointain. Ensuite, elle est assise dans un fauteuil, je le sais uniquement parce que le bras gauche de la figure est appuyé, parallèlement au plan de l image, sur un accoudoir. Mais cet accoudoir est l unique trace du fauteuil, il n y a pas de dossier ce qui est étrange. Et puis, le paysage de l arrière-plan est curieux puisqu il est composé uniquement de rochers, de terre et d eau. [ ] J ai essayé de mieux voir comment était peinte cette figure. Si vous la regardez bien, elle a le bras parallèle au plan de l image, appuyé sur l accoudoir. Elle est proche de nous, puisqu on ne voit pas d espace entre ce bras et une zone plus basse qui inscrirait une distance. En fait, elle est passé devant le parapet qui traditionnellement à l époque séparait la figure du spectateur. [ ] Petit trait de génie de Léonard : mettre la Joconde dans l espace du spectateur en faisant passer le parapet derrière elle, tandis que le bras fait barrière, bloquant la pénétration. Ensuite, le buste est de trois quart, elle se tourne donc légèrement vers nous, le visage presque de face, et les yeux perpendiculaires au plan, nous regardent directement où que nous nous trouvions par rapport à elle. Donc, depuis le bas du tableau jusqu aux yeux, il y a une torsion de la figure qui fait qu elle vous fixe. On est sous son regard, ce qui constitue un élément de fascination de ce tableau [ ]. Et puis, il y a le sourire En fait, c est Léonard qui a inventé l idée de faire un portrait avec un sourire. Il n y a pas de portrait souriant avant La Joconde. Pourquoi ce choix du sourire? [ ] La Joconde sourit parce que son mari, Francesco del Giocondo, a commandé son portrait au plus grand peintre du temps, Léonard de Vinci. Et pourquoi le mari a-t-il commandé son portrait? Parce qu elle lui a fait deux beaux enfants, deux héritiers mâles, et qu ils ont dû suite à cela changer de maison dans Florence. C est un tableau de bonheur, où une jeune femme de vingt-deux ou vingt-trois ans est honorée par l amour de son mari. [ ] [ ] (Mais) pour Léonard la beauté est éphémère. [ ] Le sourire c est éphémère, ça ne dure qu un instant. Et c est dans ce sourire de la grâce qui fait l union du chaos du paysage qui est derrière, c està-dire que du chaos on passe à la grâce, et de la grâce on repassera au chaos. Il s agit d une méditation sur une double temporalité, et nous sommes là au cœur du problème du portrait, puisque le portrait est inévitablement une méditation sur le temps qui passe. [ ] Aujourd hui c est le chef-d œuvre des chefs-d œuvre, mais en 1503-1505, c est un tableau inadmissible. Pourquoi? Le peintre présente comme portrait, une jeune femme qui sourit, ce qui est incorrect, toute proche de nous, épilée des sourcils et des cheveux alors qu on sait très bien qu à cette époque seules les femmes de mauvaise vie s épilent et ensuite il la plante devant un paysage pré-humain affreux,
40 terrible. [ ] Je crois que ce tableau était trop innovateur, il impliquait à l époque un tel bouleversement des pratiques du portrait qu il ne pouvait pas être compris immédiatement. Histoires de peintures, Daniel Arasse.