Etude d évaluation d une méthode de nettoyage et de désinfection à sec



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Transcription:

Etude d évaluation d une méthode de nettoyage et de désinfection à sec des bâtiments de poules pondeuses en cages 1. Introduction La réglementation française impose une décontamination complète, ainsi que la validation de cette décontamination, des bâtiments de poules pondeuses contaminés par Salmonella Enteritidis ou Salmonella Typhimurium [1]. En dehors de ce contexte, la charte sanitaire prévoit la mise en place d opérations de nettoyage, de désinfection et de vide sanitaire entre deux bandes de pondeuses reposant sur un protocole écrit [2]. L enregistrement des opérations réalisées est obligatoire mais la charte sanitaire n impose pas le type de décontamination à effectuer. Un recensement des pratiques de N/D hors contamination salmonellique des poulaillers de pondeuses d œufs de consommation en France réalisé au cours du 2 e semestre 2004 conjointement par le CNPO et l UGPVB 1 a montré qu entre deux bandes de poules, les bâtiments en cages étaient fréquemment dépoussiérés, mais non lavés, avant la désinfection. Cependant, il n existe pas d étude de référence évaluant l efficacité de cette méthode. La DGAL 2, le CNPO 3 et les professionnels de la filière œuf de consommation ont donc conjointement demandé à l AFSSA d évaluer un protocole type de N/D à sec pour les poulaillers en cages. L objectif de l étude était de décrire la mise en œuvre et d évaluer l efficacité de ce protocole en routine, dans une situation d élevage sans problème sanitaire particulier. 2. Matériel et Méthode 2.1. Protocole à évaluer Le protocole de décontamination à évaluer a été rédigé par les représentants de la filière œuf (CNPO, UGPVB, vétérinaires sanitaires) en collaboration avec l AFSSA et la DGAl. Il prévoit un nettoyage à sec du poulailler suivi d au moins une désinfection par pulvérisation, deux étant fortement recommandées. Les circuits à dépoussiérer sont listés ainsi que les méthodes utilisables : soufflage, raclage et balayage, selon les zones. Des indications sont fournies quant à l organisation pratique des opérations et le respect du principe de «marche en avant». Les locaux annexes (salle de 1 Union des Groupements de Producteurs de Viande de Bretagne 2 Direction Générale de l Alimentation 3 Comité National pour la Promotion de l œuf RÉSUMÉ L objectif de l étude était de décrire la mise en œuvre et d évaluer l efficacité d un protocole de nettoyage et désinfection (N/D) à sec des bâtiments de poules pondeuses en cages, proche de celui utilisé en routine dans de nombreux élevages français. Le protocole «type» proposé à l évaluation par les professionnels de la filière œuf comprenait un nettoyage à sec suivi d au moins une désinfection par pulvérisation. L évaluation a reposé sur le suivi longitudinal de la mise en œuvre du protocole dans 15 chantiers de N/D sur 12 exploitations du Grand-Ouest entre octobre 2006 et avril 2007. L efficacité du N/D a été évaluée avec deux méthodes complémentaires : une inspection visuelle pour noter la qualité du nettoyage et des prélèvements bactériologiques pour le dénombrement des streptocoques fécaux. Les résultats de ces deux évaluations ont mis en évidence des lacunes dans l application et l efficacité du protocole au niveau des tapis et convoyeurs à fientes et du sol du poulailler. Ces points critiques devraient donc faire l objet de procédures renforcées de N/D. Le nettoyage à sec avec ce protocole n ayant pas permis une baisse de la contamination fécale dans tous les élevages, son renforcement par une double désinfection systématique serait à privilégier pour améliorer l efficacité des opérations de N/D. La 1ère désinfection par pulvérisation doit être confiée de préférence à un professionnel, les paramètres d application étant difficiles à maîtriser pour les éleveurs. Adeline HUNEAU-SALAÜN, François ECOBICHON, Isabelle PETETIN, Virginie MICHEL, Sophie LE BOUQUIN AFSSA Site de Ploufragan BP 53 22440 PLOUFRAGAN Contact : a.huneau@afssa.fr TeMA nº 5 - janvier/février/mars 2008 [ 11 ]

conditionnement des œufs, stockage, sas sanitaire) doivent être lavés avant désinfection et les silos, canalisations d eau et abords du bâtiment faire l objet de mesures de décontamination adaptées. Le document présentant le protocole comprend également un tableau d enregistrement chronologique des interventions, à remplir par l éleveur. 2.2. Principe de l évaluation L étude d évaluation du protocole a reposé sur un suivi longitudinal de chantiers de N/D nécessitant 4 à 5 visites par élevage (Figure 1). Ce suivi comprenait une description de la mise en œuvre du protocole par les éleveurs au moyen d un questionnaire et une évaluation de l efficacité des opérations Figure 1 Déroulement des visites de suivi de chantier de décontamination Avant départ des poules Avant dépoussiérage Après dépoussiérage Après 1ère désinfection Après 2ème désinfection de N/D. Le recrutement des élevages a été réalisé par l intermédiaire des groupements de producteurs d œufs associés au projet via le CNPO et l UGPVB. Au sein des groupements intéressés, les poulaillers de pondeuses en cages ont été sélectionnés, sur la base du volontariat des éleveurs, en fonction de trois critères : localisation géographique : le suivi longitudinal imposant des visites régulières, le recrutement a été limité au Grand-Ouest de la France, période de vide technique : les élevages ont été recrutés au sein de chaque groupement parmi ceux ayant un vide technique planifié durant la période d étude entre octobre 2006 et mars 2007. Quatre chantiers de décontamination pouvaient être suivis simultanément au maximum, 5) 4ème série prélèvements, questionnaire sur la décontamination pratique des éleveurs : les éleveurs devaient pratiquer en routine un protocole de décontamination proche de celui à tester (nettoyage à sec suivi d une ou deux désinfections). 4) 3ème série prélèvements, questionnaire sur la décontamination 2.3. Méthodes d évaluation de l efficacité 1) Pré-visite et questionnaire général sur le poulailler AERATION Admission Extraction Gaines de circulation ALIMENTATION Colonne d alimentation Chariots d alimentation Mangeoires CAGES Fonds Parois Gardes à œufs Gouttières de récupération d eau COLLECTE ŒUFS Bandes à œufs Appareils descendeurs ou lift Récupérateurs d œufs cassés Convoyeur collectif COLLECTE FIENTES Gaines de pré-séchage ou palettes Tapis ou déflecteurs Fosses ou convoyeur transversal SALLE D ELEVAGE Plafond Murs et portes Encoignures et rebords Sol Moteurs TOTAL 2) 1ère série prélèvements bactériologiques [ 12 ] TeMA nº 5 - janvier/février/mars 2008 3) Notation visuelle, 2ème série prélèvements, questionnaire sur la décontamination 2.3.1. Notation visuelle de la qualité du nettoyage Dans les poulaillers étudiés, la qualité du nettoyage à sec a été évaluée au moyen d une grille de notation visuelle de la propreté (Tableau 1). Le Tableau 1 Grille de notation visuelle de la qualité du nettoyage à sec. Points a contrôler Indicateurs de qualité du nettoyage à sec Q1* Q2 Q3 Q4 Bilan Absence de poussières Absence de résidus d aliments et de souillures Absence souillures, plumes, résidus œufs Absence souillures, poussières, résidus œufs Absence souillures (restes fientes) Absence souillures et poussières * Quartier

poulailler est divisé en quartiers pour la notation, les points à contrôler étant vérifiés dans chaque partie. Pour chaque circuit contrôlé, une note a été attribuée allant de 0 (nettoyage médiocre) à 2 (nettoyage satisfaisant) en fonction de critères définis par installation. Les notes sont ensuite additionnées et une note globale sous forme d un pourcentage est calculée : un score de 100 % correspond à l obtention de la note 2 pour tous les points contrôlés. La notation a été limitée aux surfaces faisant l objet du nettoyage à sec. La grille de notation a été complétée par deux enquêteurs différents au cours de l étude, une harmonisation des notations ayant été réalisée sur les 3 premiers poulaillers visités. 2.3.2. Suivi bactériologique Les streptocoques fécaux, bactéries naturellement présentes dans le tube digestif des volailles et résistantes dans le milieu extérieur, ont été retenus comme indicateur bactérien de l efficacité du N/D [3]. Des prélèvements par Boîtes de Contact (BC) ont donc été réalisés pour dénombrer ces bactéries aux différentes étapes du chantier, selon un plan de prélèvement présenté au tableau 2. Pour chaque surface étudiée, quatre répétitions ont été effectuées afin d augmenter la précision des dénombrements [3]. Les prélèvements n ont été faits que sur les installations nettoyées à sec. Les BC contenaient un milieu de type m-enteroccocus agar additionné d un neutralisant de désinfectant (AES, Combourg, France). Cinq heures maximum après prélèvement, elles ont été mises en incubation à 37 C pendant 48 heures. Tableau 2 Plan des prélèvements bactériologiques par boîtes de contact. Circuit Lieu Nombre Descriptif Aération admission air 4 jupes, trappes d'admission circulation / extraction 4 gaines, protections ventilateurs Alimentation trémie ou chariots 4 mangeoires 4 intérieur des mangeoires linéaires Cages parois latérales 4 Oeufs bandes à oeufs 4 table de tri des oeufs, ascenseurs 4 Fientes déflecteurs ou gaine de pré-séchage 4 adapter les prélèvements racleurs ou tapis à fientes 4 selon les installations parois fosses ou tapis de transfert 4 Bâtiment murs 4 sol ou portes 4 application sur parties capots de protection, armoires 4 pleines du sol TOTAL 52 3. Résultats et discussion 3.1. Description des bâtiments suivis Quinze bâtiments de pondeuses en cages, situés sur 12 exploitations, ont été enquêtés entre octobre 2006 et avril 2007. Trois régions du Grand- Ouest (Bretagne, Pays de la Loire et Basse-Normandie) ainsi que 9 groupements de production étaient représentés dans cet échantillon (Tableau 3). Sur les 12 exploitations étudiées, 3 étaient spécialisées dans la production d œufs alors que les autres avaient une ou plusieurs autres productions animales. Quatre des 6 fermes comptant plusieurs bâtiments de pondeuses étaient conduites en bande unique. Tableau 3 Caractéristiques des exploitations et des bâtiments suivis. EXPLOITATION DESCRIPTIF BATIMENT SUIVI N Dép. a Nb b. bâtiments Année Nb. Ventilation ponte poules 1 85 2 2003 68 000 Dynamique Extraction Latérale 2 1988 48 000 Dynamique Extraction Latérale 22 2 3 1992 34 500 Dynamique Extraction Haute 4 56 1 1995 58 000 Dynamique Extraction Latérale 5 56 1 2002 60 000 Dynamique Extraction Latérale 6 35 1 1998 50 000 Statique lanterneau 7 56 2 1996 63 000 Dynamique Extraction Latérale 8 22 1 1981 16 300 Statique lanterneau 9 1981 28 500 Dynamique Extraction Pignon 22 3 10 1996 36 000 Dynamique Extraction Latérale 11 56 1 1978 33 000 Dynamique Extraction Latérale 12 1981 19 300 Dynamique Extraction Haute et Pignon 50 2 13 2002 81 000 Dynamique Extraction Latérale et Pignon 14 35 3 1987 29 800 Dynamique Extraction Haute et Pignon 15 14 1 1982 26 500 Dynamique Extraction Haute a Département, b Nombre Les bâtiments suivis présentaient une grande variabilité tant au niveau de leur capacité que de leur âge et de leur conception (Tableau 4). De même, différents modèles de cages ont été étudiés, 2 bâtiments étant équipés de cages aménagées aux normes 2012. Ces cages se caractérisaient par des tailles de groupes de poules supérieures aux autres : 24 et 60 poules par cage contre 4 à 12 en cages conventionnelles. Tableau 4 Caractéristiques des exploitations et des bâtiments suivis. DESCRIPTIF DE L EQUIPEMENT N Année Nombre Nombre Cages Poules / Pré-séchage Collecte batteries étages aménagées cage fientes 1 2003 6 6 Non 6 Non tapis 2 1988 5 4 Non 4 Non fosse 3 1992 5 4 Non 4 Gaine tapis 4 2003 5 8 Non 9 Non tapis 5 2002 5 6 Non 6 Non tapis 6 1998 5 5 Non 6 Gaine tapis 7 2005 5 11 Oui 60 Gaine tapis 8 1981 5 3 Non 4 Non tapis 9 2003 4 4 / 5 Non 12 Gaine tapis 10 1996 5 5 Non 9 Gaine tapis 11 1998 6 4 / 5 Non 9 Non tapis 12 1981 6 3 Non 4 Non tapis 13 2002 7 6 Non 6 Non tapis 14 2003 5 3 / 4 Oui 24 Gaine tapis 15 1982/2000 6 4 Non 4 Non tapis 3.2. Mise en œuvre du protocole à évaluer Le vide technique (absence d animaux) pour les poulaillers suivis a duré en moyenne 20 jours. La décontamination a représenté en moyenne 134 heures de travail, soit 35 heures par tranche de 10000 pondeuses. Le travail a été TeMA nº 5 - janvier/février/mars 2008 [ 13 ]

Figure 2 Répartition du temps de travail par intervention. décontamination des locaux annexes (7 h -5%) désinfection(s) du bâtiment (4 h -3%) décontamination des abords (2 h -1%) concentré durant la semaine suivant l enlèvement des poules, ce pic d activité correspondant au dépoussiérage du poulailler : 28 heures en moyenne pour 10000 pondeuses (Figure 2). Cette opération a été confiée à une entreprise spécialisée dans 5 poulaillers ou à une équipe d intervention en aviculture dans 2 bâtiments, les autres éleveurs ayant réalisé ce travail avec le personnel de l exploitation (Tableau 5). Le dépoussiérage s est déroulé de la même façon dans tous les poulaillers : nettoyage de haut en bas en progressant de l entrée vers le fond du bâtiment, en suivant le sens de circulation de l air. Les poussières retombées au sol ont été soufflées ou balayées en direction des bouts de batteries où elles ont été évacuées avec les fientes. Le soufflage avec un compresseur a été la principale méthode utilisée, notamment au niveau des cages, alors que le raclage a été réservé à des surfaces plus réduites présentant des résidus collants, comme les bouts de batteries. L aspiration n a été employée que dans 3 élevages, pour quelques zones particulières : têtes et dessus des batteries, chariots d alimentation et mangeoires. Tableau 5 Description de la mise en œuvre du nettoyage à sec. N Méthode Personnel Nombre Durée / 10000 personnes poules (heures) 1 Soufflage, balayage, raclage Extérieur 5 35 2 Soufflage, balayage Extérieur 6 50 3 Soufflage, balayage Extérieur 4 26 4 Soufflage, balayage Exploitation 1 10 5 Soufflage, balayage, raclage Extérieur 2 11 6 Soufflage, balayage, raclage Exploitation 3 19 7 Soufflage, balayage, raclage, aspiration Extérieur 5 38 8 Balayage, raclage, aspiration Exploitation 3 44 9 Soufflage, balayage, raclage Exploitation 3 21 10 Soufflage, balayage, raclage Exploitation 3 20 11 Soufflage, balayage, raclage Extérieur 3 44 12 Soufflage, balayage, raclage Exploitation 3 39 13 Soufflage, balayage, raclage Exploitation 2 10 14 Soufflage, balayage, raclage, aspiration Exploitation 2 16 15 Soufflage, balayage, raclage Extérieur 4 36 [ 14 ] TeMA nº 5 - janvier/février/mars 2008 préparation du chantier (9 h - 7%) nettoyage à sec du bâtiment (112 h - 84%) Tableau 6 Description de la mise en œuvre des désinfections. N 1 re DESINFECTION 2 e DESINFECTION Durée Méthode Produit Personnel Méthode Produit Personnel V.S a 1 Thermo. b Aldéhyde(s) Entreprise Non pratiquée 5 j c 2 Thermo. Aldéhyde(s) Entreprise Non pratiquée 3 j 3 Pulvérisation Aldéhyde(s) Entreprise Thermo. Aldéhyde(s) Entreprise 4 j 4 Thermo. Aldéhyde(s) Entreprise Non pratiquée 3 j 5 Pulvérisation Aldéhyde(s) Entreprise Thermo. Aldéhyde(s) Entreprise 10 j 6 Thermo. Aldéhyde(s) Entreprise Non pratiquée 6 j 7 Pulvérisation Aldéhyde(s) Entreprise Thermo. Aldéhyde(s) Entreprise 12 j 8 Pulvérisation Aldéhyde(s) Eleveur Non pratiquée 14 j 9 Pulvérisation Aldéhyde Entreprise Non pratiquée 3 j 10 Pulvérisation Aldéhyde Entreprise Non pratiquée 4 j 11 Thermo. Aldéhyde(s) Entreprise Non pratiquée 6 j 12 Pulvérisation Aldéhyde Entreprise Thermo. Aldéhyde(s) Entreprise 14 j 13 Pulvérisation Acides Entreprise Thermo. Aldéhyde(s) Entreprise 13 j 14 Pulvérisation Aldéhyde(s) Eleveur Thermo. Aldéhyde(s) Entreprise 16 j 15 Pulvérisation Aldéhydes Eleveur Thermo. Aldéhydes Entreprise 6 j a Durée du Vide Sanitaire : Nombre de jours entre la 1 re désinfection et l entrée de la nouvelle bande b Thermo. : thermonébulisation c Amm. IV : ammoniums quaternaires En désinfection de routine, seuls 2 des éleveurs effectuent systématiquement une double désinfection du bâtiment. De ce fait, même pour les besoins de l étude, la double désinfection du poulailler n a pas toujours été pratiquée : 3 éleveurs ont préféré une seule désinfection par pulvérisation et 5 par thermonébulisation (Tableau 6). Les durées courtes de vide technique ont effectivement laissées parfois peu de temps pour réaliser deux désinfections. Il semble également exister chez certains éleveurs une réticence à l égard de l utilisation de la pulvérisation, par crainte d un mauvais séchage du poulailler. Seulement 7 bâtiments ont donc été désinfectés deux fois, d abord par pulvérisation puis par thermonébulisation, ce qui correspondait à l objectif souhaité dans le protocole à tester. L enregistrement chronologique des opérations de N/D dans la grille commémorative prévue dans le protocole a été correctement effectué par les éleveurs mais le relevé des doses de désinfectants utilisées a été fréquemment incomplet. Bien que le protocole à évaluer prévoit un N/D complet du site de ponte, les abords du poulailler et les silos ont souvent été oubliés dans les chantiers suivis, l essentiel des opérations se concentrant sur la salle d élevage. La conduite en bande multiple a empêché un traitement exhaustif du site de ponte dans les 2 exploitations qui la pratiquaient : les locaux annexes, communs à d autres poulaillers encore en production au moment du chantier, n ont pas été décontaminés dans ces élevages.

3.3. Efficacité de la désinfection 3.3.1. Notation visuelle de la qualité du nettoyage Sur les 15 poulaillers, la note globale de propreté par circuit a atteint 57 %, seul le circuit des fientes présentant une note moyenne inférieure aux autres (47 %) (Tableau 7). Cette faible note a été justifiée dans la plupart des élevages par des restes de fientes collés sur les tapis et surtout sur le convoyeur à fientes. Les tapis ont généralement été mis à tourner au moment du départ des animaux pour évacuer les fientes mais ils n ont été grattés pour enlever les résidus adhérents que dans un seul élevage. Tableau 7 Résultats de la notation visuelle de la qualité du nettoyage à sec (n = 15 élevages). Circuit Points vérifiés Note Problèmes rencontrés moyenne Aération Admission, extraction, 56 % Poussières sur gaine circulation installations hautes Alimentation Vis, Résidus collés à l intérieur chariot alimentation, 56 % des mangeoires, intérieur mangeoires descentes non dépoussiéré Cages Fonds, parois, Poules mortes, amas de gardes à œufs, 59 % fientes, poussières, eau gouttières stagnante dans gouttières Oeufs Bandes à œufs, collecteurs 57 % œufs, traces d œufs, poussières Fientes Gaines pré-séchage, tapis, 47 % Amas fientes, plumes, déflecteurs, convoyeurs intérieurs tapis non soufflés Intérieur Plafond, murs et portes, 61 % Poussières et plumes sol, moteurs sous batteries NOTE MOYENNE 57 % Au niveau du circuit d aération, les points les moins bien dépoussiérés correspondaient aux installations en hauteur : cheminées d extraction, extracteurs surélevés en pignon ou lanterneau. Les difficultés d accès à ces zones en l absence de matériel d élévation ont rendu leur dépoussiérage impossible dans 3 poulaillers. La salle d élevage a bien été dépoussiérée et balayée mais dans 6 poulaillers, des amas importants de poussières ont été observés sous les batteries. Les planchers en bois qui surplombent le convoyeur à fientes au bout des couloirs sont demeurés fréquemment sales. L intérieur des colonnes de descente d aliment ou des chariots d alimentation n a été soufflé que dans 2 élevages, permettant l élimination des amas d aliment fréquemment coincés dans les colonnes. La qualité du nettoyage des mangeoires a été meilleure lorsqu elles ont été grattées (3 élevages) plutôt que simplement soufflées. Les mangeoires équipées d une chaîne plate ont été plus difficiles à vider et dépoussiérer que celles remplies par des chariots car des résidus d aliment restaient piégés sous les chaînes ; la note 100% 80% 60% % BC 40% 20% 0% 13 % 18 % 9 % 1 % moyenne de nettoyage des mangeoires était ainsi de 44 % pour le système de distribution par chaîne contre 60 % avec chariot. La notation de la qualité du dépoussiérage a ainsi fait apparaître dans de nombreux élevages des lacunes dans la mise en œuvre du nettoyage à sec particulièrement pour les zones difficiles d accès. Le démontage de certains éléments amovibles, tels que les plaques de protection des tapis à fientes, lors de la préparation du chantier faciliterait le nettoyage en augmentant l accessibilité aux surfaces à traiter [4]. 3.3.2. Suivi bactériologique La figure 3 présente les résultats des dénombrements des streptocoques fécaux par BC réalisés aux différentes étapes du N/D. Les résultats sont exprimés en Unités Formant Colonies (UFC) par BC ; au-delà de 200 UFC par BC, les colonies ne sont plus comptées et la boîte est considérée comme envahie. Avant dépoussiérage, 59 % des BC comptaient plus de 100 UFC (figure 3). Les zones les plus contaminées correspondaient au sol de la salle d élevage et au circuit à fientes. Le niveau de contamination fécale après nettoyage à sec a peu évolué par rapport au début du chantier : 53 % des BC présentaient toujours plus de 100 UFC et la répartition globale des prélèvements par classes de contamination avait peu changé. Une baisse significative de la contamination n a ainsi été enregistrée que dans la moitié des bâtiments suivis. Les zones présentant les baisses de contamination les plus marquées étaient les circuits d aération, d alimentation et des œufs alors que les tapis à fientes et le sol sont demeurés fortement contaminés. Dans 6 poulaillers, le niveau global de contamination après nettoyage à sec n a pas diminué. Aucune différence importante, ni dans la méthode de dépoussiérage ni dans les moyens mis en œuvre dans ces élevages, n a été Figure 3 Répartition des BC par classes de contamination aux différentes étapes de la décontamination (n = 15 poulaillers). 37 % 22 % avant dépoussiérage (n=13)* 30 % 23 % 13 % 20 % 12 % 2 % 3 % 8 % 13 % 16 % 5 7 % 12 % 69 % 4 % 3 % après dépoussiérage après 1ère désinfection** après 2ème désinfection (n=7) Nb UFC/BC > 200 ]100;200 ]50;100] ]10;50] ]0;10] 0 * 2 poulaillers non visités avant dépoussiérage ** résultats après la 1 re désinfection cumulés pour les bâtiments désinfectés 1 fois (n=8) et 2 fois (n=7) TeMA nº 5 - janvier/février/mars 2008 [ 15 ]

mise en évidence par rapport aux poulaillers où la contamination a baissé. Cependant, dans 3 des bâtiments où la contamination n a pas évolué, certaines surfaces comme les mangeoires, les bandes à œufs ou les tapis et convoyeurs à fientes se sont avérées plus contaminées après dépoussiérage qu avant. Ces zones ont certainement été contaminées par le dépôt de poussières mises en suspension lors du soufflage. L aspiration permettrait de limiter ce risque mais il ne semble pas exister de matériel réellement adapté au nettoyage des poulaillers. Après la 1 re désinfection, 71 % des BC présentaient moins de 10 UFC, montrant une diminution significative du niveau global de contamination (Test de Kruskal et Wallis, p < 0.001) ; ce taux dépassait 80 % pour les circuits d aération, d alimentation et les murs. Dans les 7 élevages ayant pratiqué une 2 e désinfection, le niveau global de contamination a encore été significativement abaissé entre la 1 re et la 2 e intervention (p < 0.001) : 81 % des prélèvements présentaient moins de 10 UFC/BC après la 2 e désinfection pour l ensemble des circuits. Des niveaux élevés de contamination résiduelle ont néanmoins été observés sur les tapis et convoyeurs à fientes et sur le sol des poulaillers dans la majorité des élevages, montrant la nécessité de mettre en place des procédures renforcées de nettoyage et de désinfection de ces surfaces. Pour les tapis à fientes, la présence de souillures adhérentes justifierait un raclage mais l accessibilité de ces surfaces pour le nettoyage est problématique. Une désinfection rigoureuse par pulvérisation est donc à recommander en l absence de solution de nettoyage à sec réellement efficace ; la détermination de ses paramètres d application devrait faire l objet d une étude complémentaire. Pour le sol de la salle d élevage, une attention particulière doit être apportée au balayage terminal permettant l évacuation des poussières tombées durant le dépoussiérage. Ce balayage pourrait être complété par une désinfection spécifique par chaulage par exemple, qui a montré son efficacité sur les sols cimentés dans les poulaillers de volailles de chair [5]. Si dans tous les bâtiments suivis une diminution significative de la contamination fécale a été observée après désinfection(s), les élevages traités deux fois présentaient une contamination résiduelle significativement plus faible (p < 0.01) que ceux désinfectés une seule fois (Figure 4). De même, la désinfection par pulvérisation s est avérée [ 16 ] TeMA nº 5 - janvier/février/mars 2008 100% % BC % BC 80% 60% 40% 20% 0% significativement plus efficace (p < 0.001) que la thermonébulisation lors de la 1 re désinfection (Figure 5). Il faut souligner que dans 2 poulaillers traités par pulvérisation de formol, aucune contamination résiduelle n a été détectée mais il n est pas exclu que les résultats bactériologiques aient été faussés par des résidus de désinfectant. Cependant, même en écartant ces 2 bâtiments de l analyse statistique, la contamination résiduelle après la 1 re désinfection demeuraient significativement plus élevée (p < 0.001) dans les poulaillers traités par thermonébulisation par rapport à ceux ayant été désinfectés par pulvérisation. Il a effectivement été démontré que la désinfection par thermonébulisation était peu efficace sur les surfaces verticales ou peu accessibles alors que la pulvérisation permet une application directe du désinfectant sur ces zones [6]. De plus, les traitements par voie aérienne doivent être appliqués dans des bâtiments complètement étanches, ce qui n est pas le cas des poulaillers même lorsque les entrées et sorties d air sont fermées [7]. Cependant, la mise en œuvre de la pulvérisation semble difficile à maîtriser pour les éleveurs. En effet, des erreurs de calculs des surfaces développées des cages ont amené à une sous-estimation de la dose de désinfectant à Figure 4 Répartition des BC par classes de contamination en fonction du nombre de désinfections pratiquées. 100% 80% 60% 40% 20% 0% 6 % 4 % 13 % 19 % 53 % après 1ère désinfection terminale (n=8) 6 % 4 % 11 % 12 % 64 % 3 % 4 % 7 % 12 % 69 % après 2ème désinfection (n=7) 6 % 10 % 19 % 23 % 37 % 3 % Figure 5 Répartition des BC par classes de contamination en fonction de la méthode de désinfection utilisée pour la 1 re désinfection pulvérisation (n = 10) thermonébulisation (n = 5) Nb UFC/BC > 200 ]100;200] ]50;100] ]10;50] ]0;10] 0 Nb UFC/BC > 200 ]100;200] ]50;100] ]10;50] ]0;10] 0

utiliser. Une sensibilisation des éleveurs à la bonne utilisation des désinfectants et la création d un référentiel pour le calcul des surfaces développées des cages, surtout aménagées, permettrait de prévenir ces difficultés. Des écarts ont aussi été constatés dans les paramètres d application de la pulvérisation entre les entrepreneurs, qui ont utilisé une pression moyenne ou élevée alors, que les éleveurs travaillaient en basse pression. 3.4. Complémentarité des méthodes d évaluation Au cours de cette étude, 2 méthodes ont été utilisées pour évaluer l efficacité de la décontamination : la notation visuelle de la qualité du nettoyage et le dénombrement des streptocoques fécaux par BC. Aucune corrélation n a été mise en évidence entre les résultats de ces 2 méthodes (figure 6, coefficient de Spearman = - 0,19, p = 0,48). Cette discordance partielle entre les résultats de la notation visuelle et les dénombrements bactériens peut être liée à deux facteurs : les BC ne sont utilisables que sur des surfaces visuellement propres, la présence de souillures sur la gélose empêchant la lecture. De ce fait, pour chaque circuit contrôlé, les prélèvements ont été réalisés sur des zones correctement nettoyées alors que ces mêmes surfaces pouvaient être sales à d autres endroits du poulailler. la notation visuelle est un outil d évaluation qui demeure subjectif malgré la standardisation de la grille. Les 2 enquêteurs ont harmonisé leur notation sur les 3 premiers bâtiments suivis mais un effet de l intervenant sur l évaluation de la propreté est toujours possible. Aucune des 2 méthodes n est donc suffisante en elle-même pour obtenir une évaluation complète de l efficacité de la décontamination : elles doivent être utilisées ensemble. Au cours d un chantier, la notation visuelle est à réaliser dès la fin du nettoyage afin de mettre en évidence des zones demeurées sales, qui feront l objet d un dépoussiérage complémentaire avant la désinfection. L utilisation des BC après désinfection donne une mesure objective du niveau de contamination résiduelle mais n a de sens que dans un bâtiment propre : elle ne permet pas de rendre compte de la présence de souillures résiduelles. Elle pourrait amener à sur-évaluer la qualité % BC comptant moins de 10 UFC 100 80 60 40 20 Figure 6 Relation entre la note visuelle de la qualité du nettoyage et les résultats bactériologiques (n = 15 poulaillers) 0 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Note visuelle moyenne (%) de la décontamination si ces résultats sont interprétés sans référence à la notation visuelle. 4. Conclusions L objectif de cette étude était d évaluer l efficacité d un protocole de N/D des bâtiments de pondeuses en cages, basé sur un nettoyage à sec proche de celui pratiqué en routine dans de nombreux élevages français. Les résultats bactériologiques ont montré une diminution de la contamination fécale après désinfection dans tous les poulaillers suivis mais les résultats de propreté et de baisse de contamination après dépoussiérage ont été hétérogènes. Le dépoussiérage constitue une intervention préalable à la désinfection mais ne permet pas systématiquement une diminution de la charge bactérienne des surfaces traitées. Un renforcement du protocole proposé apparaît donc nécessaire à plusieurs niveaux : Une double désinfection du poulailler est fortement recommandée, avec une 1 re désinfection par pulvérisation. Cette intervention doit être confiée de préférence à un professionnel de l hygiène. Des procédures spécifiques pour le nettoyage et la désinfection des tapis et convoyeur à fientes et du sol du poulailler doivent être développées pour assurer une décontamination efficace de ces points critiques. Le site d élevage doit être traité dans sa globalité lors des opérations de décontamination, comme prévu dans le protocole. Cette pratique n est pas encore effective, la décontamination des silos et des abords étant souvent négligée par les éleveurs. De plus, la conduite en bandes multiples semble incompatible avec la décontamination totale d un site de ponte. Une sensibilisation des éleveurs à la bonne utilisation des produits désinfectants permettrait d éviter certaines erreurs observées. Enfin, le protocole de N/D à sec testé, même amélioré, doit être réservé à la décontamination de routine, en dehors de toute situation sanitaire problématique (positivité aux salmonelles, Bronchite Infectieuse, colibacillose ). Le document de présentation du protocole de N/D donné aux éleveurs dans l étude peut servir de base, après intégration des recommandations émises précédemment, pour rédiger le protocole écrit exigé par la charte sanitaire dans chaque élevage. Néanmoins, il semble nécessaire que ce protocole soit adapté par l éleveur et son encadrement technique pour prendre en compte les spécificités du site à traiter. De même, l existence d un protocole écrit ne garantit pas son application complète lors du chantier de N/D, comme cela a parfois été constaté au cours de l étude. La grille commémorative testée dans l étude pourrait être reprise pour formaliser la fiche d enregistrement des opérations de N/D prévue dans la charte sanitaire. TeMA nº 5 - janvier/février/mars 2008 [ 17 ]

Cette étude apporte de premiers éléments objectifs permettant l évaluation de l efficacité du protocole de N/D à sec proposé par les professionnels de la filière œuf. Cependant, l évolution de l équipement des élevages vers les cages aménagées rend nécessaire des travaux complémentaires pour répondre à la problématique du N/D de ces nouvelles installations, qui n a pu être abordée spécifiquement dans ce travail. Références bibliographiques 1 - Arrêté du 15 mars 2007 relatif à la lutte contre les infections à Salmonella Enteritidis, Salmonella Hadar, Salmonella Infantis, Salmonella Typhimurium ou Salmonella Virchow dans les troupeaux de l espèce Gallus gallus en filière ponte d œufs de consommation et fixant les modalités de déclaration des salmonelloses aviaires, visées à l article D. 223-1 du code rural, dans ces mêmes troupeaux. Journal Officiel, N 80, texte n 17 du 4 avril 2007. 2 - Arrêté du 15 mars 2007 relatif aux modalités de la participation financière de l Etat à la lutte contre les infections à Salmonella Enteritidis, Salmonella Hadar, Salmonella Infantis, Salmonella Typhimurium ou Salmonella Virchow dans les troupeaux de l espèce Gallus gallus en filière ponte d œufs de consommation. Journal Officiel, N 80, texte n 16 du 4 avril 2007. 3 - DROUIN P., TOUX J-Y., L HOSPITALIER R., 1985. Méthode bactériologique pour apprécier la désinfection des poulaillers. Bulletin d Information de la Station Expérimentale d Aviculture de Ploufragan, 25 : 176 178. 4 - FOURNIER G., DROUIN P., TOUX J-Y., 2000. La conduite de la décontamination des poulaillers de pondeuses en cages vis-à-vis de Salmonella. Sciences et Techniques Avicoles, Hors-Série, septembre 2000. 5 - VALANCONY H., HUMBERT F., DROUIN P., BALAINE L., LALANDE F., 2001. Influence du type de sol sur les performances des poulets, la gestion de l ambiance et l aptitude à la décontamination du poulailler. In Quatrième Journées de la Recherche Avicole, Nantes, 27-29 mars 2001, p 37-40. 6 - DAVIES R.H., BRESLIN M., 2003. Investigation of Salmonella contamination and disinfection in farm egg-packing plants. Journal of Applied Microbiology : 191-196. 7 - LINTON A.H., HUGO W.B., RUSSEL A.D., 1987. Pratical aspects of disinfection and infection control. In Disinfection in veterinary and farm animal practice, Ed. Blackwell Scientific Publications, London, pp 144-168. Remerciements Ces travaux ont été réalisés grâce au financement de la Direction Générale de l Alimentation du Ministère de l Agriculture et de la Pêche, de l Office National Interprofessionnel de l Elevage dans le cadre de l aide au développement technologique, du Comité National pour la Promotion de l œuf et du Conseil Régional de Bretagne et du Ministère de l Agriculture au titre du Programme des Interventions Territoriales (PITE Eau - Agriculture en Bretagne), en partenariat avec l Union des Groupements de Producteurs de Viande de Bretagne. Les auteurs remercient la Section œuf de l UGPVB pour son aide dans le recrutement des élevages ainsi que les groupements de production et les éleveurs qui ont accepté de participer à cette étude. Ils remercient également le Laboratoire d Etudes et de Recherches sur les Médicaments Vétérinaires et les Désinfectants de l AFSSA de Fougères pour son soutien logistique. [ 18 ] TeMA nº 5 - janvier/février/mars 2008