Quelques éléments de réponse aux questions du cas 4.

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Transcription:

Quelques éléments de réponse aux questions du cas 4. Documents 1 & 2 (+ chapitres de référence) La définition selon laquelle «une entreprise est un lieu des contrats implicites entre des acteurs rationnels mais aux intérêts différents» vous paraît elle appropriée? Le contrat de travail n explicite pas tout L entreprise n est clairement pas un ensemble d individus ayant les mêmes aspirations (l entreprise n est pas une équipe). Chaque individu à ses propres motivations qui posent des problèmes de sélection adverse (sélection des employés) et d aléa moral (incitation des employés). L hypothèse de rationalité est certainement éloignée de la réalité. Mais toute approche théorique est basée sur des hypothèses qui doivent simplifier le réel tout en restant pertinente

Documents 1 & 2 (+ chapitres de référence) Expliquer pourquoi les asymétries d information peuvent conduire à la fermeture des marchés. Ce problème vous paraît-il crédible? Des solutions adéquates simples sont-elles toujours implémentées? Voir l exemple des voitures d occasion Akerlof 1970 (Slides suivants) Pour certains produits pour lesquels la qualité est invérifiable, cela paraît crédible Ex: Achat de médicament sur internet en provenance de l étranger?

Les problèmes d information George A. Akerlof : The Market for «Lemons»: Quality Uncertainty and the Market Mechanism (QJE, 1970) Thèmes de recherche initiaux : macroéconomie et business cycles Contexte : A l époque, un déterminant majeur des business cycles était la fluctuation des ventes de voitures neuves Sa question : pourquoi tant de variation des ventes de voitures neuves? Pourquoi les agents achètent des voitures neuves plutôt que des voitures d occasion? Son intuition : l asymétrie d information des parties au contrat joue un rôle clé Prix Nobel en 2001. Trente ans avant, son article est rejeté des trois meilleures revues académiques en économie

La théorie de l agence On conserve exactement les mêmes hypothèses que le modèle néoclassique sauf une : La symétrie de l information Les modèles d agence considèrent le plus souvent deux agents : L agent : partie qui détient de l information privée sur son type ou sur le bien ou le service qu il propose à l échange (employé, vendeur ) Le principal : partie qui ne détient pas l information sur l agent ou les caractéristiques du bien ou du service qu il propose à l échange (employeur, acheteur )

La théorie de l agence Deux types de problèmes : Ex ante, avant la signature du contrat : problèmes de sélection adverse ou d antisélection Ex post, après la signature du contrat : problèmes d aléa moral ou de risque moral

La théorie de l agence La sélection adverse : Problème d information qui survient lorsqu il y a «inobservabilité d une caractéristique inaltérable du bien échangé» (Cahuc, 1998) Le prix n est plus un parfait signal du bien échangé : plusieurs qualités pour un même prix Exemple : Akerlof (1970), The Market for Lemons Conséquence possibles, à défaut de solutions : Eviction des produits / services de bonne qualité du marché Fermeture du marché

EXEMPLE Marché des véhicules d'occasion Asymétrie d'information entre les parties au contrat sur la qualité du bien échangé Le «modèle» : 2 qualités possibles : bonne ou mauvaise Autant de mauvaises voitures que de bonnes sur le marché (50/50) Prix unique (P) sur le marché (les vendeurs n'ont pas les moyens de signaler la qualité du bien échangé) Les bonnes voitures sont valorisées par les agents 3000 Les mauvaises voitures sont valorisées par les agents 1500 George A. Akerlof : The Market for «Lemons» : Quality Uncertainty and the Market Mechanism (Quarterly Journal of Economics, 1970)

Espérance d utilité si l acheteur décide au hasard : 0,5*1500 + 0,5*3000 = 2250 A ce prix, les acheteurs savent que les vendeurs de véhicules de bonne qualité font des pertes. Les acheteurs refusent de payer 2250 pour des véhicules de mauvaise qualité. Le prix se fixe à 1500 et seuls les véhicules de mauvaise qualité sont vendues. George A. Akerlof : The Market for «Lemons» : Quality Uncertainty and the Market Mechanism (Quarterly Journal of Economics, 1970)

Résultat : Phénomène d anti-séléction qui conduit à l éviction des véhicules de bonne qualité. On montre même que s il existe des véhicules dangereux sur le marché (espérance d utilité inférieure à 1500 ) absence de transaction fermeture du marché. George A. Akerlof : The Market for «Lemons» : Quality Uncertainty and the Market Mechanism (Quarterly Journal of Economics, 1970)

Des solutions contractuelles existent Garanties Des solutions institutionnelles existent Obligation de contrôle technique Possibles ou non selon la qualité de l environnement institutionnelle Corruption Efficacité et indépendance de la justice Cas des PED George A. Akerlof : The Market for «Lemons» : Quality Uncertainty and the Market Mechanism (Quarterly Journal of Economics, 1970)

Documents 1 & 2 (+ chapitres de référence) Trouvez des exemples (autres que ceux proposés par le document 1) où les motivations extrinsèques peuvent être importantes et négativement affectées par les incitations intrinsèques. Toutes les activités pour lesquelles les employés choisissent leur métier par vocation Professeur d Université à qui on proposerait de rémunérer l encadrement des mémoires, le suivi des étudiants, alors qu il pensait auapravant que cela était partie intégrante de sa mission

Documents 1 & 2 (+ chapitres de référence) En quoi la conjoncture économique peut-elle affecter l efficacite des rémunérations incitatives dans l entreprise? Baser la rémunération des agents sur des objectifs de performance peut s avérer problématique dès lors que, dans certaines périodes (crise, boom), l atteinte des objectifs n est plus corrélé aux efforts des agents. Comment motiver alors quelqu un qui est sûr de ne pas avoir ses primes en période de crise? Préciser les différences entre incitation monétaire et motivation au sein de l entreprise, et les formes qu elles peuvent prendre. Carrières, culture d entreprise, identification au groupe, identification à l objectif et aux valeurs de l entreprise peuvent compléter ou se substituer aux motivations purement monétaires. Des phénomènes de sélection adverse et d aléa moral peuvent voir le jour plus ou moins fréquemment selon les systèmes d incitations mis en place dans l entreprise

Texte 3 Présenter les arguments en faveur et en défaveur des entretiens individuels d évaluation (EIE). Vous préciserez comment les EIE cherchent à répondre à des problèmes d agence. Discuter les conclusions de la note. Vous mettrez notamment en évidence que les problèmes d agence et les solutions apportées par les EIE peuvent être reliés à l incomplétude des contrats de travail. Stress vs. capacité pour les employés à expliciter leurs résultats. Dès lors que des dimensions de l effort des agents ne sont pas observables et ne sont pas totalement corrélées aux résultats observés par leur hiérarchie (asymétrie d information et impossibilité de mettre en place des contrats complets), il est utile pour l employé de transmettre de l information (non observable) à son Principal. Ce moment d écoute peut être perçu, par l employé, comme une indication de l attention portée par la hiérarchie à ses employés. On remarque que l EIE n est pas aussi fréquent pour les fonctions techniques «basiques» que pour les fonctions d encadrement plus complexe à évaluer (Cadre vs. ouvriers). Ce n est pas un hasard. Les problèmes d agence ne se posent pas avec la même acuité selon les entreprises (centralisées vs. décentralisées), les secteurs et les fonctions occupées par les employés.