1. Le bilan et ses variations



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Transcription:

1. Le bilan et ses variations Comme la situation patrimoniale d une entreprise varie sans cesse, les comptables ont inventé une technique permettant, pour des raisons pratiques de simplicité et de maniabilité, de conserver en mémoire toutes les opérations qu elle a réalisées au cours d une année : les modifications des éléments du bilan sont enregistrées dans des rubriques appelées comptes. Il s ensuit toute une organisation qui fait l objet d une réglementation précise afin de passer d une part du bilan aux comptes et d autre part des comptes au bilan. I Le bilan Le bilan peut être défini comme la description, en valeur, de la situation d une entreprise à un moment donné. Obligation légale est faite à toute entreprise de dresser un bilan par an. Une entreprise est libre d en établir davantage si elle souhaite connaître régulièrement sa situation. Mais, il ne s agit alors que de bilans approximatifs car dresser un bilan requiert un travail considérable. Certaines professions sont légalement tenues de publier plus fréquemment leurs bilans, par exemple tous les mois dans le secteur bancaire. Les 12 mois qui séparent l établissement de deux bilans constituent l exercice comptable. Celui-ci ne correspond pas nécessairement à l année civile. Ainsi un commerce installé dans une station de sports d hiver aura plutôt tendance à fixer son exercice comptable du 1 er juin au 31 mai que du 1 er janvier au 31 décembre car son propriétaire aura autre chose à faire à la fin de l année civile que de clôturer ses comptes. En outre, dans certaines situations, la durée de l exercice comptable peut être exceptionnellement allongée ou raccourcie. Par exemple, une entreprise créée le 1 er octobre N aura un premier exercice de 15 mois, jusqu au 31 décembre N + 1. A L égalité nécessaire de l actif et du passif Le bilan se présente sous la forme d un tableau composé de deux colonnes : à gauche l actif, à droite le passif. La notion de bilan recouvre l idée de balance, d équilibre. L établissement d un bilan repose, en effet, sur l égalité entre l actif et le passif. Cette constatation de l équilibre n est valable qu à un moment donné car toutes les opérations réalisées par l entreprise au cours de l exercice comptable provoquent une évolution de cet équilibre, sans, toutefois, ne jamais le rompre.

16 Partie 1. La technique comptable 1) Définitions du passif et de l actif Un bilan peut être défini à partir d une approche juridique ou d une approche économique. a) L approche juridique Dans l approche juridique, on prend en compte, d un côté, la personnalité juridique des personnes physiques ou morales ayant fourni à l entreprise les moyens de financement nécessaires à son fonctionnement et, de l autre, les moyens dont elle est propriétaire et qui lui permettent d exercer son activité. En revanche, on exclut de la liste les éléments que l entreprise possède, mais qui ne lui appartiennent pas (biens en location ou en crédit-bail, emballages consignés, marchandises en dépôt) et qui se trouvent dans le bilan de leurs propriétaires. Le bilan d une entreprise est, ainsi, composé : au passif : sa situation nette (apports de son ou de ses propriétaire(s) augmentés des profits passés non distribués ou diminués des pertes qui lui ou leur reviennent) et les fonds apportés par des tiers et qui constituent pour elle des dettes ; à l actif : les montants des biens corporels et incorporels (c est-à-dire sans existence tangible), des droits, des créances, des disponibilités lui appartenant. b) L approche économique Dans l approche économique, on prend en considération les ressources et les emplois de l entreprise. Ainsi : le passif recense les ressources propres (apports et situation nette), les ressources empruntées (dettes) et les ressources générées (profits) ; l actif recense les emplois permanents (investissements), les emplois cycliques (stocks et créances), les emplois immédiats (disponibilités) et les emplois perdus (pertes). Quelle que soit l optique retenue, les notions de passif et d actif recouvrent la même réalité, mais envisagée et classée de deux manières différentes. 2) Sources de l égalité du passif et de l actif a) Les différentes explications de l équilibre L équilibre du passif et de l actif s explique : dans l optique juridique par le fait que tout financement a permis la constitution des moyens d activité ou par le fait que la constitution des moyens d activité n a pu se produire que grâce à un financement préalable ;

1. Le bilan et ses variations 17 dans l optique économique par le fait que les ressources ont donné naissance à des emplois ou par le fait que les emplois n ont pu être réalisés que grâce à des ressources préalablement constituées. On parvient ainsi, par des moyens différents, à tout un ensemble d égalités, selon le schéma suivant d un bilan présenté sous forme de «barres» : EMPLOIS RESSOURCES Approche économique Approche juridique Approche économique Approche juridique Biens corporels Emplois permanents Biens incorporels Capital Ressources propres ± Droits Situation nette Emplois cycliques Créances Emplois Immédiats Disponibilités Ressources empruntées Dettes b) L introduction des profi ts et des pertes La présentation précédente ne prend pas en compte les profits et les pertes, repris dans les ressources propres dans l approche économique ou dans la situation nette dans l approche juridique. Les profits sont, en effet, toujours inscrits au passif et les pertes devraient être inscrites à l actif. La définition du bilan et l optique économique corroborent un tel traitement : si les emplois (l actif) sont supérieurs (est supérieur) aux ressources (le passif), c est parce que l entreprise a généré un enrichissement : le passif devant être égal à l actif, il faut ajouter quelque chose au passif. Inversement, si les ressources (le passif) sont supérieures (est supérieur) aux emplois (l actif), c est parce que l entreprise a supporté un appauvrissement : l actif devant être égal à l actif, il faut ajouter quelque chose à l actif. Cependant, pour une question de présentation, les pertes sont, néanmoins, inscrites au passif, dans la situation nette, avec le signe moins. Un exemple permet de comprendre l équilibre actif passif. Une entreprise A présente le 30 décembre N la situation patrimoniale suivante : Ressources : le propriétaire a apporté 156 000, un établissement financier a prêté 40 000 et les fournisseurs ont accordé des crédits pour 30 000. Total des ressources : 226 000. Emplois : l entreprise est propriétaire d un immeuble évalué 123 000, de mobiliers pour 56 000, d un stock de marchandises pour 9 000, de créances sur ses clients pour 21 000, d un compte en banque pour 7 000. Total des emplois : 216 000. Les emplois étant inférieurs aux ressources de 10 000, l entreprise a réalisé une perte de 10 000. Son bilan se présente ainsi, chaque élément qui s y trouve étant appelé «poste» :

18 Partie 1. La technique comptable Bilan de l entreprise A au 30/12/N Actif = Emplois Passif = Ressources Immeuble 123 000 Capital 156 000 Mobiliers 56 000 Perte 10 000 Stock de marchandises 9 000 Établissement financier 40 000 Créances clients 21 000 Dettes fournisseurs 30 000 Compte en banque 7 000 216 000 216 000 Le bilan est, donc, la traduction, sous la forme d un tableau, d une situation économique exprimée arithmétiquement. B Principe de la comptabilité en partie double Chaque opération entraîne une modification des postes du bilan et conduit à la détermination d un nouvel équilibre. Mais, en aucun cas, elle ne provoque une rupture de cet équilibre. Cette conséquence s explique par la logique qui inspire la tenue de la comptabilité : toute opération doit être analysée, c est-à-dire décomposée, sous deux formes différentes exprimant une même réalité, une (ou plusieurs) ressource(s) et un (ou plusieurs) emplois de montants globalement égaux. Ainsi s explique le principe de la partie double. 1) L égalité ressources emplois pour chaque opération On a vu que le bilan se présente comme un ensemble de ressources ayant donné naissance à un ensemble correspondant et égal d emplois. L assimilation ressources passif et emplois actif ne s applique plus lorsque l on enregistre chaque opération, donc quand on modifie les postes du bilan. En effet, la (ou les) ressource(s) correspond(ent) alors à la (ou les) origine(s) du flux et le(s) emploi(s) à sa (ou ses) conséquence(s) : ce n est plus la nature des éléments eux-mêmes qui explique la définition en tant que ressource ou emploi, mais la nature de l opération sur laquelle portent ces éléments. Ainsi, tant la ressource que l emploi d un flux peuvent concerner un poste aussi bien du passif que de l actif. L essentiel est que l analyse comptable traduise toujours les égalités : ressources emplois pour chaque opération somme des ressources = somme des emplois pour toutes les opérations d un exercice De ce fait, comme l on part d un bilan équilibré et que toutes les opérations conduisent, elles aussi, à un équilibre, on arrive à un bilan équilibré.

1. Le bilan et ses variations 19 a) Exemples d une ressource et d un emploi Illustrons cette égalité par quatre opérations que l entreprise A peut réaliser au cours de la journée du 31 décembre N et qui illustrent les quatre cas possibles de mouvements concernant deux postes du bilan : 1. 2. 3. 4. L entreprise achète à crédit des marchandises pour 3 000. La ressource provient du crédit accordé par le fournisseur (le poste dettes fournisseurs du passif augmente de 3 000) ; l emploi fait de cette ressource est l achat de marchandises (le poste stock de marchandises de l actif augmente de 3 000). L entreprise règle un fournisseur par chèque bancaire pour 6 500. La ressource provient de l argent disponible sur le compte en banque (le poste compte en banque de l actif diminue de 6 500) ; l emploi fait de cette ressource est le règlement d un fournisseur (le poste dettes fournisseurs du passif diminue de 6 500). Pour payer un fournisseur à qui elle doit 20 000, l entreprise emprunte la somme à un établissement financier. La ressource provient des fonds versés par l établissement financier (le poste établissement financier du passif augmente de 20 000) ; l emploi fait de cette ressource est le paiement du fournisseur (le poste dettes fournisseurs du passif diminue de 20 000). Un client règle l entreprise par chèque bancaire pour 4 000. La ressource provient de la créance détenue sur le client (le poste créances clients de l actif diminue de 4 000) ; l emploi qui fait de cette ressource est l argent reçu et mis sur le compte en banque (le poste compte en banque de l actif augmente de 4 000). Tout flux monétaire qui passe dans l entreprise peut, et doit, être analysé de cette manière. Il est indifférent de commencer par rechercher la ressource ou l emploi : il faut faire ressortir en premier l aspect le plus évident. Il est possible de synthétiser les quatre cas précédents dans le tableau suivant : Nature du flux Influence sur le bilan Poste de l actif Poste du passif Ressource Diminution Augmentation Emploi Augmentation Diminution b) Exemple de plusieurs ressources et de plusieurs emplois Dans la réalité, l entreprise réalise des opérations plus complexes, mettant en œuvre plusieurs ressources et plusieurs emplois. Le cas n 5 en est un exemple :

20 Partie 1. La technique comptable 5. L entreprise achète à un même fournisseur des marchandises pour 8 000 et du mobilier pour 4 000, réglés 1 3 par chèque bancaire, 1 3 par endos d un effet de commerce (ce qui signifie que l entreprise qui était bénéficiaire d une lettre de change en a transmis la propriété à son fournisseur par une signature portée au dos de la lettre) et 1 3 par un prêt auprès de l établissement de crédit. L opération a été rendue possible grâce à trois ressources : l argent disponible sur le compte en banque (le poste compte en banque de l actif diminue de 4 000), la créance détenue sur le client (le poste créances client de l actif diminue de 4 000), les fonds versés par l établissement financier (le poste établissement financier du passif augmente de 4 000). Les emplois faits de ces ressources sont l achat de marchandises (le poste stock de marchandises de l actif augmente de 8 000) et l achat de mobilier (le poste mobilier de l actif augmente de 4 000). L égalité ressource = emplois est bien respecté pour 12 000. À la suite de chaque opération, un nouveau bilan peut être dressé. Ainsi, l opération n 1 a montré que les postes stock de marchandises et dettes fournisseurs ont augmenté chacun de 3 000 : Bilan de l entreprise A après l opération n 1 Actif = Emplois Passif = Ressources Immeuble 123 000 Capital 156 000 Mobiliers 56 000 Perte 10 000 Stock de marchandises 12 000 Établissement financier 40 000 Créances clients 21 000 Dettes fournisseurs 33 000 Compte en banque 7 000 219 000 219 000 On constate que le total de l actif et du passif a été modifié, mais que l équilibre a été conservé. En procédant de la même manière, il est possible de présenter les bilans découlant des quatre autres opérations, pour parvenir au «bilan final». 2) L égalité ressources emplois pour l ensemble des opérations a) L analyse des différents mouvements Les mouvements correspondant aux cinq exemples peuvent être synthétisés comme suit :

1. Le bilan et ses variations 21 À l actif : Opération Immeuble Mobilier Stock Clients Banque 1 + 3 000 2 6 500 3 4 4 000 + 4 000 5 + 4 000 + 8 000 4 000 4 000 TOTAL + 4 000 + 11 000 8 000 6 500 Au passif : Opération Capital Établissement financier Dettes fournisseurs 1 + 3 000 2 6 500 3 + 20 000 20 000 4 5 + 4 000 TOTAL + 24 000 23 500 b) La construction du nouveau bilan La traduction, chiffrée algébriquement, de l analyse économique équilibrée en ressources et emplois, se traduit par un mouvement net égal de l actif et du passif de + 500. En partant de la valeur de chacun des postes du bilan initial, on peut dresser le bilan final : Bilan de l entreprise A au 31/12/N Actif = Emplois Passif = Ressources Immeuble 123 000 Capital 156 000 Mobiliers 60 000 Perte 10 000 Stock de marchandises 20 000 Établissement financier 64 000 Créances clients 13 000 Dettes fournisseurs 6 500 Compte en banque 500 216 500 216 500 L inconvénient de cette présentation est sa lourdeur puisqu une entreprise réalise des milliers d opérations par jour. Elle devrait, donc, dresser des milliers de bilans par jour! Les comptables ont donc créé une mémoire : le compte.

22 Partie 1. La technique comptable II Les comptes et l organisation comptable A Le fonctionnement des comptes Le compte est une rubrique qui enregistre l évolution d un poste ou d un groupe de postes du bilan. Il prend en considération, lors de chaque opération, les mouvements qui ont frappé les éléments ou les groupes d éléments intéressés (et eux seuls). La définition précédente montre qu il existe, au minimum, autant de comptes que de postes constituant un bilan. Le cadre général des comptes est fourni par le Plan comptable, à l intérieur duquel des subdivisions sont possibles en fonction des degrés de finesse et de contrôle recherchés. Par exemple, les postes clients et fournisseurs peuvent être décomposés en autant de comptes que l entreprise a de clients et de fournisseurs. La structure des comptes permet de comprendre comment on applique la mécanique comptable. 1) La structure des comptes Le compte enregistre les mouvements en valeur des postes du bilan dans deux colonnes, le débit et le crédit. Ces deux termes n ont aucune signification. Il s agit d une convention créée et acceptée par les comptables. a) L enregistrement dans les comptes Trois approches substituables expliquent l enregistrement dans les comptes : l approche économique statique implique que les mouvements provoquant l augmentation d un emploi (poste d actif du bilan) sont enregistrés au débit du compte correspondant (enregistrement débiteur) et ceux provoquant une diminution au crédit (enregistrement créditeur). En revanche, les mouvements provoquant l augmentation d une ressource (poste de passif) sont enregistrés au crédit et ceux provoquant une diminution au débit ; l approche économique dynamique conduit à ce que toute ressource d une opération se traduit par une inscription au crédit du compte correspondant alors que tout emploi se traduit par une inscription au débit. Il en découle trois principes : toute opération économique s analysant en au moins une ressource et un emploi, au moins un compte est crédité et un compte est débité en contrepartie ; toute opération économique se caractérisant par une égalité emploi ressource, sa traduction comptable doit se caractériser par une égalité débit crédit ; l ensemble des opérations économiques d un exercice conduisant à l égalité somme des emplois somme des ressources, l ensemble des enregistrements comptables d un exercice doit conduire à l égalité somme des débits somme des crédits ;