LA POMME DE TERRE Famille : Solanacées Nom latin : Solanum tuberosium Nom malgache : Ovy 1. BUTS DE LA CULTURE On cultive la pomme de terre pour son tubercule qui entre dans l'alimentation de nombreuses populations, sous forme de purées, frites, compotes, salades, etc. De plus, la pomme de terre subit des transformations industrielles pour être vendue sous forme de chips, purée déshydratée, pour l'extraction de sa fécule ainsi que pour la fabrication d'alcool. Les tubercules, en particulier ceux de trop petite taille, sont donnés après émission aux animaux, surtout porcins. Ils sont distribués également sous forme d'ensilage. 2. BOTANIQUE 2.1. Origine : Hauts-Plateaux du Chili et de Bolivie 2.2. Description 2.2.1. Racines Elles sont nombreuses, fines et longues. Elles forment un chevelu abondant qui s'enfonce profondément dans le sol. 2.2.2. Tiges Elles sont de 2 sortes : Tiges aériennes : vertes qui proviennent du développement des yeux du tubercule-mère. Elles sont au nombre de 3 à 20 par pied. Elles ont une section irrégulière, souvent triangulaire et sont munies d'ailes. Elles portent des feuilles, des fleurs et des fruits. Tiges souterraines : ou rhizomes dont l'extrémité se renfle pour former les tubercules. 2.2.3. Tubercules Ce sont des portions des tiges souterraines. Ils comprennent un pôle basal, partie élargie légèrement déprimée où s'insère le rhizome, et un pôle apical sur lequel sont disposés les yeux. Ce pôle apical s'appelle la " couronne " et les yeux qui y sont disposés en spirale se trouvent pratiquement tous dans cette partie du tubercule. Ces yeux en se développant, donneront des germes puis des tiges aériennes. La forme des tubercules est très variée : allongée, ovale, ronde... La couleur de la peau varie également (blanche, jaune, rose, rouge... tandis que la couleur de la chair est soit blanche, soit jaune. Les tubercules renferment 15 à 18% de leur poids en amidon. 2.2.4. Feuilles Elles sont vertes, grandes, très découpées et disposées en spirale sur les tiges. Elles comprennent 3 à 7 pires de folioles et une foliole terminale. Toutes ces folioles sont portées par de petites ramifications qui s'insèrent sur le pétiole de la feuille. Au point d'insertion, il existe des folioles plus petites ou foliolules. Ces foliolules se trouvent, dans certains cas, insérées directement sur le pétiole Enfin, au point d'insertion du pétiole sur la tige, on trouve deux stipules. 2.2.5. Fleurs Elles sont terminales et groupées en cymes. Chaque fleur a 2 à 3 cm de large. 2.2.6. Fruits Ce sont des baies sphériques vertes qui jaunissent ou noircissent à maturité. 2.3. Phase végétative 2.3.1. Phase de germination Entre la récolte et la transformation des yeux en germes, il s'écoule une durée variable avec les variétés. Il s'agit d'une " dormance ". On compte 2 à 4 mois en moyenne. Cette phase dépend étroitement de la température (optimum : 20 à 25 C) et de la lumière qui doit exister afin d'obtenir des germes courts et trapus.
2.3.2. Phase de croissance Les germes se transforment en tiges aériennes. En même temps apparaissent les racines. Les tiges aériennes s'allongent et portent les feuilles. Cette levée se fait 2 à 3 semaines après la mise en terre des semenceaux. 2.3.3. Phase de tubérisation C'est l'apparition des tiges souterraines et formation des tubercules qui commencent à grossir. Cette phase débute 50 jours environ après l'entrée en germination du tubercule-mère. Elle dure jusqu'au 90è jour. 2.3.4. Phase de floraison et de fructification Dès que les tiges aériennes ont atteint leur hauteur définitive, les fleurs apparaissent et se transforment en fruits. 2.3.5. Phase de déclin des organes végétatifs La floraison terminée, tiges et feuilles commencent à jaunir et à se dessécher. Leurs substances de réserve migrent dans les tubercules qui terminent leur phase de grossissement. 2.3.6. Phase de repos végétatif Les tubercules ne grossissent plus et leur teneur en fécule est maximum. La phase de repos végétatif commence alors et durera jusqu'à la prochaine germination. La durée complète du cycle végétatif varie de 100 à 150 jours en moyenne. 3. ÉCOLOGIE 3.1. Besoins en chaleur Plante très rustique qui résiste aussi bien au froid (gèle à 2 C) qu'à la chaleur. L'excès de température ne gène la pomme de terre que si elle s'accompagne de sécheresse. La température optimum pour le cycle végétatif est de 15 à 25 C. 3.2. Besoins en eau La pomme de terre demande de l'eau à toutes les époques de sa végétation, surtout durant la phase de tubérisation. Il lui faut des pluies régulières, bien réparties, sans période de sécheresse. Le régime des pluies influence beaucoup sur le rendement et la qualité Ses besoins en eau sont de l'ordre de 500 à 600 mm. 3.3. Besoins en sols C'est une plante de pleine lumière qui influence directement à la formation de fécule 3.4. Besoins en sols C'est une plante exigeante qui demande des terres profondes, saines, riches et bien drainées, toujours fraîches. Elle pousse bien en terres sableuses, franches ou humifères. Elle préfère les terres à ph acide de 6 à 6,5. 3.5. Besoins en altitude A Madagascar, elle ne pousse bien qu'entre 800 et 1.500 m d'altitude. 4. VARIÉTÉS Garana : peau grise tachetée de blanc, chair blanche, cycle moyen 120-130 jours bonne conservation, bon rendement, s'adapte aux différents types de sols Pta : peau et chair blanches, cycle moyen assez bonne conservation, très bon rendement, tolérante aux sols acides, recommandée pour les régions de faible altitude (régions cotières). Kinga : peau et chair blanches, cycle court, bonne conservation, bon rendement, tolérante aux sols acides Atzimba : peau et chair blanches, cycle moyen, bonne conservation bon rendement, tolérante aux sols acides 5. TECHNIQUES CULTURALES 5.1. Préparation du sol La pomme de terre demande une terre ameublie en profondeur, une terre propre et une finition superficielle qui peut être relativement limitée en raison de la grande énergie germinative de cette plante, d'où la nécessité d'exécuter un sous-solage de 60 cm de profondeur, chaque passage de la sous-soleuse étant espacé de 90 cm.
5.1.1. Culture sur colline Le sol doit être ameubli en profondeur afin de permettre le développement des radicelles, le grossissement aussi régulier que possible des tubercules, l'exécution du buttage et l'accumulation des réserves d'eau. La terre doit être complètement sans mottes afin de faciliter les opérations d'arrachage ou de triage quelquefois. Généralement, le labour sera effectué 25 à 30 jours avant la plantation et le sol doit être complètement ressuyé, la pomme de terre ne supportant pas l'accumulation prolongée d'eau. Si le sol a été déjà cultivé en patate ou plantes sarclées, la préparation du sol est très facile : on passe le rayonneur pour tracer les sillons. 5.1.2. Culture de contre - saison Le sol doit être complètement ressuyé d'où la nécessité de drainer la rizière. Le labour doit être assez profond pour faciliter le grossissement des tubercules, l'exécution du buttage et la plantation ; on laisse reposer le sol. Le pulvérisage des mottes sera complété par un affinage du terrain. Si les mottes sont trop dures, il est souhaitable d'irriguer légèrement la parcelle 3 à 4 jours avant le pulvérisage. Ce phénomène a également pour but de maintenir l'humidité nécessaire à la plantation. L'opération suivante se fait : - Soit en traçant au rayonneur des sillons nécessaires à recevoir les semences de pomme de terre et en faisant un trou de faible profondeur (15 cm) pour recevoir les plants. - Soit en confectionnant des billons distants de 60 à 70 cm et haut de 25 cm. 5.2. Prégermination La Prégermination a pour but essentiel de permettre aux bourgeons de croître et de donner naissance à des germes dans des conditions de milieu favorables que celles du sol à la même époque. Elle permet de gagner du temps à la levée, elle permet de hâter la végétation d'augmenter la précocité de tubérisation et de récolter des tubercules ayant le plus souvent atteint leur maturité. Choisir des tubercules de grosseur moyenne (30 à 50 gr), bien sains. Les placer dans des clayettes ou étagères à claire-voie disposées dans un local frais, aéré et lumineux. Dans les clayettes ou sur les étagères, les tubercules sont disposés, côte-à-côte, sur une seule couche, la couronne tournée vers le haut Au bout de 2 mois environ, on doit avoir des germes bien apparents sur les tubercules. Les tubercules germés sont triés en vue d'éliminer ceux qui présentent des germes grêles, trop longs, blanchâtres ou déformés. On ne doit conserver que des semenceaux présentant des germes colorés, trapus et courts (1,5 à 2 cm de long). En même temps, on élimine les semenceaux malades. 5.3. Plantation 5.3.1. Époque de plantation Il existe 3 types de cycle : Cycle dit de saison : août - septembre à décembre - janvier Cycle intermédiaire : janvier - mars à mai - juillet Cycle de contre-saison : juin - juillet à octobre - novembre 5.3.2. Modes de plantation - Plantation sur billons : planter la pomme de terre sur le flanc du billon, toujours du même côté, avec un écartement entre 2 semenceaux de 30 à 45 cm - Plantation dans les sillons : on trace des sillons de 60 0 70 cm d'écartement. Planter les semenceaux sur sillons dans des trous de 5 cm de profondeur et espacés de 30 à 40 cm. Puis on exécute un léger pré-buttage le long des raies de façon à constituer la mise en place du billon qui correspond déjà à l'installation des canaux d'irrigation - La quantité de semences varie de 2 à 2,5 T à l'ha 5.4. Entretiens - Pour la plantation dans les sillons : 15 à 20 jours après la levée, on pratique un premier sarclage et binage puis on exécute un prébuttage pour favoriser la formation des racines. Le buttage définitif devra être effectué 22 mois après la levée et au plus tard à l'initiation des
tubercules. - Pour la plantation sur billon : on fait un sarclage environ 1 mois après la levée, et lorsque les plants ont 15 à 20 cm de haut, c'est- à-dire vers 1,5 mois après plantation, on pratique 1 premier buttage suivi de 2 ou 3 autres buttages afin de mieux détruire les mauvaises herbes et de consolider les tiges aériennes qui ont tendance à retomber dans le creux des billons. On ramènera chaque fois un peu de terre du billon précédent pour que, en fin de culture, les pieds de pomme de terre soient sur la crête des billons. - Épuration de la parcelle : elle consiste à enlever tous les plants malades, chétifs, douteux, étrangers et retardataires et se fait systématiquement chaque semaine. 5.5. Fertilisation La pomme de terre est une plante exigeante en éléments fertilisant tant au point de vue organique que minérale, mais ce sont l'azote et le potasse qui semblent avoir la plus grande influence sur la production et la répartition des calibres. En effet, l'azote favorise le développement foliaire, la formation des tubercules et ensuite leur grossissement alors que la potasse favorise le grossissement des tubercules. La fumure préconisée est la suivante : 10 à 20 T de fumure organique bien décomposée, localisée dans le trou de plantation NPK 11-22-16 : 300 kg/ha au 1er buttage ou NPK 16-16-16 : 300 Kg/ha au 1er buttage 5.6. Récolte et rendement - La récolte se fait suivant le cycle végétatif de la variété cultivée - La pleine maturité est indiquée par le fanage complet des organes aériens (tiges et feuilles) - Arrachage à l'aide d'une fourche par temps sec - Exposition au soleil des tubercules durant quelques heures - Les rendements varient de 10 à 12 T/ha et peuvent atteindre du 30 à 35 T/ha 6. MALADIES ET ENNEMIS 6.1. Maladies 6.1.1. Maladies fongiques - Mildiou : tâche vert pâle sur les feuilles purs jaunes et bruns sur la face inférieure --> duvet blanc ; Au bout de quelques jours, les feuilles se dessèchent et la maladie s'étend sur les tiges qui brunissent, les tubercules peuvent être contaminés par les spores du champignon. L'épiderme prend une couleur brune. Les tissus sous-épidermiques présentent une couleur rouille - Alternariose : tâches brunes arrondies sur les feuilles, les tubercules attaqués présentent des tâches brunes nettement affaissées. - Fusariose : pourriture sèche, le tubercule se couvre d'un mycélium blanc 6.1.2. Maladies bactériennes - Flétrissement bactérien : flétrissement brusque de la plante. La pression avec le doigt du tubercule fait sortir un liquide blanc laiteux. - Galle commune : tâches ou croûtes tubéreuses 6.2. Ennemis - Nématodes : s'attaquent aux tubercules où ils provoquent des galles facilement reconnaissables. En faisant une coupe à l'intérieur de ces galles on peut trouver des femelles remplies d'œufs. - Coccinelles : Les larves rongent les feuilles - Vers gris : qui coupent les jeunes plants au collet - Cochenilles : qui piquent la base des tiges aériennes ou qui envahissent les bourgeons puis les tubercules dans les germoirs. - Teigne : qui creuse des galeries dans les tubercules emmagasinés - Pucerons : qui piquent les feuilles et provoquent des déformations du limbe 7. BIBLIOGRAPHIE - Recueil des fiches techniques d'agriculture spéciale Mr. Paul HUBERT Ingénieur d'agronomie
- Blé et Pomme de terre à Madagascar : production et contraintes : Compte-rendu de la conférence Internationale du 24 au 28 Septembre 1984 à Antsirabe