BD & contenus enrichis
Dans le cadre de la journée professionnelle de la BD qui se déroulait la veille du LyonBD Festival (15-16 juin 2013), Imaginove proposait un Think Tank sur les contenus enrichis dans la bande dessinée. En effet la BD numérique offre aujourd hui la possibilité d ajouter des contenus tels que du son voir des enregistrements radio, des vidéos, de la réalité augmentée, de prendre en compte des informations de géolocalisation etc. Aussi l objectif de cette table ronde était de répondre aux questions : La bande dessinée numérique enrichie dénature- t- elle la bande dessinée? Quel sont les objectifs que cherchent à atteindre les auteurs d une bande dessinée enrichis? Quels en sont les apports en terme de créativité? Quel(s) impact(s) sur la BD traditionnelle? Quelle(s) contribution(s) au niveau économique? De nouveaux modèle économiques en perspective? Ce think tank avait pour but de réfléchir à l évolution des supports de la BD et d ouvrir les échanges entre les auteurs, éditeurs et spécialistes médias. Afin d accompagner notre réflexion, Lna Morandi nous a présenté son projet Klash, véritable BD interactive pour tablettes ayant plusieurs chemins de lecture et un accompagnement sonore. Puis Yasmine Tashk nous a parlé de ces différents projets de BD sonores et BD vidéo. Elle est notamment à l origine du reportage sonore illustrée : un après- midi drague à Châtelet. Enfin Kara nous a fait le plaisir de réaliser une «vidéo- interview» pour l occasion nous donnant son avis sur les commentaires audio dans la BD, qu il a été le premier en France à implanter avec Le Bleu Du Ciel. Date : 14 Juin 2013 Lieu : Salle Lumière du Palais du Commerce à Lyon Intervenants : Lna Morandi : Illustratrice, Bédéiste et Webdesigner, Lna réalise des sites web et des illustrations et s essaye aux nouveaux médias interactifs comme la BD numérique. Vous pouvez suivre ses travaux sur son site lna- morandi.com ; Yasmine Tashk : Journaliste, dessinatrice, animatrice et directrice artistique de ksat.fr. Collaborant avec des médias alternatifs comme Streetpress, ces différents domaines lui ont permis de laisser parler sa créativité en developpant de nouveaux formats (BD sonore, BD et vidéo) mais aussi des formats en vogue, (dessins de presse, BD- reportage ). Kara : Auteur de BD aux Editions SOLEIL, GABRIELLE (2001 one shot), LE MIROIR DES ALICES (2003 à 2006 2 volumes), LE BLEU DU CIEL (2007 à 2011 3 volumes), REALITES (2008 one shot scénario et couleurs uniquement), LA Document confidentiel 2/11
GUERRIÈRE INNOCENTE (2 volumes en cours), Rédacteur pigiste pour les magazines BODOÏ et ANIMELAND. Ce think- tank a été organisé en collaboration avec
Table des matières INTERVENTIONS 5 Yasmine Tashk 5 Réactions des participants 5 Lna Morandi 6 Réactions des participants 7 Kara 8 Réaction des participants 9 A PROPOS 10 Imaginove 10 Lyon BD Organisation 11
Interventions Yasmine Tashk Journaliste de métier, Yasmine cherchait un moyen d aller plus loin que la transposition du journal traditionnelle au journal numérique. Pour elle, le journal numérique n ajoute pas assez de contenus par rapport au journal papier. L idée lui est donc venu d essayer de rendre plus vivant ses articles, ses reportages. Dés lors, il fallait les rendre plus dynamiques. Pour accompagner ses reportages, Yasmine a eu l idée d illustrer les propos audio enregistrés par des images. L animation est venu naturellement mais apporte une grosse contrainte de réalisation que ce soit en temps de réalisation mais aussi en terme de coûts. C est là qu est venu l idée du dessin style BD. Après avoir visionné un après- midi drague à Châtelet, un reportage sur la drague vu par les jeunes rencontrés à Chatelet les Halles Yasmine nous explique qu au- delà de l avantage d avoir dynamisé son reportage avec ces dessins, les jeunes se livraient plus facilement que devant une caméra comme s ils témoignaient anonymement, améliorant la qualité du reportage. Actuellement, Yasmine a renouvelé l expérience et publiera très bientôt un nouveau reportage du même genre parlant de la triche à l école. Et est ouverte à toutes propositions de projets. Réactions des participants Certains ont souligné le rapprochement très significatif vers le film d animation, du moins le «stop motion». Pour Yasmine, les différences de coûts et de temps de réalisation entre l animation et la BD font que la frontière ne sera jamais franchi, la BD restera un médiat à part entière. La discussion a aussi tourné sur les avantages ludiques que peuvent apporter ce genre de reportages : puisqu il est plus facile de témoigner hors caméra, des sujets plus sérieux, plus intimes aussi, peuvent être abordés. En ce qui concerne le financement, le premier reportage a été auto- financé mais Yasmine se tourne vers d autres modèles économiques aujourd hui, notamment le crowdfunding (ou financement participatif).
Lna Morandi Lna est une jeune bédéiste et a comme idée d allier BD et monde numérique. Mais attention, son but n est pas «d aliéner» la BD, bien au contraire : il faut garder le plaisir de lire une BD traditionnelle mais sur un support numérique. Sa réflexion s est portée sur les avantages de la numérisation par rapport au papier sans tomber dans le piège d aller vers d autres domaines comme le jeu vidéo, l animation ou encore le «turbo média» (technique qui consiste à animer et contrôler un personnage). La voix et la 3D ont aussi été mis de côté, dénaturant de trop la BD. A partir de toute cette réflexion est né le projet Klash : une BD numérique avec fond sonore pour que le lecteur s imprègne encore plus de l ambiance et de tout petits effets visuels (une lumière qui s intensifie par exemple). Cette BD contient plusieurs chemins de lecture mais a le même début et la même fin, le but étant d aller piocher des indices sur ce qu il va se passer en empruntant différents chemins. L histoire s inspire d un fait réel en Russie : un cambrioleur a choisi la mauvaise boutique à vandaliser puisque la Gérante est une championne de Karaté et, au lieu de contacter les autorités, décide de le séquestrer. Ce récit est raconté en 4 chapitres. Pour illustrer ses propos, Lna nous a fait une démonstration de cette BD. Cette BD est disponible en plusieurs langages pour chercher un marché international. Les chemins de lecture suivent un personnage et nous pouvons choisir en cliquant sur les «pastilles» qui se trouvent sur l image». La BD a été faite sous flash donc elle est lisible sur ipad et aussi sous Android. Vous pouvez voir le trailer du projet ici
Réactions des participants Quelques questions ont été posées sur le financement et la commercialisation de ce type de produit. Pour le projet de Lna, celui- ci a été auto- financé mais ceci est très compliqué des coûts importants : en effet, il faut un musicien pour les effets sonores, un bédéiste pour le scénario et les images ainsi qu un designer pour la transposition au numérique. En ce qui concerne la commercialisation, là encore plusieurs modèles ont été pensés mais rien n a été arrêté : vendre en plusieurs parties comme des tomes, segmenter en plusieurs applications, abonnement etc. Lna a du mal à trouver un éditeur du fait de la nouveauté et des risques que cela engendre, sans compter l incertitude sur le modèle économique. Le temps de lecture de cette BD peut être très long, entre 5 et 6 heures pour la BD complète. Les avis ont été partagés sur la nature de ce produit : c est un produit très intéressant apportant une vraie expérience utilisateur mais est- ce encore de la BD? Pour Lna, ça reste de la BD car ça garde la nature de l expérience utilisateur de la lecture de la BD sur papier. C est une BD améliorée. Certains pointaient le fait que ce produit pouvait s ouvrir à un public plus large que les fans de BD. Kara Kara ne pouvant être présent pour participer à ce think tank, il nous a fait le plaisir de faire une vidéo interview de 14 minutes. Durant cette interview, Kara nous a d abord parlé de la différence entre le papier et la bd numérique. Pour lui, l avantage du papier reste qu il est lisible dans n importe quel situation, ce qui n est pas le cas de la BD numérique si on manque d électricité. Pour que le livre numérique soit une bonne chose, il est nécessaire qu il apporte plus que la BD traditionnelle d où son idée d ajouter des commentaires audio. On peut adjoindre plein d éléments à la BD numérique : bande son, vidéo, jeux vidéo etc. Ensuite, Kara s est prêté à l exercice de définir ce qu est un commentaire audio : ils permettent dans savoir un peu plus sur la réalisation d une œuvre. Il y a 3 catégories de commentaires audio :
l autocongratulation : qui n a que très peu d intérêt pour le le lecteur ; la justification d une œuvre non- abouti : pareil, très peu d intérêt pour l utilisateur ; l anecdote : les gens sont friands de savoir ce qui a poussé l auteur à faire tel ou tel choix afin de mieux comprendre l œuvre. Le commentaire audio doit ressembler aux making off pour les films : ainsi le lecteur se sent plus proche de la réalisation de l œuvre et peut avoir des réponses à des questions qu ils se posaient. Surtout, le lecteur peut voir l histoire autrement. Enfin, Kara nous a donné son avis sur l avenir de la BD numérique et des commentaires audio. Difficile de donner son avis sur un marché aussi jeune que celui- ci, mais la multiplications des terminaux du genre tablettes ou smartphones va indubitablement faire évoluer le marché de la BD numérique. Au Japon et en Corée, la BD numérique est déjà bien répandu. Ce qui va faire décoller le marché, c est la compréhension du grand public de ce type de produits et cela va forcément mouvoir avec la nouvelle génération habituée aux écrans et au tactile. Réaction des participants Plutôt que d être une révolution, le commentaire audio a été considéré comme un bonus facilitant la commercialisation du produit. Certains étaient sceptiques sur l utilité de tels commentaires car, si on compare aux making off de films, combien d utilisateurs les regardent vraiment? Néanmoins, cela peut être intéressant et peut vite devenir nécessaire. Car même s ils ne sont pas forcément regardés, tout absence peut être visible si les commentaires audio deviennent un standard pour la BD numérique.
A propos Imaginove Imaginove, pôle de compétitivité et cluster des filières des contenus et usages numériques en Rhône- Alpes (jeu vidéo, cinéma, audiovisuel, animation, multimedia, livre numérique, robotique et objets communicants, ) fédère les entreprises, les écoles et les laboratoires de recherche autour d'un objectif commun : développer les synergies entre ces filières en favorisant l'anticipation et en stimulant l'innovation des professionnels et le développement économique. Son approche transmédia est guidée depuis sa création en 2006 par l'analyse des grandes tendances du marché et l'évolution des modes de consommation (mobilité, dématérialisation, élargissement de la cible des consommateurs ). Imaginove accompagne le développement de l'industrie des contenus numériques en Rhône- Alpes dans toutes ses dimensions : recherche et développement, veille stratégique, emploi/ formation, présence sur les salons de référence en France et à l'international, communication et accompagnement des entreprises. En 2012, Imaginove, ce sont : 40 projets de R&D labellisés dont 13 FUI, 17 projets d'accompagnement au service de la croissance des entreprises Une réflexion autour du renforcement des fonds propres des sociétés adhérentes Une présence sur plus de 15 marchés et salons internationaux Des conférences, ateliers et rencontres professionnelles (Think Tank, Talent Day, Project Booster, Forum Blanc, Apero Rezo )
Lyon BD Organisation Lyon Bande Dessinée Organisation est une association créée en 2005. Depuis 2006 elle organise le Festival de la Bande Dessinée de Lyon. Son président, Philippe Brocard, est entouré d'un Conseil d'administration et l'association compte un directeur permanent, ainsi qu'une soixantaine de membres. Durant la période du festival de nombreux bénévoles et amis rejoignent l'organisation pour permettre la bonne tenue de l'événement. Crée sur une idée d'alain Ravouna et de Patrice Boudier, le Festival de la Bande Dessinée de Lyon a vécu ses deux premières éditions sur la place de la Croix Rousse. Dès la première année un Festival OFF est né pour encourager ceux qui souhaitent faire écho à la manfestation par l'organisation d'événements BD hors du festival. En 2008, le Festival déménage au Palais du Commerce dans le centre ville de Lyon et s'adjoint une journée professionnelle : "Les Etats Généraux de la Bande Dessinée". Cette édition marquera un tournant vers le développement du Festival et sa professionnalisation. La 7ème édition s'est déroulée en juin 2012. Elle a vu plus de 15 000 visiteurs affluer au Palais du commerce durant les deux jours de son ouverture. Plus de 150 professionnels ont participé aux états généraux et le Festival OFF aura été visité par plus de 10.000 personnes.