FERME HOELET Forfait et CUMA pour des fourrages et une alimentation de qualité



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Transcription:

REPORTAGE À LA FERME Par YVON GENDREAU, journaliste, PLQ FERME HOELET Forfait et CUMA pour des fourrages et une alimentation de qualité Pour Germain et Denis Ouellet de la Ferme Hoelet de La Pocatière, les travaux aux champs réalisés à forfait et à l aide du matériel de la CUMA (coopérative d utilisation de matériel agricole) fournissent de très bons rendements et permettent de produire une alimentation de qualité de façon économique. Les frères Germain et Denis Ouellet, propriétaires de la Ferme Hoelet. 40 MARS 2015 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS

À partir de 2008-2009, après avoir procédé à d importants investissements dans les bâtiments, avoir doublé la taille du quota et procédé à l érection des silos, les frères Ouellet se sont tournés vers les travaux à forfait. Selon les deux propriétaires de la ferme, comme les travaux de récolte donnés à forfait sont réalisés rapidement avec de l équipement performant (fauché une journée et récolté le lendemain), les fourrages sont emmagasinés avec un maximum de qualités nutritives. Ils estiment que pour obtenir d aussi bons résultats par eux-mêmes, ils devraient augmenter la taille de leur parc de machinerie et les dépenses qui lui sont rattachées, embaucher plus de main-d œuvre et passer plus de temps aux champs. Toutefois, ils préfèrent plutôt se concentrer sur la production d un lait de qualité. «Quand tu fais de bons fourrages, croit Denis, la production laitière est aussi au rendez-vous.» Germain ajoute : «Et, produire du lait fourrager, c est payant.» Il faut dire que les frères Ouellet prêtent une attention particulière à la gestion de leur entreprise (voir l article «Miser sur l or vert pour augmenter ses bénéfices», p. 31). Ils prennent le temps de bien analyser la situation avant de se lancer dans une dépense ou un investissement. Ouverts aux idées des conseillers externes, ils conservent toutefois leur sens critique. Il faut que ce soit logique pour eux et lié à leurs objectifs. Ils mesurent régulièrement les résultats de leurs actions. Ils ont des objectifs de rentabilité associés aux performances techniques et prennent le temps de vérifier si l impact économique est au rendez-vous. Le troupeau de la ferme compte 150 têtes holsteins pur sang, dont 80 vaches en lactation qui produisent en moyenne 11 400 kg de lait. MARS 2015 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS 41

REPORTAGE À LA FERME Soucieux d améliorer leur situation économique et leur coût de production, ils font partie du Groupe conseil agricole de la Côte-du-Sud. On les retrouve d ailleurs dans le groupe de tête sous plusieurs aspects. Leur marge standard par vache est supérieure au groupe de tête et la productivité des vaches est très au-dessus de la moyenne malgré un coût d alimentation plus faible que la moyenne. La machinerie que possèdent Denis et Germain ne représente que 5 % de la valeur marchande de la ferme, comparativement à 11 % pour la moyenne et 10 % pour le groupe de tête. Le forfait et la CUMA ont permis à la Ferme Hoelet de garder son argent pour investir là où ça rapporte réellement. Ainsi, elle affiche un coût de production pour le foin et le maïs ensilage 20 % inférieur à la moyenne régionale des GCA. MOINS DE FRAIS QUE L ACHAT Pour la dernière saison de récolte, les frères Ouellet ont versé quelque 13 250 $ à l entreprise qui est venue faire les travaux à forfait chez eux. Ce forfait incluait la fourragère automotrice, trois boîtes pour le transport, un tracteur, un doubleur d andains et deux hommes. Denis et Germain ont fourni le carburant et se sont occupés Pour Denis, la qualité de l alimentation est primordiale pour maximiser la production laitière. Les travaux à forfait permettent aux propriétaires de la Ferme Hoelet de réaliser les travaux de récolte à une vitesse qu ils égaleraient difficilement. Le changement d approche s est aussi traduit par une amélioration de l état de santé du troupeau et de la reproduction. eux aussi de transporter les boîtes d ensilage du champ au silo à l aide de leurs tracteurs et de leurs boîtes d ensilage. «Cette façon de faire nous permet de faire les travaux de récolte à un coût et une rapidité qu on ne pourrait pas égaler nous-mêmes, explique Denis. Il nous faudrait acheter une fourragère avec rouleaux-craqueurs, des boîtes d ensilage supplémentaires et embaucher nous-mêmes de la main-d œuvre.» «Sans compter, ajoute Germain, l entretien et les réparations et le temps qu il faudrait sacrifier pour la traite.» En 2014, les travaux réalisés à forfait ont permis de remplir le silo à foin 20 pi x 100 pi en trois coupes, le silo à maïs 20 x 92 en 6 heures et 60 voyages et d emmagasiner une meule de maïsensilage recouvert d un plastique de 40 x 100. RÉCOLTER QUAND IL EST TEMPS «On surveille nos champs de très près, explique Denis. On marche régu- lièrement dedans pour vérifier le stade de maturité.» Selon Germain, il y a cinq éléments importants pour obtenir de bons rendements fourragers : la maturité, le taux d humidité, la compaction, la rapidité du chantier de récolte et les cultivars. À la Ferme Hoelet, on fait l ensilage de foin tous les trente jours. Cette façon de procéder permet d en optimiser la qualité. La quantité récoltée diminue à la deuxième coupe, certes, mais on se reprend à la troisième coupe (vers le 25 aout). On essaye de ne pas faire de récolte après le 1 er septembre et on fait aussi la rotation des cultures tous les trois ans. Si, pour le foin, les frères Ouellet se basent sur leur expérience pour déterminer le bon moment de la récolte, ils n hésitent pas à consulter leur conseiller pour le maïs. Celui-ci viendra régulièrement à la ferme pour vérifier le stade de maturité et faire des tests d humidité. «Nous sommes très minutieux sur ce point, explique Germain. On essaie de le faire le moins humide possible. Deux à trois jours de différence peuvent faire toute une différence au niveau de la qualité des récoltes.» «Ce qu on engrange, c est ce qui sert à alimenter notre troupeau pendant toute l année, ajoute Denis. Si la qualité est négligée, c est la production laitière qui risque de subir des répercussions négatives.» Et, concernant encore la qualité, Germain précise : «On déteste avoir des silos qui coulent. La fermentation à l intérieur est meilleure si la récolte se fait en six ou sept heures. C est ce que nous permettent de faire les travaux de récolte à forfait.» Soulignons qu au cours des dernières années, les propriétaires de la ferme ont investi dans leurs chemins de ferme afin de 42 MARS 2015 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS

REPORTAGE À LA FERME réduire au minimum le temps de transport entre le champ et les silos, leur permettant ainsi de suivre le rythme de récolte de la fourragère automotrice du forfaitaire. Questionnés à savoir s il est difficile de produire ses fourrages au moment voulu lorsqu on fait appel aux services d une entreprise externe, les deux frères soutiennent que ça n a jamais été un problème. «Quand on voit que la bonne période de récolte approche, explique Denis, on appelle notre forfaitaire 3 à 4 jours à l avance pour lui réserver du temps de travail. Comme on fait les foins très tôt dans la saison, il arrive souvent qu on soit les premiers clients sur la liste.» L INTRODUCTION DU FORFAIT À LA FERME Lors des travaux d agrandissements de la ferme en 2009 (voir «Portrait de la ferme»), Denis et Germain décident de construire deux silos tour. Un choix dicté par la taille accrue du troupeau qui exige la récolte de volumes plus importants dans la même période de temps. Or vers la même époque, le prix du maïs atteint tout près de 300 $ la tonne, ce qui gruge la marge dégagée par les vaches. Les deux frères font donc le pari qu ils peuvent économiser sur les concentrés en valorisant mieux leurs fourrages. L idée de donner les travaux de récoltes à forfait apparaît donc comme une solution intéressante : on évite d investir dans la machinerie et on profite d un chantier plus performant que ce qu on aurait pu s offrir. Selon eux, ce changement d approche s est aussi traduit par une amélioration de l état de santé du troupeau et de la reproduction. En effet, les frais vétérinaires et ceux reliés à la reproduction par vache sont inférieurs à la moyenne, ce qui n empêche pas le troupeau d afficher un intervalle entre les vêlages sous les 400 jours. Bien sûr, les améliorations apportées à l étable à cette époque ont permis d offrir plus d espace et de confort aux vaches, ce qui n a certainement pas nui à leur performance laitière. ET LA CUMA? Les frères Ouellet possèdent leur propre presse à balles rondes, un semoir et quatre tracteurs. Ils s occupent donc eux-mêmes des travaux Noël Déry travaille à temps plein sur la ferme depuis 1998. La machinerie que possèdent Germain et Denis ne représente que 5 % de la valeur marchande de la ferme. Vaches au travail! de semis, mais aussi de récoltes de balles rondes de foin sec qui seront servies en cours d année aux veaux, aux génisses et aux vaches taries. L épandage de purin se fait à moitié par le forfait (pour la main-d œuvre) et à moitié avec la CUMA (pour l épandeur). Président depuis 2010 de la CUMA Kamouraska-Ouest qui compte une trentaine de membres, Denis souligne : «C est de l équipement dispendieux qu on utilise très peu souvent. Ça nous permet d avoir des machines plus performantes que ce qu un seul producteur peut s offrir tout en répartissant les coûts entre plusieurs producteurs et en restant à l affût des dernières technologies.» Dans une CUMA, les membres ne sont pas tenus de participer financièrement à l achat de toute la machinerie. Ils adhèrent à la branche qui les intéresse. Une branche correspond généralement à une machine ou à un type de machine en particulier (batteuse, par exemple). Ferme Hoelet fait aussi appel à la CUMA quand vient le temps d utiliser batteuse, déchaumeuse, râteau faneur, pulvérisateur à pesticides et débroussailleuse. C est le responsable de la branche qui s occupe d établir l horaire des prêts en fonction des demandes reçues. ON VEUT ENCORE S AMÉLIORER Ce n est pas parce que Germain et Denis sont satisfaits de la performance des champs et du troupeau qu ils n ont pas conscience des faiblesses à corriger dans l entreprise. L âge des génisses au premier vêlage à 25 mois et leur coût de production 10 % supérieur à la moyenne du GCA représentent des défis auxquels ils veulent s attaquer. C est clair dans leur esprit qu il faut réduire le taux d élevage pour s en tenir aux besoins de remplacement normaux du troupeau, tout en s assurant d améliorer la conformation pour une meilleure longévité. Ils veulent miser sur les sujets qui méritent d être élevés en les sélectionnant dès leur naissance ou même au moment de la saillie des mères, puis suivre la croissance des jeunes de très près. Et tant qu à y être, ils aimeraient maximiser la consommation de fourrages de leurs génisses comme ils l ont fait avec les vaches. PORTRAIT DE LA FERME William, 17 ans, et Jason, 15 ans, les deux fils de Germain, souhaitent prendre la relève de l entreprise familiale. Les deux frères envisagent d ailleurs de poursuivre une formation en gestion et exploitation d entreprise agricole à l ITA de La Pocatière. Ils participent aux travaux de la ferme, principalement la fin de semaine et l été, mais aussi quand ils le peuvent. Leur intégration fera en sorte que la Ferme Hoelet survivra pour une 11 e génération sur les terres mêmes où se trouve actuellement l entreprise. La graphie du nom de la ferme, Hoelet, s inspire 44 MARS 2015 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS

d ailleurs de celle des premiers arrivants qui ont pris racine dans ce coin de pays dès le début de la colonie. Denis et Germain ont acheté la ferme de leur père, Roger, en 1987. Le troupeau regroupait alors 35 vaches. En 2008-2009, jugeant que leurs installations étaient désuètes et voyant poindre l éventuelle relève, les propriétaires ont procédé à d importants investissements dans les bâtiments et l équipement d étable. La taille du quota et le nombre de vaches ont doublé. Si, jusque-là, on récoltait seulement des balles rondes de foin sec et humide, on procèdera dès lors à l érection d un premier silo pour la conservation des fourrages et d un deuxième quelques mois plus tard. C est d ailleurs ce qui donnera le coup d envoi aux travaux de récoltes à forfait. Aujourd hui, on retrouve à la Ferme Hoelet un troupeau de 150 têtes holsteins pur sang. Quelque 80 vaches produisent en moyenne 11 400 kg de lait. Comme il reste de l espace libre à l intérieur de l étable, les deux frères achètent régulièrement du quota lorsqu il est disponible et souhaitent en acquérir encore une dizaine de kilogrammes au cours des prochains mois et des prochaines années. Pour produire leur lait fourrager, Denis et Germain cultivent quelque 120 ha de terre, dont 64 sont consacrés à l ensilage de foin et au foin sec, 20 au maïs-ensilage et au maïs-grain et 32 aux grains mélangés. Noël Déry est employé à temps plein depuis 1998 et participe à l ensemble des travaux de la ferme. Ancien producteur laitier, il connait donc très bien le métier et il voit particulièrement à l entretien. Germain s occupe surtout de la gestion du troupeau et de l alimentation. Denis se spécialise quant à lui dans les travaux aux champs et la comptabilité. La traite se fait toujours à trois personnes à l aide des 12 unités de traite, généralement, en deux heures et quart. Louise Langlais, la conjointe de Denis, et Claudine Langevin, celle de Germain, travaillent toutes les deux à l extérieur de l entreprise. À l édition 2014 du concours de l Ordre du mérite agricole, la Ferme Hoelet a obtenu la médaille de bronze pour la région et s est classée 2 e à l échelle provinciale. n MARS 2015 LE PRODUCTEUR DE LAIT QUÉBÉCOIS 45