WALLONIE ESPACE INFOS n 81 juillet-août 2015 Coordonnées de l association Wallonie Espace Wallonie Espace WSL, Liege Science Park, Rue des Chasseurs Ardennais, B-4301 Angleur-Liège, Belgique Tel. 32 (0)4 3729329 Skywin Aerospace Cluster of Wallonia Chemin du Stockoy, 3, B-1300 Wavre, Belgique Contact: Michel Stassart, e-mail: michel.stassart@uwe.be Le présent bulletin d infos en format pdf est disponible sur le site de Wallonie Espace (www.wallonie-espace.be), sur le portal de l Euro Space Center/Belgium, sur le site du pôle Skywin (http://www.skywin.be). SOMMAIRE : Thèmes : articles Mentions Wallonie Espace Page Actualité : Du neuf chez Belspo - Succès indien en GTO - Découverte de Thales Alenia Space Belgium 1 Pluton et de ses lunes Dans l attente de nouvelles de Philae sur la comète La Terre et sa Lune (face cachée) Croissance modérée pour l activité spatiale (Space Foundation, Eurospace) 1. Politique spatiale/eu + ESA: Satellites Eumetsat sur le climat et les Thales Alenia Space Belgium, 6 océans jusqu en 2040 Restructuration difficile et moyens réduits pour Amos l industrie spatiale russe 2. Accès à l'espace/arianespace : Cap sur Vega C dès 2018 et sur Ariane SABCA, Techspace Aero, Thales 10 6 en 2020 Falcon 9 v1.1 interdit de vol durant cet été Plan du Alenia Space Belgium déploiement de la constellation Iridium Next Angara 1.2 concurrent du PSLV et de Vega Quatre nouveaux cosmodromes en 2017 Complexe Sea Launch: à vendre Pad 39A à l heure de SpaceX - Systèmes innovants de transport spatial Fin du Cyclone 4 ukraino-brésilien à Alcantara Dans l espace grâce à un faisceau micro-ondes 3. Télédétection/GMES : Fusions transatlantiques pour l imagerie CSL, Amos 18 globale Deimos Space, spécialiste des petits satellites La NASA sur un satellite luxembourgeois Sentinel-2A, le Landsat européen Coopération internationale pour DMC-3 de SSTL X50 : microsat de télédétection Mission indienne Globalsat DRR appelée Abdul Kalam WEI n 81 2015-4 - 1
Prévisions des séismes : un défi pour l industrie spatiale ukrainienne 4. Télécommunications/télévision : Duopôle Arianespace-SpaceX pour l accès GEO OneWeb fera-t-il disparaître des constellations plus 23 modestes? Projet Samsung de méga-constellation - Nouveaux candidats pour la production de comsats Quantum pour Eutelsat : 1 er satellite «universel» - Méga-fusion à l américaine : AT & T et DirecTV 5. Navigation/Galileo : Nouveaux satellites pour la constellation Beidou L Inde à la mode des applications intégrées 28 6. Sécurité/Défense : Tableau mis à jour des systèmes spatiaux militaires en Europe 29 7. Science/Cosmic Vision : Cap sur le monde de Jupiter pour Airbus Projet privé de «télescope public» européen 34 8. Exploration/Aurora : Cap de New Horizons sur la ceinture de Kuiper 35 9. Vols habités/international Space Station : Bilan des opérations privées de ravitaillement Retard de la desserte privée pour les vols habités Du 36 «made in Belgium» pour l EGSE du MPCV Orion projet Jupiter/Exoliner de Lockheed Martin 10. Débris spatiaux/ssa : Pollution de l espace analysée par la NASA Menace d explosion à bord d épaves sur orbite 38 11. Tourisme spatial : Prudence chez Blue Origin De la science à bord du XCOR Lynx Nouveaux tests de Virgin Galactic en 2016 40 12. Petits satellites/technologie/incubation : Lancements indiens pour la NASA Cubesats Satellogic produits en Uruguay 41 13. Education/formation aux sciences et techniques spatiales : Cubesats 42 danois lancés de l ISS 14. Wallonie-Bruxelles dans l'espace : Intérêt pour l imagerie satellitaire Missions spatiales (lancements récents) WEI n 81 2015-4 - 2 Skywin, Thales Alenia Space Belgium, SABCA, Techspace Aero, Cegelec, Redu Space Services, Spacebel, VitroCiset Belgium 15. Calendrier 2015-2016 d événements spatiaux pour la Belgique Euro Space Center, ULg 45 Annexes-tableaux (en anglais) : Les prochaines missions de l Europe ULg 48 dans l espace (2015-2022) - Palmarès des succès à l exportation de l industrie spatiale européenne - Commandes à venir pour les satellites civils de télécommunications et de télévision Dernière minute : Nouveau chef de délégation belge à l ESA Depuis ce 1 er septembre, Jacques Nijskens, directeur de «Recherche & Applications spatiales» du SPP Politique scientifique, assume les fonctions de chef de la délégation belge à l ESA, jusqu à ce que soit désigné le directeur général de la future agence spatiale interfédérale. Et ce, à la demande d Eric Beka, Haut Représentant de la Belgique pour la Politique Spatiale, qui part à la retraite, dans trois mois, le 1 er décembre. L Inde spatiale : désormais autonome pour ses missions sur les orbites polaire et géostationnaire 43
Le 27 août, avec le 2 ème succès consécutif de son lanceur GSLV (Geosynchronous Satellite Launch Vehicle) MkII qui a satellisé GSAT-6 à des fins gouvernementales, l ISRO (Indian Space Research Organisation) a confirmé sa capacité de placer des satellites de télécommunications sur l orbite géostationnaire. Il s agissait du 3 ème lancement de satellite depuis Satish Dhawan Space Center (SDSC) sur l Ile de Sriharikota (au Nord de Madras). Après deux vols réussis du PSLV (Polar Satellite Launch Vehicle), le 28 mars et le 10 juillet. L Inde spatiale est fort active, puisque deux autres lancements PSLV sont prévus cette année en septembre, puis en décembre. L événement de l été 2015 : la découverte de Pluton, «roi» de la ceinture de Kuiper, ainsi que de ses lunes La carte postale de cet été : la plus lointaine qui ait été envoyée à ce jour! Le domaine plutonien, que l on croyait inaccessible, fut un monde à la une des médias durant cet été. La sonde New Horizons, partie du Cape Canaveral le 19 janvier 2006 grâce à une super-atlas 5, sauve l honneur de la NASA en complétant son tableau de chasse dans la découverte des planètes, lunes, astéroïdes et comètes. On doit bien tirer le constat que l exploration du système solaire n est plus l apanage des Etats-Unis, dont la NASA a jeté les jalons de formidables missions interplanétaires jusque vers les étoiles (avec les Pioneer, Voyager, bientôt New Horizons). Cette odyssée autour du Soleil est à présent marquée par les succès de la sonde européenne Rosetta-Philae et de la sonde martienne MOM de l Inde. A noter que Thales Alenia Space Belgium se trouve associée à la réussite de New Horizons. L entreprise carolorégienne a fourni les 2 tubes bande X de 11 W de puissance qui ont transmis les images et données. Il fallait 4 heures et demie pour que ces informations parviennent sur Terre pour être captées au moyen des paraboles de 50 m du DSN (Deep Space Network). WEI n 81 2015-4 - 3
L inquiétant silence de Philae sur le noyau de la comète : le robot de 100 kg est-il français, allemand, européen? La mission Rosetta se poursuit, avec l espoir que Philae n a pas été éjectée hors du noyau dans l un des jets de particules émis lors du réchauffement de la comète au large du Soleil. On ne capte plus aucun signal du micro-robot depuis le 9 juillet. Voici l arrivée mouvementée du petit robot Philae, le 14 novembre, sur le noyau 67P «Tchouri», avec trois TD (Touch Down) entre 15 h 34 et 17 h 31! Il s en est fallu de peu que l automate en rebondissant prenne la poudre d escampette loin de la comète Heureusement, il n en a rien été. Ce qui a valu à l hebdomadaire américain Science de consacrer dans son numéro du 31 juillet un copieux dossier sur les premiers résultats scientifiques de l automate pour ses premiers «jours» cométaires. Une communauté internationale de chercheurs s est exprimée dans huit articles sur une moisson initiale d informations concernant les caractéristiques et propriétés d un milieu cométaire. Des molécules organiques inédites, considérées comme des traces de formes de vie, ont pu être identifiées à la surface de la comète. Rosetta & Philae : vedettes d une présentation majeure à l IAC 2015 (International Astronautical Congress) qui se tiendra du 12 au 16 octobre à Jerusalem Depuis le réveil du petit robot Philae - qui a émis du 14 juin au 9 juillet -, les premiers résultats de l exploration «in situ» de la comète 67P Tchourioumov-Guerasimenko, alias «Tchouri», arrivent au compte-gouttes. Et ils donnent une vision surprenante d un corps spectaculaire du système solaire. Ces dernières semaines, le CNES (Centre National d Etudes Spatiales) a cru bon de multiplier les effets d annonces sur la mission Rosetta, notamment concernant l état de santé du robot Philae sur le noyau Comme si l automate réalisé en Europe était d abord français! Or, Philae a été réalisé sous la maîtrise d œuvre du DLR (Deutsche Luft- und Raumfahrt Zentrum). Ainsi, jusque dans l espace, l Europe affiche sa face multinationale Chacun des principaux WEI n 81 2015-4 - 4
Etats membres de l Union, négligeant la carte européenne, s efforcent de tirer vers lui la couverture d un succès spatial en Europe. En particulier, la France qui n oublie pas qu elle a, il y a un demi-siècle, sauvé l honneur de l Europe dans l aventure du Cosmos en réussissant le lancement d un premier satellite. Ce succès historique a permis de mettre en évidence le savoir-faire français pour que l ESA ose se lancer dans l aventure Ariane. La photo de l été : notre Terre avec la Lune (face cachée) Le 16 juillet, le satellite DSCOVR (Deep Space Climate Observatory) de 570 kg, lancé par la NASA pour la NOAA (National Oceanic & Atmospheric Administration), a pris ce cliché extraordinaire de la Terre survolée par son satellite naturel. Cet observatoire, surnommé GoreSat - voulu par l ancien vice-président Al Gore - placé à près de 1,5 millions de km de nous, fut satellisé le au moyen d un lanceur Falcon 9 v.1 de SpaceX (qui réalisait ainsi sa première mission lointaine, au-delà de l orbite lunaire). En étant placé du côté du Soleil, il peut voir notre planète bleue dans son entièreté. Dès septembre, six images seront transmises chaque jour. Il arrive que la Lune passe entre DSCOVR et la Terre, ce qui permet d observer sa face cachée lors de son survol. Bilans 2014 de l activité spatiale : une croissance, certes modérée, à l ordre du jour Deux organismes qui analysent chaque année l évolution de l activité spatiale ont publié leurs rapports qui dressent le bilan d un secteur en parfaite santé. Il faut dire que le business de l espace, avec la montée en puissance des TIC (Technologies de l Information et de la Communication), connaît une embellie avec les satellites d applications, de plus en plus performants, qu on veut déployer en constellations. WEI n 81 2015-4 - 5
Space Foundation vient d éditer son Report 2015 qui passe en revue ce que fut le spatial en 2014, principalement aux Etats-Unis. Voici le graphique récapitulatif d un chiffre d affaires global qui s élève à quelque $ 330 milliards, soit près de 302 milliards. La dimension commerciale constitue les ¾ du développement du secteur spatial dans le monde. Eurospace a en juin édité son intéressant «Facts & Figures» concernant «The European space industry in 2014», qui vient judicieusement compléter le Report de la Space Foundation. L industrie européenne des systèmes spatiaux affiche de résultats en hausse qui témoignent d une bonne santé : - Total des ventes pour 2014 : 7.258 millions (soit une croissance de 7 % par rapport à 2013). Ce sont les applications par satellites, surtout la télédétection et la navigation en plus des télécommunications, qui représentent près de 50 % du chiffre d affaires. - Total des emplois en 2014 : 40.061 (une hausse de 5 %). Les principaux employeurs pour le spatial européen sont Airbus (32,24 %), Thales 20,47 %), Finmeccanica (6,15 %), Safran (5,1 %), OHB (4,75 %), RUAG (3,23 %). 1. Politique spatiale EU + ESA 1.1. L efficacité d Eumetsat avec ses satellites d observation : la continuité dans le suivi du changement climatique jusqu en 2040! L Europe spatiale compte parmi ses acteurs clefs l organisation intergouvernementale Eumetsat - financée par 30 Etats membres au prorata de leur produit national brut - qui gère son système de satellites pour la météorologie et l océanographie. Le 15 juillet, le lancement réussi de la 80 ème fusée Ariane 5 a servi à placer sur une orbite de transfert géostationnaire le MSG-4 (Meteosat Second Generation), alias Meteosat-11, pour garantir la permanence des services d Eumetsat, lesquels sont devenus WEI n 81 2015-4 - 6
incontournables. Cet observatoire de 2 t (masse au décollage) a gagné une position géostationnaire à 3,4 degrés Ouest où il servira de réserve afin de pallier toute panne à l un des quatre autres Meteosat opérationnels. Il s agissait du dernier satellite météo européen, stabilisé par rotation à la manière d une toupie. L industrie belge a participé à sa réalisation, principalement avec Thales Alenia Space Belgium (Charleroi) pour l alimentation électrique du Meteosat et Amos (Liège) pour le miroir de l instrument GERB (Geostationary Earth Radiation Budget). Yeux sur le temps, senseurs pour l océan Eumetsat est un outil exemplaire pour la communauté mondiale des météorologistes et des océanographes. Sa priorité est la continuité des observations. «Notre chance est d avoir des satellites qui ont une durée de vie plus longue que prévu», reconnaît Alain Ratier, le directeur général. Tout en remerciant l industrie européenne des systèmes spatiaux. Avec ses satellites qui sont sur orbite et en construction, le suivi du changement climatique est assuré jusqu au moins 2040! La deuxième génération des satellites Meteosat en orbite géostationnaire doit être opérationnelle jusqu au milieu de la prochaine décennie. Néanmoins, Eumetsat prévoit de mettre en service les Meteosat de troisième génération ou MTG (Meteosat Third Generation) : plus performants et stabilisés sur les 3 axes, ils doivent pris la relève sur l orbite géostationnaire à l aplomb de l équateur. La flotte Eumetsat compte par ailleurs des observatoires qui évoluent au-dessus des pôles avec deux satellites Metop. Le lancement du troisième ou Metop-C est annoncé pour fin 2017. Une nouvelle génération de satellites météo polaires, alias EPS SG (European Polar System Second Generation), a été commandée à Airbus Defence & Space pour être lancés entre 2021 et 2037. Entretemps, dans le cadre du programme Copernicus de l Union, qui est financé par la Commission, deux Sentinel-6, alias Jason CryoSat, vont être déployés durant la prochaine décennie afin d assurer la relève du satellite d océanographie Jason-3. En coopération avec la NOAA (National Oceanic & Atmospheric Administration) américaine, Eumetsat exploite non seulement les Metop mais également les satellites Jason de fabrication européenne pour la surveillance de l environnement océanique et marin. Leur mission est de mesurer avec une grande précision le niveau de la mer sur l ensemble de la planète. Jason-3 doit être placé sur orbite avant la fin de l année. Eumetsat a d ores et déjà planifié avec l ESA et la Commission européenne le développement de deux Jason-Cryosat spécialisés dans l étude des glaces polaires et de leur impact sur les océans. La mise en œuvre du triptyque Meteosat-Metop-Jason donne lieu à une avalanche de données qu il s agit de gérer et d archiver pour qu elles soient efficaces en un temps record. A Darmstadt, près de Francfort, Eumetsat a ses installations de contrôle, de traitement et de stockage d infos pour la météorologie et l océanographie. Cette implantation est en pleine expansion, vu la montée en puissance d Eumetsat et son rôle croissant au niveau global. Elle est appelée à avoir une mission primordiale dans le cadre du système Copernicus de l Union européenne pour l étude de la chimie atmosphérique. Un double centre de contrôle des missions (MCC) d Eumetsat est WEI n 81 2015-4 - 7
actuellement responsable du bon fonctionnement de sept satellites. Le GEO Control Center est en charge de cinq Meteosat géostationnaires. Sous celui-ci, le LEO Control Center assure la gestion de deux Metop polaires (météorologie). La flotte des satellites actuellement opérationnels d Eumetsat : SATELLITE Lancement Maître d oeuvre Orbite (au 1/09/2015) METEOSAT-7/MTP 2 septembre 1997 Thales Alenia Space GEO, à 57.5 Est (*) METEOSAT-8/MSG-1 28 août 2002 Thales Alenia Space GEO, à 3.5 Est (réserve) METEOSAT-9/MSG-2 21 décembre 2005 Thales Alenia Space GEO, à 3.5 Est METOP-A 19 octobre 2006 Airbus Defence & Space SSO à 817 km METEOSAT-10/MSG-3 5 juillet 2012 Thales Alenia Space GEO, à 0 METOP-B 17 septembre 2012 Airbus Defence & Space SSO à 817 km METEOSAT-11/MSG-4 15 juillet 2015 Thales Alenia Space GEO, à 3.4 Ouest (**) METOP : Meteorological Operational (durée de vie prévue : 5 ans) MSG : Meteosat Second Generation (durée de vie prévue : 7 ans) MTP : Meteosat Transition Programme (durée de vie prévue : 5 ans) (*) Meteosat-7 sur l Océan Indien jusqu en avril 2017 (**) Meteosat-8 destiné à remplacer Meteosat-7 à 40 Est (***) Meteosat-11 en réserve pour faire la transition pour le premier MTG Afin de garantir la continuité de ses services jusqu en 2040, Eumetsat a ce planning à long terme de satellites, avec une quinzaine de lancements prévus : SATELLITE Lancement Maître d oeuvre Lanceur METOP-C Octobre 2017 Airbus Defence & Space Soyouz MTG-I-1 2019 Thales Alenia Space/OHB Ariane 5 ECA JASON-CS A 2020 Airbus Defence & Space A déterminer METOP-SG A1 2021 Airbus Defence & Space A déterminer MTG-S-1 2022 Thales Alenia Space/OHB Ariane 5 ECA METOP-SG B1 2023 Airbus Defence & Space A déterminer MTG-I-2 2024 Thales Alenia Space/OHB Ariane 5 ECA JASON-CS B 2026 Airbus Defence & Space A déterminer MTG-I-3 2027 Thales Alenia Space/OHB A déterminer MTG-S-2 2028 Thales Alenia Space/OHB Ariane 5 ECA METOP-SG A2 2028 Airbus Defence & Space A déterminer METOP-SG B2 2029 Airbus Defence & Space A déterminer MTG-I-4 2032 Thales Alenia Space/OHB A déterminer METOP-SG A3 2035 Airbus Defence & Space A déterminer METOP-SG B3 2037 Airbus Defence & Space A déterminer CS : CryoSat METOP : Meteorological Operational METOP SG : Meteorological Operational Second Generation MTG-I : Meteosat Third Generation Imager MTG-S : Meteosat Third Generation Sounder Pour archiver les observations de ses satellites et permettre une consultation rapide à des fins opérationnelles, Eumetsat a investi dans un centre de données où tout est mis en œuvre, sous la forme d un «Modular Library System». Aménagé dans un nouveau bâtiment ultra-sécurisé, il fait appel au nec plus ultra pour le stockage des données en WEI n 81 2015-4 - 8
vue d un accès quasi immédiat. De puissants serveurs Oracle StorageTek, maintenus dans une atmosphère contrôlée, servent à sauvegarder des produits météorologiques des satellites d Eumetsat depuis 1981 pour Meteosat, depuis 2007 pour Metop, Jason-2 depuis 2008. Trois copies de chaque set de données se trouvent préservées, avec remise à jour régulière aux nouveaux formats. Ainsi plus d 1 Pétabyte ou 1.000 Térabytes - sous forme de quelque 50 millions de fichiers se trouvent mis à disposition de millier d utilisateurs dans le monde. Il faut s attendre à ce que l objectif de 100 Pétabytes soit atteint à l horizon 2025. De quoi mieux appréhender l évolution du climat durant la prochaine décennie. Le système Eumetsat se trouve intégré à l échelle globale dans un réseau de satellites de météorologie et d océanographie. L instance européenne, particulièrement active au sein de la WMO (World Meteorological Organization), a établi des partenariats avec les opérateurs de tels satellites en Russie, au Japon, en Chine, en Inde. Sa principale connexion est la NOAA aux Etats-Unis. En vertu d un accord de coopération, les deux opérateurs volent au secours l un de l autre en cas de besoin, notamment pour remplacer un satellite affecté par des problèmes. Eumetsat a l avantage de disposer d un budget à long terme avec un planning bien défini de satellites en service. Ce qui n est pas le cas de la NOAA liée au budget fédéral américain, lequel est débattu chaque année au Congrès. Ce qui peut fragiliser la mise en œuvre de ses satellites de météorologie géostationnaires et polaires. 1.2. Le «mal-être» de l industrie spatiale russe : une restructuration difficile aux prises avec une crise des moyens et des compétences La «Grande Russie» de l espace a bien du mal à retrouver son lustre de l ère soviétique. Elle pâtit de la crise de l économie russe, suite à une baisse du cours du rouble, une diminution des revenus de l industrie pétrolière, vu une récession qui affecte la société. En outre, ses ambitions, qu elle affiche à l excès, souffrent d une réorganisation qui se révèle bien difficile, tant les entités à fusionner sont devenues autonomes et influentes. Elles se heurtent à une diminution des compétences, suite à une relève dramatique des effectifs : la nouvelle génération des ingénieurs n est guère attirée par les conditions de travail dans l industrie russe des systèmes spatiaux. La transition délicate explique une baisse de la fiabilité et une lenteur des innovations. Notamment pour les lanceurs anciens que sont le Proton et le Soyouz : le transport sur orbite, grâce à un savoir-faire dans les propulseurs-fusées, constituait le point fort de la cosmonautique. Pourtant, le président Poutine, qui considère l activité spatiale comme une priorité technologique pour le prestige de Moscou sur le plan international, s efforce d inverser la tendance vers le déclin. En juillet, comme prévu, il a signé le décret instituant la State Corporation Roscosmos, une compagnie qui fusionne l agence spatiale gouvernementale et le groupe industriel URSC (United Rocket & Space Corporation). Le décret est passé devant la Douma le 1 er juillet, puis mis en oeuvre par le Conseil de la Fédération, une semaine plus tard. Cette décision politique va-t-elle se traduire par une modernisation à marche forcée des outils de conception et de production? WEI n 81 2015-4 - 9
D autres restructurations sont en cours afin de se préparer aux défis de la prochaine décennie dans l espace: - la Russie se dote d un Centre national pour les vols spatiaux habités sur le modèle du Johnson Space Center de la NASA - qui va réunir les compétences du Centre d entraînement des cosmonautes à Zviozdny Gorodok (Cité des Etoiles), du Centre Roscosmos de contrôle des vols spatiaux habités, RSC Energia et l Institut TsNIIMash dans la cité de Korolev (Nord de Moscou). - l industriel RSC Energia et l opérateur RSCC (Russian Satellite Communications Corp) ont décidé un partenariat afin de confronter leurs vues sur l avenir des satellites de télécommunications et de télévision en Russie. Par ailleurs, Moscou doit revoir à la baisse le budget fédéral pour le programme spatial 2016-2025 (FKP-2025). Il était prévu de lui affecter 2.850 milliards de roubles (40 milliards sur dix ans). Finalement, il faut le réduire à quelque 1.600 milliards (22 milliards, soit près de la moitié). Ce montant est discuté à la Douma pour une décision cet automne Les plans d une station spatiale russe, ainsi que d un lanceur super-lourd (projet Phénix, dans le cadre de la famille Angara) se trouvent affectés par la diminution des ressources financières. Le remplacement du vaisseau Soyouz par le PTK NP, qui sera lancé du nouveau cosmodrome de Vostochny avec Angara, ne cesse d être retardé : premier test en mode inhabité en 2023, un vol habité vers l ISS en 2025, une mission de cosmonautes autour de la Lune pas avant 2030. Roscosmos mise sur des partenariats dans le monde et sur le succès commercial de ses systèmes spatiaux. Chez RSC Energia, on veut encore croire à des missions sur la Lune : un concours est lancé depuis le 30 août jusqu au 2 novembre pour donner un nom au vaisseau d expédition lunaire Le nom choisi sera dévoilé le 15 janvier prochain. Le lauréat se verra offrir un voyage à Baïkonour pour assister à un lancement de Soyouz habité. 2. Accès à l'espace/arianespace 2.1. Vega C et Ariane 6, en avant toute! C est actuellement et apparemment OK pour les budgets Mais des inconnues subsistent pour leurs premiers vols prévus respectivement en 2018 et en 2020! Lors de l IPC (Industrial Policy Committee) du 16 juillet, l ESA et l industrie européenne autour d ASL (Airbus Safran Launchers) sont tombés d accord sur le montant des contrats. pour concevoir et développer le lanceur de nouvelle génération Ariane 6,. pour réaliser son infrastructure de lancements,. pour disposer rapidement d un lanceur Vega plus performant. Il représente un investissement total de près de 4,2 milliards. La signature des contrats est intervenue le 12 août au siège de l ESA. Il y a 3.215 millions pour Ariane 6, avec ASL et son team industriel, mais ceux-ci prendront en charge quelque 400 WEI n 81 2015-4 - 10
millions de l effort financier. Mais ces chiffres seront différents pour les contrats signés le 12 août entre l ESA, le CNES et les industriels L industrie belge des systèmes spatiaux est concernée par les programmes Vega C et Ariane 6 : SABCA pour les servocommandes et des structures, Techspace Aero pour les vannes cryogéniques, Thales Alenia Space Belgium pour des équipements de l avionique. This infographic details the design of the Ariane 62 and Ariane 64 versions of Europe s next-generation launcher. Credit: Airbus Safran Launchers Des inconnues devront être résolues durant les prochains mois afin que les échéances de premiers vols en 2018 (pour Vega C) et en 2020 (pour Ariane 6) puissent être tenues. Dr Johann-Dietrich Woerner, directeur général de l ESA depuis ce 1 er juillet, insiste sur les nouvelles responsabilités qu a acceptées l industrie dans le design et le développement des lanceurs européen de la prochaine décennie. Mais il est conscient de «détails» qui restent à finaliser autour du principe de retour géographique. La WEI n 81 2015-4 - 11
France et l Allemagne, ensemble, investissent près des ¾ dans le programme que l ESA a décidé en décembre dernier, lors de son Conseil ministériel de Luxembourg, pour la mise en œuvre de nouveaux systèmes de transport spatial. Un mois après l IPC de l ESA, le 12 août, l ESA finalisait des contrats pour un montant total de 3,8 milliards pour un ambitieux programme de transport spatial européen avec les lanceurs Ariane 6, le lanceur Vega C et l ELA 4 au Centre Spatial Guyanais. Ces contrats ont été signés : - 2,4 milliards avec ASL (Airbus Safran Launchers) pour développer les deux versions Ariane 6 (1 er vol en 2020) ; - 395 millions avec ELV, entreprise commune d AVIO (Advanced Vision Into Orbit) - à 70 % - et d ASI (Agenzia Spaziale Italia) - à 30 % - pour le lanceur Vega C (1 er vol dès 2018) ; - 600 millions avec le CNES pour l Ensemble de Lancements Ariane 6, alias ELA-4 (sera-t-il compatible pour lancer Vega C?) - ASL (Ariane 6), ELV (Vega C) et MT Aerospace/OHB (enveloppe en fibres de carbone) vont ensemble investir 400 millions pour développer le moteur à poudre P120C qui constituera l élément clef des lanceurs ESA-Arianespace de nouvelle génération pour la prochaine décennie. Il servira pour les boosters (2 ou 4) d Ariane 6 et comme 1 er étage de Vega C. On prévoit d atteindre la cadence de production de 35 étages P120 par année, dont 31 (chiffre impair?) pour équiper des Ariane 6 et 4 pour propulser des Vega C. L objectif est de pouvoir concurrencer les services de SpaceX avec ses Falcon qui sont intégrés et préparés à l horizontale. Cette méthode semble plus économique que l assemblage vertical qui est pratiqué pour les lancements Ariane 5 au Centre Spatial Guyanais. L ELA 4 que va construire le CNES après le contrat du 12 août mettra en œuvre l intégration à l horizontale des étages cryogéniques et boosters solides des deux versions Ariane 6. Ce qui représentera une révolution pour le transport spatial européen, avec des changements pour les infrastructures en Europe (Les Mureaux, Brême). 2.2. Attache défectueuse d un réservoir d hélium pour SpaceX : interdiction de vol pour le lanceur Falcon 9 v1.1 durant cet été! Le 28 juin, le ravitaillement de l ISS (International Space Station) avec un vaisseau privé Dragon n a pu avoir lieu. Le lanceur Falcon 9 v1.1, chargé de sa satellisation, a explosé juste avant que les deux étages ne se séparent. En fait, le second étage du lanceur Falcon 9 v.1, qui en était à son 14 ème lancement, a explosé avant que le premier étage ne s arrête de fonctionner. Une surpression soudaine du réservoir d oxygène est à l origine de l échec. Pourquoi cette surpression? L équipe SpaceX qui s était habituée à vivre des succès a dû se mobiliser pour établir un diagnostic difficile, sur base d un dépouillement délicat des images et données du vol qui a tourné court. La cause de l explosion, qui s est jouée en 0,89 s, est une attache défectueuse d une bouteille d hélium qui sert à la pressurisation du réservoir d oxygène liquide de WEI n 81 2015-4 - 12
l étage. Il s agit d une entretoise longue de 60 cm, d un diamètre de 3 cm, qui s est tordue, alors qu elle était conçue pour résister à des contraintes de 45 kn. Cette défectuosité a entraîné la rupture du réservoir d hélium, puis la dislocation de la structure de l étage Lors des 18 lancements réussis, aucune alerte n avait mis en évidence la faiblesse de l attache. Dans le communiqué expliquant l origine probable de l échec, on précise que plusieurs milliers d attaches ont bien résisté. Elon Musk a annoncé que l attache allait être réalisée dans un matériel plus résistant et que chacune d elle serait testée individuellement. Il veut faire de la fiabilité la priorité pour les Falcon 9 et Falcon Heavy (dont le 1 er vol a été reporté à 2016). Avant la fin de l année, pour satelliser SES-9, SpaceX prévoit l emploi de la version Falcon 9 v.1.2 qui est propulsée par des Merlin 1D améliorés et qui est dotée d un 1 er étage récupérable et d un 2 nd étage plus performant. L entreprise de transport spatial créée par le milliardaire Elon Musk n a donc pu mener à bien pour la NASA sa 8 ème opération de ravitaillement de l ISS (International Space Station) avec son vaisseau récupérable Dragon. Lors de l échec dramatique du 28 juin, la capsule Dragon CRS-7 n a pu être récupérée, car son logiciel n était pas programmé pour l ouverture des parachutes en vue d un splashdown en douceur. E. Musk a décidé de réparer cette lacune pour les prochaines missions Dragon. Au cas où De toute manière, cette procédure doit être validée pour faire voler un équipage à bord du vaisseau Dragon 2. C est surtout le planning serré des lancements de SpaceX qui se trouve perturbé. Les clients (*) de l entreprise privée de transport spatial SpaceX doivent donc s armer de patience. Au moins cinq mois d analyse intensive et de tests poussés seront bien nécessaires pour que le lanceur Falcon 9 v1.1/v1.2 puisse proposer ses services de lancement en toute fiabilité. Son prochain vol est attendu pour novembre. La grande hantise d Elon Musk est de connaître un autre échec. (*) Il s agit par ordre alphabétique de : - Arabsat (Arabie Séoudite) pour 2 satellites, - ABS (Hong Kong) pour 2 satellites, - Bulsatcom (Bulgarie) pour 1 satellite, - Bundeswehr (Allemagne) pour 3 satellites (2 lancements), - CONAE (Argentine) pour 2 satellites, - Es Hail Sat (Emirats) pour 1 satellite, - Eutelsat (France) pour 1 satellite, - Formosat (Taïwan) pour 7 satellites (2 lancements), - Inmarsat (Royaume-Uni) pour 1 + 1 satellites, - Intelsat (USA) pour 1 satellite, - Iridium (USA) pour 70 satellites (7 lancements), - Jcsat (Japon) pour 2 satellites, - Koreasat (Corée) pour 1 satellite, - NASA (USA) pour ravitailler l ISS (International Space Station) avec 8 capsules Dragon, - NASA pour 1 satellite du programme scientifique, - NOAA (USA) pour 1 satellite, - Orbcomm (USA) pour le lancement de 11 satellites, WEI n 81 2015-4 - 13
- Radarsat (Canada) pour le lancement de 3 satellites, - PSN (Indonésie) pour 1 satellite, - SES (Luxembourg) pour 4 satellites, - Spacecom (Israël) pour 1 satellite, - Thaicom (Thaïlande) pour 1 satellite, - Viasat (USA) pour 1 satellite. A considérer le nombre de satellites à lancer, on peut se demander dans quelle mesure SpaceX n a pas eu les yeux plus grands que le ventre Comment l équipe d Elon Musk pourra-t-elle faire face à ce qui s apparente à une bousculade pour accéder à l espace? Ce qui justifie que SpaceX a besoin de quatre aires de lancements (avec intégration horizontale) pour ses Falcon 9 v1.1, Falcon 9 v.1.2 (doté d un 2 ème étage plus performant!) et Falcon Heavy : 2 au Cape Canaveral/Kennedy Space Center, 1 à Vandenberg AFB, 1 à Boca Chica (Texas). 2.3. Quid de la constellation Iridium Next? Lancement Dnepr en décembre, déploiement des satellites avec des Falcon 9 v1.2 en 2016-2017 Les satellites de la constellation Iridium Next, qui sont réalisés aux Etats-Unis par Thales Alenia Space avec la plate-forme ELiTeBus, ont pris quelque retard dans leur développement. Comme ceux de la première génération, ils offrent l intérêt d être interconnectés sur orbite. Notamment pour l intégration de charges additionnelles : - pour la surveillance globale du trafic aérien, avec Aireon LLC, grâce à la collecte en continu des signaux ADS-B (Automatic Dependent Surveillance-Broadcast) qui sont émis par les avions dans les airs; l équipement d Aireon est Harris Corp et ITT Exelis. - pour un système militaire de surveillance «anti-missiles» depuis l espace, au moyen de détecteurs pour l US Missile Defense Agency, qui équiperont une vingtaine de satellites Iridium Next. La mise sur orbite des deux premiers satellites est à présent envisagée dans le courant de décembre au moyen du lanceur russo-ukrainien Dnepr depuis la base de Yazny dans le sud de la Russie. Les 70 autres Iridium Next feront appel à sept vols, durant 2016-2017, de sept Falcon 9 v.1.2. qui seront lancées à partir de la base californienne de Vandenberg. 2.4. Premier vol commercial d un lanceur russe Angara : pour concurrencer le PSLV indien et le Vega européen? ILS (International Launch Services) qui commercialise les lancements commerciaux du Proton produits par le Centre spatial Khrounichev se prépare à la transition avec la famille des lanceurs modulaires Angara. Dans un premier temps, c est le modèle Angara 1.2 basé sur un seul module pour le 1 er étage qui est proposé à la clientèle d ILS. Exploité dès 2017 depuis le cosmodrome militaire de Pletsetsk, Angara 1.2 sera capable de satelliser jusqu à 3 t en orbite basse et 2 t en orbite héliosynchrone. Il a été testé avec succès le 9 juillet 2014. L objectif d ILS est de répondre à la demande de lancements pour de petits satellites. Sur ce marché en croissance, deux lanceurs affirment leur présence : le PSLV (Polar Satellite Launch Vehicle) de l Inde (vendu WEI n 81 2015-4 - 14
par Antrix Corp, la branche commerciale de l ISRO) et le Vega de l ESA (commercialisé par Arianespace). ILS doit se préparer à la mise en œuvre progressive des lanceurs Angara qui doivent dès 2021 prendre leur envol depuis le nouveau cosmodrome de Vostochny. Le Centre spatial de Khrounichev va donner la priorité à leur production. Proton, qui est utilisé depuis le cosmodrome de Baïkonour, devrait au mieux rester en service jusqu en 2025. 2.5. En construction pour 2017 : quatre nouveaux cosmodromes? A l horizon de l année 2017 - celle des 60 ans du Spoutnik-1 - ce ne sont pas moins de trois nouveaux sites dans le monde qu il est prévu de mettre en service pour des lancements de satellites. Comme quoi, l accès à l espace reste plus que jamais à l ordre du jour. - La Chine, avec la CASC (China Aerospace Science & Technology Corporation), prépare la nouvelle génération de ses fusées modulaires Longue Marche/CZ, dont les propulseurs utilisent des ergols écologiquement propres (kérozène, oxygène et hydrogène liquides). Leur mise en œuvre passe par la réalisation d un complexe dédié à leur exploitation : le Wenchang Satellite Launch Center ou WSLC (19 34 Nord, 110 52 Est) est en construction sur 1.200 hectares de la côte nord-est de l île de Hainan, dont les plages constituent le grand atout touristique. D ores et déjà les autorités locales entendent tirer parti du centre de lancements spatiaux comme point d attraction grâce à l aménagement d un musée de l astronautique. Le lancement d une première CZ 7 devrait inaugurer le complexe en 2016. Il devrait être suivi du vol de la puissante CZ 5, dans le cadre du programme des vols habités pour une station spatiale permanente dans les années 2020. - La Russie, avec son agence spatiale Roscosmos, a voulu contribuer au développement de l Extrême-Orient en y édifiant le cosmodrome de Vostochny depuis début 2011 dans la région de l Amour, près de la frontière chinoise (51 49 Nord, 128 15 Est). Un premier complexe de lancements, qui s inspire de l ELS (Ensemble Lancement Soyouz) du Centre Spatial Guyanais, prend forme avec l objectif, voulu par le président Poutine, d être prêt pour lancer un Soyouz-2 dès décembre 2015. Il est prévu qu un autre ensemble pour les lanceurs Angara soit édifié aux côtés de l aire des Soyouz. Le nouveau cosmodrome russe qui s étendra sur 551 km² doit servir à des missions habitées pas avant 2025! - avec un vaisseau pour 4 cosmonautes qui doit succéder à l actuel Soyouz. - Aux Etats-Unis, l entreprise privée SpaceX entend pour les vols commerciaux de ses lanceurs Falcon s affranchir de la main-mise de l US Air Force sur les installations de contrôle et sécurité. Elle a choisi d implanter au Texas à la frontière mexicaine, son complexe de lancements de Boca Chica sur la plage du même nom près de la cité de Bronwsville (25.9 Nord, 97.3 Ouest). Sa construction vient de commencer en vue d un premier vol en 2017, qui est destiné à un satellite de l opérateur luxembourgeois SES. Un vol par mois de Falcon, au-dessus du Golfe de Mexique, doit pouvoir être assuré. WEI n 81 2015-4 - 15
- La Nouvelle Zélande doit accueillir sur une zone côtière le site de lancements de la PME de transport spatial, Rocket Lab, qui est à la fois californienne et néozélandaise. Son mini-lanceur Electron, réalisé en matériaux composites et destiné à la satellisation de nano- et micro-satellites, a été conçu à Los Angeles, mais sa mise en œuvre est réalisée depuis une infrastructure sur la bande côtière de Kaitorete Spit (43.8 Sud, 172.6 Est). Rocket Lab annonce qu elle devrait être en mesure de réaliser ses premières satellisations dès 2017. 2.6. «For Sale», l ensemble mobile de lancements Sea Launch : marques d intérêt de la part de la Chine et du Brésil pour son utilisation L entreprise Sea Launch de transport spatial, basée à Nyon (Suisse), a toujours son site internet, mais les infos aux médias s arrêtent au 22 août 2014 Elle appartient à la société luxembourgeoise Sea Launch SARL, dont les parts sont détenues à 95 % par la compagnie russe Energia Overseas, dépendant de RSC Energia. Son dernier lancement du Zenit 3 Sea Launch a eu lieu avec succès le 26 mai 2014 pour placer en orbite de transfert géostationnaire le satellite Eutelsat-3B réalisé par Airbus Defence & Space. RSC Energia, le principal investisseur dans l opération Sea Launch avec les lanceurs Zenit (qui sont principalement de fabrication ukrainienne), veut vendre la plate-forme mobile de lancements avec le navire servant de centre de contrôle. Les deux éléments se trouvent ancrés dans le port de Long Beach, près de Los Angeles. 2.7. L historique Pad 39A: à l heure de l intégration à l horizontale pour le Falcon Heavy de SpaceX Le NASA Kennedy Space Center s est mis à l heure de l entreprise privée du transport spatial en accueillant SpaceX sur le Pad 39A. Cet ensemble de lancements a servi aux envols historiques - pour les vols lunaires Apollo - de la super-fusée Saturn V qui était assemblée à la verticale dans l imposant bâtiment VAB (Vertical Assembly Building). Avec les Falcon de SpaceX, on passe à la mode de l intégration horizontale. Cette tendance des préparatifs à l horizontale pour une infrastructure de lancements spatiaux se confirme. Elle est mise en œuvre par Orbital ATK pour le lanceur Antares. Le CNES la mettra en pratique au Centre Spatial Guyanais pour le complexe ELA-4 destiné aux Ariane 6. 2.8. Cap sur des systèmes d un autre type pour l accès sur orbite : L hebdomadaire américain Aviation Week & Space Technology a fait la manchette de son numéro du 3 août sur le thème «Transforming Space Access». On y passe en revue différentes formules pour rendre l accès à l espace plus économique et moins complexe : - la production en masse chez Virgin Galactic du petit lanceur aéroporté LauncherOne, qui est produit en grande série dans une infrastructure de Long Beach Airport et qui a fait l objet d une grande commande de l opérateur OneWeb. Doté de WEI n 81 2015-4 - 16
propulseurs Newton à oxygène liquide-kérozène, le LauncherOne pourra placer quelque 225 kg en orbite basse. Son premier vol est annoncé pour 2017. - l exploitation du super jumbo Stratolaunch que Vulcan Aerospace est en train de développer en accollant deux moitiés de Boeing 747 et en équipant de trois propulseurs chacune des deux ailes. L appareil prend forme pour un vol inaugural qui devrait avoir lieu fin 2016. Les promoteurs du Stratolaunch sont en train d évaluer divers modèles de lanceur en partie réutilisable? pour satelliser jusqu à 6,1 t en orbite basse. - la réutilisation du 1 er étage pour le Falcon 9 v.1.2, toujours à l ordre du jour chez SpaceX, qui est près d un succès dans sa mise en œuvre. L échec du 28 juin a reporté pour fin de l année une nouvelle tentative de récupération du 1 er étage. - l initiative révolutionnaire de la société britannique Reaction Engines pour développer le propulseur SABRE (Synergetic Air-Breathing Rocket Engine), destiné à équiper le Skylon, un avion qui se met sur orbite. Il s agit d un moteur hybride, qui fonctionne d abord avec l oxygène de l air (jusqu à Mach 5), puis avec l oxygène liquide dans un réservoir. Sa technologie, proposée dès les années 80 avec le projet HOTOL (Horizontal Take-Off & Landing), suscite beaucoup d intérêt de la part de l US Air Force Research Laboratory (AFRL). Un propulseur de démonstration doit être testé au banc en 2019 et il faudra patienter au moins une décennie avant de le voir voler sur un avion expérimental. La Commission Européenne vient d approuver l aide de 71 millions ( 50 millions) du gouvernement britannique pour développer des composants du propulseur SABRE. - l Université du Queensland en Australie étudie un petit lanceur - dit ALV (Austral Launch Vehicle) - avec deux étages réutilisables. Son second étage fera appel à la technologie des statoréacteurs. - le projet le plus audacieux, voire surréaliste, est Escape Dynamics, avec l emploi d un puissant faisceau électrique pour satelliser une petite navette. Voir ci-dessous. 2.9. CLA (Centro de Lançamento de Alcantara) : fin de l accord Cyclone 4 entre Brasilia et Kiev, mais source de rivalité entre Moscou et Paris C est désormais officiel depuis le 24 juillet par décret signé par la Présidente Dilma Roussef. Ce qui n était qu une information officieuse a été confirmé par le gouvernement de Brasilia. Le Brésil met fin à l accord qui avait été signé avec l Ukraine le 21 octobre 2003 pour l exploitation commerciale du lanceur Cyclone 4 pour des mises sur orbite depuis le Centro de Lançamento de Alcantara (CLA) dans l Etat de Maranhao. L arrêt des activités ukrainiennes sur l infrastructure d Alcantara, dans le cadre de la société conjointe ACS (Alcantara Cyclone Space) - son site internet est toujours opérationnel - sera effectif le 16 juillet 2016. Il passe par le règlement d une dette (montant non précisé) de l AEB (Agencia Espacial Brasileira) à ACS qui a passé commande d équipements en Ukraine. Le VKI (Von Karman Institute) misait sur un lancement en 2016 de Cyclone 4 pour le déploiement de la constellation QB50 de 40 à 50 Cubesats scientifiques et technologiques. En attendant, l utilisation du CLA, vu sa proximité de l équateur, attire les convoitises de la France et de la Russie. WEI n 81 2015-4 - 17
- Airbus Defence & Space est intéressé par l implantation d un site de lancements pour petits satellites. Pas question d entrer en concurrence avec le CSG (Centre Spatial Guyanais) : il s agirait d une infrastructure complémentaire qui verrait le jour sous les auspices d une coopération spatiale franco-brésilienne. On sait que Thales Alenia Space joue un rôle clef dans la société Visiona Technologia Espacial, créée par Embraer et Telebras pour la réalisation de satellites géostationnaires, notamment pour le programme national SGDC (Satelite Geoestacionario de Defesa e Comunicacoes) ; un premier satellite destiné à la défense et à l internet haut débit au Brésil, basé sur la plate-forme Spacebus 4000 (avec des équipements de Thales Alenia Space Belgium), doit être lancé en 2016 par une Ariane 5 ECA. - Le Centre Spatial Khrounichev, via Roscosmos, étudie la possibilité de mettre en œuvre le lanceur Angara depuis le CLA. Pour l heure, Angara qui est le système russe de lancement de nouvelle génération, avec une famille de fusées modulaires, est exploité depuis le cosmodrome de Plesetsk (au Nord de la Russie). Roscosmos prévoit de l utiliser dès 2021 à partir du nouveau cosmodrome de Vostochny dans l Extrême- Orient. Il est question que la société Energia vende l infrastructure Sea Launch de complexe mobile sur mer pour son installation au CLA 2.10. Surréaliste défi technologique d Escape Dynamics : l accès à l espace sur un puissant faisceau électrique Dernière étape avant la téléportation : s envoyer dans l espace grâce à un faisceau électrique D aucuns en rêvent, l imaginent dans un scénario de science-fiction. Quelques-uns en font un défi technologique, procèdent à des tests le plus sérieusement du monde. C est à coup sûr le système le plus exotique, voire surréaliste, d une startup du Colorado, Escape Dynamics. L objectif est de faire voler une petite navette contenant de l hydrogène liquide en l accélérant au moyen d un puissant flux de micro-ondes qui est émis par un ensemble d antennes au sol. Escape Dynamics mise sur ce flux pour mettre sous pression l hydrogène en le chauffant jusqu à 2000 degrés C, puis l expulser par une tuyère sous une impulsion spécifique de plus de 600 s! Son concept avec vue d artiste, qui ne manque pas d allure, fait la couverture d Aviation Week du 3-16 août. Jusqu ici l accès à l espace dépendait des performances de la réaction chimique entre comburant et combustible. Dans les années 60 et 70, les Etats-Unis et l Union Soviétique ont procédé à des essais de propulsion nucléaire qui mettait en jeu un réacteur de fission pour accélérer de l hydrogène liquide en le mettant sous haute pression. Escape Dynamics mise sur le même principe pour que l hydrogène soit «télé-chauffée» par un faisceau électrique à haute puissance, de l ordre de 400 Mégawatts, émis par plusieurs centaines d émetteurs de 500 kw et, dans l espace, par un ensemble de batteries à bord. Le 17 juillet, la PME constituée de chercheurs a annoncé avoir réussi - sans préciser les résultats obtenus - l expérimentation d un prototype. Elle a décidé de passer au développement d un engin qui pourrait être suborbital, à condition d investir quelque $ 200 millions pour relever les défis technologiques. Pour aller sur orbite, il faudra disposer d une puissance de 65 MégaWatts : 100 à 200 kg pourraient être satellisés par une navette SSTO (Single WEI n 81 2015-4 - 18
Stage To Orbit) de type «lifting body» qui, une fois sa mission terminée, reviendrait au sol pour un nouveau vol. 3. Télédétection/GMES 3.1. Fusions transatlantiques pour prendre rapidement pied sur le business global de l imagerie par satellite : Urthecast + Deimos Imaging, Planet Labs + BlackBridge/RapidEye WEI n 81 2015-4 - 19
Deux nouveaux venus dans le business de la télédétection par satellites, pour prendre rapidement pied sur le marché de l imagerie spatiale, ont décidé l acquisition d opérateurs qui se sont développés en Europe. Leur point commun est d avoir tiré parti de l ISS (International Space Station) pour démontrer les performances des prises de vues (Urthecast) et pour déployer des essaims de Triple Cubesats d observation (Planet Labs). En absorbant des systèmes qui ont pris forme en Europe, il s agit de prendre rapidement pied sur le champ d activités des entreprises américaines DigitalGlobe et Skybox Imaging/Google. - Urthecast, basé à Vancouver (Canada), s est fait un nom à bord de l ISS en l équipant depuis 2014 avec deux caméras performantes de sa conception et en les exploitant avec d excellentes images des régions survolées par la station. Il y a Iris HRC (High-Resolution Camera) pour des détails de résolution métrique, ainsi que Theia MRC (Medium-Resolution Camera) pour une vision à large fauchée. En juin dernier, Urthecast a dévoilé son projet de constellation commerciale de minimum 16 satellites de télédétection haute résolution, répartis en quatre paires sur deux plans orbitaux : 8 optiques et 8 radar (SAR en bande L et en bande X), pour lesquels il coopère avec SSTL (Surrey Satellite Technology Ltd) pour le segment spatial, avec Elecnor Deimos Space pour le segment sol. Il a obtenu le support financier de $ 195 millions de la part d un client qui veut rester confidentiel. La constellation sera déployée en 2019-2020. Pour s y préparer, Urthecast a racheté la société espagnole Deimos Imaging avec ses satellites Deimos-1 (medium-resolution, basé sur la technologie SSTL, en orbite depuis 2009) et Deimos-2 (high-resolution, réalisé par l entreprise sud-coréenne Satrec Initiative, satellisé en 2014). Le montant de la transaction s élève à 76,4 millions. - Planet Labs, une start-up de la Silicon Valley, s est mise à exploiter des dizaines de nano-satellites d observation optique qui sont produits en grande série et régulièrement éjectés depuis février 2014 à partir de la station sous le nom de Flock (Troupeau). Ces observatoires micro-miniaturisés, à 400 km, peuvent voir des détails de 3 à 5 m de façon continue. Le 15 juillet, elle a franchi une étape pour la mondialisation de ses produits en décidant d acquérir l opérateur canadien BlackBridge de la constellation RapidEye de cinq micro-satellites pour des vues de moyenne résolution à large fauchée, ainsi que de sa banque d images. Les cinq RapiEye de 150 kg, réalisés par MDA (MacDonald Dettwiler & Associates) et SSTL (Surrey Satellite Technology Ltd) ont été déployés à quelque 620 km par un lancement Dnepr le 29 août 2008. On prévoit leur remplacement en 2019 par des satellites plus performants, dit RapidEye+. La transaction doit être finalisée durant cet automne. 3.2. Deimos Space (avec Satrec Initiative) : la réponse espagnole pour les petits satellites En vendant Deimos Imaging à Urthecast (voir ci-dessus), le groupe espagnol Elecnor Deimos entend concentrer les efforts sur Deimos Space dans le développement de petits satellites de recherche et d applications. Il s agit de se positionner sur le business WEI n 81 2015-4 - 20