Rapport d activités 2011



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Rapport d activités 2011 BEDE / Biodiversité : Echanges et diffusion d expériences 47, Place du Millénaire, Appt 74, 34000 Montpellier, France Tél./fax : 33 (0)4 67 65 45 12 bede@bede- sso.org / www.bede- asso.org

SOMMAIRE Introduction. L'Archipel des terroirs sources TERROIRS SOURCES INNOVANTS.. I - Terroir source du Minervois. 1 - Polyculture. 2 - Viticulture écologique et diversifiée. 3 - Gestion de l eau.. 4 - Dynamiques collectives paysannes II - Terroirs sources de Kabylie. 1 - Avec l association du village de Tazla. 2 - Avec une famille paysanne vivant uniquement ed l agriculture à Tiniri. 3 - Avec les associations professionnelles spécialisées sur la figue et l olivier 4 - Elevages avicoles de races rustiques avec les femmes de Beni- Maaouch III - Terroir source du Mzab. IV - Terroirs sources en Afrique de l Ouest. 1 - Terroirs sources en Casamance (Sénégal) 2 - Terroirs sources des savanes (Togo). RESEAUX DE PRATICIENS DANS LA GOUVERNANCE DE LA BIODIVERSITE I - Soutien à l émergence des systèmes semenciers communautaires autonomes 1 - Formations à la production de semences et à l agroécologie 2 - Organisation de réseaux communautaires autonomes de type «Case de semences» 3 - Soutien à l organisation de la 3 ème Foire ouest- africaine des semences paysannes de Djimini. II - Soutien à la promotion du «consommer local». Veilles et coalitions. I - A l échelle nationale II - A l échelle européenne III - A l échelle internationale. Edition et diffusion. BEDE dans l animation et l organisation d événements publics.. Vie associative 1 2 2 3 3 3 4 4 5 5 5 6 7 8 9 9 10 11 11 11 12 13 14 14 14 15 15 16 18 19

INTRODUCTION Cette année nous avons installé les activités du programme triennal 2011-2014 construit autour du projet d Archipel des terroirs sources. Un joli nom - pas toujours très explicite il est vrai!- qui souligne pourtant deux orientations nouvelles majeures pour BEDE : d une part un ancrage des collaborations et des activités sur quelques territoires précis (terroirs sources), et d autre part un effort de mise en lien entre les agricultures paysannes de différentes régions affectées par une aridité accrue avec le réchauffement climatique. Ainsi l'archipel des terroirs sources cherche à construire un maillage de territoires, de communautés agricoles et de réseaux de producteurs de trois régions géographiques mitoyennes mais fortement compartimentées : l'europe méditerranéenne, le Maghreb et le Sahel en Afrique de l ouest. Les agricultures paysannes et familiales de ces trois régions présentent des similitudes et des complémentarités dans les capacités de réponses aux défis de la souveraineté alimentaire, pour laquelle le renouvellement de la diversité des variétés et races locales conserve une place centrale. Le programme s organise autour de deux axes : Terroirs sources innovants, et Réseaux de praticiens dans la gouvernance de la biodiversité. Avec les Terroirs sources innovants, les activités cherchent à augmenter dans les conditions sociales et économiques réelle du milieu, les capacités des initiatives d'organisations paysannes et de praticiens engagés sur leurs fermes et leurs terroirs, dans des pratiques d'agriculture écologique durable. Elles renforcent ainsi notamment la gestion économe de l'eau, le renouvellement de la biodiversité cultivée et des races animales locales, la transformation des produits et de la commercialisation sur des circuits courts dans une démarche de souveraineté alimentaire. La démarche s élargit avec les Réseaux de praticiens, où le projet appuie aussi la structuration d organisations professionnelles agricoles intermédiaires spécialisées comme les réseaux de producteurs de semences paysannes ou les réseau de coopérative de femmes transformatrices de produits locaux, pour soutenir leur participation aux orientations des politiques agricoles et à la gouvernance nationale et internationale de la biodiversité cultivée. L Archipel des Terroirs Sources est consolidé par deux programmes développés depuis plusieurs années. D une part, Veilles et coalitions, qui traite des veilles citoyennes et de la construction d alliances dans la société civile où BEDE s implique dans des activités de surveillance citoyenne des technologies affectant le vivant, ainsi que dans l élaboration d alternatives d approches en matière de recherche agricole plus inclusive et participative. Cette année a été particulièrement fertile dans le travail collectif d émergence d une Université du vivant. D autre part un programme éditorial, Edition et diffusion, qui développe le lien des activités de BEDE avec la société par la production de supports de communication et de documents pédagogiques pour différents publics. Là aussi la production est devenue suffisamment importante pour justifier la rédaction d un catalogue de la publication. Ce rapport rendra aussi compte de la participation et des activités de BEDE dans l animation et l organisation d événements publics qui comme les années précédentes ont été nombreuses, et de l évolution du projet de Vie associative, toujours en ébullition, avec la formation de groupes de travail avec les membres de l association et - point remarquable après quinze ans d existence, une véritable politique salariale. 1

L'Archipel des terroirs sources TERROIRS SOURCES INNOVANTS Le projet concerne des collaborations avec des communautés agricoles engagées dans la préservation de la biodiversité et de l agroécologie dans six territoires. L approche «Terroirs sources» s est développée en France, dans la région du Minervois à cent kilomètres à l ouest de Montpellier où se trouve le siège de BEDE ; en Algérie, dans les régions de moyenne montagne de Basse Kabylie et la région du Mzab dans le Sahara ; avant de s étendre plus récemment en Afrique de l Ouest : au Sénégal, dans la région de haute et moyenne Casamance ; au Bénin, dans la région Nord de Djougou ; et au Togo, dans la région des savanes de Cinkassé, mitoyenne avec le Burkina et le Ghana. Les lieux des terroirs sources peuvent être localisés sur la carte ci- dessous, qui a été réalisée pour présenter les activités de BEDE en 2010. 2

I - Terroir source du Minervois Ce projet cible le territoire du Minervois (Languedoc- Roussillon) dont une grande partie est incluse dans le Parc Naturel Régional du Haut Languedoc. La co- construction de référence en Minervois s est initialement organisée avec un groupe de paysannes engagées dans des démarches innovantes et regroupées depuis 2009 dans une association, «Chemin cueillant». Le projet comporte 4 axes complémentaires: ² La réhabilitation d'une polyculture agro écologique substitutive à la monoculture viticole en crise; ² Le soutien à une viticulture agro écologique diversifiée dans son encépagement; ² La mise en place d'un dispositif de gestion de l'eau et de pratiques d'irrigation économes ; ² L'accompagnement de dynamiques paysannes collectives, et de modes d'organisation compatibles avec les 3 objectifs précédents. 1. Polyculture : Ø Contexte : Après un siècle de monoculture de la vigne, remettre la polyculture au centre des systèmes de production agricole présente un vrai défi. La réimplantation partielle ou totale de cultures substitutives au vignoble déjà mise en œuvre par certains agriculteurs sur le territoire sont sources d enseignement, comme l expérimentation en conditions réelles des cultures de remplacement, en concertation avec les agriculteurs motivés. Ø Activités : Enquête «Freins et moteurs de la diversification». Ce travail effectué par un étudiant de Supagro Montpellier et stagiaire à BEDE, a permis d'avancer dans la compréhension des problèmes posés par la reconversion et débouche en même temps sur de nouvelles questions qui méritent d'être approfondies. (par exemple, l impact de l action publique ou la compatibilité des filières actuelles avec des systèmes de polyculture) (rapport disponible). Cultures de diversification fruitière. Elle sont menées dans les fermes de Chemin cueillant et sur lesquelles un suivi est effectué pour mieux connaître en conditions paysannes les espèces et variétés cultivées. Cultures intercalaires dites de transition. Des essais de cultures maraichères sont conduits entre les rangs de fruitiers dans des conditions de faible irrigation. Ces essais de cultures de transition, encourageants pour certains, visent principalement à mettre en avant la possibilité de tirer un revenu d'une parcelle en transition vers l'arboriculture avant que les fruitiers ne produisent, et ce malgré les conditions climatiques rudes. Ø Prochaines étapes : ú Poursuite de ces essais en 2012. 2. Viticulture écologique et diversifiée : Ø Contexte : La viticulture est la culture majoritaire en Minervois où 88% de l encépagement de l AOC est composé des trois cépages Sirah, Grenache et Carignan. De plus, l encépagement provient globalement du même clone pour chacun des trois cépages. Cette situation est assez catastrophique quand on connaît la diversité originale des cépages méditerranéens. La diversification au sein des cépages pourrait à la fois apporter de l originalité et une identité au Terroir Minervois mais surtout permettrait de se protéger des aléas qui menacent à terme une monoculture restrictive et intensive. 3

La question de la diversification des cépages (et des portes- greffes) adaptés à des utilisations diversifiées, jus de fruits, raisin de table, vins naturels, s inscrit dans une problématique plus large qui est celle de l utilisation durable de la biodiversité cultivée. Dans l inventaire des ressources et des praticiens de la diversité des plantes alimentaires en Languedoc- Roussillon que BEDE a publié cette année, la collection des cépages de Félines- Minervois apparaît comme une initiative remarquable. Le conservatoire de Félines représente un site ressource pour fournir les vignerons en connaissances et en plants de cépages rares régionaux et pour organiser collectivement la conservation in situ dans les différents milieux du Minervois. Journée d'échange autour des vieux cépages du conservatoire de Félines- Minervois. Près d une trentaine de viticulteurs se sont retrouvés autour de la collection vivante de 40 cépages à Félines. La journée d échange était organisée avec le Syndicat du Cru avec la participation de techniciens de la chambre d agriculture de l Aude. Outre les échanges autour de la diversification, cette journée avait pour objectif de réunir un groupe de vignerons intéressés pour un projet collectif de diffusion et d'évaluation des cépages anciens en conditions paysannes. Ø Prochaines étapes : ú Premières plantations issues du conservatoire. ú Rencontres. Prévues en août au domaine de Thierry Navarre (Roquebrun) qui a mis en place un conservatoire personnel et vinifie depuis quelques années des cépages rares. D'autre part, BEDE et Chemin cueillant ont participé en octobre aux rencontres des «cépages modestes» dans l'aveyron, qui ont réuni une grande diversité d'acteurs travaillant à la revalorisation des vieux cépages à travers la France. Ces rencontres seront reconduites en 2012. BEDE pourrait s associer à l'élaboration d'un réseau français des organisation se battant pour la défense et la remise à l'honneur de cette biodiversité viticole. 3. Gestion de l'eau : Ø Contexte : Le projet est de créer sur 3 fermes membres de Chemin Cueillant un dispositif d'irrigation basé sur la collecte des eaux de ruissellement et l'injection souterraine. L'infrastructure demande un certain investissement matériel dont le financement est très difficile à obtenir car il sort des champs classiques de financement de l'etat, des collectivités et des bailleurs traditionnel de BEDE. Les démarches ont commencé en 2009 et ont demandé beaucoup d'énergie, notamment avec la région LR, dont les mécanismes de financement ont été modifiés en cours de procédure et doivent nécessairement impliquer des institutions qui n'ont pas l'habitude de passer par les circuits associatifs comme le nôtre. Montage des dossiers de recherche de financement. Un soutien de la fondation RTE a pu être obtenu en octobre 2011 pour une partie du budget. Les échanges se poursuivent avec la Région LR et CG 34, qui expriment toujours leur intérêt pour le projet mais nous engagent dans des procédures de montage de dossier plus complexes que d'habitude. 4. Dynamiques collectives paysannes : Atelier collectif de fabrication de jus de raisin. Un atelier mobile voulu de taille modeste a permis à de nombreux membres de Chemin Cueillant de réaliser leur jus à moindre coût. Mais le matériel semble malgré tout sous- dimensionné pour les paysans ayant des objectifs plus conséquents. Un bilan collectif du projet et des orientations futures sera réalisé avant les vendanges 2012. Ce projet permet de lancer une première dynamique collective dans l'association Chemin Cueillant qui regroupe maintenant une vingtaine d'adhérents. 4

II - Terroirs sources de Kabylie Les activités de BEDE se situent en moyenne montagne en basse Kabylie dans la wilaya de Bejaïa. Quatre formes de collaboration avec les communautés rurales ont été construites. 1. Avec l association du village de Tazla : Ø Contexte : L association du village de Tazla, petit village isolé des Bibans, s est créée en 2007 avec un projet de développement rural dont l objectif est de reconstruire, avec une approche holistique, une économie rurale fondée sur la valorisation des ressources locales. Les actions engagées par BEDE depuis 2005 avec l'aide des membres de 4ACG, ont donné des résultats tangibles : extension des terres irriguées, château d'eau, bus scolaire. Le village de Tazla, qui était désaffecté, se repeuple (5 élèves en 2005, 16 en 2011). Les activités prévues avec l association du village de Tazla ont dues être mises en suspend à cause d'un surcroît d'activités inattendu au village. Le dynamisme de l'association de Tazla a attiré sur ce village l attention des réseaux institutionnels et associatifs. Ainsi, l'etat a mis en œuvre un certain nombre d actions dans le cadre d un Projet de développement rural intégré (PPDRI), comportant un volet équipements collectifs (route, pistes agricoles, maison de jeunes, éclairage publique, etc.) et un volet soutien aux activités individuelles créatrices de revenus (principalement distribution de ruches et d'ovins). A cela s'ajoute un autre programme gouvernemental de subvention de l'habitat rural dont une demi- douzaine de villageois ont profité, et un projet européen coordonné par l ONG AREA- ED. Ce n'est qu'au printemps 2011 que le programme a été relancé par l opération élevage caprin/fromagerie qui devait être un exemple d'intégration de l'économie villageoise, centre sur la biodiversité animale et végétale. Ce projet a malheureusement été stoppé sur décision de l association de Tazla, suite à des questions foncières. Un nouveau programme concerté a été stoppé par une nouvelle loi sur les associations, adoptée en décembre 2011 en Algérie. Cette loi réglemente strictement les relations de collaboration des associations algériennes avec les associations étrangères. L'Association de Tazla, comme toutes les autres, attend les textes d'application de cette loi. Ø Prochaines étapes : ú Mission prévue fin mai 2012. En fonction des priorités, BEDE établira un nouveau programme de collaboration avec l'association de Tazla. En raison des nouvelles dispositions relatives aux collaborations avec des associations étrangères, il faudra sans doute le déposer à la direction de la réglementation du département de Béjaia. Cette démarche est d'ailleurs applicable à toutes les collaborations en Algérie. 2. Avec une famille paysanne vivant uniquement de l'agriculture à Tiniri : Ø Contexte : Tiniri est un autre village isolé des Bibans (à 10 km de Tazla). Avec la famille Belaïd, BEDE cherche à produire depuis 2007 des références agricoles de production de revenus, en soutenant des petites innovations en termes de captage de l'eau, clôture de protection des sangliers, traction animale moderne, culture du raisin de table conduit en pergola, diversification de fruitiers... Pour BEDE, les collaborations avec la famille Belaïd se font sous forme de conventions individuelles qui stipulent toujours une obligation de partager les expériences par des démonstrations. 5

Compte tenu de la situation à Tazla voisine et des problèmes de financement, il n' y a pas eu d'activité particulière sur ce site en dehors de l'encadrement à distance et des deux visites réalisées dans l'année. Les installations réalisées fonctionnent bien. Sur certaines variétés de figues essayées mal adaptées il est prévu des greffages de variétés locales. Ø Prochaines étapes : Les résultats sont suffisamment convaincants pour que les trois garçons mariés veuillent s'installer autour de leur père. Une réorganisation des rôles dans la famille est en cours. Les actions suivantes sont prévues : ú Installation d une pépinière de plants potagers de variétés locales de montagne (besoin en formation et en équipements) ú Démarrage d un élevage de poules de races locales. Il est prévu qu il soit complètement alimenté par la ferme et géré par une femme de la famille (financement 4ACG). 3. Avec les associations professionnelles spécialisées sur la figue et l'olivier : Ø Contexte : Le figuier et l olivier sont les deux cultures socles de l'économie agricole de la Kabylie. De nombreux échanges ont déjà eu lieu sur ces deux cultures. BEDE collabore étroitement avec l'association de figuiculteurs de la wilaya de Bejaïa dont le siège est à Beni- Maaouch, centre de la culture de la figue en Kabylie, et plus ponctuellement avec l'association des oléiculteurs de la wilaya de Bejaïa où les prolongements aux échanges organisés en2010 et souhaités par les oléiculteurs sont restés en attente, faute de moyens financiers et de temps de coordination. L'association des figuiculteurs de la wilaya de Bejaïa, regroupe 125 adhérents et couvre les 52 communes de la wilaya de Bejaïa. Cette association anime depuis 1997 une fête de la figue organisée par la mairie de Beni- Maaouch. Les activités menées avec BEDE se concentrent sur la valorisation des produits : participation à la fête de la figue de Vézénobres dans le Gard en 2010, échanges d'expériences de transformations culinaires avec les femmes du Gard (France) et de Tunisie. Ces essais de production de confiture, pâte de fruit, chutney, etc., conduits à l'échelle d'une famille, sont encourageants. Au niveau de l'association des figuiculteurs, ils demandent à être amplifiés et plus largement testés auprès des consommateurs. Suite aux missions précédentes, notamment celles qui ont réuni des femmes transformatrices de Kabylie du Gard et de Tunisie, il s'est dégagé un consensus au sein des figuiculteurs pour suivre la voie de la valorisation de leur production par la transformation. Création d'une coopérative. Les discussions et surtout les procédures administratives d'obtention d'un agrément ont duré pratiquement toute l'année 2011 et n'ont abouti qu'à la fin de l'année. La coopérative (de type CUMA) est compose de 14 membres qui s occuperont d'une part de partager l'utilisation du matériel agricole (tracteur, outillage), et d'autre part de monter un atelier de transformation des figues de 3ème et 4ème choix (traditionnellement destinées respectivement à l'alimentation quotidienne de la famille et à celle des animaux) dans lequel les femmes de 8 des coopérateurs travailleront. L'achat du matériel peut bénéficier d'une subvention de l'état de 50%, avec 25 % d'apport et 25% de crédit par la banque. BEDE a apporté les informations demandées par les figuiculteurs pour mettre au point leur statut et, en collaboration avec ses partenaires du Gard, a fourni une ébauche de plan d'aménagement de l'atelier et des devis qui aideront les figuiculteurs à monter des dossiers de demande de subvention. Journée d'initiation à l'hygiène et à la sécurité des aliments. Cette journée a été animée par une jeune diplômée en technologie agro alimentaire de Beni- Maaouch au profit des futures travailleuses de l'atelier. Les figuiculteurs ont décidé d'intégrer la technicienne en tant que coopératrice et de lui confier la gestion de l'atelier. Visites de travail avec des chercheurs pour des projets de recherche participatifs. Sur les aspects de la connaissance et valorisation du patrimoine BEDE a organisé en septembre 2011 des visites de travail avec des chercheurs notamment de l Université de Béjaïa et du Centre d écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier, pour réfléchir au montage de recherches participatives notamment sur des thématiques qui préoccupent les figuiculteurs et les oléiculteurs. 6

Ø Prochaines étapes : ú Accompagnement technique de l'atelier de transformation. ú Formation des femmes transformatrices, afin qu'elles soient opérationnelles dés la prochaine récolte.. ú Animation d un débat avec les figuiculteurs pour définir la place de l'atelier de transformation dans les activités de la coopérative. ú Edition d'un livre collectif de cuisine de la figue par les femmes du village et celles du Gard. Une ébauche a été rédigée. Cette action sera poursuivie si BEDE trouve les financements. 4. Elevages avicoles de races rustiques avec les femmes de Beni- Maaouch : Ø Contexte : Pour compléter l approche sur la biodiversité cultivée il a été décidé il y a un an d'ouvrir en Algérie un axe «aviculture rustique en autoproduction alimentaire». Outre la préservation de la biodiversité animale et végétale, cette activité se situe à la croisée des chemins de nombreuses questions environnementales, économiques et sociales. Cette activité a commencé pour l instant en Kabylie, mais pourrait être développée ailleurs, en Algérie, en Afrique de l Ouest, et en France. L'idée de croiser cette activité avec la question du statut de la femme rurale s est rapidement imposée. Partant du constat que les micro élevages avicoles traditionnels ont toujours été gérés par les femmes, on postule que le passage à des élevages plus conséquent et créateurs de revenus permettra d'améliorer sa position dans la cellule familiale. Premier atelier de production avicole. Le lancement de cet atelier de production à Beni- Maaouch a été confié à une technicienne conseil en agriculture Bio qui a effectué son stage de Certificat de spécialisation Bio à BEDE. En deux missions, la technicienne de culture kabyle a participé à la collecte d'œufs et lancé les premières éclosions en mini incubateurs fournis par BEDE. Elle a également formé les femmes en charge de l'activité. Quatre séries d'éclosions ont permis d'obtenir une population diversifiée de poulets, correspondant aux souches traditionnelles connues. L'activité a cependant été suspendue durant l'hiver, car le coût du chauffage des jeunes poussins est trop élevé par manque de local isolé adéquat. Production locale de l alimentation des élevages avicoles. Une parcelle de sorgho a pu être emblavée. Elle a donné un résultat correct si on doit tenir compte du retard dans sa mise en place. En décembre 2011 des cultures de pois protéagineux local et de triticale ont été mises en place à Beni- Maaouch et à Tiniri, afin de disposer de grains l'année prochaine. Ø Prochaines étapes : ú Acquisition de références technico- économiques viables. Avant de lancer ce programme à plus grande échelle, la mise au point de rations alimentaires peu coûteuses et accessibles en auto production est une priorité. ú Regroupement des femmes. L'organisation des productrices est nécessaire, étant donné que l'accès direct au marché ne leur est socialement pas permis. ú Poursuite de l'évaluation des cultures aptes à fournir du grain pour la volaille. On continue à prospecter dans l'arsenal de biodiversité des cultures de la montagne (vesce, féverole, caroube, sorgho), sans négliger des introductions de plantes éprouvées dans d autres régions (triticale, pois chiche noir, etc.). 7

III - Terroir source du Mzab Ø Contexte : La collaboration avec l'association Tazdait de l'oasis de Béni Isguen est centrée sur la préservation et la valorisation du patrimoine phœnicicole. Quatre axes de travail communs ont été convenus : ² L'acquisition de références techniques sur la culture du dattier et leur transmission ; ² La valorisation des variétés de dattes négligées ; ² La promotion et la facilitation du métier de phœniciculteur ; ² L'agriculture périurbaine en tant que soutien et complément à la phœniciculture. Edition de la version arabe de l ouvrage Le palmier- dattier raconté par un cultivateur. Le livre a été traduit en arabe et imprimé à Alger. La diffusion de l'ouvrage (1000 exemplaires) est en cours, assurée en partie par Tazdait et en partie par l éditeur algérien. Participation au Symposium international «Le palmier dattier, bilan de 50 années de recherche». BEDE et Tazdait, invités à ce symposium qui s'est tenu en novembre à Alger, ont communiqué en commun sur le thème de la recherche participative appliquée à la phœniciculture. Les membres de Tazdaït ont en particulier interpellé les chercheurs sur le manque de valorisation des résultats de la recherche et rappelé un certain nombre de travaux prometteurs qui n'ont pas eu d'impacts positifs sur la phœniciculture. Ils ont insisté sur l'importance de ne pas dissocier dans les travaux de recherche, le palmier, l'oasis et le phœniciculteur et évoqué un certain nombre de thèmes orphelins, très préoccupants dans le métier de phœniciculteur, entre autres, le réchauffement climatique et la gestion de l'espace oasien et des ressources en eau. La version arabe du livre «Le palmier dattier raconté par un cultivateur» a été présentée aux participants du Symposium. Le «kit du phœniciculteur». C est l'un des volets importants d'acquisition de références techniques. Il consiste à concevoir un ensemble d'outils modernes pour réduire la pénibilité du travail, augmenter sa productivité et le sécuriser. Le principal partenaire de BEDE/Tazdait est la fondation Petzel, spécialiste des activités verticales. Une première mission d un formateur de Petzel en septembre 2011 a permis de dresser l'état des lieux et d'envisager des pistes de modernisation. Un groupe de phœniciculteurs s est constitué pour participer à l'élaboration des outils et à leur validation. Agriculture périurbaine. Cette activité avait démarré suite à une sollicitation de Tazdait pour une dotation en matériel de traction animale susceptible d'augmenter les surfaces consacrées aux cultures annuelles dans la palmeraie. L'idée de fédérer les producteurs autour d'une commercialisation mutualisée du type boutique paysanne a également été avancée. Mais on s'est aperçu que le principe de la commercialisation collective n'avait pas suffisamment mûri à la base et qu'il fallait reconsidérer la construction du projet. Un membre de BEDE volontaire au service civique a effectué un séjour de 45 jours dans le M'zab avec, pour mission de dresser un diagnostic, de sonder la société oasienne, d informer et de former au besoin, en particulier sur les cultures en étage. Des éléments d'information sont maintenant disponibles pour que Tazdait constitue un groupe de cultivateurs intéressés par le développement des cultures sous- jacentes. 8

Ø Prochaines étapes : ú Diffusion de la version française du livre «Le palmier dattier raconté par un cultivateur». ú Avancée de l'axe «agriculture périurbaine». L objectif est de réunir le groupe de cultivateurs et de convenir avec lui d'un programme de travail consensuel. ú Missions prévues en 2012 avec des cadres de Petzel pour avancer dans la conception du Kit. IV - Terroirs sources d Afrique de l Ouest L approche «terroir source» est relativement nouvelle pour BEDE dans la région Afrique de l Ouest. En effet, au cours des précédents programmes, BEDE avait axé ses activités sur les échanges d expériences entre praticiens, l information, la production de documents d information et la mise en réseau sur les problématique liées à la biodiversité cultivée. Les recommandations allaient toujours dans le sens de l accompagnement en pratique de lieux où l on montre qu il est possible de faire vivre et de vivre de la biodiversité cultivée en agro- écologie. A partir de son expérience au Maghreb et en Europe, BEDE a décidé d orienter son programme en Afrique de l ouest sur l approche «terroirs sources». Un état des lieux a été conduit sur plusieurs territoires pour dégager avec les organisations locales concernées les axes à renforcer ou à mettre en place. 1. Terroirs sources en Casamance (Sénégal) En moyenne Casamance, à Medina Wandifa avec le GIE Baragnini : Ø Contexte : Dans la commune de Medina Wandifa, le Groupement d intérêt économique (GIE) féminin Baragnini (qui signifie chercher du travail en Mandinka) regroupe une quinzaine de femmes qui sont organisées pour aider les femmes à progresser vers l autosuffissance alimentaire et financière par des actions liées au travail et à l entre- aide entre elles. 9

Diagnostic pour l optimisation de l intégration de la production animale et végétale. Le GIE a pour projet d aider les femmes à mettre en place l élevage avicole. BEDE étudie l idée de les accompagner dans cette voie. Entre l'élevage traditionnel, souvent conduit en extensif, et l'élevage intensif, la solution retenue consisterait à intégrer la production d aliment dans l'assolement des cultures afin d'en réduire les coûts et tendre vers l'autonomie. Un minimum de suivi de la sélection à partir des races locales rustiques permettrait d'améliorer les performances. Une réflexion est en cours pour trouver l équilibre entre activités individuelles et collectives. Cependant, l une des priorités du GIE est la sécurisation foncière. En effet, les femmes n ont pas accès à un champ collectif «stable», étant donné que les parcelles leurs sont prêtées et que d une année sur l autre elles peuvent être contraintes de changer de champs. Les efforts pour augmenter la fertilité des sols avec la fumure organique sont alors réduits à néant lorsqu il il faut à nouveau reprendre le travail sur une autre parcelle. Dans ce contexte, il n est pas envisageable de développer des activités de polycultures pour l élevage. C est la raison pour laquelle la priorité est maintenant donnée à la sécurisation foncière du groupement. BEDE a facilité l achat d une paire de bœufs pour faciliter le travail dans les champs collectifs et permettre aux femmes de préparer le sol en amont de la saison des pluies, ce qui est primordial pour prétendre à de bonnes récoltes. Plusieurs autres axes de travail se sont dégagés : ² L'autonomie alimentaire des animaux et la valorisation des produits dans le cas d'élevages destinés au marché ; ² la valorisation et la conservation de la biodiversité locale (construction d'un grenier). En haute Casamance, à Djimini : Ø Contexte : Djimini est un village proche de Velingara en Haute Casamance qui a accueilli 3 éditions de la foire régionale des semences paysannes. La vitalité des activités sur les semences paysannes provient de la ferme de Biolopin et de son jardin de diversité appartenant au président de l ASPSP. Des études ont été réalisées sur les cultures maraichères de contre saison de la ferme de Biolopin ainsi que dans le jardin du groupement des femmes. Diagnostic pour l optimisation des systèmes d irrigation. L option retenue est d accompagner la ferme de Biolopin dans la mise en place d un aménagement simple et reproductible pour réduire le temps d arrosage des cultures et permettre de les étendre sur la ferme. Le modèle proposé par le fermier est celui d un système de tuyau relié à un château d eau construit en matériaux de récupération. Concernant le jardin des femmes, une étude a été réalisée pour proposer un schéma d aménagement. L actuel puits ayant une capacité limitée, il est nécessaire de le réaménager, et d y prévoir un système d exhaure simple et efficace (pompe à godets) et des bassins pour réduire les distances entre le puits et les parcelles. 2. Terroirs sources de la Panjari (Togo, Bénin) Au nord du Togo, au centre CD2A de Cikassé : Ø Contexte : : Le Centre de Développement Agricole et Artisanal (CD2A) est une entreprise de développement socio- économique et laïque. C est un centre de formation qui fonctionne sur le principe de la démonstration afin d éveiller les populations rurales aux possibilités de réussite de leur milieu. Elle est spécialisée dans la revalorisation des terres épuisées, et dans l insertion sociale de la jeunesse en difficulté. Le CD2A est depuis de longues années très investi dans sa zone. La rencontre avec son promoteur en 2008 puis en 2009 à l invitation de BEDE lors de la caravane des semences paysannes a initié une collaboration. Aujourd'hui pour promouvoir une agriculture saine et juste, on ne peut pas se cantonner au soutien de l'activité productive au sens strict. Il faut que le paysan puisse vendre mieux. Pour cela il doit faire la promotion de son produit, le transformer lui- même chaque fois que c'est possible pour en conserver le maximum de valeur ajoutée ou éventuellement le conserver en attendant la remontée des cours. Deux femmes du centre CD2A de Cikassé au nord du Togo ont suivi une session de formation dispensée au centre Albert Schweizer au Burkina. Elles ont acquis des techniques principalement pour la transformation des 10

fruits en confitures et sirops. D autre part, une des femmes formées dans ce centre a participé à la foire ALIMENTERRE, un festival qui met à l honneur la transformation et la consommation des produits agricoles locaux. Cette participation lui a permis de découvrir d autres types de valorisation des produits et de prendre des contacts, notamment avec des entreprises qui commercialisent les équipements et les emballages. LE CD2A a initié «une cantine» où l on peut consommer quelques- uns des produits de la ferme : sirop de bissap, pâte de maïs, poulets. Diagnostic des activités du centre CD2A et orientation du soutien de BEDE. ² Le centre doit maintenant s équiper d un atelier de transformation équipé avec du petit matériel et expérimenter d autres produits transformés comme les pâtes à base de farine de maïs. BEDE cherche à l appuyer dans se sens. ² Le production de compost étant indispensable pour l agro- écologie, BEDE a facilité l achat d une paire de bœufs de traction. ² Accompagnement à la création d un réseau local des semences paysannes et d'une case de la semence. Au nord du Bénin, avec l association ORAD (Organisation des ruraux pour l agriculture durable) à Djougou: Ø Contexte : Suite aux échanges d expériences et d informations auquel a participé Omer Agoligan du syndicat Synergie paysanne, il a décidé de promouvoir la conservation et l utilisation des semences paysannes en agroécologie dans sa zone. L Organisation des Ruraux pour l Agriculture Durable est en cours de constitution. Son but est de développer et de promouvoir l'agroécologie et la biodiversité cultivée économiquement rentable à l'échelle familiale. ² BEDE a appuyé un agriculteur de l'orad pour l acquisition d une paire de bœufs début décembre afin qu'il se prépare à l'acquisition, l'expérimentation et la diffusion de l outil de traction animale moderne «kassine». Diagnostic des activités de ORAD et orientation du soutien de BEDE. ² Accompagnement pour la création d un réseau local des semences paysannes et une case de la semence. à Premier bilan des Terroirs sources en Afrique de l Ouest : A ce stade, il est trop tôt pour tirer des conclusions. Nous pouvons toutefois constater certaines difficultés. La première est liée à l éloignement des terroirs sources ; 4000 kms séparent le groupe de femmes de Baragnini au Sénégal et l ORAD au Bénin. Les déplacements de l équipe de coordination se faisant généralement en transports en commun, le temps et l énergie passée dans les voyages sont importants. BEDE pense surmonter cette difficulté en ajustant au mieux son programme de visites sur le terrain par des périodes plus longues mais plus espacées dans le temps. D autre part, les rythmes de co- construction sont dépendants des réflexions des groupes collaborateurs. Souvent ce sont des processus collectifs qui prennent plus de temps que ce qui avait été initialement programmé. Il est nécessaire de laisser un temps de mûrissement dans cette approche et de garder une grande flexibilité dans le calendrier prévisionnel. Des accords cadre de collaboration en cours de finalisation formaliseront la relation avec chacune des associations locales des terroirs sources. Ils définissent les axes de travail sur plusieurs années, au delà même de la période de projet. 11

RESEAUX DE PRATICIENS DANS LA GOUVERNANCE DE LA BIODIVERSITE I - Soutien à l émergence des systèmes semenciers communautaires autonomes Ø Contexte : La souveraineté alimentaire est le maître mot des organisations paysannes africaines. Elle est fondée sur une large diversité de cultures et de variétés locales bien adaptées à des modes de cultures sans intrants chimiques (ni engrais, ni pesticides). Cependant, la transmission des savoir- faire a été émoussée par des politiques négligentes et des techniciens formés à l agriculture productiviste. La renaissance de systèmes semenciers autonomes passe par des formations, et des échanges d expériences entre praticiens. 1. Formations à la production de semences et à l agroécologie : Séminaire de formation «Semences et agroécologie» à Betta (Burkina Faso) : Co- organisation avec Terre et Humanisme et ses partenaires burkinabais, ainsi que le Centre de Production de Semences Tropicales (CAPROSET). Cette formation était destinée à un réseau d animateurs en agroécologie burkinabais. BEDE a facilité la participation de l ASPSP du Sénégal, de l ORAD du Bénin, de l APN (Association Protection du Sahel) du Burkina et de la COPAGEN (Coalition pour la Protection du Patrimoine génétique Africain). Les participants ont ainsi pu acquérir des pratiques de production de semences potagères, échanger avec les autres participants sur les techniques de production de semences de céréales, ainsi qu acquérir des techniques de conservation des semences. Animation d ateliers et apport de témoignages. Explication des verrous biologiques et législatifs et des systèmes d organisation : maison de la semences, banques de gènes communautaires, réseau semences paysannes Ø Prochaine étape : ú Approfondissement par une formation au CAPROSET à Gao, au Nord du Mali. Pour le moment, la situation sécuritaire ne le permet pas et une réorientation vers le Sénégal est probable. Formation à la production de semences d oignon violet de Galmi au Sénégal avec ASPSP et URCAK: Formation à la production de semences d oignon. BEDE a facilité un échange d expériences sur la production de semences de l oignon violet de Galmi. Cette technique de production en deux phases est souvent mal maîtrisée par les producteurs. Ousmane Sinaré, un praticien expérimenté de l Union régionale des coopératives de la région de Kayes au Mali est venu dispenser une formation à certains des membres de l ASPSP (Entente de Diouloulou, Ucem) sur le jardin des femmes de Djimini et à la ferme de Biolopin. Ø Prochaine étape : Une prochaine séance est prévue sur la sélection des bulbes- mères à conserver plusieurs mois avant de les repiquer pour la production de semences. 2. Organisation de réseaux communautaires autonomes de type «Cases de semences» : Diagnostic : Une phase de diagnostic a été réalisée avec des organisations paysannes ayant émis la volonté de s orienter dans une dynamique autour de systèmes semenciers autonomes de type «case des semences». Elle s est déroulée au Sénégal, avec plusieurs organisations membres de l ASPSP (en Casamance avec l Entente de Diouloulou, avec la ferme de Biolopin en haute Casamance, et l UCT au centre du pays) ; au Togo ou le centre CD2A a insufflé récemment une nouvelle dynamique régionale un réseau local baptisé UGAMPEL (Union de Groupements Agricole pour le Maintien du Patrimoine Local) ; et au Bénin avec le groupement ORAD dans la région de Djogou. 12

Il ressort d un point de vue général, que selon les lieux, les personnes ou les groupes, les actions entreprises différent énormément. Les portes d entrée vers la gestion des variétés locales vont de l idée de l autonomie de la ferme, voire celle de la souveraineté alimentaire du pays, aux difficultés économiques, en passant par des problèmes de santé, de variétés «améliorées» non adaptées, d indépendance par rapport à l industrie et aussi de motivations relatives à la tradition et à la culture. La notion de préservation de l environnement fait aussi son chemin. Les bases de création d une organisation de réseaux semenciers communautaires autonomes de type Case de Semences sont présentes et multiples. Ce premier diagnostic révèle que tous les éléments favorisant ou composant une Case de Semences sont disséminés sur l ensemble du territoire ouest- africain mais ils ne sont pas organisés, sans réels liens les uns avec les autres et souffrent d un manque de moyens matériels et logistiques. Rencontres avec des organisations nationales et internationales ayant des expériences dans la conservation des semences locales : au Mali : USC Canada, le CAPROSET (Centre Agroécologique pour la Production de Semences Tropicales) ; ces échanges sont susceptibles d évoluer vers de futures collaborations. Ø Prochaines étapes : ú En général sur les différents pays et en continu, actions de sensibilisation sur : l intérêt d utiliser les semences locales, leur sélection, leur stockage, leur diffusion, leur conservation, la collecte des savoirs et leur circulation, et organisation de formations... Ces actions constituent les éléments essentiels pour la mise en place de systèmes semenciers autonomes type Case de semences. Dans le détail : ú Au Togo avec l association UGEMPEL : Accompagnement sur la caractérisation des variétés locales référencées depuis 2010/2011 dans quinze villages autour de Cinkassé (Togo) pour permettre en 2012/2013 la mise en place de la première Case de Semences au Togo ú Au Bénin avec l association ORAD : Accompagnement à la mise en place de formations et d actions de sensibilisation sur la sélection, la multiplication et la conservation des semences des variétés locales pour soutenir la dynamique de construction d une Case de Semences. ú Au Sénégal avec Biolopin, le jardin des femmes de Djimini, l Aspsp et ses adhérents, l UCT, etc. : Multiplication des réunions et des rencontres permettant les échanges de semences et l organisation des semis. 3.Soutien à l organisation de la 3ème Foire ouest- africaine des semences paysannes de Djimini : Ø Contexte : L Association Sénégalaise des Producteurs de Semences Paysannes a organisé en novembre 2011, la 3ème édition de la foire sous- régionale des semences paysannes à Djimini en Haute Casamance. Cette rencontre a réuni plusieurs centaines d agriculteurs du Sénégal et des pays voisins. La bourse des semences a donné l occasion à des échanges de graines, complétés par des ateliers thématiques de techniques de production de semences, techniques de conservation, foncier, traction animale, utilisation du moringa, etc. L accent a été mis sur les systèmes de conservation traditionnels des semences. L'objectif était de revisiter les savoir- faire des communautés paysannes de la sous- région ouest- africaine pour adapter les meilleurs au contexte d'aujourd'hui. Ø Activités : Organisation de la participation sous- régionale et européenne à la foire. Depuis plusieurs années, BEDE identifie des initiatives de la sous- région ayant développé des expériences dans la gestion de la biodiversité cultivée. Plusieurs organisations se sont mobilisées à leur compte, d autres ont été prises en charge par BEDE entièrement ou partiellement. Des paysans et paysannes sont venus du Niger, du Bénin, du Togo, du Burkina Faso, du Mali, de la République de Guinée et de la Guinée Bissau. BEDE a coordonné aussi la venue de producteurs et productrices de la coordination européenne «Libérons le Biodiversité» dans le cadre du projet européen «Farmers seeds». Exposition de photos de greniers et d'autres techniques de conservation utilisées dans la sous- région. Co- organisation de la construction de greniers. Ces greniers ont été bâtis pour l occasion en grandeur nature dans les concessions du village. Trois types de greniers ont été érigés, l'un Bo, l'autre Madinka et le dernier Balante. Réalisation d un calendrier 2012, intitulé «Echangeons nos savoirs pour faire vivre nos propres semences en 13

agriculture paysanne». Ce calendrier qui met en valeur la diversité des types de grenier qui existent dans la sous- région a été distribué en nombre à toutes les organisations participantes. Ø Prochaines étapes ú Documentation de la foire : réalisation d un clip vidéo et rédaction, édition et diffusion du journal de la foire avec l'aspsp ú Soutien à l animation du Comité Ouest- Africain des Semences Paysannes. L affluence que la foire a suscitée et la présence de nombreux producteurs de semences venus des pays voisins, les échanges de semences et de savoir- faire, et les débats qui ont eu lieu ont démontré une fois de plus combien la demande en informations est forte. La circulation de l information est cruciale, non seulement pour partager ses connaissances mais aussi pour se mobiliser face à des réglementations menaçant les semences paysannes et la souveraineté alimentaire en Afrique de l Ouest comme ailleurs. Déjà organisés en associations comme l ASPSP, organisatrice de la foire, en coopératives, ou encore en syndicats, celles et ceux qui comprennent l importance de poursuivre et consolider ces échanges, dans le temps et dans l espace, convaincus que «l union fait la force» ont estimé nécessaire qu une organisation en réseau puisse voir le jour. Cette volonté commune a débouché sur la mise en place du Comité Ouest- Africain des Semences Paysannes (COASP). BEDE tâchera de le soutenir.. II - Soutien à la promotion du «consommer local» Avec une coopérative de femmes rurales, la COFERSA, au Mali : Identification des cibles et des outils nécessaires à l information des consommateurs : Ø Contexte: La principale collaboration sur la question de la valorisation de la biodiversité locale est développée avec la Convergence des Femmes Rurales pour la Souveraineté Alimentaire du Mali. La COFERSA, qui regroupe 14 coopératives de femmes transformatrices de produits alimentaires du Mali, s est fixé comme objectif de contribuer à la souveraineté alimentaire à travers la valorisation et la commercialisation des produits locaux de transformation. Ø Activités : Etude sur les avantages et inconvénients des produits agricoles locaux et importés en termes nutritionnels et économiques. L objectif était de donner crédit et validité à l'information produite et diffusée. Différents échanges d informations ont eu lieu avec plusieurs organisations, notamment avec le ROPPA (Réseau des Organisations Paysannes d Afrique de l Ouest), la FAO (Organisation Mondiale pour l Agriculture et l Alimentation), l OOAS (Organisation Ouest- Africaine de la Santé) et Slow Food. Ces échanges ont permis de prendre connaissance des initiatives en cours, que ce soit au niveau des organisations paysannes, de la recherche ou d autres associations. Atelier sur les enjeux de la consommation des produits locaux et les outils de communication. A l occasion de la journée mondiale de l alimentation, en octobre 2011, une quinzaine de femmes des coopératives membres de la COFERSA étaient réunies à Sikasso pour s informer, débattre et réfléchir sur les enjeux de la consommation des produits agro- alimentaires et des produits locaux. Les femmes ont commencé à identifier les produits consommés au quotidien et lors d évènements. A partir d exemples choisis : lait en poudre, cube d assaisonnement, pain des boulangeries «dites modernes», sodas, sumbala, céréales locales (mil, sorgho, fonio, etc.), les impacts de la consommation de ces produits sur l économie, sur la santé et sur l environnement ont été discutés. Chaque produit a été analysé en détail et les étiquettes d emballage décryptées. La rencontre a aussi permis aux femmes de se concerter sur les versions intermédiaires des outils de communication de la COFERSA: logo, gamme d étiquettes, affiche. Table ronde à la radio, «Faisons attentions à ce que nous mangeons». Cette émission a été organisée en langue locale et enregistrée en direct. Elle sera multipliée et diffusée dans les radios rurales où la COFERSA a ses membres. Un plan de diffusion a été réalisé en collaboration avec BEDE qui s implique dans le suivi et qui a produit un film documentaire, «Bien se nourrir avec les produits locaux». Ø Prochaine étape : En 2012 le travail portera sur la réalisation des outils d'information et de diffusion. 14

Veilles et coalitions BEDE prend part à plusieurs actions collectives de la société civile, que se soit dans la consolidation de veilles citoyennes d information ou dans les mouvements de propositions pour une transition écologique de l agriculture. I - A l échelle nationale Avec Inf OGM : sur le renforcement des Veilles citoyennes d information (pôle juridique commun aux veilles sur les OGM, semences et pesticides), aide à la mutualisation, esquisse d une collaboration sur le coton GM au Burkina, organisation et compte rendu d un séminaire sur les nouvelles technologies de transformation du vivant. Avec le Réseau Semences Paysannes (qui regroupe plus de 50 organisations) : sur la relation avec la recherche (projet REPERE). Ce projet est mis en œuvre en partenariat avec la Fondation Sciences Citoyennes, le Réseau Semences Paysannes auquel BEDE adhère, et il est soutenu par la Ministère de l environnement (MEEDDL). L un de ses principaux objectifs est de montrer l'intérêt et l'importance de l'implication des organisations de la société civile dans la recherche à travers l'exemple de la sélection participative qui est au croisement de l'agriculture durable, de l'environnement et de l'alimentation. BEDE, en collaboration avec le Réseau Semences Paysannes, a été responsable en particulier de l'étude et de l'analyse des expériences en sélection participative, et de la rédaction du compte rendu du premier séminaire (sous format d'un livret PEUV, «Visions paysannes de la recherche dans le contexte de la sélection participative»). Avec PEUV (Pour l émergence d une université du vivant) : accompagnement depuis 2009 d un processus de construction d un espace de discussion sur une recherche respectueuse du vivant. Cette année, avec six autres organisations (GIET, Nature et progrès, RSP, ITAB, MAB, Inf OGM), nous avons participé à un projet collectif «transversal» qui donne lieu à une collection d ouvrages intitulée «Emergence». BEDE assure la relation avec les auteurs et le suivi éditorial en facilitant une relecture collégiale, le suivi éditorial, l impression et l organisation de la diffusion des livrets. Deux livrets ont été rédigés en 2011 : «Nouvelles techniques de manipulation du vivant» par Inf OGM, et «Visions paysannes de la recherche dans le contexte de la sélection participative» par le RSP. Trois autres livrets sont prévus après les séminaires Relation Hommes & plantes par le MAB (mai à Colmar), Normes et Vivant par Nature et Progrès (octobre à Dijon), Méthodes globales par l ITAB (décembre à Paris). II - A l échelle européenne Construction d une Coordination européenne des réseaux nationaux sur les semences paysannes, à laquelle BEDE contribue en tant que membre du Réseau Semences paysannes. Initié en 2005 avec le séminaire Libérons la diversité à Poitiers, le mouvement se développe en organisant annuellement une étape dans un pays. En 2011, la 6ème rencontre Libérons la diversité s est déroulée en février en Hongrie et a permis de travailler à la préparation d une position européenne de la société civile sur les droits des agriculteurs dans le Traité international sur les ressources phytogénétiques. L objectif de cette rencontre est de répondre à la sollicitation du Comité Directeur du Traité pour identifier les obstacles à la réalisation des droits des agriculteurs. A l issue de la rencontre, le comité de pilotage (France, Espagne, Italie, Autriche, Allemagne, Ecosse, Roumanie, Hongrie, Royaume- Uni) a décidé de formaliser la coordination européenne avec un statut associatif pour asseoir un mode de fonctionnement plus efficace. La réunion de lancement coordonnée par BEDE s est faite à Paris en mai et la formalisation juridique sous droit belge est en cours. L étape suivante sera probablement d aider au rodage de cette nouvelle structure de coordination qui est aujourd hui soutenue partiellement par le projet Européen (Farmers seeds) qui prend fin en 2012. 15

III - A l échelle internationale Participation au lancement de la Coordination ouest- africaine des semences paysannes (COASP) créée à l issue de la Foire de Djimini en novembre 2011. Les délégués des pays de la sous région ont décidé de mettre en place ce comité pour «consolider les échanges d information sur les semences paysannes et les lois qui les menacent» et ont défini la marche à suivre pour aboutir à la création du réseau ouest- africain des semences paysannes. Le comité s est donné deux ans pour définir une vision, une mission, des principes et un mode de fonctionnement du futur réseau et a désigné deux représentants par pays pour faire le travail préliminaire dans chacun des pays. Participation au 13ème Congrès de la Société internationale d Ethnobiologie, qui aura lieu à Montpellier en mai 2012 (800 personnes attendues dont 100 représentants de communautés autochtones). BEDE participe au comité d organisation du Congrès pour les activités pré- congrès par un atelier dans le Minervois sur la recherche action et par différentes activités off en relation avec le Forum des peuples autochtones. 16 Edition et diffusion BEDE a produit en 2011 à son initiative et/ou en collaboration avec d autres structures un certain nombre de supports de diffusion (périodique, livres, DVD, cassettes audio, supports pédagogiques). Un catalogue des productions qu elle diffuse a été réalisé en début d année. Ø Périodique : «Les Nouvelles de BEDE» C est l organe de communication externe de BEDE. Nous sommes passés d un quatre pages en 300 exemplaires publié au printemps à un huit pages publié en hiver, imprimé en 600 exemplaires en deux fois. La formule plus développée reçoit un très bon écho. Ø Edition d ouvrages : «En Languedoc- Roussillon, la biodiversité se cultive aussi». (1000 exemplaires) Ce document fait l inventaire des bonnes pratiques de la biodiversité cultivée en Languedoc Roussillon afin d encourager la conservation de cette biodiversité, notamment en mobilisant les acteurs clés et en rendant le sujet accessible au grand public. Dans un contexte de crise climatique, édaphique et économique il s'agit de documenter des initiatives pionnières qui sont autant de pistes pour les agriculteurs en reconversion ou en installation. Ø Actions pédagogiques : «Mallette Epi» Les associations BEDE et APIEU réalisent depuis 2005 du matériel pédagogique sur la biodiversité, les semences et les OGM à l attention d un public d enfants et de jeunes (écoles, collèges, collectivités). De 2006 à 2009, l équipe a travaillé à la finalisation de ces outils, en élaborant le prototype d une mallette pédagogique, nommée EPI, qui a été testé dans des établissements scolaires. La réalisation de la mallette (sans compter sa diffusion et sa multiplication) a été soutenue par le Conseil Régional Languedoc- Roussillon, le Conseil Général de l Hérault, la DIREN et la Fondation Nature et Découvertes. En 2011 les activités ont concerné la révision des jeux, la production de 4 mallettes, et la formation d animateurs. Une traduction en italien et en anglais du dispositif éducatif a été amorcée dans le cadre du projet européen Farmers seeds. Le recrutement d'un animateur en service civil volontaire n a pas pu aboutir en 2011, une nouvelle demande sera faite en 2012. Ce dernier assurera la diffusion permanente de la mallette sur un plus large périmètre et les formations qui l'accompagnent.

«Kit OGM» Ce projet de réalisation d un ensemble pédagogique sur les OGM, pour les lycéens et le grand public, est en cours depuis 2009. Ce «kit OGM» propose plusieurs outils adaptés à différents usages afin de donner une plus grande lisibilité à la question des OGM dans nos sociétés. Les différents outils pourront être distribués séparément ou réunis dans un kit particulièrement adapté aux collectivités, établissements scolaires et associations. Il comprend un livret pédagogique et un jeu de fiches techniques regroupés dans un dossier pédagogique réalisé en 2010 (publié en 1000 exemplaires) et l exposition «Les OGM en questions», qui sera achevée courant 2012. Collaborations : Ø Traduction des publications de BEDE «Seeds and farmers rights» (1000 exemplaires). Comment les réglementations internationales affectent- elles les semences paysannes? Comment les droits des paysans sur leur semence, fondement de la souveraineté alimentaire, sont- ils menacés? C est ce que le dossier pour un débat réalisé avec le Réseau Semences paysannes se propose d éclairer. La traduction en anglais réalisé dans le cadre du projet européen Farmer seeds a déjà été largement diffusée en Europe. Le travail de traduction se poursuit en 2012, avec la traduction et diffusion de ce livret en version roumaine en collaboration avec l association roumaine CET. «Le palmier dattier raconté par un cultivateur» (1000 exemplaires), en arabe, avec la collaboration de Tazdait et des édition Bakhzagh (Algérie). Ø Co- édition de la collection «Emergence» de PEUV (Université du Vivant) : «Nouvelles techniques de manipulation du vivant», en collaboration avec Inf OGM, GIET et le Réseau Semences Paysannes ; «Visions paysannes de la recherche dans le contexte de la sélection participative», en collaboration avec la Fondation Sciences Citoyennes et le Réseau Semences Paysannes. Ø Co- production ou collaboration à des films documentaires : «Le Bois sacré du professeur Laurent Aké- Assi», (DVD, 60 ) de Idriss Diabaté, avec Dja- comm et AAPSI (Côte d Ivoire) (co- production) «Democratizing Agricultural Research for Food Soverignity in West Africa», par Michel Pimbert, Boukary Barry, Anne Berson and Khanh Tran- Thanh (collaboration) «Bien se nourrir avec les produits locaux. Journée de l alimentation. Sikasso, Décembre 2010», (DVD 18 ) (80 exemplaires). Avec la Coalition des femmes rurales pour la souveraineté alimentaire COFERSA (Mali) (co- production) à Bilan pour l édition et la diffusion : BEDE produit à travers ses activités de toujours plus nombreux documents sur une diversité de supports (dossier, expo, cassettes audio, DVD). Le catalogue des publications 2011 témoigne de la palette des ouvrages publiés, et une demi- douzaine d autres publications sont en projet. A ce rythme BEDE fonctionne comme une petite maison d édition. Cependant l association n est pas en capacité aujourd hui de diffuser sa production de manière satisfaisante, étant entendu que la diffusion comprend non seulement la mise à disposition de ses publications à un public large ou spécialisé dans un espace dédié, mais aussi la vente, la promotion par l organisation de conférences ou de formations, et l animation des supports pédagogiques. Aussi l association a souhaité renforcer le pôle éditorial de plusieurs manières : en augmentant le temps de travail de la responsable éditoriale (passage à mi- temps en septembre 2011) pour le suivi éditorial et la diffusion, en cherchant l appui de stagiaires ou de volontaires au service civique, et en construisant des collaborations avec des structures plus spécialisées dans l animation pédagogique et l éducation à l environnement (APIEU, Terre nourricière, etc.). 17

Evaluation interne de la diffusion des documents de BEDE en Afrique de l Ouest : Une enquête a été menée auprès des collaborateurs et partenaires sur l évaluation de l impact de la diffusion des documents produits en Afrique de l Ouest ou en lien avec la région. Le rapport qui a été conduit par Ousmane Ouattara indique dans sa conclusion que «la production et la diffusion des documents par BEDE vise à combler un déficit communicationnel en fournissant le maximum d informations aux acteurs du développement rural. Mais le rôle d intermédiation que devrait jouer les organisations paysannes dans le processus n a pas été effectif. Les producteurs à la base sont restés en marge d un combat dont ils devraient jouer le premier rôle. Malgré la perception favorable que les enquêtés ont des productions, elles ne sont accessibles qu à une minorité au détriment d une majorité analphabète. Le travail d intermédiation attendu des leaders paysans n est pas exercé à hauteur du souhait. Cette situation se caractérise par la rétention de l information au sein de nos organisations paysannes, la langue de diffusion, l absence d initiative, dans certains cas, en faveur du processus de diffusion et d appropriation du contenu des documents. Si les producteurs ont suffisamment appris avec BEDE ; en termes de changement de comportement, beaucoup reste à faire. Cependant, l apport de BEDE a été déterminant en terme d augmentation du capital culturel de nos leaders paysans. Elle a fourni suffisamment d informations par rapport à la problématique des OGM, aux réglementations internationales sur les semences etc. Elle est également à l origine de l émergence des échanges inter- paysans et intercommunautaires dans nos pays.» BEDE dans l animation et l organisation d événements publics De févier à décembre, BEDE a participé à un certain nombre d événements publics, dans le cadre des différents programmes dans lesquels l association est engagée ou à l invitation d autres structures et collectivités : Communications et conférences, présentations de documentaires, animation de débats et tables- rondes, formations et tenues de stand. Févier : - Séminaire REPERE (RSP/FSC), 8-9 février 2011, Angers (49) : Retour d'expériences en sélection participative. Forum Libérons la diversité VI, 25 et 26 février 2011, Szeged (Hongrie) : Processus européen de coordination des organisations et réseaux de semences paysannes. Mars : - Conférence intermédiaire de la Via Campesina, 18 mars 2011, Berder, Vannes (56) : Communication de BEDE sur Nouvelles technologies et rôle des multinationales. - Semaine de l'environnement, Réseau Grappe/Ouvre- Tête, du 20 au 27 mars 2011, Montpellier : Participation au village associatif (stand). - Conférence «Appropriation du vivant, semences et OGM : enjeux sur la biodiversité du champ à l'assiette», Biau Germe, Croqueurs de carottes, 28-29 mars 2011, Montpézat (47) : Intervention de Bob Brac de la Perrière et Guy Kastler (RSP). Avril : - Colloque international sur les foggaras, 9-11 avril 2011, Adrar, (Algérie) : BEDE (Nordine Boulahouat, chargé de Mission) a présenté une communication sur les systèmes hydrauliques communautaires. Mai : - Séminaire PEUV (Pour l Emergence d une Université du Vivant), Projet Transversal : Relation Homme- Plante, 2e édition, Mouvement de l Agriculture Bio- dynamique, 2 au 4 mai 2011, Mittelwihr (Haut- Rhin, 68). - Bourse d échange de graines et plants, Collectif des semeurs du Lodévois Larzac, 11 mai 2011, Celles (Hérault, 34) : Stand de BEDE. - Fête de la biodiversité de Montpellier, organisée par la Mairie de Montpellier, 20 et 21 mai 2011, Montpellier (Hérault, 34) : Conférences, animations pour les scolaires, diffusion de documentaires et tables rondes sur le thème de la biodiversité cultivée, animées par de nombreuses associations dont BEDE, qui a présenté à cette occasion le 18