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Transcription:

COUR D APPEL DE NOUMÉA N 07/678 Présidente : Mme FONTAINE RÉPUBLIQUE FRANÇAISE AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS Greffier lors des débats : Cécile KNOCKAERT Chambre sociale Arrêt du 20 Août 2008 PARTIES DEVANT LA COUR APPELANT M. X né le à demeurant - 98809 MONT-DORE assisté de la SELARL AGUILA-MORESCO, avocats INTIMÉE Société Y Siège social - 98801 NOUMEA assistée de la SELARL BOUQUET - DESWARTE, avocats PROCÉDURE DE PREMIÈRE INSTANCE Par un jugement rendu le 17 mars 2006, auquel il est renvoyé pour l exposé de l objet du litige, le rappel des faits et de la procédure, les prétentions et les moyens des parties, le tribunal du travail de Nouméa saisi par M. X d une demande tendant à voir requalifier en licenciement sans cause réelle et sérieuse le licenciement pour faute grave prononcé le 15 novembre 2004 par son employeur la Société Y: - a dit que M. X avait fait l objet d un licenciement justifié par une faute grave,

N 2 - a débouté celui-ci de toutes ses demandes, - l a condamné à payer à SOCIÉTÉ Y la somme de 50.000 FCFP en application des dispositions de l article 700 du Code de procédure Civile de la Nouvelle-Calédonie PROCÉDURE D'APPEL Par requête déposée au greffe le 1er juin 2006, M. X a interjeté appel de cette décision signifiée le 6 mai 2006. L affaire a été radiée par ordonnance du 12 septembre 2006. Le 22 novembre 2007, M. X a déposé son mémoire ampliatif par lequel il procède à une analyse critique des motifs retenus par le tribunal du travail. Sur son comportement agressif, il conteste l analyse faite par le tribunal. 1- S agissant des faits du 8 octobre 2004, il s étonne que le tribunal ait retenu comme probante l attestation de M. Z alors : - que celui-ci n indique pas clairement l avoir vu lancer le projectile, - que celui-ci aurait pu être lancé par de nombreux autres salariés en raison des mauvaises relations attestées avec le personnel, - que deux collègues attestent ne pas l avoir vu commettre cette agression dont l un avec lequel il a travaillé toute la journée. 2- S agissant d une agression en fin 2001, il constate que ces faits ne sont corroborés par aucun élément de preuve telle une main courante ou une plainte. 3- S agissant des faits d insultes et menaces d avril 2003, il en rappelle le contexte et observe que M. Z a reconnu lui avoir subtilisé une tasse et il considère qu il n a fait que répondre de manière inopportune à une provocation injustifiée et qu il ne s agit pas d une agression spontanée. Il observe qu il n a pas fait l objet d une mesure disciplinaire. Il rappelle que pour la jurisprudence, une incorrection occasionnelle peut, compte tenu des circonstances, ne pas être retenue comme une faute grave.

N 3 4- S agissant des insultes envers Mme Z le 7 octobre 2004, il s étonne que le premier juge ait accordé foi au témoignage de celle-ci qui était en conflit ouvert et permanent avec lui et a présenté une version tronquée de l altercation. Il maintient avoir répondu à une agression verbale de Mme Z ce qui, selon la jurisprudence, peut constituer une excuse entrainant une atténuation de la gravité de la faute. Il relève qu il n a pas fait l objet d une mesure disciplinaire. 5- Il observe enfin que le jugement attaqué en retenant que ces faits s ajoutaient à ceux commis en 2001 à l encontre du gérant de la SOCIÉTÉ Y a commis une erreur, les faits d avril 2001 commis envers l employeur et qui ont déjà fait l objet d un avertissement à l époque, n étant pas visés dans la lettre de licenciement. Sur la destruction du matériel, il fait valoir : S agissant de la rallonge électrique sectionnée le 21 octobre 2004, - qu il a toujours indiqué avoir pensé que cette rallonge était susceptible de constituer un danger pour le personnel, - que la SOCIÉTÉ Y n a jamais soutenu que cette destruction avait eu des conséquences graves sur le fonctionnement de la société. Il rappelle que pour la jurisprudence, si un dommage est dû à une initiative prise avec la volonté d agir dans l intérêt de l entreprise, la faute grave ne peut être retenue ; qu au demeurant, la faute grave doit être appréciée au regard de l ancienneté du salarié et de l importance du préjudice. S agissant de la destruction du cahier des fiches techniques, il indique avoir rendu les documents à la SOCIÉTÉ Y et n avoir déclaré les avoir détruits qu en raison des conditions vexatoires de son licenciement ; qu il n a commis aucune faute grave en emportant chez lui ces documents. Il relève que le premier juge a simplement retenu une faute contractuelle. Sur son insubordination le 12 octobre 2004, il rappelle que seul le refus réitéré du salarié d exécuter une tache caractérise une faute grave et que les juges doivent tenir compte du passé du salarié et des circonstances. Il ajoute qu il n est pas resté à ne rien faire mais a travaillé à ranger le dock. Il observe que le seul avertissement qu il a eu en 9 ans a trait aux faits de 2001 envers le gérant de la SOCIÉTÉ Y. Il relève enfin que le tribunal du travail, à juste titre, n a pas retenu comme constitutives d une faute les prétendues menaces de blocage de l entreprise. M. X conclut en conséquence que n ayant commis aucune faute grave, son licenciement est sans cause réelle et sérieuse.

N 4 Il estime qu au regard de son ancienneté, de l absence de fautes, la façon brutale avec laquelle la direction a procédé qui s inscrit selon lui dans le sens de la politique menée par l entreprise à l égard de ses salariés, son licenciement présente un caractère abusif justifiant une indemnisation même si son licenciement était jugé fondé. Sur l indemnisation de ses préjudices, il réclame la condamnation de la SOCIÉTÉ Y à lui payer : + au titre du préavis la somme de 641.262 FCFP, + au titre de l indemnité de licenciement la somme de 288.568 FCFP, + au titre de l indemnité compensatrice de congés payés sur préavis la somme de 64.126 FCFP, + au titre des salaires pendant la mise à pied, la somme de 111.800 FCFP, + à titre de dommages-intérêts pour absence de cause réelle et sérieuse du licenciement la somme de 7.000.000 FCFP, + à titre de dommages-intérêts pour licenciement abusif, la somme de 4.000.000 FCFP, + au titre du préjudice moral, la somme de 1.000.000 FCFP, + au titre des frais irrépétibles, la somme de 200.000 FCFP. Il sollicite en outre la publication de l arrêt à intervenir dans deux journaux de son choix dans la limite de 250.000 FCFP. Par conclusions déposées le 10 avril 2008, la SOCIÉTÉ Y réplique sur les divers points repris par M. X. Sur le comportement agressif, elle rappelle l attestation de M. Z qui n avait jamais eu de problème de discipline ou des difficultés relationnelles avec les autres salariés et dont il résulte, sans contestation, la responsabilité de M. X. Elle observe que l attestation de M. W qui déclarait n avoir rien vu ne signifiait pas qu il ne s était rien passé et rappelle que par une nouvelle attestation en date du 26 janvier 2005, M. W a reconnu avoir fait une fausse attestation à la demande de M. X. Sur les insultes à l encontre de Mme Z, elle observe que M. X reconnaît les insultes mais ne donne aucune précision sur les propos méprisants qui auraient été tenus par Mme Z et n en rapporte aucune preuve. Elle fait valoir que M. X n a jamais eu un comportement normal avec les autres salariés, qu il a multiplié les problèmes et ces comportements fautifs peuvent être légitimement rappelés notamment celui au préjudice de l ancien gérant en 2001. Elle observe que l attestation de M. A confirme la réalité de la plainte déposée en 2001 par M. Z. Elle observe également que les époux Z n ont aucun intérêt personnel ou financier au licenciement de M. X. S agissant des contre-attestations établies par M. W et M. A, elle fait valoir que ces témoins avaient été contraints par le syndicat ( ) de témoigner en faveur de M. X et qu après le départ de celui-ci, les témoins s étaient sentis libres de pouvoir rétablir la vérité. S agissant de la destruction du matériel de la société, la SOCIÉTÉ Y indique que la rallonge électrique a été délibérément sectionnée ainsi qu en attestent plusieurs témoins alors qu il suffisait de la ranger ou de s ouvrir du problème à la direction. Elle observe qu il n est pas justifié qu un quelconque salarié se soit plaint de la position de cette rallonge et que l absence de danger réel est démontrée par l absence antérieure de réaction.

N 5 S agissant des fiches techniques, elle rappelle : - qu il s agissait de documents confidentiels nécessaires à la bonne marche de l entreprise, - que ces fiches avaient été élaborées par un tiers pour la formation des salariés et non par M. X, - que ce dernier a déclaré au cours de l entretien préalable puis devant l huissier qu il les avait détruites et qu elles n ont pas été restituées au jour des conclusions, - qu il en découle que ce fait était bien antérieur au licenciement et peut être reproché. S agissant de l insubordination, la SOCIÉTÉ Y rappelle que le plan de fabrication et de travail remis à M. X prévoyait le déchargement du container le 14 octobre 2004 et que non seulement il n a pas exécuté cet ordre mais a ordonné aux autres salariés de ne pas exécuter ce travail ce qui a désorganisé le planning alors qu on profitait du temps de remplissage des cuves de butane ce jour-là pour le déchargement. Elle soutient qu aucune explosion de durit de gaz n a eu lieu ce jour-là, qu étant classée site à risque l alarme de sécurité se serait déclenchée et que, même à admettre ce fait, le changement d une durit aurait pris 20 minutes. Elle précise : - que le déchargement n a été opéré que le 28 octobre suivant après de nombreuses demandes de la direction et qu il y a donc bien eu réitération, - qu il n y avait pas nécessité d un chariot élévateur mais qu en tout état de cause, depuis son embauche, M. X utilisait le chariot sans avoir jamais allégué l absence de permis. La SOCIÉTÉ Y sollicite en conséquence la confirmation outre condamnation à payer les sommes de 300.000 FCFP pour procédure abusive et de 300.000 FCFP au titre des frais irrépétibles. Par conclusions déposées le 6 juin 2008, M. X fait valoir : - que l attestation de M. A ne confirme pas le dépôt de plainte de 2001 et que rien dans le dossier ne justifie donc d une agression - que le rappel sur deux pages du conflit avec le syndicat ( ) est sans rapport, - que la preuve formelle de sa culpabilité dans le jet du boulon sur M. Z n est pas établie et que la similitude de rédaction des deux contre-attestations de MM W et A démontre qu elles ont été écrites sous la directive de l employeur, - que la demande de dommages-intérêts pour appel abusif n est pas justifiée.

N 6 MOTIFS DE LA DÉCISION Attendu que le tribunal du travail, par une décision répondant point par point, sans contradictions, aux différents arguments de M. X et dont la cour adopte les motifs, a jugé à bon droit que ce dernier s était rendu responsable d une accumulation de comportements fautifs constitutifs d une faute grave justifiant la rupture immédiate des relations contractuelles ; Attendu qu en appel, M. X reprend la même argumentation sans apporter d élément nouveau susceptible de justifier une analyse différente de son comportement ; Que la cour observe : - qu aucun motif ne justifie d écarter les attestations des époux Z, les victimes des agissements de M. X étant encore les mieux placées pour décrire le déroulement des faits, - qu il résulte nécessairement de l attestation de M. Z que la seule personne présente à l endroit d où avait été lancé le projectile était M. X et que l attestation de M. W, sur laquelle il est au demeurant revenu, ne permet pas d écarter la réalité de cet incident, - que M. X qui ne conteste pas les propos injurieux à l encontre de Mme Z ne justifie pas du contexte qu il invoque, - que le sectionnement de la rallonge électrique, quand bien même elle aurait constitué un danger ce qui n est nullement établi, ne peut s expliquer que par une volonté de nuire alors que le bon sens imposait son simple démontage, - que le refus de déchargement du container est établi et que M. X ne justifie pas de la cause d inexécution qu il invoque, inexécution réitérée puisque le container n a été déchargé que deux semaines plus tard, - qu enfin M. X qui a déclaré devant huissier avoir emporté et détruit les documents techniques ne justifie pas de leur restitution au demeurant contestée par l employeur ; Qu en conséquence, la cour confirmera la décision du tribunal du travail et déboutera M. X de l ensemble de ses demandes ; Sur la demande de dommages-intérêts : Attendu que la SOCIÉTÉ Y se borne à solliciter des dommages-intérêts sans expliciter en quoi, au regard du droit de chacun à faire valoir ses droits en justice et à faire appel, la procédure serait abusive ; Qu elle sera déboutée de sa demande ;

N 7 Sur les dépens : Attendu enfin qu il n y a pas lieu à condamnation aux dépens en matière sociale, l article 880-1 du code de procédure civile de la Nouvelle Calédonie disposant que la procédure devant le tribunal du travail est gratuite ; PAR CES MOTIFS LA COUR, STATUANT publiquement, par arrêt contradictoire déposé au greffe ; DIT l appel recevable ; CONFIRME en toutes ses dispositions le jugement déféré ; DEBOUTE M. X de l ensemble de ses demandes ; REJETTE comme non fondée la demande en dommages et intérêts formée par la Société Y pour procédure abusive ; CONDAMNE M. X à payer à la Société Y la somme de CENT MILLE (100.000) FRANCS CFP au titre de l article 700 du code de procédure civile de la Nouvelle-Calédonie ; DIT n y avoir lieu à dépens.

N 8 LE GREFFIER LE PRÉSIDENT