LES PHOBIES SCOLAIRES



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Transcription:

LES PHOBIES SCOLAIRES I/ Historique Avant 1900 : mutisme scolaire absentéisme et retards liés à une peur de l'institution scolaire Milieu du 20ème siècle : un enfant refuse d'aller à l'école pour des raisons irrationnelles et résiste par des réactions d'anxiété très vive ou de panique quand on le force angoisse de séparation où la peur et / ou le refus apparaissent comme symptômes (1956) école obligatoire jusqu'à 16 ans (1959) Enfant : difficultés de fréquentation = décalage par rapport au programme de l'année travail scolaire acharné conduite relationnelle et sociale adaptée, plaisante, tant que n'est pas abordé l'école L'enfant est facile et de ce fait la consultation est retardée et les éléments de scolarité banalisés 1980, recrudescence de la phobie scolaire des adolescents observée par : une angoisse de séparation où l'adolescent apparaît comme exigeant, tyrannique idéalisant le cocon familial, réclamant une attention parentale quasi constante, se sentant vulnérable loin d'eux, ayant peur qu'il arrive quelque chose à ses parents, parfois ayant un sentiment d'être mal aimé une phobie sociale, c'est à dire un trouble lié à l'impression de ne pas être à la hauteur, surtout au regard des autres : l'adolescent apparaît ici 16/01/06 1/6

comme timide et effacé Attention : il faudra prendre en compte à cet âge de la vie que la phobie sociale peut être un équivalent dépressif II/ Epidémiologie 1 à 8% de la population consultante pour les enfant de 10 à 12 ans plus de garçons que de filles le niveau intellectuel est normal âge de début variable On peut faire un parallèle entre : et la valorisation des études (tant sur le plan familial et individuel que social) la fréquence des phobies scolaires d'où la recrudescence ces dernières années, où l'économie actuelle «fabrique» des systèmes éducatifs à plusieurs vitesses III/ Les facteurs déclenchant retrouvés le plus souvent déménagement et changement d'établissement changement de cycle et d'école maladie avec interruption temporaire de la scolarité altercation avec un enseignant IV/ Définition du DSM IV «Enfants qui, pour des raisons irrationnelles, refusent d'aller à l'école et résistent avec des réactions d'anxiété très vive ou de panique quand on essaye de les y forcer.» (Psychiatre chilien) 16/01/06 2/6

V/ Description clinique l'expression symptomatique est liée à l'école lors du départ le plus souvent et se manifeste par une angoisse croissante en intensité si l'enfant est forcé, des manifestations comportementales de type agitation, cri, violence, fuite il existe d'autres manifestations plus ou moins présentes et variées comme une angoisse de séparation à l'égard d'un des 2 parents, des troubles du comportement dans le cadre familial avec un autoritarisme marqué et un dirigisme et des symptômes de type dépressif : crises de larmes, dévalorisation, idées de mort, repli sur soi, troubles du sommeil, modification de l'appétit Faire le tri : quand apparaissent les colères? que pour l'école = phobie sociale / scolaire scolaire et autres = versant dépressif VI/ Phobie scolaire et autres troubles 1. Timidité scolaire repérable dès la maternelle repli sur soi et difficultés à s'intégrer dans le groupe de classe sans accompagnement précoce : il existe un risque majeur de cristallisation d'une personnalité évitante allant jusqu'à la phobie sociale 2. L'inhibition scolaire incapacité de se concentrer sur une activité malgré le désir de le faire, de laquelle naît une réelle souffrance il s'agit d'une inhibition de type névrotique pouvant entraîner une dépression 3. Retard et échec scolaire fréquents allant d'une simple immaturité à une déstabilisation familiale, sociale 16/01/06 3/6

le retard accumulé et non récupérable amène ces enfants vers le diagnostic d'échec scolaire où s'installe une logique du négatif ce sont les «mauvais élèves» que l'on évite car considéré comme personne à problèmes l'exclusion aidant, des mécanismes de défense apparaissent comme la persécution, les passage à l'acte, l'agressivité la non réussite devient un modèle d'adaptation de base et les parents souvent culpabilisés par le corps enseignant et ceci quelque soit la catégorie sociale VII/ Facteurs familiaux et socio culturels a) Sur le plan familial Les parents doivent être de «bons» parents mais aussi des éducateurs en accord avec les valeurs que transmet l'école. S'il n'y a pas d'adhésion, cela génère chez l'enfant un écart de référence où existe un formatage cognitif et affectif éloigné des exigences scolaires. On observe cela pour les élèves d'origine sociale défavorisée ou de minorité ethnique. Les pères sont souvent absents ou éloignés, inaccessibles, déchus dans leur rôle et leur fonction (maladie chronique, dévalorisation par la mère,...). Sur 62 cas de phobie scolaire : 70% correspondent à ce profil. Les mères présentent souvent elles mêmes des troubles phobiques, une anxiété excessive, des traits névrotiques. Un lien d'hyper dépendance précoce est mentionné («névrose mutuelle») et un état dépressif de la mère d'adolescent est souvent retrouvé. Défaillance dans le processus d'identification à l'un ou à l'autre des parents qui empêche l'adhésion aux exigences de l'école. b) Sur le plan socio culturels L'école apparaît de plus en plus comme hautement hiérarchisée et comme un appareil à reconstruire les inégalités. D'un côté : l'école ouvre le droit à l'éducation pour tous 16/01/06 4/6

de l'autre : elle repère et classe en fonction des compétences acquises en son sein mais aussi au sein du giron familial ceci sans compter sur la modélisation économique VIII/ L'abord thérapeutique Il dépend du mécanisme du trouble et de son ancienneté, mais la dimensions dépressive est souvent l'axe sur lequel il est possible d'agir (Prozac, «pilule du bonheur», très inhibiteur). Les consultations d'évaluation sont indispensables ainsi que les alliances thérapeutiques (parents thérapeutes pédagogues). Sur un trouble récent : une psychothérapie cognitivo comportementaliste en ambulatoire associé à un anti dépresseur peut permettre un retour à l'école. Sur un absentéisme plus ancien où les parents semblent dépassés : une hospitalisation d'observation est indiquée afin de préciser un diagnostic, de mettre en route une psychothérapie adaptée en collaboration avec les pédagogues, et de démarrer une thérapie familiale Une psychothérapie individuelle peut être proposée lors du retour en milieu scolaire afin de consolider et d'éviter les rechutes IX/ Rôle infirmier Lors d'une hospitalisation à Nancy : séparation thérapeutique d'au moins une semaine, pas de contact avec la famille entretien psychothérapique avec le médecin cours par des instituteurs de l'hôpital ou ceux d'associations accompagnement infirmier lors de la ré intégration scolaire : avec l'équipe pédagogique 16/01/06 5/6

avec l'assistante sociale réunion préalable pour expliquer les troubles, comment éviter une rechute,... L'IDE se rend à domicile et continu à travailler avec les parents Prise en charge sur environ un mois 16/01/06 6/6