Une année de photographie en classe 1. Introduction Nous sommes les élèves d une classe de 5/8 de l école Clair-Vivre à Evere. Nous avons réalisé l'an passé un projet autour de la «photo». Il s'est achevé par une exposition qui a eu lieu du 24 juin au 2 juillet à l espace Toots, un des espaces culturels de la commune d'evere. Cette exposition a aussi été présentée dans le cadre du Congrès de l'icem (mouvement Freinet français) à l'université de Caen du 19 au 23 aout dernier. Notre exposition sera présentée une dernière fois du 3 au 21 février prochain à la Maison de la Francité à Bruxelles. Ce dossier de presse a pour but de vous donner envie d en savoir un peu plus, de comprendre notre démarche, de relayer l information dans votre média et d inviter vos lecteurs, vos auditeurs à venir visiter notre exposition. Nous avons eu envie de présenter une exposition «comme des grands» dans le cadre remarquable de la Maison de la Francité. Notre expo comporte plus de 100 photos réparties sous forme de 6 mini-expositions présentant 6 démarches de notre classe cette année. Seules 3 mini-expositions seront présentées dans le cadre de la Maison de la Francité. 2. Notre école, notre classe, une pédagogie particulière Notre école est un peu particulière. Elle fêtera l an prochain ses cinquante ans et est une des seules écoles communales de Belgique pratiquant la pédagogie de Célestin Freinet. Dans notre vie de classe, cela se traduit par une pratique du texte libre, du plan de travail individuel, du conseil de classe Toutes ces techniques pédagogiques ont été inventées par Célestin Freinet et les membres de son mouvement pédagogique. Elles caractérisent une autre vision de la vie scolaire et surtout une prise en compte tout à fait différente de la personnalité de l enfant dans le groupe classe. Cette pédagogie a aussi comme caractéristique de développer un équilibre entre projet individuel de chaque enfant et projet collectif d une classe. C est un de ces projets collectifs que nous vous présentons ci-dessous. Notre classe a une autre particularité : c est une classe multiâges. Depuis près de trente ans, les enfants de notre école vivent dans des groupes classes regroupant des enfants de différents groupes d âges. Notre classe comptait l'an passé, 3 petites de 3e maternelle, 7 moyens de 1re année et 13 «grands» de 2e année. Ce fonctionnement répond à un choix pédagogique. Dossier de Presse Une année de photographie en classe page 1
3. Le projet «photo» a) Origine du projet Le déclencheur de ce projet pour notre classe est un cadeau fait à Alain, notre instituteur, par deux enfants qui quittaient la classe l an passé : un livre sur un projet de plusieurs années mené par le musée Robert Doisneau dans les écoles primaires de la ville de Gentilly. Alain, photographe amateur et surtout amateur de photographie, a lu ce livre durant ses vacances et l idée d un projet photos a petit à petit germé. À la rentrée, il nous a apporté le livre et quelques autres livres de photographes et il nous a proposé de nous lancer, à notre échelle, dans un projet similaire. Nous avons accepté! Ce projet est donc devenu le fil rouge de notre année scolaire. b) Des visites Dès septembre, nous avons entamé l année par une visite d une exposition photographique qui nous a donné l idée de l exposition «Dessine-toi». Nous avons aussi découvert un tout nouvel espace consacré à la photographie, la Fondation A. Nous y avons pu découvrir deux expositions de deux photographes américains. La rencontre que nous avons pu faire avec Judith Joy Ross fut importante pour le projet. c) Construction d un «regard de photographe» Nous avions une pratique de classe, dénommée «balade mathématique», propre à la pédagogie Freinet, avec laquelle nous avons très vite fait des liens. Il s agit de faire une balade autour de l école au cours de laquelle chacun essaye de voir dans ce qui nous entoure des notions mathématiques que nous connaissons. Nous avons l habitude de dire à ces moments que nous enfilons «nos lunettes mathématiques» pour ne plus voir que ce qui concerne les mathématiques. Très vite, nous avons eu envie de faire de même pour la photographie. Nous avons dès lors commencé à parler de «lunettes du photographe» mais celles-ci se sont peu à peu affinées tout au long de l année. Chaque balade photographique, chaque moment de prises de vue, fut suivie le lendemain par un moment de critique des prises de vue. Aucune photo n est personnalisée, mais chacune a, dans ces moments, fait l objet d une critique faite de plus en plus par les enfants. C est dans ces moments que s est petit à petit créé un sens esthétique de la prise de vue, une recherche du cadrage optimal, une connaissance de quelques termes techniques et surtout la compréhension qu un photographe peut chercher d autres points de vue pour mettre en valeur son sujet..., bref avoir un «regard de photographe». Dossier de Presse Une année de photographie en classe page 2
4. Notre exposition Nous vous présentons 3 projets dans l ordre chronologique de leur apparition en classe. Dans l exposition réelle, nous présenterons «Les petites histoires de nos grands-parents», «Dessine-toi», «Tous pareils, tous pas pareils» seront présentées. Les trois autres expositions seront partiellement présentées. a) Dessine-toi Ce premier projet a deux origines : une visite à l exposition d Edouard Janssen «1 to 100» et un film de Gilles Porte «Dessine-toi» vu l an passé en classe. Nous avons fait des dessins et des photos à sa manière. Nous avons tout d abord dessiné un autoportrait sur du papier noir en utilisant des pastels de couleur blanche. Par un bel après-midi ensoleillé, nous avons fait les photos dans la cour. Nous sommes montés sur une table pour donner à nos photos l aspect du regard de l adulte sur un enfant. Cette exposition a été présentée dans notre bâtiment en novembre dernier. b) Les petites histoires de nos grands parents Nous avons dans notre classe un papa photographe. Il s agit du papa d Inès qui nous a très vite proposé de faire un projet avec lui. Il nous a proposé de travailler sur nos origines car, même si nous sommes tous (sauf Eva Rose) nés en Belgique, nous avons des origines très diverses : marocaines, albanaises, italiennes, syriennes, polonaises Alain nous a dès lors proposé de travailler sur l histoire de nos grands-parents et ce, au départ d un objet. Nous avons commencé par apporter en classe un objet appartenant à un de nos grands-parents. Le papa d Inès est venu une journée avec tout son matériel et nous a expliqué comment l utiliser. Chacun a pris des portraits d autres enfants, chacun avec leur objet. Nous avons donc au final choisi 23 portraits. Nous avons ensuite écrit un texte pour expliquer l objet et le rapport de celui-ci avec la vie de notre grand-parent. c) Tous pareils, tous pas pareils L idée de ce projet est apparue lors de notre première exposition de l année. Nous avions mis sur une table quelques livres de photographie que nous avons dans notre bibliothèque de classe. Il y avait parmi eux un livre intitulé «Tous pareils, tous pas pareils» qu une maman de la classe nous a suggéré de prendre comme point de départ d un nouveau projet. Le premier but était donc de réaliser un livre reprenant des portraits photographiques et des dessins et de pouvoir avec nos 23 photos et nos 23 dessins découpés sur l axe de symétrie recomposer 265 visages différents. Le résultat que nous donnait le livre, nous a poussés à réaliser certaines de ces recompositions de visages pour les exposer. Dossier de Presse Une année de photographie en classe page 3
5. Et si ce projet n était pas anodin? Pourquoi faire ce type d activité avec des enfants aussi jeunes? Je pense qu il y a depuis quelques années, précisément depuis l avènement de la culture des évaluations externes (CEB et autres), une focalisation de l apprentissage sur deux seules matières : le français et les mathématiques. Ces épreuves ont très vite mis une certaine forme de pression sur les équipes pédagogiques dans un premier temps sur les enseignants de 5e et 6e mais celle-ci s est très vite diffusée dans les autres niveaux. Il y a derrière cette pression une modification profonde de l école primaire qui personnellement ne me satisfait pas. J ai toujours considéré que l école devait préparer à la vie c était le discours de Célestin Freinet, il y a près de 100 ans déjà. Le fonctionnement de notre système actuel pousse l enseignant à ne plus préparer ses élèves à la vie mais à réussir un examen. Cet examen serait-il préparatoire pour la vie? On peut se poser la question mais en y regardant d un peu plus près, on constate qu il est principalement centré sur des compétences (ou des savoirs) de français et de mathématique et d un peu d éveil. On y oublie un bon nombre d apprentissages (sans doute moins objectivement évaluables) que sont la musique, les travaux manuels, la socialisation La focalisation de ces examens sur quelques matières entraine la disparition de toute une série d apprentissages en classe : dans combien de classes chante-t-on encore une fois par semaine, prend-on le temps d apprendre à coopérer, à gérer des conflits, à travailler le bois, la cuisine, à jardiner, à faire de la photographie? Non. Il n y a pas le temps si l on veut être prêt pour les évaluations externes. Que se passe-t-il dès lors? Nous préparons les enfants à réussir leur CEB, mais les préparons-nous encore à la vie? Oui, s ils se dirigent vers une carrière intellectuelle mais le feront-ils tous? Je pense qu il y a un hiatus entre la politique de l enseignement à l école primaire qui provoque une concentration sur tout ce qui est intellectuel et un dénigrement du travail manuel. En secondaire, nous multiplions par contre les plans pour revaloriser l enseignement qualifiant où seuls 30 % des élèves terminent leur scolarité avec un diplôme. Comment pourrait-il en être autrement? Après 11 ans de «tronc commun» où toute intelligence de la main, de l artiste, du médiateur n aura été que secondaire voire absente, comment tout à coup faire percevoir au jeune de 15 ans qu il peut s y épanouir? Il a été formaté à se sentir relégué dans ce type d enseignement. Ce projet n est donc pas anodin dans ma vie de classe. Il nous a permis cette année de rencontrer quelques personnes s étant souvent présentées comme des «allergiques» à l école qui, sur le tard, s étaient découvert une passion, un métier. J aimerais en réalisant ce projet et en en réalisant d autres (par exemple, le potager de l école) faire reconnaitre la valeur d autres types d intelligence et pourquoi pas développer peut-être certaines passions parmi mes élèves. 6. Si vous désirez relayer l information pour notre exposition Vous pouvez prendre contact avec Alain notre instituteur : Alain Buekenhoudt 0498 69 05 91 alain.buekenhoudt@clairvivre.be Notre exposition comporte près de 100 photos. Elles ont TOUTES été réalisées par les enfants! Elle sera exposée du 3 au 21 février du lundi au vendredi de 9 h à 16 h 30 à la Maison de la Francité, rue Joseph II, n 18 (samedi sur rendez-vous ). Le vernissage de l exposition aura lieu le mercredi 5 février à 13 h. Dossier de Presse Une année de photographie en classe page 4
Informations pratiques Le site d Éducation populaire : www.educpop-freinet.be Téléphone : 0486 90 59 89 Horaires d'ouverture : - Individuels : du lundi au vendredi de 9h à 16h30 - Pour les groupes : uniquement sur réservation, du lundi au vendredi de 9h à 16h30 et le samedi de 10h à 12h. Réservations : mat.educpop@gmail.com. Merci de mentionner le moment souhaité (date et heure), le nombre et l âge des visiteurs, ainsi qu'un numéro de téléphone. Un e-mail de confirmation vous sera envoyé. Dossier de Presse Une année de photographie en classe page 5