Fourrages et tourteaux. Optimiser l'alimentation de ses troupeaux PRAIRIES MAÏS DÉROBÉES COPRODUITS OLÉO- PROTÉAGINEUX SEPTEMBRE 2012



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SEPTEMBRE 2012 PRAIRIES Luzerne : limiter les mauvaises herbes p. 3 Ravageurs : une lutte surtout agronomique p. 6 MAÏS Tasser et protéger le silo pour éviter l'entrée d'air p. 8 Ajuster la ration des vaches laitières au maïs p. 10 Le maïs grain humide séduit de plus en plus p. 12 DÉROBÉES Profiter de la valeur alimentaire des intercultures p. 14 COPRODUITS Bien adaptés aux jeunes charolais p. 16 OLÉO- PROTÉAGINEUX Des sources de protéines au cœur des bassins d'élevage p. 18 Du tourteau de colza pour tous les ruminants p. 20 Jouer la complémentarité pois/tourteau de colza en porcs p. 22 Pois et féveroles avantageux en filières volailles de qualité p. 23 Fourrages et tourteaux Optimiser l'alimentation de ses troupeaux Membres de

8 Maïs Tasser et protéger le silo pour éviter l entrée d air Très bien adapté à l ensilage, le maïs n est pas à l abri des pertes en matière sèche et en qualité. Pour les éviter, maintenir le maïs à l abri de l air, du premier au dernier jour, constitue le principal enjeu de la réussite de la conservation du maïs fourrage. Cela passe par un bon tassement et un silo correctement fermé. Grâce à sa richesse en matière sèche à la récolte, qui évite l écoulement de jus, et à sa composition chimique riche en sucres mais pauvre en protéines et matières minérales, qui favorise l acidification rapide, le maïs est le fourrage le mieux adapté à l ensilage. Comme avec tout fourrage humide, des pertes de matières sèches et de qualité peuvent néanmoins survenir pendant l utilisation du silo, notamment au front d attaque. Il est donc impératif de maintenir le maïs à l abri de l air. Tout se joue lors de la mise en silo. Tasser pour enfermer moins d oxygène Plus le maïs fourrage est récolté vert et humide, moins le silo tassé conserve de porosité, et plus vite le peu d oxygène retenu est consommé par la respiration du végétal ou l activité microbienne. À 30 % de MS, seul environ 1 litre d air par kg de matière sèche (MS) est enfermé dans le silo. En 3 à 4 heures, l oxygène disparaît. Levures et moisissures n ont pas le temps de se multiplier. Les bonnes fermentations, qui transforment les sucres de la plante en acide lactique, abaissent le ph et facilitent la conservation, se déroulent rapidement. À 30 % de MS, seul environ 1 litre d air par kg de matière sèche (MS) est enfermé dans le silo. Lorsque le maïs fourrage est plus sec (plus de 35 % de MS), chaque m 3 du silo est plus difficile à tasser. 2 à 4 litres d air par kg de matière sèche sont enfermés dans le silo, voire beaucoup plus en haut du tas. Les cellules encore vivantes du maïs fourrage sont moins actives : il faut donc 3 à 5 jours, pour épuiser l oxygène enfermé. Pendant ce délai, les bonnes fermentations lactiques ne démarrent pas, mais les levures et moisissures se multiplient! Si le silo est bien hermétique, celles-ci se mettent Bien dimensionner son silo Au désilage, pour limiter les pertes, le front d attaque doit avancer plus vite que la reprise des fermentations. 3 mètres par mois en hiver et 6 au printemps et en été permettent généralement d éviter les échauffements. Pour s y tenir, largeur et hauteur des silos doivent être adaptées à la taille des troupeaux, mais aussi à la part de maïs dans la ration ainsi qu à la saison d utilisation. Par exemple, pour un troupeau de 50 vaches laitières consommant chacune 15 kg de MS d ensilage, il faut chaque jour d hiver 3,25 m 3 (230 kg de MS par m 3 en silo couloir). La surface du front d attaque peut donc aller jusqu à 32,5 m 2 (12 m x 2,70 m). Si le silo reste ouvert au moment du pâturage, la consommation par vache peut descendre à 4 kg de MS : il suffit de désiler 200 kg de MS par jour, soit 1 m 3 de silo taupinière dont le front d attaque ne doit alors pas dépasser 5 m 2. Un cordon continu de sable autour du silo renforce l étanchéité du silo. en vie ralentie mais, plus tard, en présence d air (trou dans la bâche, front d attaque), les dégradations reprennent de plus belle : c est la principale cause de pertes de matière sèche lors de la conservation du maïs fourrage. Dans ce type de cas, un hachage fin du maïs peut aider : il augmente la densité de matière sèche et chaque m 3 et laisse moins de place pour la circulation de l'air. Protéger au maximum de l air Pour réduire au minimum le renouvellement de l oxygène, qui relance les échauffements, le silo doit être fermé le plus hermétiquement possible le jour de la récolte. Comment? avec une bâche plastique de qualité, bien posée et bien protégée. Elle doit être choisie selon ses caractéristiques géométriques (largeur, régularité de l épaisseur) et mécaniques (résis-

Maïs 9 Un fourrage propre Apportée par les roues des tracteurs et des remorques, la terre constitue une source de spores butyriques. Même si ces germes ont peu de chances de se multiplier dans le maïs, l ensilage peut contaminer les bouses et le lait lors de la traite. Pour éviter ce risque, il faut préférer les silos en sol bétonné, les zones de circulation proches du silo en terrain stabilisé (empierrement, sols goudronnés ). Les silos «boudins» permettent aussi de garder le fourrage propre. tance à la perforation ou à l étirement), son seuil maximal de microporosité et la tenue dans le temps de ces qualités face à l exposition aux rayons ultraviolets. Il est possible de poser deux films : l un en dessous pour l herméticité, l autre au-dessus pour la protection. Les bâches multi Pour réduire au minimum le renouvellement de l oxygène, qui relance les échauffements, le silo doit être fermé le plus hermétiquement possible le jour de la récolte. couches, par exemple bicolores, sont a priori de bonne qualité. La technologie employée, la coextrusion, nécessite l emploi de matières premières très homogènes. Les bonnes bâches sont signées : en cas de problème, il est possible de remonter jusqu au fabriquant via le revendeur. Il faut donc garder les justificatifs d achat (factures, étiquettes ). Une répartition régulière des masses garantit un bon contact avec le fourrage. Des sacs en toile de polypropylène remplis de sable ou des pelletées bien réparties remplacent avantageusement les pneus jointifs placés sur la bâche. L idéal consiste en une couche continue de matériaux sableux : grâce à sa charge, elle assure un tassement des couches superficielles tout en permettant une isolation thermique. Elle évite les entrées d air consécutives à l alternance de la chaleur du jour (dilatation de l air) et au refroidissement de la nuit (aspiration d air frais). Si cette solution demande de la main-d œuvre, c est toutefois la seule efficace lorsqu un problème de conservation est pressenti en raison du manque de qualité initiale du fourrage. Une seconde bâche, éventuellement usagée, ou un filet de protection en polypropylène peut protéger le film assurant l étanchéité du silo. Ce dispositif évite les trous dus aux oiseaux ou à la divagation des bovins et il limite l exposition au soleil. Une seconde protection Des tentatives de couverture «végétalisée» (semis de céréales au-dessus du silo) ont été faites, mais cette technique occasionne des pertes importantes sur au moins 20 cm d épaisseur. Autre solution, à proximité des usines de transformation de pommes de terre, le dépôt sur le tas de maïs d une couche de «purée-pelure» : c est une protection efficace, qui améliore le tassement, reste comestible et peut se renouveler durant la conservation du fourrage. À l ouverture du silo, la gestion du front d attaque, sans éboulements et avec une avancée rapide, doit limiter au maximum la pénétration en profondeur de l air qui réactiverait d autant plus les fermentations. Réussir sans conservateur Quand la porosité du silo est maîtrisée par un bon tassement, l incorporation de conservateur dans l ensilage n apporte aucune amélioration du point de vue de la conservation, ni pour les fermentations lactiques juste après la récolte, ni pour contrecarrer le développement de moisissures. Cependant, l application d un conservateur «anti-moisissures», chimique ou biologique, peut intervenir quand une porosité trop élevée est attendue, par exemple quand la récolte n a pu avoir lieu à moins de 35 % de matière sèche. Cette application peut ne concerner que la couche la plus exposée aux dégradations, soit les 20 à 30 derniers centimètres du silo. Le conservateur a alors pour effet d allonger le délai de stabilité de l ensilage, ce qui rend l échauffement plus tardif Quant au sel, son incorporation ne sert qu à limiter la multiplication des bactéries butyriques dans des zones de condensation à la surface des silos. Une couche continue de matériaux sableux Un silo boudin permet de garder la propreté du maïs fourrage. La pose de la bâche doit préserver les qualités initiales. Il est donc important de faire attention au vent, aux piétinements, etc Dans le cas de silos couloirs, la liaison au sol et aux murs doit être parfaite, assurée par un cordon continu tout autour du silo (bourrelet de sable, sacs remplis de sable ou de gravier). Moins d air dans les ensilages moins secs Air 250 l Air 500 l Eau 545 l MS 205 l Composition d un mètre cube d ensilage à 30 % de MS Eau 320 l MS 180 l Composition d un mètre cube d ensilage à 40 % de MS

10 Maïs Ajuster la ration des vaches laitières à la valeur du maïs Bien évaluer la composition de son maïs permet de mieux déterminer le moment de l ensilage mais aussi d optimiser son incorporation dans la ration des vaches laitières. Une teneur de 22 à 25 % d amidon dans la ration garantit à la fois une bonne ingestion et une bonne digestion. La valeur énergétique du maïs s exprime habituellement par sa teneur en unité fourragère lait (UFL). Mais ce critère n est pas suffisant pour calculer la place du maïs dans la ration des vaches. ARVALIS-Institut du végétal propose depuis plusieurs années de décomposer sa valeur énergétique en deux éléments : la teneur en amidon, représentative des grains, et la digestibilité de la matière organique «non amidon» (DMOna), qui caractérise la partie végétative de la plante (figure 1). L amidon du maïs correspond à un apport de concentré. La DMOna représente la digestibilité des «tiges et feuilles». Sa plage de variation est presque aussi large que celle qui sépare un ensilage d herbe et une paille de céréale Deux types de fourrages qui ne sont pas équivalents dans la ration des vaches! Jeune, le maïs présente une forte DMOna et une faible teneur en amidon. Lorsqu il est mature, son profil s inverse : l amidon s est développé alors que la DMOna a chuté. La valeur UFL de la plante entière n est en fait que la moyenne pondérée de ces deux éléments, ce qui signifie que des maïs de même valeur UFL (représentées sur la figure 1 par des lignes obliques «iso UFL») ont des compositions très différentes. Ne pas récolter trop tard Le stade «optimal» de récolte est atteint quand le maïs ne progresse plus en rendement UFL par hectare. À ce stade, la richesse en amidon est en moyenne de 30 % (centre Le stade «optimal» de récolte est atteint quand le maïs ne progresse plus en rendement UFL par hectare. de la figure 1) : la digestibilité des tiges et feuilles est celle d un foin correct et, dans les grains, l amidon est présent sous trois formes (un peu laiteux, surtout pâteux, un peu vitreux). Ce fourrage se conserve bien, sans écoulement de jus ni difficultés de tassement. Plus tôt, la valeur des tiges et feuilles est certes plus élevée, mais le fourrage n a pas atteint le maximum de rendement et l on peut craindre un écoulement de jus au silo. Plus tard, l augmentation de la teneur en amidon se fait au détriment des tiges en train de se dessécher et de se lignifier. Pour la récolte en grains, c est une étape importante, mais pas quand on s intéresse à la plante entière. Aux stades tardifs, le maïs devient plus difficile à conserver, les valeurs énergétiques et azotées réelles sont inférieures aux valeurs annoncées, car les équations de prédiction ne sont plus valides. En effet le maïs contient de plus en plus d amidon vitreux qui, dans le rumen, ne participe pas à la synthèse de protéines microbiennes. En année moyenne, le stade optimal correspond à une teneur en matière sèche (MS) voisine de 33 à 35 %. Si la part de grains est faible, par exemple en raison des semis tardifs, il peut être atteint dès 30-31 % de MS. Quand les épis sont développés, ce même stade se rencontre au-delà de 35 % de MS, avec plus d amidon. Des analyses pour bien «chiffrer son coup d œil» Il est possible d estimer au champ les écarts entre un maïs observé avant la récolte et une culture «moyenne», en observant précisément le développement végétatif (hauteur ) et les épis (nombre, grosseur, stade ). Mais seules les analyses sur un ou plusieurs échantillons représentatifs de la récolte permettent de disposer de valeurs objectives de teneur en amidon et valeur énergétique. Attention, le calcul des valeurs protéiques à partir des résultats d analyse est adapté aux maïs récoltés à moins de 35 % de MS : il surévalue donc les maïs plus secs. AGPM GIE Tous les maïs fourrage peuvent être incorporés dans une ration destinée aux vaches laitières, à condition d être correctement complémentés.

11 Caractériser son maïs selon ses teneurs en amidon et en fibres Composante " tiges+feuilles " : DMOna % 76 72 68 64 60 56 52 0,8 UFL Très précoce Précoce Pauvre Riche Moyen Tardif 1 UFL Pour bien digérer les fourrages, la vache passe beaucoup de temps à mastiquer. L excès d amidon peut dérégler la digestion. 48 44 0 10 20 30 40 50 Composante " grain " : Amidon % Certaines fibres déterminent l ingestion Pour donner au maïs sa bonne place dans la ration, il faut l imaginer en trois fractions : l amidon et la partie «digestible» de ses fibres constituent un apport énergétique essentiel, tandis que la partie «indigestible» des fibres régule l ingestion. Comment? Les bactéries du rumen permettent aux vaches de digérer une partie de l énergie contenue dans les fibres de cellulose. Le rumen ayant un volume fixe, la vache ne peut en faire sortir chaque jour qu une quantité limitée de fibres de cellulose rendue indigestible par la lignine. Plus l aliment est «lignifié», plus l animal passe de temps à «ruminer». Cette mastication réduit les fibres du fourrage en petits morceaux et active la sécrétion de salive. Or celle-ci contient du bicarbonate de soude qui régule le ph du rumen entre 6 et 6,5, l acidité optimale pour les bactéries qui digèrent les fibres Plus la ration est fibreuse, mieux le fourrage est digéré, mais moins la vache consomme de matière sèche et d énergie. C est donc la teneur en fibres «indigestibles» qui permet de «piloter» l ingestion en adaptant la quantité ingérée aux besoins. Équilibrer amidon et fibres digestibles dans la ration Dans la ration des vaches à haut potentiel, la Très tardif Le maïs optimal se trouve au centre du cercle vert clair. Les courbes sont des iso UFL. La courbe verte en pointillé est la trajectoire d'un maïs. place des fibres lignifiées est faible, celle des éléments digestibles étant très élevée. À première vue, le maïs, pourvu en énergie, convient bien aux vaches ce qui est vrai, à condition que l amidon qu il apporte ne perturbe pas la digestion. En effet, Plus la ration est fibreuse, mieux le fourrage est digéré, mais moins la vache consomme de matière sèche et d énergie. l équilibre entre les fibres digestibles et l amidon est essentiel pour préserver le bon fonctionnement du rumen. Tout excès d amidon peut entraîner un «dérèglement» du rumen ou acidose avec des perturbations de la production et même des conséquences fatales pour la vache. Attention à l excès d amidon Les résultats expérimentaux montrent que l énergie de la ration des vaches laitières est valorisée à 100 % quand la teneur en amidon de celle-ci ne dépasse pas 22 % : les apports en UFL correspondent exactement aux besoins d entretien et de production laitière. Avec le même maïs, pour une ration à 25 % d amidon, l ingestion augmente, mais la vitesse de transit également : une partie de l énergie n a donc pas le temps d être digérée. En début de lactation, ce gaspillage atteint 1 UFL par jour. À 28 % d amidon dans la ration, la perte atteint 2 UFL et les signes d acidose se multiplient. Pour concilier ingestion, apports énergétiques et azotés tout en évitant l acidose, la seule solution consiste à associer au maïs des concentrés et des fourrages ne contenant pas ou peu d amidon, mais beaucoup de fibres plus digestibles : ensilage d herbe, luzerne déshydratée, pulpe de betteraves, etc. Il y a toujours une solution qui convient, la meilleure étant celle qui coûte le moins cher pour le même résultat. Construire sa ration en fonction des caractéristiquesde son maïs - Exemples Type de maïs très précoce précoce Maïs moyen tardive très tardive Riche en énergie Pauvre en énergie MS 23,7 30,6 32,2 34,1 48,0 33,2 35,3 UFL/kg MS 0,92 0,92 0,92 0,91 0,89 0,98 0,86 Amidon % MS 11,6 21,2 30,1 34,8 39,4 30,7 29.4 Ingestion totale MS 23,1 22,9 23,3 23,5 23,6 24,1 23,5 Maïs F (kg MS) 14,3 15,4 16,7 12,4 11,1 18,0 10,1 Ensilage Herbe («) - - - 3,9 5,1-4,7 T. colza (kg brut) 2,7 3,1 3,4 3,0 2,6 3,8 2,4 T. soja (kg brut) 2,5 2,7 2,6 2,5 3,1 1,8 2,5 Triticale (kg brut) 3,4 1,4 0,1 1,4 1,4-3,7 concentrés 34,5 29,2 24,7 26,7 27,5 21,7 33,3 amidon/ration 16,0 17,9 22,0 22,0 22,0 23,0 22,0 (1): cette ration permet aussi une reprise de poids d environ 400 g/jour Dans ces exemples, les vaches (30 % de primipares, produisant 35 kg de lait à 42 g/kg de taux butyreux et 33 g/kg de taux protéique) reçoivent toujours 1 kg brut de foin et environ 350 g d aliment minéral. La complémentation azotée et énergétique combine du tourteau de colza, du tourteau de soja et du triticale.

12 Maïs Des éleveurs de plus en plus séduits par le maïs grain humide La proportion de maïs grain humide ne cesse d augmenter depuis quelques années. Lorsque l itinéraire technique est bien conduit, ce produit permet aux éleveurs d enrichir les rations et d accroître leur autonomie tant d un point de vue alimentaire qu énergétique. Le maïs grain humide devient un aliment de base pour les jeunes bovins à l engraissement. et tassés pour favoriser la disparition de l oxygène et le travail des bactéries anaérobies, qui transforment les sucres du maïs en acide lactique. Le maïs grain humide peut être ensilé en silos «couloir», «boudin» ou «tour». AGPM GIE En France, plus de 100 000 ha de maïs grain sont aujourd hui conservés sous forme humide. Grâce à un choix de variétés de précocité adaptée à chaque zone de production, à des techniques de conservation simples et efficaces, cette pratique s est fortement développée ces dernières années. Elle a d autant plus d intérêt que l absence de frais de séchage la rend économiquement intéressante. Une récolte précoce et un grain sain Reste à bien conduire l itinéraire technique, ce qui passe par une récolte précoce d un grain sain et une mise en silo soignée. Cela se prépare dès le choix de la précocité des variétés et des dates de semis, à adapter aux conditions pédoclimatiques de la région ainsi qu aux objectifs de l éleveur. Il est ensuite impératif de s assurer de la bonne qualité sanitaire du maïs au champ avant la récolte. Afin de limiter les risques sanitaires de fin de cycle, celle-ci doit intervenir le plus tôt possible, soit à la maturité physiologique, c est-à-dire dès l apparition du point noir à la pointe des grains. Ce stade peut être atteint vers 35 % d humidité du grain dans les zones septentrionales, mais vers 30 à 32 % plus au sud. Au-delà, il n y a plus rien à gagner à laisser le maïs au champ, hormis une réduction d humidité sans intérêt voire dommageable pour une conservation sous forme humide. Après la récolte, la mise en silo doit être effectuée rapidement, proprement, de façon hermétique, en veillant à bien tasser s il s agit de grain broyé. Pour le maïs ensilé, il faut préserver les conditions d une bonne exploitation, favorisant notamment une bonne vitesse d avancement journalière du front d attaque (silo boudin, silo couloir). Ensiler ou inerter Quelle que soit la solution retenue, il est fondamental de stocker sans attendre après la récolte et de mettre le grain, broyé ou entier, à l abri de l oxygène pour garantir une bonne conservation. Deux méthodes existent : l ensilage et l inertage. La première se pratique sur des maïs récoltés entre 30 et 38 % d humidité. Juste après la récolte, les grains sont broyés Il est fondamental de stocker sans attendre après la récolte et de mettre le grain, broyé ou entier, à l abri de l oxygène pour garantir une bonne conservation. La seconde méthode, l inertage, consiste à conserver les grains humides entiers, toujours en l absence d oxygène. Les grains sont récoltés plus secs, entre 26 et 35 % d humidité. Ils sont stockés en big-bag, silos souples ou «tours» hermétiquement clos (encadré). La respiration des grains ainsi que la microflore consomment rapidement l oxygène interstitiel et le remplacent par du gaz carbonique. Adapter le mode de stockage Mode de stockage le moins coûteux, les big bag sont bien adaptés aux élevages de petites tailles et particulièrement à la conservation du maïs humide par inertage. Ils s utilisent généralement dans les élevages de bovins viande. Les sacs, qui contiennent en moyenne 800 kg de maïs humide, sont stockés sur une plate-forme propre et stabilisée. Le silo souple offre pour sa part une capacité de stockage de 30 à 160 tonnes. En acier vitrifié, le silo tour est adapté aux grandes unités d élevage (à partir de 300 tonnes de stockage). Il est surtout utilisé par les élevages de porcs et les gros ateliers de gavage de canards.

Maïs 13 Un aliment de fond pour l engraissement des bovins Pour les vaches laitières, les éleveurs privilégient l ensilage de maïs plante entière. Le maïs grain humide constitue cependant un complément alimentaire énergétique idéal Pratique et énergétiquement correct r des grains humides permet d abord d élargir les plages de récolte et facilite l organisation des chantiers. Dans les cas exceptionnels (semis tardifs, conditions climatiques difficiles ), ce mode de récolte peut également aider à préserver la qualité et le rendement. Récolté tôt, le maïs humide libère les terres afin d implanter des cultures hivernales ou des couverts végétaux. Il a également l avantage de valoriser les fumures organiques appliquées avant culture ou au stade 5/6 feuilles. L absence de séchage améliore le bilan environnemental de la culture de maïs en réduisant la consommation en énergie primaire et les émissions de gaz à effet de serre. La valorisation de cet aliment de haute qualité, appétant et énergétique, permet d utiliser ses propres productions, à la fois à un coût diminué et maitrisé (pas de séchage et de transport) tout en apportant une garantie totale sur l origine des aliments. pour des périodes comme le pâturage. Les vaches peuvent en consommer de 2 à 6 kg par jour, en fonction des autres composants de la ration. Aucun problème digestif n apparaît tant que la limite de 28 % d amidon dans la ration n est pas dépassée. L optimum d efficacité se situe entre 22 et 25 %. Pour l engraissement des bovins, le maïs grain humide se développe. D une valeur énergétique de 1,29 UFV (Unité fourragère viande) au kg de matière sèche, il devient un aliment de base pour des animaux à fort potentiel de croissance comme les taurillons. En engraissement de jeunes bovins de la race blonde d Aquitaine, la distribution d une ration complète et équilibrée à base de maïs grain humide à 90 PDI/UFV (1) augmente les performances de croissance. Cela ne crée pas de problème métabolique et contribue à fournir une qualité de carcasse reconnue. Le maïs est dans ce cas souvent distribué en grains entiers ou simplement aplatis lorsque l humidité est plus faible. À la base de la ration chez les porcs Sur porcs, des études de digestibilité menées par ARVALIS-Institut du végétal en 2009 et 2011 ont montré que le maïs grain humide broyé et ensilé fournit une valeur énergétique significativement supérieure à celle du maïs grain sec. Elle est intermédiaire avec celle du maïs grain humide inerté entier. De fait, pour l engraissement des porcs, le maïs grain humide est à la base de l alimentation de nombreux élevages du grand ouest et du sudouest de la France. Incorporé jusqu à 70 % de la ration, il assure les apports énergétiques et améliore l efficacité alimentaire. Il permet en plus de préserver la qualité des carcasses et des gras pour l industrie de la salaisonnerie mais également de réduire les quantités de phosphore excrété. Encore sous la mère, les porcelets apprécient déjà le maïs grain humide. Avant et après le sevrage, les éleveurs constatent une nette régression des problèmes digestifs, en relation avec l acidité de cet aliment. Il est également utilisé pour les truies en gestation et en lactation. Pour l engraissement des porcs, le maïs grain humide est à la base de l alimentation de nombreux élevages du grand ouest et du sudouest de la France. Des essais sur les canards L utilisation du maïs grain humide dans le gavage des canards connaît un développement plus récent. De nombreux essais réalisés au «Palmipôle» d Artiguères (40), ainsi que des suivis chez des éleveurs ont démontré que les performances de gavage et de qualité des produits sont aussi bonnes qu il s agisse de maïs grain sec ou humide. L alimentation à base de maïs humide est également compatible avec l engraissement des agneaux, des volailles de chair et avec le régimes des poules pondeuses. Pour les zones d élevage, l approvisionnement en maïs grain humide permet au final de couvrir les besoins énergétiques, garantir la qualité des produits, bénéficier de l intérêt économique tout en contribuant à réduire l impact environnemental. (1) Protéines digestibles au niveau de l intestin/unité fourragère viande Les silos boudins constituent l une des formes de stockage du maïs grain humide ensilé.