PATHOLOGIE DES GLANDES SALIVAIRES



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Transcription:

PATHOLOGIE DES GLANDES SALIVAIRES Actualisation du 04 décembre 2007 FRANCK JEGOUX, Praticien Hospitalier SERVICE ORL ET CHIRURGIE MAXILLO-FACIALE CHU PONTCHAILLOU, RENNES franck.jegoux@chu-rennes.fr

Sommaire 1 RAPPELS:... 4 1.1 GLANDES SALIVAIRES PRINCIPALES:... 4 1.2 GLANDES SALIVAIRES ACCÉSSOIRE:... 5 2 PROBLÉMES POSÉS PAR LE DIAGNOSTIC DES TUMÉFACTIONS SALIVAIRES:... 6 3 TUMÉFACTION INFLAMMATOIRE: SIALITES... 8 3.1 PRISE EN CHARGE GLOBALE:... 8 3.2 SIALADÉNITE... 9 3.2.1 bilatérale: La parotidite ourlienne... 9 3.2.2 Unilatérale: Parotidite microbienne (aigüe ou chronique)...11 3.3 SIALODOCHITES...16 3.3.1 Mégacanaux salivaires bilatéraux idiopathiques...16 3.3.2 Lithiase salivaire des glandes principales...17 3.4 SIALITES GLOBALES...22 4 TUMÉFACTION NON INFLAMMATOIRE UNILATÉRALE: PATHOLOGIE TUMORALE...23 4.1 CONDUITE À TENIR...23 4.2 TUMEURS BÉNIGNES:...25 4.2.1 Les adénomes pléïomorphes ou tumeurs mixtes de la parotide...25 4.2.2 Les autres tumeurs bénignes...27 4.3 LES TUMEURS MALIGNES...27 4.3.1 Tumeurs à malignité atténuée...27 4.3.2 Tumeurs à forte malignité...28 2

5 TUMÉFACTION NON INFLAMMATOIRE BILATÉRALE: SIALOSES...30 5.1 SIALADÉNOSES:...30 5.2 SIALOSES SYSTÉMIQUES:...31 5.2.1 La sarcoïdose ou maladie de Besnier-Boeck-Schaumann (BBS)...31 5.2.2 Les syndromes secs...31 5.2.3 La pathologie parotidienne dans le cadre de la séropositivité VIH...32 6 LES AUTRES GLANDES...36 6.1 GLANDE SUB LINGUALE...36 6.2 GLANDES ACCÉSSOIRES...36 3

1 Rappels: 1.1 Glandes salivaires principales: Paires et symétriques, trois de chaque côté. Parotides: canal de Sténon (abouchement face interne de la joue en regard de la 2ème molaire supérieure/ Palpable en arrière de la branche montante de la mandibule au dessus du niveau de l angle/ tuméfaction qui refoule de façon pathognomonique le lobule de l oreille/ prolongement profond qui peut être au contact de la paroi pharyngée au niveau du pilier antérieur / Traversée par le nerf facial qui la sépare en lobes superficiel et profond / l examen du Stenon doit être complété par la palpation d arrière en avant de la glande et l examen de la salive qui s écoule alors. Sous-mandibulaires: canal de Wharton (abouchement de part et d autre du frein de la langue, palpable sous le rebord basilaire de la mandibule, en avant du niveau de l angle mandibulaire, les doigts en crochet / Longée en dedans par le nerf lingual (sensitif) et le nerf hypoglosse (XII moteur) / La palpation doit être bidigitale externe et endobuccale Sublinguales: / canal de Rivinus (abouchement adjacent à l ostium du wharton ou dans le canal lui-même/ Tuméfaction à expression endobuccale, le long de la crête salivaire, sous la muqueuse du plancher en dedans du canal de Wharton. 4

1.2 Glandes salivaires accéssoire: Petite taille (quelques millimètres, réparties dans toute la muqueuse de la cavité buccale en particulier les lèvres (biopsies faciles), le palais et le voile. Pathologie peu fréquente mais souvent tumorale maligne. 5

2 Problémes posés par le diagnostic des tuméfactions salivaires: Le diagnostic causal se pose différemment : dans les tuméfactions inflammatoires, où la cause est en général facilement reconnue, cette pathologie est l affaire de tout médecin. dans les tuméfactions non inflammatoires unilatérales, où, malgré les examens complémentaires les plus poussés (échographie, IRM, ponction cytologique à l'aiguille fine, bilan hématologique), la cause n'est découverte que lors de l'examen extemporané au cours de la parotidectomie exploratrice, ou parfois même de l'examen histologique définitif de la totalité de la pièce opératoire. Cette pathologie est dans l idéal prise en charge par un ORL. Dans les tuméfactions non inflammatoires bilatérales où l examen clinique notamment général est capital, le diagnostic étiologique difficile. Ces pathologies relèvent volontier d un médecin interniste. Il y a donc de manières caricaturale: Les tuméfactions inflammatoires (sialites: sialodochite et sialadénites) Les tuméfactions non inflammatoires o unilatérales : les tumeurs o bilatérales: les sialoses 6

INFLAMMATOIRE? LATERALITE? pathologie non inflammatoire pathologie inflammatoire unilatˇrale bilatˇrale unilatˇrale bilatˇrale TUMEURS SIALOSES BACTERIENNE VIRALE 7

3 Tuméfaction inflammatoire: Sialites 3.1 Prise en charge globale: Les éléments pertinents sont la douleur et le caractère diffus de la tuméfaction de la glande. Spontanée ou provoquée, elle a marqué des évènements de l anamnèse ou est présente lors de l examen. La tuméfaction est diffuse car concerne toute la glande de manière homogène contrairement aux tumeurs qui ne concernent qu une partie de la glande de façon non homogène. L inflammation de la glande elle-même est appelée sialadénite et celle du canal une sialodochite. En fait les deux sont parfois très intriquées. Les tableaux principaux sont: Sialadénite: Bilatérale: Virale (oreillons) Unilatérale: Bactérienne = Parotide aigüe suppurée, Parotidites chroniques Sialodochite: Bilatérale: Mégacanaux idiopathiques bilatéraux Unilatérale: Lithiase salivaire (sous maxillaire ++ et parotidienne) Sialites globales: Sialodochite par lithiase --> sialadénite par rétention Calcinose 8

3.2 Sialadénite 3.2.1 bilatérale: La parotidite ourlienne La plus fréquente des affections salivaires est la sialadénite ourlienne (oreillons). La Ligue française pour la prévention des maladies infectieuses a avancé pour la France, le nombre de 300 000 cas d'oreillons par an. 3.2.1.1 Etiologie-épidémiologie L'agent causal est un paramyxovirus à ARN. Le virus se transmet par contact direct et par les gouttelettes de salive. Maximum d'incidence avant 5 ans. Les deux sexes sont également atteints mais les complications sont 3 fois plus fréquentes chez les garçons : orchite, méningite, encéphalite, surdité...l orchite survient dans 15% des cas mais la stérilité est très rare. L'incubation, silencieuse, de 18 à 21 jours. 3.2.1.2 Clinique Phase d invasion de 24 à 36 heures. Grande contagiosité. Douleur provoquée par la palpation de la parotide (classiques points douloureux de Rilliet), une sécheresse buccale et un érythème de l'ostium du canal de Sténon. Phase d'état: parotidite. Tuméfaction de la parotide douloureuse spontanément, à la mastication et à la palpation. D'abord unilatérale, la parotidite se bilatéralise en 2 ou 3 jours. La salive rare aux ostiums reste claire, jamais purulente. Les signes généraux sont variables d'un sujet à l'autre : fièvre, bradycardie, signes méningés (céphalée, raideur), lymphocytose. 9

La guérison se fait en une dizaine de jours. 3.2.1.3 Diagnostic différentiel Le problème se pose surtout avec le premier épisode de la parotidite bactérienne chronique de l'enfant, le premier épisode infectieux d'une lithiase parotidienne, les parotidites allergiques ou toxiques (des anti-inflammatoires non stéroïdiens notamment), les sialadénoses nutritionnelles au début (surtout syndrome dysorexie-aménorrhéesialomégalie). La présence d un fort tableau général de virose et l absence d autre contexte fait évoquer le diagnostic de parotidite ourlienne ce d autant qu il y a eu contage trois semaines auparavant. 3.2.1.4 Traitement Les formes classiques bénignes ne sont traitées que par l'isolement (éviction scolaire de 15 jours), le repos au lit et des antalgiques, l application éventuelle de glace sur la région douloureuse ainsi qu un bon apport liquide. Il faut éviter l aspirine (risque de syndrome de Reye chez l enfant) et les jus de fruits (qui stimulent excéssivement et agravent les douleurs). Les sialagogues parasympathomimétiques (teinture de Jaborandi, Génésérine ) sont capables de raccourcir la phase de déficit salivaire et de stase canalaire. La relative fréquence des complications et la gravité de certaines d'entre elles justifient pleinement la vaccination à partir de l'âge de 12 mois (vaccin Imovax Mérieux, triple vaccin rougeole-oreillons-rubéole ou R.O.R. ). 10

D'autres sialites virales sont méconnues ou rares. Les virus de la grippe, Coxsackie A (entérovirus), ECHO, peuvent aussi se manifester par une parotidite. Peu de virus en dehors des oreillons entraînent des manifestations de la glandes sous mandibulaire. 3.2.2 Unilatérale: Parotidite microbienne (aigüe ou chronique) 3.2.2.1 Parotidite aigüe microbienne A l'état normal, la salive est stérile dans les accini et les canaux efférents. L'infection des canaux et du parenchyme salivaire peut être ascendante (d'origine buccale), hématogène, ou encore par effraction d'une infection de voisinage (cellulite de la face, adénite intra-parotidienne,...) Le mécanisme d'infection par voie ascendante canalaire paraît prépondérant, corrélé généralement à une flore polymicrobienne, à prédominance streptococcique. Les parotidites hématogènes sont monomicrobiennes. Divers facteurs favorisent le développement de l'infection : l'hyposialie des opérés, des déshydratés et des malades traités par médicaments inhibiteurs de la salivation ; le mauvais état buccodentaire l'immunodépression spontanée (personne âgées, SIDA), ou induite par les immunodépresseurs. 11

3.2.2.1.1 Forme typique Fièvre avec pouls en rapport, la douleur parotidienne otalgique, exacerbée par la mastication, un trismus moyen, la tuméfaction de la parotide sous une peau érythémateuse ou violacée qui adhère aux plans profonds. L'examen endobuccal montre l'ostium du canal de Sténon rouge et turgescent, qui laisse sourdre du pus ou de la salive mucopurulente. En l absence de traitement adapté à ce stade l évolution se fait vers la suppuration franche et le risque de fistulisation à la peau si le drainage ne se fait pas par le canal. L echographie est un examen intéressant en cas d échec du traitement initial, en cas de fluctuation à la palpation faisant craindre une collection purulente. 3.2.2.1.2 Formes cliniques Les parotidites hématogènes comportent un risque de fistulisation cutanée plus importante que les parotides ascendantes. Dans les parotidites par effraction d une adénite intra-parotidienne on retrouve un nodule inflammatoire initial, une porte d'entrée cutanée ou muqueuse. 3.2.2.1.3 Traitement Préventif: supprimer les causes d'infection buccale, favoriser une bonne sécrétion salivaire (réhydratation). Curatif, il est avant tout antibiotique : AUGMENTIN (amoxicilline+acide clavulanique), PYOSTACINE (pristinamycine) ou ROVAMYCINE (spiramycine). On peut y adjoindre un stimulateur de la sécrétion salivaire par un sialagogue (Génésérine 2granules trois fois par jours pendant 8 jours). 12

En cas de collection purulente, le drainage s'impose. 3.2.2.2 Parotidite bactérienne chronique de l'enfant C'est une affection non exceptionnelle. A son début, elle est souvent confondue avec les oreillons. Les bactéries en cause sont presque toujours à Gram positif : streptocoques, pneumocoque et staphylocoque. 3.2.2.2.1 Clinique Le premier épisode de parotidite survient souvent vers l'âge de 4 ou 5 ans. Le début de chaque épisode aigu, parfois précédé par 24 heures d'asthénie, est marqué par l'apparition rapide, souvent au cours d'un repas, d'une tuméfaction parotidienne unilatérale partielle, douloureuse et ferme. Mais surtout l'examen endobuccal et l'expression manuelle douce de la glande permettent de constater l'issue par l'ostium du canal de Sténon, qui n'est pas forcément rouge, d'un peu de salive mucoïde contenant quelques petits grumeaux de pus. 3.2.2.2.2 Examens complémentaires L'examen bactériologique de la salive met en évidence une flore polymicrobienne apparemment d'origine buccale. L'antibiogramme sera utile au choix de l'antibiotique malgré la pluralité des germes. L'échographie non agressive est cependant peu rentable. Beaucoup plus explicite est la sialographie faite avec du lipiodol ultrafluide, qui montre dans tous les cas des petites images cavitaires rondes en plein parenchyme, plus ou moins clairement appendues à des images de canalicules. Il sagit de l aspect en plombs de chasse ou en 13

pommier en fleurs. Cette sialographie peut être réalisée dès l'âge de 5 ans avec quelques gouttes de lipiodol. 3.2.2.2.3 Evolution et traitement Chaque épisode aigu évolue généralement spontanément vers la sédation en 3 à 10 jours. Ces épisodes successifs restent unilatéraux, mais ils sont souvent à bascule, successivement droit et gauche. Traitement général: Chaque épisode est abrégé par l'antibiothérapie générale choisie en fonction de l'antibiogramme. L antibiothérapie est la même que pour une parotidite aigüe. Sialogogues (Génésérine) Les traitements locaux possibles: lavage de la glande par voie canalaire avec de la pénicilline est réalisable dès l'âge de 5 ans. Des séries de 3 lavages, à quelques jours d'intervalle, et répétées systématiquement tous les trimestres contribuent à la régression des lésions. mise en place à demeure d'un cathéter dans le canal de Sténon et l'irrigation de la glande pendant une semaine permettent des améliorations spectaculaires. cures de sialalogues (Génésérine ) ne sont pas non plus négligeables, L évolution se fait le plus souvent vers une résolution des épisodes vers la puberté mais l affection peut se prolonger à l âge adulte. 14

3.2.2.3 Parotidites microbiennes chroniques de l'adulte Elles sont l'aboutissement d'affections diverses. Le tableau clinique est celui d une tuméfaction paroditienne bilatérale chronique avec suppuration salivaire par le cancal de Sténon sans douleur. Seuls les épisodes de surinfection ou de poussées aigües se manifestent de façon similaire aux parotidites aigüe et donc avec douleur à la mastication et à la palpation de la glande. La sialographie montre les lésions parenchymateuses chroniques (grosses gouttes de lipiodol) et les lésions canalaires (dilatations irrégulières). Causes: Soit d origine canalaire: une sialodochite ou des mégacanaux salivaires. Soit d origine parenchymateuse: une sialadénite initiale (parotidite chronique de l'enfant qui n'a pas guéri à la puberté ou une calcinose (cf. infra Sialoses)). Il faut savoir écarte le diagnostic de maladie de Gougerot. Traitement: Il devra être adapté à la cause. L'antibiothérapie par voie générale n'est justifiée que dans les épisodes d'infection aiguë. Des lavages des canaux avec de la pénicilline sont utiles dans tous les cas à condition de les répéter 2 ou 3 fois à quelques jours d'intervalle. L'exérèse de la glande est souvent envisagée mais la décision d'une parotidectomie bilatérale ne doit être prise qu'en se rappelant que la parotidectomie est toujours difficile en tissu infecté et dangereuse pour le nerf facial. 15

3.3 Sialodochites 3.3.1 Mégacanaux salivaires bilatéraux idiopathiques Le motif de la première consultation est le plus souvent l'augmentation passagère du volume d'une glande salivaire principale, parfois un épisode douloureux plus durable, et des troubles salivaires divers comme une sialorrhée en jet. L'examen clinique permet en général le diagnostic. L'ostium est fréquemment rouge et oedématié. La salive est le plus souvent abondante, d'aspect muqueux, de viscosité augmentée ou inégale avec des bouchons mucoïdes. La découverte d'un phénomène «d'éjaculation salivaire», à l'expression manuelle de la glande, objective à la fois la dilatation canalaire et la valeur fonctionnelle de la glande. La palpation du canal tuméfié est en règle indolore. La sialographie montre des dilatations du canal principal de la glande qui apparait trop long et sinueux avec un aspect en «chapelet de saucisses». La bilatéralité de ces images permet pratiquement d'affirmer le diagnostic de mégacanaux. Le traitement de cette affection de cause non déterminée ne peut être que symptomatique. Expression manuelle de la salive, par massage canalaire d'arrière en avant, répété plusieurs fois par jour et, dans les cas rebelles, antibiothérapie par voie générale (amoxicilline ou macrolide) et par voie canalaire (lavages par l'ostium avec de la pénicilline). Il n y a pas d indication aux sialagogues puisqu'il s'agit en fait non d'un déficit sécrétoire mais d'une dysplasie canalaire pariétale. 16

3.3.2 Lithiase salivaire des glandes principales La lithiase est la plus courante des affections salivaires, sauf chez l'enfant où elle ne se place que loin derrière les oreillons. La pathogénie de la lithiase salivaire demeure incertaine. Le facteur le plus généralement admis est l'infection microbienne ascendante. 3.3.2.1 Lithiase sous-mandibulaire C'est la plus fréquente des lithiases salivaires. 3.3.2.1.1 Clinique Accidents mécaniques La hernie salivaire (de Garel) est le signe le plus fréquemment révélateur de l'obstacle salivaire : lors d'un repas une tuméfaction s'installe brusquement sous le bord basilaire de la mandibule, en avant de l'angle, puis à la fin du repas la tuméfaction disparaît alors que le patient ressent un écoulement de salive dans la bouche. La colique salivaire (de Morestin) traduit la rétention totale de la salive et le spasme du canal. La douleur intense survient brutalement et siège dans le plancher de la bouche, la langue, et irradie vers l'oreille. Douleur et tuméfaction disparaissent là encore rapidement après une brève sialorrhée. Ces hernies et coliques se reproduisent à chaque repas pendant une période variable. En l'absence de traitement ou d'expulsion spontanée du calcul, surviennent les accidents infectieux. 17

Accidents infectieux Whartonite: La sialodochite du canal de Wharton débute brutalement par des douleurs du plancher irradiant vers l'oreille associées à une dysphagie, à de la fièvre. A l'examen, la crête salivaire est tuméfiée, rouge, douloureuse. L'ostium est turgescent et laisse sourdre du pus. Périwhartonite: L'abcès péricanalaire du plancher (périwhartonite) est révélé par des douleurs et une dysphagie s'accentuant, associées à une fièvre élevée et à un trismus. Il s'agit cette fois d'une cellulite sus-mylohyoïdienne unilatérale soulevant l'hémilangue, mais séparée de la mandibule par un sillon visible en TDM, ce qui la distingue d'une cellulite de cause dentaire. La suppuration à l'ostium confirme son origine salivaire. L'évolution spontanée peut se faire en quelques jours vers la fistulisation dans la bouche, parfois avec évacuation du calcul. La rétention de la salive plus ou moins infectée par voie ascendante va se traduire par une infection du parenchyme glandulaire (sous maxillite et parotidite) Sous-maxillite aigüe: tumefaction douloureuse sous mandibulaire avec irradiation de la douleur vers l oreille et le long du plancher. Elle s associe ou non à un tableau de sialodochite (whartonite en l occurrence). La tuméfaction est douloureuse à la palpation qui entraîne l évacuation d un écoulement purulent par l ostium. La répétition des épisodes aigüs, plus ou moins prononcés (simples manifestations mécaniques, sialodochite, sialite) aboutit volontier à une sous-maxillite chronique. La tuméfaction sous-mandibulaire est alors volontier indolore et homogène. Le traitement chirurgical s impose ne serait-ce que pour éliminer un diagnostic tumoral. 18

3.3.2.1.2 Diagnostic positif Il repose sur la découverte du calcul par le palper bidigital du plancher entre un doigt endobuccal et un doigt sus-hyoïdien latéral qui le plus souvent permet de sentir un corps dur situé sur le trajet du canal ou dans le bassinet. - La radiographie : un film «occlusal» «mordu», un film occlusal le plus postérieur possible, enfin un profil de loge sousmandibulaire ou un panoramique dentaire. Cependant un très grand nombre de calculs sont radiotransparents. - l echographie: peut visualiser le calcul avec un effet de cône d ombre caractéristique. - La sialographie permet de montrer la lithiase au sein du canal et des lésions éventuelles de la glande. Un seul de ces examen est suffisant en cas de positivité. 3.3.2.1.3 Traitement Le traitement médical permet de passer le cap d'une rétention aiguë ou d'une complication infectieuse. Le traitement est avant tout chirurgical. L'évacuation spontanée est très rare. En cas de coliques salivaires: les sympatholytiques (dihydroergotamine) et les antispasmodiques puis relayés par les sialagogues (teinture de jaborandi, Génésérine ). Lorsqu'il y a whartonite ou périwhartonite, l'antibiothérapie est indiquée (cf parotidite). Si la suppuration est collectée (fluctuation), l'incision muqueuse permet le drainage. 19

Sous-maxillite: ATB (Augmentin, Pyostacine, ou Rovamycine). Le traitement chirurgical de la lithiase sous-mandibulaire comporte trois cas de figure suivant la situation de calcul. Pour un calcul antérieur, l'abord est endobuccal, sous anesthésie locale. Dans le cas d'un calcul postérieur, la voie endobuccale est tout à fait possible mais avec plus de risques pour le nerf lingual qui la rendent surtout faisable pour les gros calculs avec glande saine. Lorsque le calcul est à la fois postérieur et petit ou lorsqu'il existe plusieurs calculs canalaires et glandulaires, la sous-maxillectomie est indiquée. Il en est de même en cas de sous-maxillite chronique. 3.3.2.2 Lithiase parotidienne On observe plus d'une lithiase parotidienne pour cinq lithiases sousmandibulaires. 3.3.2.2.1 Clinique - Les accidents infectieux intéressent le canal, la glande ou le tissu celluleux de la joue. - La sialodochite (ou sténonite), se manifeste par des douleurs de la joue irradiant dans l'oreille avec des signes généraux modérés. - L'orifice du canal de Sténon est béant, rouge, tuméfié, laissant sourdre du pus ou une salive louche. - Le double palper jugal extra- et endobuccal permet de sentir le canal dilaté sous la forme d'un cordon induré, et parfois le calcul lui-même, petit noyau dur et dont la palpation provoque une douleur localisée. 20

- La parotidite est l'accident le plus fréquent. L'infection de la glande se fait par voie ascendante. Elles sont le plus souvent de type rétentionnel mais rarement de type suppurée. - Les accidents mécaniques sont moins fréquents que les accidents infectieux 3.3.2.2.2 Diagnostic positif Hormis le cas où le calcul est en voie d'expulsion à l'ostium, la radiologie est indispensable. La radiograhie standard est peu rentable. L'échographie peut montrer le calcul mais un examen normal n écarte pas le diagnostic. La sialographie, pour les calculs radiotransparents, est donc un examen capital qui montre des images canalaires de lacune, d arrêt du produit de contraste ou de dilatation en amont. 3.3.2.2.3 Traitement Contrairement à la lithiase sous-mandibulaire, Il faut épuiser toutes les ressources du traitement médical avant de se résigner à la chirurgie. L expulsion spontanée ou aidée par le traitement médical est fréquente. Le traitement médical est le même que pour la lithiase sous-mandibulaire. Mais il faut souligner que les lavages du canal de Sténon avec la pénicilline favorisent particulièrement la migration puis l'expulsion des calculs parotidiens parce qu'ils sont souvent petits, arrondis et peu durs. 21

Le traitement chirurgical consiste en l'exérèse de la lithiase. La voie endobuccale est difficile et adaptée seuleemnt aux calculs très antérieurs. Pour les calculs prémassétérins antérieurs palpables sous la peau, le traitement est mené par voie de parotidectomie c est-à-dire avec repérage préalable du nerf facial à son émergence. Si le calcul est palpable, l'incision du canal sera éventuellement possible et suffisante. Sinon, la parotidectomie superficielle (exofaciale) est nécessaire. 3.4 Sialites globales Il s agit de l asociation d une sialodochite et d une sialadénite d origine lithiasique. Plus rare, la calcinose salivaire chronique qui se traduit par des dépôts calciques dans la totalité de la glande avec des épisodes de sialite bilatérale à bascule. Le tableau est un peu celui d un parotidite chronique de l enfant mais il s agit ici de sujets de 50-60 ans et l echographie, la radio et la sialograhie retrouvent des calcifications multiples. 22

4 Tuméfaction non inflammatoire unilatérale: Pathologie tumorale 4.1 conduite à tenir Dans cette situation il n y a pas de douleur ou en tout cas elle n est pas au premier plan. La tuméfaction n est pas diffuse à toute la glande mais plutôt partielle, non homogène. De manière caricaturale, la tuméfaction bénigne est isoléee, asymptomatique, d aspect régulier et mobile, alors que la présence d adénopathies, d une paralysie nerveuse (le VII pour la parotide), d une limitation de la mobilité, d un trismus, ou de douleurs doivent faire évoquer une tumeur maligne. En l absence de signe clinique de malignité : Echographie + Cytoponction TDM ou IRM ++ discutable. Pour certains l imagerie est systématique, pour d autres seulement si réticence à la chirurgie d exérèse (AEG, refus) dans le but d appocher le plus possible du diagnostic de nature. Exérèse + examen extemporanée +/- évidement cervical si malin En présence de signes cliniques de malignité (PF, ADP, trismus, douleur, fixité): IRM ++ ou TDM injectée --> étude de la résécabilité Cytoponction Chirurgie : exérèse (parotidectomie exploratrice superficielle ou profonde selon le siège) + examen extemporanée +/- curage cervical si malignité confirmée 23

Tumeurs bénignes: (parotidectomie superficielle) Adénome pléomorphe Cystadénolymphome Tumeurs malignes: (parotidectomie totale) Faible malignité: (pas d évidement si N0, rarement de RTE) Carcinome mucoépidermoïdes de grade I et II Carcinomes à cellules acineuses Forte malignité: (évidement même si N0, RTE le plus souvent) Carcinome adénoïde kystique Adénocarcinome Carcinome épidermoïde Carcinomes mucoépidermoïde de grade III 24

4.2 Tumeurs bénignes: Elles sont en grande majorité des tumeurs de la glande parotide et évoluent sous forme de nodule de la loge parotidienne. Leur problème n est que diagnostic car leur traitement par exérèse complète est efficace. Seuls les adénomes pléomorphes posent des problèmes de récidive locale et d éventuelle dégénerescence. 4.2.1 Les adénomes pléïomorphes ou tumeurs mixtes de la parotide Tumeurs parotidiennes les plus fréquentes. Elles représentent plus de 50% des tumeurs parotidiennes et 80% des tumeurs épithéliales bénignes Histo: coexistence d'éléments épithéliaux et mésenchymateux (d'où leur nom de tumeur mixte). Epidemio: Elles s'observent à tout âge, avec un maximum de fréquence entre 30 et 60 ans, sans prédominance de sexe. Clinique: Elles siègent le plus souvent dans le lobe superficiel de la glande ; elles peuvent quelquefois affecter les prolongements antérieur ou profond, posant alors des problèmes diagnostiques avec les tumeurs jugales (prolongement antérieur) ou parapharyngées (lobe profond de la parotide). Cliniquement, elles se présentent comme un syndrome tumoral progressif et isolé : une tuméfaction unilatérale de la loge parotidienne, de consistance variable. Absence de signe fonctionnel, absence d'adénomégalie. La mimique faciale est toujours normale ; l'existence d'une paralysie faciale, même très partielle doit faire réviser le diagnostic de tumeur mixte, ou faire craindre sa dégénérescence maligne. La tuméfaction 25

développée au dépens du lobe profond est responsable d une voussure au niveau du pilier antérieur de l amygdale. Evolution: Elles sont souvent remarquées fortuitement, car indolores et de croissance très lente. Elles peuvent atteindre des proportions considérables si elles sont négligées par le patient. Les examens complémentaires ont deux objectifs : Affirmer le siège intraparotidien de la tumeur : - L'échographie est suffisante : tumeur parotidienne tissulaire - La TDM et l IRM n'ont que peu d'intérêt dans les cas typiques, elles sont utiles en cas de voussure parapahryngée (pilier antérieur de l amygdale). Approcher la nature bénigne ou maligne et éventuellement le type histologique : - L'IRM, assez caractéristique, mais non pathognomonique montre un hyposignal en T1, un hypersignal souvent festonné en T2. Elle n'est pas demandée systématiquement. - La ponction cytologique n'a de valeur que positive. Dans tous les autres cas elle ne peut se substituer à l examen hstologique. La prise en charge est donc chirurgicale puisque seule l analyse histologique autorise un diagnostic de certitude. C'est une parotidectomie exploratrice avec repérage, dissection et conservation du nerf facial. Exérèse tumorale sans effraction capsulaire, analyse anatomopathologique extemporanée, en cas de confirmation du diagnostic: parotidectomie totale ou subtotale. Le pronostic est alors tout à fait favorable. Les 26

complications sont la PF transitoire (ou définitive malheureusement!), l'apparition d'un syndrome de Frey (hypersudation perprandiale dans le térritoire temporal) est fréquente. Evolution après traitement: le risque de récidive locale est dépendant de la qualité de l'exérèse initiale, évalué entre 2 et 4 % après parotidectomie totale ou subtotale. Le risque de cancérisation est très faible, le plus souvent au cours d'une tumeur évoluant depuis plusieurs dizaines d'années ou récidivante. La surveillance doit être prolongée. 4.2.2 Les autres tumeurs bénignes o Le cystadénolymphome ou tumeur de Warthin (5 à 10 % des tumeurs parotidiennes). Il ne s'observe qu'au niveau de la glande parotide et peut être bilatéral. Apanage de l'homme de 40 à 60 ans, il est de siège généralement polaire inférieur ; sa consistance est molle ou élastique, son évolution lente. Le diagnostic est confirmé lors de la parotidectomie exploratrice et le traitement consiste en une parotidectomie partielle, avec conservation du nerf facial. Le pronostic est bénin. o Les adénomes monomorphes, ou adénome simple (10 à 15% des tumeurs parotidiennes), les adénomes oxyphile ou oncocytome (1 % des tumeurs de la parotide) 4.3 Les tumeurs malignes Elles représentent environ 8 à 18 % des tumeurs des glandes salivaires. 4.3.1 Tumeurs à malignité atténuée Carcinomes mucoépidermoïdes représentent environ 45% de toutes les tumeurs malignes des glandes salivaires. Elles ont une évolution bénigne le plus souvent (grade I) 27

mais parfois peuvent devenir infiltrantes et donner des métastases (grades II). Elles touchent hommes et femmes entre 20 et 60 ans. Le traitement chirurgical est de rigueur, d autant plus agressif que le grade est élevé. Tumeurs à cellules acineuses représentent environ 10% de toutes les tumeurs malignes des glandes salivaires. Elles sont plus fréquentes chez la femme de la cinquantaine. Leur évolution est caractérisée par la survenue de métastases ganglionnaires ou à distance dans 5 à 10 % des cas, avec une survie à 5 ans de 80 %. 4.3.2 Tumeurs à forte malignité 4.3.2.1 Les adénocarcinomes Ils représentent environ 20% des tumeurs malignes des glandes salivaires. Ces tumeurs malignes s'observent à tout âge ; La tuméfaction parotidienne augmente rapidement de volume, infiltrant toute la glande. Elle est souvent douloureuse. Elle peut s'accompagner d'adénopathies cervicales et d'une paralysie faciale. L'IRM montre une tumeur aux contours mal définis, en hyposignal hétérogène en T1 avec forte prise de contraste après gadolinium. Le traitement doit être agressif associant une parotidectomie totale avec évidement ganglionnaire (même si N0), suivie de radiothérapie. Le pronostic est très péjoratif, malgré ce traitement. 4.3.2.2 Les carcinomes adénoïdes kystiques ou cylindromes Ils représentent environ 10% des tumeurs malignes de toutes les glandes salivaires, et s'observent à tout âge, volontiers chez la femme. La clinique est celle d une 28

tumeur parotidienne dure, inégale, de croissance assez rapide. S y associent volontier des douleurs spontanées et à la palpation. L examen peut retrouver une PF. La gravité de cette tumeur provient de son potentiel de récidive locale, de sa tendance à l engainement périnerveux et de l'éventualité fréquente de métastases générales (pulmonaires, osseuses) parfois tardives (nombreuses années après le traitement initial). La parotidectomie totale avec conservation du nerf facial doit être suivie d'une radiothérapie. Le curage est discutable si N0 (envahissement ganglionnaire rare). 4.3.2.3 Autres carcinomes Carcinomes mucoépidermoïdes de forte malignité (grade III) Carcinomes épidermoïdes et indifférenciés représentent environ 5% de toutes les tumeurs malignes des glandes salivaires. Leur pronostic est très mauvais. La prise en charge est aggressive par parotidectomie totale + curage( même si N0) + radiothérapie. 29

5 Tuméfaction non inflammatoire bilatérale: Sialoses Tuméfaction diffuse à toute a glande Bilatérale voire globale (parotide + sous-maxillaire) Cause générale: Etiologie partagées entre le caractère relativement banal, de diagnostic facile sans traitement inspensable des sialadénoses, et le caractère initiateur de diagnostic d affections systémiques relevant d un traitement spécifique des sialoses systémiques. 5.1 Sialadénoses: Elles ont en commun des lésions histopathologiques (augmentation du cytoplasme des cellules acineuses, atteinte des cellules myoepitheliales ) qui peuvent être résolutives, mais elles peuvent aboutir à des altérations définitives avec déficit fonctionnel des éléments sécrétoires et obstruction canalaire. De nombreux facteurs sont responsables d augmentations homogènes diffuses, chroniques et indolores des glandes salivaires. Ce sont surtout les parotides qui sont les plus touchées. Il s agit de : Aliments riches en amidon (gros consommateurs de pain) Hypertriglycéridémie Alcoolisme Cirrhose Malnutrition 30

Dysorexies névrotiques (jeunes femmes névrotiques et déprimées avec troubles de type boulimie-vomissement, voire d une anorexie mentale) Diabête, goutte Médicamenteuse (antidépresseurs, phénothiazines, réserpine...) Constitutionnelle 5.2 Sialoses systémiques: Elles sont caractérisées par un infiltrat lymphoïde. Le tableau associe volontier une sialomégalie à un déficit salivaire. 5.2.1 La sarcoïdose ou maladie de Besnier-Boeck-Schaumann (BBS) L'association d'une hypertrophie parotidienne bilatérale, indolore, rapidement installée et d'une uvéite (uvéoparotidite) réalise le syndrome de Heerfordt, typique d'une sarcoïdose ; il s'accompagne souvent d'une paralysie faciale, et éventuellement d'autres manifestations : cutanées, osseuses, pulmonaires, ganglionnaires, viscérales de la maladie de BBS. Le diagnostic est suspecté devant la négativité de l'idr, et confirmé par le dosage de l'activité plasmatique de l'enzyme de conversion et l'examen histologique. L'évolution de cette atteinte parotidienne est souvent rapidement favorable. 5.2.2 Les syndromes secs Ils associent un gonflement parotidien bilatéral diffus, une sécheresse oculaire (xérophtalmie) et buccale (xérostomie). Le syndrome de Gougerot-Sjögren est le plus caractéristique: isolé ou associé à d'autres manifestations auto-immunes : polyarthrite rhumatoïde, LED, atteintes 31

digestives, rénales, musculaires, neurologiques... Il survient surtout chez la femme entre 40 et 60 ans. Il s'agit d'une maladie auto-immune. Le diagnostic est établi par la biopsie des glandes salivaires accessoires. Celle ci est réalisée sous anesthésie locale au niveau de la muqueuse de la lèvre inférieure. Trois glandes au minimum doivent être prélevées en respectant au maximum leur architecture. Le traitement, décevant, fait appel à l'immunothérapie, la corticothérapie, aux larmes et salives artificielles et aux sialagogues. Il peut évoluer vers un lymphome qu'il faudra évoquer devant une évolution tumorale parotidienne. 5.2.3 La pathologie parotidienne dans le cadre de la séropositivité VIH Cliniquement, on constate une augmentation de volume de la parotide dans laquelle sont individualisées des formations kystiques parfois volumineuses. L'atteinte est le plus souvent bilatérale, indolore, esthétiquement gênante. La pathologie est dominée par des lésions lympho-épithéliales bénignes : hyperplasie lymphoïde kystique. Le problème est là aussi d'éliminer une tumeur maligne. L'hyperplasie lymphoïde kystique régresse le plus souvent sous traitement antirétroviral. Sa persistance peut faire discuter une parotidectomie superficielle. 32

INFLAMMATOIRE? LATERALITE? pathologie non inflammatoire pathologie inflammatoire unilatˇrale bilatˇrale unilatˇrale bilatˇrale TUMEURS SIALOSES parotidite aig e bacterienne lithiases oreillons megacanaux sous maxillaire infl non infl unilat bilat unilat bilat lithiases++ megacanaux viroses tumeurs sialoses syst sialadenoses echo sialo cyto histo biopsie GSA 33

parotide infl non infl unilat bilat unilat bilat parotidite bact lithiase oreillons parotidite chronique Tumeur sialoses syst sialadenoses echo Cyto Histo Biopsie GSA 34

ORIENTATION SELON LA GLANDE ATTEINTE GLANDE PAROTIDE SOUS MANDIBULAIRE SUB LINGUALE PATHO TUMORALE PAROTIDITE AIG E Sialoses PATHO LITHIASIQUE PATHO TUMORALE Sialoses RARE INFL 35

6 LES AUTRES GLANDES 6.1 GLANDE SUB LINGUALE Canal de Rivinus Sublingualite aigüe --> chronique Tumeurs plus volontier malignes que bénignes 6.2 Glandes accéssoires La pathologie qui les concerne est quasi exclusivement tumorale. Il s agit plus fréquement que pour les glandes principales de tumeurs malignes. Les histologies rencontrées sont les mêmes que pour les glandes principales. 36

ORDONNANCE TYPE D UNE SIALITE AIGUE D ORIGINE LITHIASIQUE 1- AUGMENTIN 1g matin midi et soir per os 10 jours Ou PYOSTACINE 1g matin midi et soir per os 10 jours Ou ROVAMYCINE 1,5 MU matin, midi et soir 10 jours 2- PHOLOROGLUCINOL ou SPASFON 80 mg 2 cp matin et soir pendant 2 jours Puis relais par GENESERINE 2 granules matin, midi et soir 10 jours 3- antalgique (paracétamol 1gx4/j 5 jours) 4- BONNE HYDRATATION, FAVORISER L EXCRETION SALIVAIRE PAR DU CITRON 5- BONNE HYGIÈNE BUCCODENTAIRE En cas de lithiase sous-mandibulaire, un bilan topographique de la lithiase est indispensable ainsi qu une évacuation chirurgicale de celle-ci, à distance du traitement de la phase infecieuse aigüe. En cas de lithiase parotidienne, prolonger le mesures d hydratation, les sialogogues. 37

Whartonite lithiasique QuickTime et un décompresseur TIFF (non compressé) sont requis pour visionner cette image. 38

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Tumeur maligne parotide 40