LA FIÈVRE Q COMMENT SE POSITIONNE LE S.I.I.N. SCIENTIFIC INSTITUTE FOR INTELLIGENT NUTRITION?



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LA FIÈVRE Q COMMENT SE POSITIONNE LE S.I.I.N. SCIENTIFIC INSTITUTE FOR INTELLIGENT NUTRITION? 1

SOMMAIRE 1. États des lieux des connaissances.... 3 1.1. Quelques définitions... 3 1.2. Avis des différentes autorités Politiques... 5 1.2.1 L ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l alimentation, de l environnement, et du travail en France)... 5 1.2.2 L AFSCA (Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire en Belgique)... 5 1.2.3 L EFSA (European Food safety Authority)... 6 1.2.4. En résumé... 7 2. Deux problématiques actuelles.... 8 2.1. Quels sont les preuves de la transmission humaine de la bactérie via les vecteur lait cru et produits issus de lait cru?... 8 2.2. Pourquoi la consommation de lait cru n est pas recommandée pour les personnes dites «fragiles»?... 8 3. Positionnement du S.I.I.N. (Scientific Institute for Intelligent Nutrition)... 9 Conclusion... 11 2

1. ÉTATS DES LIEUX DES CONNAISSANCES. 1.1. QUELQUES DÉFINITIONS 1.1.1. Relative à la problématique Lait cru : lait qui n'a subit aucun traitement thermique et qui conserve ainsi ses propriétés nutritives et gustatives non altérées. Lait thermisés, pasteurisés, stérilisés ou UHT (Ultra-Haute Température) : sont chauffés à des températures variables qui peuvent aller jusqu à 150 pendant quelques secondes. Bactérie Coxiella burnetii (C. burnetii): reponsable de la maladie nommée fièvre Q. Celle-ci sévit dans les cheptels de bovins, caprins, et ovins et plus chez les petits ruminants que chez les bovins. La transmission se fait par voie aérogène : transmission par voie aérienne par l inhalation de particules contaminées en suspension dans l air et le contact cutané ou muqueux avec les selles, l'urine, les secrétions vaginales, le sperme, le lait, le placenta des animaux infectés. Coxiella burnetii est une bactérie extrêmement résistante et infectieuse, en effet quelques organismes suffiraient à induire la maladie. Fièvre Q ou coxiellose : est une maladie zoonotique ayant un impact limité sur la santé publique dans l Union Européenne. La fièvre Q est une maladie qui se soigne très bien avec des antibiotiques sauf en cas de valvulopathie (2 % de la population) ou chez des personnes à risques telles que les personnes immunodéprimées, les femmes enceintes, les personnes âgées, La maladie peut évoluer vers une pneumonie ou plus rarement vers une hépatite. Les symptômes de la maladie sont inexistants dans 60% des cas, pour les autres cas, les symptômes s apparentent à ceux de la grippe. 3

1.1.2. Relative aux mesures à envisager En matière de bénéfices et de risque : Le SIIN est particulièrement sensible et attentif aux mesures et recommandations visant à optimiser le Bénéfice/risque. Pour cela, il faut pouvoir évaluer clairement le risque relatif à la consommation de cru et à la transmission de la zoonose fièvre Q et le mettre en balance avec le bénéfice de consommation de lait cru en termes de santé publique. Concernant l'évaluation du risque, Il convient de rappeler quelques notions fondamentales : - Le danger : Le danger est une potentialité pour un vecteur d affecter la santé de toute personne pouvant être en contact ainsi que de l environnement. - Le risque : Le risque est la probabilité d être dans une situation où les dommages pour la santé peuvent apparaître. - L impact : L Impact santé est le nombre de maladies induites. Il peut se calculer à partir de modèles ou se mesurer par des études épidémiologiques a postériori. - Le principe de précaution vise à réduire risques - les mesures de prévention visent à réduire l'impact 4

1.2. AVIS DES DIFFÉRENTES AUTORITÉS POLITIQUES 1.2.1 L ANSES (AGENCE NATIONALE DE SÉCURITÉ SANITAIRE DE L ALIMENTATION, DE L ENVIRONNEMENT, ET DU TRAVAIL EN FRANCE) L ANSES en accord avec le rapport de l AFSSA (Agence Fraçaise de Sécurité Sanitaire des Aliments) de décembre 2004, considère dans son avis de juillet 2010 que le risque de maladie lié à l ingestion de lait cru et de produits dérivés issus de ruminants infectés par la bactérie Coxiella burnetii comme : - nul à quasi-nul (soit 0 à 1 sur une échelle de 10 niveaux) pour la population générale ; - minime (soit 2 sur une échelle de 10 niveaux) pour des personnes qui présentent des facteurs aggravants (femmes enceintes, patients souffrant de valvulopathie ou immunodéprimés) susceptibles de faire des complications. Ainsi l ANSES n estime pas nécessaire d appliquer des mesures systématiques de pasteurisation du lait cru issu de troupeaux atteints de fièvre Q. 1.2.2 L AFSCA (AGENCE FÉDÉRALE POUR LA SÉCURITÉ DE LA CHAÎNE ALIMENTAIRE EN BELGIQUE) Dans son avis du 18 juin 2010, l AFSCA reconnaît que l ingestion de lait cru représente un risque mineur pour la santé publique par rapport à l'exposition par contact direct ou par aérosol de produits d'avortement. Ainsi le risque est qualifié de faible à négligeable pour les populations non à risque dites saines. Néanmoins le risque de contamination est réel pour les éleveurs et leurs familles, les vétérinaires, les personnes chargées du transport des animaux, les visiteurs de ferme, de parcs et de zoo, le personnel d'abattoir, le personnel de laboratoire. 5

L impact d une contamination peut avoir de graves conséquences sur la santé de population dîtes fragiles : personnes âgées, malades, femmes enceintes, jeunes enfants, individus immunodéficients ou immunodéprimés et les personnes cardiaques. Selon l AFSCA, l ingestion de lait cru représente un risque mineur pour la santé publique par rapport à l'exposition par contact direct ou par aérosol de produits d'avortement de bêtes contaminées par la bactérie. L AFSCA préconise : - Des mesures de prévention (en cas d'avortement, pour la gestion des matières fécales, la sensibilisation des personnes à risques...) pour limiter les contaminations pour les cheptels animaux et pour les êtres humains - la pasteurisation pour le lait issu d exploitation de chèvres et de moutons 1.2.3 L EFSA (EUROPEAN FOOD SAFETY AUTHORITY) L EFSA, l autorité européenne en matière de sécurité alimentaire affirme lors de son avis d avril 2010 qu «il existe des éléments épidémiologiques indiquant que la consommation de lait et/ou de produits laitiers contenant C. burnetii a été associée à une séroconversion chez l homme. Cependant, il n y a pas de preuve concluante que la consommation de lait et/ou de produits laitiers contenant C. burnetii ait entraîné une fièvre Q clinique chez l homme». L'avis de mai 2010, conclut que la fièvre Q : - a un impact limité sur la santé animale - a un impact limité sur la santé publique, bien qu'il puisse être important pour certains groupes à risques. Au sujet des procédures d intervention, parmi les mesures qu elle préconise, l EFSA ne mentionne pas la pasteurisation systématique du lait cru. 6

L'avis suggère qu'une combinaison de mesures soit utilisée pour contrôler la fièvre Q à court terme et à long terme, la vaccination préventive des animaux étant considérée comme la mesure la plus efficace. 1.2.4. EN RÉSUMÉ Ainsi nous constatons actuellement, que les différentes autorités politiques ne sont pas au diapason concernant la pasteurisation du lait cru. Mais toutes reconnaissent : - qu il existe des populations à risque et que l impact peut être différent suivant la population considérée - ainsi qu un besoin d investigations supplémentaires s avère nécessaires 7

2. DEUX PROBLÉMATIQUES ACTUELLES. 2.1. QUELS SONT LES PREUVES DE LA TRANSMISSION HUMAINE DE LA BACTÉRIE VIA LES VECTEUR LAIT CRU ET LES PRODUITS ISSUS DE LAIT CRU? On sait que la bactérie peut être excrétée dans le lait, et qu elle peut contenir une charge bactérienne 10 000 fois supérieure à celle suffisante pour contaminer un hamster. Cependant, les études d intervention menées par le passé jusqu'à aujourd hui n ont pas fourni de résultats solides. Ainsi, bien qu elle soit possible, il n existe pas de preuve concluante que la consommation de lait et/ou de produits laitiers contenant C. burnetii ait entraîné une fièvre Q clinique chez l homme. La contamination par C. burnetii aurait lieu par voie aérogène et sur certaines populations cibles, notamment les personnes travaillant ou étant en contact avec des animaux infectés. 2.2. POURQUOI LA CONSOMMATION DE LAIT CRU N EST PAS RECOMMANDÉE POUR LES PERSONNES DITES «FRAGILES»? Les personnes fragiles comprenant notamment les femmes enceintes, les jeunes enfants, les personnes âgées, les personnes immunodéficientes ou immunodéprimées ne doivent pas consommer de lait cru et de produits au lait cru car ceux-ci peuvent être les vecteurs de Coxiella Burnetii mais aussi d autres germes tout aussi pathogènes pour ces populations tels que la Listeria, E.Coli 8

3. POSITIONNEMENT DU S.I.I.N. (SCIENTIFIC INSTITUTE FOR INTELLIGENT NUTRITION) Pour le S.I.I.N., à l heure actuelle, étant donné que: - il n existe aucun argument validé qui démontre une contamination par le lait cru ou par des produits issus de lait cru - la contamination par voie aérogène qui est la source de contamination de l animal à l homme connue à l heure actuelle n est pas empêchée par la pasteurisation - le risque de contamination existe uniquement pour certaines populations - la population à risque dîtes «fragiles» comprenant notamment les femmes enceintes, les jeunes enfants, les personnes âgées, les personnes immunodéficientes ou immunodéprimées, les personnes souffrant de valvulopathies, est déjà sensibilisée au fait de ne pas consommer du lait cru et sous-produits à base de lait cru pour des raisons sanitaires Ainsi, le S.I.I.N. estime que les données à notre disposition à ce jour sont trop minces pour cautionner un principe de précaution qui consisterait à la pasteurisation de l ensemble des produits issus des bovins, des ovins et des caprins. De plus, le bénéfice du lait cru et des produits issus du lait cru pour les populations non à risques serait à considérer au niveau de ses bénéfices intrinsèques. En effet, le lait cru et ses produits dérivés peuvent avoir un impact bénéfique sur la flore intestinale en exerçant un effet immuno-modulant intéressant pour une protection intestinale optimale, facteur déterminant pour le maintien d une bonne santé. Ainsi, la consommation de produits laitiers crus serait susceptible de limiter le développement de certaines formes d allergie. De même, ces produits auraient un rôle sociétal important pour le maintien d une offre de produits spécifiques pour le consommateur en termes de goût, de saveur et de plaisir. Ces produits sont différenciant pour leurs producteurs qui souhaitent conserver une authenticité, une naturalité de leurs produits et défendre leur indépendance de production. Le S.I.I.N. estime pertinent de favoriser des mesures de prévention pour limiter les contaminations au sein des cheptels animaux et sur les lieux d exploitation afin d éviter des 9

épidémies chez les animaux et chez les hommes. Enfin, une sensibilisation doit être maintenue pour éviter toute consommation de lait cru et de produits à base de lait cru par les personnes fragiles tels que les femmes enceintes, les jeunes enfants, les personnes âgées, les personnes immunodéficientes ou immunodéprimées, les personnes souffrant de valvulopathies QUE PENSER DU PRINCIPE DE PRÉCAUTION? Le principe de précaution est une démarche intervenant dans la gestion des risques. Rappelons l'importance d'optimisation du rapport Bénéfices/risques dans toute démarche de nutrition humaine. Ici, dans la problématique de la consommation de lait cru lié à la transmission de la fièvre Q, les notions de danger, risques, impact et bénéfice permette de prendre une position favorable des mesures de prévention à la fois d'ordre vétérinaire (mesures qui sortent du cadre de compétence l'institut SIIN) et des mesures de prévention humaine visant à conseiller l'éviction de consommation de lait cru pour certaines populations immuno- déficientes ou fragiles bien identifiées. En effet : - le danger semble actuellement bien identifié sur des populations cible humaine, il se caractérise par une infection le plus souvent modéré et quelques cas plus graves ont été signalés. - Le risque minime mais réel sur des populations exposées soit de par la proximité des animaux éventuellement contaminés notamment en milieu rural, soit exposé professionnellement. Il convient de distinguer le risque total du risque lié à la consommation alimentaire de lait cru ou de produits dérivés. À ce jour, d'après les données validées scientifiquement, à risque par contamination aérogène a été bien clairement identifié alors que à risque par contamination orale n'est encore actuellement pas clairement identifié et reste controversé. - L'impact a été identifié sur des populations cible, immunodéficience devant bénéficier de mesures de prévention (et non pas de mesures de précaution). - Le bénéfice : Par ailleurs, il convient de mettre en balance le «bénéfice-santé-durable» du maintien d'une offre possible de consommation de lait cru pour la population générale. À ce jour, le bénéfice de la consommation du lait cru et de ses produits dérivés ne semble pas tellement lié à la conservation des valeurs nutritionnelles (qui demeure globalement identique pour le lait pasteurisé) mais pourrait être davantage lié à son impact fonctionnel sur l'organisme hôte. La présence de bactéries lactiques présentes dans le lait cru pourrait jouer un rôle favorable immune modulant par activation du système lymphocytaire intestinal T reg ou TH3 semblant jouer un rôle modulateur du développement de nombreuses formes d'allergies cutanées ou respiratoires. Compte tenu de l'augmentation de la prévalence de ces formes d'allergies 10

en milieu urbain, le maintien d'une offre alimentaire à base de lait cru ou de produits dérivés pourraient être un facteur important dans la prévention du développement de certaines formes d allergies. Par ailleurs, bien que confidentiel (2 % de l'offre actuelle) les produits laitiers à base de lait cru contribuent à la biodiversité de l'offre et au maintien d'une agriculture de proximité. - Les mesures à prendre face à un risque élevé un impact important sont de deux types : mise en œuvre d'un principe de précaution et recommandation de prévention. D'une façon générale, le principe de précaution s'applique dans le but de réduire à risque. Dans le cas de la transmission de l'agent infectieux de la fièvre Q par le lait cru, ce risque n'est pas clairement identifié, ne fait pas l'objet de consensus scientifique. De ce fait, le principe de précaution applicable à l'ensemble de la population générale ne semble pas dans ce cas pertinent car il réduit le bénéfice potentiel (rôle fonctionnel immune modulant au niveau de l'écosystème intestinal, réduction de la prévalence des allergies) sans atténuer notablement le risque (réduction très hypothétique transmission de l'agent infectieux de la fièvre Q). De façon générale, les recommandations de prévention s'appliquent dans le but de réduire l'impact au niveau de la santé publique. Dans le cas de la transmission de l'agent infectieux de la fièvre Q par des voies classiques et reconnues (voie respiratoire), cet impact est clairement identifié pour des populations «fragilisées» particulières qui doivent systématiquement bénéficier de recommandations d éviction de la consommation de lait cru et de produits de base de lait cru déjà pour d'autres raisons que la transmission de la fièvre Q. CONCLUSION Notre avis rejoint celui des instances officielles qui est de maintenir et de renforcer l ensemble des mesures de prévention concernant la bactérie C. burnetii et la fièvre Q auprès des populations à risques et des sites d exploitations de ruminants. Le S.I.I.N. estime que le principe de précaution qui consisterait à la pasteurisation systématique ne doit pas s appliquer car elle ne serait fondée que sur un impact de santé publique hypothétique à ce jour. Ce principe de précaution pourrait induire la disparition du lait cru et de ses sous-produits entraînant une perte de production traditionnelle de produits du terroir ayant des intérêts nutritionnels, économiques et gustatifs. 11