Le décrochage scolaire



Documents pareils
Mobilisation contre le décrochage scolaire. Bilan de l action entreprise sur l année 2013 et perspectives pour l année 2014

Au profit des apprentis du bâtiment et des travaux publics

PRDFP Le Contrat de Plan Régional de Développement des Formations Professionnelles. cohérence. Concertation. Innovation.

Circulaire n 5051 du 04/11/2014

Guide méthodologique. page 1 sur 36. Dossier Lycée des métiers REFERENTIEL LYCÉE DES MÉTIERS. Jean-Yves HERNANDEZ, Adjoint DAFPIC

TOUS MOBILISÉS POUR VAINCRE LE DÉCROCHAGE SCOLAIRE

PLAN NATIONAL DE MISE EN ŒUVRE DE LA GARANTIE EUROPEENNE POUR LA JEUNESSE

Guide d utilisation en lien avec le canevas de base du plan d intervention

Ouverture des deuxièmes Assises de la Prévention des Risques Professionnels dans les Collectivités Territoriales. Parc des Expositions de la Nordev

Pièces à joindre RENTREE Qui peut bénéficier de la bourse de lycée?

Pour un dialogue réussi enseignant parent parent enseignant

Les diplômes. Session 2012

Formation certifiante au métier de coach scolaire

repères pour agir et mettre en place un projet de consolidation des compétences de Base des Apprentis

LE DON : UN MODELE DE MANAGEMENT AU SERVICE DE LA COOPERATION

CELLULLES DE RECLASSEMENT

Organisation de dispositifs pour tous les apprenants : la question de l'évaluation inclusive

Nouvelle stratégie européenne d action pour la jeunesse «Investir en faveur de la jeunesse et la mobiliser»

Discours à la communauté d affaires française Montréal, 6 février 2014 Résidence du Consul général

PACTE POUR LA RÉUSSITE ÉDUCATIVE

q u e f a i r e s a n s l e b a c?

PROJET EDUCATIF 1/ INTRODUCTION AU PROJET EDUCATIF : BUT, PUBLIC VISE ET DUREE DU PROJET

Appel à propositions

SERVICES À LA PERSONNE DES OPPORTUNITÉS DE PARCOURS PROFESSIONNELS POUR LES JEUNES

Depuis 2009, l'éducation nationale s'est déjà mobilisée pour développer des banques de stages et des outils associés.

Rapport d évaluation de la licence professionnelle

Une école adaptée à tous ses élèves

Un Pass santé contraception. pour les jeunes francilien-ne-s

ORIENTATIONS DES ACTIONS SOCIO-EDUCATIVES DU CEL

CANDIDATURE AUX FONCTIONS DE DIRECTEUR GENERAL DE L ENSAM

Agen, le 17 avril 2015

Les raisons d entreprendre une Vae

ACCORD-CADRE ENTRE LE MINISTERE DE L'ÉDUCATION NATIONALE L'ASSOCIATION OUVRIERE DES COMPAGNONS DU DEVOIR DU TOUR DE FRANCE

J EMMENE MA CLASSE A LA PISCINE

DEVENIR INTERVENANT CERTIFIE WELLSCAN

Bulletin officiel n 31 du 27 août Sommaire. Organisation générale. Enseignements secondaire et supérieur. Enseignements primaire et secondaire

NOTE DE SERVICE DGER/SDPOFE/N Date: 20 août 2013

Dossier Pédagogique Mercredis du Pass Âge (11-14 ans)

Réforme de la formation professionnelle

Permettez à un jeune de consolider sa formation professionnelle à l international dans le domaine de l humanitaire, +

10 REPÈRES «PLUS DE MAÎTRES QUE DE CLASSES» JUIN 2013 POUR LA MISE EN ŒUVRE DU DISPOSITIF

CHARLES DAN Candidat du Bénin pour le poste de Directeur général du Bureau international du Travail (BIT)

L action du gouvernement espagnol et de l Institut de la jeunesse concernant le Pacte européen pour la jeunesse

NOTICE POUR LE CONTRAT D APPRENTISSAGE

Fonctions Informatiques et Supports Opérationnels

BILAN. 4 e EDITION 21 MARS 2015 L OFFICE NATIONAL DE GARANTIE DES SEJOURS ET STAGES LINGUISTIQUES 8, RUE CESAR FRANCK PARIS TEL :

REGLEMENT GENERAL DU CONCOURS. Session 2015

Profil du programme. 2 Synapse Center version : 2.0

Citizenship Language Pack For Migrants in Europe - Extended FRANÇAIS. Cours m ultim édia de langue et de culture pour m igrants.

Colloque Prévention et gestion de la fraude aux cartes bancaires 17 janvier Discours d ouverture par M. Noyer, Gouverneur de la Banque de France

La conduite accompagnée

Bilan de la concertation sur le PEDT

Master Mention Management Domaine : Sciences Juridiques, Economiques et de Gestion Spécialité Professionnelle Ingénierie des Ressources Humaines (IRH)

Comité stratégique de la démarche Alsace 2030 : des ambitions fortes, une vision partagée

L assurance qualité N 4. Décembre 2014

Santé et sécurité des adjoints techniques territoriaux des établissements d enseignement (ATTEE)

Comment SE PRÉPARER. à la validation des acquis de son expérience

CDAJE 16 mai 2014 COMMISSION DÉPARTEMENTALE D ACCUEIL DES JEUNES ENFANTS. MICRO CRECHE - CDAJE 16 mai 2014

C H A R T E D E S M A I S O N S D E S E R V I C E S P U B L I C S

Académie de Créteil. Projet académique

Licence Professionnelle Management de la petite ou moyenne entreprise-petite ou moyenne industrie (PME-PMI)

LIVRET D ACCUEIL. Je vous félicite d avoir pris la décision de. Le mot de la Directrice du CFA SACEF

Questionnaire. sur l évaluation interne Qualité dans les centres d accueil pour enfants, adolescents et jeunes adultes

UNE AMBITION TRIPARTITE POUR L EGALITE ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES DANS L ENTREPRISE

I) Présentation Certification e-réputation

Modifications du Code du travail par la loi N du 4 août 2014

Programme Bourses Diversité et Réussite

FORMATION PROFESSIONNELLE GUIDE PRATIQUE DE LA RÉFORME

SOMMAIRE : I. Développer les ambitions de chaque élève en synergie page 2. II. Accompagner chaque élève vers sa réussite page 6

GROUPE DE CONTACT DES DIRECTEURS

2È JOURNÉE NATIONALE DE FORMATION DES PHARMACIENS CANCER ET ACCOMPAGNEMENT DU PHARMACIEN : UN PREMIER PAS VERS LA RÉSILIENCE.

Aide au recrutement, à l accueil et à l intégration des nouveaux entrants Professionnalisation et fidélisation d un salarié Tutorat

CONFERENCE NATIONALE DU HANDICAP. Relevé des conclusions

CAHIER DES CHARGES DE LA FORMATION OUVERTURE D ACTION. Certificat de Qualification Professionnelle des Services de l Automobile

Une association qui entreprend au service de l intérêt général

la pauvreté 33 ses lutte contre territorial. création.cette n ne doit pas d insertion. 1. UNE Accompagner la Participation travaux sont évidemment

Se former à l IIPE en planification & gestion de l éducation

MONITEUR-EDUCATEUR ANNEXE I : REFERENTIEL PROFESSIONNEL. Le moniteur-éducateur intervient dans des contextes différents :

Rapport d évaluation de la licence

Cahier des charges pour le tutorat d un professeur du second degré

Les élèves nouveaux arrivants non francophones en

Après le bac, trouver sa voie

Thématique : Insertion Professionnelle LES DIFFERENTS PARCOURS OFFERTS PAR L EDUCATION NATIONALE PROCURENT-ILS LES MEMES CHANCES D ACCEDER A L EMPLOI?

Des ipad dans les écoles angevines : un projet ambitieux

En savoir plus?

Bilan de mission. Au collège : «Les clés de la culture»

Document de Consultation des Entreprises Préfecture de Corse

ACCORD NATIONAL INTERPROFESSIONNEL DU 7 JUIN 2011 SUR L ACCES DES JEUNES AUX FORMATIONS EN ALTERNANCE ET AUX STAGES EN ENTREPRISE

LIVRET DE SUIVI DE STAGE

Futurs étudiants 1 er Cycle

Après le collège. Terminale. Terminale générale. Terminale professionnelle. technologique. 2 ème année de. 1 ère générale.

Thématique : Insertion Professionnelle LES DIFFERENTS PARCOURS OFFERTS PAR L EDUCATION NATIONALE PROCURENT-ILS LES MEMES CHANCES D ACCEDER A L EMPLOI?

Compte rendu. Jeudi 21 mai 2015 Séance de 11 heures 15. Mission d information commune sur la banque publique d investissement, Bpifrance

Participation des habitants et contrats de ville Quels enjeux? Quelle mise en oeuvre?

PROCES- VERBAL Conseil d Administration n 2 du 26 novembre 2013

LA PROFESSIONNALISATION DU COACHING EN ENTREPRISE :

RAPPORT FINAL EVALUATION QUALITATIVE DU LIVRET DE COMPETENCES EXPERIMENTAL. Ministère de l Education Nationale

Préparation d une maturité avec mention bilingue français-allemand ou français-anglais

Protocole. [anonyme et gratuit] Avec la Région, on en parle, on agit.

Transcription:

Le décrochage scolaire Une mobilisation croissante de l éducation nationale Le décrochage scolaire est le processus qui conduit un jeune en formation initiale à se détacher du système de formation jusqu'à le quitter avant d'avoir obtenu un diplôme de niveau V (CAP, BEP) ou de niveau supérieur (baccalauréat). «C est décidé, j arrête l école!», un acte non sans conséquence Quitter le système éducatif avant l obtention du diplôme est une pratique loin d être isolée qui a de nos jours des conséquences qui interrogent sur l insertion professionnelle des jeunes et plus largement sur une composante cardinale du pacte républicain : l égalité des chances. En France, le nombre de décrocheurs s élève à 140 000 en moyenne par an (une génération comprenant environ 750 000 jeunes). Des risques de chômage plus élevés pour les non diplômés Sur la base de l observation de 140 000 jeunes ayant quittés le système de formation initiale sans avoir obtenu de diplôme, on a pu constater que, comparativement à des diplômés, ils étaient davantage confrontés au chômage ou à des situations professionnelles précaires. L abandon scolaire expose plus fréquemment à l exclusion sociale et professionnelle. En Martinique, la situation des jeunes en situation de décrochage est similaire à celle de la même population vivant dans l hexagone conduisant toutefois à des difficultés beaucoup plus importantes sachant que le taux de chômage des jeunes est l un des plus importants de France (69% en 2013).

Des politiques publiques plus adaptées à la complexité du processus de décrochage La lutte contre le décrochage scolaire est une priorité nationale absolue depuis plusieurs années et participe d un enjeu essentiel pour l Education nationale. Elle s est traduite par la mise en place d un cadre réglementaire qui mobilise l ensemble des acteurs concernés, pour la mise en œuvre de mesures adaptées, prenant en compte la réalité de chaque territoire. Au vu de ces constats et des enjeux liés au décrochage scolaire, le gouvernement a conçu un plan d actions national «Tous mobilisés contre le décrochage scolaire», présenté le 21 novembre 2014 avec deux objectifs clairs : prévenir plus efficacement le décrochage afin de diviser par deux le nombre de jeunes sortant sans qualification du système éducatif d ici 2017 et faciliter le retour vers l École des jeunes ayant déjà décroché. Evolution du nombre de décrocheurs en Martinique depuis l année scolaire 2011-2012 Et en Martinique? 1 600 jeunes martiniquais concernés, un chiffre encore trop élevé pour notre territoire Depuis mars 2011 le système interministériel d échanges d information (SIEI) permet d'établir une liste finale des jeunes âgés d au moins 16 ans, sortis prématurément d un cycle de formation, avant d avoir obtenu le diplôme préparé et qui ne sont pas retrouvés dans un autre cursus de formation initiale. Deux campagnes sont réalisées chaque année scolaire. En novembre de la première année de repérage, 2639 jeunes avaient été identifiés comme étant des décrocheurs. Trois ans plus tard, la liste s arrêtait à 1453 jeunes (campagne de novembre 2014). Entre les deux campagnes, le décrochage a donc fait l objet d une baisse de 45%. Le plan d actions de lutte contre le décrochage scolaire développé dans l académie montre son efficacité à travers la diminution du nombre de décrocheurs chaque année. Les efforts consentis de la part de tous les acteurs ont permis de tels résultats. La voie professionnelle plus touchée par le décrochage scolaire Depuis les premières campagnes, le Lycée Professionnel est toujours l établissement où les élèves décrochent le plus (45% des décrocheurs sont originaires de LP). Compte tenu de ce constat, des actions de prévention y sont développées en priorité chaque année.

Tous concernés dans la lutte contre le décrochage scolaire, Le décrochage touche une population relativement hétérogène, ses causes sont multifactorielles et propres à chaque situation. Il n existe pas de décrocheur type. La politique publique de lutte contre le décrochage scolaire nécessite donc l implication de nombreux acteurs à la hauteur de la diversité des profils. La gestion du décrochage scolaire dans l académie s effectue à plusieurs niveaux sous forme de réseaux : Les PSAD : Les plates-formes de suivi et d'appui aux décrocheurs sont un mode de coordination des acteurs locaux de la formation, de l'orientation et de l'insertion des jeunes qui permettent de mettre en commun les informations dont tous les acteurs disposent, dans chaque bassin d éducation et de formation. Localement, elles sont pilotées par les Missions locales dans le cadre d une coordination confiée au Conseil Régional depuis le 1 er Janvier 2015. Les réseaux FOQUALE : Les réseaux Formation Qualification et Emploi permettent de développer des mesures de remédiations au sein de l'éducation nationale Une Mobilisation collective pour des profils divers Un seul objectif : apporter une réponse personnalisée et rapide à chaque jeune de plus de 16 ans sorti du système éducatif sans diplôme et sans certification professionnelle. Ces plates-formes permettent un accompagnent des jeunes de manière personnalisée vers une formation, une qualification ou un emploi.

ZOOM sur la Mission de Lutte contre le Décrochage Scolaire, outil clé de mise en œuvre de politiques éducatives Initialement créée en tant que «Mission Générale d Insertion» (MGI), la nouvelle appellation «Mission de Lutte contre le décrochage scolaire» atteste de l engagement de l administration rectorale. Cette structure rattachée au Service Académique d Information et d Orientation (SAIO),, participe désormais à l'animation des réseaux FOQUALE. L activité de la MLDS est développée autour de deux objectifs : Prévenir le décrochage scolaire et les sorties sans qualification en accompagnant les établissements et les équipes dans le cadre d'une politique académique globale. Coordonner l'accueil et le suivi de tous les élèves décrocheurs en prenant en charge en cours d'année les élèves de plus de 16 ans, orientés par les platesformes de suivi et d'appui aux décrocheurs et leur offrir des actions spécifiques sous statut scolaire.

Trois types d actions MLDS déployées au sein des établissements scolaires selon des objectifs différents Les actions de remobilisation et d accueil : Accompagner le jeune à définir un projet professionnel lui permettant de préparer son entrée dans une formation qualifiante. Les actions qualifiantes et diplômantes : Acquérir une qualification à court terme en proposant un accompagnement tout au long d un parcours individualisé de formation en utilisant des modes d apprentissages adaptés. Les actions d accompagnement vers l emploi : Compléter sa formation par l acquisition d une spécialisation et des compétences complémentaires dans des activités correspondant aux besoins des entreprises locales. Le Lycée Professionnel Innovant (LPI), un Exemple d action MLDS visant l accès à une formation qualifiante par la remobilisation Mis en place au lycée professionnel de Frantz Fanon, situé à La Trinité, le LPI est un dispositif qui vise la qualification et l insertion professionnelle des élèves par la remotivation, l accompagnement et la formation. Pour l année scolaire 2014-2015, il a permis la prise en charge de 12 élèves décrocheurs âgés de 15 à 19 ans en leur proposant un accompagnement personnalisé selon les besoins de chacun. Ces derniers ont pu bénéficier de plusieurs types d actions : Tutorat/Coaching/Orientation/Aide à la scolarité/ Formation et Remotivation, etc ainsi que d activités périscolaires en lien avec la réalisation d un blog intitulé «Mon ancêtre le neg mawon». La parole aux jeunes - Témoignage d Héléna, qui a intégré le LPI après une période de déscolarisation. «Je m appelle Héléna, j ai 17 ans et je suis une ancienne élève décrocheuse. J ai arrêté l école car j étais enceinte. Je suis retournée grâce à un dispositif créé par le lycée professionnel de La Trinité. Ce dispostif m a donné une chance de reprendre mes études afin de préparer un CAP en pâtisserie. Cela me permettra d offrir à mon fils un bel avenir. Avant d avoir intégré ce dispositif, je suis passée par le rectorat qui m a dirigé vers le Centre d Information et d Orientation de Trinité. Là ils m ont conseillé d avoir un entretien avec plusieurs chefs d établissements. J ai donc eu un entretien avec Monsieur RICHER (Proviseur du LP FANON jusqu à la rentrée 2015) qui en concertation avec ses collègues, m ont placée dans le dispositif pour les élèves décrocheurs.» Héléna a aujourd hui retrouvé le chemin de l école, la remise à niveau proposée, le travail réalisé sur l estime de soi, la pédagogie utilisée sont autant d éléments qui lui ont permis d intégrer un CAP pâtisserie à la rentrée de septembre, en adéquation avec son projet professionnel. Cette période de transition était nécessaire car réintégrer directement une formation après une période de rupture s avère être en réalité, un exercice non sans difficultés. Cela me permettra d offrir à mon fils un bel avenir. * Les élèves du LPI lors d une visite à la maison du bèlè

Le coordinateur et les coordinatrices de la MLDS, au nombre de 7 pour l académie, contribuent quotidiennement au repérage des élèves présentant des signes de décrochage dans les établissements scolaires. Ces personnels exercent en priorité une activité de conseil et d expertise en ingénierie de formation auprès des équipes éducatives afin de monter des projets en fonction des problématiques constatées. Ils peuvent être amenés à intervenir également dans des actions de remédiation et de remobilisation mises en œuvre dans les établissements scolaires. Au-delà de l activité menée dans le domaine de la prévention, les personnels de la MLDS mettent leur compétence au service des réseaux FOQUALE. Quelques questions à des acteurs intervenant au cœur de cette problématique : 5 questions à une coordinatrice de la MLDS : Christine SINECOINDIN QUESTION N 1 : Parlez-nous de votre métier en qualité de coordinatrice de la Mission de Lutte Contre le Décrochage Scolaire (MLDS)? Mon métier s articule autour de quatre axes essentiels : - L ingénierie de formation, - La coordination et l animation, - L accompagnement personnalisé - L activité de conseil auprès du chef d établissement. Christine SINECOINDIN Coordinatrice MLDS Sur le plan de l ingénierie de la formation, j élabore des appels à projet à la demande des chefs d établissement qui permettront la mise en place de dispositifs en faveur de jeunes se trouvant sans solution éducative. Ces dispositifs prennent en charge les jeunes dans le cadre d une resocialisation, d une remédiation portant sur les apprentissages de base ou d une préparation à la qualification. Sur le plan de la coordination et l animation, j organise des réunions de concertation et de suivi pédagogique avec les intervenants sur le dispositif. Conjointement, j interviens sur la veille éducative en interne et en externe à partir d outils et d actions avec un réseau de collaborateurs et de partenaires. Sur le plan de l accompagnement personnalisé, j effectue le suivi de chaque élève, afin d aider les intéressés à l élaboration de leur parcours de formation en collaboration avec les partenaires de l orientation et de l insertion.

En outre J apporte un appui et un conseil technique au chef d établissement pour tout ce qui concerne la prise en charge des jeunes en situation de fragilité, et qui pourraient bénéficier d un accompagnement propre à la MLDS. QUESTION N 2 : Quel type de public prenez-vous en charge? Le public accueilli au sein de nos dispositifs concerne des jeunes sans solution âgés de plus de16 ans. Il convient de noter qu à partir de l actuelle rentrée scolaire, nous recevront désormais d autres jeunes souhaitant préparer une formation dans le cadre du RFI (Retour en Formation Initiale). QUESTION N 3 : Quels sont vos lieux d interventions? Les lieux d interventions sont les établissements scolaires (LP et Collèges) ayant un taux de décrochage scolaire important et les Centres d Information et d Orientation (CIO). Dans ces services, monsieur l Inspecteur en charge de l orientation, en liaison avec les directrices a mis en place un point insertion qui prévoit un accueil spécifique pour les jeunes déscolarisés et tout autre jeune en recherche d une solution de formation débouchant sur une qualification. L accueil se fait en collaboration avec une conseillère d orientation-psychologue (COP), ou de manière autonome. La solution apportée au jeune se fait sur la base d une analyse partagée prenant en compte l expertise de l orientation et celle de l insertion. QUESTION N 4 : Quel profil de formation faut-il avoir pour devenir coordinatrice de la MLDS? Les profils de formation du personnel de la MLDS intègrent des compétences relevant des domaines des sciences de l éducation, de l ingénierie de la formation, de l insertion, de l illettrisme ou encore de l éducation spécialisée. Ces champs d expertise sont relation avec la diversité des profils du public accueilli et des situations rencontrées sur le terrain. QUESTION N 5 : Souhaitez-vous donnez votre avis sur ce métier? Etre coordonnatrice de la MLDS s est avant tout un investissement important au service de jeunes, qui pour des raisons diverses, n ont pas toujours pu tirer à un moment donné, le meilleur profit de l Ecole. Mais comme notre institution a le souci de l égalité des chances et de la réussite de tous, elle offre des opportunités de seconde chance aux publics évoqués précédemment. Et c est au service de ces jeunes que nous nous investissons, avec les autres acteurs des établissements scolaires et d autres partenaires.

Nous avons le devoir en tant que professionnels du champ de l insertion, de les accompagner au mieux de nos possibilités, pour leur donner les outils qui, le moment venu, contribueront à leur future insertion sociale et professionnelle. Ce sont tous les jeunes sans exclusive, qui constituent la richesse de la Martinique, et qui demain, contribueront à son développement. Questions posées à Madame Catherine Bertho Lavenir, Rectrice de l'académie QUESTION N 1 : Quels sont les enjeux du décrochage scolaire pour la Martinique? La prévention du décrochage scolaire et l acquisition par tout jeune d une qualification professionnelle sanctionnée par un diplôme, constituent un enjeu majeur pour la cohésion sociale et l'équité de notre système éducatif local. Parce que nous travaillons à la réussite de tous, nous ne pouvons envisager d avoir une partie des jeunes qui nous sont confiés, quitter nos établissements sans avoir les qualifications et plus largement les outils qui, le moment venu, leur permettront d insérer le marché de l emploi dans les meilleures conditions possibles. Catherine Bertho Lavenir, Rectrice de l'académie Pour la Martinique, les conséquences humaines et sociales du décrochage sont considérables. Elles impactent lourdement l équilibre des familles concernées avec une forte résonance sur le climat social et le vivre ensemble sur notre territoire. Les conséquences économiques pèsent énormément sur les finances publiques, avec des coûts particulièrement élevés dans la mise en œuvre des dispositifs portant sur notamment : - La prévention et l accompagnement dans le cadre scolaire - La remédiation et la réinsertion sociale, - la santé - la prévention et la gestion de la délinquance de jeunes Tous ces éléments montrent bien, combien il importe que nous nous mobilisions pour lutter contre le décrochage.

QUESTION N 2 : Quelle est la politique académique actuelle de lutte contre le décrochage scolaire? Localement, un ensemble de dispositifs concourent à la réussite et la persévérance scolaire et de ce fait contribuent fortement à la prévention du décrochage. En raison de la petite taille de l'académie et de la très bonne coordination entre les différents acteurs (Services de l Etat, Conseil régional, collectivités locales, associations et partenaires divers) des dispositifs sont présents sur tout le territoire et font preuve d'efficacité grâce au professionnalisme des acteurs de terrain impliqués dans la prise en charge de nos jeunes. L'implication des parents ayant été bien identifiée dans la réussite ou l échec des jeunes scolarisés, des dispositifs sont dédiés à l'accompagnement des intéressés afin qu'ils puissent aider leurs enfants à s'approprier les exigences de l Ecole. Cette politique de prévention qui a été bien prise en compte dans le projet académique 2014-2017, participe de l égalité des chances et d une Ecole plus juste. Elle se traduit notamment par : - la mise en œuvre de stratégies éducatives pour mieux prendre en compte les besoins des élèves ; - la mobilisation de moyens supplémentaires par l administration rectorale ; - la mise en place d une offre de formation professionnelle prometteuse et plus équilibrée, assurant beaucoup mieux que par le passé une fluidité des parcours ; - une carte des formations en plus grande résonnance avec les besoins de notre environnement socio-économique et les souhaits des familles - La mise en place d un dispositif opérationnel permettant l affectation de la grande majorité des candidats sur leur 1er vœu, avec des résultats probants comme le montre l affectation des élèves en seconde professionnelle sur leur vœu 1, à la session de juin 2015 : Martinique 77,2% des candidats affectés ; national juin 2014 : 74,4%. - La mise en place systématique de cellules de veille ou de Groupes de prévention du décrochage (GPDS) dans tous les établissements et en particulier dans les lycées professionnels ; - L implantation d un «point Insertion-MLDS» dans les CIO - L ouverture de micro-lycées - La mise en place de la plateforme d appel de l ONISEP «monorientationenligne.fr QUESTION N 3 : Qu en est-il du droit au retour en formation initiale (DRFI)?

Dans un département confronté depuis de nombreuses années à un chômage endémique, permettre à tous les jeunes d accéder à une qualification professionnelle, avec en perspective de meilleures chances d insertion, est déterminant. En cela, la mise en œuvre optimale du nouveau dispositif qu est le DRFI est une priorité absolue. A cet effet, les candidats relevant de ce dispositif bénéficient d un entretien personnalisé dans les CIO, avec la contribution de la Mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS). Des solutions propres à chaque situation sont proposées de manière systématique aux intéressés. Lors de la dernière session d affectation les candidats relevant du DRFI, ont été affectés avec une priorité forte sur leur 1er vœu en 1 ère année de CAP ou en seconde professionnelle, en liaison avec les chefs d établissement concernés. La complexité des situations individuelles impose parfois des réponses qui n entrent pas forcément dans le cadre normé des établissements. Celles-ci nécessitent une ingénierie avec un accompagnement «sur mesure», avec la contribution de partenaires divers (CFA, Missions locales, services sociaux, RSMA, Ecoles de la 2 ème chance.). La mise en œuvre récente du DRFI ne permet pas encore la prise en compte d un véritable bilan permettant d appréhender les modalités de stabilisation des jeunes concernés. Cette opération qui aura lieu à la fin de l actuelle année scolaire, devrait nous permettre de tirer des enseignements qui seront pris en compte dans la gestion de ce public pour 2016-2017. QUESTION N 4 : Quelle évolution du décrochage imaginez-vous au cours des prochaines années? Les efforts consentis par tous ont permis une forte diminution du décrochage scolaire. En effet, les relevés effectués par les services rectoraux en charge du dossier montrent qu entre novembre 2011 et novembre 2014, les effectifs de décrocheurs sont passés de 2639 à 1453 unités; ce qui représente une baisse de 45%. Je rappelle qu au niveau national, l objectif est de faire diminuer le décrochage de 50% pour 2017. Nous sommes donc sur la bonne voie. Les membres des équipes éducatives, les personnels d inspection, et les partenaires divers font tout pour redonner aux élèves les plus en difficulté le goût de l École, en mettant en place des projets innovants. De manière concomitante, nous créons dans les établissements les conditions qui seront favorables à la construction d une orientation choisie, progressive et porteuse d ambition pour les élèves et leur famille. Une de nos priorités est aussi de favoriser les poursuites de scolarité concernant les jeunes des classes de terminale de CAP, avec une admission de plus en plus importante en classe de 1 ère professionnelle. Notre objectif est d assurer une continuité de parcours dans la voie professionnelle, à l instar de ce qui se fait dans les voies générales et technologiques.

C est cette volonté politique sur laquelle s adosse la mobilisation de tous, qui donne sens à la persévérance scolaire, qui bien évidemment confortera la diminution du décrochage et assurera la réussite de tous. Questions posées à Monsieur Jean-Marc RICHER, Proviseur du LP Jean-joseph DUMAS QUESTION N 1 : Quel regard portez-vous sur le décrochage scolaire? Le décrochage scolaire est une problématique importante au lycée professionnel qui produit beaucoup de souffrance au sein de la structure familiale. Elle interroge également sur l emploi des jeunes non qualifiés et plus largement, entraîne des coûts importants pour la société. D un point de vue économique et sociétal, mener une action contre le décrochage scolaire est une obligation, il est fondamental d améliorer les compétences de notre jeunesse. Le chef d établissement a un rôle important à jouer au niveau de la prévention. Les notions de bienveillance, de rigueur et de progrès sont essentielles pour amener les jeunes vers le succès. D autre part, le rôle de l équipe pédagogique est déterminant car elle véhicule les pratiques. Par exemple, l accueil de l élève qui rencontre des difficultés nécessite que les enseignants comprennent l ampleur de la tâche. S ils réussissent avec ce public, ils réussiront sur le global ce qui permettra de se concentrer sur la réussite de tous. Quand l élève réussit, il est heureux et tout se passe bien. Pour ce faire, il est indispensable de changer les pratiques pour arriver à une prise en charge personnalisée qui permettrait à des élèves en difficulté de réussir. Chaque élève doit être considéré comme un individu avec ses propres caractéristiques. De plus, les enseignants devraient être sensibilisés à la valorisation de l élève, encourager son travail et adapter les outils pour le faire progresser. Le décrochage scolaire est l affaire de tous, nous devons travailler ensemble de façon cohérente, rompre l isolement et prendre en charge collectivement l élève dans sa globalité (environnement, famille, déviance(s), orientation, etc.). QUESTION N 2 : Quelle politique appliquez-vous au sein de votre établissement pour prévenir le décrochage?

De manière générale, la prévention du décrochage se traduit par la mise en œuvre des mesures Institutionnelles. Il s agit avant tout de faire vivre ce qui est une obligation et non de réinventer (le groupe de prévention du décrochage scolaire -GPDS- l accompagnement personnalisé, la Maison du lycéen, etc.). La politique de prévention s articule autour de deux éléments : - L application de la politique de l établissement qui est construite à partir de la circulaire de rentrée. - Faire en sorte que les actions développées aient un sens commun. S agissant du second point, le projet de l établissement est annuel et non sur 3/4 ans. En effet, cette période permet de ne pas oublier l objectif principal, d évaluer le projet et de l ajuster en fonction des constats. Nous définissons un axe ou deux, le décrochage faisant partie d un axe fort, et développons des actions autour des ces derniers. Il faut une cohérence, ne pas faire vivre des actions collées les unes aux autres. L élève est mis en position de réussite et son travail est valorisé à travers différents types d actions comme la réalisation de défilés de mode et d un marché pédagogique qui permettent de montrer les productions de chaque filière. L idée n est pas de faire voir l excellence mais le travail de tous. En plus de cela, nous avons un canevas pour organiser les enseignements, la vie scolaire, etc. Par ailleurs, nous évitons les exclusions des cours. QUESTION N 3 : Sous quelles conditions acceptez-vous un décrocheur désireux de reprendre sa scolarité dans votre établissement? Il n y pas de condition. J applique au mieux «les obligations institutionnelles». Toutefois, un entretien est réalisé avec l élève et ses parents avant de réintégrer le milieu scolaire. C est un temps de dialogue qui permet de comprendre le parcours du jeune. On utilise le contrat de confiance avec l élève et sa famille, tout en sachant qu on ne peut pas passer de l ombre à la lumière. Il ne faut pas s attendre à ce que le jeune emboite le pas du premier coup. La reprise de scolarité implique l aménagement d un parcours en imaginant toutes les possibilités et la réalisation d un suivi. Travailler exige de l intérêt, ce qui passe par la mise en place d ateliers de remotivation, un accueil personnalisé, montrer qu on fait attention au jeune. Le rôle de chacun est important dans l intégration du jeune. L objectif étant d en «sauver un maximum» en proposant des mesures adaptées à chaque profil, il n y a pas de traitement global.

En début d année, nous avons reçu un jeune qui avait décroché 4 ans avant. Il bénéficie d une prise en charge par les services sociaux. L élève à intégré une première et son retour s est fait sans difficulté il est beaucoup plus mature. Cet exemple montre bien qu un changement de pratiques peut amener à des résultats concluants même si ce processus s avère long. QUESTION N 4 : Quel serait la plus grande difficulté pour parvenir à l objectif national de diminuer de moitié le nombre de décrocheurs? Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de travailler en équipe autour du projet de l élève, exercice qui s avère difficile. En effet, il y a des problématiques propres à chaque établissement et à chaque élève. La complexité du décrochage ne facilite pas le travail en synergie, il faudrait travailler sur les 4 leviers : - La relation avec la famille - La relation «enseigner/enseignant» - Améliorer les causes liées au système (ex : orientation) - Travailler sur le jeune D autre part le changement des pratiques pédagogiques nécessite un certain temps. Prévention du décrochage : quelques conseils aux parents - S investir dans la scolarité de vos enfants (connaître la formation suivie, assister aux réunions, répondre aux rendez-vous donnés) - Porter une attention particulière aux devoirs - Poser des questions à la fin de la journée - Connaître la raison des absences - Etre attentif à son comportement - Valoriser l importance de l école pour avoir une chance de trouver du travail plus tard - Ne pas avoir peur de demander de l aide

Point Infos - Education Nationale : Les CIO accueil physique du public Des conseils en lignes : - CIO Fort de France : 0596 63 12 88 - http://www.onisep.fr/mes-infos-regionales/martinique - CIO Lamentin : 0596 57 00 11 - masecondechance.onisep.fr - CIO Marin : 0596 74 90 93 - CIO Trinité : 0596 58 12 20 Un numéro gratuit : 0 800 1225 00