LES PROMOTEURS OFFRENT UNE NOUVELLE MAISON COMMUNALE À ETTERBEEK (UNE VICTIME : LE PATRIMOINE)



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Boulevard Adolphe Max, 55 1000 Bruxelles T. 02 219 33 45 F. 02 219 86 75 info@arau.org ww.arau.org Communiqué de presse du jeudi 27 janvier 2011 LES PROMOTEURS OFFRENT UNE NOUVELLE MAISON COMMUNALE À ETTERBEEK (UNE VICTIME : LE PATRIMOINE) L ARAU DEMANDE À LA RÉGION DE REFUSER LA DEMANDE DE CERTIFICAT D URBANISME Mardi 18 janvier passait en commission de concertation à Etterbeek le projet de démolition-reconstruction du site de l ancien institut médico-chirurgical d Etterbeek, avenue des Casernes. Il s agissait d une demande de certificat d urbanisme amendée suite à une étude d incidences 1. Le projet porté par la commune, vise à réaliser une nouvelle maison communale, 202 logements et un parc public. Pour l ARAU, ce projet n est pas bon : il faut revoir la forme urbaine, réviser à la baisse le nombre de places de parking et conserver le patrimoine existant. 1 La demande soumise à enquête publique concernait un certificat d urbanisme c est-à-dire «dans quelle mesure la destination envisagée pour le bien et les actes et travaux prévus sur celui-ci sont susceptibles d'être agréés» (CoBAT, art. 198). Il s agit donc d un document préliminaire au permis d urbanisme et qui ne l en dispense pas. Ce document évite de devoir préparer des plans précis de construction alors qu il plane une incertitude sur les autorisations. L avantage pour le demandeur la commune dans ce cas-ci est que lorsque la demande de permis s inscrit dans le certificat sans que de nouvelles dérogations soient demandées, la procédure est raccourcie puisqu il n y a plus d enquête publique par exemple. Le risque pour les habitants est que lorsque le CU est assez vague, une grande liberté est laissée pour la définition du projet à l intérieur des limites définies dans le CU. 1

1. Rapide description du projet Le projet vise à démolir les anciens bâtiments de l hôpital d Etterbeek dont les plus anciens datent de 1909-1910 pour les remplacer par une nouvelle maison communale (l actuelle maison communale sise avenue d Auderghem serait donc abandonnée par l administration etterbeekoise). Sur le nouveau site, seule la chapelle et un mur de soutènement seraient conservés. La nouvelle maison communale serait un bâtiment dont un angle à l avant serait sur pilotis... La maison communale projetée et ses pilotis : des questions sur le caractère urbain... Sur la partie arrière du site (vers les rues Beckers et de Haerne) 202 logements seraient construits en ordre ouvert autour d un espace vert central (voir illustration), tels des blocs de construction disposés sur un tapis vert. 494 emplacements de parking seraient créés dont 202 pour les logements et le solde à répartir entre la maison communale et un parking public souterrain. L objectif affiché est de «permettre la perméabilité du site» et «de créer un espace vert dans une commune densément peuplée avec peu d espaces verts sur son territoire», selon l architecte et le Bourgmestre lors de la Commission de concertation du 18 janvier. 2

Demande de CU Archi2000 (2009) Les gabarits des constructions seraient en moyenne de rez + 4, avec un bâtiment plus élevé à destination de la commune, considéré comme «signal», de 10 niveaux sur l avenue des Casernes. La Commune, maître d œuvre du projet, insiste dans sa note explicative, sur le caractère résolument orienté vers le développement durable et l aspect énergétique. 2. Les éléments qui posent problème selon l ARAU Lors de la commission de concertation, l ARAU a défendu le point de vue suivant : 1. la construction des logements en bloc n est pas une bonne idée : il faut créer des îlots fermés Les blocs créent des espaces résiduels, qui peuvent être source d insécurité et d incivilités ; L ordre ouvert ne favorise pas le caractère privatif des logements, une certaine intimité, puisqu il n y a pas de côté privé et de côté public : les appartements donnent exclusivement sur des parties 3

publiques. C est le panoptique 2. L îlot fermé permet au contraire d offrir aux habitants une partie privée (les jardins), évite les espaces déchets et protège les habitants du bruit ; Contrairement à ce que la note explicative écrit, ce projet ne s insère pas dans le contexte bâti existant : des îlots composés, côté rue de Haerne, d unifamiliales de rez + 2 3 ; Enfin, l ordre ouvert n est pas la bonne option si l on considère la performance énergétique des bâtiments, pourtant avancée par la commune. Il est plus difficile d atteindre les seuils exigés par les standards passifs dans cette configuration qu avec des immeubles mitoyens. Les coûts nécessaires pour atteindre ce standard sont moindres car le maître d œuvre peut s épargner des frais en matière de techniques spéciales, d épaisseurs des isolants, de vitrages spéciaux, etc. grâce au caractère compact des construction en îlot fermé. 2. Le nombre de parkings projetés est trop important : la Commune s oppose à la Région Le projet ne tient pas compte d un des objectifs du plan communal de mobilité d Etterbeek de «réduire le nombre de déplacements motorisés et favoriser les déplacements durables» 3. Créer des places de parking, même si elles rencontrent une demande exprimée par les riverains et un autre objectif du PCM, revient à créer un appel d air pour des voitures supplémentaires dans des quartiers déjà engorgés. Le serpent qui se mord la queue... ; Créer autant de places de parking contrevient à l objectif régional de réduire de 20 % la pression automobile, inscrite de plus au Plan régional de Développement de 2002. Si ce plan n a pas de valeur réglementaire stricto sensu, ses dispositions s imposent aux autorités publiques qui l ont adopté, c est-à-dire à la Région en l occurrence. Cependant, la politique communale doit s inscrire (notamment au travers de son plan communal de développement) dans les orientations du PRD ; Ce projet contrevient également au récent plan Iris 2 des déplacements. Ce «plan» impose de réduire le nombre d emplacements de parking au quotas existant en 2004-2005. Etterbeek, en créant un parking public, fait l inverse. 2 Terme qualifiant une construction (souvent une prison), conçue de telle sorte qu'il est possible d'en observer tout l'intérieur (Définition tirée de Mediadico) 3 Plan communal de Mobilité d Etterbeek, Brochure de présentation de la phase 1, septembre 2004. 4

3. La perte de patrimoine n est pas acceptable : il faut conserver les pavillons de l ancien hôpital Les pavillons, laissés à l abandon par la commune et le CPAS, représentent une dimension patrimoniale certaine : ils sont inscrits à l inventaire scientifique du patrimoine et forment un des derniers témoins de l architecture hospitalière pavillonnaire. Il faut préserver ces immeubles tout en leur garantissant une nouvelle destination, par exemple en y installant des logements. Pourquoi sacrifier un patrimoine qui participe à l identité bruxelloise pour le remplacer par de l architecture internationale? L étude d incidences a examiné le caractère patrimonial du site. Le résumé non technique conclu que «ces éléments méritent dès lors d être conservés et intégrés au projet» 4. Par ailleurs, lors d une visite de la Commission royale des Monuments et des sites, celle-ci a constaté que le bâtiment d angle situé au square Jean Joly de 1939 est en bon état et possède quelques éléments en granito, typique de l époque. En outre, l ancien Home Jourdan, présente des éléments intéressants, comme le dispositif d entrée et les cages d escalier. La démolition de ces immeubles est non seulement une perte culturelle mais aussi en matériaux et ne s inscrit pas dans la logique durable que la commune se plaît à mettre en avant. 4. D un point d environnement et d urbanisme, le projet est muet sur une série de recommandations, pourtant essentielles, formulées par le chargé d étude d incidences : il faut savoir, avant la demande de permis, lesquelles seront intégrées Dans le dossier soumis à enquête publique, une note reprend les recommandations qui ont été intégrées dans le projet final. Pour les autres, silence radio : une phrase sibylline indique que «les autres recommandations ne pourront être prise en compte que lors du dépôt des demandes de permis d urbanisme et d environnement». Sans plus de précisions. Les habitants auraient souhaité savoir ce qu il en était à ce stade. 3. Les réponses de la Commune En réponse aux remarques formulées par l ARAU et Pétitions Patrimoine, la commune et l architecte ont apporté des éléments de réponses qui laissent les associations et les Etterbeekois mobilisés lors de la concertation sur leur faim: 4 Résumé non technique de l EI, p. 18. 5

3.1. La construction en blocs et sur pilotis ne semble pas poser problème pour la commune : contradictions dans les explications! Concernant l intimité, la réponse de l architecte a assuré que la disposition des immeubles de logements devait permettre l intimité dans les logements. En réalité, cette réponse n en est pas une car elle ne répond pas fondamentalement à l objection : l absence de distinction entre espaces privés et d espaces publics et la question du bruit ; L architecte a dû admettre que la question de la gestion des espaces revenait à la commune. Celle-ci a déclaré que le parc sera fermé par de hautes grilles la nuit afin qu il soit rendu aux habitants des nouveaux logements... Réponse peu convaincante pour l usage quotidien du lieu et les autres espaces situés aux abords immédiats des blocs de logements ; L architecte s est dit convaincu de parvenir à atteindre le standard passif avec le type d implantation qu il propose. Cependant, à une question d une riveraine qui s interrogeait sur le qualificatif de «globalement passif» collé aux logements, l architecte a répondu «qu il ne serait sans doute pas possible d atteindre ce standard»! Ensuite, dans une réponse à la représentante de Bruxelles Environnement qui s interrogeait également sur la capacité de ces blocs à atteindre le standard passif contrairement à une alternative du projet prévoyant un bâtiment unique (plus compact et donc moins énergivore comme le soulignait l échevin Van Eyll présent à la concertation), l architecte a déclaré avoir préféré mettre en avant l ensoleillement des logements au détriment des coûts plus élevés qu il faudra injecter dans le projet pour espérer atteindre les normes de la construction passive. Dans la note explicative, le demandeur explique que la recommandation faite par le chargé d étude d incidences visant à construire un immeuble unique le long de la rue de Haerne (en lieu et place des blocs projeté) a été écartée : «nous n avons donc pas suivi cette recommandation pour des raisons fonctionnelles» 5. Les raisons en question concernent en partie l ensoleillement mais surtout la possibilité d avoir des vues sur le parc depuis la rue avec la création d une «rythmique» dans la rue avec des percées visuelles et des vues «obliques» depuis les appartements sur le parc. 3.2. La volonté politique de la commune en matière de parking est nulle L argument visant à réduire l importance du parking a été écarté au motif «qu il faut donner une place pour tout le monde [les riverains]» selon les mots du Bourgmestre. Ceci est en porte-à-faux par rapport au PCM d Etterbeek, rappelé plus haut qui prévoit une maîtrise de la circulation motorisée dans la commune, sans rappeler les dispositions régionales en matière de réduction du volume de 5 Note explicative, p. 3. 6

parking, de trafic autos, des engagements internationaux en matière d environnement et de qualité de l air... 3.3. La démolition du patrimoine : la fête continue Quant à la question de la démolition des pavillons hospitaliers sur le site, l architecte a tout simplement affirmé qu il s agissait d un choix pris dès le départ, d autant que les immeubles existants se prêtaient peu, d après lui, à une reconversion en logement. La Commune n a pas démenti cette approche. Cette réponse est également un peu courte quand on connaît l importance du patrimoine en question. Un peu d imagination pour réaffecter ce bien tout en développant un programme de logement aurait été bienvenu. 3.4. Les recommandations de l étude d incidences ne seront pas intégrées dans la demande de permis L ensemble des recommandations (environnementales et d urbanisme) n ont pas été intégrées dans la demande de certificat d urbanisme. Réponse : toutes les recommandations ne l ont pas été parce qu elles allaient trop loin dans le détail à ce stade de la procédure. Reste à juger sur pièce. 4. Conclusions : l ARAU demande à la Région de refuser le certificat d urbanisme Ce terrain appartient à un pouvoir public qui possède la maîtrise d œuvre intégrale. Si la construction de 200 logements est une excellente chose, la manière dont ce projet se déroule pose question. Le modèle d urbanisme porté par la commune est assez vieillot : un centre administratif avec une partie sur pilotis et doté d un «signal», un ensemble de logements construits comme des blocs de construction autour d un espace vert central. Ce type de conception remonte au mieux aux années 50, voire aux années 30. La cité administrative de l État en plus petit. Si la question de l ensoleillement a son importance, les solutions existent pour disposer les logements en îlot tout en garantissant une distinction nette entre les espaces privés et publics, l intimité nécessaire à une bonne qualité de vie des habitants et la protection contre le bruit. Par ailleurs, déclarer s inscrire dans une logique de développement durable et dans le même temps tourner le dos aux solutions rationnelles qui permettent d atteindre à moindre coût les standards passifs par la compacité, démolir des immeubles solides existants et avoir recours aux parkings est assez curieux. Surtout dans le chef d un pouvoir public. Ce projet est une occasion manquée de maîtriser le développement d un site tout en s inscrivant dans une logique réellement durable, réellement volontariste en 7

matière de mobilité et réellement respectueuse des qualités de l habitat et du patrimoine. Par ailleurs, concernant la mixité sociale et le besoin impératif de créer des logements pour les plus démunis la commune d'etterbeek rate le coche. Alors qu elle est une des trois communes bruxelloises (les deux autres étant Auderghem et Koekelberg) qui ne développent pour l'heure aucun projet dans le cadre du Plan régional du logement. Son taux d'emprise publique de 9,64% est loin d'être brillant. A titre de comparaison : Bruxelles 21,53%, Watermael 19,76%, Evere 18,25%, Ganshoren 17,72%, Molenbeek 17,57%... À la suite d une question d une riveraine, l ARAU se demande d ailleurs pourquoi ce projet public n a pas fait l objet d un examen par le Maître Architecte de la Région de Bruxelles-Capitale supposé assurer à tous les projets publics un minimum de «qualité architecturale». La demande de CU doit être à présent examinée par la Région. L ARAU demande dès lors au fonctionnaire délégué de refuser cette demande de CU : considérant que la disposition des immeubles de logements tels que projetés ne permet pas une bonne qualité de vie et ne s accorde pas avec le bâti existant ; considérant la perte patrimoniale constituée par la démolition intégrale (à l exception d une chapelle et d un mur de soutènement) d un patrimoine hospitalier repris à l inventaire scientifique ; considérant que la création de près de 500 emplacements de parking contrevient aux dispositions du PRD, du plan IRIS 2, aux engagements publics en matière de qualité de l air et de respect des protocoles internationaux sur l environnement. Pour toutes informations complémentaires, veuillez contacter Madame Pauthier, Directrice de l ARAU, au 0477 33 03 78. 8