GESTION PHYTOSANITAIRE DE LA MINEUSE DE LA TOMATE Tuta absoluta Meyrick

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Transcription:

GESTION PHYTOSANITAIRE DE LA MINEUSE DE LA TOMATE Tuta absoluta Meyrick Secteur de la tomate au Maroc: La culture de tomate joue un rôle socio-économique important dans l économie marocaine tant par les devises qu elle génère (environ.milliards de dirhams par an), que par l opportunité d emploi qu elle procure. Elle vient en tête des cultures maraîchères en occupant une superficie globale de 18 642 ha, assurant une production totale d environ 1 312 305 tonnes (source Direction Des Filières de Production: Campagne 2007-2008). La tomate est produite selon trois types de production: 1- Tomate Primeurs : - Sous serre : Produite essentiellement dans les régions du Souss Massa et Doukkala-Abda. Destinée principalement à l exportation vers les marchés de l Union Européenne, la Russie, le Canada, la Suisse, la Pologne, les USA etc. - Plein champ : Produite dans les régions du Moulouya, Temara-Skhirat et Casablanca et destinée au marché local. 2- Tomate de saison : Localisée le long du littoral atlantique de Safi à Temara-Skhirat. Elle sert principalement à l approvisionnement du marché local ; 3- Tomate industrielle : Produite essentiellement dans le Gharb, Loukkos. Il existe d autres régions de production : Meknes, Marrakech et Beni Mellal. L essentiel de la production est destiné à la transformation en concentrés et dérivés. Calendrier de production de la tomate : (voir Annexe 1) 1

Gestion phytosanitaire de Tuta absoluta : La culture de tomate est sujette à la déprédation de nombreux ravageurs et maladies, dont l importance est fonction du système de production (sous abri, plein champ, industrielle), du niveau d intensification de la culture et des conditions climatiques. L introduction de la mineuse de la tomate au Maroc en mai 2008, et son impact important sur les productions de la tomate, a nécessité un réajustement des programmes de gestion phytosanitaires de la culture de tomate. Identification du ravageur: Nom commun : La mineuse de la tomate Nom scientifique : Tuta absoluta Meyrick (Lep. Gelichiidae) Origine et Répartition géographique: T. absoluta est originaire de l Amérique du sud. Première déclaration en 1964 en Argentine et propagation par la suite vers d autres pays de l Amérique latine; 1962: Déclaration au Japan; 2006: Détection en Espagne dans la province de Castello ; Durant l année 2007, il a été déclaré présent dans plusieurs pays du Bassin méditerranéen ; En 2008, T. absoluta a été signalé pour la première fois au Maroc, en Algérie et en France. En 2009, il a été détecté en Italie, Suisse, Portugal, Hollande, Malte, Tunisie et Lybie (voir carte ci-dessous). Cet insecte se propage très rapidement. Actuellement au Maroc, T. absoluta est déclarée dans toutes les régions de production de la tomate. Plantes hôtes: T absoluta se développe principalement sur la tomate (Solanum esculentum L.), mais il peut s attaquer à d autres espèces de Solanaceae cultivées telles que la pomme de terre, l'aubergine, les piments et les mauvaises herbes telles Lycopersicon hirsutum, Solanum lyratum, S. nigrum, S.elaeagnofolium, S. puberulum, Datura stramonium, Datura ferox et Nicotiana glauca,...etc. 2

Symptômes sur pomme de terre Symptômes sur aubergine Symptômes sur morelle noire Symptômes sur Datura stramonium Symptômes sur Nicotiana glauca 3

Reconnaissance et éléments de biologie: T. absoluta passe par quatre stades de développement: les oeufs, quatre stades larvaires, la pupe et l adulte. Les adultes : C est un petit papillon qui mesure 6-7 mm de long et environ 10 mm d'envergure. Il est gris argenté avec des tâches noires sur les ailes antérieures. Les antennes sont filiformes. Il s active tôt le matin et au crépuscule. La ponte se fait généralement au niveau des jeunes bourgeons et des jeunes feuilles. Une femelle peut pondre jusqu à 260 œufs durant sa vie. Les œufs : Les oeufs sont de forme ovale, de couleur blanc crème juste après la ponte et deviennent orange marron juste avant éclosion. Ils sont déposés de façon isolée sur la face supérieure ou inférieure des feuilles sur le tiers supérieur des plantes (pousses et jeunes feuilles déployées). Les larves : Après éclosion, la larve passe par quatre stades larvaires : la larve du premier stade est de couleur blanchâtre, les larves du 2 ème et 3 ème stade larvaire sont verts et celle du 4 ème stade est rouge. La pupe est de couleur marron. La nymphose peut avoir lieu au sol, sur les feuilles ou à l Intérieur des mines. Le nombre de générations est de 10 à 12 générations par an. La nymphe : C est le stade pendant lequel la larve cesse de s alimenter. Elle est de forme cylindrique de 4,3 mm de large et 1,1 mm de diamètre. La nymphose peut avoir lieu au sol, sur les feuilles ou à l intérieur des mines. Elle est couverte généralement par un cocon blanc et soyeux. La température affecte considérablement le cycle biologique de l insecte. La durée du cycle est comprise entre 29 et 89 jours en fonction des conditions climatiques (tableau). Au Chili des études ont montré que la durée de développement est de 76.3 jours à 14 C, 39.8 jours à 19.7 C et 23.8 jours à 27.1 C. Tableau 1 : Corrélation entre les différents stades de développement de l insecte et la température. 30 C 4 j 11 j 5 j 9 j 29 j 15 C 10 j 36 j 20 j 23 j 89 j 4

Symptômes et dégâts: T. absoluta est considéré comme le ravageur le plus redoutable de la tomate et qualifié comme «désastre absolu» d où son nom. L insecte peut provoquer sur tomates des pertes pouvant aller jusqu à 80-100%. La larve est le stade nuisible de la mineuse de la tomate. Les premières attaques sont observées sur les parties apicales de la plante, à savoir les feuilles et les nouvelles pousses. Cet insecte peut également s attaquer aux jeunes plants repiqués et même aux semis en pépinière. Les attaques se manifestent par l apparition sur les feuilles de galeries blanchâtres (seul l épiderme de la feuille subsiste, le parenchyme étant consommé par les larves) renfermant chacune une chenille et ses déjections. Avec le temps, les galeries se nécrosent et brunissent. Les chenilles s attaquent aux fruits verts comme aux fruits mûrs. Les tomates présentent des nécroses sur le calice ou des trous de sortie à leur surface. Les fruits sont alors invendables et impropres à la consommation.. Dégâts sur feuilles Les mines des feuilles sont irrégulières Sur les feuilles, les larves détruisent uniquement le mésophile laissant l épiderme intact Dégâts sur tiges 5

Dégâts sur fruits Les fruits peuvent être attaqués dès leur formation. Trous ou galerie de pénétration Trou de pénétration sous le calice Moyens de dissémination: La dissémination de T. absoluta, peut avoir lieu via la circulation des fruits et des plants infestés ainsi que par les caisses de récoltes, les moyens de transport contaminés, par le vent et à travers ses vols. Alors que la dissémination dans le temps, d un cycle de culture à un autre se fait par les chrysalides présentes dans le sol, la présence des mauvaises herbes, les cultures avoisinantes hôtes du ravageur et les restes des cultures après l arrachage présentent une source et un réservoir de ré infestation. Stratégies de lutte: La stratégie de lutte contre T. absoluta doit s inscrire dans le cadre d un programme de protection intégrée combinant toutes les mesures phytosanitaires disponibles et applicables à savoir la prophylaxie, la surveillance des différents stades de développement de l insecte, la reconnaissance de ces ennemis naturels, les traitements chimiques raisonnés, les méthodes biotechniques et l utilisation des agents de lutte biologique. Cette approche doit être collectivement assimilée et appliquée par l ensemble des producteurs. Le programme de lutte contre T. absoluta doit se baser principalement sur la surveillance des différents stades de développement de la mineuse, la reconnaissance des ces ennemis naturels et l évaluation du risque pour une bonne prise de décision. La surveillance doit être appliquée au niveau : -Des pépinières -De tout le cycle de production -Du conditionnement. 6

En pépinière: Renforcer le contrôle des pépinières et inciter les pépiniéristes à déclarer leurs pépinières auprès des SRPVs en vue de les contrôler. Pour les agriculteurs produisant leurs plants de tomate, il est recommandé de les sensibiliser et les obliger à protéger leurs parcelles de production avec du filet en vue d éviter l introduction de l insecte. Le suivi des populations de T. absoluta au niveau de la pépinière doit être rigoureux. Il est recommandé de : -Essayer d isoler la serre de la pépinière des autres cultures de solanacées hôtes de T. absoluta ; -Créer un vide sanitaire au sein de la serre de production des plants (Elimination des restes et débris des cultures, désherbage, traitement du sol, etc.) -Installer des pièges delta à phéromones : 4 pièges delta par hectare pour la détection, soit 1 piège par porte d entrée et 2 pièges à l intérieur de la serre et faire des relevés si c est possible chaque jours pour détecter les premières infestations; -Procéder régulièrement aux observations directes des plants pour détecter d éventuelles attaques de la mineuse; -Eliminer et détruire tout plant atteint de symptômes d attaques de T. absoluta ; -Effectuer immédiatement un traitement insecticide adéquat, en cas d infestation précoce (voir liste des produits homologués contre T. absoluta); -Introduction de Nesidiocorus tenuis juste avant plantation (une semaine) à une dose de 0,5 individus/m2. Surveillance des cultures : 1- Installation des pièges à phéromones : - Les piéges utilisés sont des piéges sexuels du type delta. Ils renseignent sur la présence du ravageur et permettent d évaluer le risque potentiel d infestation au niveau de la parcelle. - Le nombre de pièges à installer est de 4 pièges /ha. - Les pièges sont installés en hauteur, au-dessus de la culture, à proximité de l'entrée de la serre et sur les allées à une hauteur de 1,5 à 2 m. 7

- Pour pouvoir suivre l évolution des populations, il est recommandé de relever les captures au moins une fois par semaine. Les captures sont comptabilisées et retirés pour éviter d être recomptés au prochain relevé. La plaque engluée est remplacée dès qu elle commence à perdre de l adhérence. Les capsules de phéromones ont une durée de vie de 4 à 6 semaines en fonction des conditions de température. - L installation d un piège à l extérieur au niveau du site de production et son suivi régulier permettra d évaluer la pression du ravageur à l extérieur. Interprétation des résultats des captures : Les normes utilisées en Espagne peuvent être prises à titres indicatifs, comme base d interprétation des captures: Tableau 1: Valeurs indicatives du risque selon les captures sur culture de tomate sous serre (Monserrat, 2008): Niveau 0 capture/ semaine 1-3 captures/ semaine Signification Pas de risque d attaque sauf en cas de présence de femelles dans la parcelle : - Poursuivre les prospections sur les plantes ; - Introduction éventuelle des auxiliaires. Risque faible d attaque : - Poursuivre les prospections sur les plantes ; - Traitement préventif (Bacillus thuringiènsis (Bt) chaque semaine) - Nettoyage manuel en cas de détection des larves ; - Introduction éventuelle des auxiliaires. Risque modéré d attaque : - Nettoyage manuel ; 4-30 captures/ semaine - Traitement préventif à base du Bacillus thuringiènsis: 1 fois/semaine ; - Introduction éventuelle des auxiliaires. Risque élevé d attaque : 30-100 captures / semaine - Renforcer le programme de lutte avec des produits de choc compatibles avec les auxiliaires >100 captures / semaine Risque extrême : - Renforcer le programme de lutte avec des produits de choc compatibles avec les auxiliaires. 2- Observation directe des plants : Les symptômes d attaque caractéristiques sont les mines avec des larves vivantes au niveau des jeunes feuilles et des jeunes pousses. - Il est recommandé de faire un comptage des plants infestés tous les 7 jours ; - Le comptage doit se faire avant le passage de l équipe de nettoyage ; - Le niveau d attaque doit conditionner le renforcement des équipes de nettoyage et des interventions chimiques de correction ; 8

- Le niveau de tolérance peut être plus élevé selon le degré d installation des auxiliaires sur la culture. Evaluation du risque par le suivi des niveaux de dégâts sur culture Tableau 2 : Valeurs indicatives des risques sur la culture de tomate sous serre (Monserrat, 2008): Niveaux d infestations Niveau 0 Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 Niveau 4 Niveau 5 Pourcentage des plants affectés 0% Niveau très bas : 5 % des plantes avec une mine active Niveau bas : 5 à 25 % des plantes avec une mine active Niveau modéré : 25 à 50 % des plantes avec une mine active Niveau élevé : Plus de 50 % des plantes avec une mine active Niveau très élevé : Plus de 50 % des plantes avec plus d une mine active Mesures de luttes : La protection efficace et durable contre ce fléau doit combiner plusieurs mesures de lutte: Méthodes prophylactiques : Mesures prophylactiques contre T. absoluta avant plantation : En serre : 1. Bonne préparation du sol (travaux du sol et désinfection) pour éliminer les chrysalides, la solarisation est très indiquée dans ce sens ; 2. Paillage intégral du sol ; 3. Protéger les ouvertures des serres avec des filets insect proof qui empêchent l entrée des insectes (maille minimale : 9x6 fils/cm2). Il est important d aménager un système de double porte (SAS) pour que les serres soient bien isolées; 4. Entretenir l étanchéité des serres : communication avec l extérieur ; minimiser les points de 5. Maintenir les serres bien propres (mauvaises herbes) ; 6. Respecter un délai de vide sanitaire d environ 6 semaines entre l arrachage d une culture infestée et la plantation. L emploi du paillage intégral du sol est vivement souhaité ; 7. Planter des plants sains sans signe de présence de T. absoluta. En plein champs : 9

8. Prévenir toute contamination possible par l insecte à partir des anciennes cultures en éliminant les mauvaises herbes et en détruisant les restes des cultures (en les brûlant ou les enterrer) ; 9. Effectuer un labour profond pour éliminer les chrysalides au niveau du sol ; 10. Protéger les plants par un filet insects-proof, au cours de leur transport du site de production aux sites de plantations ; 11.Planter des plants sains. Mesures prophylactiques contre T. absoluta au cours de la production : 12. Réparation de toutes les ouvertures ou trous possibles au niveau des abris serres ; 13. Entretien régulier du filet et ajout de silicone ou peinture sur les coutures; 14. Elimination des feuilles, tiges et fruits présentant des mines en utilisant des sacs en plastiques hermétiquement fermés. Cette pratique doit faire partie du travail quotidien de la ferme et nécessite une attention particulière ; 15. Destruction des débris végétaux résultants de l effeuillage, de l ébourgeonnage et l arrachage en fin de campagne ; 16. Elimination du feuillage sénescent et les adventices à l extérieur des serres ; 17. L introduction de la caisserie dans les serres pour la récolte doit être faite après lavage tout en surveillant le mouvement de la caisserie entre les fermes et les stations (Règles d hygiène fondamentale) ; Méthodes biotechniques : Le piégeage de masse est capital pour la réduction des populations des mâles T. absoluta, c est un moyen de contrôle direct de ce ravageur par la réduction d accouplements. Il est complémentaire aux autres techniques de lutte. Cette technique est d autant plus efficace qu elle est adoptée précocement lorsque le niveau de population est encore faible, 15 jours avant plantation. Les pièges à eau semblent être plus pratiques pour le piégeage massif. Nombre de piéges : - Sous serre : mettre 20 à 25 pièges par hectare de serre avec une bonne répartition (espacement de 20 m, s éloigner de la bordure de 15 m). - Plein champ : mettre 40 à 50 pièges/ha. Pour une bonne réussite de la technique il est recommandé : 10

- D utiliser des pièges à eau avec une grande surface d échange afin de capturer le maximum de mâles (l ajout d huile améliore la noyade des insectes et réduit l évaporation de l eau); - D utiliser des phéromones de qualité placées au centre du piège de préférence des capsules avec une dose de 0,5 mg ; - De placer les pièges à un niveau bas près du sol, où la probabilité de capture est plus élevée. Il est conseillé d installer les pièges à une hauteur de 40 cm ; - De bien entretenir les pièges par le maintien du niveau d eau et d huile et le nettoyage au besoin ; - Changement de capsules toutes les 4-6 semaines en fonction des températures. Photos de modèle de pièges à eau : Méthodes biologiques : T. absoluta est soumise aux attaques de plusieurs ennemis naturels, appartenant à divers groupes taxonomiques tel que les champignons entomopathogènes (Beauveria et Metarhizium), les nématodes (Steinernema carpocapsae) et les insectes (prédateurs, parasitoïdes) ; cependant seules quelques espèces parmi les insectes présentent réellement un intérêt en lutte biologique. Prédateurs : De nombreux prédateurs peuvent se nourrir des œufs et des larves de T. absoluta. Cette catégorie comporte les coccinelles, différentes familles de punaises et d acariens prédateurs. Les trois espèces déjà utilisés en lutte biologique sous serre: Macrolophus caliginosus, Nesidiocoris (=Cyrtopeltis) tenuis et Amblyseius swirskii ont montré un grand intérêt dans le contrôle biologique de T. absoluta sous serre. Les essais de lutte biologiques proprement dit entreprises par le passé contre les mouches blanches ont démontré que l auxiliaire le plus adapté aux 11

conditions Marocaines est N. tenuis. Le même constat a également été fait en Espagne. Nesidiocoris tenuis : est une punaise prédatrice indigène appartenant à la famille des Miridae. Elle ressemble morphologiquement à M. caliginosus mais en diffère par sa coloration plus foncée. Certains caractères d'identification peuvent être utilisés pour sa reconnaissance sur le terrain, principalement la bande noire autour du cou. La taille des adultes varie entre 3-4 mm. L'insecte est répandu dans toute la plante, mais dans la tomate, les adultes ont été observés principalement à l'extrémité des tiges et des bourgeons. Mode d'action : Les adultes et les nymphes de N. tenuis se nourrissent des œufs et larves de T. absoluta et d aleurodes (Bemisia tabaci et Trialeurodes vaporariorum), et permettent un bon contrôle de leurs populations. Pour permettre l installation en nombre suffisant de N. tenuis dans les serres, il faudra attendre parfois de 2 à 3 mois selon la température et la disponibilité de la nourriture. D où la nécessité de la vigilance pendant la période d installation de l auxiliaire (piégeage de masse, traitements Bt, Nettoyage et utilisation des produits chimiques compatibles). Dose recommandée : Pour une meilleure efficacité, il est recommandé d introduire N. tenuis dés la pépinière. La dose de lâcher est de 0,5 individus/m2. La dose appliquée après plantation est en général de 1,5 à 2 individus par m², selon la période des lâchers en 1 à 2 lâchers. Il est préférable d effectuer les introductions précoces dans la saison et sur des jeunes plants pour une meilleure installation de l auxiliaire. Mode d application : Avant d'ouvrir le flacon, il est conseillé de le maintenir en position horizontale. Épandre directement le contenu sur les végétaux (feuilles). Adulte de Nesidiocorus (Cyrtopeltis) tenuis 12

Important : Au Maroc, N. tenuis est un auxiliaire autochtone mais son impact est très atténué par l utilisation abusive des traitements chimiques. Pour le préserver et favoriser sa multiplication, il est nécessaire de procéder à une lutte chimique raisonnée à base de produits compatibles. Méthodes chimiques : Afin d éviter l apparition rapide d une résistance de cet insecte aux produits insecticides, et ne pas perturber le développement des populations indigènes de punaises prédatrices, il convient de respecter pour chaque produit, le nombre d applications par an, les doses prescrites et d alterner les matières actives selon leur mode d action. La liste des produits homologués sur cultures de tomate contre Tuta absoluta est donnée ci joint. Ces recommandations sont sujettes à des révisions selon l évolution de la dynamique des populations de Tuta absoluta, les nouveautés en matière de lutte biologiques et l homologation de nouvelles spécialités commerciales contre T. absoluta sur tomate. 13