L intégration scolaire des jeunes réfugiés Granby se mobilise ----- Présentation des capsules vidéo Ce film est composé de 7 capsules vidéo qui donnent la parole à deux jeunes réfugiés et à cinq intervenants communautaires et institutionnels (milieu de la santé et des services sociaux et milieu scolaire). Les capsules vidéo ont été conçues pour stimuler les échanges et servir de support à des activités de sensibilisation et d information sur : les défis particuliers que posent l intégration scolaire des nouveaux arrivants, notamment celle des jeunes réfugiés en région; la nécessité pour les acteurs locaux de développer la collaboration entre eux et avec les familles nouvellement arrivées pour permettre à ces jeunes de cheminer au mieux de leurs potentiels dans le système scolaire québécois; le rôle des intervenants communautaires scolaires interculturels (ICSI) employés par l organisme d accueil des nouveaux arrivants et mandaté pour faciliter les liens entre la famille, le jeune, le personnel de l école et les intervenants des autres ressources de la société d accueil. La durée totale des capsules est de 30 minutes mais elles ont été conçues pour être utilisées indépendamment les unes des autres dans le cadre de présentations à géométrie variables. 1
Sommaire des capsules Entrevue avec Frey Guevara (5.15) Intervenant communautaire scolaire interculturel (ICSI) Solidarité ethnique régionale de la Yamaska (SÉRY) Entrevue avec Julie Boivin (8.01) Enseignante en français et en francisation École secondaire JH Leclerc Entrevue avec Paola Andrea Taquinas Fince (4.06) 16 ans, 3 ans au Québec Étudiante en secondaire 5 École secondaire JH Leclerc. Entrevue avec David Santiago Patino (2.25) 16 ans, 6 mois au Québec Étudiant en secondaire 4 (français) et 5 (maths, physique, chimie) École secondaire JH Leclerc Le cas de David illustre les impacts positifs de la souplesse dans les cheminements scolaires. Son professeur de francisation (Julie) et l ICSI (Frey) ont rapidement constaté que David avait beaucoup de potentiel malgré son faible niveau de maîtrise de la langue (après deux mois seulement de scolarité). Ils ont insisté pour organiser une rencontre avec la famille, la directrice de cinquième secondaire et celle des élèves immigrants de l école JH Leclerc. Suite à cette rencontre, et malgré les réticences de départ liées au fait que la capacité langagière était jugée insuffisante pour qu il puisse bénéficier d une promotion par matière en secondaire 5, Davis a poursuivi son cursus en secondaire 4 (littéraire) et 5 (sciences) en même temps. Lorsque nous le rencontrons trois mois plus tard dans le cadre de la projection du démo des capsules vidéo, il est tuteur en mathématique pour des élèves de niveau primaire. Entrevue avec Louise Parent (3.25) Directrice École primaire Saint-Joseph La famille Lozano réside au Québec depuis seulement 2 semaines lorsqu elle participe à la visite de l école guidée par madame Parent et par Frey Guevara. Après une semaine à 2
Sherbrooke (localité qui leur a été assignée), ils ont quitté pour s installer à Granby où ils ont de la famille. Le matin même, ils intégraient leur nouvel appartement. Entrevue avec Guylaine Halle (4.04) Travailleuse sociale CSSS de la Haute-Yamasca Pour illustrer la capsule vidéo par un exemple concret, voir les compléments d information apportés par la travailleuse sociale page 4 du présent document. Entrevue avec Joanne Gosselin (3.00) Conseillère pédagogique à l accueil et à l intégration des élèves immigrants Commission scolaire Val-des-Cerfs Leçons tirées d une communauté locale mobilisée en bref La variété et l ampleur des difficultés qui jalonnent le parcours d intégration des jeunes réfugiés et de leurs familles obligent les communautés locales à adapter leurs pratiques, notamment en prenant en compte les parcours migratoires des familles qui ont trouvé refuge chez eux et les impacts de ces parcours sur leur processus d adaptation et d intégration. Toute démarche doit se faire de connivence avec la famille. Le fait que plusieurs parents soient allophones et peu scolarisés ne doit pas faire oublier qu ils ont des stratégies propres pour encourager et soutenir leur enfant dans ses efforts scolaires et qu ils sont les principaux acteurs de l éducation de leurs enfants : «On doit trouver des solutions avec les parents et à leur rythme, en tenant compte de la complexité des situations auxquelles les parents sont confrontés. Les priorités sont fixées en fonction de leur disponibilité mentale, affective et physique» (travailleuse sociale du CSSS). La présence d intervenants communautaires interculturels issus des organismes d accueil et ayant la confiance des familles pour faciliter les liens entre la famille, l école, le jeune et les autres ressources de la société d accueil semble très porteur. Dans le même sens, des enseignants de francisation expérimentés, engagés et confiants dans les capacités des jeunes réfugiés font une grande différence dans leurs parcours : «Quand le jeune arrive, il faut prendre le temps de le mettre en confiance pour qu il soit disponible à l apprentissage, il faut avant tout qu il se sente en sécurité, écouté, pris au sérieux» «Si 3
je ne peux pas communiquer avec la famille, je passe par (nom de l intervenant communautaire scolaire), le jeune sait qu on va pouvoir se parler, y a pas d échappatoire (rire)» (enseignante de francisation au secondaire). L ensemble des acteurs interpellés par l intégration des jeunes devraient se sentir concernés et s impliquer dans la recherche et la mise en œuvre de solutions : «On sensibilise le personnel de l école à tous les niveaux, tout le monde a un rôle à jouer pour aider ces jeunes à se sentir chez eux à l école» (chargé de projet de la commission scolaire). Les intervenants du milieu (organismes d accueil, écoles, santé et services sociaux, protection de la jeunesse) gagnent à travailler ensemble, en complémentarité, selon une approche multidisciplinaire : «En plus des contacts avec la famille, il faut rechercher des interprètes (pour chaque entrevues avec les parents allophones, communiquer avec différents acteurs en lien avec des aspects de la situation des parents au niveau scolaire, santé, juridique. Prenons l exemple d une famille nombreuse. La famille reçoit l information que certains de ses enfants ont des problèmes de comportements à l école (en classe et à l extérieur de la classe). D autre part, les parents vivent une adaptation difficile (accès difficile à la francisation, à l emploi ) affectant leur santé mentale et physique. Dans un tel cas, nous devons à l aide de l ICSI, Frey Guevara, maintenir une communication claire et constructive avec les parents et établir avec eux les priorités tout en tenant compte de leur rythme, de leurs capacités, et des autres intervenants (scolaires, santé et services sociaux, emploi..) impliqués à différents niveaux dans les décisions. C est important d avoir une vision globale de la situation des parents et des enfants, de ne pas se cantonner à son petit bout de problématique, pour mettre en relief les choses les plus importantes par rapport aux autres. On ne peut pas tout travailler en même temps, on cherche des solutions à long terme. Et il faut travailler en équipe, assurer un accompagnement de la famille en évitant de multiplier le nombre d intervenants même si la situation est complexe (éviter de passer d un intervenant à l autre selon les structures de nos organisations et nos mandats ou clientèles définies). C est encore plus vrai pour ces familles-là qui ont de par leur parcours vécu beaucoup de ruptures» (travailleuse sociale du CSSS). Un réseau multisectoriel (scolaire, santé et services sociaux, protection de la jeunesse, etc.) et multidisciplinaire (enseignant, intervenants communautaire interculturel, psychologue, orthopédagogue, etc.) travaillant de connivence avec la famille autour du support à l enfant et à sa famille 4
L ICSI, un facilitateur dans le développement et la consolidation de ce réseau, un support pour les différents acteurs sur le volet interculturel de leurs interventions Pour arriver à cette qualité de travail en équipe et en réseau, il apparait essentiel de multiplier les espaces d échange tels que les formations, les rencontres de travail multidisciplinaires pour dégager des solutions dans des situations particulièrement complexes. Lorsque nous avons consulté l équipe ayant participé au projet de capsules vidéo, nous leur avons demandé si des dimensions de l intégration des jeunes réfugiés en région manquaient abordées. Ils ont évoqué le nombre croissant d enfants nettement sous-scolarisés. Ils ont aussi souligné le cas des nombreuses les familles réunies après de longues années de séparation; les épouses ne reconnaissent plus leurs époux, les enfants doivent apprendre à vivre avec une nouvelle figure parentale Les interventions auprès de ces familles demandent de la souplesse, de la patience, de l écoute et beaucoup de disponibilité de la part de tous. 5