16/ Infections chez l enfant



Documents pareils
DÉFICITS IMMUNITAIRE COMMUN VARIABLE

Vaccinologie et Stratégie de Développement des Vaccins

Chapitre III Le phénotype immunitaire au cours de la vie

PARTIE II : RISQUE INFECTIEUX ET PROTECTION DE L ORGANISME. Chapitre 1 : L Homme confronté aux microbes de son environnement

Vaccins du futur Atelier «Croisière dans l archipel des nouveaux vaccins»

Vaccination et tuberculose en Gériatrie. Unité de Prévention et de Dépistage: Centre de vaccination et centre de lutte anti tuberculeuse CH Montauban

Gestion des épidémies en FAM et MAS. 2 ère réunion annuelle FAM/MAS 20 mars 2015

L'OTITE CHEZ LE BÉBÉ ET L'ENFANT

ANTIBIOTHÉRAPIE PAR VOIE GÉNÉRALE. Infections ORL et respiratoires basses

Évolution des pratiques vaccinales : 3. vaccination après la grossesse

Prévenir... par la vaccination

Club Santé. «Vaccination : quelle évolution pour une meilleure prévention?» Dimanche 16 octobre 2005

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES DIRECTION GENERALE DE LA SANTE- DDASS DE SEINE MARITIME

Item 127 : Transplantation d'organes

Sommaire de la séquence 8

Service d ambulance. Normes. de soins aux patients. et de transport

Explorations des réponses Immunitaires. L3 Médecine

HEPATITES VIRALES 22/09/09. Infectieux. Mme Daumas

B MIS À JOUR EN MARS 2013

Sarah est malade. Brochure d informations sur les maladies infantiles

MINISTÈRE DU TRAVAIL, DE L EMPLOI ET DE LA SANTÉ MINISTÈRE DES SOLIDARITÉS ET DE LA COHÉSION SOCIALE SOLIDARITÉS

Vaccination des voyageurs dont la sérologie VIH est positive.

POURQUOI L HYGIENE HYGIENE = PROPRETE HYGIENE = PREVENTION DES INFECTIONS COMMUNAUTAIRES ET DES INFECTIONS ASSOCIEES AUX SOINS

La vaccination, une bonne protection

EXERCICES : MECANISMES DE L IMMUNITE : pages

PARTAGER NOTRE PASSION. Livret de présentation de la vaccination et de nos vaccins

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

Comment ça va? Quand ça ne va pas. 4 comment ça va?

VACCINS ANTIPNEUMOCOCCIQUES

Le psoriasis est une maladie qui touche environ 2 à 3 % de la population et qui se

Des déficiences présentes

Les Infections Associées aux Soins

Mécanismes moléculaires à l origine des maladies autoimmunes

Protégeons-nous ensemble!

Vaccination contre la grippe saisonnière

L ANGINE. A Epidémiologie :

Savez-vous ce qu'est exactement un vaccin à part un produit qu'on injecte et qui protège contre une maladie?

VACCINER? MIEUX COMPRENDRE POUR DÉCIDER. ProVac

INFORMATIONS pour le médecin qui contrôle et complète le formulaire

vaccin pneumococcique polyosidique conjugué (13-valent, adsorbé)

Définition de l Infectiologie

Cibles et mécanismes d action des traitements par cytokines et anti-cytokines

Contacts Presse Leem : Stéphanie Bou-Fleurot - Tél : sfleurot@leem.org Virginie Pautre - Tél :

LES DÉFICITS IMMUNITAIRES COMBINÉS SÉVÈRES

Sommaire de la séquence 7

Risque infectieux et protection de l organisme

Rougeole, Oreillons Rubéole et Coqueluche

GRANULOMATOSE SEPTIQUE CHRONIQUE

Association lymphome malin-traitement par Interféron-α- sarcoïdose

IMMUNOLOGIE. La spécificité des immunoglobulines et des récepteurs T. Informations scientifiques

Notre système. Immunitaire

Otite Moyenne Aiguë. Origine bactérienne dans 70 % des cas. Première infection bactérienne tous âges confondus

Première partie: Restitution + Compréhension (08 points)

Les pathologies infectieuses en pédiatrie

Tuméfaction douloureuse

Observer : l'absence de noyau des hématies la petite taille des plaquettes la forme et la taille des noyaux (leucocytes) ACTIVITES ELEVES TS

Infiltrats pulmonaires chez l immunodéprimé. Stanislas FAGUER DESC Réanimation médicale septembre 2009

Projet de grossesse : informations, messages de prévention, examens à proposer

Innovations thérapeutiques en transplantation

Du 20 au 27 avril 2013 Semaine européenne de la vaccination

Mécanisme des réactions inflammatoires

MINISTERE DE LA SANTE ET DES SOLIDARITES DIRECTION GENERALE DE LA SANTE

Patho Med Cours 5. Maladie Pulmonaires Obstructives BPCO Asthme

La maladie de Still de l adulte

Docteur, j ai pris froid!

Vaccinations - Rédaction Dr BOUTON

Anticorps, vaccins, immunothérapies allergéniques tout savoir sur les progrès de l immunothérapie en 20 questions

Psoriasis et biothérapies

Ministère de la santé, de la jeunesse et des sports. Comité technique des infections nosocomiales et des infections liées aux soins

Hépatite B. Le virus Structure et caractéristiques 07/02/2013

E04a - Héparines de bas poids moléculaire

Tout sur la toux! La toux est une des principales causes de. La classification de la toux. Les caractéristiques de la toux selon son étiologie

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. Avis. 3 septembre 2008

Vaccins et chimiothérapies chez l adulte

Les enfants non vaccinés sont en bonne santé!

- contacts@aroma-zone.com

Cytokines ; Chimiokines

Actualisation de la prescription en biologie rhumatologie

Leucémies de l enfant et de l adolescent

Précautions standard et complémentaires : quelles mesures pour quels patients?

Etes-vous vacciné? La rougeole oblige à rester à la maison.

4. Comment la maladie est-elle transmise à l homme? 2. Les composantes des soins de santé primaires : 1. Qu est-ce que l Initiative de Bamako (IB)?

Ton étonnant système immunitaire. Comment il protège ton corps

Cytokines & Chimiokines

- 2 - faire industriel dans la mise au point des produits biologiques. L Institut Roche de Recherche et Médecine Translationnelle (IRRMT, basé à

Prévention des infections après splénectomie

II - DIABETE DE TYPE 1 : ÉPIDÉMIOLOGIE - PHYSIOPATHOLOGIE - DIAGNOSTIC- DÉPISTAGE

Vaccinations. Actualités et perspectives

Maladies neuromusculaires

DYSKINESIE CILIAIRE PRIMITIVE BROCHURE D INFORMATION DESTINEE AUX PATIENTS ET LEUR FAMILLE QU EST-CE QUE LA DYSKINESIE CILIAIRE PRIMITIVE?

QU EST-CE QUE LA TUBERCULOSE?

Dracunculose Association Française des Enseignants de Parasitologie et Mycologie (ANOFEL)

Signalement et gestion des infections respiratoires aiguës (IRA) et des gastroentérites aiguës (GEA) 19 juin 2014

Item 77. Angine et pharyngite de l'enfant et de l'adulte. Objectifs pédagogiques

Transgene accorde une option de licence exclusive pour le développement et la commercialisation de son produit d immunothérapie TG4010

Recommandations des experts de la Société de réanimation de langue française, janvier 2002 Prévention de la transmission croisée en réanimation

Qu est-ce que la peste?

Guide des vaccinations Édition Direction générale de la santé Comité technique des vaccinations

Transcription:

SEMESTRE 3 UE 2.5.S3 Processus inflammatoires et infectieux 16/ Infections chez l enfant I. Epidémiologie des maladies infectieuses en pédiatrie Mortalité infantile aux USA, 1870-1900 Enfant < 5 ans = 1/3 de la mortalité globale Origine infectieuse: 38-51% Diarrhées aiguës: 50% Infections respiratoires: 17-36% Maladies contagieuses: 20-29% (rougeole, scarlatine, coqueluche, diphtérie, variole) Maladies infectieuses pendant la première année de vie 2.5 millions de décès chaque année Infections respiratoires aiguës virus respiratoire syncytial (bronchiolite), rougeole pneumocoques, coqueluche, HIB Maladies diarrhéiques rotavirus bactéries: E.Coli, Shigelles, Salmonelles Infections à méningocoques Malaria (paludisme), tuberculose, VIH La fragilité face aux infections reflète le temps nécessaire au développement immunitaire II. Développement immunitaire chez l'enfant Limitation des réponses immunes des nourrissons Faibles réponses anticorps Les anticorps maternels les protègent de façon transitoire Fréquence / gravité: infections bactériennes, infections virales Sévérité / durée: infections à pathogènes, intracellulaires Développement immunitaire chez l'enfant Immunité adaptative: il va apprendre à reconnaître un agent infectieux et s'en défendre Immunité innée: elle existe déjà et nous protège de façon systématique Induction d'une réponse anticorps primaire transport de l'antigène (Ag) aux ganglions et rate par les cellules dendritiques, ou celles présentatrice de l'ag interactions entre cellules dendritiques, les lymphocytes CD4+, les lymphocytes B spécifiques de l'ag (grâce à ses récepteurs de surface) multiplication des plasmocytes et plasmoblastes dans les centres germinatifs ganglionnaires: sécrétion d'immunoglobulines (IgG, IgM, IgA, IgGE) Migration des plasmoblastes vers la moelle osseuse où ils se différencient en plasmocytes médullaires sécréteurs d'anticorps

Ensemble maturation - migration = 10 à 21 jours Protection à long terme = également induction des cellules B mémoire les cellules B mémoire sont induites parallèlement aux plasmoblastes (différenciation partielle) elles migrent vers les ganglions de drainage et périphériques elles y persisteront durant des années et seront réactivées en cas de contact avec l'antigène Spécificités pédiatriques: nourrisson Multiplication des lymphocytes B insuffisante Multiplication et migration des cellules productrices d'anticorps: limitée en début de vie: explique la diminution rapide des anticorps du nourrisson Réponse primaire induite: IgG et IgA globalement réduite avant 12 mois: réponse de courte durée avant un an Mais les cellules mémoires sont fabriquées et l'induction est aussi bonne que chez l'adulte: rappel vaccinal efficace Evolution des cellules B mémoire réactivation et différenciation en plasmoblastes en la seule présence d'antigène: infection ou colonisation par germe sauvage rapidité: 4-7 jours seulement après rappel efficacité: augmentation du taux et de l'activité des anticorps après réactivation des lymphocytes B mémoires Supports de la protection anti-infectieuse concentration suffisante des anticorps spécifiques neutralisants pour microbes ou toxines sur les surfaces des muqueuses ou très tôt après invasion anticorps incapables de prévenir la totalité de la réplication ou de l'infection pour les virus: l'élimination du virus relève à la fois d'anticorps neutralisants et des effets de la médiation cellulaire: cytotoxicité et cytokines Lymphocytes T tueurs insuffisants chez le nourrisson gravité accrue des infections à germes intracellulaires: rougeole, virus respiratoire syncytial (VRS), tuberculose, Listeria, toxoplasmose, CMV... Anticorps maternels et protection Protection variable en durée quelques jours: VRS, coqueluche quelques mois: Hib, pneumo, varicelle une année?: rougeole III. Infection et prématurité Définitions: prématurés Age gestationnel, âge chronologie Prématuré, dysmature Petit poids < 2500 g Très petit < 1500 g Extrêmement petit < 1000 g Nombreuses études sur vaccins et prématurés et/ou petit poids de naissance Prématurité et risque infectieux Les prématurés s'infectent plus facilement coqueluche

VRS Hib: protection par anticorps maternels pendant 3 mois seulement pneumocoque grippe Les prématurés font des infections plus graves coqueluche: mortalité x 6 pour les enfants nés avant 37 SA VRS Vulnérabilité de l'enfant prématuré face aux infections Passage placentaire IgG insuffisant (maximal au 3e trimestre) Immaturité immunologique Séquelles de pathologies pulmonaires Développement immunitaire du prématuré < né à terme A 8 semaines, prématuré a un plus faible taux de lymphocytes A 7 mois, persiste un déficit global en lymphocytes chez le prématuré Répertoire B se constitue au 3e trimestre de gestation, répertoire réduit chez le prématuré Mais le prématuré exposé aux antigènes voit accélérer son développement immunitaire et est moins gêné par la présence d'anticorps maternels Immunité innée Les cellules présentatrices d antigènes (cellules dentritiques et les macrophages) possèdent, en plus de leurs capacités phagocytaires qui leur permettent d ingérer des microbes, des récepteurs distincts de ceux des lymphocytes B et T, et qui reconnaissent des motifs structuraux microbiens. Ces récepteurs innés, appelés Toll- like receptors (TLR) permettent une reconnaissance de base de l infection microbienne. Echappement au système immunitaire âge et maturation immune déficits immunitaires spécifiques virulence des agents infectieux (ex: bactéries encapsulées) IV. Quelques exemples Etiologie des fièvres en fonction de l'âge Nouveau-né (0 à 1 mois): infections néonatales bactériennes (précoces et tardives) Jeune nourrisson (1 à 3 mois): infections bactériennes (néonatales tardives, infections urinaires et respiratoires, bactériémies occultes, méningites), infections virales, vaccins Nourrisson (3 à 24 mois): infections virales, bactériémies occultes, méningites, pneumopathies, parties molles, infections urinaires (garçon < 6 mois, fille < 2 ans) Enfant: infections virales, rares infections sévères (sepsis syndrome) Dans toute pathologie infectieuse Il faut un germe, un environnement et un hôte L'ensemble fait aboutir à des infections invasives Réponse réduite voire nulle aux antigènes capsulaires polysaccharidiques avant 2 ans

Naso-pharynx humain Réservoir naturel des bactéries (pneumocoque, méningocoque) Rôle majeur dans la transmission et la circulation des bactéries Porte d'entrée des bactéries chez un hôte Rhinopharyngite Microbiologie: rhinovirus, VRS, grippe Facteurs de risque de surinfection bactérienne: immuno-dépression, antécédents d'otites, vie en collectivité, âge (pic 6-24 mois) Complications: OMA (otite moyenne aiguë) purulente, sinusite aiguë, conjonctivite purulente Otite moyenne aiguë (OMA) Signes fonctionnels: pleurs (otalgie), irritabilité, insomnie, hypoacousie Signes généraux: fièvre, anorexie, troubles digestifs Signes otoscopiques: inflammation, épanchement rétrotympanique Otite moyenne aiguë: inflammation tympanique avec épanchement Otite congestive (myringite): inflammation sans épanchement Otite séro-muqueuse: épanchement sans inflammation Tympan normal: pas d'inflammation ni d'épanchement Complications: mastoïdites, labyrinthites, abcès cérébral, paralysies faciales, thrombo-phlébites septiques, septicémies, bactériémies, méningites Mastoïdite aiguë L'os qui entoure l'oreille moyenne est infecté OMA clinique associée à des signes inflammatoires mastoïdiens: rougeur rétro auricullaire, décollement du pavillon, chute de la paroi postérieure du tympan Complications: complications endocrâniennes otogènes, complications infectieuses générales (sepsis), abcès sous périoste, thrombose du sinus sigmoïde Angine Infection douloureuse et fébrile des amygdales voire de l'ensemble du pharynx Majorité d'origine virale 1er agent bactérien en cause: streptocoque Formes cliniques: érythémateuses, érythémato-pultacées, vésiculeuses, pseudomembraneuses, ulcéro-nécrotiques Angine streptococcique: non distinguable de l'angine virale sauf si signes patents en faveur d'une étiologie virale, vésicules pharyngées, rhinite, conjonctivite, toux laryngée ou bronchique Diagnostic: test de diagnostic rapide (TDR) Traitement: les angines à SGA évoluent le plus souvent favorablement en 3-4 jours même en l'absence de traitement antibiotiques Efficacité du traitement antibiotique pour accélérer la disparition des symptômes, éradiquer et diminuer la dissémination du SGA à l'entourage Le traitement recommandé est l'amoxicilline pendant 6 jours Traitement symptomatique associé (traitement de confort): antalgique et antipyrétique Bronchiolite Infection virale respiratoire basse avec sibilance dont l'agent principal est le virus respiratoire syncytial (VRS)

Symptomatologie début: congestion nasale, éternuement, toux 2-3 jours: majoration de la toux, polypnée, distension, freinage expiratoire et tirage Physiopathologie: contamination au niveau des muqueuses, extension variable de l'infection selon l'âge Prévention: hygiène Traitement: oxygène, hydratation, couchage Quelques éruptions d'origine infectieuse Exanthème subit ou roséole infantile Pic entre 6 et 18 mois Evolue sur plusieurs jours Chute thermique avec éruption maculeuse Mégalérythème épidémique Fièvre, éruption des joues puis éruption généralisée Durée de 3 semaines, se majorant souvent après le bain Chez l'adulte: éruption souvent absente, signes articulaires Scarlatine: éruption = exanthème Varicelle = exanthème aspect et évolution des lésions intervalles de peau saine 2 ou 3 poussées successives à 24-48h d'intervalles durée totale éruption = 10 à 12 jours