MÉDECINS DU MONDE R A P P O R T M O R A L



Documents pareils
DONNER NAISSANCE NE DOIT PAS ÊTRE UNE QUESTION DE VIE OU DE MORT

COMMUNIQUE DE PRESSE Saint-Denis, le 4 mars 2014

Les Principes fondamentaux

Réunion mondiale sur l Éducation pour tous UNESCO, Mascate, Oman mai 2014

La Fondation Schneider Electric reçoit l Oscar ADMICAL du Mécénat d entreprise 2011

Conseil d administration Genève, mars 2000 ESP. Relations de l OIT avec les institutions de Bretton Woods BUREAU INTERNATIONAL DU TRAVAIL

S engager pour la survie de l enfant: Une promesse renouvelée

REFERENTIEL PROFESSIONNEL DES ASSISTANTS DE SERVICE SOCIAL

CHARLES DAN Candidat du Bénin pour le poste de Directeur général du Bureau international du Travail (BIT)

Dans ce nouveau siècle, aussi inégalitaire que le précédent mais aussi riche

Organiser une permanence d accès aux soins de santé PASS

COUR DES COMPTES. Synthèse. du rapport sur les organismes faisant appel à la générosité publique

utilisés en faveur d un relativisme culturel, allant à l encontre de l universalité des droits de l homme,

POLITIQUE D ÉGALITÉ ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES

Contribution de Médecins du Monde

TNS. BFM LE GRAND JOURNAL Le 14/01/ :17:51 Invité : Thierry VANDEVELDE, fondateur VEOLIA FORCE

au service de chacun!

Nations Unies Haut Commissariat aux Droits de l Homme, réf: NVebU mes 2011

La plateforme de micro-dons du CCFD-Terre solidaire

Service de presse novembre 2014

Faites le choix de la solidarité! Avec Le livret d Épargne pour les Autres et les Cartes pour les Autres. 224_227 carte lea 02.indd 1 9/10/08 9:34:00

Le système de protection sociale en santé en RDC

Volet thématique «Prévention des crises et consolidation de la paix»

ENQUETE MARS 2014 L HEBERGEMENT D URGENCE EN 2014 ETAT DES LIEUX ET PARCOURS DES PERSONNES SANS DOMICILE FIXE DANS 5 VILLES DE FRANCE

Promouvoir des synergies entre la protection des enfants et la protection sociale en Afrique de l Ouest et du Centre

LES SOINS DE SANTÉ POUR LES MIGRANTS SANS PAPIERS EN SUISSE SERVICES

Les formations initiale et continue ont pour objectif de permettre aux médiatrices/eurs de :

FACTSHEET HAITI DEUX ANS APRES

Inégalités sociales de Santé Propositions du SMG dans le cadre de la discussion conventionnelle

L organisation du programme «Jeunes pousses» Rapport

Tests rapides d orientation diagnostique Expérience du CASO de Cayenne

Couverture du risque maladie dans les pays en développement: qui doit payer? (Paris, 7 mai 2008)

Définition et exécution des mandats : analyse et recommandations aux fins de l examen des mandats

AgiSSONS ensemble. Soutenons la démarche communautaire pour en finir avec le VIH/sida

Les 7 Principes fondamentaux

«La Mutualité Française ouvre de nouveaux chantiers innovants.»

Le HCR est pleinement conscient. Le budget du HCR pour l exercice Le processus de planification

D A N S L E S PAY S F R A N C O P H O N E S

Politique Institutionnelle. Politique de protection de l enfance. Direction Générale Fédérale 2007 PI 01

Gestion Participative Territoriale :

Des problèmes de protection ont continué à se produire le long de la frontière de la Turquie avec la Grèce et la Bulgarie.

Droits des malades en fin de vie. Connaître la loi Leonetti et l appliquer

Le Conseil d administration. L Article VI du Statut du PAM définit comme suit les fonctions du Conseil:

Pourquoi et comment les collectivités locales associent d autres acteurs à la définition et à la mise en œuvre d actions publiques?

Accès aux soins, CMU et AME. Intervention DU Santé / Précarité 6 janvier 2011

Toute personne résidant en France de façon régulière peut, si. La couverture maladie universelle ATELIER 2

Informations générales

Charte du tourisme durable

Médecin Responsable volet hospitalier - Koulikouro - MALI

Intervention de Marisol TOURAINE. Ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des. femmes. Maison de Santé Pluridisciplinaire

Introduction Frédéric PETITBON Un contexte difficile Nicolas PERNOT

ACCÉLÉRER METTRE FIN À L ÉPIDÉMIE DE SIDA D ICI À 2030

Contact chargées de mission FEHAP Centre : Magali BASTELICA, magali.bastelica@fehap.fr, Nathalie PERPINIAL,

EVALUATION DE LA COMMUNICATION DES BÉNÉFICIAIRES

NOTRE ACTION SOCIALE PREND SOIN DE VOUS

Situation sanitaire dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est

1 ère partie Amont de l'hôpital : organiser la permanence des soins une obligation médicale!

Bonsoir, Mesdames et Messieurs,

L hôpital dans la société. L expérience du CHU de Paris, l AP HP. Pierre Lombrail, Jean-Yves Fagon

Unis contre la violence conjugale et intrafamiliale. Plan d action stratégique en matière de violence conjugale et intrafamiliale

NATIONS UNIES J O U R N A L. Commission des stupéfiants Cinquante-septième session Vienne, mars 2014 N 5

Evaluation du projet Fonds pour la consolidation de la paix, Welthungerhilfe Butembo République Démocratique du Congo

Campagne nationale pour l élimination des fistules obstétricales en Mauritanie

ACTED. Bien que les guerres soient officiellement terminées, il persiste des conflits localisés à l Est du territoire.

Intervention de M. Assane DIOP Directeur exécutif, Protection sociale Bureau international du Travail, Genève ***

LE SAMU SOCIAL DE BRUXELLES

Au profit des apprentis du bâtiment et des travaux publics

MICROCREDIT CCOMPAGNEMENT RAPPORT D ACTIVITÉ SOCIAL

LUTTER POUR UNE MEILLEURE SANTÉ : QUE PEUT-ON FAIRE DANS NOTRE QUARTIER?

Conférence mondiale sur les déterminants sociaux de la santé. Déclaration politique de Rio sur les déterminants sociaux de la santé

CONSEIL DE COORDIN AT I O N DU PROGRAM M E DE L ONUSID A

Les contributions des acteurs territoriaux à la promotion de la cohésion sociale et du développement durable aux niveaux local, national et mondial

Equipe mobile SMES CH Sainte-Anne (Paris)

NOTE DE SYNTHÈSE DU REM (INFORM)

Rapport 2014 sur la lutte contre la tuberculose dans le monde

Conseils sur la conduite à tenir en cas de suicide d un salarié sur le lieu de travail

CENTRE CATHOLIQUE INTERNATIONAL DE GENEVE (CCIG) RAPPORT D ACTIVITES 2011

Contributions françaises à la problématique internationale de la protection sociale des travailleurs informels et de leurs familles.

BULLETIN OFFICIEL DE LA COMMUNE DE BESANÇON

Stratégie du Pôle Social. Stratégie du Pôle Social

J ai droit, tu as droit, il/elle a droit

La politique marseillaise en faveur des Seniors

La Mutualité. Française. Rhône. dans le. Des services de soins et d accompagnement mutualistes pour une santé solidaire

Santé Maternelle et Infantile (SMI) à Abéché, Tchad

Allocution d ouverture de Jean DEBEAUPUIS, Directeur Général de l Offre de soins

Note de recommandation Médecins du Monde. Concertation sur la Réforme de l Asile. Octobre 2013

Plan d Action de Ouagadougou contre la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des enfants, tel qu adopté par la Conférence

Institut Pedro de Béthencourt. Ircom

résumé un développement riche en emplois

CONVENTION TRIENNALE D OBJECTIFS POUR LES QUARTIERS POPULAIRES 2013 / entre LA MINISTRE DES AFFAIRES SOCIALES ET DE LA SANTÉ,

Saint-Marin Allemagne. Monaco. Saint-Siège Andorre. Norvège. Slovaquie Autriche. Pays-Bas. Slovénie Belgique. Pologne. Suède Bulgarie.

Informations préliminaires sur le poste. Informations générales sur la mission

Réforme de la politique de la ville. Rencontre territoriale (Auvergne, Bourgogne, Rhône-Alpes) Lyon - 8 juillet 2014

Travailleur social : acteur de changement ou panseur de plaies?

P.A.R.A.D.S. PÔLES D ACCUEIL EN RÉSEAU POUR L ACCÈS AUX DROITS SOCIAUX

Déclaration d Istanbul. contre le trafic d organes et le tourisme de transplantation

Les candidats aux postes d'administrateurs de RH lors de la prochaine Assemblée Générale ont exprimé leurs motivations :

1- Une situation économique et politique dégradée

Inégalités sociales de santé et accès aux soins. Inégalités sociales de santé et protection sociale Psychomot 1 UPMC/VHF

Transcription:

04 MÉDECINS DU MONDE R A P P O R T M O R A L 2 0 0 4

02/03,,... l étranger demande moins à être aidé au nom d un principe d universalité qu à être rencontré au nom du principe d altérité. Serge BACQUE, volontaire terrain «Eloge de la frontière», in revue Sud/Nord Folies et cultures n 17 : Humanitaire, humanitaireries

>Composition du Conseil d administration et du bureau de Médecins du Monde Assemblée générale et Conseil d administration des 8 et 9 mai 2004 Présidente > Dr Françoise JEANSON, médecin généraliste, Bordeaux Vice-présidents > Dr Olivier BERNARD, médecin pédiatre, Marseille > Dr Patrick DAVID, médecin anesthésiste-réanimateur, Reims Secrétaire général > Dr Bernard JUAN, chef d entreprise, Montpellier Secrétaire générale adjointe > Dr Frédérique DROGOUL, médecin psychiatre, Paris Trésorier > Pierre KEMPF, directeur adjoint de centre hospitalier, Vichy Trésorier adjoint > Dr Pierre MICHELETTI, médecin santé publique, Grenoble Délégué aux missions internationales auprès du président > Joseph DATO, infirmier, Grenoble Membres titulaires du Conseil d administration > Dr Thierry BRIGAUD, médecin généraliste, Paris > Dr Didier CANNET, médecin généraliste, Beaune > Dr Pascale ESTECAHANDY, médecin hospitalier, Toulouse > Dr Régis GARRIGUE, médecin urgentiste, Lille Membres suppléants du Conseil d administration > Dr Arnaud BOURDÉ, médecin anesthésiste-réanimateur, Saint-Denis de la Réunion > Dr Laurence BOURGEOIS-GENET, médecin hospitalier, Château-Thierry > Dr Fabrice GIRAUX, médecin généraliste, Paris Anciens présidents > Dr Bernard GRANJON, médecin gastro-entérologue, Marseille > Dr Jacky MAMOU, médecin pédiatre, Paris > Dr Claude MONCORGÉ, médecin anesthésiste-réanimateur, Paris

04/05 > Sommaire 03 04 06 07 17 19 35 36 38 104 104 105 107 116 119 129 130 139 143 144 146 147 148 150 152 MOT D ACCUEIL MEMBRES DU CONSEIL D ADMINISTRATION REMERCIEMENTS LE POSITIONNEMENT POLITIQUE NOTRE PROJET 2004 EN CHIFFRES LE TÉMOIGNAGE MÉDECINS DU MONDE EN IMAGES LES MISSIONS ATLAS DES MISSIONS INTERNATIONALES Planisphère des missions internationales Fiches pays ATLAS DES MISSIONS FRANCE Carte des actions en France Introduction aux missions France Fiches actions Annuaire L APPUI AUX MISSIONS NOTRE MOBILISATION LE RÉSEAU DE REPRÉSENTATION LES DÉLÉGATIONS RÉGIONALES LES BUREAUX INTERNATIONAUX LE FONCTIONNEMENT L ORGANISATION La vie associative L actualité des services Le réseau international de Médecins du Monde Les associations sœurs et les partenaires locaux Médecins du Monde et la société civile en France Médecins du Monde et les institutions internationales

> Nous remercions : Nos partenaires privés : A 13, A2P et associés, AIDS Fund, Aiguillon, Aladin, Alerion, Antin Résidence, APJC, Assurances Medic Alès, Arche Promotion groupe Arcade, Architecte Xavier Bonnet, Au coin du feu, Aventis Pharma France, Avoda, Axalto Internationale SAS, Beat SA, Beaulieu Sports, Begon Bonneau, Herbert Bouchard SCP, Beninvest, BHV, Bois Energie, Bretagne Enchères, Bristol Myers Squill, Busquets France, CA Winds & Hope, Capa Télévision, Carrefour DMG, Cars Berthelet, Carte et services, Centre hospitalier de Châteauroux, CGMI, Charpentiers travaux publics, Club Avantages, Cofiroute, Colombo New Scal, Compte correspondant société, Comptoir des voyages, Computa Center, Concert Kantaldia, Consort Netcom, Construction mécanique de l Isère, Crédit coopératif (ainsi que ses salariés), DaimlerChrysler, Decobat, De la rue Cash System, Desmarez SA, DHL, Diager SA, Distri Club Medical, Divers et Imprévus, Eberle SA, Editions Calmann-Lévy, Editions du Seuil, Editions Ivoires, Editions SAEP, Elton John AIDS Foundation, Eric Bompard, Euler Hermes SFAC, Euro Information Service, Eurofeu SA, Factum Finance, Favona SA, Finaler Finance, Fondation Accenture, Fondation Bois Brillou, Fondation Club Méditerranée, Fondation de France, Fondation de Lille, Fondation du roi Baudouin, Fondation Florindon, Fondation Glaxo Smith Klein, Fondation Marc, Fondation Masse, Fondation Mantegna Stiftung, Fondation Materra, Fondation Niarchos, Fondation Rissho Koseikai Ichijiki Heiwa Kikin, Fondation Roux, Fondation Sancta Devota, Fondation Seviajer, Fondation Tzu chi, Forhum, Forum Central Lille, Fracaro France, France abonnement Entreprise, Friedrich Heilbronn Fiszer, Gérard Rondeau, Geste, Go Voyages, Goelland Production, Grands Moulins de Strasbourg, Groupe Arcade, Groupe Impact Immo, Groupe Mornay, Groupe SNPE, Hammerson France, Hilti, HLM France Loire, Hospices de Beaune, Hostellerie du Moulin Fouret, Hydrosystem, IFCIC, Intermed Exportation, Isica, J.P. Chaussures, Jean-Pierre Gillard, JM Bruneau, J Tkindt, JY Exploitation, Kahn et associés, Keyrus, La boutik, L acoustic, Laboratoire Lilly France, Laboratoires Boehringer France, Le Coin du Feu, Leo Pharma, L esprit de sel, Le Pin Parasol, Liliane Laurence Aubry Artiste Peintre, Lions Club, Logicacmg SAS, Lowendal Group, Macif, Magelfo Management, Marsh, Matmut, Marc Orian, Mecaplus, Mes éclairages, Michel Baudvin, Microsoft, Mondial assistance, Morriss, Myriad, New Deal HCB, New Deal Trade International, Oddo, Olives Arnaud, Opéra de Paris, Optimege, Ouest affiche, Pac list, PC Soft, Pierson Meunier Export, Prima Solutions, Procter & Gamble, Production La Prade, Reuters, Rotary Club, RS COM SA, SACD, SAFI, Sagone SA, Salustro, Samurge, Saveurs de France Brossard, Sebac, See Velado, Sélection du Reader s Digest, SFR, Smith and Nephew SAS, Société Centrale de Crédit Immobilier, Société Fermod, Sodang SA Centre Edouard Leclerc, Sonia Rykiel, Sopag Maine Parking, Suzuki France, Talent, Taxis de Sorel Moussel, TBWA, TBWA France, Techni alarm, Tele2 France, Techno System SAS, TF1, Théâtre de la Michodière, Théâtre de la tête noire, T-Online France, les anciens salariés expatriés en Indonésie de Total, TV5 Monde, UBS, UFG, Ujraf, ULIF, UNIM, Vinci, Vivendi Universal, Voyageurs du Monde, Wargny Katz, Wegner DM, Weinman Technologies, Western Union, Yann Arthus-Bertrand. Les comités d entreprise : Caisse d épargne Haute-Normandie et Ile-de-France, CPAM de Sélestat et du Cantal, Crédit Agricole Centre, Crédit coopératif, Crédit foncier de France, Euler Hermes, Galeries Lafayette, Fresenius Kabi France, Interdis Groupe Carrefour, Natexis Banques Populaires, Prolabo, PTC Nestlé, Temsys, SCOR, SFAC, UES CCF, Vivendi Universal. Les partenaires publics : De nos missions internationales : académie de Lille, Administration des biens et des majeurs protégés, Agence canadienne de développement international (ACDI), Banque mondiale, Center for Disease Control and Prevention, Chaîne du bonheur (Suisse), chambre de commerce et d industrie de Rouen, Columbia University, conseil général de la Gironde, conseil général de la Charente-Maritime, conseil général des Vosges, conseil général du Doubs, Cordaid, communauté d agglomération du bassin d Aurillac, Department for International Development, Direction du développement et de la coopération, ECHO, EuropeAid, Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, Joint United Nations Programme on HIV/AIDS, ministères des Affaires étrangères allemand, français et japonais, ministère néerlandais de la Coopération au développement, OIM, PACT, PNUD, Population Services International, région PACA, région Rhône-Alpes, Safer de l Ile-de-France, UNFPA, Unicef, Unocha, United Nations Office on Drugs and Crime, USAID, Villes unies contre la pauvreté. Les mairies : Aigremont, Behren-lès-Forbach, Bonnelles, Bourg-lès-Valence, Drancy, Goussainville, Le Croisty, Paray-Vieille-Poste, Petrosella, Ville de Paris, Paris 17 e, Saint- Jean-de-Gonville, Saint-Estève, Sucy-en-Brie, Val-d Isère. De nos missions internationales régionales : Conseils généraux : Bouches-du-Rhône, Alpes-de-Haute-Provence, Gironde, PACA. Les collectivités territoriales de PACA, mairie de Toulouse, présidence des régions, préfecture de la région Guadeloupe. De nos missions France : armée de terre, Caisse nationale d assurance maladie des travailleurs salariés (CNAM), caisses d allocations familiales (CAF), caisses maladie régionales (CMR), caisses primaires d assurance maladie (CPAM), caisses régionales d assurance maladie (CRAM), centres communaux d action sociale (CCAS), conseils généraux, conseils régionaux, d éducation et d information en santé (FNPEIS), délégation interministérielle à la Ville (DIV), Direction générale de la santé (DGS), Direction générale de l action sociale (DGAS), directions départementales du travail, de l emploi et de la formation professionnelle (DDTEFP), directions régionales et départementales des affaires sociales et sanitaires (Drass et Ddass), Fonds national de prévention, mairies, ministères, Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT), Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), préfectures, Unions régionales des caisses d assurance maladie (Urcam). Nos partenaires associatifs : abbaye de Pradines, Admical, Amnesty International, Association des régions de France, Association française pour la réduction des risques, Association d auto-support et réduction des risques des usagers de drogues, ATD Quart-Monde, collectif Alerte, Collectif de soutien aux victimes de Bam, Comité des amis d Emmaüs, CSF, Congrégation des sœurs augustines, Coordination française pour le droit d asile, Coordination nationale des réseaux (CNR), Association de communication et d action pour l accès aux traitements, DAL, DHL Liens, Emmaüs, Entraide Majolane, Fédération des associations pour la promotion et l insertion par le logement (Fapil), FIDH, Fédération nationale des associations d accueil et de réinsertion sociale (Fnars), Gisti, International Harm Reduction Association (IHRA), Le foyer, Les mondes solidaires, le Stade rennais FC, Ligue de Bretagne de football (et les clubs de Bretagne), LDH, Max Havelaar, Observatoire du droit à la santé des étrangers (ODSE), Observatoire international des prisons (OIP), passerelle La santé sans frontières, Sanatatea, SOS drogue internationale (SOS DI), Rasko, Uniopss, Vialtis. Et tous nos autres partenaires qui nous ont soutenus dans nos actions en France et à l étranger au cours de l année 2004, ainsi que nos donateurs particuliers.

07/16 > Notre projet

>Un nouvel élan au service du terrain La dernière Assemblée générale a accordé sa confiance à cette équipe, dans un Conseil d administration totalement renouvelé. Nous avons mis toute notre énergie au service du mandat que vous nous aviez confié. Ce rapport passe en revue les chantiers en cours, l actualité et les temps forts de l année passée, ainsi que nos objectifs pour l association. Je souhaite qu il vous permette de mesurer le chemin parcouru depuis un an. > Des objectifs atteints Modèle associatif Les axes de la relance Décentralisation et responsabilisation dans les groupes continentaux et thématiques, augmentation du nombre de missions internationales régionales (MIR), participation systématique des délégués régionaux aux CA, réforme du Comité de direction, décentralisation dans les délégations, mise à plat des statuts, redynamisation du réseau international. D autres aspects doivent encore être renforcés : l autonomisation des groupes, la fidélisation des cadres associatifs, notamment. Concernant nos actions internationales, tout d abord. De 31 missions prévues début 2004, nous voilà aujourd hui à 90. Après une crise financière, surmontée en 2001, Médecins du Monde prouve sa capacité à surmonter une crise de l action en stoppant la chute du nombre de ses missions et en relançant le rythme des ouvertures. L engagement des associatifs au secteur international, soutenu au quotidien par un siège au service du terrain et des expatriés immergés dans la réalité même de ce terrain, a permis de retrouver la dynamique d une action qui est la raison d être de Médecins du Monde. En relevant le pari de l engagement associatif, Médecins du Monde prouve à nouveau que la solidarité internationale ne doit pas devenir l affaire des seuls «professionnels de l humanitaire», mais rester aussi celles de professionnels de santé et d autres secteurs qui y apportent leurs compétences et leur engagement citoyen et bénévole. Il y a un an, l analyse que nous faisions de la chute du nombre et du volume des projets internationaux mettait en avant, entre autres raisons, l appauvrissement d une vie associative, constituante fondamentale de Médecins du Monde. Sa relance est un chantier que nous avons décliné durant l année autour de plusieurs axes. Si ces travaux sont encore en cours, les effets en sont déjà visibles : réussite des universités

08/09 d automne ; participation accrue aux réunions de tous les groupes et des CCN ; dynamique participative lors des journées migrants de décembre 2004 ; multiplication des candidats pour l élection des responsables de groupes. Donner du souffle implique aussi une réflexion de fond sur certains pans de l association et de son organisation. Ce sont nos «chantiers de l ombre». Parce que l humain est au cœur de notre métier, Médecins du Monde doit viser l excellence en termes de gestion des ressources humaines, pour devenir dans ce domaine, comme sur les missions, moteur d innovation et de progrès. De la recherche de fonds à la planification et aux épidémies, la formation est essentielle pour la qualité de nos actions. Dans l année à venir, nous mettrons l accent sur un des axes fondamentaux définis : la formation au témoignage. Enfin, pour éviter les secousses financières toujours redoutables pour nos missions et pour consolider notre indépendance financière, nous avons mis en œuvre la sécurisation des ressources de l association. C est le moyen indispensable pour conserver la maîtrise de nos lieux et de nos modes d action, le garant de notre liberté d intervention. Mener à bien ces chantiers conditionne la force de notre action, la réalité de notre poids politique, et donc l effectivité du service rendu aux personnes que nous soignons. Gestion Ressources humaines Une ligne politique claire était indispensable ; elle existe maintenant, privilégiant la connaissance du terrain, la valorisation de l expérience, l acquisition de compétences, la mobilité des acteurs dans les postes et les statuts, la transversalité des formations et des actions. Sécurisation Ressources privées Il s agit de diversifier nos sources de financement en renforçant les relations avec les fondations privées et le partenariat d entreprise, dans des règles éthiques validées. En renforçant ainsi l ouverture de l association aux initiatives et à la variété de ses acteurs bénévoles, nous souhaitons renforcer l originalité de Médecins du Monde dans son rôle de médiateur, de société civile à société civile. Cette approche consolide notre capacité à être un véritable contre-pouvoir politique à l égard des Etats, qu ils soient défaillants vis-à-vis des populations les plus pauvres ou les plus «différentes», répressifs ou prédateurs Ce choix de l indépendance nous conduit à prendre des décisions éthiques, y compris et surtout en matière de financement de nos actions. Ainsi refusons-nous de participer au programme de reconstruction sanitaire de l Afghanistan, tel qu il a été établi par la Banque mondiale,

Afghanistan Le système de santé* La reconstruction du système de santé afghan prévoit de sous-traiter aux ONG médicales toute l offre de soins de santé primaire. MdM, attentif à la construction de systèmes de santé solides qui offrent un accès aux soins pour tous, décide de ne pas participer à cette forme de privatisation mais de rester présent par d autres programmes, afin de venir en aide aux laissés-pourcompte du nouveau système de santé. Tchétchénie La violence La violence ne cesse pas en Tchétchénie. L élimination du leader de la résistance, Maskhadov, confirme la fermeture de la Russie à toute forme de négociation avec la résistance tchétchène. RDC L espoir de paix Depuis le milieu des années 1990, la RDC est au centre d un conflit international. Ce n est que depuis 2004 qu un fragile espoir de paix voit le jour, discrètement soutenu par l ONU. La région oscille entre paix et guerre, dans une transition interminable, maintenant le pays dans un état d urgence humanitaire. * «La reconstruction du système de santé afghan ; sous-traitance aux ONG», août 2004. pour ne pas cautionner ce qui nous apparaît être, après analyse, les prémices d un système d accès aux soins privatisé. Ce choix nous oblige à modifier l approche de santé primaire que nous avions dans ce pays depuis plus de vingt ans, pour ne pas être les opérateurs d une stratégie élaborée sans participation des Afghans. L articulation entre nos principes, nos modalités d action et l origine de nos ressources relève d un équilibre et d une vigilance que nous devons maintenir et renforcer, au regard de la complexité des terrains sur lesquels nous intervenons. > D une catastrophe à l autre Du tremblement de terre qui a détruit la ville iranienne de Bam, le 26 décembre 2003, au tsunami qui a emporté près de 300 000 personnes un an après jour pour jour, l année 2004 aura été marquée par des catastrophes humanitaires, plus souvent dues aux hommes qu à la nature. Que les conflits soient fortement médiatisés : Palestine, Irak ; traités dans l indifférence : Tchétchénie, Darfour ; ou totalement oubliés : RDC, Ouganda, Népal, Colombie, ils ont pour caractéristique de toucher systématiquement des civils, dans le mépris total des conventions de Genève. L assistance dans les catastrophes naturelles A Bam comme en Indonésie, nous avons su répondre dans les 48 heures, en apportant un secours rapide, pertinent et suivi aux victimes, dans des conditions rendues particulièrement difficiles par les effets directs des catastrophes mais aussi par la méfiance de gouvernements peu enclins à ouvrir leurs frontières. Dans les ruines de Bam comme dans les villages les plus délaissés d Aceh, nous exerçons notre devoir d assistance, conduisant des missions de soins de santé primaire à la qualité médicale indéniable et au volume adapté à notre savoir-faire, portées par une mobilisation associative forte. Il faut cependant continuer à faire évoluer nos outils et nos modes de

10/11 travail, en prenant davantage en compte les populations plus vulnérables que sont les enfants ou les malades chroniques, tout comme il nous faut réfléchir à la place du témoignage et à la nature de notre communication lors d interventions aussi exceptionnelles. C est au prix de cette exigence que nous améliorerons encore nos interventions d urgence. Le tsunami, par l ampleur de son impact, géographique et humain, et par le volume d aide qui a suivi, constitue un événement sans précédent. Le monde entier, toutes nationalités confondues, s est rendu au chevet des survivants. A l action des ONG et des Nations unies, aux aides des Etats, se sont ajoutées de multiples initiatives individuelles ou collectives, aux objectifs parfois discutables. Dans cet afflux, Médecins du Monde a une place spécifique et indépendante, immédiatement efficace et partenariale, dans l urgence, comme dans la réhabilitation. L activité des délégations internationales de Médecins du Monde y prend toute sa place en amplifiant notre capacité d intervention et notre communication. Près de six millions d euros ont été versés à l association, par des particuliers mais aussi de nombreuses entreprises, quelques collectivités locales et l Association des régions de France. Saisir cette occasion pour créer un lien entre les conseils régionaux et les délégations régionales de MdM a été un choix immédiat dans une logique de décentralisation. Le surinvestissement dans cette crise, quels qu en soient les motifs (calendrier, nombre de pays touchés, médiatisation), nous renvoie, hélas, au désintérêt manifeste vis-à-vis d autres crises, comme celles qui touchent l Ouganda ou la RDC.,, Merci à ceux qui ont su partir, dès les premiers jours, porter secours, évaluer les conditions d intervention et définir ainsi la nature d une action véritablement efficace de plus long terme. Délégations internationales Asie du Sud-Est MdM Chypre, Grèce et Espagne sont présents au Sri Lanka et en Indonésie, MdM Portugal au Sri Lanka, et MdM Canada en Indonésie. Tant d autres drames ont mobilisé notre attention en 2004. Dans ces crises provoquées par les hommes, nous avons pratiqué des soins, soutenu des partenariats, exercé notre vigilance, dénoncé des violations de droits humains. Le Darfour représente la crise humanitaire la plus importante de ces dernières années. Mais il s agit, à l ouest du Soudan, de la responsabilité d individus. Alors que des résolutions de l ONU en faveur de la protection des populations civiles et de la poursuite en justice des responsables des crimes ont finalement été adoptées, nous craignons

Rafah Arc-en-ciel Ce rapport* fait suite à la mission d enquête menée conjointement en mai par MdM et la FIDH dans la ville de Rafah, pour mesurer les conséquences de l opération militaire Arc-en-ciel, en termes médicaux, d accès aux soins de la population et de santé physique et mentale, sur la base de témoignages et de constats médicaux. MdM dénonce aussi les conséquences des destructions de maisons, qui ont laissé près de 3 800 personnes sans abri ainsi que la destruction des infrastructures, qui aggravent une situation économique et sociale déjà extrêmement précaire. MdM renouvelle sa demande auprès de l ensemble des protagonistes du conflit israélo-palestinien, de respecter le droit international humanitaire. * Publication du rapport «Opération Arc-en-ciel, impacts sur la santé de la population de Rafah», octobre 2004. la lenteur de leur mise en application. Pendant ce temps, les villages sont brûlés, les troupeaux volés, les récoltes saccagées, les civils attaqués, les femmes violées. Présents dans le camp de Kalma depuis près d un an, nous soignons et nous témoignons chaque jour, devant les agences chargées du respect des droits de l homme, des exactions commises à l encontre des «déplacés». En vue de combattre l impunité, nous communiquons publiquement, afin que toutes les formes de protection des civils présentées dans les résolutions des Nations unies soient effectivement appliquées, le plus rapidement possible. Dans un contexte profondément modifié par la mort de Yasser Arafat, nous avons continué en Palestine notre mission de soin, de témoignage et de médiation entre les communautés médicales israélienne et palestinienne. Intervenant tiers et impartial dans un conflit d une extrême sensibilité, MdM poursuit son travail de dénonciation des violations des droits de l homme et du DIH. La médiation se veut dialogue et rapprochement des communautés. Le remarquable travail de communication sur le thème du Mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie, mené conjointement avec des partenaires israéliens et palestiniens en février 2005, et relayé par des artistes des deux nationalités, incarne parfaitement notre vocation : au-delà du soin, le partenariat de société civile à société civile porté par des médecins engagés. L année 2004 a été particulièrement éprouvante pour les Haïtiens : violents affrontements politiques, tempêtes tropicales qui ont provoqué des inondations d une gravité exceptionnelle en juin puis en septembre. Dans cette île, les catastrophes naturelles, aggravées par la déforestation, alternent et amplifient les conséquences d errements politiques sans fin. Quel investissement permettra aux populations de remonter la pente? L aide internationale passant par les ONG, comment le nouveau gouvernement peut-il démarrer une reconstruction? Nous soutenons les populations dans des dynamiques communautaires et à travers des programmes de médecine légale.

12/13 > Des thématiques transversales L accès aux soins dans un contexte de mondialisation L analyse de la reconstruction du système de santé afghan montre combien les ONG sont menacées d une dépendance non pas aux Etats, mais aux bailleurs, qui peuvent imposer des choix politiques et économiques à des gouvernements et donc aux populations, avec l aide d ONG qui deviennent de plus en plus des prestataires de services. Notre expertise sur ce dossier nous conduit à aider les acteurs de terrain à se positionner sur les réformes des services de santé et sur le rôle des bailleurs ; mais aussi à faire du témoignage et du lobbying afin de lever les obstacles à l accès aux soins en faisant pression sur les décideurs. MdM est ainsi engagé dans des campagnes internationales comme l Action mondiale contre la pauvreté, qui vise à rappeler aux politiques leurs engagements pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement, ou l Assemblée des peuples pour la santé, qui se tiendra en Equateur en juillet 2005. La santé des migrants en Europe L ouverture de l Europe à dix nouveaux pays met en évidence la nécessaire mobilisation citoyenne pour veiller à la protection des plus précaires. La plupart des pays membres de l Union engagent sur leur territoire des mesures conduisant à la restriction de l accès aux soins des plus vulnérables : migrants, pauvres, sans-abri. L Europe se ferme, externalisant l examen des demandes d asile et refusant aux ONG l accès aux centres de rétention. C est dans ce contexte que les onze délégations et bureaux européens de MdM ont décidé de créer l Observatoire européen de l accès aux soins des migrants demandeurs d asile ou en situation irrégulière, et d interpeller les politiques sur la protection et l égal accès aux soins de toute personne en Europe, quelle que soit sa situation administrative. L enfance A l issue du colloque «Enfants et Guerre» organisé en février 2005, dix propositions résultant de la confrontation de pratiques terrain ont été formulées, dont la nécessité de protéger les,, L origine des crises sur lesquelles nous intervenons est souvent le résultat de la mise en tension d éléments naturels et du comportement cynique des hommes. Il nous faut tenir compte de ces paramètres multiples et variables en enrichissant nos acquis terrain d une réflexion sur les thématiques qui traversent nos actions.,, Nous fêtons en 2005 les quinze ans des premières Rencontres européennes Est-Ouest, où 300 médecins ont adopté la charte de Cracovie, base de notre engagement individuel.

enfants des violences sexuelles et du sida et de prendre en charge les victimes de ceux-ci, ou l exigence d intégrer les besoins psychologiques et sociaux, au même titre que les besoins physiques, dans les programmes d aide en temps de guerre. La protection de l enfance est une priorité pour MdM qui doit davantage la prendre en compte dans ses missions. Santé Populations autochtones Cette capitalisation a mis en évidence cinq points dans l approche santé des populations autochtones : l engagement de long terme ; l implication directe de la population concernée ; la collaboration avec les autorités locales pour assurer la pérennisation du programme ; la démonstration de la faisabilité par l action et l indispensable transfert de compétence. L accès aux soins des populations autochtones 2004 est la dernière année de la décennie consacrée par les Nations unies à la promotion des droits des populations autochtones. A cette occasion, MdM a entrepris un travail de capitalisation des missions conduites depuis vingt-cinq ans auprès de ces populations ainsi qu une réflexion sur la santé des minorités ethniques. La participation à la 22 e session du groupe de travail sur les peuples autochtones, à Genève, marque notre intérêt pour la thématique et l occasion de se rapprocher de ce qui constitue un véritable Parlement mondial des populations autochtones. Dans le cadre de cette réflexion, et en lien étroit avec le travail sur l accès aux soins, MdM a participé au deuxième Sommet continental des peuples indigènes indo-afro-latinos, en juillet à Quito. Adoption Une demande croissante A ce jour, 24 000 familles sont dans une démarche d adoption, mais seuls 5 000 enfants sont adoptés chaque année, dont 40% par le biais d une OAA. D où l engouement suscité au moment du tsunami lorsqu il a été question d accueillir des enfants orphelins. L Agence française d adoption instituée par la loi sur l adoption devrait permettre d améliorer cette réponse. Adoption internationale, des parents pour des enfants D année en année, le dispositif d adoption internationale français se révèle dans l incapacité de répondre aux demandes croissantes des familles. 294 d entre elles ont accueilli 322 enfants en 2004 par l intermédiaire de MdM, plus importante organisation française d adoption internationale. Sur les 1 500 demandes reçues nous n avons donc pu en satisfaire qu une partie. Cependant, certains enfants, dits «à besoins spécifiques» sur le plan médical ou chirurgical, ou des fratries, ne trouvent pas de familles adoptantes. En tant qu ONG médicale, MdM choisit d aider ces enfants en priorité, privilégiant la qualité du suivi au nombre d adoptions. Reste à trouver des familles pour ces enfants Questionner l altérité, sur les terrains complexes Prendre du recul par rapport à notre action terrain et relire les contextes dans lesquels nous intervenons est nécessaire. Le CICR nous redonne, en 2005, l occasion de

14/15 préparer les états généraux de l action et du droit international humanitaire, qui mettront la question de l acceptation au cœur des débats. Alors que la mort et l enlèvement d humanitaires, en Afghanistan, en Irak, en Tchétchénie, ont marqué l année 2004, nous ne pouvons plus esquiver la question du regard que portent sur nous ceux que nous souhaitons aider. Sans complaisance, mais sans a priori, nous devons les interroger afin de continuer à agir dans des conditions de sécurité acceptables. > Les missions France Les bénéficiaires des 120 missions que mène MdM en France sont touchés de plein fouet par les reculs successifs de l accès aux soins. Depuis deux ans, l aide médicale d Etat est la cible d attaques répétées, réduisant peu à peu l accès aux soins de ceux qui vivent sans papiers. Nous nous sommes élevés tout au long de l année contre cette erreur fondamentale. Les chiffres de l observatoire de la Mission France montrent combien nous avions raison d alerter sur les dangers d un recul de ces droits. Même si la signature de la circulaire permettant enfin l accès aux soins dans l urgence va résoudre quelques problèmes dramatiques, nous attendons un vrai pas, médical, humain et réaliste de la part des politiques : il faut fondre l AME dans la CMU, sans attendre qu il n en reste que les lambeaux que des attaques nauséabondes auront jugé bon d épargner. La loi Sarkozy ne traite pas de la pauvreté et de la misère, elle les chasse loin de tout regard, mais aussi de toute prévention. C est dans des squats, au fond de caves et furtivement dans la rue que les équipes de MdM poursuivent de plus en plus difficilement leur travail. Par ailleurs, en repoussant de deux ans l obligation de créer des aires de vie pour les gens du voyage, comme en chassant de leurs terrains précaires les Roms réfugiés en France, on porte atteinte à la santé. Droit international Etats généraux Une première édition des états généraux avait eu lieu en novembre 2001, portant sur le «principe de responsabilité». MdM était déjà alors membre du comité de pilotage de ces rencontres qui firent date. France L aide médicale d Etat Nous avons été suivis : 160 000 personnes et 175 associations, représentant en tout près d un million de personnes, ont signé la pétition lancée conjointement par MdM et MSF. La conférence de presse du 8 juin, tenue par MSF, MdM, le Comede et le Samu social, a été suivie mais surtout reprise dans la presse nationale durant les mois qui ont suivi. 2004 est aussi l année de la loi de santé publique et de la réforme de l assurance maladie. La première, en abordant la personne par le biais des pathologies, rompt avec

,, Quand, à Lyon, dans le bidonville de Surville, où les caravanes en ruine suintent la pauvreté, les enfants n ont accès ni à l école ni aux soins, est-il imaginable que la seule solution soit de chasser les habitants sans leur proposer un espace de vie acceptable? Réforme de l assurance maladie Les risques Complication des démarches, retour à un «reste à charge» financier pour tous, alors que nous savons qu il est en luimême excluant de l accès aux soins pour les plus pauvres, parcours de soins grevés par l impossibilité de payer plus, obligation de stabilité dans le choix de son médecin, voilà un certain nombre de conséquences de cette réforme, qui a fait le choix d un équilibre financier plutôt que d une politique de santé publique qui prenne en compte les inégalités face à la santé. le principe de prise en charge globale qui nous tient à cœur. Les risques sont grands de voir disparaître des actions de santé globales, de proximité. Quant à la réforme de l assurance maladie, elle nous concerne autant que nos patients les plus précaires. Après avoir participé aux ateliers de travail, qui ont montré un semblant de concertation, nous en avons, dès juillet, dénoncé les principaux risques. A l heure où certains centres missions France voient revenir ces personnes, trop «riches» pour obtenir la CMU, trop pauvres pour bénéficier d assurances complémentaires, notre action de proximité reste plus que jamais légitime. Une avancée cependant est la concertation menée depuis un an avec le gouvernement sur les lits halte santé. Havres de soins sans pour autant nécessiter une hospitalisation, ce sont des lieux d accueil et de réconfort pour les personnes malades vivant dans la rue. Le comité de pilotage des missions France, en s attelant à un travail sur les pratiques, marque une volonté de renforcer notre efficience et ainsi favoriser l émergence de compétences nouvelles, et d engagements forts, pour inventer des réponses aux défis qui, continuellement, se dressent. Toute l année, bénévoles, volontaires et salariés se sont mobilisés pour permettre l accès aux soins des plus vulnérables, dans les guerres, les catastrophes et les crises, ici et là-bas. Tout au long de l année donateurs et bailleurs nous ont soutenus. Au nom de l ensemble du Conseil d administration, pour tous ceux à qui nous apportons un espoir, merci de votre engagement et de votre confiance. Dr Françoise Jeanson Présidente de Médecins du Monde Le 13 avril 2005

2004 en chiffres 16/17 La structure de MdM : 283 départs de volontaires (au 31 décembre 2004) 104 expatriés (équivalent temps plein) sur le terrain 1146 bénévoles au siège et en province et dans les missions France 16 délégations régionales 4 bureaux de représentation internationale 1611 adhérents 153 salariés (équivalent temps plein) au siège et 10 salariés terrain 13 salariés dans les délégations régionales 73 salariés sur les missions France et réduction des risques Le réseau international de MdM : 67 Soit 249 salariés au total millions d euros de budget en 2004 12 délégations internationales Argentine, Belgique, Canada, Chypre, Espagne, Etats- Unis, France, Grèce, Italie, Portugal, Suède, Suisse Le réalisé de MdM : 41,6 Répartition des dépenses par services (hors éléments exceptionnels) : 0,8% Frais de communication et d information 9,5% Frais de gestion/siège 21% Frais d appel à générosité 67,8% Missions internationales et domestiques 0,3% Frais de recherche mécénat 0,5% Frais liés aux autres formes d appel Origine des ressources (hors éléments exceptionnels) : millions d euros en 2004 65% Générosité publique 30% Subventions publiques 2% Subventions privées 3% Autres

2004 en chiffres International : France : 90 missions internationales, dans 50 pays (hors bases et missions d implantation, et hors adoption) Répartition géographique des programmes de MdM : Afrique Amérique latine Asie Europe de l Est Moyen-Orient Asie centrale 7 5 13 13 Répartition géographique des dépenses des missions internationales : Afrique Asie Europe de l Est Amérique latine Asie centrale Moyen-Orient 6 9 13 13 17 20 32 42 35 651 5 283 consultations médicales dans les CASO pour 18 377 patients consultations dentaires réalisées dans 7 cabinets dentaires pour 2 264 patients 40 934 soit consultations au total missions mobiles de proximité dans 23 villes menées 80par 626 bénévoles 12 programmes réduction des risques Plus de 67 330 contacts de RdR 9 400 contacts auprès de personnes se prostituant, à travers 8 missions Répartition des dépenses des missions France en 2004 : 41% Réduction des risques 39% CASO 12% Hors centre 7% Coordination missions France 1% Parrainage hôpitaux

> MdM en images 19/34 DAVID DELAPORTE

Bolivie Les enfants de Potosí Minero, cireur de chaussures, rabatteur de bus, vendeur de minerais, de glaces, de bonbons, les enfants de Potosí travaillent dès leur plus jeune âge. Interdits en Bolivie, ces travaux permettent aux plus jeunes de survivre. Prenant en compte cette douloureuse nécessité, MdM les sensibilise sur les risques qu ils encourent et leur propose un espace d écoute et d expression. Pour qu ils retrouvent, le temps d une séance, leur statut d enfant Russie Deux bus contre le VIH A Saint-Pétersbourg, l épidémie de sida est galopante, et les moyens pour y faire face sont quasi inexistants. MdM tente de pallier au mieux ces carences en allant à la rencontre des toxicomanes et des prostituées, populations déjà en marge. ELISABETH RULL/ITEM Balkans RdR en milieu festif De juillet à septembre, durant trois mois, MdM est intervenu dans une région d Europe où peu de données sont disponibles sur l usage de drogues et les rapports sexuels non protégés des jeunes fréquentant le milieu festif. «Il n était pas question de plaquer le modèle d intervention pratiqué dans les raves en France depuis 1997», précise Karen Segas, psychologue et coordinatrice de la mission. Il s agissait de travailler en fonction des réalités du terrain et de fédérer un nouveau réseau d intervenants locaux. ISABELLE ESHRAGHI DAVID SEBAN

20/21 DAVID DELAPORTE Chine/Qinghai Soutenir les agents de santé «Cette médecine fait partie de notre culture, la perpétuer est essentiel», confie Meiji, médecin nomade tibétain dans le comté de Gande. Perché à plus de 4 000 mètres d altitude, ce comté fait partie de la grande mosaïque chinoise. A l ouest du pays, des montagnes arides à perte de vue abritent une population majoritairement tibétaine, qui vit de l élevage des yacks et parcourt les vallées avec les troupeaux au gré des saisons. Meiji sillonne lui-même souvent ce décor atypique pour prodiguer des soins médicaux : proches de la population géographiquement et culturellement, les médecins nomades tibétains sont souvent les premiers à être consultés. «Les formations médicales organisées par Médecins du Monde et leur aide matérielle rendent nos pratiques plus performantes, souligne Meiji. Nous pouvons ainsi combler nos lacunes, discuter de nos pratiques et nous approprier pleinement notre médecine.» DAVID DELAPORTE DAVID DELAPORTE