3. Bruxelles-Capitale



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3. BruxellesCapitale 3.1. Résultats du traitement préliminaire : l analyse factorielle L analyse factorielle réalisée à partir des indicateurs statistiques initiaux (cf. Méthodologie, point 3) a permis d extraire cinq facteurs significatifs synthétisant près de 80 % de l information de départ. Par rapport aux deux autres Régions, le traitement statistique appliqué au niveau de la région bruxelloise présente plusieurs particularités. Sur le plan du traitement statistique, la région bruxelloise ne comptant que 19 communes, le nombre d observations est très sensiblement inférieur au nombre de variables (±160) ce qui a évidemment une incidence sur la pertinence des relations statistiques entre les variables initiales (coefficients de corrélation, notamment). Dans le contexte institutionnel et administratif très spécifique de la région bruxelloise (métropolerégion), l exercice statistique peut s avérer en outre quelque peu artificiel. En effet, la typologie des 19 communes qui composent la région bruxelloise consiste en réalité en un découpage intraurbain de la partie centrale d une agglomération morphologique beaucoup plus vaste 33. Il en résulte que la région bruxelloise présente moins de diversité que les autres régions qui sont davantage confrontées à une dualité entre espaces urbains et ruraux par exemple. Ceci explique le nombre plus réduit de facteurs pertinents générés par l analyse factorielle (5 dans la région bruxelloise contre 8 en Wallonie et 10 en Flandre). Deux particularités complémentaires compliquent la constitution de groupes homogènes de communes au sein de la région bruxelloise : la diversité de la taille des communes et la disparité infracommunale de certaines entités. Les communes de la région bruxelloise sont en effet de taille très variable. De petites entités comme SaintJosse (moins de 25 000 hab. sur 1,1 km 2, soit moins de 1 % du territoire régional) côtoient des entités comme BruxellesVille (plus de 140 000 hab. sur 32,6 km 2, soit 20 % du territoire communal). Ces entités présentent des caractéristiques très marquées et très contrastées et présentent des profils «atypiques» qui sont par définition difficiles à classifier. Certaines communes sont loin d être homogè nes sur le plan socioéconomique et présentent des disparités internes importantes. La région de BruxellesCapitale est une mosaïque de quartiers avec des caractéristiques qui leur sont propres et dont les limites naturelles transcendent régulièrement le découpage administratif communal. Une analyse statistique réalisée au niveau des quartiers (secteurs statistiques) aurait certainement permis de gagner en homogénéité des résultats. Rappelons toutefois que l objet de notre démarche ne vise pas à obtenir une délimitation de zones homogènes de l espace, mais porte bien sur le classement des entités communales ellesmêmes. Les gestionnaires communaux sont en effet confrontés quotidiennement aux disparités internes de leur cadre territorial qui se répercutent partiellement sur la structure du budget communal (sources de financement, besoins de la population). L interprétation des 5 facteurs spécifiques aux communes bruxelloises se fonde sur les relations (positives ou négatives) avec les variables de départ suivantes 34. Facteur 1 «Statut/niveau de vie socioéconomique» (36,8 %) % ménages avec 2 ou 3 voitures 0,98 Revenus moyens par déclaration 0,97 % logements «grand confort» 0,95 % ménages équipés PC & Internet 0,94 % déclaration de revenus >25 000 EUR 0,94 % population âgée de 40 ans à 59 ans 0,94 % population scolaire de type universitaire 0,91 % logements >125 m2 0,90 % logements disposant d un «grand jardin (>300 m 2 ) 0,90 Superficie moyenne logement par occupant 0,87 % maisons unifamiliales mitoyennes par rapport au total de logements privés 0,87 Prix moyen de vente des habitations (période 20002004) 0,85 % travailleurs dans le secteur privé 0,83 Revenu cadastral résidentiel (en EUR/hab.) 0,81 Coefficient de vieillissement des actifs potentiels 35 0,80 33 Van Der Haegen H. et Pattyn M., «Les Régions urbaines belges», dans Bulle tin de Statistique, n o 3, pp. 235249. 34 Le coefficient de corrélation entre la variable d origine et le facteur est spécifié en regard de chacune des variables tandis que le % d explication associé à chaque facteur figure entre parenthèses en regard de la dénomination de chacun d eux. 35 Proportion des actifs plus âgés (4059 ans) par rapport aux jeunes actifs (2039 ans). 38

% population âgée de 80 ans et plus 0,77 % population active occupée dans la population totale 0,76 % logements occupés par propriétaire 0,74 % appartements par rapport au total de logements privés 0,76 % population étrangère (hors CE) 0,76 Densité de population 0,77 Nombre bénéficiaires revenu d intégration /1 000 hab. 0,79 % logements «sans ou petit confort» 0,88 Taux de natalité (19962005) 0,88 Taux de chômage 0,89 Ce premier facteur reflète bien la forte dualisation socioéconomique prévalant dans la région bruxelloise. Il regroupe en effet de nombreux indicateurs relatifs aux niveaux de revenu (revenus moyens par déclaration, revenu cadastral des logements, relation inverse avec le revenu d intégration...), au niveau de confort et d équipement des logements (% logement dotés d un «grand confort», grandeur des logements, maisons unifamiliales, présence d un jardin...) et des ménages (nombre de voitures, équipement internet...), au statut socioprofessionnel (importance relative de la population active, travailleurs du secteur privé, population scolaire de type universitaire...) mais aussi à la dynamique démographique (surreprésentation des adultes âgés (4059 ans) et des personnes très âgées (>80 ans), relation inverse avec le taux de natalité). On observe également une relation inverse de ce facteur avec la population étrangère (extraeuropéenne) et la densité de population. Contrairement aux deux autres régions où le niveau de vie et l évolution démographique associée à la composante naturelle apparaissaient à travers des facteurs distincts, on observe au sein de la région bruxelloise une association des deux dimensions. Plus précisément, les communes où les niveaux de revenus sont les plus élevés connaissent une très faible évolution naturelle de la population. A contrario, les commu nes où les revenus sont les plus faibles connaissent une forte expansion démographique. Le déclin démographique constaté dans les commu nes bruxelloises les plus aisées s explique vraisemblablement par le fait que le coût du logement est devenu pratiquement inaccessible pour la plupart des jeunes ménages (même diplômés et actifs) ce qui les contraint à s installer dans d autres communes le plus souvent en dehors de la région bruxelloise 36. Les scores les plus élevés pour ce facteur s observent sans grande surprise dans les communes résidentiel les à l est et au sud de la région (et en particulier à WoluweSaintPierre, Uccle et WatermaelBoitsfort). Les scores les plus faibles s observent dans les petites communes de la première couronne proche du pentagone (SaintJosse et SaintGilles) ainsi qu à Molenbeek. Des communes comme Ixelles, Etterbeek, Gansho ren et Evere se situent dans la moyenne de la région (score proche de zéro). Facteur 2 «Densité et ancienneté du bâti () Vieillissement population ()» (16,7 %) Ce second facteur associe également des indicateurs reflétant la configuration du territoire et du bâti à des indicateurs caractérisant la population, ce qui met une nouvelle fois en exergue la complexité du modèle de structuration sociale de l espace bruxellois. Ce second facteur oppose des communes caractérisées par une forte ancienneté et densité du bâti, une forte représentation de la population en âge d activité, étrangère et précarisée (revenus d intégration, % de bas revenus, nombreux petits logements, très forte densité) à des communes confrontées à un net vieillissement de leur population. Spatialement, ce facteur oppose les communes centrales proches du cœur historique de la ville (communes dites de la première couronne) aux communes plus périphéri ques à caractère résidentiel (communes dites de la seconde couronne). Taux de support 0,93 potentiel37 % population étrangère 0,92 % logements construits avant 1919 0,92 % logements «meublés» par rapport au parc de logements total 0,88 % population âgée de 20 ans à 39 ans 0,85 % déclaration de revenus <6 200 EUR 0,84 Taux de croissance annuel moyen (19942004) des revenus des ménages 0,83 % logements <35 m2 0,78 % bâtiments commerciaux par rapport au nombre total de bâtiments 0,77 Taux de masculinité 0,75 % logements occupés par locataires 0,74 Nombre bénéficiaires revenu d intégration /1 000 hab. 0,72 % revenu cadastral «exonéré» 0,68 Densité de population 0,66 % espace bâti 0,63 36 Ce processus trouve sa contrepartie dans les clusters de communes résidentielles en zones périurbaines ou rurales (cluster V1 et V2 de la Région flamande et W1 et W3 de la Région wallonne). 37 Ce taux représente le nombre d actifs potentiels par personne de 60 ans et plus. C est l inverse du coefficient de dépendance des âgés. 39

Capacité d hébergement touristique 0,61 Taux de croissance (19912001) du nombre de pensionnés 0,80 Taux de mortalité 0,91 % population âgée de 60 ans à 79 ans 0,92 % veufs/veuves 0,96 % population pensionnée dans la population totale 0,97 Les scores les plus élevés pour ce second facteur s observent effectivement dans les communes de la première couronne (et en particulier, à SaintJosse, SaintGilles et Ixelles), c estàdire les communes comprenant les quartiers centraux de la ville. Ces derniers ont été désertés massivement par les classes moyennes à partir des années 1950 et ont accueilli une population principalement d origine étrangère (% population étrangère), et plus récemment un flux important de demandeurs d asile. Le parc de logements anciens (% logements construits avant 1919), et souvent initialement unifamiliaux, a été segmenté en appartements de petites tailles (% logements <35m 2, % logements meublés, % logements occupés par des locataires) et sont le plus souvent occupés par des ménages de grande taille à bas revenus (% déclaration de revenus <6 200 EUR, nombre de bénéficiaires du revenu d intégration). La forte proportion de population immigrée n est pas sans conséquence sur la structure par âge, avec une surreprésentation des jeunes adultes (% population âgée de 20 à 39 ans). A contrario, les communes plus périphériques de la région (dites de la seconde couronne) sont confrontées au vieillissement de leur population (nombre de pensionnés, % veufs/veu ves, taux de mortalité plus élevé...). Les scores les plus faibles, c estàdire à l opposé des communes de la première couronne, s observent en particulier dans les communes résidentielles du nordouest de la région (Jette, BerchemSainte Agathe, Ganshoren). À noter également que, à l instar de nombreuses grandes métropoles étrangères, les quartiers centraux de la région bruxelloise enregistrent depuis peu une certaine forme de «gentrification» 38 urbaine. Certains quartiers centraux de la ville accueillent en effet une proportion croissante de jeunes adultes diplômés attirés par la proximité des facilités urbai nes (services, culture) et des sièges des grandes sociétés ou institutions. Ces jeunes adultes, dans une phase de transition professionnelle et familiale, trouvent également dans ces zones des logements petits et/ou financièrement accessibles 39. Ce processus, couplé au vieillissement croissant de la population dans les communes plus périphériques pourrait expliquer la relation statistique, a priori inattendue, entre l évolution des revenus des ména ges plus soutenue (au cours de la période 19942004) et la position plus centrale des communes. Facteur 3 «Centre d emplois Externalités» (11,1 %) Les variables suivantes présentent les saturations les plus élevées avec ce troisième facteur. Centre d emploi (% pop. active sur le lieu de travail par rapport à la pop. active sur le lieu de résidence) 0,97 Valeur ajoutée au coût des facteurs par hab. 0,96 Volume d emplois dans le secteur tertiaire (au lieu de travail) 0,94 Volume d emplois dans le secteur Horeca (au lieu de travail) 0,92 Effectif policier par habitant 0,92 Score d équipement (K.U.LeuvenISEG) 0,91 Revenu cadastral «Bureaux & commerces» (en EUR par habitant) 0,90 Revenu cadastral total (en EUR par habitant) 0,85 Taux de criminalité 0,81 % superficie communale affectée aux bureaux et aux commerces 0,69 Indice de centre non actif (part des travailleurs résidant dans la commune qui partent travailler à l extérieur de la commune) 0,84 Ce facteur regroupe les principaux indicateurs qui reflètent le rôle de centre d emploi de la commune (% pop. active sur le lieu de travail par rapport à la pop. active sur le lieu de résidence, volume d emplois au lieu de travail, valeur ajoutée générée sur le territoire de la commune...) ainsi que les indicateurs de centralitéexternalités (bâtiments commerciaux et administratifs, score d équipement de la K.U.Leuven, taux de criminalité). Le type d activités concerne très clairement le secteur tertiaire (volume d emploi, revenus cadastraux des bureaux et des commerces...). On observe par contre logiquement une corrélation négative de ce facteur avec la variable «indice de centre non actif» c estàdire les communes dont une 38 Arrivée dans des quartiers populaires de personnes de classe moyenne ou supérieure qui transforment ou rénovent le bâti existant. Cette dynamique de réinvestissement et la pression immobilière qui en résulte s accompagne d un départ progressif des populations socialement moins favorisées. Voir à ce sujet l article de Mathieu Van Criekingen, «Que deviennent les quartiers centraux à Bruxelles?», Brussels Studies, n o 1, 12 décembre 2006. 39 Didier Willaert et Patrick Deboosere, Atlas des Quartiers de la population de la Région de BruxellesCapitale au début du 21 ème siècle, IBSA, Éditions Iris, n o 42. 40

partie importante de la population part travailler à l extérieur de la commune de résidence. Les scores les plus élevés s observent sans surprise pour BruxellesVille et SaintJosse dans une moindre mesure. Ce sont par contre les communes résidentielles du nordouest (Jette, BerchemSainteAgathe, Ganshoren et Koekelberg) qui sont caractérisées par les scores les plus faibles pour ce facteur. Facteur 4 «Taille moyenne des ménages () Centre d activités scolaires ()» (8,4 %) % population scolaire (recensée au lieu de résidence) par rapport à la population totale 0,97 Nombre moyen d occupants par logement 0,94 Taille moyenne des ménages 0,88 % population âgée de moins de 20 ans 0,86 Taux de chômage 0,74 % population non active dans population totale 0,68 % superficie communale affectée aux bâtiments d enseignement 0,62 Nombre moyen (20002004) de vente de maison pour 1 000 hab. 0,62 Solde migratoire (19962005) 0,70 % personnes vivant seules 0,75 Centre scolaire (population scolaire au lieu d établissement par rapport à la population résidente en âge de scolarité) 0,78 Ce facteur regroupe des variables principalement associées à l activité scolaire et à la taille moyenne des ménages. Il oppose schématiquement les communes où résident des familles nombreuses et donc caractérisées par une forte proportion de population scolaire au lieu de résidence (SaintJosse, Molen beek, WoluweSaintPierre) avec les communes où siègent de nombreux établissements scolaires et qui attirent dès lors une population étudiante importante sur leur territoire (% de ménages à une personne). Les communes les plus représentatives (scores les plus négatifs pour ce facteur) sont Ixelles, Etterbeek, WoluweSaintLambert, soit les communes accueillant les plus grands campus universitaires. Facteur 5 «Degré d activités industrielles» (5,8 %) Revenu cadastral «industriel» par habitant 0,94 % Revenu cadastral total affecté à l industrie 0,92 % superficie du territoire communal affectée à l industrie 0,92 Volume d emplois industriels (sur le lieu de travail) 0,89 % de la superficie communale non bâtie 0,81 Ce dernier facteur rassemble les indicateurs relatifs à la concentration d activités de type industriel sur le territoire de la commune (industries manufacturières, tertiaire industriel, artisanats...). Les scores les plus élevés s observent logiquement dans les communes dans l axe du canal (en particulier à Forest et Anderlecht) qui disposent du plus d espace pour accueillir ce type d activités tandis que les scores les plus faibles se rencontrent dans les communes densément bâties du centre de l agglomération (Saint Josse et SaintGilles). 3.2. Constitution et composition des catégories (clusters) Sur la base de l analyse en clusters appliquée aux sco res factoriels obtenus par les 19 communes bruxel loises pour les 5 facteurs précités (cf. partie 3.1), nous avons retenu 5 catégories de communes. Si l on tient compte du caractère «hors normes» de la ville de Bruxelles, cette entité constituant une catégorie à elle seule, il en résulte que les 18 autres communes ont été réparties dans 4 clusters (comprenant donc de 4 à 5 communes). Sur la base de la composition des communes constituant les différents clusters et après avoir identifié les caractéristiques socioéconomiques (c estàdire la combinaison de scores factoriels) à l origine de leur regroupement, nous proposons le tableau de synthèse 16. Les différents clusters ont été regroupés en deux sousgroupes principalement en fonction du niveau de vie (facteur 1) et du degré d urbanisation (facteur 2). Les différents clusters font ciaprès l objet d une description succincte 40. Afin de faciliter la description du profil «socioéconomique» propre à chaque groupe de communes et mettre en évidence leurs spécificités, les tableaux 17 et 18 fournissent pour chacune des catégories de commune (cluster) une tendance moyenne 41 des sco res obtenus pour les différents facteurs retenus dans notre analyse. 40 Cf. annexe 4 pour la composition exhaustive des différents clusters. 41 En fonction du score moyen obtenu pour les différents facteurs pour le cluster considéré. 41

Tableau 16 : Synthèse des 5 catégories de communes bruxelloises 1. Communes résidentielles Revenus >= moyenne régionale 1.1. Cluster B1 Revenus élevés Communes résidentielles sudest 1.2. Cluster B2 Revenus moyens Communes résidentielles nordouest 2. Communes centrales fortement urbanisées Revenus < moyenne régionale 2.1. Cluster B3 Très fortement urbanisées Communes première couronne 2.2. Cluster B4 Avec activités industrielles Grandes communes «canal» 2.3. Cluster B5 Centre d emploi BruxellesVille 1. Communes résidentielles Le sousgroupe des communes résidentielles est constitué de deux clusters qui ont pour point commun d avoir des niveaux de revenus supérieurs ou proches de la moyenne régionale (facteur 1), de présenter un niveau moindre d urbanisation (facteur 2) ainsi que d activités économiques (facteur 3 et facteur 5). Outre la taille moyenne en termes de population, les deux catégories se différencient essentiellement par le niveau de revenus moyen de la population (très largement supérieur dans les communes du sudest (tableau 17). 1.1. Communes résidentielles du sudest (cluster B1) Ce cluster compte cinq communes faisant partie de la «seconde couronne», situées à l est et au sud de l agglomération bruxelloise (Auderghem, Uccle, Water maelboisfort, WoluweSaintLambert, Woluwe SaintPierre) et dont la population moyenne s établit à plus de 40 000 habitants. Ces communes se démarquent très nettement des autres communes bruxelloises par les scores élevés obtenus pour le facteur synthétisant les indicateurs représentatifs du niveau de vie (facteur 1). C est en effet dans ces communes que résident les popula Carte 3 : Les 5 catégories de communes bruxelloises Légende : cf. tableau 16 B1 B2 B3 B4 B5 42

tions qui bénéficient du niveau de revenus les plus élevés, d un statut socioéconomique et d un niveau d instruction supérieurs à la moyenne de la région (et même à la moyenne du pays). Les communes considérées présentent en outre un caractère résidentiel prononcé, avec des logements bénéficiant d un équipement et d un confort supérieur à la moyenne. À noter que ces communes ne présentent pas des caractéristiques strictement homogènes tant entre elles qu au niveau infracommunal. La commune de WoluweSaintPierre présente par exemple des niveaux de revenus sensiblement plus prononcés que les autres communes de ce cluster tandis qu Uccle est caractérisée par d importantes disparités selon les quartiers. L évolution démographique est peu marquée, voire en léger déclin dans certaines entités. Ces commu nes sont en effet confrontées à un certain vieillissement de leur population (qui pèse sur la composante naturelle de l évolution de la population) tandis que l apport migratoire est quelque peu freiné par le coût élevé du logement (WoluweSaintLambert et Uccle dans une moindre mesure). Si l activité de type tertiaire (grande distribution, bureaux) est bien présente, l activité de type industriel (facteur 5) est nettement sousreprésentée par rapport aux autres communes. 1.2. Communes résidentielles du nordouest (cluster B2) Ce second cluster de la Région bruxelloise réunit également cinq communes (BerchemSainteAgathe, Evere, Ganshoren, Koekelberg, Jette), mais de taille nettement plus réduite que le précédent (moins de 25 000 habitants en moyenne). Géographiquement, elles font également partie de la «seconde couronne», mais sont situées à l ouest de l agglomération bruxelloise. Outre leur plus «petite» taille (Jette exceptée), les communes considérées se différencient des communes résidentielles du sudest (cluster B1) par des niveaux de revenus et un niveau de confort des logements sensiblement inférieurs. Ces derniers sont en réalité assez proches de la moyenne régionale (à l exception de Koekelberg où les revenus moyens sont nettement inférieurs). Ces communes se distinguent également par une forte opposition des composantes de l évolution démographique, avec une évolution naturelle négative (vieillissement de la population) et une évolution migratoire très positive (arrivée de nouveaux résidents). En raison des prix de l immobilier nettement plus abordables, ces communes ont en effet connu ces dernières années un afflux important des ménages de classes moyennes avec enfants. Sur le plan de l évolution démographique, ces communes présentent la particularité d être confrontées à la fois à un vieillissement plus prononcé de leur population (surreprésentation des personnes âgées et très âgées) et d une très forte croissance de la population enfantine (associée à l arrivée de jeunes ménages). Il en résulte que ces communes présentent les coefficients de dépendance 42 les plus prononcés de la région bruxelloise (et même supérieurs à la moyenne du pays). 2. Communes centrales fortement urbanisées Ce second sousgroupe, constitué de 3 clusters, regroupe les communes bruxelloises caractérisées à la fois par un niveau de vie sensiblement inférieur à la moyenne régionale et par une très forte densité du bâti (tableau 18). 42 Ce coefficient s obtient en divisant la population se trouvant dans les tran ches d âge les plus dépendantes (0 à 19 ans, 60 ans et plus) par la population la plus susceptible d exercer une activité professionnelle (20 à 59 ans). Tableau 17 : Communes résidentielles Tableau 17 1. 1.1 1.2 Communes résidentielles Nombre de communes Communes résidentielles sudest (B1) 5 Communes résidentielles nordouest (B2) 5 Population moyenne F1 : Niveau de vie () F2 : Degré d urbanisation () Vieillissement population () F3 : Centres d emploi Externalités () F4 : Taille ménages () Centre scolaire () F5 : Activités industrielles () / 42 864 / / 26 723 43

Tableau 18 : Communes centrales fortement urbanisées 2. 2.1 2.2 2.3 Communes centrales fortement urbanisées Communes première couronne (B3) Grandes communes «canal» (B4) BruxellesVille (B5) Nombre de communes 4 4 1 Population moyenne 46 425 82 565 142 853 F1 : Niveau de vie () F2 : Degré d urbanisation () Vieillissement population () / F3 : Centres d emploi Externalités () F4 : Taille ménages () Centre scolaire () / F5 : Activités industrielles () Géographiquement, ces communes sont localisées dans la partie centrale de l agglomération (centre historique et première couronne) ainsi que dans l axe du canal. Ces clusters se différencient essentiellement par leur taille moyenne (tant en population qu en superficie) et par l importance des activités économiques (industriel ou tertiaire). 2.1. Communes «première couronne» (cluster B3) Les communes concernées font partie de ce qu on appelle communément la «première couronne» (Etterbeek, Ixelles, SaintGilles et SaintJosse). Elles se caractérisent toutes par des scores négatifs (à des degrés très variables, il est vrai) pour le facteur relatif au «niveau de vie» (facteur 1) et des scores très prononcés pour la densité du bâti (facteur 2). Ces communes du centre de l agglomération, progressivement délaissées par les ménages de classe moyenne ont par ailleurs connu un important afflux de population étrangère (principalement extraeuropéenne) et de demandeurs d asile. En outre, la très forte densité du bâti et les difficultés de mobilité laissent peu d opportunités à un développement d activités de type industriel fortement consommatrices d espace. Audelà de ces points communs, deux groupes de communes se distinguent assez nettement au sein de ce cluster. Les communes de SaintGilles et de SaintJosse sont de taille plus réduite (±25 000 habitants) et sont caractérisées par les scores les plus faibles de la région bruxelloise pour le facteur relatif au niveau de vie (facteur 1) et les scores les plus élevés pour le degré d urbanisation (facteur 2). Elles sont pour ces deux critères aux antipodes des communes résidentielles du sudest (cluster B1). Enfin, sur le plan de l évolution démographique, ces deux communes sont caractérisées par une composante naturelle (excédent des naissances par rapport aux décès) très soutenue. Les communes d Etterbeek et d Ixelles sont de taille sensiblement plus importante (respectivement 42 000 hab. et 77 000 hab.) et sont surtout caractérisées par des niveaux de vie de la population sensiblement plus élevés, proches de la moyenne régionale. En réalité, ce niveau moyen est la résultante de fortes disparités au sein de la commune (entre les quartiers proches de la «petite ceinture» et ceux jouxtant les communes résidentielles de la seconde couronne). Ces deux commu nes sont également des centres scolaires de type supérieurs importants (facteur 4), ce qui se reflète notamment sur la structure de la population par âge. Ces communes comptent en effet une très forte proportion de jeunes adultes (2039 ans) vivant en ménages isolés alors que la population enfantine est très nettement sousreprésentée. Il en résulte qu elles disposent du coefficient de dépendance le plus faible de la région bruxelloise (parmi les plus faibles de l ensemble du pays) à l inverse des communes résidentielles du nordouest (cluster B2). 2.2. Grandes communes «canal» (cluster B4) Ce cluster regroupe quatre communes situées dans l environnement immédiat du canal (Anderlecht, Forest, MolenbeekSaintJean et Schaerbeek). Par rapport au cluster précédent (B3), ces communes se démarquent par une taille moyenne nettement plus 44

importante (plus de 75 000 habitants en moyenne et deux communes aux alentours de 100 000 habitants) et par une plus forte présence d activités de type industriel sur le territoire communal (facteur 5). Les deux communes du sud de l agglomération (Forest et Anderlecht) présentent toutefois un caractère industriel plus marqué que les deux autres communes. Ces communes sont caractérisées par des niveaux de vie (facteur 1) inférieurs à la moyenne régionale. Il est toutefois plus nettement inférieur à Molenbeek et par contre plus proche de la moyenne régionale à Forest. À l exception d Anderlecht qui dispose encore de portions du territoire faiblement bâti, ces commu nes présentent un degré d urbanisation (facteur 2) assez prononcé mais inférieur aux communes de la première couronne (cluster B3). Enfin, ces communes enregistrent une évolution démographique importante soutenue davantage par la composante naturelle que par la composante migratoire. 2.3. BruxellesVille (cluster B5) Ce dernier cluster ne compte qu une seule commune, à savoir BruxellesVille dont le profil socioéconomi que est très spécifique. Outre sa taille plus importante, c est surtout par l importance des activités économiques, ses fonctions administratives et son rôle de centre d emploi (facteur 3) que la Ville de Bruxelles se démarque des autres communes de l agglomération. Cette spécificité est d ailleurs institutionnellement reconnue puisque la ville bénéficie d un financement spécial à charge du fédéral (dotation spéciale et accord de coopération). La Ville de Bruxelles obtient par contre des scores proches de la moyenne régionale tant pour le niveau de vie (facteur 1) que pour le degré d urbanisation (facteur 2). En réalité, ces scores «moyens» sont le résultat de situations très contrastées entre de très nombreux quartiers qui ont leurs caractéristiques propres. À l instar des communes du cluster B4, Bruxelles Ville enregistre une forte expansion démographique alimentée tant par un solde naturel que migratoire très positif. 45