LE ROLE DE L ARTISANAT DANS LA GENESE ET LA STRUCTURATION DES AGGLOMERATIONS



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LE ROLE DE L ARTISANAT DANS LA GENESE ET LA STRUCTURATION DES AGGLOMERATIONS Table ronde dans le cadre du PROJET COLLECTIF 3 Construire l espace «Analyse chrono- spatiale des logiques territoriales» Le jeudi 2 octobre 2014 à la Maison de l Archéologie et de l Ethnologie de Nanterre, Salle 1, rez- de- jardin Ces dernières décennies, les recherches concernant l artisanat en milieu urbain ont été régulièrement placées au centre de rencontres scientifiques internationales avec l objectif affiché de renouveler notre perception du statut économique des agglomérations en s appuyant notamment sur le développement des discours sur l occupation du sol et les relations ville- campagne en réponse, du moins en partie, aux théories avancées dans les modèles économiques primitivistes revisités par Moses I. Finley. Ainsi, la place importante de l artisanat dans les agglomérations a été établie, loin de la conception de la ville consommatrice rejetant des artisans dénigrés à sa périphérie. Pour poursuivre cette réflexion, une série de tables rondes est organisée à la Maison de l Archéologie et de l Ethnologie - René Ginouvès à Nanterre dans le cadre du «Projet Partagé Construire l espace» du laboratoire ArScAn (UMR7041) autour de la question du rôle de l artisanat dans la genèse et la structuration des agglomérations. Le sujet concerne donc plus l influence que peuvent avoir les diverses activités dans l organisation de la ville et du territoire que les productions elles- mêmes, bien que la nature de chaque activité conditionne toutefois l espace qui lui est nécessaire. La présentation d une base documentaire fiable sur les contextes artisanaux sera nécessaire pour cerner l interaction et l implication de chaque activité dans l organisation des espaces habités et productifs, selon les régions, les cités, les époques ou la nature des métiers qui sont pratiqués. On comprend donc que la question sous- jacente est de comprendre quelle forme et/ou quel type d artisanat jouent un rôle moteur dans la construction de l espace, que ce soit à l échelle du site ou à l échelle du réseau d établissements implantés dans une cité donnée par exemple. Trois thématiques sont mises en avant pour cerner cette problématique : la position des espaces occupés par les différents artisanats dans l agglomération ou le réseau d établissements, les interactions entre les diverses productions et leurs environnements économique et naturel et, enfin, les dynamiques chronologiques qu il est possible de déceler dans les phases d abandon, de déclin et de mutation. Thème I : La position La question de l ancrage topographique des différents artisanats dans les agglomérations est au centre des questions à envisager au cours de cette table ronde. Ici est donc reprise une thématique de recherche traditionnelle des études sur l artisanat en milieu aggloméré. Aujourd hui, le but n est pas de s affranchir de la vision primitiviste soutenant l occupation des faubourgs par les artisans, mais d affiner notre perception des mécanismes d interactions et d insertion de l artisanat en milieu aggloméré et de comprendre dans quelle mesure l artisanat peut avoir un rôle moteur dans la genèse d une agglomération ou d un réseau de peuplement. À l inverse, la fondation d une «ville» a nécessairement entraîné l'apparition d'activités indispensables à son fonctionnement. Comment ces activités ont- elles évolué? Sont- elles restées de simples services ou ont- elles participé activement à l évolution et aux développements de l agglomération? La position qu occupent les différents artisanats dans les agglomérations était- elle conditionnée par le débouché, l approvisionnement ou, plus pragmatiquement, par la géographie des lieux? Certaines activités sont- elles regroupées dans le cadre d une gestion de l import- export, du regroupement de tout ou partie d une chaîne opératoire, 1

ou sont- elles confinées dans des quartiers en fonction des nuisances ou des dangers potentiels qu elles représentent? Quelles sont les correspondances et les divergences entre les faits archéologiques observés et les droits et usages des activités artisanales en milieu aggloméré connus par les textes? Ce qui soulève à son tour la question de la perception qu avaient les Anciens de ces contraintes. Existe- t- il des situations qui motivent et autorisent le déploiement d un système de production dans un réseau d agglomérations, où chaque établissement abrite une étape de travail plus avancée dans la chaîne opératoire et/ou complémentaire? Thème II : Les interactions Si la caractérisation des différentes activités artisanales est primordiale, c est parce qu il s agit de les calibrer, entre production diversifiée ouvrant sur un marché local et production spécialisée destinée à l exportation. Ce cheminement vise à tenter d évaluer le rôle économique de l artisanat dans la vie de l agglomération et de son environnement. Inversement, cette réflexion a pour dessein de définir quels sont les stimuli qui ont motivé l installation artisanale, mais aussi à identifier quels sont les entraves et les handicaps ayant contraints l activité. Nombre de métiers se développent pour fournir des produits nécessaires à la vie quotidienne des habitants de l agglomération. D autres peuvent également étendre leurs débouchés aux campagnes, voire aux agglomérations voisines qui ne disposent pas de riches ressources naturelles, de hautes compétences ou de réseaux d approvisionnement efficaces. D autres encore, très spécialisés, ne produiront que pour des débouchés spécifiques particulièrement éloignés du lieu de travail. Une grande partie enfin sera à cheval sur tous ces cas de figure, mais peut- être avec une prédominance particulière et un rôle structurant dans l agglomération. Les productions artisanales utilisent des matières premières ou des matières semi- finies qui sont souvent dépendantes de ressources naturelles. Aussi, à plus large échelle, dans quelle mesure l exploitation de gisements a pu conditionner l implantation d agglomération? Peut- on caractériser des types d agglomération qui constituent des sortes de «bases- arrières» à des exploitations de matières premières dénuées d habitat? Le maillage des agglomérations est dépendant des possibilités de communication offertes par la géographie, mais est- ce que les ressources naturelles n ont elles pas aussi joué un rôle dans la mise en place de ce tissu? Dans le même sens, il s agit aussi de comprendre comment l artisanat des villes interagit avec les productions rurales. Il s agit ici d éprouver la vison simpliste de campagnes exploitant des matières premières et des denrées qui sont ensuite transformées dans les villes pour achalander l ensemble du territoire la ville, campagne comprise. Comment se partagent et s imbriquent les activités de production entre les agglomérations et les campagnes, notamment pour une même chaîne opératoire? Peut- on identifier des artisanats ou des échelles de productions typiquement urbaines ou rurales? Bref, comment les systèmes de production se déploient entre les villes et les campagnes et sur la base de quelles complémentarités ou interdépendances? Thème III : Les dynamiques Le traitement de la question du rôle de l artisanat dans la genèse et la structuration des agglomérations est volontairement ancré dans un large espace et dans le temps long, dans les mondes indigènes, antiques et médiévaux. Cette posture vise à dégager les régularités et les divergences dans les logiques d installation des productions artisanales. Cependant, les analyses à des échelles chronologiques et spatiales fines devront être menées pour soigneusement appréhender les phases d essor, de translation, de déclin, de reprise, de reconversion et d abandon. Le but est en effet de mesurer les dynamiques artisanales en milieu aggloméré en s écartant des lectures simplistes où le fonctionnement des différentes activités est compilé puis associé à l occupation de l établissement en gommant alors toutes notions de fluctuations ou mutations. La question de la représentativité des vestiges artisanaux découverts devra aussi faire l objet d une attention particulière. Les activités sont reconnues par leurs aménagements, leurs déchets ou par les matières premières qu elles mobilisent. Cependant, les découvertes sont bien souvent lacunaires. Certains ateliers sont exempts de déchets, évacués pour juguler l encombrement de l espace aggloméré. D autres contextes livrent des rebuts accumulés rapidement ou sur le long terme à partir desquels il faut reconstituer les comportements, les stratégies d activités artisanales en mouvement, bien que ni les aménagements, ni même le lieu d exercice ne soient connus. Dans le même sens, comment appréhender ces zones vides d artefacts, contiguës à des espaces artisanaux? Sont- elles des espaces vacants destinés à des expansions anticipées, des zones artisanales où sont produites des matières périssables difficilement identifiables sans analyses spécialisées, ou des zones de stockage et de transit de matières ou de produits? 2

PROGRAMME DE LA TABLE RONDE JEUDI 02 OCTOBRE 2014 (MAE, NANTERRE, SALLE 1) 9h30-10h 10h - 10h30 10h30-11h 11h - 11h30 11h30-12h 14h - 14h30 14h30-15h 15h - 15h30 15h30-16h 16h - 16h30 Accueil et introduction Gaspard Pagès (CNRS UMR7041- équipe GAMA) et Raphaël Clotuche (INRAP- UMR7041- équipe GAMA) La «serrurerie» médiévale et la production urbaine Mathieu Linlaud (Université de Paris Ouest UMR7041- équipe THEMAM) Avant la ville : artisanats spécialisés et dynamiques d évolutions des premières agglomérations dans le sud- est de l Europe (7e- 6e millénaires avant J.- C.) Laure Salanova (CNRS UMR7055) Une place pour l artisanat mycénien? Remarques sur les espaces de production et leur intégration au sein des agglomérations du Bronze Récent égéen Laetitia Phialon (Boursière du Fonds national suisse de la recherche scientifique, Membre scientifique de l École française d Athènes, associée à l UMR7041 équipe Protohistoire égéenne) Quel rôle pour la métallurgique dans la formation des habitats grecs archaïques? Quelques mises au point Giorgos M. Sanidas (Université Lille 3 - UMR8164) Le rôle de l artisanat dans le développement et l organisation de l agglomération antique de Beaune- la- Rolande : l étude des vestiges de la métallurgie du fer de la fouille du quartier d habitat Ier- IIIe s. ap. J.- C. Christine Best- Marmet (Inrap) et Christian Cribellier (Ministère de la culture- UMR7041 - équipe GAMA) Transformation d un quartier de l agglomération antique d Entrains- sur- Nohain/Intaranum ou comment l archéologie rend- elle compte du passage d une économie productive à une économie de services? Stéphane Venault (Inrap UMR6249), Nicolas Tisserand (Inrap UMR5594), Ghislain Vincent (Inrap UMR5140), Loïc Gaëtan (Université Franche- Comté UMR6249), Sylvie Mouton- Venault (Inrap UMR5594), David Cambou (Inrap UMR5594), Sandra Cabboï (Inrap UMR5060) et Marion Berranger (CNRS UMR5060) L artisanat dans la ville : le cas de Mandeure Philippe Barral (Université de Franche- Comté UMR6249) avec les coll. de Catherine Fruchart (Université de Franche- Comté USR3124), Laetitia Huguet (Université de Franche- Comté UMR5594), Clément Laplaige (Université de Franche- Comté UMR6249), Pierre Nouvel (Université de Franche- Comté UMR6249), Gilles Bossuet (CNRS UMR6249), Matthieu Thivet (Université de Franche- Comté UMR6249) L organisation de la production de fer et de céramique au sein des agglomérations antiques de Dourdan et Saint- Chéron (Essonne, Ile- de- France) Véronique Pissot (Inrap), Philippe Lorquet (Inrap - UMR5060), Cyril Giorgi (Inrap), Caroline Magitteri (Inrap) Vivre, circuler et produire : les artisanats dans l espace urbanisé des agglomérations antiques du nord- ouest de la Gaule Erika Weinkauf (UCL,Louvain- la- Neuve, Belgique) 3

RESUMES DES COMMUNICATIONS DE LA TABLE RONDE JEUDI 02 OCTOBRE 2014, MAE, NANTERRE, SALLE 1 La «serrurerie» médiévale et la production urbaine Mathieu Linlaud (Université de Paris Ouest UMR7041- équipe THEMAM) Aucun atelier de «serrurier» du Moyen Âge ne semble avoir été encore identifié par l archéologie. La chaine opératoire de cette production particulière semble délicate à identifier dans ce cadre. Elle se distingue en effet difficilement sur le plan matériel des autres activités de forge. Pour la période médiévale, la production des objets de «serrurerie» que nous réduirons ici aux serrures et aux cadenas n est appréciable que de manière minimaliste à partir des produits finis. Cependant, l analyse du statut de l objet et de sa fonction nous apporte un lot d informations non négligeables. L analyse du mobilier archéologique à travers les usages, les pratiques et la consommation permet d appréhender en partie le lien entre le milieu urbain et la production de «serrurerie» au Moyen Âge. Avant la ville : artisanats spécialisés et dynamiques d évolutions des premières agglomérations dans le sud- est de l Europe (7e- 6e millénaires avant J.- C.) Laure Salanova (CNRS UMR7055) Les premières formes d agglomérations qui apparaissent entre la fin du 7e millénaire av. J.- C. et le début du 6e dans le sud- est de l Europe sont étroitement liées à l émergence de nouvelles activités artisanales : l agriculture et la poterie. Il s agit à l origine de petits établissements, dont la superficie va rapidement croître pour atteindre jusqu à 10 hectares. L étape de développement des sites correspond également à une spécialisation naissante des activités et à des phénomènes migratoires vers l Ouest pour fonder de nouvelles implantations. Dans une troisième étape, la spécialisation accrue des activités est perceptible tant dans l homogénéité de la culture matérielle sur une vaste échelle que dans le maillage hiérarchisé des sites à l échelle régionale. Cette évolution est suivie d une période d abandon des sites, puis d un renouvellement complet de la culture matérielle. Cette évolution en quatre étapes (implantation, développement, segmentation, abandon) est identique à celle observée quelques millénaires plus tôt au Proche- Orient. On pourrait y voir un modèle d évolution qu il serait intéressant de tester sur d autres périodes de l histoire pour cerner les facteurs déterminants de ces cycles récurrents. Une place pour l artisanat mycénien? Remarques sur les espaces de production et leur intégration au sein des agglomérations du Bronze Récent égéen Laetitia Phialon (Boursière du Fonds national suisse de la recherche scientifique, Membre scientifique de l École française d Athènes, associée à UMR7041 équipe Protohistoire égéenne) Alors que l artisanat mycénien se révèle riche et varié, rares sont les lieux de travail et de production du Bronze Récent bien identifiés sur le continent grec (ca. 1650-1100 av. J.- C.). Reconnaissables notamment par l installation de structures fixes, tels les fours, certains d entre eux se trouvent dans des sites palatiaux comme Tirynthe. Néanmoins, on soulignera la découverte de fours dans des contextes différents de ceux liés aux palais mycéniens, à la différence de ce que l on constate pour les débris d ivoire et fragments de pierres semi- précieuses concentrés dans les sites palatiaux. Cette observation m amènera à considérer aussi bien l emplacement que l encrage chronologique des espaces réservés à la production artisanale. Leur rapport avec le tissu de l agglomération contemporaine ainsi que, dans certains cas, avec le rempart, sera discuté. Cet examen nous aidera à déterminer si ces espaces s inscrivent dans un développement graduel de l habitat mycénien ou si leur implantation fait partie d une refonte profonde des sites. Le cas de Thèbes, site palatial qui a livré fours et dépôts d ivoire, retiendra notre attention. Enfin, on n écartera pas l hypothèse d un déplacement des activités artisanales d un site à un autre. Il s agira de comprendre si l implantation d espaces qui leur sont réservés répond à une logique d installation et si, dans ce cas, l expérience minoenne a pu inspirer un modèle continental. 4

Quel rôle pour la métallurgique dans la formation des habitats grecs archaïques? Quelques mises au point Giorgos M. Sanidas (Université Lille 3 UMR8164) Des approches récentes autour de la formation et des fonctionnements des habitats grecs d époque géométrique reconnaissent un rôle important au travail des métaux au sein de la communauté et de son espace. La situation est beaucoup moins claire quant aux évolutions de la période suivante, l époque archaïque, d autant plus que les études archéométallurgiques sont relativement peu développées pour ces contextes. En effet, les habitats archaïques présentent une remarquable variété quant à leur formation et à leur structuration, d autant plus que la colonisation grecque s intensifie durant cette période. Parallèlement, les approches institutionnalistes à propos de l urbanisation archaïque et la mise en place de la cité attribuent à l artisanat en général un rôle secondaire quant à ce type de processus. Enfin, en plus des approches morphologique et théorique, il faudrait encore souligner que la documentation disponible présente des inégalités remarquables, à la fois sur les plans qualitatif et quantitatif. À défaut de pouvoir proposer dans l immédiat une approche globale, il ne serait pas malgré tout inutile de définir d ores et déjà la question à travers quelques cas représentatifs. Le rôle de l artisanat dans le développement et l organisation de l agglomération antique de Beaune- la- Rolande : l étude des vestiges de la métallurgie du fer de la fouille du quartier d habitat Ier- IIIe s. ap. J.- C. Christine Best- Marmet (Inrap) et Christian Cribellier (Ministère de la culture UMR7041 équipe GAMA) La fouille préventive d un quartier d habitat de l agglomération antique de Beaune- la- Rolande (Loiret) réalisée en 2006-2007 a permis d étudier trois hectares sur sept de cette bourgade implantée le long de la voie reliant Sens (Agedincum), chef- lieu de la cité des Sénons, à Orléans (Cenabum), agglomération Carnute et port sur la Loire. Le site se développe entre 40-50 et 70 ap. J.- C., avec la constitution de parcelles allongées probablement créées dès l origine de l urbanisation. Le plan général adopté est de type «village rue», avec toutefois des ruelles perpendiculaires à l axe principal qui délimitent les différents îlots. Les parcelles subissent quelques modifications, dès la fin du Ier s. et jusqu au début du IIIe s. ap. J.- C. sans qu il y ait remise en question du schéma d origine. À une première période d occupation qui se caractérise par la mise en place des premières structures d habitat bordant la rue principale, succède une deuxième période caractérisée par la présence de nombreux vestiges de forge qui couvrent une surface d environ 2400 m2. Il semble que cette activité artisanale, implantée au cœur de l agglomération, ait pris son essor peu après la fondation et se soit développée pour partie à l emplacement des habitations antérieures. Les installations sidérurgiques, parfois stratifiées sur trois niveaux, apparaissent de part et d autre de la voie, sous la forme de concentrations plus ou moins denses de scories, de chutes métalliques et de battitures. À ces niveaux de sols jonchés de débris sont parfois associés des foyers de forge, isolés ou bien regroupés. Par la suite, cette activité semble avoir périclité ou bien s être déplacée ailleurs dans l agglomération, laissant place à d autres installations. Le quartier sud présente notamment les vestiges de trois grandes maisons construites sur les vestiges métallurgiques antérieurs. Cette partie de l agglomération connaît une rupture importante de l occupation vers 260 ap. J.- C. avec le comblement de l ensemble des structures d habitat et des caves de cette période puis son abandon définitif au cours des premières décennies du IVe s. 5

Transformation d un quartier de l agglomération antique d Entrains- sur- Nohain/Intaranum ou comment l archéologie rend- elle compte du passage d une économie productive à une économie de services Stéphane Venault (Inrap UMR6249), Nicolas Tisserand (Inrap UMR5594), Ghislain Vincent (Inrap UMR5140), Loïc Gaëtan (Université Franche- Comté UMR6249), Sylvie Mouton- Venault (Inrap UMR5594), David Cambou (Inrap UMR5594), Sandra Cabboï (Inrap UMR5060) et Marion Berranger (CNRS UMR5060) Située en territoire Éduen au carrefour de plusieurs voies permettant de contourner le massif du Morvan par le nord, l agglomération antique d Entrains- sur- Nohain/Intaranum a prospéré du Ier au IVe siècle ap. J.- C couvrant à son apogée près de 70 ha. Implantée au sud de la Puisaye, elle doit son développement économique à l exploitation du minerai de fer qui abonde dans cette région. Une série des fouilles réalisées en partie nord de l agglomération antique rend compte de l évolution d un quartier s étirant sur 300 m le long d une même rue. Les observations archéologiques montrent que l artisanat du fer, dont nous sont parvenus les vestiges d ateliers de forge, constitue l essentiel des revenus des habitants. Dans le courant du deuxième tiers du IIe siècle, ce secteur de la ville fait l objet d une phase de reconstruction de grande ampleur et strictement planifiée ainsi que le montre la standardisation des techniques de construction et la normalisation du plan des bâtiments qui s inscrivent dans un système cadastral contraignant. Cette restructuration urbaine s accompagne de changements du mode de vie, les nouveaux locaux, qui disposent alors de thermes en arrière- cour et de batteries de fours culinaires, étant principalement dédiés à l hébergement de voyageurs. L analyse fonctionnelle du mobilier céramique et les assemblages fauniques confirment une alimentation variée destinée à un large public. L artisanat dans la ville : le cas de Mandeure Philippe Barral (Université de Franche- Comté UMR6249) avec les coll. de Catherine Fruchart (Université de Franche- Comté USR3124), Laetitia Huguet (Université de Franche- Comté UMR5594), Clément Laplaige (Université de Franche- Comté UMR6249), Pierre Nouvel (Université de Franche- Comté UMR6249), Gilles Bossuet (CNRS UMR6249), Matthieu Thivet (Université de Franche- Comté UMR6249) Les recherches effectuées pendant la décennie 2001-2011 sur l agglomération antique d Epomanduodurum (Mandeure et Mathay, Doubs), tant par le biais de nouvelles acquisitions de données topographiques qu au moyen d analyses de données de fouilles anciennes ou récentes, permettent de jeter un nouveau regard sur la question de la place de l artisanat dans la ville, d un point de vue topographique, chronologique et fonctionnel. On essaiera de dresser un panorama assez général de ces différents aspects en insistant sur les points qui modifient sensiblement la perception que nous avions auparavant. Les acquis sont substantiels notamment en ce qui concerne la connaissance topographique des espaces artisanaux principaux et leur dynamique chronologique. Des informations inédites concernent par ailleurs les relations entre artisanats et sanctuaires dans la ville. 6

L organisation de la production de fer et de céramique au sein des agglomérations antiques de Dourdan et Saint- Chéron (Essonne, Ile- de- France) Véronique Pissot (Inrap), Philippe Lorquet (Inrap - UMR5060), Cyril Giorgi (Inrap), Caroline Magitteri (Inrap) Les deux communes de Dourdan et Saint- Chéron dans la vallée de l Orge (Essonne) ont vu la réalisation de deux récentes opérations de fouilles d envergure modeste et plusieurs dizaines de diagnostics archéologiques, fouilles programmées ponctuelles et observations fortuites plus anciennes. Ces deux agglomérations antiques sont inscrites sur le tracé de la voie de Paris à Orléans, en territoire Carnute, à proximité des frontières des cités des Parisis et des Sénons. Les traces d activités de production céramiques et métalliques (fer) s y révèlent de façon récurrente. Cela génère notamment des questions relatives à la nature et l importance de ces productions locales conduites de manière concomitante et sur une période assez longue. L artisanat de la poterie ne correspond pas à une activité annexe ou secondaire, on observe une maîtrise technique parfaite, avec souvent le souci de réaliser de belles pièces. S il est difficile de savoir si les ateliers de production de fer se situent à l intérieur de l agglomération, cela semble bien être le cas des artisans- potiers. La relation entre ces deux productions ne peut être établie, au- delà d une certaine coïncidence de localisation des gisements de matière première et d une possible saisonnalité complémentaire des activités. Vivre, circuler et produire : les artisanats dans l espace urbanisé des agglomérations antiques du nord- ouest de la Gaule Erika Weinkauf (UCL,Louvain- la- Neuve, Belgique) Nous travaillons, dans le cadre d une thèse de doctorat à l Université de Louvain- la- Neuve, à l étude de l évolution de la répartition spatiale des fonctions dans les agglomérations du Haut- Empire. Notre corpus intègre les données des cités des Ménapiens, des Nerviens et des Tongres. Parmi toutes les fonctions, l artisanat livre les structures les plus intelligibles car spécifiques à des activités de production et de transformation qui s intègrent au canevas urbanisé. Étudier l emplacement des ateliers, leur évolution, leurs éventuelles interdépendances ou collaborations avec d autres officines, leur rejet ou leur intégration au sein de l espace urbain, voire leur formation en quartiers spécialisés, ne peut se faire sans une connaissance complète du site dans lequel ils s intègrent. Cette vision générale implique la manipulation de nombreuses données, traitées systématiquement, selon une méthodologie permettant d évaluer le degré de fiabilité et de précision de l identification ainsi que de la localisation de chaque vestige. Notre base de données, conçue selon des critères dont nous proposons de justifier le choix, est importée dans un système d information géographique qui autorise une analyse spatiale multivariée et la représentation cartographique des données géoréférencées. Ces données spatiales qui nourrissent nos cartes générales de répartition sont couplées aux données chronologiques qui leur sont associées. Les analyses comparatives de l évolution des fonctions dans les agglomérations sont possibles grâce aux phases définies de manière harmonisée pour tous les sites. Nous avons déterminé cinq phases d activités, depuis l émergence des chefs- lieux des trois cités, vers 20/15 av. J.- C., jusqu à la transition vers le Bas- Empire, au début du troisième quart du IIIe siècle ap. J.- C. Dans ce canevas chronologique général et sur base des critères d identification des fonctions, il est possible d approcher de manière systématique le rôle des artisanats dans la genèse et le développement du réseau des agglomérations à l échelle des cités étudiées. CONTACTS ArScAn - équipe GAMA - Archéologie de la Gaule et du Monde Antique Raphaël Clotuche raphael.clotuche@inrap.fr 7 Gaspard Pagès gaspard.pages@mae.u- paris10.fr